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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 10:33

SONGTAABA         
http://songtaaba.over-blog.com   

présente

SAMEDI 6 MARS à 20 H 30
               
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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 10:11
AFP - 22/02/2010 à 08:47

Afghanistan: l'Otan tue 21 civils dans un bombardement


La force internationale de l'Otan (Isaf) a tué dimanche au moins 21 civils dans un bombardement aérien dans le centre de l'Afghanistan, dont des femmes et des enfants, en croyant viser des talibans, a déclaré lundi le porte-parole du ministère afghan de l'Intérieur

Photographe : Patrick Baz AFP :: Des soldats des forces internationales, le 21 février 2010, au nord-est de Marjah, en Afghanistan
photo : Patrick Baz , AFP


L'Otan a reconnu que des femmes et des enfants étaient sur les lieux du bombardement et promis une enquête, mais son commandant en chef a déjà exprimé son "extrême tristesse pour la perte de vies innocentes".

Les avions de l'Isaf ont visé trois véhicules dimanche matin dans la province d'Oruzgan, a précisé le porte-parole afghan, Zemaraï Bashary. "Selon les premières informations, 21 civils ont été tués dans ces frappes, dont des femmes et des enfants, et 14 autres ont été blessés", a-t-il précisé.

"Hier (dimanche), un groupe de personnes soupçonnées d'être des insurgés, dont on pensait qu'ils allaient attaquer une unité conjointe des forces afghanes et de l'Isaf, ont été pris pour cible par des avions et certains d'entre eux ont été tués", a indiqué lundi l'Isaf dans un communiqué.

"Quand les forces conjointes sont arrivées sur place et découvert des femmes et des enfants, elles ont transporté les blessés dans des centres de soins", poursuit le communiqué de l'Otan. "L'Isaf a ordonné une enquête immédiate".

Si la mort de ces civils est confirmée, elle constituerait une nouvelle erreur des forces internationales qui sont accusées régulièrement par le président afghan Hamid Karzaï de ne pas suffisamment prendre de précautions dans leurs bombardements et de tuer trop de civils.

Selon M. Bashary, les trois véhicules ont été bombardés sur la route entre les districts de Kijran et de Chahar Chino, dans l'Oruzgan, une province où les talibans sont très actifs.

Le général américain Stanley McChrystal, commandant en chef de l'Isaf, s'est dit "extrêmement attristé par la perte tragique de vies innocentes", assure le communiqué de l'Isaf, ajoutant qu'il a parlé dimanche soir à M. Karzaï et "exprimé sa peine et ses regrets pour l'incident tragique".

Ce drame survient alors que quelque 15.000 soldats des forces afghanes et internationales sont engagées depuis huit jours dans une vaste offensive à Marjah, un ancien bastion des talibans dans la province de Helmand, dans le sud. Pour l'heure, l'Otan a reconnu qu'au moins 15 civils ont été tués par erreur dans ces combats, soit par des tirs des forces internationales, soit pris entre deux feux. Des organisations de défense des droits de l'homme assurent, elles, que ce bilan est de 21 morts au moins parmi les civils.

 

voir la démo
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21 février 2010 7 21 /02 /février /2010 21:26
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21 février 2010 7 21 /02 /février /2010 21:10
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21 février 2010 7 21 /02 /février /2010 20:53
Communiqué du Parti communiste d’Israël

Parti communiste d’Israël
publié le lundi 18 janvier 2010.

http://www.eutopic.lautre.net/coordination/spip.php ?article4982

http://www.maki.org.il/index.php ?option=com_content&task=blogcategory&id=79&Itemid=106

16 janvier 2010

La police israélienne arrête 15 militants pour la paix et militants communistes à Jérusalem-Est

 

La police d’Israël a arrêté (vendredi 15 janvier 2010) dans le quartier palestinien de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est, 15 manifestants pour la paix, dont Hagai Elad (directeur général de l’Association pour les droits civils en Israël) et militants de Hadash (Front démocratique pour la paix et l’égalité – Parti communiste d’Israël).

Depuis trois mois, les militants pacifistes et les militants communistes organisent, chaque semaine, des manifestations à Sheikh Jarrah pour protester contre l’expulsion des Palestiniens de leurs maisons et leur remplacement par des familles juives.

Au début de la manifestation, la police l’a déclarée illégale et a menacé d’arrêter les participants. Un témoin oculaire indique que le police a commencé par arrêter les principaux participants, Hagai Elad, et un manifestant qui agitait un drapeau palestinien parmi eux.


Dans un communiqué, l’Association pour les droits civils en Israël a condamné l’arrestation de son directeur général : « Nous condamnons fermement la répression par la police, sans fondement légal, de la liberté d’expression. La manifestation a été dispersée par la force alors qu’elle se tenait tout à fait légalement, sans provocations ni perturbations de l’ordre public, ».


Rien qu’au cours des deux derniers mois, un total de plusieurs milliers de manifestants, pour la plupart des jeunes Israéliens, sont venus dans le quartier, le vendredi après-midi, pour des marches de protestations, rencontrant des réactions violentes de la part de la police et des agents de la police des frontières, lesquels ont procédé à plus de 80 arrestations sur cette période.

De plus, des groupes comme le Comité contre les démolitions de maisons (ICAHD), l’Association pour les droits civils en Israël et Hadash s’impliquent davantage dans ces manifestations sur le secteur, rejoignant d’autres organisations comme les Rabbins pour les droits humains, qui sont actifs dans le quartier depuis six mois.

