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8 mai 2011 7 08 /05 /mai /2011 19:48

  

Congrès de Venise

 

3-4 juin 2011

 

Auditorium di Santa Margherita

 

Venise et le rêve

« Venise vous enivre » écrit Sigmund Freud à Martha après l’un de ses

premiers séjours dans cette ville qui constitue la voie obligée de son passage vers le sud. Il y fera de nombreuses haltes et Venise lui fera penser à un « punch au Léthé ». La ville surgie de la lagune aurait ce pouvoir, que le

mythe prête au fleuve de l’enfer, de faire oublier son passé à celui qui y

goûte. Alors si séjourner à Venise fait oublier les souffrances et les tracas du quotidien au voyageur viennois, elle est comme le rêve : gardienne de l’oubli de la réalité. Venise est un songe enivrant. Comme dans l’ivresse,l’espace et le temps sont distendus, les lignes de fuite se perdent dansl’horizon liquide, le temps des doges est là, immobile, permanent. Y séjourner c’est donc perdre ses repères, oublier son passé pour accéder au temps du rêve. Et ce n’est pas un hasard si les arts ont fleuri en ce lieu d’ivresse, si les fresques de Tiepolo, de Carpaccio, les paysages de Canaletto, de Guardi ravissent le rêveur au son des voix célestes de Vivaldi.

Pas une surprise non plus que la fête et la mascarade y aient élu, comme

dans les rêves, leur demeure la plus raffinée. Car Venise invite à la

déraison, comme le rêve autorise la folie qui gît en chacun de nous. Tel

serait le programme de ce colloque déraisonnable à souhait : revisiter les

conditions même de la création artistique sous l’emprise d’une ivresse

freudienne !

 

Programme

 

(traduction simultanée en italien et français)

 

Vendredi 3 juin matin

Introduction

 

 

 

: Frédéric de Rivoyre

  

 

Première table ronde : Venise, le rêve, la littérature

Président: Lenio Rizzo

Discutante : Silvia Lippi

- Simona Argentieri : Incubi d’autore (Cauchemars d’auteurs)

- Sabine Parmentier : Venise et le rêve du pouvoir

- Maria Clara Lucchesi Palli : Casanova un rêve de femme

- Izabel Szpacenkopf : Désir et Mort à Venise

- Luigi Burzotta : Le diable amoureux à Venise

 

Vendredi 3 juin après-midi

Deuxième table ronde : Venise, le rêve, l’inconscient

Présidente : Claude Boukobza

Discutants : Monique Lauret et Patrick Landman

-

 

 

 

Massimo Recalcati : Produrre l’inconscio : meditazioni sulla poetica di

Vedova ( Produire l’inconscient : méditations sur la

poétique de Vedova)

- Gisèle Chaboudez : La voie royale

- André Michels : La théorie du temps dans la Traumdeutung

- Jean-Jacques Blévis : Les rêves traumatiques

- Patrick De Neuter : Je rêve ma vie plutôt que de vivre mes rêves

- Gérard Pommier : La double temporalité du rêve

  

 

Samedi 4 juin matin

Troisième table ronde : Venise, le rêve, la musique, la peinture

Présidente : Sabine Parmentier

Discutante : Marielle David

-Graziella Magherini : Rileggere l’arte : sogni ed esperienza estetica

(Relire l’art: rêves et expérience esthétique )

- Frédéric de Rivoyre : Le regard du Carpaccio

- Angela Peduto : La musique secrète : Vivaldi et les jeunes filles de la Pitié

- Silvia Lippi : Luigi Nono et l’espace multiple

- Orsola Sveva Barberis : Le nu couché vénitien et la mascarade

- Alessandra Berghino : La tempesta de Giorgione

 

Samedi 4 juin après-midi

Quatrième table ronde : Venise, le rêve, la scène, la fête

Présidente : Catherine Vanier

Discutant : Christian Hoffmann

-

 

 

 

Carlo Bonomi : La maschera, l’occhio e lo specchio (Le masque, l’oeil et le

miroir)

- Alain Didier-Weill : L’invention de la scène

- Patrick Landman : Le marchand de Venise

- Edith Campi : La fête à Venise

- Dominique Tourrés-Gobert : La scène rêvée

- Eric Tubiana : Dionysos vénitien

Conclusions :

 

 

 

Alain Vanier

Comité d’organisation : Edith Campi, Patrick Landman, Silvia Lippi, Maria Clara Lucchesi Palli,

Sabine Parmentier, Frédéric de Rivoyre, Dominique Tourrés-Gobert.

 

Inscriptions

 

 

 

:

Par chèque ou virement bancaire à l’ordre d’Espace Analytique (Banque Martin Maurel –av Hoche

Paris -

 

IBAN : FR 7613369000066039980101280 BMMMFR2A

 

Adresser à Secrétariat d’Espace Analytique –Congrès de Venise- 12 rue de Bourgogne-75007 PARIS

 

 

Jusqu’au 31 mars 2011 : 150 Euros - Etudiants : 50 Euros

Formation permanente (n.11.75.33.82175) : 300 Euros

Après le 31 mars 2011 : 170 Euros - Etudiants : 70 Euros

Dès réception de votre versement, il vous sera envoyé une confirmation d’inscription qui sera demandée à l’entrée.

