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26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 20:43

Vendredi 26 Mars 2010

 

DIRECTIVE « TEMPS DE TRAVAIL » : LA CES REFUSE LES HORAIRES DE TRAVAIL LONGS ET IRRÉGULIERS

 


 

En réponse à la communication de la Commission sur la révision du temps de travail, publiée le 24 mars (Europolitique n° 3946), la Confédération européenne des syndicats (CES) a appelé à une solution respectant la santé et la sécurité des travailleurs. Et si elle s'engage à l'étudier, elle critique néanmoins l'exécutif sur deux volets : d'une part, elle dénonce le fait que la Commission ait refusé d'appliquer les « décisions cohérentes de la Cour de justice européenne sur le travail de garde » et de « réprimander les Etats membres » ; d'autre part elle regrette de n'être toujours pas en possession de données actualisées sur l'état de la transposition de la directive actuellement en vigueur (2003/88/CE) et exhorte le commissaire Laszlo Andor (Emploi, affaires sociales) à y remédier. « Depuis 2008, ce rapport sur l'état d'avancement de la transposition de la directive, auquel a contribué la CES, est bien rangé dans un tiroir et nous demandons à M. Andor, qu'il soit immédiatement transmis aux partenaires sociaux », a déclaré Catelene Passchier, secrétaire confédérale de la CES.


En consultant les partenaires sociaux, la Commission espère recevoir des propositions innovantes pour surmonter les désaccords du passé (le processus législatif a échoué au printemps 2009). Pour la CES, il faut une solution négociée, basée sur « des normes minimum européennes claires et dépourvues d'ambiguïté sur le temps de travail et la fin de l'exemption de la Directive sur le temps de travail. « Investir dans des rythmes de travail sains et durables pourrait certes entraîner des frais à court-terme mais refuser cet investissement pourrait avoir des conséquences bien plus graves pour les économies et les sociétés », fait valoir Mme Passchier.

 

Par Sophie Petitjean


 

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26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 20:35

  La TRIBUNE

 

Edition de La Tribune

 

Vendredi 26 Mars 2010

 

Enquête

 

La retraite dorée d'Éric Woerth

Cet ancien chiraquien devenu l'un des ministres préférés de Nicolas Sarkozy arrive au ministère du Travail pour mener à bien la réforme des retraites. S'il réussit dans cette mission, il pourrait prétendre succéder à François Fillon à Matignon.

« C'est clair, je souhaite rester au gouvernement », confiait à « La Tribune » Éric Woerth au début de l'année. Nicolas Sarkozy a exaucé son voeu. À vrai dire, il n'y avait pas beaucoup de risque qu'il soit débarqué. Le ministre du Budget et des Comptes publics a donc quitté mardi le 5e étage de Bercy qu'il occupait depuis mai 2007 pour devenir ministre du Travail et de la Solidarité avec une feuille de route très précise : réformer les retraites, l'ultime vrai rendez-vous de la fin du quinquennat sarkozyste.


« Ce sera une réforme protectrice pour les Français », s'est empressé d'affirmer dès sa passation des pouvoirs avec Xavier Darcos celui qui, la semaine dernière encore, préparait la conférence sur les déficits publics prévue pour mai. « On ne va pas aborder les retraites sous un angle strictement comptable, a ajouté l'ancien auditeur d'Arthur Andersen. Les retraites, c'est la vie des gens, c'est plus que des chiffres. » Une réponse à Bernard Thibault, le patron de la CGT, qui réclamait comme interlocuteur « un ministre et non des ordinateurs de Bercy ».


De Bercy justement, Éric Woerth arrive avec plusieurs de ses proches collaborateurs, dont Sébastien Proto, son jeune directeur de cabinet, avec qui il s'est coltiné depuis 2007 la dérive des comptes publics. Il a également toujours en charge la fonction publique, un secteur où la réforme des retraites risque d'être très sportive...


À 54 ans, Éric Woerth aurait sans doute préféré un autre maroquin. Surtout pour quelqu'un dont le nom est apparu cet automne sur la liste informelle des « premiers ministrables » après que « Le Point » lui eut consacré un article élogieux titré « Le nouveau chouchou du président ». En privé, le chef de l'État ne cesse en effet de louer son sérieux et ses compétences. Claude Guéant et Raymond Soubie, les éminences grises présidentielles, l'apprécient. « Vous savez, un jour votre nom apparaît dans la liste, et le lendemain il disparaît », commente l'intéressé sur un ton faussement détaché. Justement, ce passage par la case « retraite » ne sera peut-être qu'un contretemps avant Matignon. À moins qu'il lui serve de marchepied. Car depuis sa nomination, lundi soir, la rumeur va bon train dans le microcosme politique. Si Woerth réussit la réforme « impossible » des retraites, alors il serait en situation pour succéder à François Fillon, qui devrait quitter son poste fin 2010 ou début 2011. Woerth pourrait alors gérer la « pause » dans les réformes, promise par Nicolas Sarkozy, pendant que celui-ci préparerait une seconde candidature à l'Élysée.


À l'heure où le chef de l'État veut donner l'impression de rassembler toutes les familles de la droite en appelant au gouvernement le chiraquien François Baroin ou le villepiniste Georges Tron, Éric Woerth présente l'avantage de représenter plusieurs sensibilités à lui seul : il a été tour à tour chiraquien, juppéiste avant de devenir sarkozyste. Dominique de Villepin est le seul avec qui il ne semble pas entretenir d'atomes crochus bien que les deux hommes aient été tous les deux des collaborateurs directs d'Alain Juppé. En 2005, arrivant à Matignon, Villepin commet la maladresse de laisser Woerth sur le carreau lorsqu'il compose son équipe. L'ancien secrétaire d'État du gouvernement Raffarin 2 lui en tiendra rigueur. Est-ce pour se venger que Woerth affirmera quelque temps plus tard dans une interview au « Figaro » : « On peut être chiraquien et soutenir la candidature de Nicolas Sarkozy à l'Élysée » ?


Entre l'hyperactif Sarkozy et le taciturne Woerth, rien ne prédisposait pourtant à un rapprochement. Le curriculum vitae de ce dernier ne pouvait que déplaire au premier : une carrière politique entamée sous la houlette de Jean-François Mancel, ancien secrétaire général du RPR inféodé à Chirac, un poste de conseiller parlementaire d'Alain Juppé à Matignon, trésorier de la campagne présidentielle du même Chirac en 1995 et 2002, fondateur du Club de la Boussole réunissant des jeunes parlementaires chiraquiens après la réélection de leur mentor... D'ailleurs, lorsque l'actuel chef de l'État prend la présidence de l'UMP en 2004, personne ne donne cher de la longévité d'Éric Woerth comme trésorier du mouvement. « Nous avons eu alors une franche conversation et nous avons conclu qu'on pouvait travailler ensemble », explique-t-il. Visiblement, le courant est bien passé puisque Woerth a été le trésorier de la campagne de Sarkozy en 2007 comme il l'avait été à deux reprises pour Chirac. Et il pourrait à nouveau le redevenir en 2012 s'il n'est pas alors à Matignon.


Pour Sarkozy, Éric Woerth possède un autre avantage : il connaît parfaitement l'UMP de l'intérieur pour en avoir été directeur administratif et financier en 1993. Le nouveau ministre du Travail en demeure toujours le trésorier. Il préside même Le Cercle, un club très fermé qui regroupe les gros donateurs du parti. Depuis trois ans, il a réuni une quinzaine de fois ces généreux mécènes en présence du chef de l'État, comme début décembre dans les salons du Bristol. Ce qui a valu au ministre du Budget de l'époque une volée de bois vert des socialistes sur le thème du mélange des genres entre fonctions gouvernementales et engagement partisan.


Comparé à François Fillon ou Jean-François Copé, Woerth pâtit pourtant de son apparence austère digne d'un ordonnateur de pompes funèbres et d'un côté techno et apparatchik. Jusqu'à présent, sa « cote d'avenir » mesurée par les sondages n'a d'ailleurs jamais décollé. À la différence du maire de Meaux, celui de Chantilly n'a jamais senti le besoin de constituer d'écurie à ses couleurs. Tout au plus dispose-t-il de 1.400 amis sur Facebook... Les petits déjeuners et les dîners qu'il organisait à Bercy pour des parlementaires UMP avaient surtout une connotation budgétaire et fiscale. Les considérations politiques n'intervenaient qu'en fin de repas.