 

Parti communiste d’Israël
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21 février 2010 7 21 /02 /février /2010 20:40
 
Violences, racisme et mensonges de Rosarno à Bari

Migreurop publie un rapport suite à la mission d’observation réalisée le 15 janvier 2010

http://www.migreurop.org/article1602.html



Cette mission a permis de se rendre dans le Centre d’Identification et Expulsion (CIE) ainsi que le centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile (CARA) de Bari.

La délégation était composée de trois parlementaires européens : Isabelle Durant (Europe Ecologie au Parlement Européen - Belgique), Hélène Flautre (Europe Ecologie au Parlement Européen - France) et Rui Tavares (Bloque Uni de Gauche au Parlement Européen - Portugal) ; d’un député italien : Maurizio Turco (Radicali) et de trois associations européennes membres de Migreurop : ARCI (Italie), Statewatch (Italie) et le CIRÉ (Belgique).

Les députés européens présents à la mission ont organisé une conférence de presse au Parlement Européen de Strasbourg le mardi 19 janvier à 14h30 sur l’alarmante situation des migrants en Italie.

Les témoignages recueillis lors de cette mission font état de graves conditions d’exploitation dans les activités agricoles où les travailleurs subsahariens étaient employés. Ils font également état de violations des droits qu’ils ont subies concernent principalement, outre les conditions de travail, les conditions inhumaines et dégradantes dans lesquelles ils étaient logés et la situation de ségrégation à laquelle ils étaient confrontés. Au regard de ces constatations, ils ressort que loin d’être responsables, les migrants de Rosarno sont des victimes qui nécessitent d’être protégées.

La mission a relevé qu’aux violences subies se sont ajoutés les mensonges du gouvernement italien : alors que le ministre de l’Intérieur a prétendu que les migrants blessés avaient obtenu le statut de protection humanitaire, la délégation a recueilli plusieurs témoignages selon lesquels un blessé serait actuellement enfermé dans le CIE en vue d’une procédure d’expulsion. De même, l’évacuation par les forces de l’ordre des migrants de Rosarno, qui leur a été présentée comme une mesure de protection contre la vindicte de la population autochtone, s’est révélée être une rafle pour ceux qui ne possédaient pas de titre de séjour. Ceux-ci ont été conduits en camp de détention en attendant leur expulsion.

Ce qui c’est passé n’est pas un hasard, la responsabilité est du gouvernement qui incite au racisme et à la violence avec la législation et les déclarations de certains représentants, mais finit par être complètement absent là ou les conflits se produisent. Ce qui s’est passé est le produit de deux facteurs : la criminalisation des migrants et l’absence de l’État là où gouverne la loi de la mafia.

Migreurop recommande que les travailleurs migrants de Rosarno détenus à l’heure actuelle bénéficient d’une protection spécifique en tant que victimes d’exploitation humaine et économique. Nous demandons également que des investigations complémentaires soient menées sur les événements de Rosarno. Il faut analyser les processus politiques et économiques qui conduisent à placer en situation de quasi-esclavage et de soumettre à des conditions infra-humaines les ressortissants originaires d’Afrique qui sont employés dans les exploitations agricoles du Sud de l’Italie et d’ailleurs en Europe.

TÉLÉCHARGEZ ICI LE  compte-rendu de la visite de Migreurop du Centro di Identificazione ed Espulsione (CIE) et du Centro Accoglienza Richiedenti Asilo (CARA) de Bari (Italie) 15 janvier 2010: http://www.migreurop.org/article1601.html

 

A la suite des graves événements qui se sont déroulés les 7 et 8 janvier 2010 à Rosarno (sud de l’Italie), où des travailleurs migrants ont été victimes de violences et d’agressions racistes, et dans le cadre de sa campagne « Pour un droit de Regard dans les lieux d’enfermement », Migreurop a organisé une mission internationale d’observation, le vendredi 15 janvier 2010.
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21 février 2010 7 21 /02 /février /2010 20:33

Wade, Haïti et les tribulations de la renaissance africaine


Le 18 janvier, le président de la République du Sénégal, Abdoulaye Wade, proposait la création d’un nouvel Etat africain pour les Haïtiens. Entre inanité et vanité du projet, faut-il y voir le dernier opus de l’idéologie de la renaissance africaine dont il s’est fait le héraut ? 

wade.jpgDans la semaine qui a suivi le séisme dévastateur qui a ravagé Haïti le 12 janvier, le président Wade a surpris en émettant propositions et surenchères au cœur de l’élan international de solidarité. Il voulait ainsi « démontrer l’intérêt particulier que suscite la situation de nos frères noirs des Caraïbes ». En s’adressant avant tout au peuple haïtien et non à l’Etat, le président a offert 250 millions de Francs CFA (environ 500 000 dollars) au « nom du peuple Sénégalais ». Il a également cherché à accroître sa visibilité sur la scène internationale en proposant d’accueillir les Haïtiens sur le territoire sénégalais : « Cela dépend combien d’entre eux viendront. Si ce ne sont que quelques personnes, nous leur offrirons un toit et un bout de terre. S’ils viennent en masse, nous leur donnerons une région » a précisé le porte-parole du président sénégalais Mamadou Bamba Ndiaye. Ce dernier a ajouté que cette région serait fertile et qu’il ne s’agirait pas d’une portion du désert sénégalais. La fin de l’escalade rhétorique eut lieu quelques jours plus tard quand Wade déclara la possibilité de créer un État africain pour la population haïtienne sous l’égide de l’Union africaine et financé par les « anciens pays esclavagistes au titre des réparations… », réactivant ainsi sa prise de position lors de la Conférence de Durban en 2001.