 

Mail : yves.dowek@autrement-legypte.com

 

 

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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 14:17

Espace analytique

 

Association de Formation Psychanalytique et de Recherches Freudiennes

 

Journées d'études

 

19 mars - 20 mars 2011

Faculté de Médecine - Amphi Binet 45 rue des Saints-Pères 75006 Paris

 

LES PSYCHOSES

 

Comité d'organisation :

 

Jean-Claude AGUERRE, Arlette COSTECALDE, Marielle DAVID, Patrick LANDMAN,

 

Gorana MANENTI, Gérard POMMIER, Eduardo PRADO DE OLIVEIRA, Dominique TOURRÈS-GOBERT

 

 

 

Renseignements :

Centre Octave et Maud Mannoni 12 rue de Bourgogne, 75007 Paris

Tél. : 01 47 05 23 09

 espace.analytique@wanadoo.fr

 www.espace-analytique.org

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10 janvier 2011 1 10 /01 /janvier /2011 04:31


Centre Interdisciplinaire sur l’Enfant - CIEN

Nous avons le plaisir de vous inviter au prochain rendez-vous du laboratoire du CIEN, qui aura lieu vendredi 14 janvier 2010 à 21h.
Vous pouvez faire suivre cette annonce à vos amis et collègues.
Au mois de février, notre rendez-vous aura lieu le vendredi 11.
Cordialement. Michèle Rivoire


S’enseigner du désordre des enfants et des adolescents”

14 janvier 2011

École Santé Social Sud-Est -ESSSE
20rue de la Claire
69009 Lyon

Invités :

Virginie Sauterel, psychologue, Réseau Santé Valais, médecine pénitentiare  
Patrick Bardin, permanent d’un lieu d’accueil pour adolescents.

Conversation interdisciplinaire animée par Jacqueline Dhéret, psychanalyste.



Accès  à l’ESSSE (immeuble Le Sémaphore)
Métro Ligne D Station Gare de Vaise
Sortir rue du 18 mars (tête de rame)- côté gare routière
Prendre en face Rue Transversale
Passer devant l’entrée close de l’essse
Prendre à droite Rue de la Claire
sur 10 m.



Cordialement.
Michèle Rivoire
06 80 96 30 15

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5 janvier 2011 3 05 /01 /janvier /2011 16:44

“S’enseigner du désordre des enfants et des adolescents”

14 janvier 2011

École Santé Social Sud-Est -ESSSE
20rue de la Claire
69009 Lyon

Invités :

Virginie Sauterel, psychologue en milieu pénitentiaire, exerce avec des jeunes.
Patrick Bardin, permanent d’un lieu d’accueil pour adolescents.

Conversation interdisciplinaire animée par Jacqueline Dhéret, psychanalyste.

Accès  à l’ESSSE (immeuble Le Sémaphore)
Métro Ligne D Station Gare de Vaise
Sortir rue du 18 mars (tête de rame)- côté gare routière
Prendre en face Rue Transversale
Passer devant l’entrée close de l’essse
Prendre à droite Rue de la Claire
sur 10 m.



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5 janvier 2011 3 05 /01 /janvier /2011 15:53

Claude Levi-Strauss, Le Père Noël supplicié, Sables, Pin-Balma, 1994, 51 p. – par Michèle Rivoire

 

Initialement publié dans Les Temps Modernes, en 1952, « Le Père Noël supplicié » est une brève étude inspirée à Claude Levi-Strauss par un fait divers : le 24 décembre 1951, on avait brûlé un mannequin du Père Noël sur le parvis de la cathédrale de Dijon, en présence de centaines d’enfants, exécution d’un usurpateur accusé de paganiser la fête de Noël.

Pas si simple, dit C. Levi-Strauss, qui retrace les origines du héros bonnasse devenu une icône de la consommation dans des rites initiatiques anciens et des cultes modernes. Au-delà de la mystification infligée par les adultes aux enfants, il met en valeur une transaction entre générations, entre initiés et non-initiés, et surtout, la permanence d’une opposition entre vivants et morts.

Chez les Pueblo du sud-ouest des États-Unis, un mythe raconte qu’à l’origine les katchina volaient les enfants et qu’ils y renoncèrent à condition de revenir chaque année danser dans les villages, masqués et costumés. Les enfants sont exclus de ces rites : « leur place est ailleurs : non pas avec les masques et avec les vivants, mais avec les Dieux et avec les morts ». Ils sont les katchina. Autrement dit, ils sont le réel que recouvre la mascarade. 

À la fin des festivités des Saturnales, les Romains brûlaient le roi de la fête sur l’autel du dieu dévorateur de ses enfants. Le chemin est long du roi des Saturnales au Bonhomme Noël, mais C. Levi-Strauss  voit  dans l’autodafé de Dijon une réactualisation de ce rite païen. Éclipsant le dieu chrétien, le mannequin retrouve là les caractères d’un héros archaïque, représentant ce que nous appellerions un Autre à la fois féroce et jouisseur.

