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21 février 2011 1 21 /02 /février /2011 07:36
Ikea vous perd pour mieux vous faire acheter (c'est prouvé)

Par Marie Kostrz | Rue89 | 10/02/2011 | 12H18

 

Un chariot Ikea (Raye/Flickr/CC).

On s'en doutait, Alan Penn l'a démontré : selon une étude publiée par ce professeur d'architecture britannique, l'agencement des magasins Ikea est conçu pour vous désorienter et vous inciter à acheter le plus de produits possible lors de votre passage dans l'hypermarché du meuble.Ce professeur à la University College of London a tenté d'expliquer pourquoi il n'est pas possible de repartir les mains vides d'un magasin Ikea. Il s'agit pour lui d'un paradoxe :

« Bien que les gens s'y rendent par milliers, une part substantielle d'entre eux prétend détester cette expérience. »

 

Joint au téléphone par Rue89, il estime que seulement 25% des clients « adorent » cette stratégie de la firme suédoise.

En 2005, Susie Steiner, journaliste à la section « Espace et jardinage » du Guardian, faisait une description qui parlera à tous ceux qui ont succombé à l'étagère Billy :

« Des rayonnages remplis de boîtes marrons flanquées de codes et de noms aléatoires ; une route jaune qui vous mène inexplicablement vers des chambres alors que tout ce que vous vouliez était des ustensiles de cuisine. »

 

"Vous êtes déconnectés de la vie quotidienne"

 Selon Alan Penn, la mise en place d'un environnement hostile incite paradoxalement les clients à acheter davantage de produits. Premièrement, le client est désorienté. Si les pièces d'expositions successives mettant en scène des salons, salles de bain ou cuisines permettent aux clients de se représenter des scènes de la vie quotidienne, ils perdent vite le sens de la réalité :

« Vous êtes rapidement déconnectés de la vie quotidienne – toutes les représentations du monde extérieur sont embrouillées et même le sens d'orientation est éliminé par les zigzags et les virages du chemin. »

 

Cette méthode est similaire à celle utilisée dans les centres commerciaux : pas de fenêtre, issues de secours difficiles à localiser. Les clients sont coupés de la réalité, passent plus de temps sur place et sont donc plus disponibles pour acheter.

Ikea chercherait donc à agir sur l'inconscient de ses clients. Alan Penn avance :

« En même temps [que vous êtes désorientés], on vous suggère, par les scènes d'expositions, ce à quoi devrait ressembler la vie quotidienne. C'est plus ou moins subliminal. »

 

Le client prend les produits par peur de ne pas les retrouver

Autre but d'Ikea selon le professeur : vous frustrer. Contrairement à un supermarché ordinaire, où vous pouvez vous déplacer d'un rayon à l'autre et revenir sur vos pas, Ikea a instauré un cheminement particulier duquel il est difficile de s'éloigner. Il est vrai que les portes permettant d'effectuer un raccourci sont en général camouflées.

Pour l'auteur de l'étude, les clients, suivant la route, ont tendance à prendre avec eux davantage de produits, par peur de ne pouvoir les retrouver plus tard. Dans son étude, Alan Penn précise que 67% des achats effectués à Ikea sont effectués de manière compulsive. Il nous explique :

« Les premiers produits que les gens aperçoivent à Ikea sont les plus chers, car ils doivent passer dans les pièces reconstituées. Une fois qu'ils arrivent dans les rayons à thèmes où les produits sont moins coûteux, ils s'autorisent une récompense en s'en offrant quelques-uns. »

 

Influencer l'achat par le design

Ikea a pour sa part démenti vouloir déconcerter le client afin de l'inciter à acheter davantage. Carole Reddish, responsable Ikea de l'Angleterre et de l'Irlande, a déclaré au journal britannique Daily Mail :

« Nos salles d'exposition sont conçues pour donner à nos clients de nombreuses idées pour aménager chaque pièce de la maison, y compris la cuisine, la chambre et le salon. »

 

Sandrine Chopin, coordinatrice projet pour l'agence d'architecture commerciale Idoine, à Paris, assure que le concept Ikea a eu tendance à se développer ces dernières années. Elle émet quelques réserves :

« C'est une organisation qu'on voit de plus en plus mais qu'on ne conseille pas à nos clients. Le consommateur s'aperçoit qu'on l'oblige à passer dans certains rayons et en a marre.

 

Ce qui se développe plus actuellement est l'architecture comportementale : on travaille sur l'ambiance, on crée des prédispositions à l'achat mais sans passer par la logique jusqu'au-boutiste d'Ikea. »

 

Photo : un chariot Ikea (Raye/Flickr/CC).

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21 février 2011 1 21 /02 /février /2011 07:33

Stages de troisième : l’égalité des chances s’arrête à la supérette
le 18 novembre 2010
Censé stimuler des vocations, le stage de troisième reproduit les disparités sociales. Où les collégiens font-ils leurs stages ? Les entreprises sur lesquelles ces stages ouvrent les yeux ne sont pas les mêmes, qu’on vive dans le Ve arrondissement de Paris ou à Aubervilliers. Extrait du site Rue89.com.

