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6 janvier 2013 7 06 /01 /janvier /2013 14:42
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5 janvier 2013 6 05 /01 /janvier /2013 21:26

 

L’homme qui exploitait la forêt africaine mais qui ne voulait pas que cela se sache

L’homme qui exploitait la forêt africaine mais qui ne voulait pas que cela se sache

le 01 juin, 2012 dans Démocratie / Propagande par

 

 

Dans la famille Lévy, on connaissait déjà Justine, la fille, auteur à bobos quand papa œuvre pour les gogos, et puis Arielle, la deuxième épouse, dont le point de carrière le plus culminant n’a d’égal que la hauteur de son cul offert en levrette à Klaus Kinski, alors au sommet de son art et de son dard, dans le film « Les fruits de la passion », en 1981.

Mais force est de constater que dans la brillante famille Lévy, il nous manque quelques cartes. Ainsi, on connait plutôt mal le père, André. C’est que Bernard-Henri ne la ramène pas trop sur le paternel. À moins, bien entendu, d’occulter le plus intéressant, à savoir les affaires africaines de la famille, qui durant de longues années, exploita le bois précieux de Côte d’Ivoire, du Cameroun et du Gabon.


« Exploiter » est bien le terme qui convient, vu les conditions de vie et de travail moyenâgeuses imposées aux ouvriers dans les concessions gérées par l’entreprise des Lévy, la Becob. Salaires en retard, équipements sanitaires déplorables, un ruisseau pollué pour s’alimenter en eau… Chargé de la communication interne, puis vice-président du conseil de surveillance, et même dirigeant pendant deux ans, Bernard-Henri s’est sérieusement impliqué dans la boutique familiale.


Et tandis que la sueur africaine irriguait généreusement son compte en banque, à quelques milliers de kilomètres de là, Bernard-Henri distribuait les leçons de morale sur la dignité humaine. S’assurant au passage que les récalcitrants soient bien marqués du sceau de la barbarie, dont lui seul possédait le cachet d’attribution, comme ça c’est plus simple.

Et quand, vers le début des années quatre-vingt, la promesse de gains toujours plus juteux semble s’éloigner car les affaires périclitent, Bernard-Henri fait habilement jouer ses relations politiques pour décrocher un prêt de plusieurs millions de francs, à un taux particulièrement avantageux, puisé dans… les caisses de l’Etat français !


Plus tard, ce sera au tour de François Pinault de voler au secours de la Becob, en prenant une participation dans le capital, avant de devenir seul maître à bord. François Pinault, dont l’amitié ancienne avec le Grand blond à l’œil au beurre noir de la Trinité-sur-Mer n’a, manifestement, jamais froissé la conscience de notre anti-lepéniste de carnaval. Le rachat final de la Becob sur une valorisation de 800 millions de francs, un peu plus de 120 millions d’euros, lui aura probablement donné le vertige.


L’histoire de l’homme qui exploitait la forêt africaine mais qui ne voulait pas que cela se sache, est déjà connue. Elle a été formidablement racontée dans le détail par les  journalistes Nicolas Beau et Olivier Toscer dans leur enquête judicieusement intitulée  « Une imposture française », publiée en 2006.


Et pourtant, six ans plus tard, l’imposture se poursuit encore allègrement et dans la malfaisance ! La lamentable escroquerie intellectuelle trouve toujours une belle caisse de résonance. Profitant d’un solide réseau au sein des médias et de l’édition, le clown de Tobrouk parvient toujours à s’en sortir, en empêchant la publication de tel ou tel article qui le dérange.


Une imposture qui se poursuit également avec des ambitions très clairement énoncées à ceux qui feraient semblant de ne pas comprendre : « J’ai porté en étendard ma fidélité à mon nom et ma fidélité au sionisme et à Israël », déclarait-il sans rire à propos de son implication dans la guerre en Libye.

Nico Ramirez

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5 janvier 2013 6 05 /01 /janvier /2013 17:00

L’enseignement laïque par Jean Jaurès
Discours de Castres, 30 juillet 1904, L’Humanité 2 Août 1904


Démocratie et laïcité sont deux termes identiques. Qu’est-ce que la démocratie ? Royer-Collard (1), qui a restreint arbitrairement l’application du principe, mais qui a vu excellemment le principe même, en a donné la définition décisive : " La démocratie n’est autre chose que l’égalité des droits. " Or il n’y a pas égalité des droits si l’attachement de tel ou tel citoyen à telle ou telle croyance, à telle ou telle religion, est pour lui une cause de privilège ou une cause de disgrâce. Dans aucun des actes de la vie civile, politique ou sociale, la démocratie ne fait intervenir, légalement, la question religieuse. Elle respecte, elle assure l’entière et nécessaire liberté de toutes les consciences, de toutes les croyances, de tous les cultes, mais elle ne fait d’aucun dogme la règle et le fondement de la vie sociale. Elle ne demande pas à l’enfant qui vient de naître, et pour reconnaître son droit à la vie, à quelle confession il appartient, et elle ne l’inscrit d’office dans aucune Église. Elle ne demande pas aux citoyens, quand ils veulent fonder une famille, et pour leur reconnaître et leur garantir tous les droits qui se rattachent à la famille, quelle religion ils mettent à la base de leur foyer, ni s’ils y en mettent une. Elle ne demande pas au citoyen, quand il veut faire, pour sa part, acte de souveraineté et déposer son bulletin dans l’urne, quel est son culte et s’il en a un. Elle n’exige pas des justiciables qui viennent demander à ses juges d’arbitrer entre eux, qu’ils reconnaissent, outre le Code civil, un code religieux et confessionnel. Elle n’interdit point d’accès de la propriété, la pratique de tel ou tel métier, à ceux qui refusent de signer tel ou tel formulaire et d’avouer telle ou telle orthodoxie. Elle protège également la dignité de toutes les funérailles, sans rechercher si ceux qui passent ont attesté avant de mourir leur espérance immortelle, ou si, satisfaits de la tâche accomplie, ils ont accepté la mort comme le suprême et légitime repos. Et quand sonne le tocsin de la patrie en danger, la démocratie envoie tous ses fils, tous ses citoyens, affronter sur les mêmes champs de bataille le même péril, sans se demander si, contre l’angoisse de la mort qui plane, ils chercheront au fond de leur cœur un recours dans les promesses d’immortalité chrétienne, ou s’ils ne feront appel qu’à cette magnanimité sociale par où l’individu se subordonne et se sacrifie à un idéal supérieur, et à cette magnanimité naturelle qui méprise la peur de la mort comme la plus dégradante servitude.