C. Levi-Strauss souligne aussi l’ambivalence des ancêtres chrétiens du Père Noël : dans les pays latins, jusqu’au XIX ° siècle, on a mis l’accent sur la Saint Nicolas, fête du bon évêque sauveur des enfants promis au saloir ; chez les anglo-saxons la fête se dédouble en « deux formes extrêmes et antithétiques » : Halloween où « les enfants jouent les morts pour se faire exacteurs des adultes, et Christmas, où les adultes comblent les enfants pour exalter leur vitalité ».

Dans toutes les sociétés, les enfants sont « une incarnation traditionnelle des morts », conclut Claude Levi-Strauss, mais tandis que les païens priaient les morts, les chrétiens prient pour les morts. Que faisons-nous quand « nous nous adressons aux petits-enfants […] pour qu’ils consentent, en croyant au Père Noël, à nous aider à croire en la vie » ? « Une prière toute mêlée de conjuration ». Disons une conjuration superstitieuse qui mêle à la férocité de l’Autre la peur des morts et la peur des enfants (dans les deux sens). Mais que devient cette dimension apotropaïque dès lors que le Père Noël est une ordure, un déchet parmi d’autres produits de la civilisation ?

 

 

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5 janvier 2011 3 05 /01 /janvier /2011 15:31

Note de lecture du Séminaire IV, La relation d'objet – par Maryse Roy

 

Qu’est-ce qui fait peur au Petit Hans ? Est-ce seulement le cheval ? Est-ce seulement la peur du cheval qui mord qui limite ses déplacements ?... Ce n’est pas si simple que cela ! J. Lacan ne manque pas de souligner qu’il s’agit bien d’une phobie sans aucun doute mais il s’agit d’une phobie en marche1. Le petit Hans a la chance de rencontrer le Professeur Freud, dès lors il a trouvé un lieu d’adresse pour poursuivre le travail de traduction de ce à quoi il a affaire. Si son père émet un jugement, Hans répond : « Peu importe que ce soit bien ou mal, c’est toujours bien parce qu’on peut l’envoyer au professeur ». Ce n’est qu’après la visite chez le professeur que l’enfant peut commencer à préciser ce qui fait peur.

Hans n’a pas seulement peur des chevaux, mais aussi des voitures de déménagement dont le trait commun est d’être lourdement chargées, il a peur des chevaux qui se mettent en mouvement, il a peur que les chevaux ne tombent, ce qui lui fait peur ce n’est pas le mouvement mais c’est précisément le moment où il y a une accélération. La peur de l’enfant ne porte pas seulement sur le risque d’être entraîné par le mouvement mais surtout par la crainte d’être laissé en arrière, d’être laissé tomber. Ainsi, l’enfant précise les deux éléments qui rendent le cheval redoutable : le cheval mord et le cheval tombe.

La morsure puis la chute sont les deux éléments constitutifs de la phobie du petit Hans. J. Lacan souligne que le thème de la dévoration se retrouve le plus souvent dans la structure de la phobie2.

La crainte de la morsure est première, elle survient au moment où l’enfant ne peut plus satisfaire la mère. L’enfant a entre aperçu le manque de la mère. Mais si la mère est privée pour Hans, ce n’est pas du fait du père et c’est d’une mère privée mais inassouvie insatisfaite dont provient la menace. Hans ne peut plus satisfaire la mère, il encourt le risque d’être englouti.

L’enfant craint que le cheval ne tombe ; le mouvement de l’accélération est associé au risque de la chute car le mouvement est en rapport avec ce qui est en train de se modifier dans la relation avec sa mère et dans la relation de sa mère avec son père. Hans a peur d’être laissé tomber par sa mère.

J. Lacan fait valoir que la morsure et la chute sont « des éléments essentiels dans les structures les plus apparentes de la phobie », mais il souligne que ce sont des éléments signifiants à deux faces. La chute et la morsure ne sont pas seulement redoutées par le petit Hans mais « par un certain côté elles sont désirées »…, « car elles vont jouer un rôle essentiel dans la guérison ».

Tout le progrès de l’analyse va permettre à la phobie, c'est-à-dire au cheval, d’être l’élément autour de quoi toutes sortes de significations vont tourner. L’enfant se sert de l’objet phobique comme d’un signifiant.

J. Lacan donne des indications précises en ce qui concerne ce que l’on peut attendre d’une psychanalyse. Il s’agit de « permettre à ce signifiant de jouer le rôle que lui a réservé l’enfant dans la construction de sa névrose »… et « de prendre ce signifiant comme secours et comme point de repère dans l’ordre symbolique »3.

Il s’agit de « permettre à l’enfant de manier ce signifiant en en tirant des possibilités de développement plus riches que celles qu’il contient car il ne contient pas à l’avance toutes les significations mais il les contient par la place qu’il occupe ».