« Moi, en troisième, je rêvais d’un stage dans une pharmacie. Mais avec mon père, on n’en a trouvé aucune qui accepte, alors j’ai été en boulangerie. La plupart de mes copains aussi : c’était le plus facile. ». C’est Amadou qui parle. Il vient de Vitry, une banlieue délicate au sud de Paris. Kahina, qui fréquente aujourd’hui le même lycée que lui, à Ivry (Val-de-Marne), se flatte de s’être « débrouillée 100% seule »… pour atterrir dans le magasin de prêt-à-porter de la mère d’une copine : « Bien sûr que si j’avais vraiment pu faire ce que je voulais, j’aurais fait autre chose. Ce dont j’aurais rêvé, c’est un stage dans un centre médico-social ou une mairie. Mais c’est comme ça. ».

Chaque année, les élèves de troisième effectuent un stage d’observation en entreprise. Durée : deux à cinq jours. Les profs commencent à leur en parler à la rentrée, ils cherchent de leur côté. Plus ou moins épaulés par un parent, une voisine, un « ami de papa ».

Quand on la contacte pour obtenir la liste des stages de l’une de ses classes, une enseignante d’un établissement chic et tranquille du Ve arrondissement à Paris siffle un peu : « Vous savez, ils ont mille fois plus de réseau que moi ! »

Cabinet d’avocats ou galerie marchande

Alors que ses ouailles dénichent, tout en souplesse et à 14 ans, des stages en cabinet d’avocats, dans des boîtes de production ou à l’Institut Pasteur, ses pairs en poste dans des milieux plus difficiles -ou moins citadins- se félicitent d’avoir fini par placer un tiers de la classe à la galerie marchande du coin. Dans le centre-Bretagne, c’est plutôt chez le garagiste, à la PME de réparation de matériel agricole qu’ils passent la semaine. Parfois, à l’office notarial ou dans un laboratoire d’analyses médicales.

Vous vous méfiez des caricatures à gros traits ? Sur le papier, ce dispositif était, bien sûr, censé stimuler des vocations. Grandeur nature, il transpire pourtant un déterminisme qui ne démode pas Pierre Bourdieu et ses travaux sur la reproduction des élites. Quarante-six ans après la publication des « Héritiers » et même si les mots ont changé, « égalité des chances » oblige. Une prof bretonne y ajoute le manque d’entrain des élèves qui ne saisissent pas toujours l’occasion pour changer de milieu.

Les profs rongent leur frein

A Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), les collègues de la prof agressée à cinq mois de grossesse sont ravis de voir la question émerger. Comme si les enseignants rongeaient leur frein de longue date sur ce dispositif qui reproduit des disparités sociales.

La preuve avec la photo des stages obtenus dans trois classes de troisième d’horizons très différents :

Chloé Leprince

Article extrait de www.rue89.com.

© Tomasz Trojanowski - Fotolia.com



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21 février 2011 1 21 /02 /février /2011 07:30

 

Les collèges "ambition réussite" : un bilan négatif, une politique non prioritaire

 
le 18 février 2011
Contrairement au discours officiel, les inégalités continuent à se creuser entre les élèves des réseaux "ambition réussite" et les autres. Les territoires les plus en difficulté n’ont jamais été une vraie priorité. Une analyse de Pierre Merle, sociologue, IUFM et Université européenne de Bretagne.

Les réseaux "ambition réussite" (RAR), mis en place par Gilles de Robien à la rentrée scolaire 2006, ont eu pour objet de relancer l’éducation prioritaire en recentrant les moyens financiers et humains sur des écoles élémentaires et 249 collèges dans lesquels les élèves en grande difficulté scolaire sont particulièrement sur-représentés.

La politique des RAR était a priori pertinente en raison de l’extension considérable des collégiens scolarisés en Zone d’éducation prioritaire (ZEP) : 10% en 1982, 14,3% en 1996 avant la relance de la politique des ZEP par Ségolène Royal et 20% en 2004. L’inconvénient majeur de cet accroissement continu des écoliers et collégiens relevant de l’éducation prioritaire tenait à une dilution progressive des moyens.

Ainsi, en 1997, on dénombrait 23 élèves par classe en moyenne dans les ZEP et 24,7 hors ZEP, soit une différence de seulement 1,7 élèves en moins au profit des ZEP [1]. Sur cet indicateur comme sur d’autres, la proportion considérable d’élèves scolarisés dans l’éducation prioritaire aboutissait à des aides limitées sans rapport avec les difficultés propres à ces établissements. L’éparpillement des moyens a favorisé des évaluations mitigées, voire négatives, de ce dispositif d’aide aux élèves en difficulté [2].

Une politique de recentrage des moyens sur les établissements scolarisant les élèves les plus en difficulté, projet poursuivi par les RAR, avait pour objet d’aller à contre courant des politiques précédentes. Plutôt que de donner peu à beaucoup d’élèves, il s’agissait de donner beaucoup à peu. Ce projet d’approfondissement de la politique d’éducation prioritaire - une première pour un gouvernement de droite jusqu’à présente rétif à cette politique - avait d’ailleurs été bien accueilli par les partisans des ZEP et l’Observatoire des zones prioritaires.

Des moyens non négligeables accompagnaient cette politique. En 2006, les 249 collèges Ambition réussite sont dotés de 1 000 enseignants et 3 000 assistants pédagogiques supplémentaires. Le nombre moyen d’élèves par classe passe alors à 21,2 élèves par classe dans les collèges ambition réussite alors qu’il est de 24,6 dans les collèges ordinaires, soit 3,4 élèves en moins par classe. La différence devient sensible. Est-elle pour autant suffisante ?

