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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 21:03

 

 

 

Bobby Sands

Bobby Sands (1954-1981) est un personnage connut pour son combat en Irlande du Nord dans les années 80, où il mena une grève de la faim jusqu’à son propre décès. Républicain irlandais et membre de l’IRA,  


Sands organise une Grève de la Faim sans précédent
Bobby Sands - © Bobby Sands

Bobby Sands lors de sa grève de la faim - © Bobby Sands

 

Conscient du puissant levier médiatique que peut être celui de la grève de la faim, Bobby Sands décide d’organiser une grève de la faim le 1er mars 1980, afin de sensibiliser l’opinion publique aux actions de l’IRA et à l’attitude du gouvernement londonien vis à vis de l’Irlande du Nord. Bobby Sands est alors accompagné par d’autres membres de l’IRA, fermement décidés à aller jusqu’au bout pour se faire entendre, acceptant la possibilité de mourir.

Durant cette grève, la mort d’un député républicain du Fermanagh et du Sud du Tyrone éveille cependant bien des convoitises, et Bobby Sands ne peut s’empêcher de briguer ce poste. Les catholiques proposent alors Sands comme candidat, et est finalement nominé le 9 avril 1981 où il l’emporta sur Harry West.

Face à cette victoire inattendue, le gouvernement londonien décide de contrer Bobby Sands en votant une loi électorale visant à interdire aux prisonniers toute possibilité de rôle politique et de présentation à des élections durant leur incarcération (cette loi est connue sous le nom de Representation of the Peole Act).

Perdant ainsi son siège de député, Bobby Sands décide de poursuivre sa grève de la faim et continuer à protester. Son état se détériore sur une soixantaine de jours, où il perd beaucoup de poids, et connait un fort affaiblissement. Il décède le 5 mai 1981, après 65 jours de grève.

L’annonce de son décès fait la Une des journaux, et provoque alors un immense tollé en Irlande du Nord et dans le reste du Monde, faisant de Bobby Sands et de ses compagnons, de véritables martyrs.


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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 19:56


Un film documentaire de Shola Lynch (1h37) diffusé en France par Jour2Fête
 
Ce film raconte l'histoire d'une jeune professeure de philosophie, née en Alabama, issue d'une famille d'intellectuels afro-américains, politiquement engagée. Durant sa jeunesse, Angela Davis est profondément marquée par son expérience du racisme, des humiliations de la ségrégation raciale et du climat de violence qui règne autour d'elle. Féministe, communiste, militante du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis, proche du parti des Black Panthers, Angela Davis s'investit ... Pour en savoir plus sur le film, cliquez sur ce lien : http://www.jour2fete.com/index.php/films/112-free-angela-all-political-prisoners
 
En France, la sortie du film en salle est prévue à partir de mercredi prochain 3 avril ...
Vous trouverez en pièce jointe la programmation de la première semaine de projection à Paris et en régions (24 salles). Sachez que d'autres salles en Ile de France et en régions ont inscrits le film à leur programme pour les semaines à venir, notamment : Hérouville Saint Clair, Aix en Provence, Achères, Le Tremblay, Marseille, Perpignan, Saint-Etienne, Alès, Bobigny, Romainville, Salon de Provence, Arcueil, Le Buisson de Cadouin, Blois, Montauban, Stracbourg, Carcassonne, Nantes, Rouen, Toulouse, Tounefeuille, Avignon ... Sachez aussi que dans un grand nombre de cas le film sera suivi d'un débat avec la participation d'historiens, d'universitaires ou de dirigeants d'organisitions de défense des droits humains (dont le Collectif Mumia). 
 
LE COLLECTIF UNITAIRE NATIONAL DE SOUTIEN A MUMIA ABU-JAMAL,
rassemblant une centaine d'organisations et de collectivités publiques françaises.

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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 19:48