Mais qu’est-ce à dire ? Et si la démocratie fonde en dehors de tout système religieux toutes ses institutions, tout son droit politique et social, famille, patrie, propriété, souveraineté, si elle ne s’appuie que sur l’égale dignité des personnes humaines appelées aux mêmes droits et invitées à un respect réciproque, si elle se dirige sans aucune intervention dogmatique et surnaturelle, par les seules lumières de la conscience et de la science, si elle n’attend le progrès que du progrès de la conscience et de la science, c’est-à-dire d’une interprétation plus hardie du droit des personnes et d’une plus efficace domination de l’esprit sur la nature, j’ai bien le droit de dire qu’elle est foncièrement laïque, laïque dans son essence comme dans ses formes, dans son principe comme dans ses institutions, et dans sa morale comme dans son économie. Ou plutôt, j’ai le droit de répéter que démocratie et laïcité sont identiques. Mais, si laïcité et démocratie sont indivisibles, et si la démocratie ne peut réaliser son essence et remplir son office, qui est d’assurer l’égalité des droits, que dans la laïcité, par quelle contradiction mortelle, par quel abandon de son droit et de tout droit, la démocratie renoncerait-elle à faire pénétrer la laïcité dans l’éducation, c’est-à-dire dans l’institution la plus essentielle, dans celle qui domine toutes les autres, et en qui les autres prennent conscience d’elles-mêmes et de leur principe ? Comment la démocratie, qui fait circuler le principe de laïcité dans tout l’organisme politique et social, permettrait-elle au principe contraire de s’installer dans l’éducation, c’est-à-dire au cœur même de l’organisme ? Que les citoyens complètent, individuellement, par telle ou telle croyance, par tel ou tel acte rituel, les fonctions laïques, l’état civil, le mariage, les contrats, c’est leur droit, c’est le droit de la liberté. Qu’ils complètent de même, par un enseignement religieux et des pratiques religieuses, l’éducation laïque et sociale, c’est leur droit, c’est le droit de la liberté. Mais, de même qu’elle a constitué sur des bases laïques l’état civil, le mariage, la propriété, la souveraineté politique, c’est sur des bases laïques que la démocratie doit constituer l’éducation. La démocratie a le devoir d’éduquer l’enfance ; et l’enfance a le droit d’être éduquée selon les principes mêmes qui assureront plus tard la liberté de l’homme. Il n’appartient à personne, ou particulier, ou famille, ou congrégation, de s’interposer entre ce devoir de la nation et ce droit de l’enfant. Comment l’enfant pourra-t-il être préparé à exercer sans crainte les droits que la démocratie laïque reconnaît à l’homme si lui-même n’a pas été admis à exercer sous forme laïque le droit essentiel que lui reconnaît la loi, le droit à l’éducation ? Comment plus tard prendra-t-il au sérieux la distinction nécessaire entre l’ordre religieux qui ne relève que de la conscience individuelle, et l’ordre social et légal qui est essentiellement laïque, si lui-même, dans l’exercice du premier droit qui lui est reconnu et dans l’accomplissement du premier devoir qui lui est imposé par la loi, il est livré à une entreprise confessionnelle, trompé par la confusion de l’ordre religieux et de l’ordre légal ? Qui dit obligation, qui dit loi, dit nécessairement laïcité. Pas plus que le moine ou le prêtre ne sont admis à se substituer aux officiers de l’état civil dans la tenue des registres, dans la constatation sociale des mariages, pas plus qu’ils ne peuvent se substituer aux magistrats civils dans l’administration de la justice et l’application du Code, ils ne peuvent, dans l’accomplissement du devoir social d’éducation, se substituer aux délégués civils de la nation, représentants de la démocratie laïque. Voilà pourquoi, dès 1871, le parti républicain demandait indivisiblement la République et la laïcité de l’éducation. Voilà pourquoi, depuis trente-cinq ans, tout recul et toute somnolence de la République a été une diminution ou une langueur de la laïcité ; et tout progrès, tout réveil de la République, un progrès et un réveil de la laïcité. Je suis convaincu qu’à la longue, après bien des résistances et des anathèmes, cette laïcité complète, loyale, de tout l’enseignement sera acceptée par tous les citoyens comme ont été enfin acceptées par eux, après des résistances et des anathèmes dont le souvenir même s’est presque perdu, les autres institutions de laïcité, la laïcité légale de la naissance, de la famille, de la propriété, de la patrie, de la souveraineté.