Politique, le nouveau ministre du Travail l'est pourtant au moins autant que d'autres dans la majorité. Depuis que, à 21 ans, il s'est présenté sans succès aux municipales à Creil, ce fils de médecin et petit-fils d'ingénieur alsacien, venu s'installer au début du siècle dans l'Oise, a engrangé les mandats : conseiller régional de Picardie, maire de Chantilly, député de l'Oise et ministre. Il a été membre du comité central du RPR auquel il a adhéré au lendemain de la victoire de la gauche en 1981, et il est toujours aujourd'hui président départemental de l'UMP de l'Oise. Le bon élève de la sarkozie a désormais six mois pour démontrer qu'il n'est pas qu'un ministre technicien. Patrick Coquidé

 

Nicolas TAVERNIER/REA


 

 

Tous droits réservés : La Tribune

Diff. 89 866 ex. (source OJD 2005)

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26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 20:05
Edition de La Croix

 

Vendredi 26 Mars 2010

 

Économie

 

Papier

 

Comment France Télécom veut tourner la page des suicides

 

Hier, le nouveau PDG Stéphane Richard a présenté huit nouvelles mesures managériales pour « construire le nouveau France Télécom »

 


Parmi les principaux, « la politique du zéro recrutement, qui avait augmenté considérablement la charge de travail, est arrêtée », retient Sébastien Crozier, syndicaliste CFE-CGC-Unsa. « Dans les années 2000, l’entreprise, qui avait 70 milliards d’euros de dettes, a réduit ses coûts, ce qui s’est traduit par 22 000 suppressions d’emplois entre 2006 et 2008, contre seulement 6 000 embauches. Désormais, nous sommes revenus à une situation normale et les objectifs chiffrés de réduction des effectifs n’ont plus lieu d’être. Nous allons embaucher 3 500 personnes, avec une priorité aux 4 700 apprentis », explique la direction.


Ensuite, le dialogue social avec les syndicats, concrétisé par deux accords sur le stress déjà signés (mobilité, équilibre vie privée et professionnelle) et quatre en négociation, est relancé. Surtout, les personnes en difficulté seront mieux accompagnées, l’entreprise formant 6 000 managers à la détection des situations sensibles et recrutant 20 % de médecins du travail et d’assistants sociaux supplémentaires. Des budgets seront également consacrés à réhabiliter les sites, l’informatique ou à retisser la convivialité. « On s’est aussi aperçu qu’on avait tellement serré les vis que les pots de départ avaient disparu », précise par exemple la direction.


Enfin, plusieurs points visent à améliorer le management de proximité, qui aura plus de marge de manœuvre pour le recrutement, la formation ou les congés. La performance sociale fera désormais partie des trois composantes (avec le business et la qualité du service) évaluées systématiquement, tandis que les « top 1 000 », les membres de la commission exécutive, verront, eux, leurs 30 % de part de salaire variable indexés aussi sur la performance sociale.


Reste à savoir si ces mesures sont de nature à redresser la situation. « ça va dans le bon sens mais les gens qui ont été abîmés par les pratiques d’avant mettront des années à s’en remettre », estime Sébastien Crozier, qui précise que le parquet de Besançon a ouvert une information judiciaire pour homicide involontaire suite au suicide d’un technicien en août 2009. « Pour les autres, il faudra six à huit mois pour que les décisions se traduisent sur le terrain. »

Le dialogue social avec les syndicats est relancé.

 

 

NATHALIE BIRCHEM


 

 

 

 

Tous droits réservés : La Croix

 

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 Enrayer la spirale. Alors que, selon les syndicats, 11 nouveaux suicides de salariés de France Télécom (10 selon la direction) ont eu lieu depuis le début de l’année, s’ajoutant aux 35 comptabilisés en 2008 et 2009, Stéphane Richard, le nouveau PDG, a dévoilé hier aux « directeurs d’unités opérationnelles » les pistes d’action envisagées pour « construire le nouveau France Télécom ». Cette présentation, conçue comme un point d’étape avant le contrat social du groupe attendu en juin, tient en huit engagements.
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26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 19:54

Jaffa, histoire d’un symbole

« Jaffa, la mécanique de l’orange », un film d’Eyal Sivan

lundi 15 mars 2010, par Marina Da Silva

Jaffa, l’une des plus anciennes villes du monde, était aussi l’une des villes les plus prospères et les plus peuplées de Palestine. Avec ses orangeraies déployées à perte de vue, elle fournissait du travail, depuis la cueillette du fruit jusqu’à sa préparation pour l’exportation, non seulement aux Palestiniens mais à des ouvriers venus d’Egypte, de Syrie, du Liban.


En 1948, plus de 4 000 bombes tombent sur Jaffa. Sur les 85 000 Arabes qui y vivaient, il ne va plus en rester que 3 000. Le gouvernement israélien confisque les orangeraies et s’approprie l’orange de Jaffa, qui est devenue le symbole des produits de la colonisation.


Pour nous raconter cette « mécanique de l’orange » et le recouvrement de Jaffa, Eyal Sivan met à l’écran une foule d’images et de représentations et donne la parole à de nombreux interlocuteurs palestiniens et israéliens, historiens, écrivains, chercheurs, ouvriers… Un travail remarquable autour d’un fonds d’archives, photographies, peintures, vidéo, et de témoignages percutants.

On y voit d’abord, dans les années 1920, Arabes et Juifs travailler ensemble dans une relation qui a été extirpée des deux mémoires. Les Juifs ne possédaient alors que 7 ou 8 % des terres et les paysans palestiniens, qui transmettaient leur savoir-faire, étaient loin d’imaginer que dans le sillage de leurs élèves viendraient leurs colonisateurs.


La rupture est intervenue avec l’arrivée des kibboutzim : « Pour eux, nous étions des traîtres », indique un agriculteur israélien qui se souvient : « Ils voulaient imposer le travail juif. Mais l’idéal était une chose, la réalité une autre : Ils pelaient au soleil. » Leur peau claire et leur incapacité à travailler la terre ne les empêcheront pas de persister. La colonisation sera méthodique et rigoureuse, donnée à voir avec documents et images d’avant 1948 en abondance.


Le début de la photographie remonte à 1839 et Khalil Khaed est le premier photographe palestinien à avoir immortalisé les Palestiniens dans les champs d’agrumes et leur relation charnelle à la terre. Puis les Israéliens vont effacer la présence arabe et imposer leurs propres représentations. « On s’est d’abord approprié l’image et après la terre », précise une historienne israélienne : « Les Juifs veulent donner une vision européenne de la Palestine : l’Orient vu de l’Occident. » Avec la peinture aussi, les colons se veulent dans la continuation de l’orientalisme. Ils se travestissent en celui qu’ils viennent remplacer. Le discours de la « terre arabe mal exploitée et peu fertile » se met en place. La propagande sioniste a recours à une iconographie très organisée et contrôle totalement les images produites pour échafauder le mythe d’une terre à l’abandon où ils viennent introduire la modernité. « Le cliché selon lequel la colonisation apporte le progrès ! », souligne Elias Sanbar. Et qui va se décliner dans des images de la bonne santé dans le travail, les chants, les danses, les femmes radieuses, émancipées et en short... C’est le réalisme socialiste à l’israélienne, le rêve colonial qui produit les oranges que l’Orient envoie à l’Occident.


L’orange va devenir un symbole de l’idéologie sioniste. « L’Israël des oranges, c’est un Israël sans Arabes », résume un historien. Dès 1948, les Israéliens déposeront la marque Jaffa. Près de 5 millions de caisses par an seront produites jusqu’en 1970. Les investissements en budgets publicitaires sont considérables : « Jaffa est aux fruits ce que Coca-Cola est à la boisson. » En devenant une marque, la « Jaffa » a effacé la ville de Jaffa, absorbée aujourd’hui par Tel-Aviv.

Jaffa, la mécanique de l’orange, un film d’Eyal Sivan, durée : 90 minutes.

