Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 21:30

Thierry Lepaon et Bernard Thibault, passation de pouvoir à la tête de la CGT cette semaine

Social-Eco - le 18 Mars 2013

Evénement. 50ème congrès de la CGT

Pour la CGT, la boussole, c’est la conquête

Mille délégués sont attendus aujourd’hui à Toulouse 
pour le 50e Congrès du syndicat. Successeur de Bernard Thibault, Thierry Lepaon parle de « retrouver un esprit de conquête ». La CGT affirme que la seule issue pour sortir de la crise est de revaloriser le travail.


Toulouse, envoyée spéciale. Au moment où s’ouvre le 50e Congrès de la CGT, qui verra Thierry Lepaon succéder à Bernard Thibault en fin de semaine, la plus ancienne confédération syndicale de France est l’objet d’une intense campagne contre ses pratiques. Pas sûr pourtant qu’à l’heure où 1 000 délégués franchissent les portes du parc des expositions de Toulouse, les syndiqués soient d’abord soucieux de savoir ou non si la CGT se trouve dans une « nouvelle période de radicalisation ». La CGT vient de se voir confirmer sa première place d’organisation syndicale avec les élections dans les TPE (29,54 % des voix, 10 points devant la CFDT). Elle attend avec confiance la proclamation des résultats 
de représentativité le 29 mars, qui pourrait recaler la CFTC, 
signataire de l’accord dit de « sécurisation de l’emploi ». Mais elle ne se repose pas pour autant sur ses lauriers tant les questions qui lui sont posées, parfois non résolues depuis plusieurs congrès, appellent des réponses urgentes.


Tension montée d'un cran

« Toutes les grandes périodes de conquêtes sociales ont été marquées par l’intervention massive des salarié-é-s et par l’unité de leurs syndicats », assure le préambule du document d’orientation. Or, le rapport de forces est plutôt défavorable aux salariés et le climat intersyndical s’est nettement refroidi avec la signature de l’accord sur l’emploi par la CFDT. Ces derniers jours, la tension est montée d’un cran, des militants CGT ayant brûlé un drapeau CFDT à Lille. Loin de vouloir calmer le jeu, Laurent Berger, secrétaire national de la CFDT, multiplie les piques contre la CGT et classe cette dernière dans le « front du refus ».

Le congrès lui-même est enjeu de chicane, chacun se renvoyant la responsabilité de la non-
venue de Laurent Berger aux assises de Toulouse. L’arrivée de la gauche au pouvoir a clos le chapitre du « tous unis contre la politique de Sarkozy » et renvoie aujourd’hui à des débats plus profonds sur la nature des relations entre les syndicats. Thierry Lepaon répète en tout cas depuis plusieurs jours que « le syndicalisme rassemblé, c’est une nécessité, notre volonté n’a pas changé malgré les difficultés car l’intérêt des salariés est d’avoir des organisations qui peuvent porter en commun des revendications ».


Nouveau statut au travail

Revendications. C’est visiblement le maître mot d’un congrès que la CGT veut entièrement tourné vers « l’esprit de conquête ». Cela peut sembler paradoxal au moment où la crise du capitalisme promet une nouvelle étape de casse des droits du travail et une mise sur le marché des services publics ou de la protection sociale. Au contraire, affirme la CGT, puisque ce mouvement répond à l’objectif « d’accroître la rémunération du capital au détriment de celle du travail (…), la sortie de crise ne peut être que dans la revalorisation du travail ». Le document de travail soumis aux amendements offre moins une analyse détaillée de ce qu’il est nécessaire de dénoncer qu’une mise en cohérence de ce qu’il faut gagner pour donner un nouveau statut au travail, obtenir une protection sociale élargie et dont le financement est repensé, ou arracher une véritable politique de relance de l’industrie. Pour sortir d’un syndicalisme de plus en plus souvent contraint d’agir « dos au mur », la boussole, c’est la conquête. Sauf qu’objectivement, il est difficile de lancer l’assaut avec un peu moins de 700 000 syndiqués. « On ne parvient pas à organiser des salariés qui veulent être syndiqués », regrettait Bernard 
Thibault il y a peu.

 

L’exemple cité par le projet d’orientation est éclairant : sur 1 500 demandes d’adhésion en ligne reçues sur le site confédéral en 2011, 255 ont pu être accueillies par un syndicat. Le relatif échec du mouvement contre la réforme Sarkozy des retraites en 2010 a révélé cette faiblesse : quand il faut élever le rapport de forces, les forces d’entraînement manquent justement. La résolution de congrès pose donc la question de la syndicalisation en lien avec l’efficacité syndicale. Le 49e Congrès affichait l’objectif de mieux structurer la CGT entre les syndicats, les fédérations professionnelles et les territoires pour que chaque nouveau syndiqué puisse 
trouver une organisation dans laquelle s’investir. Le 50e fixe 
le plan de travail et se donne une méthode : renforcer la CGT là où elle est présente, avec l’objectif de rattraper 
le décalage entre le poids électoral et le nombre d’adhérents, implanter la CGT là où elle n’est pas.


Soixante-dix pays du monde représenté. Hier, veille de l’ouverture officielle du congrès, s’est tenue à Toulouse une conférence internationale sur le thème : « La démocratie sociale à l’épreuve de la crise en Europe et dans le monde ». Les secrétaires générales, Bernadette Segol, de la Confédération européenne des syndicats (CES), et Sharan Burrow, de la Confédération syndicale internationale (CSI), étaient présentes. Parmi 
les organisations européennes représentées : deux espagnoles (CC.OO et UGT), 
les trois italiennes (CGlL, CISL et UlL), le DGB (Allemagne), la GSEE (Grèce), le TUC (Royaume-Uni), le MSZOSZ (Hongrie), l’OPZZ et Solidarnosc (Pologne), et encore l’ÖGB (Autriche). 
Des délégations syndicales sont venues du Brésil, d’Argentine, du Chili, de Russie, 
du Sénégal, d’Afrique du Sud, de Tunisie, ou encore d’Inde, de Corée et du Japon, ainsi que d’outre-mer. Fait hautement symbolique, Basile Mahan Gahe, syndicaliste ivoirien, et Mahmoud Salehi, d’Iran, récemment libérés de prison, notamment grâce à l’intervention de la CGT, 
ont pu participer à ce temps fort.

Partager cet article
Repost0

commentaires