La religion dans la société Mais pourquoi ceux qu’on appelle les croyants, ceux qui proposent à l’homme des fins mystérieuses et transcendantes, une fervente et éternelle vie dans la vérité et la lumière, pourquoi refuseraient-ils d’accepter jusque dans son fond cette civilisation moderne, qui est, par le droit proclamé de la personne humaine et par la foi en la science, l’affirmation souveraine de l’esprit ? Quelque divine que soit pour le croyant la religion qu’il professe, c’est dans une société naturelle et humaine qu’elle évolue. Cette force mystique ne sera qu’une force abstraite et vaine, sans prise et sans vertu, si elle n’est pas en communication avec la réalité sociale ; et ses espérances les plus hautaines se dessécheront si elles ne plongent point, par leur racine, dans cette réalité, si elles n’appellent point à elles toutes les sèves de la vie. Quand le christianisme s’est insinué d’abord et installé ensuite dans le monde antique, certes, il s’élevait avec passion contre le polythéisme païen et contre la fureur énorme des appétits débridés. Mais, quelque impérieux que fût son dogme, il ne pouvait pas répudier toute la vie de la pensée antique ; il était obligé de compter avec les philosophies et les systèmes, avec tout l’effort de sagesse et de raison, avec toute l’audace intelligente de l’hellénisme ; et, consciemment ou inconsciemment, il incorporait à sa doctrine la substance même de la libre-pensée des Grecs. Il ne recruta point ses adeptes par artifice, en les isolant, en les cloîtrant, sous une discipline confessionnelle. Il les prenait en pleine vie, en pleine pensée, en pleine nature, et il les captait, non par je ne sais quelle éducation automatique et exclusive, mais par une prodigieuse ivresse d’espoir qui transfigurait sans les abolir les énergies de leur âme inquiète. Et, plus tard, au XVIe siècle, quand des réformateurs chrétiens prétendirent régénérer le christianisme et briser, comme ils disaient, l’idolâtrie de l’Église, qui avait substitué l’adoration d’une hiérarchie humaine à l’adoration du Christ, est-ce qu’ils répudièrent l’esprit de science et de raison, qui se manifestait alors dans la Renaissance ? De la Réforme à la Renaissance, il y a certes bien des antagonismes et des contradictions. Les sévères réformateurs reprochaient aux humanistes, aux libres et flottants esprits de la Renaissance, leur demi - scepticisme et une sorte de frivolité. Ils leur faisaient grief, d’abord de ne lutter contre le papisme que par des ironies et des critiques légères, et de n’avoir point le courage de rompre révolutionnairement avec une institution ecclésiastique viciée que n’amenderaient point les railleries les plus aiguës. Ils leur faisaient grief ensuite de si bien se délecter et s’attarder à la beauté retrouvée des lettres antiques qu’ils retournaient presque au naturalisme païen, et qu’ils s’éblouissaient, en curieux et en artistes, d’une lumière qui aurait dû servir surtout, suivant la Réforme, au renouvellement de la vie religieuse et à l’épuration de la croyance chrétienne. Mais, malgré tout, malgré ces réserves et ces dissentiments, c’est l’esprit de la Renaissance que respiraient les réformateurs. C’étaient des humanistes, c’étaient des hellénistes, qui se passionnaient pour la Réforme ; il leur semblait que pendant les siècles du Moyen Âge, une même barbarie, faite d’ignorance et de superstition, avait obscurci la beauté du génie antique et la vérité de la religion chrétienne. Ils voulaient, en toutes choses divines et humaines, se débarrasser d’intermédiaires ignorants ou sordides, nettoyer de la rouille scolastique et ecclésiastique les effigies du génie humain et de la charité divine, répudier pour tous les livres, pour les livres de l’homme et pour les livres de Dieu, les commentaires frauduleux ou ignorés, retourner tout droit au texte d’Homère, de Platon et de Virgile, comme au texte de la Bible et de l’Évangile, et retrouver le chemin de toutes les sources, les sources sacrées de la beauté ancienne, les sources divines de l’espérance nouvelle, qui confondraient leur double vertu dans l’unité vivante de l’esprit renouvelé. Qu’est-ce à dire ? C’est que jusqu’ici, ni dans les premiers siècles, ni au seizième, ni dans la crise des origines, ni dans la crise de la Réforme, le christianisme, quelque transcendante que fût son affirmation, quelque puissance d’anathème que recelât sa doctrine contre la nature et la raison, n’a pu couper ses communications avec la vie, ni se refuser au mouvement des sèves, au libre et profond travail de l’esprit.

Conquêtes décisives Mais maintenant, pour le grand effort qui va de la Réforme à la Révolution, l’homme a fait deux conquêtes décisives : il a reconnu et affirmé le droit de la personne humaine, indépendant de toute croyance, supérieur à toute formule ; et il a organisé la science méthodique, expérimentale et inductive, qui tous les jours étend ses prises sur l’univers. Oui, le droit de la personne humaine à choisir et à affirmer librement sa croyance, quelle qu’elle soit, l’autonomie inviolable de la conscience et de l’esprit, et en même temps la puissance de la science organisée qui, par l’hypothèse vérifiée et vérifiable, par l’observation, l’expérimentation et le calcul, interroge la nature et nous transmet ses réponses, sans les mutiler ou les déformer à la convenance d’une autorité, d’un dogme ou d’un livre, voilà les deux nouveautés décisives qui résument toute la Révolution ; voilà les deux principes essentiels, voilà les deux forces du monde moderne. Ces principes sont si bien, aujourd’hui, la condition même, le fond et le ressort de la vie, qu’il n’y a pas une seule croyance qui puisse survivre si elle ne s’y accommode, ou si même elle ne s’en inspire. (...)