Eyal Sivan, opposant à la politique israélienne, a refusé que le film soit projeté au Forum des images dans le cadre de la campagne internationale de célébration du centenaire de Tel-Aviv (qui bénéficiait du soutien du gouvernement israélien). Le film sera visible en salles en avril 2010 dans les cinémas Utopia (Toulouse, Avignon, Montpellier, Saint-Ouen-l’Aumône) et aux 3 Luxembourg (Paris).

Une version de 52 minutes sera également diffusée le 28 mars à 21 h 30 et le 2 avril à 23 h 50 sur France 5.

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26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 19:43
Témoignage d'une intervenante en rétention

18 février 2010 |

Ce texte est issu d'un ouvrage collectif sur la rétention administrative, qui sera publié en septembre 2010 aux Editions Actes Sud.

 

Tant que nos frères marcheront


On me dit que je ne serai plus dedans. Que demain, c’est le dernier jour. Qu’après celui-là, il n’y en aura plus d’autre. Après, je ne serai plus dedans, me dit-on sans tenir compte du théorème de Bonnefoy : ici peut devenir là-bas, sans cesser d’être.

 

Nous avons pénétré l’impénétrable. Dans un sens, et dans l’autre. Dehors, dedans, dehors à nouveau, puis dedans encore. Nous nous sommes déplacés sur les frontières. La frontière, là, juste là… celle entre la fin du trottoir et le début de la grille électrique, sous les caméras. La frontière entre ceux qui ont éprouvé la rétention dans leur corps et dans leur temps et ceux qui sont autour. La frontière entre la loi et la justice. La frontière entre la zone libre, et la zone d’enfermement. Et c’est en nous tenant sur ce milieu-là qui nous sectionne, que nous avons sans doute éprouvé, et vécu ce qu’il y a de plus universel en nous-mêmes et en chacun.

 

Oui, de ce côté de la grille, l’Homme est Homme. D’où qu’il vienne, Bhoutan, Tchétchénie, Brésil, Chine, Ethiopie, Roumanie, il est le même quand il est cerné de murs. D’où qu’il vienne, prison, squat, pavillon, campement, hôpital, aéroport, il est le même quand il se voit voler son espérance, trésor de l’Humanité. Les centres de rétention : des entrepôts au bord d’une falaise. Oui, de ce côté de la grille, nous avons été avec eux, pour la Cimade et nous avons vu du monde. Et puis de plus en plus de monde. Et toujours plus. Jusqu’à ce que nous ne voyions même plus les visages.

 

Pourtant aucun rythme ne pourra nous éloigner de ce que nous avons à dire : il y a ceux qui arrivent pour la première fois en rétention. Ceux qui trouillent comme des fous et que la trouille empêche complètement d’écouter et de comprendre ce qu’on leur explique. Ceux que la trouille élève et mobilise, et qui ont naturellement les réactions  les plus efficaces. Ceux qui ont une trouille à vous insuffler des tonnes d’énergie.

 

Ceux qui savent que les nuits sont indormables ici, et qui voudraient, au moins dans leurs rêves, pouvoir disposer d’eux-mêmes. Il y a ceux qui ont traversé la Lybie, le Liban, la Turquie et la Grèce et dont l’élan a aboli la peur. Ceux qui ont confiance en leur étoile, Allah ou le consul. Ceux qui sortent de prison et qui sont presque heureux en rétention. Oui, vous pouvez téléphoner ici. Oui, vous pouvez avoir de la visite ici. Ici, c’est génial. Une fois les premiers jours passés, ils comprennent ce qu’est la double peine et ils deviennent en colère.

 

Il y a ceux qui se rassurent en prenant soin des autres retenus. Il y a ceux qui sont ultra polis avec les flics et qui se marrent à leurs blagues. Ceux qui pensent que la jovialité et le respect vont peser en leur faveur. Ceux qui passent leur temps à demander du crédit aux autres retenus, pour appeler leur famille. Ceux qui n’ont pas d’autre famille que leurs collègues du foyer avec qui ils cassent la pierre depuis trente ans. Ceux qui dépendent du ministère des Maliens de l’extérieur.

 

Il y a ceux qui écarquillent les yeux quand on leur dit que la police ne va pas les relâcher et que la rétention, c’est vraiment, sérieusement, sans rire monsieur, dans le but de vous expulser. Y’a ceux qui viennent vous voir toutes les heures pour vous dire qu’ils voudraient bien faire la même chose que monsieur X. " L’appel… moi aussi je veux le faire. Moi aussi, je veux aller à l’hôpital. Moi aussi, je veux sortir. Vous avez fait sortir monsieur Diarra, faites-le aussi pour moi ".

 

Y’a ceux que vous ne voyez même pas, parce qu’ils sont expulsés dans la nuit qui suit leur arrivée : ils ne sont rien de plus qu’une photo sur le trombinoscope du lendemain matin. Y’a ceux qui arrivent dans votre bureau d’un pas rapide et décidé et qui vous disent : " Madame, je veux écrire à Nicolas Sarkozy, je suis compagnon d’Emmaüs et j’ai fait l’Afghanistan ".

 

Y’a ceux qui n’en reviennent pas d’être là et qui gesticulent en boucle. " Mais toute ma famille est française ?!?! " Ceux qui ne comprennent pas ce que vous leur expliquez parce qu’ils sont non-francophones, perdus ou psychotiques. Ceux qui, quand vous leurs demandez comment ils ont été arrêtés, éprouvent le besoin de commencer d’abord par raconter tout le reste, en vrac. Ceux qui posent des questions. Ceux qui écoutent silencieusement et qui secouent la tête tristement en disant : " ah la belle France… ". Y’a ceux qui abattent leur contact RESF ou CGT comme un As sur la table. Ceux qui pleurent. Leurs épaules se relèvent quand on leur dit qu’ils sortiront le lendemain parce qu’il y a un vice de procédure. Des tournesols face au soleil. Y’a ceux qui avalent leur brosse à dent ou des morceaux du cadran de leur montre. Ceux qui déposent sur le bureau, une valise de documents. Vingt cinq ans de fiches de paye, vingt cinq ans d’impôt. Ils sont là depuis début Mitterrand.  Depuis le décès de Truman Capote. Il y a ceux qui ont un choc cognitif.

 

Il y a ceux qui n’en sont pas à leur première rétention. Deux, neuf ou dix-sept fois. Ils ont été enfermés sous d’autres lois, dans plusieurs centres, en 91, en 2002. Ils ont une connaissance de l’histoire de la rétention. Il y a les très habitués, ceux qui cachent sous leur sourire d’habitué, une amertume qui creuse leurs joues et leur âme. Y’a ceux dont les " Madame je vous en supplie… " sont fonction du degré de rage ou de désespoir. Y’a ceux qui sont amorphes. Y’a ceux qui sont professeur de physique-chimie et ceux qui viennent d’avoir 18 ans. Ceux qui sont handicapés. Ceux qui ont quatre enfants. " Fatou, Aissatou, M’Baye et Bintou. Ils vont tous à l’école à Asnières, Madame. Ceux sont de bons enfants, ils ont besoin de moi ". Ceux qui sont chrétiens d’Algérie et qui ont la trouille parce que leurs co retenus sont tous musulmans. Ceux qui ont été arrêtés pendant qu’ils conduisaient leur mère à sa chimio. Ceux qui ont été arrêtés alors qu’ils tentaient de voler le sac d’une vieille veuve orpheline ruinée et malade.

 

Il y a ceux qui vous racontent comment la police angolaise a versé de l’acide dans leurs oreilles de Cabindais. Ceux qui ont été maçons pour la ville et qui ont participé à la rénovation de la Tour Eiffel. Ceux qui ont été arrêtés en caleçon et qui arrivent au centre en caleçon. Ceux que vous revoyez tous les trois mois et qui arrivent  de moins en moins à construire leur vie. A chaque passage en rétention, c’est une ride en plus, le dos un peu plus courbé, l’œil moins vif. A chaque passage en rétention, la marque de l’étouffement s’imprime plus profondément en eux.

 

Il y a ceux qui allaient juste se marier. Vendredi ou le mois prochain. La robe, les bagues, et les invités étaient prêts. Ceux qui passent l’entretien à être appelés sur leur portable par leur amoureuse. " Mais pleure pas chérie, demain le juge, c’est bon, j’te jure ". Ceux qui jouent aux dames avec des bouchons de bouteilles en plastique pour s’occuper.