Car c’est bien l’esclavage qui se situe au centre de l’argumentaire présidentiel. Wade mise sur la valorisation de la solidarité entre peuples noirs dans la directe lignée du mouvement de la négritude ; tout en rappelant les propriétés de la célèbre « teranga » - l’hospitalité sénégalaise- en articulant les deux de manière opportuniste. Arguant du
droit de retour des Haïtiens en Afrique, il explique que ceux-ci « n’ont pas choisi d’aller dans cette île et ce ne serait pas la première fois que des anciens esclaves ou leurs descendants soient ramenés en Afrique. C’est le cas du Liberia, où ils ont dû s’intégrer à la population locale pour former aujourd’hui la nation libérienne ».


A la suite du panafricanisme de Mouammar Kadhafi
[1], Abdoulaye Wade et Thabo Mbeki, s’étaient investis dans une réactualisation du concept, notamment à travers  la proposition du plan Oméga (Wade) et du plan Map[2] (Mbeki) qui ont ouvert la voie à la Nouvelle initiative africaine (NIA) puis au Nouveau partenariat pour le développement en Afrique (NEPAD)[3] initié en 2001 par l’Union africaine. Mais tout comme ses prédécesseurs, en cherchant à l’instrumentaliser[4], ses propos ont dévoyé le projet initialement forgé lors des accès à l’indépendance par des figures intellectuelles comme Alioune Diop[5] et Cheikh Anta Diop[6]. La comparaison qu’introduit Wade avec la création de l’État d’Israël en 1948 veut laisser supposer l’existence d’une diaspora africaine prête à rentrer sur sa terre natale, mais n’aboutit qu’au mélange et à la confusion des catégories qu’il utilise.


Si on peut s’interroger sur l’ambition politique et la dimension de rente économique du projet, c’est surtout sur la nature même du discours qu’il faut se pencher. Car au-delà d’une déclaration volontaire et humaniste dans un moment de grand désordre intérieur en Haïti, Wade se fait prendre au jeu de sa propre rhétorique : il dépasse l’idée même d’ingérence en allant jusqu’à nier l’existence de l’État haïtien et de ses institutions au profit d’une prise de position internationale qui amène à poser la question de ses motivations. Des voix africaines se sont élevées pour dénoncer
l’indécence et l’hypocrisie d’une telle proposition face au drame des populations locales : « Non ! Monsieur Wade à la place des Haïtiens, nous nous opposons non pas qu’ils reviennent mais parce que vos intentions sont fausses. Doit-on vous rappeler que les Haïtiens sont libres ? (…) Ils sont respectueux de leurs Héros et de leur liberté et pour cause, ils ne la négocient pas. Commencez par chercher les conditions de libertés pour les Africains voire pour les Sénégalais ensuite vous inviterez les autres à vous joindre. ». De même, les réactions dans le monde n’ont cessé de relever la « curieuse » proposition du président Wade, sa dimension « incongrue » ou « étonnante » soulignant la mise en perspective caricaturale avec la France. Loin de saluer la mansuétude de la proposition, les réactions au Sénégal parlent d’une « proposition qui fait honte au Sénégal » de la part du leader du Parti socialiste (opposition) O. Tanor Dieng.


Ainsi de manière concomitante avec la polémique sur le
monument de la renaissance africaine, A. Wade voit se développer les critiques portant sur l’utilité d’une telle démarche quand la situation nationale est marquée par un contexte économique, social et politique particulièrement difficile. En effet, le gouvernement n’a toujours pas résolu la question du relogement des populations sinistrées par les inondations désastreuses des trois derniers hivernages. Alors qui sait ce que fera Abdoulaye Wade des vingt-cinq Haïtiens intéressés par sa proposition alors que le soufflé présidentiel est déjà retombé ?

Marie Brossier est doctorante à l’Université Paris 1, sa thèse porte sur les nouvelles pratiques de la citoyenneté à travers la production des institutions familiales et politiques au Sénégal. mariebrossier@hotmail.com


[1] A. C. Huliaras, « Qadhafi’s comeback : Lybia and Sub-Saharian Africa in the 1990’s », African Affairs, 2001-01, vol. 100, n°398, pp. 5-25 [2] The Millenium Partnership for the African Recovery Program (MAP)[3] Voir I. Taylor, « La politique Sud-Africaine et le NEPAD : contradictions et compromis », Politique africaine, n°91, 2003, pp. 120-138. http://www.politique-africaine.com/numeros/pdf/conjonctures/091120.pdf[4] On pense au discours polémique de Thabo Mbeki qui affirme que le syndrome du sida n’est pas seulement provoqué par le virus VIH mais également par la malnutrition et la pauvreté résultant de l’apartheid. En conséquence, il a refusé de faciliter l’accès aux traitements existants pour lutter contre le VIH sur le territoire pendant sa mandature. Sur ce sujet voir notamment, D. Fassin, Quand les corps se souviennent. Expériences et politiques du Sida en Afrique du Sud, Paris, La découverte, 2006, 440 p.

[5] Il fonde la revue Présence africaine en 1947 qui devient vite le forum du mouvement intellectuel de revendication culturelle, la Négritude.

[6] Voir notamment Cheikh Anta Diop, « Quand pourra-t-on parler d’une renaissance africaine? », Le Musée vivant, n° spécial, 36-37, nov. 1948 ; Nations nègres et culture, Ed. Présence Africaine, 1954 ; L’Unité culturelle de l’Afrique noire, Ed. Présence Africaine, 1959

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21 février 2010 7 21 /02 /février /2010 20:25


Dernier scandale en date, l’affaire Ségura vient s’ajouter à une série de dérapages dans les finances sénégalaises qui ne semble pourtant pas rompre l’harmonie entre le pays et ses partenaires techniques et financiers (PTF).