LA FRANCE DOIT-ELLE QUITTER L’OTAN ?
Jacques Le Dauphin
Directeur de l’Institut de documentation et de recherche sur la paix
La publication par le Monde Diplomatique d’un échange ouvert entre Régis Debray, écrivain et philosophe, et Hubert Védrine, ancien ministre des affaires étrangères, est très stimulante pour la réflexion. C’est une vive incitation à s’inscrire dans le dialogue entrepris. Le point d’orgue de l’échange est le rapport remis le 14 novembre 2012, par Hubert Védrine, au président François Hollande, concernant en particulier les conséquences du retour de la France dans le commandement militaire intégré de l’OTAN, l’avenir de la relation transatlantique, et les perspectives de l’Europe de la défense. Dans son analyse Hubert Védrine se prononce pour le maintien du retour complet de la France dans cet organisme, car il pense que cette disposition n’empêche nullement notre pays de continuer à plaider en faveur d’une Europe de la défense dans le cadre de l’Union européenne. Cette idée était pourtant controversée, lorsque Nicolas Sarkozy la prônait. Cependant une telle posture occulte totalement la contradiction, révélée par l’expérience, entre les deux démarches. Car si l’Europe de la défense s’avère dans les faits inexistante aujourd’hui, ce n’est pas principalement par l’attachement des pays à leur souveraineté nationale, mais par leur soutien indéfectible à l’OTAN. Un soutien qui tend à faire de l’OTAN la garantie ultime de la sécurité.
De vaines tentatives de structurer une véritable défense européenne
Un document intitulé « une Europe sure pour un monde meilleur » fut adopté en 2003 par les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne. La politique étrangère de sécurité et de défense (PESD) qui s’y rattache s’est dotée d’objectifs capacitaires et d’outils militaires, comme une force d’intervention rapide, mais pouvant s’intégrer sans difficulté à l’OTAN. La PESD a aussi enclenché des opérations militaires, mais n’engageant qu’une partie des Etats européens, pour des ambitions limitées, centrées sur la gestion des crises, des missions dites de Petersberg, lesquelles ne relevaient pas de la sécurité collective toujours assignée à l’OTAN. Il reste que la PESD est un chantier, inabouti. Des contradictions notables sont à la base de cet échec. Des positions extrêmes se sont manifestées, telles celles de la France se positionnant pour une Europe influente, voire puissante, celle du Royaume-Uni, militant pour un statut subordonné à l’OTAN. Comme on peut s’en douter les Etats-Unis n’ont pas manqué d’exercer leur pression, en invoquant, notamment à l’appui, une « duplication inutile des forces armées ». Les sommets de l’Union européenne, ont, il est vrai, évoqué la PESD, mais dans des formules le plus souvent alambiquées, d’autant que la position britannique gagnait du terrain, et que les nouveaux venus, au sein de l’Union, étaient hostiles à tout découplage avec les Etats-Unis. En résumé, une grande majorité de pays, ne voyaient pas l’intérêt de promouvoir une structure supplémentaire à celle, dont il convient de le rappeler 21 d’entre eux sont membres, accroissant leur contribution dans le domaine militaire. Au plus, on trouvait l’idée, au demeurant utopique, d’un rééquilibrage euro-américain dans la direction Atlantique. Ainsi si la défense européenne était évoquée, c’était pour la placer sous « couverture atlantique ». Cette situation perdure, et l’on peut penser que le retour de la France dans le commandement militaire intégré de l’OTAN, sera interprété par les autres pays comme un recul sur ses positions initiales. Elle rejoint le peloton.
Après le sommet de l’OTAN à Chicago en 2012
Le concept stratégique, adopté par le sommet de Chicago, vise à renforcer encore l’intégration des Etats européens dans l’Otan. Comme le souligne fort justement Régis Debray dans sa lettre, « c’est le leader qui intègre » à savoir les États-Unis. Comment cela est- il ressenti par les Européens ?
La conférence de Munich sur la sécurité, des 2 et 3 février 2013, peut laisser penser à un certain alignement. En effet comment interpréter le silence des représentants européens lors de l’intervention musclé du vice-président américain, Joseph Briden, qui a tenu à évoquer la volonté américaine d’être une puissance mondiale, susceptible d’intervenir militairement dans des régions géo-stratégiquement importantes du monde ». Une démarche a-t-il indiqué qui requiert une « approche globale comportant une gamme complète d’outils, dont des moyens militaires ». A ce sujet, il a précisé « l’OTAN aide à faire des Etats-Unis cette puissance ».
Les 21 et 22 février 2013, s’est tenue à Bruxelles une réunion des ministres de la défense des pays de l’OTAN. Ces derniers étaient invités à progresser dans l’amélioration des capacités alliées et dans leur interopérabilité. Le concept stratégique détermine, dans les grandes lignes, la nature et le volume des capacités attendues de l’Alliance et fixe les priorités, donnant ainsi les orientations qui présideront à l’acquisition d’armements et à la planification de défense. La « smart defence (défense intelligente) », consiste à concevoir une nouvelle manière d’aborder la création de capacités pour une « défense moderne, dont l’Alliance aura besoin ces prochaines années ». Cela englobe une vaste gamme d’activités, dans lesquelles les pays sont invités à contribuer « en partenariat ». Ainsi lors de leur discussion les 29 ministres de la défense des pays de l’OTAN ont approuvé des objectifs visant des entraînements et des exercices plus ambitieux, afin de développer encore l’interopérabilité au sein de l’Alliance. Dans cet esprit est projeté pour 2015 un exercice réel de grande ampleur et un programme complet d’entraînement et d’exercices pour la période 2015- 2020. Il a été précisé que la force de réaction de l’OTAN devrait être au cœur de cette initiative. En résumé chacun des pays est invité à apporter sa contribution à l’effort commun, fournir des supplétifs requis sur des théâtres choisis par d’autres, supprimer les duplications dans les programmes d’équipements, afin de les conformer à un standard établi. Un vaste programme retenu, dont le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, dans ses conclusions s’est félicité. Comment les 21 ministres de la défense des pays de l’Union européenne ont-ils apprécié ces dispositions ? Aucune information a filtré. Le ministre français de la défense, Jean-Yves Le Drian, ne s’est pas publiquement exprimé.
 Comment interpréter la création d’un axe, associant, Paris, Berlin, Varsovie, Budapest, Prague, Bratislava, annoncé par François Hollande, le 6 mars 2013, à Varsovie ? Ces capitales expriment la volonté d’avancer sur un dossier institutionnel, comme un état-major permanent et sur la mise en commun des moyens militaires. Est-ce une relance de la défense européenne ? Et en tel cas quels seraient ses liens avec l’OTAN ?
OTAN un obstacle à lever
Du bilan actuel, rapidement esquissé on peine à envisager la construction d’une défense européenne autonome, respectueuse des spécificités nationales ? L’organisation atlantique apparaît clairement comme un obstacle incontournable. Il convient de le lever, dans l’intérêt de la France, des Européens, du monde en général. A ce sujet lors des travaux d’un colloque de la Fondation Respublica en 2009, Gabriel Robin, ambassadeur de France, représentant auprès de l’OTAN de 1987 à 1993 déclarait « l’OTAN pollue le paysage international dans toutes les dimensions. Elle complique la construction de l’Europe. Elle complique les rapports avec l’OSCE. Elle complique les rapports avec la Russie. Elle complique même le fonctionnement du système international … L’OTAN ne se conforme pas au droit international », pour conclure « je ne vois pas très bien ce qu’un pays comme la France peut espérer de cette organisation, car elle est inutile et nuisible, sinon la voir disparaître ». C’est un constat d’expert. Donc, convient-il de remettre en cause l’appartenance de la France dans l’OTAN, certes elle serait isolée des autres pays européens pour lesquels la démarche semblera aventuriste. Donc ce ne sera pas une revendication commune au niveau des Etats, bien que comme les sondages le montrent, elle existe au niveau des opinions. Néanmoins, la France doit s’y engager. En décembre 2013 se tiendra un sommet spécial des chefs d’Etat et de gouvernement des pays de l’Union européenne, pour déterminer indique-t-on les ambitions des 27 dans le domaine de la politique de sécurité et de défense. C’est une occasion pour les opinions d’influer sur le débat.

Cette chronique est réalisée en partenariat rédactionnel avec la revue Recherches internationales à laquelle collaborent de nombreux universitaires ou chercheurs et qui a pour champ d’analyse les grandes questions qui bouleversent le monde aujourd’hui, les enjeux de la mondialisation, les luttes de solidarité qui se nouent et apparaissent de plus en plus indissociables de ce qui se passe dans chaque pays.
6, av. Mathurin Moreau; 75167 Paris Cedex 19
Site : http://www.recherches-internationales.fr/
Abonnements 4 numéros par an : 55 Euros, Étranger 75 Euros

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28 mars 2013 4 28 /03 /mars /2013 22:03

festival cultur'américa, DR

Monde - le 27 Mars 2013

Hommage massif et émouvant à Hugo Chavez au festival de Pau

Chronique du festival latino-américain, CulturAmerica, par Jean Ortiz. Le festival latino-américain CulturAmérica de Pau, dont "L'Humanité" est partenaire, rendait hommage mardi soir au défunt président Hugo Chavez.


Les organisateurs étaient inquiets: matraquage médiatique indécent, "repoussoir", "légende noire"...et le match France-Espagne!!

A 20h15, l'amphithéâtre de la présidence de l'Université de Pau était plein à craquer. Le "peuple de gauche" ne s'y est pas trompé: cette soirée était le temps fort du Festival. Des artistes artilleurs comme Bernard Lubat, des poètes insoumis comme Serge Pey, le professeur Robert Jammes, spécialiste mondial de Gongora, le maire socialiste de Billère, et puis les amis de toujours: Ignacio Ramonet, Bernard Cassen, Christophe Ventura, Jean Ginetero, Maurice Lemoine,  l'Association "Mémoire des Luttes", etc avaient envoyé des messages de sympathie. Debout, poing levé, la foule salua la mémoire vivante du "comandante".


Forum et laboratoire depuis 21 ans

La déclaration d'hommage fut longuement applaudie. Nous en reproduisons ci-dessous quelques passages. Debout, la foule applaudit longuement, avec tristesse mais confiance. Farid Fernandez, conseiller politique de l'ambassade, à Paris, fit en une heure un bilan précis, exigeant, de 15 ans de "révolution" et aborda sans langue de bois les défis à venir, dont certains (violence, corruption), seront longs à éradiquer. "Mais la marche en avant se poursuivra, sur la base du pouvoir populaire". Magie de ce Festival, forum et laboratoire depuis 21 ans.