 

Y’a ceux qui se taillent les veines le premier jour. Y’a ceux qui chauffent les flics pour passer leur nerfs. Ceux qui restent calmes, qui ne disent jamais rien et qui sont libérés en silence. Y’a ceux qui ont besoin de prendre soin de vous et qui vous payent un thé au distributeur pendant que vous rédigez leur recours. Y’a ceux qui parlent une langue dont vous n’avez jamais entendu le nom avant de les rencontrer. Y’a ceux qui pleurent en écoutant. Ceux qui écoutent en pleurant. Toutes ces informations. On leur dit " Il va vous arriver ça, puis ça et ensuite ça. Il faudra dire ça, vous pouvez demander ça. Pour ça il vous faut un passeport, pour ça il vous faut un avocat. Pour ça, il vous faut de nouveaux éléments. Pour vous, ça ira très vite ". Y’a ceux qui prennent ça à bras-le-corps, qui s’organisent. Ceux qui se fanent un jour après l’autre, au fur et à mesure, ils deviennent effrayés, résignés ou hystériques. Ceux qui essayent de se pendre avec le chargeur de leur téléphone. Y’a ceux qui ont une combine avec le consulat. Ceux qui préfèrent l’expulsion à l’enfermement. Ceux qui préfèrent la mort à l’expulsion. Ceux qui ont besoin de l’expulsion parce qu’ils veulent rentrer chez eux et n’ont pas d’argent pour le billet.

 

Il y a ceux qui passent leur temps à prier. Il y a ceux qui se regroupent par nationalité et ceux qui se regroupent par niveau de gravité estimé de leur situation. Il y a ceux qui sont seuls parce qu’ils sont le seul Vietnamien du centre. Personne ne parle leur langue, à eux. Seuls tout le temps. Y’a ceux qui se font apporter par des visiteurs du shampoing, des gâteaux ou du shit. Des gâteaux pour tenir le coup. Mais rien de fait maison, hein ! De la nourriture dans un emballage fermé, sinon les flics confisquent.  Il y a ceux qui voudraient lire mais ne peuvent pas. Les livres sont interdits.

 

Ceux qui se cognent la tête contre les murs jusqu’à ce qu’il y ait du sang partout, et que les flics mettent en isolement comme si cela pouvait les neutraliser. Y’a ceux qui disent qu’ils ont 16 ans alors qu’ils en ont 45. Ceux qui s’appellent Abdelkader ou Jean-Eudes. Ils y a ceux qui vous captivent par leur récit et ceux qui vous apprennent un morceau du monde dans lequel vous vivez.

 

Y’a ceux qui ont des crises de terreur, ceux qui ont été dénoncés par leur banque ou par la caissière de la Fnac. Ceux qui ont été interpelés pour avoir pris le couloir de métro en sens interdit. Ceux qui ont été arrêtés pour avoir pivoté de la tête à la vue des flics, ce qui constitue un début de soupçon de quoi que ce soit. Le soupçon permanent. Il y a ceux qui sortent de 12 ans de taule parce qu’ils ont fumé un gars. Il y a ceux dont le premier enfant naît alors qu’ils se trouvent en rétention : dans le bureau de la Cimade, on cherche à créer l’illusion… on leur paye un thé en discutant comme si de rien n’était du poids du bébé, et de comment va la maman.

 

Il y a ceux qui ne veulent pas vous voir pendant les quatre premiers jours et qui soudain veulent faire un recours quand le délai est dépassé. Il y a ceux qui sont en uniforme et qui obligent les autres à rester enfermés.

 

Il y a ceux qui vous demandent : " ils vont quand même pas utiliser la force, non, dites madame, ils n’ont pas le droit de nous frapper hein, ici c’est la France, hein ? ". Il y a ceux pour qui on sait tout de suite ce qu’on va faire et comment on peut le faire. Ceux dont la situation se révèle au fil des jours et des contacts. Ceux qui viennent de la rue et qui suffoquent parce qu’ils n’ont jamais vu de mur.Ceux qui vont mourir si on les renvoie dans leur pays. Ceux qui sont vraiment morts après avoir été expulsés.

 

Ceux qui jouent au babyfoot ou qui font des pompes tout le temps. Y’a ceux qui annoncent devant vous à leur mère qu’ils ont échoué et qu’ils rentrent menottés au pays : leur voix fière et sereine tient la route le temps de l’appel, s’éteint aussitôt qu’ils raccrochent et ils s’effondrent devant vous. Ceux qui ne comprennent pas pourquoi le consulat leur délivre un laissez-passer sans même les avoir rencontrés. Il y a ceux qui se cachent dans les placards pour que les flics ne les trouvent pas au moment du départ vers l’aéroport.

 

Ceux qu’on ne connaît que par le briquet qu’on leur tend dans la cour quand ils veulent allumer une cigarette. Ils préfèrent nous demander plutôt qu’aux flics. Y’a ceux qui vous font penser à votre oncle paternel… les mêmes yeux ! Ceux qui ont gardé le ticket de caisse des couches qu’ils ont acheté l’année dernière à leur bébé, juste au cas où la préfecture leur demanderait de prouver qu’ils aiment vraiment leur enfant français. Ceux qui dorment depuis quatre ans, une valise à côté de leur lit. Ceux qui disent " c’est fini pour moi, j’en peux plus, c’est fini… je ne peux plus supporter ça ". Il y a ceux qui s’évadent de l’enclos par des méthodes ingénieuses, qui prennent leur liberté sans attendre qu’on la leur rende. Ceux qui se mettent tout nus au milieu de la cour. Ceux qui demandent à parler au chef de centre directement.

 

Ceux qui ont peur du juge et qui se taisent. On leur dit : " vous avez le droit de parler, n’hésitez pas, ne vous laissez pas impressionner par le juge, la salle et l’audience ". Ceux qui se défendent comme des lions et qui s’adressent au magistrat comme s’il était un passant. Ceux qui le mettent face à ses responsabilités. Il y a ceux qui ont les clés des portes et qui se demandent ce qu’ils foutent là, à enfermer des gens juste parce qu’ils sont étrangers.

 

Il y a les toxs foutus, les engagés politiques, les pères de famille, les étudiants, les sortants de prisons. Ceux qui se la pètent parce qu’ils ont un super avocat qu’ils payent super cher et qui leur a juré 100% qu’il les ferait sortir. Il y a ceux qui bossent pour une association qui connaît les étrangers, ils se présentent à tous les nouveaux arrivants en leurs disant : " alors moi je travaille pour une association qui s’appelle La Cimade, je ne suis pas la police, je suis là pour vous aider et vous expliquer où vous êtes, ce que vous pouvez faire pour vous défendre, et comment les choses peuvent se passer ". Ceux-là parfois, ont la tristesse. Ca se voit à l’œil nu. La tristesse du fond du ventre qui vient quand on a senti le froid obscur du désespoir d’un frère. Ils ont la hargne jusqu’à faire chier le préfet de l’Aube à l’aube, le week-end et les jours fériés.

 

Il y a ceux qui arrivent dans le bureau à 9 heures du matin, le visage endormi, bouffi par la nuit, et qui nous font nous demander comment on dort quand on ne voit pas demain. Ceux qui viennent discuter de l’Histoire des relations entre le Mali et la Côte d’Ivoire avec vous dans le bureau, quand vous avez un peu de temps. Ceux qui sont prostrés. Ceux qui ont été tabassés. Ils arrivent dans la zone de vie, une marque de ranger trônant sur leur torse. Ceux que les flics ont sortis du lit conjugal, laissant leur femme sans voix, sans geste et sans famille. Ceux qui téléphonent à leurs enfants : " tu travailles bien à l’école, hein ? Papa ne sait pas quand il va revenir à la maison, mais tu travailles bien… ".