Les prolétaires et l’école laïque Et n’est-ce point pitié de voir les enfants d’un même peuple, de ce peuple ouvrier si souffrant encore et si opprimé et qui aurait besoin, pour sa libération entière, de grouper toutes ses énergies et toutes ses lumières, n’est-ce pas pitié de les voir divisés en deux systèmes d’enseignement comme entre deux camps ennemis (2) ? Et à quel moment se divisent-ils ? À quel moment des prolétaires refusent-ils leurs enfants à l’école laïque, à l’école de lumière et de raison ? C’est lorsque les plus vastes problèmes sollicitent l’effort ouvrier : réconcilier l’Europe avec elle-même, l’humanité avec elle-même, abolir la vieille barbarie des haines, des guerres, des grands meurtres collectifs, et, en même temps, préparer la fraternelle justice sociale, émanciper et organiser le travail (3). Ceux-là vont contre cette grande œuvre, ceux-là sont impies au droit humain et au progrès humain, qui se refusent à l’éducation de laïcité. Ouvriers de cette cité, ouvriers de la France républicaine, vous ne préparerez l’avenir, vous n’affranchirez votre classe que par l’école laïque, par l’école de la République et de la raison.


(1) Pierre-Paul Royer-Collard (1763-1845). Avocat révolutionnaire et professeur de philosophie, il anime pendant la Restauration le groupe des " doctrinaires " favorables à la monarchie constitutionnelle et qui représente un " centre " intellectuel et politique entre la gauche libérale et la droite ultra. 

(2) Jaurès reprend un argument classique déjà énoncé par Victor Hugo en 1850 lors de la discussion de la loi Falloux contre les dangers des " deux écoles ". Il l’applique plutôt au peuple qu’à la patrie, mais il semble bien qu’en 1904 l’horizon de sa pensée soit la mise en place d’un service unifié de l’enseignement public. Sans l’abandonner entièrement, il nuancera après 1905 sa position. 

(3) Une part des gauches gronde contre le Bloc des gauches accusé de délaisser les questions sociales au profit du seul anticléricalisme. C’est le cas de nombre de socialistes, y compris au sein du Parti socialiste français de Jaurès. Lui-même peut être d’autant plus pressé de conclure " la campagne laïque " par la laïcisation entière de l’enseignement et la séparation des Églises et de l’État que le début de la guerre russo-japonaise en janvier 1904 le convainc du risque aigu de guerre internationale.

Archives de L’humanité, 9 décembre 2005
http://www.humanite.presse.fr/journal/2005-12-09/2005-12-09-819809

 
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8 décembre 2012 6 08 /12 /décembre /2012 19:07

 

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8 décembre 2012 6 08 /12 /décembre /2012 18:50
Economistes à gages, Matignon fait le ménage
mercredi 21 novembre 2012

Moins d’un an après la parution de plusieurs enquêtes consacrées à la collusion entre économistes et institutions financières privées (1) — dont celle parue dans les colonnes du Monde diplomatique, et reprise dans un livre éponyme qui vient d’être publié (2) — Matignon a décidé de toiletter son Conseil d’analyse économique (CAE).


Créé en 1997 par Lionel Jospin et chargé d’« éclairer, par la confrontation des points de vue et des analyses, les choix du gouvernement », le CAE s’emploie à dessiner le « cercle de la raison » au sein duquel se discutent les orientations économiques de Paris. « Une pensée d’Etat, en quelque sorte, mais directement insufflée par le privé », écrivait Le Monde diplomatique en mars 2012. A l’époque, l’organisation comptait au nombre de ses vingt-huit membres : Patrick Artus (Natixis), Daniel Cohen (Lazard), Elie Cohen (PagesJaunes, EDF Energies nouvelles), Jean-Hervé Lorenzi (Compagnie Rothschild), Christian Saint-Etienne (Conseil stratégique européen), Jean-Paul Betbèze (chef économiste au Crédit agricole), Jacques Delpla (senior adviser pour BNP Paribas), Michel Didier (président de COE-Rexecode), Olivier Garnier (directeur adjoint de la Société générale), Michel Godet (administrateur de la société Bongrain et de l’Association d’assurés pour la retraite, l’épargne, la prévoyance et la santé [Agipi], un partenaire d’Axa), Mathilde Lemoine (directrice des études économiques et de la stratégie marchés à HSBC France) ou encore Philippe Trainar (économiste en chef à la SCOR, une société de réassurance).


Une page se tournerait-elle ? Le premier ministre Jean-Marc Ayrault a profité du renouvellement des mandats des membres du CAE et du départ de son président Christian de Boissieu (3) pour modifier la composition de l’organisation et en « réformer le fonctionnement ». Le décret du 5 novembre 2012 stipule que, dorénavant, « les membres et les correspondants [du CAE] sont des économistes professionnels choisis en raison de leurs compétences telles que reconnues notamment par les usages du monde universitaire. » Ils devront, par ailleurs, signer « une déclaration d’intérêts remise au président délégué », lequel la rendra publique. Autrement dit : Matignon se passera désormais des bons conseils des économistes de banque.