Quatre ans après la mise en place des réseaux ambition réussite, le temps du bilan est venu. Rendu au ministère en juin 2010, le rapport n’a été rendu public qu’au mois de janvier 2011 [3]. Le rapport juge les résultats « encourageants ». Un bilan très positif pourtant fort contestable. Quelques exemples des imprécisions, parfois même des tours de passe-passe, propres à ce rapport.

Quelles sont les preuves des progrès jugés encourageants ? Des évaluations en fin de l’école élémentaire, dont la pertinence technique fait par ailleurs polémique, montrent « un maintien des écarts en français et une légère réduction des écarts en mathématiques » entre les écoliers des réseaux ambition réussite et les autres, soit un progrès minime réalisé dans une seule discipline. Mais, en fin de troisième, le résultat des élèves aux tests de compétence est tout autre : « un accroissement des écarts en français et en mathématiques ». Ces évaluations sont contradictoires. La plus pertinente concerne toutefois celle réalisée en fin de troisième. Aussi bien en maths qu’en français, les écarts de réussite entre les collégiens des RAR et les autres sont sensibles et ces évaluations ne sont pas techniquement contestées. Contre toute attente, les auteurs du bilan concluent, en synthèse, à la « réduction des écarts de réussite scolaire ».

Deuxième exemple d’embrouillamini du rapport ministériel. Le rapport souligne une diminution des écarts des taux de redoublement entre les élèves en collèges ambition réussite et les autres. Mais les décisions de redoublement relèvent parfois moins de l’évaluation des compétences des élèves que de directives rectorales : les chefs d’établissement sont tout simplement invités à limiter le taux de redoublants. Les auteurs du rapport indiquent d’ailleurs que leur constat peut être lié au projet de « faire passer le plus rapidement possible la scolarité obligatoire à des élèves en difficultés pour leur proposer des orientations post-troisième ». C’est la politique classique du « passage-dégage ».

Le constat de réussite est alors un déguisement du constat d’échec ! Cet échec est d’ailleurs facile à montrer. Si le rapport constate en effet des passages plus fréquents en classe de seconde, il indique aussi que les professeurs de lycée font de plus en plus souvent redoubler, en fin de seconde, les élèves issus des collèges ambition réussite. Ces décisions sont cohérentes avec les évaluations négatives en maths et en français de fin de troisième de ces mêmes élèves. Le moindre taux de redoublement en collège débouche ainsi sur plus de redoublements en lycée. Progrès des élèves ou évaluation faussée ?

Un troisième exemple d’échec des collèges ambition réussite est caché sous le bel intitulé de la « mobilité des parcours scolaires ». Qu’apprend-on ? A l’entrée en 6e, un parent sur dix demande une dérogation pour ne pas scolariser son enfant dans le collège de son secteur. Mais quand il s’agit d’éviter la scolarité en collège ambition réussite, ce taux de demande de dérogations explose : plus d’un parent sur quatre ! Le résultat est sans ambiguïté : 70 collèges ambition réussite perdent plus de 25% de leur effectif. Une quasi-hémorragie, déjà mentionnée par un rapport de la Cour des Comptes en 2009. Pour les parents les mieux informés, la stratégie dominante est celle du « sauve qui peut ». Et les départs seraient encore plus nombreux, dixit le rapport, si les inspections académiques ne décidaient pas, pour limiter la fuite des élèves, de moins satisfaire les demandes de dérogation en surnombre qui concernent ces collèges… L’inégalité géographique que l’assouplissement de la carte scolaire était censée réduire est ainsi maintenue pour les élèves qui pâtissent le plus de l’inégalité de l’offre pédagogique entre établissements.

Il y a aussi - c’est le B-A-BA de l’art du camouflage - ce que le rapport ne dit pas alors que les données existent. Les demandes de mutation des professeurs en poste dans les collèges ambition réussite ont connu une progression fulgurante. Un seul exemple. Dans les collèges ambitions réussite de la capitale, le taux de demande de mutation des professeurs est passé de 27,7% en 2006, au moment de l’entrée dans le nouveau dispositif, à 47 % en 2009, alors que ce taux, la même année, n’est que de 19% pour les autres enseignants parisiens… Et, dans ces collèges en péril, le taux de départ des professeurs est monté à 45 % en 2009 ! Le rapport, sans apporter de données chiffrées, conclut toutefois à « une modification des postures des enseignants, qui acceptent de jouer un rôle éducatif en s’investissant plus largement ». Drôle de conclusion quand presque un professeur sur deux quitte le navire à la fin de chaque année ! Quelle entreprise supporterait sans encombre un tel turn over de son personnel qualifié alors qu’il lui faut mener des projets d’équipe pour réussir ? Autre oubli de taille. Aucune donnée n’est présentée sur les phénomènes de violence scolaire, bien plus importants dans les établissements en éducation prioritaire, et directement fonction de la concentration des élèves en difficulté scolaire. C’est d’ailleurs une des raisons qui expliquent la fuite des enseignants et l’inquiétude des parents…

Le rapport du ministère est un bel exemple de bilan truqué : des faux profits excessivement gonflés, de vrais déficits réellement occultés. Entre l’absence de bilan de la politique d’assouplissement de la carte scolaire et le faux bilan pour les collèges ambition réussite, le ministère de l’Education nationale s’enferme dans le déni des réalités. A contrario, les récentes évaluations internationales réalisées par l’OCDE (programme PISA) apportent un éclairage cruel sur le déclin de l’école française.