Ainsi grâce au professeur Freud, Hans explore les solutions signifiantes mais nous dit J. Lacan « il reste un résidu. Quelle que soit la couleur du cheval, un trait se détache qui fait énigme « …je ne sais quelle espèce de tâche noire qu’il a devant le chanfrein… »4. « Ce qu’il y a de certain c’est qu’on ne sait pas ce qu’est ce noir devant la bouche du cheval. »  Ce résidu, ce reste garde la trace de l’angoisse.

 

1 LACAN J., Le Séminaire, livre IV, La relation d’objet (1956-1957), Paris, Seuil, mars 1994, p.222.

2 LACAN J., Le Séminaire, livre IV, opus cité, p.195

3 LACAN J., Le Séminaire, livre IV, opus cité, pp. 400-401.

4. Ibid., p.244.

 


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3 janvier 2011 1 03 /01 /janvier /2011 12:20

Note de lecture du Séminaire IV de Lacan, La relation d'objet – par Marie-Josée Raybaud

                                                                                                        

Quand il est question d'aborder les peurs d'enfants, une des références essentielle est la lecture par Lacan du petit Hans de Freud, dans le Séminaire IV, La relation d'objet. Lacan nous propose une articulation lumineuse entre la clinique et la théorie. La richesse de ce séminaire tient aussi au fait que Lacan réfère la peur de la morsure des chevaux de Hans à l'énigme du désir maternel. Comme le souligne Jacques-Alain Miller, ce séminaire « est, du début à la fin, une théorie de la mère » et plus précisément « des terribles conséquences cliniques de la sexualité féminine pour tout sujet »1.

Arrêtons-nous un instant sur un passage en particulier, page 400. Ce passage est précédé par cette définition de l'objet phobique donnée par Lacan, un objet qui joue un rôle métaphorique en lieu et place du père, en ce que le père réel a été carent. Cette fonction métaphorique de l'objet de la phobie, le cheval pour Hans, est équivalente à la métaphore poétique, la phobie étant alors désignée par Lacan de « poésie vivante ». Toutes les significations qui découlent de l'usage de cette métaphore forment « un élément suppléant ». Mais Lacan souligne le côté imaginaire de cette suppléance, en tant que le cheval avait été extrait par Hans d'un livre d'images. C'est le choix même de cette référence qui fait dire à Lacan que « Le sujet en choisit une pour remplir une fonction bien précise », ce choix s'opérant dans un certain contexte propre à l'enfant.

Ce choix d'objet phobique a pour valeur « d'assurer la stabilisation momentanée de certains états – dans le présent, de l'état d'angoisse. » Cette indication, « stabilisation momentanée », s'oppose à la réduction des peurs d'enfants à tout trouble ou conduite inappropriée, car elle donne à la peur une valeur de solution structurale.

Lacan rassemble en une phrase l'essentiel du développement de son Séminaire : « Pour remplir la fonction de transformer cette angoisse en peur localisée, le sujet choisit une forme qui constitue un point d'arrêt, un terme, un pivot, un pilotis, autour de quoi s'accroche ce qui vacille, et que menace d'emporter le courant intérieur issu de la crise de la relation maternelle ».

Déplions chacun des éléments de cette phrase :

     « la fonction de transformer cette angoisse en peur localisée »: c'est la leçon de Freud, la peur des chevaux vient traiter l'angoisse de Hans, mais Lacan rajoute ce petit élément : "localisée". La phobie est une "peur localisée", c'est à dire qu'il y a là un signifiant, "cheval", qui permet de réduire l'angoisse non localisable et permanente. Le cheval n'apparaissant que dans certaines conditions - être dans la rue – le reste du temps, Hans peut vaquer à ses occupations sans être terrassé par l'angoisse.

     « le sujet choisit » : il est important de prendre le temps dans les entretiens avec l'enfant de cerner d'où provient l'objet phobique, dans quel contexte l'enfant l'a-t-il prélevé ? A quelle chaine signifiante appartient-il ? Quelles sont les coordonnées de cet objet ? Lacan indique un peu plus loin que cet objet choisi par l'enfant, à usage métaphorique, permet un maniement du signifiant bien plus riche de significations qu’il n’en contient. Effectivement, nous voyons comment Hans se sert du signifiant cheval pour construire des versions mythiques, des circuits dans Vienne, etc.

     « une forme qui constitue un point d'arrêt, un terme, un pivot, un pilotis » : nous avons ici l'objet imaginaire, la forme, qui a valeur symbolique. Les termes mêmes utilisés par Lacan sont très évocateurs, chacun introduisant cependant une petite variation par rapport à l'autre. Il y a ce qui arrête mais il y a aussi ce qui permet de tourner autour. Là aussi, seuls les entretiens avec l'enfant préciseront l'usage qu'en a l'enfant.

     « autour de quoi s'accroche ce qui vacille » : voilà donc l'autre aspect essentiel de la phobie. Elle permet "une accroche". Cette fonction-là, c'est ce que Lacan introduit avec la notion de stabilisation momentanée, et avec la notion d'élément suppléant. Ce qui serait à rapprocher et à différencier de la version de suppléance que Lacan va utiliser plus tard dans le cadre de la psychose. Nous avons à faire un diagnostic différentiel. L'idée de vacillement n'est pas équivalente à effondrement ou déclenchement ou encore débranchement. Autant de termes qui désignent les moments où le symbolique ne répond plus pour traiter le réel en jeu.