Après l’adoption de « chartes déontologiques » au sein de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), des écoles d’économie de Paris et Toulouse, des deux grandes associations françaises d’économistes, de l’Association des journalistes économiques et financiers (AJEF), le frisson éthique qui parcourt la profession — suffisamment puissant pour réveiller jusqu’au Cercle des économistes (4) —, vient d’atteindre l’Etat.


Du côté des médias ? Toujours rien. Le Monde, par exemple, n’envisage toujours pas de priver ses lecteurs des analyses d’Artus, chef économiste de la banque Natixis (cité huit fois au cours du seul mois d’octobre) ni estimer utile de leur préciser que Jean-Hervé Lorenzi n’est pas uniquement un universitaire qui préside le Cercle des économistes (puisqu’il siège aux conseils d’administration de PagesJaunes, d’Associés en finance, de l’Association française des opérateurs mobiles [AFOM], de BNP Paribas Assurance et qu’il est censeur d’Euler Hermes, membre des conseils de surveillance de la Compagnie financière Saint-Honoré, de BVA, du Groupe Ginger et conseiller du directoire de la Compagnie financière Edmond de Rothschild Banque). Un éditorial du quotidien du soir présentait pourtant récemment les analystes des institutions financières comme des « animaux versatiles »,« trop anxieux pour être sagace[s], trop pressé[s] pour être lucide[s] » (5).


(1) En particulier l’article de Jean Gadrey «  Les liaisons dangereuses  », Alternatives économiques (21 septembre 2009), le film «  Les Nouveaux chiens de garde  », de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat (Jem productions, 2012), les reportages de François Ruffin pour l’émission «  Là-bas si j’y suis  » (2 et 3 janvier 2012) et le livre de Laurent Mauduit, Les imposteurs de l’économie. Comment ils s’enrichissent et nous trompent, Jean-Claude Gawsewitch, 2012 (sans compter les premières Rencontres déconnomiques, à Aix-en-Provence, du 6 au 8 juillet 2012).

(2) Serge Halimi, Renaud Lambert et Frédéric Lordon, Economistes à gages, Les liens qui libèrent, 7,50 euros, en librairies et dans notre boutique en ligne.

(3) Lire Renaud Lambert, «  Une prédilection pour la saignée  », Le Monde diplomatique, mars 2012.

(4) Lire Renaud Lambert, «  Epoussetage  », Le Monde diplomatique, août 2012.

(5) «  Apple, un star boursière encore sous-évaluée  ?  », Le Monde, 21 août 2012.

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7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 19:51

le 5 Novembre 2012

Psychanalyse

La grande aventure de la cure par la parole, à partir du versant père-fille

Les Éditions Fayard ont publié récemment la correspondance entre Freud et sa fille Anna. Environ 300 lettres jusqu’alors inédites, qui témoignent de ce que la psychanalyse, comme l’explique ci-dessous Roland Gori, est aussi une « affaire personnelle ».


Sigmund Freud et Anna Freud, 
Correspondance 1904-1938, édition établie et postfacée par Ingeborg Meyer-Palmedo, 
préface d’Élisabeth Roudinesco, traduit de l’allemand 
par Olivier Mannoni, Fayard, 2012. 35 euros. Du télégramme anodin aux lettres les plus circonstanciées, c’est d’abord un morceau de vie d’une famille viennoise au début du siècle dernier que les Éditions Fayard nous donnent à découvrir. Une famille pas des plus anodines, évidemment, puisqu’il s’agit des Freud, juifs laïques de la classe moyenne, dont le père, Sigmund, fomente une « révolution de l’intime », selon la belle formule proposée par Élisabeth Roudinesco, en préface de l’ouvrage, pour désigner l’aventure de la psychanalyse. Quand la correspondance débute en 1904, Anna, dernière-née d’une famille de six enfants, n’a que neuf ans. Quand elle s’achève, en 1938, l’Allemagne nazie envahit l’Autriche, poussant les Freud à un exil londonien (Anna Freud fut elle-même arrêtée par la Gestapo puis relâchée). Entre ces deux dates, il se passe énormément de choses, et notamment la création, en 1910, de l’Association internationale de psychanalyse (IPA), le passage de Freud de la première topique (inconscient/pré-conscient-conscient) à la seconde (ça/moi/surmoi) avec, en 1920, Au-delà du principe de plaisir, puis, en 1923, le Moi et le Ça… Mais ce ne sont pas là, bien sûr, les sujets abordés dans cette correspondance personnelle entre un père et sa fille. Il y est plutôt question des rêves et des tourments de la jeune Anna, de sa jalousie envers sa sœur Sophie, de la découverte à demi-mot de son homosexualité (qu’elle refusera toujours d’admettre). Se dévoile aussi un père inquiet des attirances de sa fille, mais qui jamais, à la différence de celle-ci, n’assimilera l’homosexualité à une maladie. Entre 1918 et 1924, Freud prend à deux reprises Anna en analyse. Plus tard, père protecteur s’il en est, il l’aide à obtenir des traductions dans la maison d’édition psychanalytique, 
le Verlag. Celle qui s’intéresse aux caractères respectifs 
de ses neveux Ernstl et Heinz, comme en témoignent certains de ses courriers de l’année 1922, fondera bientôt des institutions pour enfants en difficulté et s’affrontera à l’autre grande femme de la psychanalyse, Mélanie Klein, sur les conditions 
de la psychanalyse des enfants. S’il est un apport théorique de cette riche correspondance, c’est d’attirer notre attention sur le fait que la psychanalyse n’est jamais aussi créative que lorsqu’elle s’élabore en lien avec la vie, hors de tout repli dogmatique et de toute instrumentalisation. C’est ce que nous invite aussi à méditer le psychanalyste et co-initiateur de l’Appel 
des appels Roland Gori.