En France, l’impact du milieu socioéconomique sur la performance des élèves est plus grand que dans la moyenne des pays de l’OCDE : les caractéristiques du milieu familial des élèves de 15 ans expliquent 28 % de la variation de leurs performances (22 % au niveau des pays de l’OCDE). Les écarts se creusent aussi entre les meilleurs élèves et les plus faibles dont le nombre augmente [4]. Il est urgent de passer de la rhétorique de l’auto-satisfaction à l’analyse des difficultés rencontrées.

Quelles sont les raisons de l’échec des établissements relevant des réseaux ambitions réussite ? Multiples évidemment. D’abord, la politique de l’éducation prioritaire souffre d’un effet de stigmatisation. Le label ZEP et les « réseaux ambition réussite » sont associés aux catégories populaires et aux difficultés scolaires. Il en résulte la fuite de la minorité d’élèves d’origine aisée et une réduction de la mixité scolaire et sociale, réduction préjudiciable à la réussite scolaire des élèves qui demeurent scolarisés dans ces établissements.

La politique d’assouplissement de la carte scolaire a de surcroît favorisé la mise en concurrence des établissements et la mise à l’écart scolaire et social des élèves des catégories populaires [5] [6]. L’école devient de plus en plus un lieu d’exclusion pour les uns, d’intégration pour les autres, une petite société où se façonnent des inégalités scolaires irréductibles entre les enfants d’une même génération.

Ensuite, la réduction de la taille des classes dans les établissements en RAR, aussi bien que dans les ZEP, demeure trop limitée pour produire des effets sensibles sur le niveau des apprentissages. Piketty et Valdenaire [7] ont montré, dans une étude de grande qualité, que l’impact positif de la réduction des effectifs par classe se manifestait avec des baisses plus substantielles. Ainsi, une baisse de cinq collégiens par classe permettrait aux élèves scolarisés dans l’éducation prioritaire de réduire de 22% leurs écarts moyens de compétence avec les élèves hors éducation prioritaire. Mais dans les établissements en RAR, la baisse des effectifs par classe demeure insuffisante pour produire un effet sensible et compenser leur retard scolaire.

Enfin, une autre raison de l’échec des collèges ambition réussite tient à l’importance du niveau de développement cognitif des enfants dès l’école maternelle et le rôle positif de la préscolarisation pour la réussite scolaire ultérieure, notamment l’apprentissage de la lecture [8]. Dans ce domaine, la politique menée est celui d’un changement total et paradoxal de direction. Lorsqu’il était ministre de l’Education nationale, Lionel Jospin avait favorisé la scolarisation à deux ans, notamment dans les ZEP. La politique actuelle a pour objet de réduire continument cette préscolarisation. Elle est passée de 35% en 2000 à 18,1% en 2008, une baisse brutale sur une période très brève [9]. Ce sont les élèves issus des catégories défavorisées qui sont les premières victimes de cette politique. Lorsque l’Etat intervient de moins en moins pour assurer l’éducation des jeunes enfants, l’effet des inégalités familiales de départ est maximisé.

Le surcoût des mesures telles que le maintien de la préscolarisation à deux ans ou la réduction du nombre d’élèves par classe peut sembler considérable, surtout en période de crise. Il faut toutefois saisir les ordres de grandeur des diverses politiques menées par l’Etat. Ainsi, pour les réseaux ambitions réussite, le surcoût annuel est de 325 millions d’euros. Somme importante certes mais finalement modeste eu égard aux pertes de recettes pour le budget de l’Etat consécutives à la diminution de la TVA à 5,5% dans la restauration (au minimum trois milliards d’euros par an), à l’instauration du bouclier fiscal, et à la diminution du taux d’imposition sur les successions et les donations qui constituent aussi des pertes annuelles de recettes de l’ordre de trois milliards d’euros annuels. Soient, au total, au minimum six milliards par an, environ vingt fois le coût des établissements en RAR, sans que l’efficacité économique de ces réductions fiscales ne soit bien établie.

Une politique plus résolue en faveur de l’éducation prioritaire ne relève pas d’une difficulté budgétaire mais d’un arbitrage dans les dépenses. Actuellement, les mesures relatives à la préservation du patrimoine d’une minorité sont jugées plus prioritaires et plus urgentes que l’investissement dans l’éducation de plus de 100 000 élèves en grande difficulté scolaire et dont l’avenir le plus probable est la sortie sans qualification. Les coûts de prise en charge de ces populations scolaires en déshérence à leur sortie de l’école, notamment sous forme du RSA (revenu de solidarité active), sont sur le moyen terme considérables. Une politique éducative ambitieuse, indispensable à la réduction de l’inégalité des chances, est une dimension incontournable de la politique de l’emploi pour éviter qu’une partie des jeunes, marginalisés à l’école, ne soit également en marge de la vie professionnelle et sociale.

Pierre Merle, professeur de sociologie, IUFM et Université européenne de Bretagne. Expert à l’Agence d’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (AERES).