     « que menace d'emporter le courant intérieur issu de la crise de la relation maternelle » : c'est là ce que Lacan a introduit dans ce Séminaire avec le Désir de la Mère, et que Jacques-Alain Miller reprend sous la formule « le désir de la mère renvoie à la mère en tant que femme »2, c'est-à-dire en tant que manque d'un objet et non manque-à-être.  La crise de la relation maternelle est à saisir dans cette triade mère-enfant-phallus. L'enfant s'inscrit dans la relation que la mère a, en tant que femme, au phallus. C'est pour Jacques-Alain Miller « la question fondamentale de la psychanalyse d'enfants. »3

 

En résumé, nous avons deux perspectives proposées par ce Séminaire :

     la première nous permet de concevoir la phobie comme traitement de l'angoisse par le signifiant

     la seconde nous permet de concevoir la question de l'enfant au regard de la jouissance de la mère.

Nous avons donc l'usage de ces deux points de repère pour nous orienter dans les cures des enfants. Les travaux qui préparent la Journée de l'Institut de l'enfant, vont nous permettre d'en faire la démonstration à rebours du discours qui cherche à réduire les peurs d'enfants à de simples troubles.

 

1 Miller J.-A., « La relation d'objet I, Présentation du Séminaire IV », La Lettre Mensuelle n°128, avril 94, p.14.

2 Ibid., p. 15.

3 Ibid.

 

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2 décembre 2010 4 02 /12 /décembre /2010 19:18

journee.institut.enfant@gmail.com

http://www.jie2011.blogspot.com

Jacques-Alain Miller – Le petit Hans(1) – Yves Bonnefoy, poète

Orientations

 

Dans son Cours Choses de finesse en psychanalyse du 17 décembre 2008, J.A. Miller met en valeur la distinction qui s’opère dans le tout dernier enseignement de Lacan entre « deux ordres inhomogènes, l’inconscient et le sinthome ». Le passage qui suit, extrait de la page 78 du numéro 71 de la revue La Cause freudienne, nous donne une orientation précise sur « la nature de défense » que peut venir occuper une phobie, un cauchemar, une peur, et les conséquences qui s’en déduisent.

« En préliminaire, on peut distinguer deux moments. Il y a le moment de l’exploration de l’inconscient et de ses formations, dont le principe est que le symptôme a un sens, que tout ce qui fait symptôme – lapsus, acte manqué et la suite – a un sens et peut être déchiffré.. Comment ne passerait-on par ce moment pour tous ceux qui ne sont pas désabonnés de l’inconscient ? Bien sûr que l’on s’en passe pour Joyce, qui en plus ne s’est pas allongé ; la question ne s’est pas posée, ne pouvait pas se poser.

L’orientation vers le singulier ne veut pas dire que l’on ne déchiffre pas l’inconscient, elle veut dire que cette exploration rencontre nécessairement une butée, que le déchiffrement s’arrête sur le hors-sens de la jouissance, et que, à côté de l’inconscient, où ça parle – et où ça parle à chacun, parce que l’inconscient, c’est toujours du sens commun -, à côté de l’inconscient, il y a le singulier du symptôme, là où ça ne parle à personne. C’est pourquoi Lacan le qualifie d’événement de corps.

Ce n’est pas un événement de pensée. Ce n’est pas un événement de langage. C’est un événement de corps – encore faut-il savoir : de quel corps ? Ce n’est pas un événement du corps spéculaire, ce n’est pas un événement qui a lieu là où se déploie la forme leurrante du corps qui vous aspire dans le stade du miroir. C’est un événement du corps substantiel, celui qui a consistance de jouissance.

Là, nous sommes à un niveau qui n’est pas celui de l’inconscient, pour autant que la découverte de l’inconscient, telle que la formule Lacan, c’est que l’inconscient est

entièrement réductible à un savoir : la réduction de l’inconscient à un savoir, c’est-à-dire à un articulation de signifiants – que l’on est amené à supposer à partir de l’interprétation, du caractère interprétable de ce qui fait symptôme – est exclusive de l’événement. []

Eh bien, ça a des conséquences sur la pratique, en particulier la pratique de l’interprétation. L’interprétation, ça n’est pas seulement le déchiffrement d’un savoir, c’est faire voir, c’est éclairer la nature de défense de l’inconscient. »

Jacques-Alain Miller

 