 

Il y a ceux dont on se dit, pendant qu’ils nous racontent comment leur femme a été coupée en rondelle par les rebelles, " purée, qu’il est beau, ce mec ! ". Il y a ceux qui s’occupent de la santé des retenus et qui leurs filent des cachets abrutissants pour que l’embarquement se passe plus calmement. Ceux qui font une grève de la faim tellement ils sont indignés de ce qu’on leur fait subir. Il y a ceux qui nous agacent sans qu’on sache pourquoi. Ceux qui attrapent des boutons sur toute la figure dès le premier jour à cause de l’angoisse. Ceux dont la libération nous fait monter les larmes tellement on a eu peur avec eux, tellement on s’est mobilisé du cerveau, du temps et de l’âme. Y’a ceux qui ont été traducteur officiel de la préfecture au tribunal, et qui se retrouvent devant le même tribunal pour leur propre expulsion.

 

Ceux qui n’ont personne à appeler pour prévenir qu’ils sont enfermés. Ceux qui ont marché des milliers de kilomètres et qui sont en France depuis à peine quelques jours : accueillis par des barbelés. Il y a des ingénieurs, des vendeurs de pneus. Des ouvriers, des sociologues, des fils de Président. Des employés de cirque, des écrivains de pièces de théâtre. Il y a ceux qui sont en danger, en tristesse ou en colère. Ceux qui sont en perplexité. Y’a ceux qui trouvent qu’on ne fait rien pour eux. Y’a ceux qui payent 3000 euros un avocat véreux qui ne viendra jamais au tribunal pour les défendre.

 

Là-bas, il y a ceux qui gravent le numéro de téléphone de leur avocat à l’ongle sur leur savon parce qu’ils n’ont pas droit à du papier ou des stylos. Ceux qui sont chiants, à faire le contraire de ce qu’on leur explique, ceux qui ont fait des trucs tellement dégueulasses dans leur vie qu’on n’ose même pas se demander s’il faut les défendre ou pas. Ceux qui ne sont choqués par rien, sauf par le fait de devoir demander un nombre précis de feuilles de papier toilette pour pouvoir aller chier. Ceux qui ont refusé trois fois d’embarquer et qui ont le nez pété tellement ils ont dû bagarrer avec leurs muscles et leur volonté. Ceux qui vous draguent " eh madame Cimade, quand je serai sorti d’ici, vous viendrez prendre un café avec moi ? ".

 

Ceux qui arpentent la cour de promenade de long en large à grande vitesse. Vous le savez, vous ? Pourquoi ces mecs marchent aussi vite comme ça, en aller-retour permanent, alors qu’ils n’ont rien d’autre à faire qu’attendre ? Il y a ceux qui ont des cernes le lendemain de leur arrivée : parce qu’ils ne sont pas encore habitués au comptage de nuit. Dans certains centres, ils sont réveillés toutes les demies heures, une lampe de poche policières braquée sur leur visage : " numéro 798, t’es là ? " Il y a ceux dont la famille se met à hurler dans la salle d’audience du tribunal de grande instance. Ceux qui sont libérés une heure avant leur vol. Il y a ceux dont la situation n’est pas exceptionnelle, dont on a oublié le nom et pour qui on n’a rien pu faire.

 

De cela nous pouvons témoigner.

 

On me dit que demain, je serai dehors. Mais moi… je sais bien que je serai encore dedans une fois que j’aurai passé la frontière pour la dernière fois. Je serai encore dedans, tant que je chercherai les mots du témoignage, tant que je chercherai le chemin sur lequel les transmettre.

 

Demain, c’est le dernier jour. Une libération pour un Soudanais du sud Darfour par la Cour européenne des droits de l’Homme se profile pour la fin de la matinée. Ce sera une belle journée.

 

A 18 heures, j’irai déposer tous les dossiers, les jurisprudences, les recours, dans les locaux de La Cimade. Alors sans jamais oublier les nuits d’où poussent ses ailes, sans oublier la main de chaque Homme qu’elle a saisie ici, elle les rangera dans les armoires qui la constituent, dans son identité non identifiable et continuera à marcher avec… tant que nos frères marcheront.

 

 

Eve-Marie Chrétien (ancienne intervenante de La Cimade au centre de rétention de Massy Palaiseau).

 

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26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 19:33

Pétition contre l'ouverture du centre de rétention du Mesnil-Amelot 2
27 janvier 2010 |

> Signer la pétition | > Voir les signataires

La construction du nouveau centre de rétention (CRA) du Mesnil-Amelot (77) est achevée. L’ouverture est prévue dans quelques semaines. Avec 240 places de rétention, ce centre sera le plus grand de France. Il s’ajoutera au premier CRA du Mesnil-Amelot, qui compte déjà 140 places.

L’entrée en fonction de ce véritable camp marque une nouvelle étape de ce que les associations de défense des droits des migrants ont qualifié depuis 2004 d’industrialisation de la rétention. D'exceptionnel, l'enfermement des personnes en situation irrégulière devient peu à peu un outil banal de la politique migratoire.

Le futur centre de rétention comptera 240 places dont 40 places réservées aux familles. Il est organisé en 6 "unités de vie" de 40 places, disposés autour de deux bâtiments administratifs jumeaux eux-mêmes reliés par une passerelle de commandement. Une double enceinte grillagée et barbelée entoure l’ensemble du camp. Des dizaines de caméras et des détecteurs de mouvements complètent ce dispositif carcéral.

Comme pour le CRA de Vincennes, l’Administration utilise la fiction de deux centres de rétention mitoyens pour contourner la réglementation : celle-ci limite à 140 places la capacité d’un centre de rétention.

La construction envisagée de deux salles d’audiences à proximité immédiate du camp instituera une justice d’exception éloignée de tout regard de la société civile.

Un centre de 240 places représente une moyenne de 40 arrivées par jour (c’était le cas au CRA de Vincennes avant l’incendie du 22 juin 2008). Comme l’a montré la situation de Vincennes, ce type d’univers déshumanisé favorise, encore plus qu’ailleurs, le non-droit, les violences, les auto-mutilations et les tentatives de suicide.

Les associations signataires s’opposent à l’ouverture du futur centre de rétention du Mesnil Amelot. Elles dénoncent la criminalisation des migrants et appellent les citoyens et les élus à se mobiliser contre l’internement administratif des étrangers.

Premières organisations signataires :

ADDE - Comede - ELENA-France - Emmaüs France- Fasti-Gisti - La Cimade - Ligue des droits de l'homme - Migreurop - MRAP - RAIDH-Réseau Education Sans Frontières - Secours Catholique - Syndicat des Avocats de France - Syndicat de la Magistrature- UNSA

> Signer la pétition | > Voir les signataires

>Télécharger la pétition pour l'imprimer et la diffuser

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26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 18:58

La Convention Internationale des droits de l’enfant demande aux états signataires d’agir en fonction de l’intérêt supérieur de l’enfant.


« Les États parties veillent à ce que l'enfant ne soit pas séparé de ses parents contre leur gré, à moins que les autorités compétentes ne décident, sous réserve de révision judiciaire et conformément aux lois et procédures applicables, que cette séparation est nécessaire dans l'intérêt supérieur de l'enfant. » Convention internationale des droits de l’enfant, article 9.

La chasse au père de famille se poursuit avec acharnement,

pas de sentiment, pas d’humanité. 5 exemples en danger d’expulsion ce jour.

 

1/ Guilherme, libéré samedi, sauvagement arrêté ce matin, remis en rétention à LYON pour être expulsé

 Guilherme Hauka Azanga, Angolais, en France depuis 8 ans, vit et travaille ici. Il a quatre enfants dont 3 sont élèves de l’école Gilbert DRU à Lyon 7e, le dernier va à la crèche. Tous nés en France.

Acharnement à détruire une famille : récit.

·      Refus de la préfecture de lui donner un titre de séjour, obligation à quitter le territoire français (2009).

·      Enfermement en rétention, tentative d’expulsion le 30 janvier 2010, Guilherme refuse d’abandonner sa famille.

·      Condamné à deux mois de prison pour refus d’embarquement. En France tout est possible.

·      18 mars sortie de prison et nouvelle tentative d’expulsion.

·      A Francfort, le pilote refuse de partir avec un passager sous contrainte. Merci à lui et à sa conscience.

·      Guilherme est rapatrié en France par la police, enfermé au CRA de Lyon St Exupéry. Samedi 20 mars, le juge des libertés libère Guilherme. A l’issue des 4 heures habituellement  réglementaires, l’avocat n’a pas connaissance d’un appel de la préfecture. Parce que c’est le week-end, la préfecture a la possibilité de le faire dans un délai plus large.