 

segura.jpgEn octobre dernier, un scandale éclate à Dakar : l’ex-représentant du Fonds monétaire international (FMI) quitte le Sénégal avec une valise remplie de billets… La somme exacte varie selon les sources entre 90 millions de FCFA (plus exactement 100 000 euros et 50 000 dollars) et 500 millions de F CFA (soit 762 000 euros) mais l’incident est avéré. Il est surtout reconnu par le FMI et les autorités Sénégalaises.

100 000 euros ! « Bagatelle », vous dira le premier ministre sénégalais, Souleymane Ndéné Ndiaye, qui interviewé par le journal sénégalais Kotch le 26 octobre déclare « Avec cette somme, qu’est ce que vous pouvez acheter en France ? Vous ne pouvez même pas vous payer un appartement. Vous pouvez juste vous payer quelques habits, refaire votre équipement, c’est tout ». Soit !

La valise Ségura : petit rappel des faits

Dans un pays où 48,5% des ménages sont considérés comme pauvres[1], la « bagatelle » a quand même fait du bruit, largement relayé à l’étranger[2]. Les journalistes  ont (tenté[3]) d’enquêter sur le déroulement exact des faits. Le 25 septembre, Alex Segura, dîne à la Présidence de la République sénégalaise et s’apprête à quitter le Sénégal après 3 ans de bons et loyaux services pour le FMI, quand on lui remet une valise fermée.

Il ne se serait aperçu que plus tard (sur le trajet de l’aéroport, à l’aéroport ou dans l’avion selon les sources) que la valise était pleine d’argent en cash ! Si la presse sénégalaise annonce dans un premier temps que Segura a été pris la main dans le sac en passant la douane à Paris, le FMI affirme lui que son ex-représentant a lui-même contacté le bureau d’éthique du FMI dès le 26 septembre, lequel lui demande alors de rendre l’argent au plus vite. Il remettra ainsi la précieuse mallette à l’ambassadeur du Sénégal en Espagne.


Plusieurs hypothèses sont formulées pour expliquer l’histoire : Alex Segura aurait dans un premier temps accepté l’argent avant de se raviser (sans qu’on en comprenne vraiment les raisons). Deuxième hypothèse, il aurait été piégé par les autorités sénégalaises, cherchant à entacher son institution, voire Segura lui-même
[4]. Enfin, troisième hypothèse, Segura serait la victime innocente de rivalités au sein de la mouvance présidentielle cherchant à atteindre le ministre des finances[5].

Il est fort probable que nous ne sachions jamais réellement le pourquoi du comment de cette affaire. Mais celle-ci révèle deux choses. Premièrement, le FMI n’est pas à l’abri de scandales. Les affaires Wolfowitz et Strauss Kahn nous l’avaient déjà montré. Deuxièmement la « rigueur budgétaire » prônée par le FMI, pourtant « gendarme du monde »[6], ne semble pas aussi rigoureuse que cela au Sénégal.


Le bémol sénégalais
….

En octobre 2007, le directeur des opérations du Fonds monétaire international pour le Sénégal, Johannes Muler, a critiqué les dérapages budgétaires au Sénégal, affirmant qu’ils représentent près de 6% du produit intérieur brut du pays.

En janvier 2008, les résultats provisoires de l’audit de l’Inspection Générale des Finances ( conditionnalité de l’Initiative de soutien à la politique économique, ISPE) révèlent d’importants retards de paiement au secteur privé ( 225 milliards de FCFA soit 3 ¾ % du PIB) et surtout des dépenses extrabudgétaires – sans crédit budgétaire- d’un montant total de 74 milliards de FCFA ( soit 1 ¼ % du PIB) qui conduisent, sous la pression du FMI, au limogeage du ministre du Budget, Ibrahima Sarr.

Selon le journal sénégalais, Le Quotidien, « La colère de Dominique Strauss-Kahn et de son représentant local viendrait surtout, […], de ce qu’ils se rendent compte qu’ils ont été bernés comme de novices, par le gouvernement. En fait, résume de manière lapidaire une personne proche de l’entourage présidentiel, le programme conclu entre le Fmi et l’Etat était différent de ce qui était voté dans la Loi des finances »[7].


Douze mois et une série de conditionnalités
[8] plus tard, le FMI approuve pourtant un accord au titre de la facilité de protection contre les chocs exogènes (montant 75,6 millions de dollars EU) et confirme la poursuite de l’instrument de Soutien à la Politique Economique. Il faut dire que le Sénégal est le premier pays d’Afrique francophone a avoir bénéficié de cette Initiative (ISPE) après le succès de l’Initiative PPTE. Difficile  donc, pour l’institution de punir un si «  bon élève » !


Et pourtant l’ensemble des observateurs (journalistes, ONG, chercheurs et partenaires techniques et financiers du Sénégal) s’accordent à dire que le Sénégal accumule les fausses notes depuis l’arrivée de Maître Wade au pouvoir en 2000, avec une augmentation importante de la corruption et une « démocratie en trompe-l’œil »
[9] . L’espoir nourri par l’alternance en 2000, après 40 ans de règne PS, a vite été déchu, et les deux premiers présidents du Sénégal, Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf, font aujourd’hui figure de démocrates hors paire en comparaison au président actuel[10].

En terme de corruption, le Sénégal est classé 99e sur 180 pays en 2009 par Transparency international, avec un recul de 14 places par rapport à 2008. Les scandales financiers qui entachent le pouvoir sont de plus en plus nombreux, avec en tête la gestion plus que douteuse, des fonds de l’Agence nationale pour l’organisation de la conférence islamique (ANOCI) par le propre fils du président, Karim Wade. Violations du Code des Marchés Publics, dépenses non prévues (plus du double des sommes annoncées), absence de transparence des comptes : la gestion de la structure mise en pace par le président Abdoulaye Wade pour piloter l’organisation de la conférence islamique qui s’est tenue à Dakar en mai 2008 a été largement dénoncée par le journaliste Abdou Latif Coulibaly[11] en 2009 et par l’Autorité nationale de régulation des marchés publics dans son rapport 2008.