Références « Hans s’est oublié », Séminaire IV, p. 408 – par

Éric Zuliani

On lit et relit le cas Hans et le commentaire qu’en a fait Lacan, entre autres dans le Séminaire IV. Il y a un côté « tambour battant » de l’opération signifiante que Hans réalise grâce à Freud et son père. On peut y lire plus discrètement les remarques qu’il y fait sur ce qu’est une authentique phobie. À la presque fin de ce Séminaire, Lacan évoque certes cette opération, mais en des termes incluant le résultat, l’issue et la valeur de cette opération : « Ces tours et détours du signifiant qui se sont révélés salutaires, qui ont fait progressivement s’évanouir la phobie, qui ont rendu superflu le signifiant du cheval – s’ils ont opéré, c’est à partir de ceci, non pas que le petit Hans a oublié, mais qu’il s’est oublié. » (p. 408). Ces dernières lignes de l’avant-dernière leçon de l’année 1957, pose la question explicitement de « comment juger du résultat d’un certain progrès analytique ? (…) » On notera au passage que Lacan ne dit pas « progrès thérapeutique ». Le petit Hans est devenu un père mythique ; il peut engendrer, mais sans passer par une femme. « C’est en cela dit Lacan, que l’on ne peut pas dire que tout soit assumé de la position relative des sexes, et de la béance qui reste de l’intégration de ces rapports. » Lacan y indique aussi que « Hans n’est pas passé par le complexe de castration, mais par une autre voie, comme l’indique le mythe de l’installateur qui lui change le derrière, l’a conduit à se transformer en un autre petit Hans ». L’expression « un autre petit Hans » est énigmatique. Comment la comprendre ? Une indication de Lacan le permet ainsi que l’insistance de Lacan sur le « il s’est oublié ». À la page 407, Lacan indique, en effet, ceci : « Désormais, le petit Hans pourra meubler la place, mais ce résultat est acquis aux dépens de quelque chose qui n’apparaît pas dans cette perspective. Il s’agit de la dialectique du rapport du sujet à son propre organe. Ici à défaut que ce soit l’organe qui soit changé, c’est le sujet lui-même qui a la fin s’assume comme père mythique (…). » En d’autres termes, le progrès analytique a eu pour conséquence

un effet sur le sujet, sur son être, mais pas sur le rapport à son organe, ni sur l’organe lui-même.

Cela me semble être une piste de réflexion pour préparer la Journée : elle pose, en effet, la question de la direction de la cure et de la place des tours et détours du signifiant. Pour Hans, il n’y a pas qu’une tache qui persiste malgré l’opération signifiante : celle sur le museau du cheval. Il y a aussi un sort qui se dessine. Lacan l’examine dans « l’envoi » du Séminaire dans une clinique différentielle des rapports de l’homme et de la femme qui convoque une dernière fois Hans, accompagné cette fois-ci de Don Juan, de Léonard de Vinci, sans oublier les hommes et les femmes des livres de Françoise Sagan, moment de civilisation attesté par le commentaire d’un Kojève que Lacan fait valoir.

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1 décembre 2010 3 01 /12 /décembre /2010 19:43

“S’enseigner du désordre des enfants et des adolescents”
Le laboratoire du CIEN reprend ses travaux. Le prochain rendez-vous aura lieu vendredi 10 décembre 2010 à 21h, dans un nouveau lieu  dont voici l’adresse:
École Santé Social Sud-Est -ESSSE
20rue de la Claire
69009 Lyon


Invités :
Roland Février, coordinateur de « Chocolat Chaud », point d’accueil pour personnes sans domicile fixe.
Marie-Cécile Marty, psychologue clinicienne en foyer pour adolescents.

Conversation interdisciplinaire animée par Jacqueline Dhéret, psychanalyste.

« Décrochage scolaire, difficultés familiales, les déconvenues ont conduit certains jeunes à la désocialisation, à la rue et à ses galères. Comment faire place à ceux qui ne veulent pas être assignés à une place ? Quel accueil à cette marginalité ? »

Vous pouvez faire suivre cette annonce à vos amis et collègues.

Accès  à l’ESSSE (immeuble Le Sémaphore)
Métro Ligne D Station Gare de Vaise
Sortir Place de Paris
Prendre à gauche Rue du 24 mars 1852
Première à droite Rue Transversale
Passer devant l’entrée close de l’essse
Prendre à droite Rue de la Claire
sur 10 m.

Cordialement.
Michèle Rivoire
06 80 96 30 15

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27 novembre 2010 6 27 /11 /novembre /2010 20:28

Des enfants troublants et troublés.

 

 

 Le 16 Octobre dernier le lab. De Saint-Malo organisait une journée d'étude sur le thème "comment apprennent les enfants troublants et troublés ?" En voici quelques échos …

 

"Trouver la clef, là est le secret" Myriam Perrin

 

« Trouver la clé, là est le secret » fut en filigrane ce qui orienta cette riche Journée d’études du CIEN  intitulée « Comment apprennent les enfants troublés/troublants ? » organisée le 16 Octobre 2010 à Saint-Malo par le laboratoire  CIEN

« En trois actes ». La responsable du lab. Isabelle Fauvel, psychologue, membre de l’ ACF , et Michel Forget, co-responsable directeur adjoint de l’Institut Médico Educatif la Passagère, ont su avec rigueur et talent, et il convient de les en remercier, faire preuve de leur souci constant de transmission des travaux inter-disciplinaires du lab. quant à l’autisme. Les participations décidées et de

Mme Jacquemin, maire-adjointe de Saint-Malo, et d’Isabelle Guinic, présidente de TUBA , association de parents d’autistes, à cette journée furent un signe majeur de l’efficace du travail du CIEN  dans ses échanges de réflexions avec des partenaires de la cité.