Roland Gori.  « Il s’agit là d’un témoignage exceptionnel » 

La parution de la correspondance entre Anna Freud et son père était-elle particulièrement attendue par la communauté des analystes  ?

 

Roland Gori  : Cette correspondance est susceptible d’intéresser bien au-delà de la communauté des analystes. Elle s’adresse à ce que nous pourrions appeler l’opinion éclairée. La correspondance de Freud avec sa fille Anna ne traite pas seulement de psychanalyse. Elle constitue une sorte de rhizome où s’enchevêtrent les racines de l’histoire de la psychanalyse, celles d’une relation exceptionnelle d’une fille avec son père et ses disciples, mais aussi celles de la «  grande Histoire  ». Ce dernier aspect n’est pas négligeable. Les historiens disposent là d’un document précieux sur la vie d’une famille viennoise de la classe moyenne, juive laïque pendant les premières décennies du XXème siècle. Un autre intérêt de cette correspondance, comme d’autres précédemment publiées (celle entre Freud et Ferenczi, notamment), est de nous montrer que les concepts psychanalytiques ne sont jamais élaborés dans l’éther pur de la théorie et de la pratique. Ils émergent dans une surdétermination où se mêlent les logiques des pratiques thérapeutiques, de la réflexion théorique, du contexte culturel, mais aussi des diverses relations transférentielles, passionnelles et affectives. Entre Freud et ses disciples, la psychanalyse n’est pas qu’un domaine scientifique, c’est aussi «une affaire personnelle  ». En se spécialisant dans l’éducation psychanalytique des enfants, Anna a certainement trouvé la voie pour donner des enfants à son père…

 

Qu’un père prenne sa fille en analyse nous paraîtrait aujourd’hui tout à fait incongru… Etait-ce une pratique courante au début du 20ème siècle  ?

 

Roland Gori  : En tant que tel, c’est un cas exceptionnel. Mais à cette époque, il y avait une grande porosité entre la psychanalyse et la vie quotidienne. Dès lors, il n’est pas rare que l’on s’analyse mutuellement entre amis ou connaissances. Ferenczi a «  psychanalysé  » son commandant lors de balades à cheval, il a pris aussi la fille de sa maîtresse en analyse et a eu avec elle une relation amoureuse. Il a aussi tenu absolument à être analysé par Freud qui se montrait réticent à cette aventure. C’est un moment où la psychanalyse s’invente et se cherche, non sans risques. Les psychanalystes, Freud le premier, se sont trouvés dans la situation des physiciens, telle Marie Curie, qui a été irradiée par le radium qu’elle découvrait. Freud disait  : «  Nous risquons d’être roussis au feu du transfert  ». Ils s’y sont parfois  «  cramés  ». Cela contraste avec la conception technique de la psychanalyse, qui tend à dominer aujourd’hui. Le moment de la découverte, avec ses tâtonnements et ses expériences foisonnantes, comporte des risques mais détient aussi une formidable créativité. A ce titre aussi, cette Correspondance est un témoignage exceptionnel.

 

Pouvez-vous donner des exemples de cette créativité perdue  ?

 

Roland Gori  : Les concepts inventés en psychanalyse obéissent à une double logique. Il y a une logique de validité de la connaissance en lien avec l’expérience théorico-pratique. Et puis, il y en a une autre qu’on peut dire «  subjective  ». Prenons le débat Freud – Ferenczi sur l’importance du trauma dans la fabrique des symptômes. La découverte de Freud est que les symptômes proviennent de la réalité fantasmatique, psychique, du patient et non de la réalité de son histoire ; sans renier cette découverte, Ferenczi montre qu’une part de la réalité participe à fabriquer le symptôme. L’hypocrisie des parents, la violence symbolique de l’environnement, l’hypocrisie professionnelle du psychanalyste, peuvent jouer un rôle traumatique dans la création des névroses.  Cette importance du trauma dans la pratique et la théorie de Ferenczi proviennent bien évidemment de son expérience clinique. Et dans la relation avec Freud, elle prend un sens  : en plaçant entre Freud et lui le trauma, Ferenczi révèle une ambivalence que Freud ne manque pas d’analyser. Les transferts participent aux innovations théoriques et pratiques inévitablement. Comment ne pas percevoir dans les débats qui opposèrent Anna Freud et Mélanie Klein sur la place des parents dans l’analyse des jeunes enfants les tourments et les satisfactions de leur histoire personnelle  ? Il n’est pas sans importance que ce soit Anna Freud, dont l’analyste était le père, qui défende précisément l’idée qu’on ne peut psychanalyser les jeunes enfants qu’en associant leurs parents.

 

Anna Freud est passée à la postérité comme une «  gardienne du temple  », qui aurait rigidifié l’héritage de son père. Pourtant, si l’on vous suit, elle a forgé sa propre démarche à partir du dialogue avec son père, lequel pratiquait et pensait la psychanalyse en rapport constant avec la vie courante et son lot d’imprévus… N’y a-t-il pas là une certaine ambiguïté  ?