 

Les réseaux "ambition réussite"
Créés en 2006, les réseaux "ambition réussite"(RAR) regroupaient 254 collèges à la rentrée 2009, et scolarisaient 115 000 élèves, soit un collégien sur vingt. Ils scolarisent une part très inégale des élèves selon les académies : 10 % dans l’académie d’Aix-Marseille, contre 0,2 % dans celle de Grenoble. Les RAR regroupent aussi 1 725 écoles primaires publiques et 280 000 élèves.
La définition des établissements repose sur des critères économiques et sociaux. Interviennent notamment la part de parents de catégories défavorisées, de titulaires des minima sociaux ou de non-francophones. Dans les collèges "ambition réussite", les trois quarts des élèves ont un parent ouvrier ou inactif, contre un tiers hors de ces réseaux.

Photo : Collège Jules Ferry, réseau "ambition réussite" de Woippy



[1] MEN (1998), Les zones d’éducation prioritaires en 1997-1998, Note d’information, n°15.

[2] Par exemple, Meuret D., L’efficacité de la politique des zones d’éducation prioritaire dans les collèges, Revue française de pédagogie, 109, 1994, 41-64.

[3] MEN, Bilan national des réseaux « ambition réussite », juin 2010, 110 p.

[4] PISA, 2010. – « Note de présentation France », OCDE : http://www.oecd.org/dataoecd/33/7/46624019.pdf

[5] Merle P., 2010, « Structure et dynamique de la ségrégation sociale dans les collèges parisiens », Revue française de pédagogie, n°170, p.73-85, 2010.

[6] Merle P., 2011, Concurrence et spécialisation des établissements scolaires. Une modélisation de la transformation du recrutement social des secteurs d’enseignement public et privé, Revue Française de Sociologie, 52-1, p. 133-169.

[7] Piketty T., Valdenaire M. (2006), L’impact de la taille des classes sur la réussite scolaire dans les écoles, collèges et lycées français, MEN, 153 p.

[8] MEN (2003), Faut-il développer la scolarisation à deux ans ? Éducation et Formations, nº 66, p. 7-12.

[9] Ministère de l’Education nationale, Repères et références statistiques, Editions 2002 et 2010.

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20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 19:37
Vendredi 18 février 2011 5 18 /02 /Fév /2011 18:00

LA DETTE : UN ENGRENAGE INFERNAL

 

La dette est le produit d’un engrenage dans lequel les pays du Tiers Monde ont été entraînés dès leur indépendance. Pour éviter de voir les pays nouvellement indépendants basculer dans le camp adverse, celui du socialisme, tous les projets de développement présentés par les pays du Tiers Monde se sont vu acceptés sans réticence –quand bien même ils n’ont pas été suggérés- par les institutions financières internationales plus soucieuses de conforter la mainmise des grandes puissances capitalistes que de prendre en compte un développement maîtrisé et harmonieux en assurant le financement de projets plus conformes aux besoins essentiels des populations locales.

Ce système allait générer un endettement généralisé du Tiers Monde nouvellement indépendant mais également de pays plus riches économiquement comme le Brésil, le Chili ou l’Argentine. Le second choc pétrolier de 1979 dont une des conséquences fut un changement radical de la politique monétaire des Etats Unis allait provoquer la crise de ce système : la politique de taux très élevés mise en place alliée à la contraction des importations en provenance des pays du Tiers Monde – ce qui signifiait moins de recettes pour ces derniers- allait avoir des répercussions d’une extrême gravité. Ainsi dès août 1982 le Mexique annonce-t-il qu’il n’est plus en mesure d’honorer sa dette.

En choisissant de sauver non pas les pays endettés mais les banques créancières, pour la plupart étatsuniennes, le FMI dont le rôle est d’assurer la stabilité du système monétaire international et la Banque mondiale celui de financer le développement ont mis sur pied le système dit de rééchelonnement de la dette. En misant sur le caractère passager des difficultés, les pays endettés se sont vu accorder un délai supplémentaire et ont pu recourir à de nouveaux emprunts pour rembourser leur dette tout en continuant à payer les intérêts.

Ce véritable cercle infernal ne pouvait mener qu’à un surendettement des pays et à une perte totale de leur indépendance  vis à vis des institutions financières internationales, FMI et Banque mondiale principalement, qui ont imposé à ces pays des politiques drastiques d’économie.

Les plans d’ajustement structurel dictés par ces mêmes institutions imposent aux pays le respect des normes libérales les plus strictes, l’objectif étant de désendetter ces pays tout en laissant une totale liberté aux investisseurs étrangers et en assurant une intégration encore plus poussée à l’économie mondialisée.

 

 

Texte complet avec les annexes à cette adresse :
dette synthèse
par Différences. La revue

 

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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 22:01

INSTITUTIONS, ELUS ET COLLECTIVITES TERRITORIALES

Mission d’information sur les conséquences de la RGPP pour les collectivités territoriales et les services publics locaux

 

Par Bernard Vera / 14 février 2011

 

Le Sénat a mis en place, le 26 janvier 2011, une mission commune d’information sur les conséquences de la révision générale des politiques publiques (RGPP) pour les collectivités territoriales et les services publics locaux, dont je suis membre.