D’un point de vue institutionnel, la situation n’est guère plus reluisante. La Constitution est régulièrement révisée au bon gré du président sans consultation ni validation des chambres parlementaires : déjà
10 révisions constitutionnelles d’une constitution pourtant adoptée en 2001 par référendum, et des mesures pour le moins contradictoires : suppression du Sénat et du Conseil Economique et social en 2000, tous les deux recréés en 2007, passage du septennat au quinquennat pour revenir au septennat en 2008…

Sur le plan politique, les principaux partis d’opposition ayant boycotté les élections législatives, il n’y a quasiment plus d’opposition à l’Assemblée nationale depuis 2007 (131 sièges sur 150 reviennent à la Coalition SOPI 2007) .

Aujourd’hui, le fils du président Karim Wade prend une place de plus en plus importante dans les institutions sénégalaises : ce dernier a fait son entrée sur la scène politique sénégalaise en 2002 en tant que conseiller personnel du président de la République, chargé de la mise en œuvre de grands projets. Karim Wade crée alors son propre mouvement (et peut être futur parti) la Génération du Concret, présenté comme mouvement de soutien au Parti Démocratique Sénégalais et à Abdoulaye Wade. En 2004, il est nommé Président de l’ANOCI. Malgré sa défaite aux élections municipales de Dakar en mars 2009, Karim Wade est nommé ministre d’État, de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures en mai 2009.

Autant de pratiques qui sont largement dénoncées ailleurs par les Institutions financières internationales. Mais paradoxalement, dans le grand concert international de la « bonne gouvernance », les fausses notes sénégalaises semblent en partie ignorées.


mis en sourdine !

Au contraire, le Sénégal continue d’avoir la cote, en témoigne le nombre de partenaires techniques et financiers présents sur son territoire[12] et les flux d’aide reçus par le pays, qui ont augmentés par rapport à la décennie précédente.

Et malgré les dérapages, l’appui budgétaire[13] y est à la mode.

 

       APD allouée au Sénégal par l’ensemble des bailleurs[14]

(En millions de dollars US courant)

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Source : Base QWIDS OCDE[15]

 

Depuis son élection en 2000, le président Wade adopte un discours officiel critique à l’égard des Institutions financières internationales. S’il n’est pas suivi d’effets depuis 10 ans, ce discours concourt pourtant à influencer le rapport de force du pays avec ses PTF.  Dans les coulisses des négociations, les PTF admettent que le Sénégal sait jouer sur la multiplicité des bailleurs, en leur rappelant que « ce que vous ne financez pas, d’autres le financeront ». A l’échelle mondiale, le nombre de donateurs par pays a d’ailleurs triplé en vingt ans entrainant une certaine concurrence des bailleurs[16].


La « menace » des nouveaux bailleurs est cependant à relativiser. Ils ne représentent qu’une faible part de l’aide allouée au Sénégal. Par exemple l’aide des pays arabes représente seulement 1,13% de la totalité de l’APD allouée entre 2000 et 2008 alors qu’elle représentait 7,11% sur la décennie 1980-1989. Après 9 ans d’interruption, la reprise de la coopération chinoise en 2005 avec un programme de coopération de plus de
100 milliards de FCFE pourrait changer la donne, mais la France (32,9%[17]), la Banque mondiale (IDA, 12,19%) et la Commission Européenne (10,21 %) restent les plus gros bailleurs historiques du pays.


Le Sénégal bénéficie à cet égard d’un background qui le rend « attractif » : intérêt géostratégique, tradition de stabilité politique, ressources humaines compétentes, infrastructures relativement développées… Il est d’ailleurs le seul autre pays d’Afrique avec la Zambie à faire partie des 15 premiers pays africains les plus aidés en volume  (montant total de l’aide allouée au pays) ET en volume par habitant (montant de l’aide/ population) depuis 1960
[18].

Pris dans des logiques bureaucratiques internes et face à l’impératif d’ « être présent » [19], les PTF du Sénégal, et notamment les partenaires occidentaux qui ont pourtant mis la bonne gouvernance comme préalable à leur aide, préfèrent se concentrer sur la mélodie du pays de la Teranga[20], qui tire ainsi son épingle du jeu ; Au point que l’on pourrait se demander si une fausse note « Karim Wade, nouveau président du Sénégal » pourrait arrêter le concert ?

Véronique SAMBE est doctorante en science politique à l’Université Paris 1. Ses travaux portent sur les « experts du développement » au Sénégal.

vjampy@yahoo.fr

 


[1] http://www.dsrp-senegal.org/analyse.htm#insuffisances[2] Rien qu’en France :*Le Monde : ici*Libération : ici*L’Express : ici*Jeune Afrique : ici*CADTM : ici[3] Comme on pouvait s’y attendre les versions de l’Etat sénégalais et du FMI diffèrent sans qu’on ne puisse vraiment démêler le vrai du faux ![4] Durant ses trois ans de mandat, Segura a, à plusieurs reprises, dénoncé certaines « opacités administratives » du Sénégal et médiatisés ses interventions.[5] « A travers lui, suggère un initié, c’est le ministre des Finances, Abdoulaye Diop, que les proches de Karim Wade fils du chef de l’Etat et prétendant à sa succession - cherchent à atteindre.” (source)

 

[6] Roland Seroussi, GATT, FMI et Banque mondiale : les nouveaux gendarmes du monde, Dunod, 1994