L'après-midi, la volcanique, l'indomptable romancière espagnole Cristina Fallaras ("Deux petites filles". Métailié), écorchée et indignée parmi les plus indignées, rouge de révolte et de talent, avait fait trembler de colère les murs de la Librairie "L'Escampette". Sans prendre la poudre. Les pieds et la tête bien sur une terre... dont elle ne veut plus.


Déclaration d'hommage

"Hugo Chavez le métis, le petit vendeur des rues, le militaire bolivarien, patriote, est parti sous la haine, les insultes, les crachats, de tous ceux qui considèrent que le pouvoir appartient de naissance à la bourgeoisie (...) Il est parti, comme Bolivar, sous les anathèmes des oligarchies et d'une coalition internationale alliant les carpes, les charognards, les renards, les lapins, quelques  brebis égarées, il est parti sous les calomnies de tous ceux qui pensent que les pauvres doivent rester pauvres et à leur place.

Il est parti sous la vindicte de tous "les pour qui" la "rente pétrolière" ne saurait bénéficier aux gueux, aux parias de toujours, aux "classes dangereuses, aux "invisibles" des "ranchitos", aux "nègres" de Haïti, de Cuba.....Gaspillage intolérable que de déposséder les multinationales de leur pactole pour lequel elles ont tant sué et avec lequel elles créent tant d'emplois!!.


Alors qu'en Europe de la crise-leur crise- médiacrates, ministres et journalistes aux ordres, commentateurs serviles, grands patrons, négriers d'aujourd'hui, ne respectaient même pas la mort d'un homme..., en Amérique latine des dizaines de millions de "ceux d'en bas" pleuraient un "rédempteur des pauvres", un changeur de monde, un porteur d'alternative et d'espoir. Ils pleuraient un honnête homme, un homme du peuple, un révolutionnaire, à leur image, d'origine modeste, non assujetti à l'impôt sur les grandes fortunes "de gauche", non adepte de la fraude fiscale, des paradis fiscaux, des parachutes dorés...

Chavez fut un vrai démocrate. Il gagna 15 élections sur 16 en 15 ans. Il perdit un référendum et renonça à son projet. En France, qui a tenu compte du "non" au référendum sur le traité européen (2005)? Qui tourne le dos à ses promesses électorales? Qui fait le lit des ennemis de la démocratie? (...) Ce n'est pas Chavez qui a engendré les mouvements sociaux mais bien l'inverse (...)

Alors, un peu de retenue, dames et sieurs menteurs(es), apostat(e)s, cyniques, arrogant(e)s, vous qui "servait" davantage  le MEDEF que les huit millions 200.000 pauvres, que les travailleurs qui créent les richesses (...) Vous traitez Chavez de "populiste" parce qu'il fait l'exact contraire de ce que vous faites: il prend aux riches pour donner aux pauvres (insupportable "populisme"!) et fait reculer le chômage et la pauvreté.

Nous ne sommes pas dupes: vos coups contre Chavez et sa mémoire , sa légende, sont destinés à discréditer toute alternative au capitalisme prédateur, inhumain. Ils visent tous ceux qui veulent "changer la vie", rendre le monde plus beau, plus juste, plus solidaire, plus respirable. Mais, que les ennemis des peuples se rassurent: il y des morts plus vivants que les nains de jardin qui aboient dès que l'on touche à leurs privilèges, à leur "système" qui les protège, qui leur permet d'accumuler des milliards, pour eux- poignée de parasites- au mépris du plus grand nombre , des  écosystèmes, de l'air, de l'eau, du climat... Peu leur importe l'avenir de l'humanité, pourvu qu'ils s'empiffrent. Au Venezuela, leur festin est terminé.

Chavez a ouvert l'ère des transformations sociales victorieuses, l'ère d'une vraie indépendance. L'Amérique "indoafrolatine" n'a jamais connu une tel processus, une telle dynamique et volonté d'intégration continentale, sur des bases privilégiant la coopération à la concurrence...Chavez en a été l'artisan, le moteur; la plupart des chefs d'Etat latino-américains vous le diront.

Ah s'il avait trahi ses engagements!! Il serait un vrai démocrate, "réaliste", "pragmatique", avec toute la respectabilité que l'on doit aux convertis à la religion du marché, à "la rigueur" toujours pour les mêmes, à la "libre concurrence", à la "libre entreprise", à la "libre mise en examen" pour crapulerie présumée...

Nous sommes en deuil avec les nôtres (...) ceux qui "ne mangent pas à la table du patron". Bolivar mourut désespéré de voir son rêve d'une Amérique libre et unie se briser. Chavez est mort en pleine matérialisation de ce rêve, à l'heure des "révolutions"(...) Le poète soviétique Vladimir Maïakowski disait: "Donnons à la Révolution les mêmes noms qu'à la bienaimée le premier jour". Et tous les suivants.

La révolution est amour, tendresse, répétait le Che. Et Chavez de lui répondre: "Amor con amor se paga" (L'amour suscite l'amour en retour)."La lucha sigue"

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27 mars 2013 3 27 /03 /mars /2013 18:54

  Patrice Lumumba
Recueil de textes introduit par Georges Nzongola-Ntalaja

Editions du CETIM, 96 pages
2013 

ISBN 978-2-88053-090-7
 Prix: 11 CHF | 8.50 €
 

 

TABLE DES MATIÈRES
Brève notice biographique

Introduction :
L’héritage de Patrice Lumumba,
par Georges Nzongola-Ntalaja

Textes de Patrice Lumumba :
Pleure, O Noir Frère bien-aimé (poésie)
Discours sur l'unité africaine et l'indépendance nationale (22 mars 1959)
Discours à la cérémonie de l’indépendance congolaise (30 juin 1960)
L'année 1960 est la nôtre ! Discours inaugural à la Conférence panafricaine de Léopoldville
(25 août 1960)
Jeunesse congolaise, à toi de porter le drapeau congolais (août 1960)
Le Katanga doit être libéré (17 août 1960)
Message à Dayal pour l'ONU (4 janvier 1961)
Ultime message enregistré de Lumumba
Dernière lettre (à sa femme Pauline)


Collection "Pensées d'hier pour demain"
Cette collection du CETIM se propose d'offrir au public, jeune en particulier, de courts recueils de textes de divers acteurs qui, hier, furent au coeur de la lutte des peuples pour l'émancipation et dont, aujourd'hui, la pensée s'impose toujours comme de la plus grande actualité.

*****

Né en 1925 au Congo alors belge. Patrice Lumumba est un héros de l'indépendance nationale du pays et de l'unité africaine.

Le discours qu’il prononça lors de la cérémonie d’indépendance de la République du Congo, le 30 juin 1960, résonne encore aujourd’hui dans toutes les mémoires africaines, et même bien au-delà.

Sous pression des gouvernements occidentaux, Lumumba, premier ministre démocratiquement élu et premier chef du gouvernement du Congo indépendant, fut cependant rapidement destitué, puis arrêté, emprisonné, torturé et finalement assassiné. La coalition des intérêts impérialistes occidentaux et de quelques dirigeants locaux à leur solde scellait ainsi pour longtemps le destin du Congo...

Ce petit livre présente quelques-uns des textes les plus importants de Lumumba. A lire absolument, pour l’Histoire comme pour les mouvements de luttes actuels et à venir !