 

Cette mission d’information a été créée dans une période de réduction drastique de la dépense publique, destinée à poursuivre la mise en œuvre de la RGPP. La RGPP, qui avait pour ambition, selon le Gouvernement, de « dépenser mieux tout en améliorant la qualité du service rendu », trouve en réalité sa traduction dans la seule réduction des effectifs de fonctionnaires. Or, la qualité du service rendu est directement affectée par cette logique. L’Etat se désengage de plus en plus sur nos territoires en amoindrissant les services départementaux pour les concentrer au niveau des régions. Sous-préfectures, tribunaux d’instance et de grande instance, trésoreries, hôpitaux publics : nombreux sont les services publics qui ont d’ores et déjà été supprimés dans une logique d’économie budgétaire. Les collectivités territoriales sont ainsi confrontées à une véritable désertification de leur territoire, conséquence de cette réorganisation et de la réduction de la présence de l’Etat. Les services publics locaux, dont le rôle d’amortisseur social a été reconnu durant la crise financière et économique, sont donc plus que jamais sollicités par les populations. Pourtant, ils se trouvent soumis, eux aussi, à la rigueur budgétaire suite à la suppression de la taxe professionnelle et à la réforme des collectivités territoriales, dont l’impact sur l’autonomie financière des collectivités territoriales se fait déjà sentir.

La logique actuelle de la seule diminution de la dépense publique de l’Etat met en difficulté nombre de communes, de départements et de régions, au détriment de l’égalité entre les territoires et du service rendu aux usagers. Cette mission d’information sera donc pour moi l’occasion de rappeler que la dépense publique est avant tout un vecteur de création de richesses, et qu’elle doit être envisagée sous l’angle de l’investissement public de l’Etat au bénéfice des populations et d’un renforcement des services publics locaux.


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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 07:43

Les minima sociaux en France
le 15 février 2011
Un peu plus de 3 millions de personnes sont allocataires de minima sociaux, mais 6 millions de personnes au total en vivent...

L’évolution du nombre d’allocataires du RSA

Depuis le 1er juin 2009, le RMI et l’Allocation de parent isolé (API) ont été remplacés par le Revenu de solidarité active (RSA) qui, de la même manière, garantit des ressources minimales. Il concerne également les personnes qui travaillent mais dont les revenus sont faibles. En juin 2010, 1,3 million de personnes percevaient le RSA dit "socle" c’est-à-dire sans le revenu d’activité complémentaire [1].

Montant du RSA socle au 01/01/2011 : 467 € pour une personne seule sans enfants, 840 € pour une personne seule avec deux enfants, 980 € pour un couple avec deux enfants.

Evolution du nombre de titulaires du RSA
Nombre de titulaires du RSA socle
Variations en %
Juin 2009 1 198 000 -
Juin 2010 1 332 000 11,2
Source : Cnaf - Direction des statistiques, des études et de la recherche (DSER), France métropolitaine
RSA et Dom
Le revenu de solidarité active est entré en vigueur le 1er janvier 2011 dans les départements d’Outre-Mer, à Saint-Martin, Saint-Barthélemy et Saint-Pierre-et-Miquelon.

Pour en savoir plus : Les bénéficiaires du RSA fin juin 2010, Drees, Études et Résultat l n° 744 - novembre 2010.

L’évolution du nombre d’allocataires du RMI jusqu’en juin 2009

La baisse du nombre d’allocataires du RMI constatée en 2007 et 2008 a connu un net ralentissement en 2009. Au 31 mars, 9 000 personnes supplémentaires, par rapport à décembre 2008, étaient allocataires du RMI soit une baisse de - 0,6 % entre mars 2008 et mars 2009. Ce renversement de tendance est dû aux effets négatifs, sur l’emploi notamment, de la crise financière et économique. L’évolution du nombre de Rmistes est en effet très fortement liée à la croissance de l’activité et à la conjoncture de l’emploi, très dégradée en 2009.

Evolution du nombre de titulaires du RMI
Nombre de titulaires du RMI
Variations annuelles en %
Décembre 1989 396 160 - -
Décembre 1990 496 285 25,3
Décembre 1991 567 556 14,4
Décembre 1992 654 642 15,3
Décembre 1993 774 803 18,4
Décembre 1994 888 468 14,7
Décembre 1995 925 286 4,1
Décembre 1996 988 715 6,9
Décembre 1997 1 045 303 5,7
Décembre 1998 1 087 861 4,1
Décembre 1999 1 120 251 3,0
Décembre 2000 1 073 000 - 4,3
Décembre 2001 1 049 000 - 2,3
Décembre 2002 1 067 000 1,8
Décembre 2003 1 122 000 5,1
Décembre 2004 1 220 000 8,7
Décembre 2005 1 269 000 4,1
Décembre 2006 1 257 000 - 1,0
Décembre 2007 1 155 000 - 8,1
Décembre 2008 1 121 000 - 3,0
Mars 2009 1 130 000 - 0,6 *
* Variation depuis mars 2008. Métropole et Dom.
Source : Cnaf - Direction des statistiques, des études et de la recherche (DSER)

Le nombre d’allocataires des minima sociaux

Le nombre d’allocataires de minima sociaux s’établit en 2009 autour de 3,5 millions. En 2000, ce chiffre était de 3,3 millions soit exactement 152 000 personnes de moins. Le revenu minimum d’insertion concernait jusqu’en juin 2009 le plus grand nombre de ces allocataires (1,15 million). Depuis, ce sont les allocataires du revenu de solidarité active qui sont les plus nombreux (1,3 millions). En comptabilisant les ayants droits (conjoints, enfants...), plus de 6 millions d’individus vivent d’une allocation de ce dispositif.