 

Joie ! Guilherme retrouve Florence et les enfants.

 

Mardi 23 mars, la préfecture de LYON, en toute discrétion, fait appel de la décision du JLD, la décision de libération est cassée. Mais Guilherme n’a pas été prévenu, le jugement s’est fait sans lui.

 

 Et jeudi 25 mars, grand déploiement de police vers 8 h 30. Après avoir cassé la porte de l’appartement familial, la police a embarqué Guilherme. Pour une nouvelle tentative d’expulsion !

 

Guilherme est actuellement à nouveau enfermé au CRA de Lyon Saint Exupéry. Une demande d’asile est en cours. Quelle que soit la réponse, Guilherme doit rester parmi nous ! 

 

Plusieurs choses à faire :

ü  Exigeons sa libération et sa régularisation : Opération main ouverte : http://hauka-hazanga.tumblr.com/

 

 Il est urgentissime d'écrire, de téléphoner...  à la préfecture du Rhône et au ministère.

Rhône

mél + fax préfet : jacques.gerault@rhone.pref.gouv.fr , 04 78 60 49 38
mél + fax secrétaire général :
rene.bidal@rhone.pref.gouv.fr
, 04 72 61 49 38
mél + fax directeur de cabinet : 
michel.tournaire@rhone.pref.gouv.fr
   ,04 78 60 15 46
mél + fax directrice de la réglementation :
michele.denis@rhone.pref.gouv.fr
, 04 72 61 62 41
mél + fax sous-directeur de la réglementation :
stephane.beroud@rhone.pref.gouv.fr ou sylvia.legris@rhone.pref.gouv.fr , 04 72 61 62 52

 


2/ M. Hanifi KAPAN, maçon, père de 3 enfants nés à Avignon et scolarisés à Avignon, en grand danger d’expulsion.

M. Hanifi KAPAN, enfermé au centre de rétention de Marseille depuis maintenant 9 jours, a été arrêté à la suite d’un banal contrôle routier.


Depuis près de 10 ans en France, il est sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français.

M. Kapan a participé à la vie économique et sociale de notre pays. Il y a rencontré sa femme Elif, arrivée il y a 9 ans pour rejoindre sa sœur et ses deux frères installés régulièrement en Vaucluse.


L’intérêt supérieur de Abdullah, Hatice et Kübra est bien évidemment de retrouver leur père, et de continuer à vivre entourés de leur famille, leurs amis, et leurs enseignants, dans la ville dans laquelle ils sont nés. Ils traversent aujourd’hui une épreuve qui les dépasse, ne comprennent pas l’absence de leur père, la douleur et l’angoisse de leur mère. M. Kapan doit être libéré et régularisé : ses enfants et sa femme, leurs amis, leurs voisins attendent son retour !

 

Est-ce parce que la Convention Internationale des Droits de l’Enfant a déjà été bafouée qu’elle doit l’être à nouveau ?

Quelle est cette justice qui ne tient compte que de critères purement administratif et ignore les situations humaines ?

Quelle est cette société qui s’attaque aux plus démunis ?!

Nous refusons cette logique administrative froide et inhumaine.

 

Nous demandons à M. le Préfet de libérer M. Kapan et de lui accorder une carte de séjour vie privée et familiale.

Signer et faites signer la pétition : http://www.educationsansfrontieres.org/article27022.html
Ecrire (mails/fax) à M. le Préfet du Vaucluse, secrétaires, ministres, en allant sur le site de Matignon et de l’Elysée.

 

Préfecture du Vaucluse : contact@vaucluse.pref.gouv.fr ; fax : 04 90 86 20 76

Préfet du Vaucluse : françois.burdeyron@vaucluse.pref.gouv.fr ;

Secrétariat du Préfet : fax : 04 90 85 03 00

Chef du bureau des étrangers : myriel.porteous@vaucluse.pref.gouv.fr

Adjointe au chef de bureau : frederic.lovena@vaucluse.pref.gouv.fr

Secrétaire générale de la préfecture : agnes.pinault@vaucluse.pref.gouv.fr

 

3/ Mr Din Chinh Tran, père d’un bébé de trois mois, épouse en situation régulière, en rétention depuis le 19 mars

Mr Din Chinh Tran, vietnamien, étudiant en chimie à Jussieu, vit avec son épouse  Ngoc Quynh N Guyen, elle aussi vietnamienne, étudiante en Economie Appliquée à Nanterre. Ils sont en France depuis six et huit ans, elle toujours en situation régulière, lui a perdu son statut d’étudiant en 2009. Le 21 décembre 2009 est née une petite fille, Ngoc Lian, à Paris  où la famille vit.

Mr Tran s’est fait arrêter le 19 mars, lors d’un contrôle routier. Aujourd’hui, les recours ayant été épuisés, il risque fort de se retrouver dans un avion pour le Vietnam, laissant derrière lui une jeune femme épuisée et sans ressources et un bébé de trois mois.

Pour dénoncer l’inacceptable, faxez et mailez votre désapprobation à Monsieur Gaudin, préfet de police de Paris.

Monsieur Michel Gaudin : fax : 01 53 71 67 23

mail : prefpol.dpg-etrangers-secretariat@interieur.gouv.fr

 

 

 

4/ Mahamadou BAH, père de famille malien de Drancy (93), sera-t-il séparé de force de sa femme et de ses trois enfants ?

 

M. Mahamadou BAH, né au Mali le 07 juin 1981 et demeurant à Drancy (93) a été arrêté le 19 mars à Paris, sur son lieu de travail dans le 5ème arrondissement, il a fait l’objet d’un APRF et a été transféré au Centre de rétention de Vincennes le 20 mars à 13h. Il est menacé d'expulsion dans les jours qui viennent

 

Pourtant sa situation aurait du conduire à une régularisation :

 

·         Il est en France depuis neuf ans puisqu’il est rentré en 2001. Il a depuis établi en France des liens privés et sociaux nécessairement importants.

 

·         Il travaille et avait d’ailleurs fait le nécessaire pour obtenir sa régularisation, en déposant un dossier auprès de la préfecture de Seine Saint-Denis (dossier n° 90361, code AGDREF 9303290361) qui a fait malheureusement l’objet d’une décision négative le 20 février 2009. Depuis les conditions d’une régularisation ont été fixées par circulaire et il remplit les critères qui pourraient permettre de lui attribuer un titre de séjour « salarié ».

 

·         Sa famille se trouve en France, puisqu’il s’y est marié avec Fatoumata BAH le 12 mars 2005 et qu’il est père de 3 enfants :

-          Fousseyni né le 6 01 2006 scolarisé à école maternelle Salengro à Drancy,

-          Mustafa né le 18 06 2007 inscrit a l'école maternelle pour septembre,

-         Issa né le 20 02 2009.

 

Une reconduite  à la frontière aboutirait à briser cette famille et méconnaîtrait les droits des enfants qui se trouveraient séparés de leur père et privés de son soutien.

 

L'Arrêté de Reconduite à la Frontière qui le frappe doit être abrogé et une régularisation doit intervenir intervienne au plus vite au titre de la Vie Privée et Familiale. Merci d'intervenir en ce sens auprès de

 

M.Michel GAUDIN, Préfet de police de Paris :

Fax : 01 53 71 67 23

fax : 8° bureau (service de l’éloignement) = 01 53 71 57 79
mail :
prefpol.dpg-etrangers-secretariat@interieur.gouv.fr

 

 

 

 5/ Un père de famille franco-algérien du 95  sera t-il expulsé ce 28 mars ! ?

 

NAILI Djalil, né en Algérie, N° étranger 75 03 72 45 74 , en rétention au CRA du Mesnil Amelot, est sous le coup d'un aprf de la Préfecture de Police de Paris, suite à une interpellation à Barbes (18e).  

Lui, sa femme et son fils sont arrivés en France le  27/03/2007, depuis un second enfant est né sur le territoire.

Il a fait une demande d'asile en 2007, qui a eté rejetée en 2008,  rejet confirmé par la CNDA.

En Algérie, il travaillait comme magasinier du restaurant universitaire. Quatre personnes sont venues lui demander les clefs du magasin. Il ne les a pas données. Ces personnes ont menacé de battre son fils. Du coup, M. Naili  a arrêté d'envoyer son fils à l'école pour le protéger.