« Trouver la clé, là est le secret » adage aux signifiants choisis, car cette journée nous aura appris que, ce qui pourrait n’apparaître qu’une formule vide, se révèlera un véritable positionnement clinique, prenant acte de la spécificité du sujet autiste, de sa façon singulière d’être au monde, entre modes de défenses contre l’angoisse et constructions pour se dynamiser et pour apprendre. La précieuse présence de Claudine Valette- Damase, vice-présidente du  CIEN, membre de l’ECF , dont les commentaires appuyés sur son riche parcours professionnel auprès de sujets aux problématiques diverses et variées auront permis d’ouvrir les conversations et questions éthiques et cliniques bien au-delà de l’autisme. La participation de Jean-Claude Maleval, professeur de Psychopathologie à l’Université, membre de l’ ECF et du lab. CIEN  de St Malo a

permis de préciser les enjeux de la journée. Car en effet, l'enjeu éthique pour chaque professionnel, parent, politique, etc., consiste à opérer un choix. Chacun est mis en demeure de se positionner face aux considérations contradictoires de l’être humain, sa diversité, et ses façons singulières d’être au monde. Soit

les ressources dont le sujet fait preuve sont considérées, et l’acte clinique est de les soutenir car l’effort inventif du sujet est de trouver son mode d’inscription dans le lien social, soit elles ne sont pas prises en considération, bien au contraire, elles sont entravées, voire supprimées et c’est la norme qui gouverne : « rééduquer », « réinsérer » venant là comme maîtres mots.

C’est bien autre chose qu’un apprentissage à la soumission que la matinée clinique de cette journée nous a transmis. Ainsi, les interventions cliniques des membres du laboratoire  CIEN  de Saint-Malo, portées par leur axe de recherche « Comment apprennent les enfants ?» nous auront enseignés d’une part que cette question est à laisser ouverte car, comme le précise I.Fauvel, « cette recherche s’articule à partir d’un espace vide laissant la place à la logique du particulier. D’autre part, ces témoignages inter-disciplinaires, où la part de chacun s’y révèlera, nous auront offert de repérer que la ‘‘boussole’’ de ces « subtiles praticiens » s’est avérée être le surgissement de l’angoisse Il en va de la responsabilité de chacun d’avoir une attention particulière aux manifestations et d’y entendre une défense de l’enfant devant ce qui le menace.

 

Au temps des outils et méthodes prêts à porter, ces praticiennes, professeurs des écoles spécialisées, auxiliaire de vie scolaire et psychomotricienne n’ont pas « refusé les outils, mais les ont adaptés, commente C.Valette-Damase, les ont humanisés pour l’enfant », sans psychologisation des cas, mais ayant choisies de

parler à partir de leur fonction, chacune y mettant son désir, et témoignant de sa position clinique qui les porte à investir la trouvaille de l’enfant, en se dégageant d’un face à face : « Vous produisez un écart, poursuit C.Valette-Damase, vous vous laissez surprendre, vous consentez à ne plus être en face à face mais à côté ».

« Apprendre » donc des enfants autistes « sa clé », accueillir sa trouvaille et s’y régler, tout en opérant un « doux forçage » ; en effet, pour ne prendre qu’un seul exemple parmi toutes ces précieuses expériences cliniques, Pascale Valentini, institutrice, témoigne comment dans sa classe, à partir du constat d’un soulagement de l’angoisse par la trouvaille d’un sujet autiste, l’écriture du mot « pâte » sur tout le menu semainier jusqu’à lors insupportable, elle se servira des diverses sortes de pâtes (macaroni, spaghetti, etc.) afin de décliner des règles de grammaire ou encore, l’enfant témoignant de ses connaissances quant à la

composition des chaînes télévisuelles de la boule « Canal sat. », elle s’en servira pour décliner les conjugaisons.

« Apprendre », c’est aussi le signifiant que Madame Jacquemin, maire-adjointe à la ville de Saint- Malo, lors de son ouverture de la journée, mis en exergue afin de faire part de son choix de rester toute la journée « en position d’apprendre ». L’engagement de Mme Jacquemin sur la question de l’autisme est depuis des années une bataille politique, soldée, précise-t-elle, par de nombreuses difficultés, « un échec » ou plutôt le constat d’un impossible dans sa tentative de mettre en place une conversation entre professionnels et parents d’autistes. La journée  CIEN  nous aura appris que cette possible conversation entre parents et professionnels fut le fruit d’un long travail du lab. de St-Malo. Accueillir la parole, entendre la souffrance certes, mais encore faut-il s’orienter à partir du discours du psychanalyste (et non du maître) afin d’obtenir un effet de sujet et des écarts possibles. La conversation proposée lors de cette journée entre I.Guinic, représentant de l’association parentale TUBA ayant créé un accueil temporaire de week-end pour autistes, et, un professionnel, Michel Forget, membre du lab. et directeur adjoint du DAT (service d’accueil temporaire