Nombre d'allocataires des minima sociaux
  2000
2005
2009
Revenu minimum d’insertion 1 096 851 1 289 540 139 394
Allocation de parent isolé 170 213 206 125 29 763
Allocation aux adultes handicapés 710 902 800 959 883 337
Allocation supplémentaire d'invalidité (personnes âgées) 104 400 112 623 91 917
Allocation de solidarité spécifique 446 987 401 582 346 150
Allocations diverses en faveur des personnes âgées démunies 813 840 692 207 677 385
Revenu de solidarité active - - 1 313 920
Revenu de solidarité (minimum social spécifique aux Dom) - 9 963 12 764
Ensemble 3 342 493 3 512 999 3 494 630
Source : CNAMTS, Cnaf, MSA, Drees, Unedic, Cnav, régime des caisses des DOM., France entière



[1] voir les modalités du RSA sur www.rsa.gouv.fr




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17 février 2011 4 17 /02 /février /2011 12:31

Mauritanie : Rencontre-débat à Paris

flam-manifLes organisations de l’opposition , les associations sociales et des  droits  de l’homme :  APP, RFD, UFP, FLAM,  AHME, OTMF, OCVIDH, CAMME,  IRA-Mauritanie-France, invitent  toutes les organisations ou  associations  et tous les mauritaniens de la diaspora  sans exclusive à  une  Rencontre-Débat  :  le Samedi 26 février 11  à partir de 14h 30, à la bourse de travail de ST-Denis. Adresse :  9/11 rue Genin  93200 saint Denis.Métro   Porte- Paris ou  les Bus :  177 ; 174 ; 170  en direction de  Porte-Paris .Autour des thèmes suivants :

 

I)La fermeture du Consulat de Mauritanie à Paris et ses conséquences sur la vie des milliers de travailleurs et des résidents.Présenté par :  Monsieur Sow Mamadou  Secrétaire général de l’OGTMF.
 
II ) Les violations des droits de l’homme en Mauritanie (Esclavage, arrestation des militants des droits de l’homme, …).Présenté par : Monsieur Mohamed Yahya Ould Ciré Président de AHME
 
III) La spoliation des terres de la vallée  et ses répercutions socio-économiques.Présenté par : Monsieur Diallo Ibrahima Porte parole  des  Flam- Europe de l’Ouest
 
IV) La situation  sociale, économique et politique en Mauritanie.Présenté par : Monsieur Bah Haïmout  membre du Conseil National de UFP.
 
Le modérateur : Le capitaine  Kébé  Abdoulaye Hachim  président de CAMME
 
 
Coordinateur : Monsieur Maréga Baba Assa
 
E-mail : mba07@free.fr Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.

Mauritanie : Rencontre-

www.flamnet.info

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16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 08:12
Arabie saoudite, inégalités, argent et politique, Chine, liberté d’expression
Arabie saoudite

Le ministre saoudien de la culture et de l’information a annoncé, le 1er janvier, un renforcement du contrôle d’Internet dans le royaume. Chaque blogueur devra désormais demander un permis pour s’exprimer en ligne. Si les organisations de défense des droits humains ont condamné ce décret, Tariq Alhomayed, rédacteur en chef du quotidien Asharq Al-Awsat, remercie le ministre.

En Occident, il est possible de poursuivre en justice les personnes qui propagent des informations fausses vous concernant. (…) Par conséquent, on ne trouve pas cet étalage de sites se faisant passer pour des journaux que l’on observe dans notre région, où ces bidonvilles en ligne sont devenus un emblème. Le coût de lancement d’un site d’information, en Occident, est équivalent à celui de n’importe quel média. (…) Tandis qu’en Arabie saoudite, l’essentiel de ce qui se publie est volé aux journaux, ce qui détruit nos institutions médiatiques. (…) La restructuration des pratiques médiatiques sur Internet permettra de préserver la réputation du journalisme et des journalistes : ce qui est en jeu, ici, c’est la crédibilité.

(« What Has the Saudi Minister of Information Done ? », Asharq Al-Awsat, 5 janvier.)

Inégalités

Dans l’édition du 3 janvier du Boston Globe, James Carroll note qu’en 2010 les inégalités ont atteint un niveau sans précédent aux Etats-Unis.

En 1968, 20 % des Américains accaparaient sept fois le revenu de ceux qui vivaient sous le seuil de pauvreté. En 2008, le rapport était passé de sept à treize. Puis à quatorze en 2010.

(« Now the rich get richer quicker », Boston Globe, 3 janvier.)

Argent et politique

Le site Internet Too Much analyse la façon dont le gouverneur de Floride, M. Richard Scott (élu en novembre 2010), dépense son argent.

Le nouveau gouverneur de Floride, le multimillionnaire Rick Scott, aurait dépensé 73 millions de ses propres dollars lors de sa campagne. Dans le domaine fiscal, en revanche, Scott se montre plus parcimonieux, observe Robyn Blumner dans le St. Petersburg Times.

En 2009, les impôts fédéraux dont il s’est acquitté n’ont représenté que 13 % de ses revenus (qui s’élevaient à 7,87 millions de dollars). Blumner remarque que la plupart des chauffeurs de bus ou des enseignants ont versé une part plus importante de leurs revenus aux impôts la même année.

Le gouverneur de Floride [dont le mandat a débuté le 4 janvier] a promis de « mettre un terme à la “politique à l’ancienne” à Tallahassee [capitale de l’Etat] ». En revanche, il s’est résolument opposé à toute proposition visant à mettre un terme aux réductions d’impôts « à l’ancienne » pour les Américains les plus riches.