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27 mars 2013 3 27 /03 /mars /2013 18:44

  Frantz Fanon
Recueil de textes introduit par Mireille Fanon-Mendès-France

Editions du CETIM, 96 pages
2013 

ISBN 978-2-88053-091-4
 Prix: 11 CHF | 8.50 €
 

TABLE DES MATIÈRES
Brève notice biographique

Introduction :
Lire Frantz Fanon aujourd’hui, par Mireille Fanon-Mendès-France

Textes de Frantz Fanon :
Mésaventure de la conscience nationale (Extraits du chapitre 3 du livre Les damnés de la terre)
Racisme et culture (Extraits de l'intervention de Frantz Fanon au premier Congrès des écrivains et artistes noirs à Paris, septembre 1956. Publié dans le numéro spécial de Présence africaine, juin-novembre 1956)
L’Algérie face aux tortionnaires français (Texte publié dans El Moudjahid, N° 10, septembre 1957)

Collection "Pensées d'hier pour demain"
 

 

Cette collection du CETIM se propose d'offrir au public, jeune en particulier, de courts recueils de textes de divers acteurs qui, hier, furent au coeur de la lutte des peuples pour l'émancipation et dont, aujourd'hui, la pensée s'impose toujours comme de la plus grande actualité.

*****

Né en 1925 sur l'ìle de la Martinique et décédé à 36 ans, le 6 décembre 1961, Frantz Fanon reste formidablement présent et éclairant.
Docteur en médecine psychiatrique, militant, compagnon de combat du FLN algérien, écrivain, on lui doit plusieurs ouvrages et écrits. Les plus connus, Peau noire, masques blancs et Les Damnés de la terre, comme les autres frappent par leur surprenante actualité et leur caractère souvent prémonitoire. Aussi, génération après génération, la lecture de Frantz Fanon s’impose au cœur et à l’esprit de qui veut changer le monde.

"C’est que, pour ceux qui résistent, derrière l’appropriation des mots de liberté, de justice, de droits des peuples par les tenants de l’ordre impérial et néo-colonial, se révèle, dans la misère et l’exploitation, la permanence de la laideur du désordre du monde."
Mireille Fanon-Mendès-France

Ce petit livre présente un choix de textes de Fanon parmi les plus marquants sur le racisme, le néo–colonialisme, la migration, l’aliénation, la perversité des discours dominants...


 
 
 

 
 

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17 mars 2013 7 17 /03 /mars /2013 20:15

Social-Eco - le 12 Novembre 2009

Social-économie

Robert Castel. "La précarité est devenue un état permanent"

Directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, Robert Castel, qui a consacré presque trente années de recherche à la question sociale, estime, face à la généralisation de la précarisation du travail, qu’il faut relever le défi de nouveaux droits attachés à la personne des travailleurs.


Dans vos travaux, vous mettez en avant l’idée que les « crises » que nous traversons depuis plus de trente ans ne sont pas des dépressions plus ou moins passagères. Selon vous, nous serions plutôt dans une nouvelle phase ou ère du capitalisme…

[*Robert Castel*]

. Je crois en effet que, depuis le début des années 1970, nous sortons du capitalisme industriel qui s’était implanté en Europe occidentale durant un siècle et demi. Vers la fin de cette période, nous étions parvenus à trouver un relatif équilibre, je dis bien relatif, entre les intérêts du marché, la productivité, la concurrence et un certain nombre de protections et de sécurités à l’égard du travail. Selon moi, la crise, que nous avons d’abord pensée comme quelque chose de provisoire, en attendant la reprise, commence à apparaître davantage comme un changement de régime du capitalisme. Nous ne sommes pas encore en mesure de pouvoir bien définir ce changement mais avec la concurrence exacerbée qui s’est déployée au niveau mondial, nous avons affaire à un capitalisme plus sauvage, moins régulé. Depuis l’automne 2008, le dernier épisode de la crise, avec ses catastrophes financières, illustre bien cette évolution.

Quels sont les effets de cette transformation du système capitaliste ?

[*Robert Castel*]

. Le cœur de la transformation se situe d’abord au niveau de l’organisation du travail et se traduit par une dégradation du statut professionnel. La précarité se développe à l’intérieur de l’emploi et vient se greffer au chômage de masse. Il n’est plus possible de penser la précarité comme nous l’avons fait pendant des années, c’est-à-dire comme un mauvais moment à passer avant de trouver un emploi durable. Il existe désormais un nombre croissant d’individus qui s’installent dans la précarité. Elle devient, même si cela paraît paradoxal, un état permanent. Ce que j’appelle le « précariat » correspond à une nouvelle condition salariale, ou plutôt infrasalariale, qui se développe en deçà de l’emploi classique et de ses garanties.

Cela implique que les catégories sociales défavorisées ne sont plus les seules à être touchées par cet essor du « précariat » …

[*Robert Castel*]

. Oui, les ouvriers les moins qualifiés, les jeunes qui essaient de rentrer pour la première fois sur le marché du travail sont toujours, en termes quantitatifs, les catégories les plus touchées par l’essor de la précarité. Cependant, je pense qu’il ne faut pas oublier pour autant que la précarisation est une sorte de ligne de fracture qui traverse l’ensemble de notre société. Il existe une précarité « haut de gamme », qui atteint une partie des classes moyennes et des hauts diplômés. Pour saisir l’ampleur de la transformation, il faut aussi inclure ce phénomène.

Les conséquences de ces évolutions seraient donc plus profondes et durables qu’on ne l’imagine, elles toucheraient la société dans son ensemble ainsi que chaque individu…

[*Robert Castel*]

. Les principales protections de l’individu étaient accrochées au statut de l’emploi, surtout en France. Il est évident que la dégradation de ce statut creuse les inégalités. J’aurais tendance à insister sur ce point car je crois que la cohésion sociale était fondée, pour une très large part, sur la force de ces protections. Tous les individus, les travailleurs et même au-delà, disposaient de ressources et de protections minimales pour continuer à faire partie de la société. Les conditions sociales n’étaient pas pour autant égales : il subsistait de grandes disparités et de grandes injustices. Néanmoins, chacun avait une sorte de socle pour être dans un système d’échanges réciproques et d’interdépendances. Je crois qu’un nombre croissant d’individus tombe aujourd’hui hors de ce système de protection, ou n’arrive pas à s’y inscrire. Ils sont par conséquent laissés sur les bords, isolés.

L’individualisme connaît dès lors un nouveau développement, que vous placez au centre de ces transformations…

[*Robert Castel*]

. Il me semble que la dynamique profonde du nouveau régime du capitalisme est en effet une dynamique de décollectivisation. Dans l’organisation du travail, par exemple, les grands collectifs, auxquels étaient associés des syndicats puissants, sont cassés. Ils ne sont pas définitivement révolus mais ils sont brisés. Songeons, par exemple, à la situation actuelle de France Télécom. La conséquence est que l’individu doit davantage se mobiliser, être responsable, se prendre en charge. Il faut d’ailleurs reconnaître que certains réussissent à s’adapter à cette nouvelle donne. Le discours libéral s’appuie là-dessus : ils maximisent leurs chances, ils font preuve d’esprit d’entreprise… Mais, en même temps, les autres, et il faut craindre qu’ils ne soient les plus nombreux, sont détachés de ces appartenances collectives et livrés à eux-mêmes, sans les ressources de base nécessaires.