Ensuite ces personnes ont brulé sa voiture puis sont venues le menacer chez lui. Il a alors demandé un visa et est venu se refugier en France auprès des siens.

Il a travaillé comme peintre en bâtiment et son patron a engagé des démarches sans succès pour obtenir sa regularisation.

 

M NAILI Djalil est père de 2 enfants :

 Nassim né en Algérie en 2002, il est scolarisé en CE1 à l’école Sévigné à Goussainville 95190.

 Bouchra, née en France en 2007 à Pontoise (95)

 

M NAILI Djalil a beaucoup d'attaches en France, ses 5 soeurs sont établies ici, au total la famille  NAILI compte 28 personnes sur le territoire.

- Naili - Soltane Nabila, mariée,  3 enfants français, situation régulière.

- Naili-Aoussi Nadjette, en france depuis 1990, mariée, 4 enfants français, situation régulière.

- Naili-Nasser Mounia, mariée,  5 enfants français, situation régulière.

- Naili-Khelfa Nadia : mariée, 3 enfants nés en France, situation régulière.

- Naili Nissa sans enfants.

 

 

Son expulsion expéditive rendrait orphelins de père deux très jeunes enfants et briserait de chagrin une large famille franco-algéro-tunisienne qui a choisi la France

Beaucoup de  cris et  de pleurs bien réels pour une décision juridico-administrative ...

 

Sa famille , les élus de Goussainville (95) , les parents d'élèves  de l'école Sévigné à  Goussainville , le RESF 95 et tous les citoyens qui refusent le démembrement des familles , demandent sa libération immédiate et sa régularisation .

Merci d'intervenir pour lui et sa famille en ce sens en écrivant  à Monsieur Michel Gaudin , Prefet de Police

 

Envoi de fax gratuit par Internet : http://fax-gratuit.net/tt/index

Fax de la Préfecture de Police de Paris : 01 53 71 67 23

Mail de la Préfecture de Police de Paris : prefpol.dpg-etrangers-secretariat@interieur.gouv.fr 

 

 Et pour tous, merci de dire votre indignation (poliment bien sûr) au

Ministre de l’immigration
Fax ministère : 01 77 72 61 30 et 01 77 72 62 00 Standard 01 77 72 61 00
Secrétaire général
secretariat.general@iminidco.gouv.fr
Secrétaire général :
stephane.fratacci@iminidco.gouv.fr
Directeur-adjoint du cabinet : frank.supplisson@iminidco.fr

fax : 01 77 72 61 30 et 01 77 72 62 00
Ministre
eric.besson@iminidco.gouv.fr
Matignon :
http://www.premier-ministre.gouv.fr/acteurs/premier_ministre/ecrire

 

Claude Guéant : claude.gueant@elysee.fr

Maxime Tandonnet (conseiller immigration) maxime.tandonnet@elysee.fr

Et là où se prennent les décisions
Elysée fax : 01 47 42 24 65
http://www.elysee.fr/ecrire/index.html
continuer à signer et faire signer la pétition http://resf.info/P1432
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26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 18:28

Gudrun Schyman, porte parole de F ! (Suède), intervenait lors de la séance du 23 novembre 2009 du séminaire, sur le thème : Le piège du pouvoir. Les femmes veulent du pouvoir.


Dans la sphère politique en Suède l’équilibre entre hommes et femmes est quasiment obtenu, bien mieux que dans la sphère privée. Dans le monde politique il y a une rhétorique de l’égalité entre hommes et femmes. Mais comment opère cette rhétorique dans la pratique ? La représentation féminine devient de plus en plus clairsemée quand on s’approche du sommet de la société. La pensée hiérarchique constitue l’élément le plus fort dans l’intégration du pouvoir et de la masculinité. Les femmes qui sont au sommet de la politique s’adaptent au modèle dominant de la masculinité. « On ne naît pas femmes on le devient » (Simone de Beauvoir), de même, on ne naît pas dirigeant, on le devient. Hommes et femmes doivent tout simplement agir selon les normes masculines pour réussir en politique.


Dans le parlement suédois la parité est quasiment obtenu (47% de femmes) ainsi que dans le gouvernement (45 % ). Mais la composition du gouvernement montre clairement la dominante masculine aux postes clefs : le premier ministre, le ministre des affaires étrangères, le ministre de la défense et le ministre des finances sont tous des hommes. Les hommes sont majoritaires aux postes de leaders des partis politiques (poste stratégiques dans la politique suédoise). C’est la même chose pour les présidents des groupes au Parlement. Cela montre que nous avons sur une large étendue, y compris dans la politique, un poids dominant des hommes et une forte concentration du pouvoir masculin. Le pouvoir est habillé en complet veston et en cravate même si nous appliquons la parité dans les élections. Les structures internes des organisations politiques sont assises sur de bonnes bases patriarcales.


Finalement, est-ce que cela a de l’importance ? Évidemment que oui ! Un des aspects centraux dans la politique est la formulation des problèmes. Celui qui a l’initiative, celui qui formule le problème est aussi celui qui, dans une large mesure, apporte la solution. Cela veut dire que les problèmes non-formulés, ceux qui ne sont pas visibles, n’auront pas de solution dans les lieux de décisions. Les problèmes non résolus sont très souvent ceux des femmes, qui concernent avant tout les domaines de la vie quotidienne, de l’emploi, de la vie familiale et de leur propre vie.


On peut ainsi formuler le problème des bas salaires des femmes comme un pouvoir d’achat perdu. On peut formuler le problème du non-apport des connaissances et des expériences des femmes dans les cercles dirigeants de la vie économique, comme des moyens de développement perdus. On peut formuler le gigantesque problème de la violence des hommes envers les femmes comme un échec sérieux de la politique de sécurité. On peut définir l’égalité entre hommes et femmes comme une qualité nécessaire de la vie humaine et non pas comme un problème de haine envers les hommes.


Une vision moderne de la société devrait impliquer une réforme de structure radicale. Non seulement la transformation de l’ère agricole à l’ère industrielle et ensuite vers la société informantielle. Une société moderne exige aussi que nous modernisions notre vision du pouvoir et de ses structures. La politique est un outil pour changer la société. Si la démocratie doit fonctionner alors on peut imaginer que les bâtiments blindés du patriarcat rentrent au port pour être désarmés.

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26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 18:21

 

Rencontre avec l’historien Michel Dreyfus, autour de son dernier ouvrage, L’antisémitisme à gauche. Histoire d’un paradoxe, 1830-2009 (Paris, Editions La Découverte, 2009, 350 p.).


Depuis le début des années 2000, en lien avec les événements du Proche-Orient, on a vu se développer en France l’idée selon laquelle la gauche serait la principale responsable de la recrudescence d’actes antisémites. Cette vision des choses est tout à fait excessive et injustifiée mais elle traduit un certain malaise. Existe-t-il ou a-t-il existé un antisémitisme spécifique à la gauche ?


Longtemps négligée par les historiens, cette question délicate est traitée pour la première fois de façon extrêmement documentée par Michel Dreyfus à travers la description des positions de la gauche française vis-à-vis de l’antisémitisme durant deux siècles.


Des débuts de la révolution industrielle à nos jours, toutes les composantes de la gauche tiennent des propos antisémites mais ce, sous des formes très différentes dans l’espace et dans le temps. Cet antisémitisme s’organise selon cinq thèmes qui se succèdent grosso modo sur le plan chronologique. Il apparaît tout d’abord sous la forme d’un antisémitisme économique associant les Juifs au capitalisme qui est exprimé par de nombreux socialistes utopiques (Fourier, Proud’hon). Puis, au tournant des années 1880, se développe un antisémitisme racial et xénophobe fort répandu, y compris à gauche. Mais l’Affaire Dreyfus représente un tournant fondamental dans la mesure où désormais l’antisémitisme n’est plus revendiqué ouvertement dans les rangs de la gauche. Il n’en disparaît pas pour autant et on le voit encore insidieusement dans l’entre-deux guerres contre Léon Blum, à la SFIO, chez les pacifistes, parfois au sein du Parti communiste. Une quatrième forme très minoritaire se manifeste dans les courants révisionnistes et négationnistes, autour de Paul Rassinier, la librairie La Vieille Taupe et Roger Garaudy. Enfin, la question se pose de savoir si certaines critiques à l’égard d’Israël ne sont pas non plus entachées d’antisémitisme.