[7] Mohamed GUEYE  « Le ministre du budget poussé à la démission : Un gouffre de 450 milliards dans le trésor », Le Quotidien, 8 août 2008

[8] Ajuster régulièrement les tarifs d’électricité/ rétablir les taxes sur les aliments, y compris le riz/ Eliminer la subvention au gaz butane à partir du milieu de 2009 et plafonner la subvention d’ici là/ Eliminer la taxe protectionniste sur l’huile végétale/ Elargir le programme d’alimentation scolaire/ Vendre des actifs de l’etat ( p.ex. licence de téléphonie cellulaire, hôtel Méridien préseident)/ Reforme des dépenses publiques (source)

[9] Assane Thiam, « « une constitution ça se révise ! », Relativisme constitutionnel et état de droit au Sénégal », Politique Africaine, N° 108, Décembre 2007, p 145. Cf aussi le numéro de Politique africaine, «  Sénégal 2000-2004, l’alternance et ses contradictions », décembre 2004

[10] Après 15 ans de régime présidentiel fort, Léopold Sédar Senghor instaure en 1976 un multipartisme limité, fait rare en Afrique à cette époque. Les acquis démocratiques seront renforcés par Abdou Diouf, qui arrive au pouvoir en 1980. Celui-ci est battu au deuxième tour face à l’opposant de longue date Abdoulaye Wade, et quitte le pouvoir en 2000, permettant ainsi au Sénégal de connaître sa première alternance politique.

[11] : Abdou Latif Coulibaly, « Contes et mécomptes de l’Anoci », Paris, l’Harmattan, 2009. Le livre a été publié simultanément à Paris et à Dakar et a été particulièrement bien distribué dans les rues dakaroises.

[12] Selon l’OCDE le Sénégal se caractérise par un fort nombre de donneurs, 26 au total, mais aussi par une

fragmentation aigue de son aide. Rapport CAD 2009

[13] Aide  financières versées aux Trésors des pays bénéficiaires qui l’exécutent selon ses propres procédures

[14] Ensemble des bailleurs multilatéraux et bilatéraux répertoriés par l’OCDE. Certains partenaires, comme la chine, n’y figurent pas.

[15] Les données de 2009 n’étant pas encore disponibles, le montant de l’aide pris en compte pour cette année est une moyenne des montants de l’aide versés sur les neuf années précédentes.

[16] source

[17] de l’aide allouée au pays depuis 1960

[18] De grands et moyens pays comme l’Egypte, la Tanzanie, l’Ethiopie, la Mozambique, le Nigeria, la RDC ou encore le Soudan ont reçu plus d’aide en volume que le Sénégal, mais arrivent derrière le Sénégal en terme de volume par habitant.

[19] Comme le décrit Béatrice Hibou pour la Tunisie. Cf Hibou B., la Force de l’obéissance, Economie politique de la répression en Tunisie, Paris, La Découverte, 2006.

[20] L’hospitalité sénégalaise.

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21 février 2010 7 21 /02 /février /2010 20:11

Dans la Grèce antique, on tuait le messager porteur de mauvaises nouvelles quand on ne voulait pas les entendre. Aujourd'hui, la dénégation est plus simple. 

La polémique autour du Giec, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, m'inquiète. Depuis plus de vingt ans, cet organisme, qui regroupe plusieurs milliers de scientifiques, confronte les analyses des uns et des autres concernant le changement climatique et s'efforce de les synthétiser pour en tirer des rapports d'évaluation adoptés par consensus. Ce qui ne signifie pas qu'il n'existe pas en son sein des désaccords, ni que les enjeux politiques sous-jacents ne jouent pas un rôle dans les orientations préconisées : on n'a jamais vu une communauté scientifique unanime et les experts eux-mêmes ne sont pas des êtres désincarnés et protégés de toute influence économique, idéologique ou politique. Après tout, même un expert peut se tromper : ne sous-estimons pas la complexité des phénomènes étudiés, les incertitudes inhérentes à toute prévision – « les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu'elles concernent l'avenir », disait Pierre Dac –, les divergences dans l'interprétation des données, etc. Bref, les rapports du Giec ne sont ni Dieu (« qui sait tout et voit tout », me disait-on dans mon enfance), ni le pape (infaillible, affirme le dogme) : ce ne sont que des constructions humaines, faillibles parce que s'appuyant sur des probabilités plus que sur des certitudes.


Il n'empêche, il aura suffi que, dans le dernier rapport, il soit écrit que les glaciers de l'Himalaya pourraient avoir disparu en 2035 pour ouvrir les vannes de la contestation. Erreur typographique pour 2350, ayant échappé à la relecture des épreuves, expliquent les responsables du Giec. Exemple flagrant de manipulation, affirment les critiques. Et dans la foulée, tout y passe : le train de vie et la formation de Rajendra Pachauri, qui préside le Giec depuis 2002 et qui est soupçonné de conflit d'intérêts (il dirige un cabinet spécialisé dans la lutte contre le changement climatique), publication des courriels échangés par les scientifiques peu avant la conférence de Copenhague, dans lesquels il est question de « combine » (trick) à propos du réchauffement, publication de deux études (l'une d'un chercheur de l'Université de Kiel en Allemagne, l'autre d'un groupe de chercheurs de l'Université East Anglia) soutenant qu'il n'y aura vraisemblablement pas de réchauffement dans les décennies à venir...