L’État peut-il enrayer cette évolution ?

[*Robert Castel*]

. Contrairement à une certaine idéologie d’inspiration libérale qui demeure malgré tout à la mode, je ne crois pas qu’il soit possible d’opposer l’État et l’individu. Plus une société est une société des individus, plus elle a besoin de l’État comme principe d’unification et de protection. À défaut, les individus laissés à eux-mêmes, et en concurrence de tous contre tous, vivent dans une sorte de jungle. « L’homme est un loup pour l’homme... » Seule la puissance publique, garante d’un certain intérêt général, peut opérer un minimum de redistribution et de protection. Ces protections sont nécessaires pour faire une société.

Dans quelle direction faut-il réformer ?

[*Robert Castel*]

. À rebours des politiques actuelles, le défi à relever est de concilier l’instabilité de l’emploi avec la mise en place de nouveaux droits : qu’on le veuille ou non, l’emploi stable ou l’« emploi à vie » n’est plus la norme. Il faut et il faudra de plus en plus changer d’emploi, être capable de se « recycler ». Pour que cela ne se traduise pas, comme c’est le cas aujourd’hui, par une déclaration d’« inemployabilité », il faudrait accrocher des protections à la personne du travailleur, de sorte que lorsqu’il se trouve dans ces situations de changement ou d’alternance, il conserve des protections et des droits assez forts.

Entretien réalisé par Thomas Cortes

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17 mars 2013 7 17 /03 /mars /2013 20:11

Société - le 14 Mars 2013

Hommage

Robert Castel : "je pense que l’individu est un sujet social", dernière rencontre avec le penseur de la "question sociale"

Le sociologue vient de nous quitter à l’âge de soixante-dix-neuf ans. Directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, l’auteur des Métamorphoses de la question sociale a marqué la sociologie. Il avait relu le 6 mars les épreuves de cet entretien réalisé fin février.

 

Le parcours intellectuel de Robert Castel reste intimement lié à ses origines sociales. Au croisement de la sociologie, de la philosophie et de la psychanalyse, il a toujours tenu compte dans ses travaux de recherche des plus défavorisés et de ceux qui travaillent. Né le 27 mars 1933 à Saint-Pierre-Quilbignon, aujourd’hui quartier de la ville de Brest, fils d’un employé des Ponts et Chaussées, imprégné de la culture républicaine et laïque, Robert Castel est issu de ce monde du travail où les difficultés de subsistance sont bien réelles. C’est d’ailleurs très jeune qu’il doit affronter l’épreuve de la perte très précoce de ses parents. Enfant issu de milieu modeste, il passe tout « naturellement » un CAP d’ajusteur mécanicien. Mais un événement ou plutôt une rencontre va changer le cours de ce déterminisme social. Grand lecteur, il est remarqué par un professeur de mathématiques, ancien déporté communiste, qui l’incite à poursuivre ses études. Ce moment capital dans sa vie, il nous l’a raconté avec émotion lors de l’entretien qu’il nous accordait il y a quelques jours encore (voir ci-contre) et qu’il avait confié dans un de ses derniers ouvrages Changements et pensées du changement, échanges avec Robert Castel, codirigé avec Claude Martin (2012, La Découverte). Boursier, il passe l’agrégation de philosophie en 1959 et se lance dans une thèse sous la direction de Raymond Aron à la Sorbonne. C’est dans ces années-là qu’il rencontre Pierre Bourdieu, avec qui il commence à travailler, abandonnant la philosophie pour la sociologie. Après mai 1968, il enseigne à l’université de Vincennes, qui deviendra Paris-VIII. Dans les années 1970 et au début des années 1980, il s’intéresse à la psychanalyse et à la psychiatrie, ainsi qu’au traitement et à la prise en charge des malades mentaux, en établissant une sociologie critique se rapprochant de Michel Foucault, dont il reprendra la démarche généalogique. Sur ce sujet, il publiera plusieurs ouvrages et de nombreux articles. Il sera à l’origine de la constitution du Groupe d’analyse du social et de la sociabilité (Grass).


Mais ce sont surtout ses travaux sur le salariat qui font de lui le penseur de la question sociale et du monde du travail. Dans les années 1980 et 1990, il s’intéresse aux transformations de l’emploi, l’intervention et les politiques sociales. En 1990, il devient directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (Ehess). Aboutissement de plusieurs années de travail, la sortie de son monumental ouvrage les Métamorphoses de la question sociale. Une chronique du salariat (1995, Fayard) a un impact tel qu’il est devenu presque immédiatement un « classique » de la sociologie contemporaine.


Il analyse la façon dont la « société salariale » s’est constituée à partir d’une « propriété sociale », puis son effritement à partir de la crise des années 1970. Il étudie les conséquences sur l’intégration sociale et le statut de l’individu contemporain, pointant des menaces, avec l’apparition de « l’insécurité sociale » générée par la précarité et le chômage de masse. Il dirige le Centre d’étude des mouvements sociaux (Ehess-CNRS) jusqu’en 1999. Poursuivant sa démarche d’analyse sociologique, ses œuvres les plus récentes, l’Insécurité sociale. Qu’est-ce qu’être protégé ? (Seuil, 2003) et la Montée des incertitudes (Seuil, 2009), constatent la montée croissante des incertitudes et des risques dans les sociétés contemporaines, conséquence du passage à un « nouveau régime du capitalisme ».

Robert Castel est décédé mardi 12 mars à Vincennes. Quelle émotion et tristesse à l’annonce de sa disparition… Fin février, nous l’avions rencontré pour un échange humain fort. Il nous laisse ses travaux et ses nombreux écrits en héritage.

 

Dans vos travaux, vous décrivez une « grande transformation » comme passage du capitalisme industriel au capitalisme financier. Est-elle achevée ?

Robert Castel. Il est toujours aventureux de prévoir l’avenir. Les sociologues ne sont pas des prophètes. Ils essaient de comprendre les changements et, peut-être, d’extrapoler le sens dans lequel ils vont. Dire « ce sera comme ça » me paraît dangereux. Ce n’est pas un hasard si j’ai intitulé mon avant-dernier ouvrage la Montée des incertitudes. C’était une façon de qualifier la grande transformation en cours depuis une trentaine d’années. Auparavant, il était très répandu de penser que demain serait meilleur. Seule une minorité de gens a maintenant cette espèce d’optimisme. Les sondages d’opinion montrent que beaucoup de Français ont une vision plutôt pessimiste. Pour autant, les choses sont incertaines, et en un sens heureusement : on ne peut pas affirmer avec certitude que « tout fout le camp ». Le pire de l’avenir n’est pas certain.


Avec le capitalisme industriel, 
un compromis s’est établi dans 
les rapports sociaux : ce que vous avez appelé la «société salariale» basée sur la «propriété sociale» ?

