Monsieur le Président de la République Française,
Vous le savez, Monsieur le Président, trois militantes kurdes ont été assassinées en plein coeur de Paris le mercredi 9
janvier 2013. Vous aviez rencontré l’une d’elles.
Ces trois femmes, militantes pour le droit du peuple kurde bafoué tout au long de son histoire, étaient aussi des
ambassadrices du droit des femmes, des ambassadrices de la paix.
En 2011, le Ministre de l’Intérieur de l’époque, Claude Guéant (Ministre contre lequel le MRAP avait porté plainte pour
incitation à la haine
raciale) avait signé avec le gouvernement turc, un accord de coopération dans la lutte contre le terrorisme. Cet accord a été
repris par Monsieur Jean Marc Ayrault qui en a fait un projet de loi.
La lutte contre le terrorisme est tout à fait légitime et il est normal que des Etats s’unissent dans ce combat mais à
condition de viser les vrais terroristes. Or, pour le gouvernement turc, tout Kurde est un terroriste en puissance, y compris par exemple Leyla Zana, ancienne députée kurde à qui le
Parlement européen a remis le prix Sakharov de la liberté. La résistance d’un peuple à l’oppression, sa lutte pour la défense de ses droits politiques et culturels ne peuvent être
assimilées à du terrorisme.
La France doit redevenir la patrie des droits de l’Homme : la coopération avec un Etat dans la répression d’un
peuple, la coopération avec un gouvernement qui pratique des milliers d’arrestations d’élus, de journalistes, d’intellectuels, d’avocats, n’est pas digne d’un gouvernement de gauche.
L’honneur de la France serait de contribuer à ce qu’une solution politique soit trouvée à la question kurde, solution qui ne
peut passer que par des négociations entre le gouvernement turc et les représentants du peuple kurde, en particulier Monsieur Abdulah Ocalan. C’est la volonté du peuple kurde. C’est ce combat
pour une solution politique que menaient Fidan Dogan (Rojbin), Sakine Cansiz, Leyla Soylemez, les trois femmes assassinées et que le gouvernement turc assimilait à des « terroristes ». On
voit de quel côté se trouvent les terroristes : ce sont leurs assassins.
C’est pourquoi le MRAP vous demande solennellement, Monsieur le Président , de dénoncer l’accord signé par Claude
Guéant.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Président de la République, en l’expression de notre haute considération.
Le Collège de la Présidence du MRAP
Bernadette Hétier, Pierre Mairat, Renée Le Mignot, Dominique Deltour
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Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples
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