Et Claude Allègre nous ressort sa thèse – les fluctuations de la température du globe n'ont rien à voir avec l'activité humaine, ce sont des phénomènes naturels
[1] –, on appelle à la rescousse Bjorn Lomborg, le statisticien danois qui estime qu'il vaudrait mieux dépenser l'argent à se protéger du réchauffement qu'à l'empêcher. Une thèse que reprend Christian Gérondeau, ancien délégué interministériel à la Sécurité routière [2], défenseur inconditionnel de la voiture, soutenant que, quoiqu'on fasse, les énergies fossiles seront brulées parce que le monde en a besoin, qu'il ne sert donc à rien de tenter de réduire les émissions de gaz à effet de serre et que, de toute façon, ces dernières ne jouent qu'un rôle très secondaire, voire nul, dans le réchauffement : « Quand les États auront compris qu'il est vain de chercher à réduire leurs émissions de gaz carbonique pour "sauver la planète", ils pourront réaliser des économies considérables », écrit-il dans son dernier livre[3].


Comme il me paraît peu vraisemblable que des milliers de spécialistes puissent nous raconter des histoires sans fondement, et que je ne vois pas bien quelles motivations pourraient les y pousser, je m'interroge sur les raisons de l'important écho médiatique que rencontrent les contestataires. Leur registre est soit l'optimisme technologique – la science trouvera bien une solution –, soit la dénégation. Parce que s'exempter d'une responsabilité planétaire, c'est en même temps éviter d'avoir à changer quoi que ce soit dans son mode de vie, un peu comme le gamin qui tente d'éviter la punition en disant « c'est pas ma faute » ou « j'y suis pour rien » ? Peut-être, mais je crois davantage à l'explication qu'avançait Galbraith pour rendre compte de ce qu'il appelait « la culture du contentement » : ce mode de vie apporte à ceux qui en bénéficient des satisfactions qui les poussent à refuser d'admettre qu'il fasse des perdants et des malheureux ou qu'il ne puisse être généralisable à toute la planète.


Dans la Grèce antique, on tuait le messager porteur de mauvaises nouvelles quand on ne voulait pas les entendre. Aujourd'hui, la dénégation est plus simple : « Notre mode de vie n'est pas négociable », disait George W. Bush. Les libéraux refusent d'admettre que le marché peut avoir des responsabilités dans la gravité de la crise actuelle, un peu comme les communistes ont longtemps récusé les statistiques publiques sur la réduction des inégalités parce qu'elles allaient à l'encontre de l'inéluctabilité de la paupérisation (absolue) dans le système capitaliste. Nous ne croyons que ce qui nous arrange et nous sélectionnons les faits qui vont dans ce sens, en ignorant les autres. Serait-ce le retour de « l'imbécile heureux », comme on appelait autrefois le simple d'esprit ?

Denis Clerc, conseiller de la rédaction d'Alternatives Economiques | Article Web - 19 février 2010  (article envoyé par Nicole Bryndas)
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21 février 2010 7 21 /02 /février /2010 19:53
22 février 1943
Décapitation de la «Rose blanche»
 

Le 22 février 1943, trois étudiants allemands d'une vingtaine d'années sont guillotinés dans la prison de Stadelheim, près de Munich. Leur crime est d'avoir dénoncé le nazisme dans le cadre d'un mouvement clandestin, «La Rose blanche» (Die Weiße Rose en allemand).

Comment, de juin 1942 à février 1943 une poignée de jeunes étudiants chrétiens ont-ils pu défendre les valeurs démocratiques au prix de leur vie ? Comment ont-ils pu diffuser sous le manteau six tracts incendiaires tout en écrivant le soir des slogans pacifistes et antinazis sur les murs de Munich ?


Pierre Le Blavec.
Les prémices de la résistance

Résidant à Ulm et âgé de 14 ans en 1933, le lycéen Hans Scholl n'est pas au début insensible aux discours de Hitler. Il s'engage avec sa soeur Sophie dans les Jeunesses Hitlériennes mais prend assez vite ses distances.


Aidé par ses parents, soutenu par l'éditeur Carl Muth du mensuel catholique Hochland, il rompt avec le national-socialisme et se consacre à ses études de médecine. Il lit les penseurs chrétiens (Saint Augustin, Pascal) et l'écriture sainte. Mais il est arrêté et emprisonné en 1938 pour sa participation à un groupe de militants catholiques.

Quatre ans plus tard, sa décision est prise. Ayant reçu des tracts reproduisant des critiques de l'évêque von Galen de Münster à l'encontre du gouvernement en place, il décide d'entrer en résistance par l'écrit.


Un noyau dur se constitue autour de Hans et Sophie Scholl (protestants) et de trois étudiants en médecine que lie une solide amitié : Alexander Schmorell (25 ans, orthodoxe et fils d'un médecin de Munich) ; Christoph Probst, (23 ans marié et père de trois jeunes enfants), et Willi Graf (24 ans, catholique).

Hans et Sophie Scholl et leur ami Christoph Probst

En juin 1942, aidé par Traute Lafrenz, une amie de Hans, le petit groupe décide d'appeler les étudiants de Munich à la résistance contre le régime nazi, véritable «dictature du mal». Sophie se garde d'informer de ses actions son fiancé, un soldat engagé sur le front de l'Est.

La rose s'épanouit


En moins de quinze jours, les jeunes gens rédigent et diffusent 4 tracts, signés «La Rose blanche» (Die Weiße Rose). Imprimés dans l'atelier de Munich mis à leur disposition par l'écrivain catholique Théodore Haecker, ils sont diffusés de la main à la main, déposés chez des restaurateurs de la ville ou adressés par la poste à des intellectuels non-engagés, des écrivains, des professeurs d'université, des directeurs d'établissements scolaires, des libraires ou des médecins soigneusement choisis.


Les tracts font référence à d'éminents penseurs (Schiller, Goethe, Novalis, Lao Tseu, Aristote) et citent parfois la Bible. Leurs lecteurs sont invités à participer à une «chaîne de résistance de la pensée» en les reproduisant et en les envoyant à leur tour au plus grand nombre possible de gens.