Robert Castel. Dans les années 1960, un équilibre relatif a été atteint. Ce n’était pas quelque chose de merveilleux. Beaucoup de baratin a été fait sur les « Trente Glorieuses ». Il persistait de grandes inégalités. Il y avait des injustices pas très reluisantes et des épisodes peu glorieux comme les guerres coloniales. Néanmoins, un certain équilibre a pu être trouvé entre, pour aller très vite, les intérêts du marché et ceux du travail. Ce n’était pas idyllique mais cela a assez bien fonctionné. Cette période qui a succédé à la Seconde Guerre mondiale a permis le développement du droit du travail, de la protection sociale et de l’économie. À partir des années 1970, on a commencé à parler d’une crise, d’abord considérée comme provisoire dans l’attente de la reprise…


Aujourd’hui, ce sont moins 
de protections sociales, de droits sociaux, de santé, de sécurité. 
Où est passé le compromis ?

Robert Castel. Il faut avoir une certaine méfiance vis-à-vis d’un discours hyper-catastrophiste. Le capitalisme industriel avait commencé à s’instaurer d’une manière sauvage au regard de la situation des prolétaires du début du XIXe siècle. Le compromis établi est toujours en vigueur. Nous sommes dans une dégradation de la situation. La question est de savoir jusqu’où cette dégradation ira-t-elle ?


Prenant les exemples de la Révolution française et de Mai 68, vous préférez parler de « métamorphose » ?

Robert Castel. Les dynamiques de changement sont extrêmement complexes. L’histoire ne progresse pas de façon unilatérale en permanence. La sociologie, ce n’est pas les mathématiques. Les mots ont leur importance et sont bien définis. Une métamorphose est une conciliation, un accrochage, une synthèse entre le « même » et « l’autre ». Ce n’est pas nécessairement parfait, ni extrêmement précis, mais c’est au moment où il y a du « même » et du « différent ». L’histoire, ce qui advient, est quelque chose qui fait date, qui fait rupture. Cela amène de l’innovation par rapport à une situation antérieure. On invente mais on n’invente pas tout. On ne repart pas de zéro. Au contraire, on reprend.


Cette idée de «métamorphose» justifie une posture de «critique sociale» ou de «sociologie critique». En quoi la société est-elle critiquable ?

Robert Castel. On ne peut avoir qu’un point de vue critique. J’ai évoqué le prolétariat du XIXe siècle lorsque le fer de lance de la production mourait d’alcoolisme à trente-cinq ans. On n’en est plus là. Les formes actuelles contenues dans la précarité appellent à repenser les processus de dissociations sociales. Ils ne sont pas identiques à ceux qui prévalaient, il y a deux siècles, mais ils semblent avoir la même fonction de délitement des solidarités et de toutes les formes qui font société.


Vous parlez même de désaffiliation ?

Robert Castel. La désaffiliation est la forme limite de ce processus. J’ai utilisé ce terme pour éviter un abus de l’usage du mot exclusion à propos de situations complètement hétérogènes. Dire d’un sans-abri, d’un jeune de banlieue ou encore d’un cadre au chômage qu’ils sont des exclus, cela ne veut plus rien dire à part qu’ils seraient dehors, dans le « hors-social ». Il faut plutôt comprendre les processus qui y mènent. Avant d’en arriver là, on est vulnérable. Ces situations doivent être analysées : elles mènent à la limite d’être déconnecté des rapports de travail, des échanges et des réseaux de sociabilité familiaux, de voisinage, de territoire…


Cette critique n’appelle-t-elle pas 
une transformation sociale ? 
Le changement a été majoritairement souhaité par les Français. Quelles réformes progressistes faudrait-il engager pour sortir de ces incertitudes ?

Robert Castel. La crise semble toujours plus profonde. En 2008, on a pu penser que devant une telle gravité les gens allaient prendre conscience qu’il fallait un changement radical. Il n’en est rien. Pour ma part, je pense que l’on peut être réformiste de gauche. Bien sûr, cela reste à prouver et passe par un repositionnement des droits. Ayant beaucoup pratiqué l’histoire sociale, j’ai appris que rattacher des droits forts au travail a sécurisé la condition ouvrière et a constitué une mutation assez fantastique par rapport à celle du prolétaire. Aujourd’hui, on ne peut pas rester aux termes exacts du compromis social des années 1970. Le nouveau régime du capitalisme se traduit par une grande mobilité. Un travailleur ne restera pas accroché à son emploi toute sa vie. Il passera par des alternances travail et non-travail. Il faut une acceptation et une maîtrise de cette mobilité. Surtout, ces transformations ne doivent pas s’accompagner de déclaration d’inemployabilité, ni conduire à jeter les gens ou à les mettre dans des situations lamentables. Cet enjeu de la sécurisation a été formulé par les organisations syndicales. Le juriste du travail Alain Supiot a proposé, lui, de donner un statut au travailleur. Les propositions qui vont dans ce sens pourraient constituer un réformisme de gauche, sauf que son contenu réel demeure problématique. Il existe plus que des nuances entre la position de la CGT et celle de la CFDT. Je n’ai pas une fonction qui me permet de dire qui a tort ou raison. Mais quelles que soient les divergences entre les syndicats de salariés, j’espère que les positions sont moins éloignées entre eux qu’avec le Medef.


Selon vous, la «propriété sociale» 
est constituée d’une addition 
de droits concédés au travail pour compenser la logique de rentabilité imposée par le capital. Mais aujourd’hui, devant la financiarisation, ne faut-il pas concevoir une «appropriation sociale» nouvelle ?

Robert Castel. Oui, cela pourrait être une façon d’entrevoir les choses. La propriété sociale, cela signifie que le travailleur est propriétaire de droits. Il y a également des propriétaires privés. Un certain nombre de droits sont irrécusables comme la santé, la retraite, etc. On pourrait énoncer six ou sept droits qui fondent un socle assurant au travailleur ses ressources de base pour que le travail continue d’être pourvoyeur d’indépendance sociale et économique. Bernard Gazier a mis en avant les « marchés transitionnels » suivant lesquels le travail est de plus en plus établi sous des formes transitionnelles. De son côté, Yves Barel a mis en évidence que le travail demeure la base de notre intégration sociale. Le travail, même s’il est moins consistant, est tout aussi important. Dans ce contexte, il faut des droits à la formation réelle pour chaque salarié. Cela est un élément nécessaire pour sécuriser le monde du travail.


Dans ces «métamorphoses» sociales, quel rôle attribuez-vous 
au syndicalisme ?

Robert Castel. Le rôle du syndicalisme et de la classe ouvrière révolutionnaire a été très important mais loin d’être exclusif. Henri Hatzfeld a fait une bonne analyse des composantes à l’origine des protections sociales dans son livre Du paupérisme à la Sécurité sociale. Il a démontré au travers d’un siècle d’histoire qu’il n’y a aucune unité au sein du mouvement ouvrier, notamment à cause de l’antagonisme réformisme/révolution et qu’il existe une nébuleuse de positions complexes. Une partie du patronat s’est ainsi ralliée un certain temps à des positions réformistes pour mettre en avant la productivité.


Dans l’ouvrage collectif Changements et pensées du changement (1), 
vous avez accepté de dialoguer 
avec une quinzaine de chercheurs. Vous concluez avec un texte admirable dédié à votre professeur de mathématiques. Relier «objectif» et «subjectif», les affects et les déterminations sociales, Freud et Marx, c’est le chantier qui reste ouvert ?