(« This Week », Too Much Online, 29 novembre 2010.)

Chine

Selon Caixin, le journal pékinois spécialisé dans les informations financières, 2010 apparaît comme une année record pour les opérations de fusions-acquisitions menées par les entreprises chinoises.

Quatre mille deux cent cinquante et une fusions-acquisitions ont été lancées tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Chine et ont mobilisé 200 milliards de dollars, soit 27 % de plus qu’en 2009. (…) Selon Lu Yubiao, de PricewaterhouseCoopers [la société qui a mené cette étude], les acheteurs chinois sont friands d’entreprises fabriquant du matériel de haute technologie et de constructeurs automobiles. En particulier sur le marché américain, où le nombre de fusions-acquisitions s’est élevé à trente-deux (contre vingt et une en 2009). Toutefois, les principales destinations des capitaux sont l’Union européenne, l’Australie, l’Afrique et l’Asie.

Liberté d’expression

Dans une tribune publiée par le Wall Street Journal, MM. Jacob Mchangama et Aaron Rhodes se montrent intraitables dans leur défense de la liberté d’expression.

La Commission européenne a eu raison de rejeter, cette semaine, une proposition visant à criminaliser le déni des atrocités commises par Staline. (…) La liberté d’expression — y compris la liberté de se tromper ou d’offenser — constitue un principe démocratique de base. Si la proposition avait été adoptée, l’Union européenne aurait imité les systèmes totalitaires dont ses ministres des affaires étrangères redoutent tant la résurgence. Sur le plan moral, colporter des mensonges visant à nier l’Holocauste ou les crimes des Soviétiques est tout à fait condamnable. Mais, si ces mensonges ne visent pas à provoquer une violence spécifique, les démocraties doivent se résoudre à les tolérer. Il ne revient pas aux gouvernements d’écrire l’histoire.

(« The Totalitarian EU », The Wall Street Journal, 24 décembre.)

 

Le Monde diplomatique
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16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 07:45

Mémoire et connaissance

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"Aimer pour connaître, connaître pour aimer sont les fondements de toute approche fraternelle".

Joseph Wresinski

L’histoire des sociétés contemporaines nous le révèle à suffisance : à chaque soudain réveil à la réalité de la misère, comme prises de panique, nos sociétés se réfugient dans les gestes séculaires de l’aumône : l’asile, la soupe populaire, le logement précaire, le petit emploi de service sans aucune sécurité.. Changer le nom des gestes, ce n’est pas changer la société qui les pose.Ces mesures n’ont aucun rapport avec une politique moderne : elle sont comme un écho venu du fond des âges, de ce que d’innombrables générations firent avant nous.

 

Cette situation nous révèle que nos sociétés ne se sont pas données à ce jour une mémoire politique dans le domaine de la lutte contre la misère. La misère se présente à nos sociétés comme un trou noir, une zone aveugle, que l’on ne connaît pas ou si mal, sur laquelle nous restons dépendants d’informations fragiles et non étayées. Cette méconnaissance nous condamne à reprendre, de générations en générations, les comportements, les attitudes, les gestes séculaires de l’assistance aux pauvres, quand ce ne sont pas ceux de la répression.

 

Comment combattre efficacement une réalité aussi peu et aussi mal connue ? Comment imaginer des lignes de conduite sérieuses sans disposer d’une mémoire de ce qui a été tenté, essayé, expérimenté dans le passé ?

 

Cette prise de conscience fonde l’effort entrepris par le Mouvement International ATD Quart Monde dès sa création en 1957 pour rassembler, inlassablement, une mémoire et une connaissance de la grande pauvreté, des voies et moyens de la combattre, des politiques mises en œuvre pour avancer vers un monde d’où la misère soit bannie.

 

En créant le Centre International Joseph Wresinski à Baillet-en-France, le Mouvement International ATD Quart Monde affirme une ambition : faire passer la mémoire qu’il a patiemment constitué au fil des décennies dans la « mémoire vive » de l’humanité, cette « mémoire vive » capable de guider, d’animer une humanité à la recherche de son unité. Si la mémoire des plus pauvres entre au cœur de cette mémoire vive, l’humanité aura trouvé une boussole lui permettant d’affronter les défis d’aujourd’hui et de demain.

 

logo fr ATD

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16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 07:36

Livre photo ethno, humanisme, histoire

12/02/11 - Communiqué - Tsiganes et Gitans

Tsiganes et Gitans
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Originaires des confins de l’Inde et du Pakistan, Tsiganes, Roms et Gitans sillonnent le monde depuis plus de mille ans, faisant fi des frontières. Si nombre d’entre eux, au contact de l’Occident, se sont sédentarisés, tous restent nomades dans leur cœur, n’hésitant pas à parcourir des kilomètres pour se rendre à un pèlerinage ou à une fête. Alors que l’inconscient collectif accable les gens du voyage de tous les maux, ceux-ci sont fiers de leurs traditions ancestrales, de leur mode de vie au plus près de la nature, donnant aux sédentaires que nous sommes une vraie leçon de liberté.

 

Le photographe Hans Silvester, qui a partagé le quotidien des Tsiganes et Gitans d’Europe et d’Amérique du Nord, et l’écrivain Jean-Paul Clébert brossent dans cet ouvrage un portrait humaniste d’un peuple souvent méconnu.




 

 

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