 

Roland Gori  : Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que la psychanalyse n’a pas pour objet de rendre les analystes meilleurs, plus intelligents, etc. Il s’agit d’une méthode mise en acte dans une pratique clinique qui permet parfois une émancipation,  jamais acquise une fois pour toutes. C’est une bévue de croire que l’on est psychanalyste à plein temps, à vie, et que l’on est  à jamais émancipé. Une telle illusion et une telle idéologie sont d’autant plus aliénantes qu’elles se prévalent de la liberté et du désir. Les institutions psychanalytiques ont montré que le traitement politique qu’elles font des passions qui les traversent constitue leur impensé.

 

L’un des enjeux de cette correspondance entre Freud et sa fille Anna, c’est la question de l’homosexualité. Or il se trouve qu’aujourd’hui, la psychanalyse est interrogée dans les débats de société autour du mariage pour tous et de l’homoparentalité. Cette correspondance entre Freud et Anna est-elle de nature à nous éclairer sur les divisions actuelles de la communauté psychanalytique sur ces questions  ?

 

Roland Gori  : Contrairement à un préjugé tenace, Freud ne condamnait pas l’homosexualité. Même si, dans cette correspondance, on pressent qu’il ne reconnaît pas celle d’Anna et la voue davantage  au modèle traditionnel de la famille qui domine à l’époque. C’est un père à la fois soucieux de l’avenir de ses enfants, aimant et compréhensif, prodiguant aides, conseils et mises en garde, mais plutôt respectueux de leurs choix. Il faut replacer les choses dans leur contexte. La famille est un mot qui recouvre une réalité en perpétuelle évolution dans l’histoire, dont la signification change au fur et à mesure que les mœurs évoluent. Un même mot n’est pas un même concept. Il en va ainsi du mot «  homosexualité  » dont la définition psychanalytique n’a rien à voir avec la signification courante. Freud disait que «  nul ne peut être tenu pour homosexuel en fonction de son choix d’objet  ». Autrement dit, un Don Juan peut très bien être dans une position psychique homosexuelle malgré ses conquêtes féminines si son désir est orienté vers les rivaux ou la statue du commandeur. Pour la psychanalyse, ce n’est pas le comportement sexuel qui compte, mais la position psychique. Alors inutile de chercher dans la psychanalyse un guide des bonnes mœurs. Je le répète  : il faut cesser d’instrumentaliser la psychanalyse pour promouvoir une idéologie ou façonner une morale, du type pour ou contre le mariage gay, pour ou contre l’homoparentalité. De mon point de vue ce n’est pas aux psychanalystes  de délivrer des prescriptions morales ou sociales, d’édicter des normes de comportement. Les psychanalystes qui s’aventurent sur cette voie se leurrent en favorisant une servitude volontaire dont la psychanalyse est censée nous aider à nous émanciper. C’est en tant que citoyen que le psychanalyste peut participer à un débat de société, non en tant qu’expert.

Laurent Etre

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13 novembre 2012 2 13 /11 /novembre /2012 21:31

Victor-Hugo.jpgCouvre  feu contre la misère !

«Je  ne suis pas, Messieurs, de ceux qui croient qu'on peut supprimer la souffrance  en ce monde, la souffrance est une loi divine, mais je suis de ceux qui pensent  et qui affirment qu'on peut détruire la  misère. Remarquez-le bien, Messieurs, je ne dis pas diminuer,  amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. La misère est une maladie du  corps social comme la lèpre était une maladie du corps humain ; la misère peut disparaître  comme la lèpre a disparu. Détruire la misère ! Oui, cela est possible !  Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en  pareille matière, tant que le possible n'est pas le fait, le devoir n'est pas  rempli.

La misère, Messieurs, j'aborde ici le vif de la question,  voulez-vous savoir où elle en est, la misère ? Voulez-vous savoir jusqu'où elle  peut aller, jusqu'où elle va, je ne dis pas en Irlande, je ne dis pas au moyen-âge, je dis en France, je dis à Paris, et au temps où  nous vivons ? Voulez-vous des faits ?

Mon Dieu, je n'hésite pas à les citer,  ces faits. Ils sont tristes, mais nécessaires à révéler ; et tenez, s'il faut  dire toute ma pensée, je voudrais qu'il sortît de cette assemblée, et au besoin  j'en ferai la proposition formelle, une grande et solennelle enquête sur la  situation vraie des classes laborieuses et souffrantes en France. Je voudrais  que tous les faits éclatassent au grand jour. Comment veut-on guérir le mal si l'on ne sonde pas les plaies ?

Voici donc ces faits :

Il y a dans Paris,  dans ces faubourgs de Paris que le vent de l'émeute soulevait naguère si  aisément, il y a des rues, des maisons, des cloaques, où des familles, des  familles entières, vivent pêle-mêle, hommes, femmes, jeunes filles, enfants,  n'ayant pour lits, n'ayant pour couvertures, j'ai presque dit pour vêtements, que des monceaux infects de chiffons en fermentation, ramassés dans la fange du  coin des bornes, espèce de fumier des villes, où des créatures humaines s'enfouissent toutes vivantes pour échapper au froid de l'hiver. Voilà un  fait. En voici d'autres : Ces jours derniers, un homme, mon Dieu, un malheureux  homme de lettres, car la misère n'épargne pas plus les professions libérales que les professions manuelles, un malheureux homme est mort de faim, mort de faim à  la lettre, et l'on a constaté après sa mort qu'il n'avait pas mangé depuis six  jours. Voulez-vous quelque chose de plus douloureux encore ? Le mois passé, pendant la recrudescence du choléra, on a trouvé une mère et ses quatre enfants  qui cherchaient leur nourriture dans les débris immondes et pestilentiels des charniers de Montfaucon!