Willi Graf est enrôlé dans l'armée en juillet 1942 et découvre à cette occasion nombre d'atrocités. Quant à Hans Scholl et Alexander Schmorell, incorporés comme maréchal des logis dans la Wehrmacht en tant qu'étudiants en médecine, ils passent trois mois sur le front russe et constatent avec effroi l'horreur des traitements infligés aux juifs, aux populations locales et aux prisonniers soviétiques.


A partir de novembre 1942, les résistants de La Rose Blanche bénéficient du soutien de leur professeur Kurt Huber (49 ans, catholique convaincu) de l'université de Munich, qui devient leur mentor. Ils impriment et diffusent leurs tracts à des milliers d'exemplaires dans les universités allemandes et autrichiennes d'Augsbourg, Francfort, Graf, Hambourg, Linz, Salzburg, Sarrebruck, Stuttgart, Vienne et même de Berlin !


Le petit groupe collecte en même temps du pain pour les détenus de camps de concentration et s'occupe de leurs familles. Il est toutefois déçu par le peu d'écho de ses initiatives au sein de la population étudiante.


Un cinquième tract intitulé «Tract du mouvement de résistance en Allemagne» est distribué à plusieurs milliers d'exemplaires dans les rues, sur les voitures en stationnement et les bancs de la gare centrale de Munich ! Plus fort encore, en février 1943, Hans Scholl et Alexander Schmorell écrivent la nuit des slogans sur les murs du quartier universitaire : «Liberté ! Hitler massacreur des masses ! A bas Hitler !...»

Imprimé à plus de 2.000 exemplaires, distribué et envoyé par la poste, le sixième et dernier tract commente la défaite de Stalingrad, condamne les méthodes nazies et invite la jeunesse du pays à se mobiliser. Comme quelques centaines de ces tracts n'ont pu être expédiés, Hans Scholl décide de les diffuser dans l'Université de médecine.


Malheureusement, le matin du 18 février 1943, Hans et sa soeur Sophie sont aperçus par le concierge de l'université en train de jeter un paquet de tracts du haut du deuxième étage donnant sur le hall. Ils sont aussitôt arrêtés avec leurs amis, livrés à la Gestapo (la police politique) et emprisonnés à Stadelheim.

Un procès expéditif


Le 22 février 1943, après une rapide instruction, le Tribunal du peuple chargé des «crimes politiques» se réunit pour un procès expéditif de trois heures. Il est présidé par Roland Freisler, venu exprès de Berlin. Cet ancien communiste est l'un des chefs nazis les plus brutaux qui soient. Sophie Scholl, qui a eu une jambe brisée au cours de son «interrogatoire » par la Gestapo et comparaît sur des béquilles, lui fait face avec un courage inébranlable.

Freisler prononce lui-même la condamnation à mort pour trahison de Hans Scholl, de sa soeur et de leur ami Christoph Probst - baptisé quelques heures avant son exécution par un prêtre de la prison.

Sophie et Hans sont exécutés par les fonctionnaires de la prison de Stadelheim après avoir revu une dernière fois leurs parents, Robert et Magdalene Scholl. Hans Scholl s'écrie «Vive la Liberté!» avant de mourir sur la guillotine (cet instrument a été importé de France au XIXe siècle). Depuis, les trois jeunes martyrs reposent les uns à côté des autres dans le cimetière voisin de la forêt de Perlach.


Quelques mois plus tard, un second procès frappe quatorze accusés pris dans la même vague d'arrestations : le professeur Kurt Huber, Alexander Schmorell et son camarade Willi Graf sont condamnés à mort. A l'automne 1943, le réseau de Hambourg est lui aussi démantelé par la Gestapo.

Dix autres membres de la Rose Blanche - amis des Scholl, jeunes étudiants des universités d'Ulm et de Sarrebruck, ou sympathisants actifs comme Eugen Grimminger qui les avait aidés financièrement - sont envoyés en camp de concentration où ils paieront aussi de leur vie leur participation aux activités du mouvement.

Malgré son caractère confidentiel, la Rose Blanche bénéficie d'une notoriété nationale et même mondiale. Le 27 juin 1943, parlant de «la naissance d'une foi nouvelle, celle de l'honneur et de la liberté», l'écrivain allemand en exil

Thomas Mann lui rend hommage sur les ondes de la BBC tandis que durant l'été 1943, l'aviation anglaise jette sur le pays un million d'exemplaires du dernier tract rédigé par le professeur Huber.

La Rose Blanche a vécu à peine un an mais la mémoire d'une lutte héroïque - contre la résignation et pour la défense de la liberté d'opinion lorsqu'elle est menacée -, elle, ne s'éteindra jamais.

Un film émouvant

Sophie Scholl, le dernier jourLe cinéaste allemand Marc Rothemund a réalisé en 2005 un film émouvant et rigoureux, Sophie Scholl, les derniers jours (en allemand Sophie Scholl, die letzten Tage). Il relate l'arrestation du groupe de jeunes gens, l'instruction de leur procès et leur exécution.

Son film suit fidèlement la réalité historique telle que relatée dans le livre de souvenirs publié en 1953 par la soeur de Hans et Sophie Scholl : Die weisse Rose (mal traduit, l'ouvrage a répandu dans le public français quelques erreurs factuelles, notamment en traduisant le mot allemand Fallbei par hache au lieu de guillotine).

L'auteur : Pierre Le Blavec

Pierre Le Blavec, attaché parlementaire non-inscrit au Sénat, est l'auteur du Karaoké de la Francophonie (Chansons sans frontières Vol.1, Chansons engagées Vol.2) et de L'Encyclopédie du Film politique.


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