Robert Castel. Je ne sais pas si ce texte est admirable mais il recoupe une conviction profonde que j’ai depuis mes études de philosophie et ensuite dans mes travaux de sociologie. Contrairement aux conceptions libérales selon lesquelles seul l’individu fait des choix et prend des risques, je pense que l’individu est un sujet social. Nous sommes tous traversés par l’histoire. Ce n’est pas seulement un décor. Cela marque très profondément nos choix, nos amours, nos peines. Nous avons une dette vis-à-vis de l’histoire. J’ai raconté cette anecdote… Très jeune, je n’aurais pas dû faire d’études. J’étais en collège technique. Un professeur surnommé « Buchenwald », ancien déporté et probablement résistant communiste, m’a un peu pris en charge en m’incitant à rejoindre le lycée. Grâce à lui et à travers lui, j’ai fait quelque chose que je n’aurais pas fait. Je crois que j’ai mené ma vie en restant fidèle au système de valeurs qu’il portait. C’est aussi cela la transmission, la solidarité entre les êtres humains. C’est l’image que l’on peut se faire de la société complètement différente de celle qui a pour seul but le profit pour le profit. De ce point de vue, les politiques sociales n’ont pas souvent tenu compte des individus. Elles ont d’abord pris en charge collectivement les membres de groupes. Dans la dernière période, notamment avec la crise, un processus se met en place visant à les placer dans le cadre de politiques des individus. Ce sont les discours qui rendent responsables les individus. Ils ont pour conséquence de ne plus accorder des droits inconditionnels en contrepartie. J’aborde cette question dans l’Avenir de la solidarité (2).


En tant que citoyen, vous êtes signataire de l’Appel des appels, est-ce que cela rejoint cette interrogation ?

Robert Castel. Oui. La position de l’Appel des appels met l’accent sur cette implication de l’individu, non pour recevoir des cadeaux qui lui tomberaient du ciel, mais pour s’inscrire dans une logique de droit. Cela renvoie à la référence première de l’Assemblée constituante de 1793 : la patrie a des devoirs envers les citoyens les plus fragiles. Le droit au secours est le noyau de la politique républicaine.

(1) Changements et pensées du changement. Collectif dirigé avec Claude Martin. 
Éditions La Découverte, 362 pages, 27 euros.

(2) L’Avenir de la solidarité. 
Avec Nicolas Duvoux. « La vie des idées », 
PUF, 103 pages, 8,50 euros.

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17 mars 2013 7 17 /03 /mars /2013 19:52

Monde - le 12 Décembre 2005

Rencontre

Angela Davis toujours indomptable

La militante progressiste américaine annonce la parution d'un prochain ouvrage. Elle doit se rendre dans notre pays cette semaine.

Le Congrès s'apprête à approuver cette semaine la prorogation du Patriot Act (loi patriotique). Quelles raisons ont présidé à l'établissement de cet ensemble de dispositions ultra-sécuritaires ?


Angela Davis. Le Patriot Act a été promulgué immédiatement après le 11 septembre 2001. L'administration Bush a saisi l'opportunité de cette attaque pour exploiter la peur du terrorisme comme fondement de l'ensemble de sa politique de guerre mondialisée. Le Patriot Act intègre de nouvelles formes de maccarthisme et de racisme... L'édification du nouvel État sécuritaire fondé sur la fabrication de la peur constitue une nouvelle érosion des vestiges de démocratie dans notre pays. Nous sommes entrés désormais dans l'ère la plus conservatrice de notre histoire, même plus conservatrice qu'à l'époque de MacCarthy.

Le Patriot Act a été adopté à la quasi-unanimité. Même les fractions les plus progressistes (comme par exemple le Black Caucus, collectif des élus noirs) ont refusé à ce moment-là de prendre position contre les décisions de Bush. En fait, une seule personne (la représentante de ma circonscription en Californie) a eu la force et le courage de dire non ! Une combinaison de racisme, particulièrement envers des gens de croyance musulmane, et de peur savamment manipulée a créé une situation dans laquelle ce qui nous reste de démocratie s'érode rapidement. Le montre, par exemple, l'usage de la peine de mort : récemment nous avons connu la millième exécution et, le même jour, la mille et unième. Ici, en Californie, nous tentons d'empêcher l'assassinat de Stanley Tookie Williams. Cette véritable mise en routine, cette banalisation se situe dans le droit fil de la guerre contre l'Irak, de la guerre planétaire contre le terrorisme et de la création d'un État largement fondé sur des notions erronées de sécurité.

Le Patriot Act a accordé au FBI (la police nationale des États-Unis) des droits exorbitants comme la Lettre de sécurité nationale (National Security Letter)...

Angela Davis. Le FBI a désormais le droit, par une simple lettre, sans mandat judiciaire, d'exiger des informations sur tout citoyen prétendument soupçonné d'activités terroristes auprès d'organismes ou de personnes détenteurs de fichiers de clients ou d'usagers. Les destinataires de la Lettre sont en outre tenus au secret absolu. On peut donc, sans jamais en avoir été informé, faire l'objet d'une enquête policière sur son compte en banque, ses achats, ses activités culturelles, y compris les titres des livres empruntés dans une bibliothèque !

Le Patriot Act autorise-t-il l'emprisonnement sans mandat ni inculpation par un juge, sans assistance d'un avocat et sans notification de la cause de l'arrestation ?

Angela Davis. Ces procédés sont pratiqués sous prétexte qu'il y aurait un problème spécifique de sécurité inhérent au fait que les acteurs de la soi-disant guerre terroriste n'ont pas de liens particuliers avec un pays donné. Cela dit, toutes les discussions se concentrent actuellement sur la question de l'aptitude du gouvernement à violer les droits, des nationaux comme des étrangers. L'un des points essentiels est celui de la torture, dans des centres de détention US et dans des pays destinataires d'Extraordinary Renditions (terme que l'on pourrait traduire par transfert extraordinaire - NDLR). Il apparaît de plus en plus nettement que l'administration Bush-

Cheney, avec son programme de guerre contre l'Irak et de guerre planétaire contre le terrorisme, pousse le pays dans une direction

d'extrême droite.

La question principale, selon moi, est de savoir comment développer un mouvement capable de contester ce processus. La révélation au grand jour de l'abjecte et absolue pauvreté, en particulier des Noirs, à La Nouvelle-Orléans, a montré l'incapacité du gouvernement fédéral à réagir face à une urgence particulière créée par la conjonction d'un désastre naturel, du racisme et de la pauvreté. Depuis lors la popularité de Bush a connu un sérieux déclin. Raison pour laquelle nous espérons que s'ouvre une possibilité de contestation populaire de l'administration Bush.


Des élections sénatoriales et à la Chambre des représentants de mi-mandat présidentiel vont avoir lieu en fin d'année prochaine. Voyez-vous une alternative véritable dans le cadre rigide du système bipartisan ?

Angela Davis. C'est le problème principal. Bien sûr, la meilleure approche serait de pouvoir lancer une campagne pour obtenir l'impeachment (la destitution) de Bush, ce qui rendrait possible d'exercer une certaine forme de pression sur un éventuel candidat démocrate pour nous sortir de la tendance actuelle. Le problème est que les démocrates ont été impliqués, dans la même mesure que les républicains, dans la guerre et dans la politique intérieure.