Selon l’expression que CValette-Damase, vice-présidente du CIEN, a emprunté à C. Lacaze-Paule au dernier Colloque du CIEN à Nancy, institutionnel de l’Ime La Passagère), a été animée par I.Fauvel. I.Guinic y témoigna de la nécessité de prendre en compte l’angoisse des parents, de ce qu'il y a de vital pour eux à obtenir des relais et à avoir la possibilité de retrouver des loisirs. Il est important « d’avoir perçu la dangerosité d’un face à face, commente I.Fauvel. Pour être mère, il s’agit aussi de s’accorder la possibilité d’être une femme. Il n’est pas tant question d’une « démarche égoïste » comme I.Guinic le disait au début des conversations  CIEN  , mais une demande légitime d'  un ‘‘répit’’. Michel Forget, par une fine analyse de son expérience professionnelle, nous enseignera qu’il n’est pas si aisé pour un parent de faire justement « cette demande de répit », car si l’offre du  DAT  a été justement créé sur cette légitimité du droit au répit, pour pouvoir la formuler, « il s’agit d’abord de prendre conscience de l’insupportable ». Ce n’est donc pas parce qu’il y a le droit que le sujet peut s’approprier ce droit au répit. Le témoignage de l’association parentale nous transmet que ce n’est que par la conversation avec d’autres parents, et avec plusieurs, qu’un désir se crée, et surtout, pour qu’un désir crée du nouveau. Ainsi, là où la loi a créé un droit au répit pour les parents, Tuba  a créé un droit au répit pour les enfants. « Quand les parents s’autorisent et pensent à eux, commente M.Forget, un espace s’ouvre pour les enfants autistes ». L’enjeu aujourd’hui de l’association parentale est de maintenir ouverte la question de la prise en charge « comment garder la fraîcheur, poursuit I.Guinic, comment se laisser surprendre et continuer à se laisser surprendre ?» La mise en place récente de réunions cliniques est un acte, ouvrant aujourd’hui pour les professionnels de  Tuba une nouvelle réflexion : « comment construire à Tuba

un quotidien paisible ? » conclut I.Fauvel. « Apprendre ne suffit pas » fut déjà une première interprétation et c’est ce qu’apporta l’intervention de J-C.Maleval comme écart, comme décalage à la question princeps posée. En effet, par sa

conceptualisation lacanienne de la spécificité du fonctionnement subjectif de l’autiste, J-C.Maleval a pu transmettre lors de cette journée d’études CIEN

, la nécessité de la prise en compte des obsessions autistiques, des stéréotypies, de l’immuabilité, des objets autistiques, non comme des parasites mais bien comme « des modes de défenses appropriés face à l’angoisse ». De même, la prise en considération des capacités créatrices de l’autiste, de la recherche de ses sujets de « greffe symbolique » et « de règles absolues », ne sauraient être que plus assurées par le soutien d’un partenaire éclairé, « un double rassurant, poursuit JC. Maleval, un double évidé », véritable « structure de soutien » à la condition « d’une énonciation discrète ». Pour conclure, faisons part du préambule qui ponctua le coeur de cette journée des plus enseignantes : un hommage, d’abord aux parents d’enfants autistes, par la voix d’une mère, Anne Idoux-Thivet, choisie pour ce qu’elle nous enseigne, pour que sa présence soit supportée par son fils Matthieu, « pour que quelque chose de cette présence fusionnelle » écrit-elle – d’appui sur un double dirons-nous enseignée par Rosine et Robert Lefort – puisse permettre à ce jeune autiste une ouverture au monde. Il aura fallu à cette femme, institutrice de formation, à cette mère, consentir à « la clé » singulière ouvrant sur le monde de Matthieu, car « chaque petit autiste est différent des autres petits malades. Ils sont différents dans la différence et c’est à chaque parent, écrit-elle – de trouver à leur dire quelque chose précisons-nous – de trouver le ‘‘sésame magique’’ poursuit Anne Idoux-Thivet, qui doit lui permettre de déverrouiller la lourde porte derrière laquelle son enfant se retranche ». « Trouver la clé, là est le secret », c’est d’ailleurs ainsi que dans les premières pages de son livre Ecouter l’autisme  , elle témoigne de son expérience face à l’autisme.

Un hommage également aux sujets autistes par la voix de Donna Williams et ses autobiographies, pour ce qu’elle nous apprend sur la prégnance et la primauté du double dans la construction d’une dynamique autistique, mais aussi dans son lien à l’école et son souhait d’apprendre. Pour rendre cet hommage, deux comédiennes de la Troupe ‘‘La jeune Compagnie’’ A.Verlingue (également infirmière en service de consultations adolescentes hospitalières) et N.Ibagne (également enseignante spécialisée en EREA) ; leurs lectures et interprétations de morceaux choisis de ces ouvrages, sous le titre « Reflets troublants », eut cet effet de mettre en avant de la scène la voix – tant en défaut chez le sujet autiste – de rendre vivantes ces paroles de sujet, des paroles énonciatives, de les rendre vivantes, elles justement si désincarnées chez l’autiste. L’émotion fut palpable.

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