A travers cette plongée historique approfondie, cette réflexion espère aider la gauche à se confronter à cette question délicate et douloureuse, non pour battre sa coulpe dans une autoflagellation masochiste, mais pour rester vigilante contre un danger toujours possible.


Michel dreyfus est directeur de recherche au CNRS (UPRESA 8058), associé à l’enseignement l’Université de Paris 1. Il a notamment publié sur l’histoire du mouvement ouvrier : PCF : crises et dissidences, Bruxelles, Ed. Complexe, 1990 ; L’Europe des socialistes (1889-1989), Bruxelles, Ed. Complexe, 1991 ; Histoire de la CGT (1895-1995), Bruxelles, Ed. Complexe, 1995, 408 p. Il a dirigé Le Siècle des communismes, Paris, Seuil, 2004, 542 p., Komintern. L’histoire et les hommes, Paris, Ed. de l’Atelier, 2001, 604 p., ainsi que (en collaboration) La CGT dans les années 1950, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005.

Mercredi 7 avril 2010
à la Fondation Gabriel Péri,
11, rue Étienne Marcel, Pantin (93)
(
plan d’accès)

Entrée libre. Le nombre de place étant limité, merci de bien vouloir vous inscrire par courrier électronique à l’adresse : inscription@gabrielperi.fr

 

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25 mars 2010 4 25 /03 /mars /2010 22:40
Publié le jeudi 25 mars 2010


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Le secrétaire général de la CGT s’exprimait ce 25 mars devant le congrès de la fédération CGT des mines et de l’Energie à Montpellier. L’occasion de revenir sur la grande journée nationale de mobilisation unitaire interprofessionnelle du 23 mars et de tirer quelques leçons des élections régionales marquées par un record d’abstention et par une défiance à l’égard de la politique conduite par le chef de l’Etat et son gouvernement. Bernard Thibault également évoqué le remaniement gouvernemental dans la perspective de la réforme des retraites.

Extraits

(Les intertitres sont de la rédaction)

La crise

La crise économique partie fin 2008 des Etats-Unis frappe durement les salariés, en France comme dans toute l’Europe. Elle résulte d’années de pression sur les salaires, de longues périodes de récession sociale, de mise en cause des activités industrielles et des services publics. Elle provoque une montée du chômage et de la précarité, avec un impact particulièrement violent dans l’industrie. En sortir nécessite de rompre avec les politiques antisalariales et antisociales et particulièrement de desserrer l’étau de la finance sur l’industrie et les budgets publics. Cette sortie de crise, annoncée depuis septembre 2009 par le Président de la République et le gouvernement est un peu comme l’arlésienne. Certes, les marchés financiers sont redevenus euphoriques, les bénéfices des grands groupes se portent bien, les banques renflouées par les états affichent une santé insolente, les bonus sont de retour. Mais l’emploi a été sérieusement attaqué avec plus de 600 000 destructions d’emplois depuis avril 2008, notamment dans l’industrie. Le chômage de longue durée se développe. L’emploi public est lui aussi attaqué à travers la politique de non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, logique aussi à l’œuvre dans les entreprises publiques, notamment dans les industries électrique et gazière et au CEA. Le pouvoir d’achat des salaires et des pensions se dégrade. La souffrance au travail est généralisée.

Les élections régionales

Il n’est donc pas totalement surprenant que le comportement des électeurs pour les élections régionales ait été représentatif du mécontentement des salariés vis-à-vis de la politique économique et sociale à l’œuvre depuis des années. C’est un désaveu clair des politiques poursuivies qui appellent un réel changement de cap, nous l’avons dit. Constater un tel niveau d’abstention à l’occasion d’échéances politiques, en particulier chez beaucoup de salariés, doit être un sujet de préoccupation pour tous. Les scores obtenus par le Front national à l’occasion de ces élections doivent nous conduire à redoubler d’efforts pour lutter contre l’exploitation des peurs et de l’insécurité sociale, pour agir contre le racisme et la xénophobie.

Remaniement

Lundi, comme vous avez pu le constater, la précarité professionnelle a gagné jusque dans les rangs ministériels. Symboliquement, le Ministre du Travail était remercié pour bons et loyaux services, ou plutôt pour mauvais résultat électoral. Nous qui militons contre les discriminations sommes en droit de nous interroger sur les raisons de ce traitement de faveur dès lors que bien d’autres ministres n’ont pas atteint les objectifs électoraux qui leur étaient assignés. C’est donc Monsieur WOERTH, auparavant Ministre du Budget, qui lui succède avec un objectif suprême : la réforme des retraites ;

Réforme des retraites

Chacun l’a bien compris, la réforme des retraites devient LA réforme emblématique pour le Président de la République et sa majorité parlementaire, au point qu’on peut se demander si c’est bien l’avenir des retraites qui les préoccupent le plus ou le besoin d’une démonstration de volontarisme politique considérée comme payante en vue des élections présidentielles de 2012. Nous connaissons la philosophie qui inspire leur raisonnement, c’est celle du MEDEF :
- nous vivons plus longtemps, il faut donc travailler plus longtemps,
- il y a de moins en moins de cotisants et de plus en plus de retraités

Il faudrait donc repousser l’âge légal de départ en retraite et augmenter la durée de cotisation exigée pour avoir droit à une retraite à taux plein. Et par conséquent condamner tout le monde, ceux du privé comme du public, à une baisse drastique du niveau des retraites. Sachez qu’hier matin, le MEDEF a exigé du Conseil d’orientation des retraites qu’il étudie les scénarios d’un report de l’âge de la retraite à 65 et à 70 ans ! Et bien, pour la CGT, et je profite de votre Congrès pour le redire, c’est NON ! NON au travail plus longtemps pour avoir moins de retraite, NON à la double peine, chômage ou usure au travail et la fin du droit au départ à 60 ans avec une retraite à taux plein. Le choix d’un pays en matière de retraite est constitutif d’un choix de société.

La CGT mène campagne

La CGT a commencé, par une grande campagne, à porter ses revendications, ses arguments et vous y avez contribué. Il n’y a pas de fatalité aux sacrifices, aux reculs sociaux et nous allons continuer d’en faire la démonstration. Oui, il faut des mesures pour assurer la pérennité du système de retraite par répartition et améliorer le niveau des pensions sévèrement écornées par les réformes précédentes. C’est d’abord par l’emploi et un autre partage des richesses produites que passent les solutions. Hier, à l’issue du Conseil des Ministres, Nicolas Sarkozy s’est adressé au pays. Au-delà de quelques messages pour remotiver son camp, il a reconnu la grande sensibilité qui existait sur l’avenir des retraites. Il assure ne pas vouloir passer en force tout en promettant qu’avant 6 mois, les mesures justes et nécessaires seront adoptées. Quelque chose me dit que ça ne sera pas si simple. Nous allons faire face, Chers Camarades. La CGT, avec les fédérations, les unions départementales, va prendre les dispositions en conséquence et je demande à l’ensemble de nos organisations de se rendre disponibles et réactives pour faire face au défi qui nous est lancé et que nous devons relever tous ensemble.

Vers un grand 1er mai dans tout le pays

L’avenir des retraites était, avec l’emploi et les salaires, bien présent dans les 180 manifestations de mardi. Une belle journée ! Déjà parce que le soleil nous accompagnait mais surtout parce que nous avons comptabilisé 800 000 manifestants et de nombreux arrêts de travail dans le privé et dans le public. C’est le résultat du travail militant. Ce succès n’est certainement pas dû aux médias qui depuis mi-février ont fait l’impasse puis se sont efforcés de relayer le message diviseur d’autres syndicats. Mardi, ils ont dû reconnaître que la mobilisation était bien là.
Nous allons poursuivre. On nous dit « pas de changement de cap, on maintient les réformes », sans jamais s’interroger sur leur contenu. Alors, maintenons notre cap nous aussi. La CGT fera de nouvelles propositions d’initiatives d’action unitaire pour avril et pour un grand 1er Mai dans tout le pays.

 


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