Dans votre prochain livre vous définissez le système de détention états-unien comme étant un complexe industriel carcéral (prison industrial complex). Quelle est sa fonction politique et sociale ?

Angela Davis. Le complexe militaro-industriel s'est développé au cours de la guerre du Vietnam. L'industrie d'armement et les institutions militaires sont devenues des éléments centraux de l'économie et de la culture états-unienne, en liaison avec les entreprises, les médias, les élus et la haute hiérarchie militaire. Dans ce processus, les prisons sont devenues une donnée essentielle de l'économie US et, de plus en plus, de l'économie mondialisée. Et lorsque l'on observe que des politiciens, des entreprises, des médias ont intérêt à l'expansion continue de l'industrie punitive (punishment industry), on constate une grande similitude entre le complexe industriel carcéral et le complexe militaro-industriel.

Combien y a-t-il de détenus actuellement dans les prisons des États-Unis ?

Angela Davis. Il y a deux millions de personnes dans les prisons US. Si l'on y ajoute les condamnés en liberté conditionnelle ou sous contrôle judiciaire, on approche du chiffre de cinq millions.

Est-ce que ceci peut être considéré comme un moyen de maîtriser les tensions sociales ?

Angela Davis. Bien sûr que non ! On constate au contraire un accroissement des tensions et un nouveau phénomène, celui de la connexion entre le système punitif et l'institution militaire. Cette dernière pratique la torture alors que dans le même temps elle est devenue l'unique voie permettant aux plus pauvres, essentiellement aux Noirs, d'éviter d'aller en prison. Constatant d'autre part qu'environ 70 % des détenus de notre pays sont des gens de couleur, on voit clairement une forte corrélation entre la destruction de l'État social et l'utilisation croissante du racisme, un résultat direct du capitalisme mondialisé.


À la veille de son arrivée en Europe, Condoleezza Rice a affirmé que les Européens devront prendre des décisions difficiles car, a-t-elle prétendu, la guerre contre le terrorisme est une nouvelle forme de guerre et que, par conséquent, les règles du passé ne sont plus valables. Y a-t-il une stratégie à long terme dans ce processus ?

Angela Davis. Condoleezza Rice représente le segment le plus réactionnaire de l'administration Bush. Il est extrêmement dangereux de prétendre que le terrorisme nécessite qu'un État prive les gens de leurs droits, que les États-Unis ignorent totalement des pans entiers du droit international. C'est très effrayant : je n'ai pas pour habitude d'utiliser le terme de fascisme quand cela n'est pas nécessaire, mais je crois qu'il s'agit là de très nettes tendances fascistes représentées par Bush, Condoleezza Rice et Cheney.


En exergue de votre livre vous déclarez que les critères de la démocratie sont l'existence, pour les citoyens, de droits concrets. Peuvent-ils être exercés et développés dans un monde au capitalisme globalisé sous l'hégémonie du plus puissant ?

Angela Davis. Le glissement croissant vers la droite aux États-Unis et en Europe reflète dans la période actuelle la tendance dominante du capitalisme. Ainsi, la démocratie, dans la formulation de l'administration Bush, se confond avec le capitalisme... Lorsque je parle de nouvelles formes de démocratie, je parle de socialisme, d'une démocratie non uniquement fondée sur des droits formels comme le droit de vote, mais aussi sur des droits concrets comme les droits sociaux : celui de vivre à l'abri de toute violence, le droit au travail, au logement, aux soins de santé et à une éducation de qualité, celui de franchir librement les frontières... Si l'on observe la manière dont les États-Unis ont tenté de régler ce qu'on appelle le problème racial, il est clair que de nouvelles solutions sont nécessaires. Je citerai Marx qui dit que le capitalisme crée des problèmes qu'il est incapable de résoudre. Le nationalisme noir n'est certainement pas une réponse, comme nous avons pu le constater aux États-Unis. Il est nécessaire de créer de nouvelles institutions avec, par exemple, un meilleur système d'éducation, ce qui serait déjà un grand changement, ou encore une forme de système de santé gratuit, toutes choses dont nous avons tant besoin dans notre pays.


Voyez-vous des signes d'une nouvelle solidarité internationale ?

Angela Davis. C'est l'enjeu essentiel. Particulièrement aux États-Unis qui n'ont pas de bonne réputation d'internationalisme. L'une des conséquences les plus graves de la politique de guerre mondialisée est le fait qu'il a été facile de persuader les gens que nous avons besoin d'une nation multiculturelle au détriment d'une solidarité qui se projette au-delà de la nation. Nombreux ont été les gens de couleur qui ont été entraînés dans le repli sur le nationalisme, perçu comme la seule riposte possible à une agression venant de l'extérieur. Du même coup, la solidarité avec le peuple d'Afghanistan, avec celui d'Irak n'a pas été prise en considération comme l'un des moyens véritables de sortir de la situation. J'affirme que nous avons besoin d'explorer et de développer de nouvelles voies de solidarité internationale. Nous devons rechercher comment créer des lignes de communication, de solidarité, notamment après l'effondrement de la communauté des pays socialistes, laquelle, de fait, était un espace qui permettait alors la production de solidarité internationale.

Entretien réalisé par Michel Muller

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17 mars 2013 7 17 /03 /mars /2013 19:48

 

  - le 17 Mars 2013

Mercredi 20 mars : Angela Davis est rédactrice en chef d'un jour de l'Humanité

Mercredi 20 mars, dix ans jour pour jour après le déclenchement de la 2e guerre en Irak, Angela Davis sera la rédactrice en chef de votre journal. Un numéro exceptionnel.


Infatigable militante communiste et féministe, Angela Davis est une figure historique de la conquête des droits civiques aux États-Unis. Née au début des années 1940 en Alabama, un État du sud des États-Unis où la ségrégation raciale fait alors rage, elle sera marquée au fer rouge par les humiliations et le climat de violence qui y règne. Après un cursus scolaire en partie réalisé en Europe (France et Allemagne), elle revient aux États-Unis à la fin des années 1960 et adhère au Che-Lumumba Club, une section du Parti communiste américain réservée aux Noirs. Puis elle se rapproche du Black Panther Party : ces deux engagements au sein de formations qui font alors trembler l’Amérique WASP vont faire basculer sa vie. Surveillée par le FBI, Angela Davis est renvoyée de son poste d’enseignante à l’université de Californie à cause de son engagement politique. Elle est accusée d’avoir organisé une prise d’otages, poursuivie par toutes les polices de son pays. Sa cavale dure 15 jours, puis elle passe 16 mois en prison, séjour carcéral durant lequel le monde entier découvre ses combats. Angela Davis publie, après son acquittement et sa libération en 1972, des essais où elle défend la paix au Vietnam, la cause féministe, l’antiracisme… Candidate à la vice-présidence des États-Unis en 1980 et 1984 aux côtés du communiste Gus Hall, celle qui s’est imposée comme l’une des figures les plus intègres de la « démocratie » américaine continue d’affronter les démons de son pays : la guerre en Irak, l’industrie carcérale, ou encore les victimes vietnamiennes de l’agent orange ? En 2003, c’est elle qui recevait la médaille d’honneur décernée par la Ville de Paris à Mumia Abu Jamal, à l’époque encore dans les couloirs de la mort.


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