Eh bien, messieurs, je dis que ce sont là des choses qui ne doivent pas être ; je dis que la société doit dépenser toute sa  force, toute sa sollicitude, toute son intelligence, toute sa volonté, pour que de telles choses ne soient pas ! Je dis que de tels faits, dans un pays civilisé, engagent la conscience de la société toute entière ; que  je m'en sens, moi qui parle, complice et solidaire, et que de tels faits ne sont  pas seulement des torts envers l'homme, que ce sont des crimes envers Dieu !

Voilà pourquoi je suis pénétré, voilà pourquoi je voudrais pénétrer tous ceux qui m'écoutent de la haute importance de la proposition qui vous est soumise. Ce n'est qu'un premier pas, mais il est décisif. Je voudrais que cette assemblée, majorité et minorité, n'importe, je ne connais pas, moi de majorité et de minorité en de telles questions ; je voudrais que cette

assemblée n'eût  qu'une seule âme pour marcher à ce grand but, à ce but magnifique, à ce but sublime, l'abolition de la misère!

Et, messieurs, je ne m'adresse pas seulement à votre générosité, je m'adresse à ce qu'il y a de plus sérieux dans le sentiment politique d'une assemblée de législateurs ! Et à ce sujet, un dernier mot : je terminerai là.

Messieurs, comme je vous le disais tout à l'heure, vous venez  avec le concours de la garde nationale, de l'armée et de toutes les forces vives du pays, vous venez de raffermir l'Etat ébranlé encore une fois. Vous n'avez  reculé devant aucun péril, vous n'avez hésité devant aucun devoir. Vous avez  sauvé la société régulière, le gouvernement légal, les institutions, la paix publique, la civilisation même. Vous avez fait une chose considérable... Eh bien ! Vous n'avez rien fait !

Vous n'avez rien fait, j'insiste sur ce point, tant que l'ordre matériel raffermi n'a point pour base l'ordre moral consolidé ! Vous  n'avez rien fait tant que le peuple souffre ! Vous n'avez rien fait tant qu'il y  a au-dessous de vous une partie du peuple qui désespère ! Vous n'avez rien fait,  tant que ceux qui sont dans la force de l'âge et qui travaillent peuvent être sans pain ! tant que ceux qui sont vieux et ont  travaillé peuvent être sans asile ! tant que l'usure dévore nos campagnes, tant qu'on meurt de faim dans nos villes tant qu'il n'y a pas des lois fraternelles, des lois évangéliques qui viennent de toutes parts en aide aux pauvres familles honnêtes, aux bons paysans, aux bons ouvriers, aux gens de cœur ! Vous n'avez  rien fait, tant que l'esprit de révolution a pour auxiliaire la souffrance publique ! Vous n'avez rien fait, rien fait, tant que dans cette œuvre de destruction et de ténèbres, qui se continue souterrainement, l'homme méchant a pour collaborateur fatal l'homme malheureux!»

Victor  Hugo

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12 novembre 2012 1 12 /11 /novembre /2012 23:03

 

Vous avez dit "baisser les charges" ?

Les discussions autour du rapport de M. Louis Gallois sur la compétitivité des entreprises françaises mettent l’accent sur la réduction des « charges ». Elles alimentent un débat biaisé. Patronat et gouvernement agissent en effet comme si les cotisations sociales — le vrai nom desdites « charges » — étaient un prélèvement indu qui handicape le développement économique. Or les cotisations constituent d’abord une part du salaire.

par Christine Jakse, novembre 2012
Aperçu

« Nous ne pouvons pas continuellement avoir des charges sociales qui pèsent sur le travail. » Cette conviction exprimée par le ministre socialiste de l’économie et des finances, M. Pierre Moscovici (Le Monde, 17 juillet 2012), compte au nombre des idées ayant survécu sans encombre à l’alternance politique du printemps dernier.


Baisser le « coût du travail » en réduisant les « charges » à travers une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) « sociale » : telle était aussi la promesse du candidat de la droite, M. Nicolas Sarkozy. Cet objectif figure également en bonne place sur la liste des conditions énoncées par le Cercle de l’industrie, une association de dirigeants d’entreprise, pour « rebâtir notre industrie » : « En France, affirme-t-il, la part prise sur les charges patronales pour financer la protection sociale est élevée, alors que le consommateur est relativement peu taxé. Un transfert massif des cotisations patronales vers une autre assiette fiscale permettrait à la France de converger avec l’Allemagne et de sortir de cette situation sans issue en initiant le choc de compétitivité attendu. »


« Coût du travail » au lieu de « salaires » ; « charges » au lieu de « cotisations » : trente années de convergence politique entre la droite et la gauche de gouvernement ont banalisé ces expressions, la vision du monde qu’elles véhiculent, les conséquences sociales qu’elles induisent. Cette métamorphose du langage n’est pas anodine. Aussi sûrement qu’un coût appelle une réduction, la charge qui « pèse » (sur le travail), « écrase » (les chefs d’entreprise) et « étouffe » (la création) suggère l’allégement ou, mieux encore, l’exonération.


Ces associations verbales et mentales, élevées par les médias au rang d’évidences, ont accompagné l’accomplissement d’un dessein poursuivi par tous les gouvernements successifs : baisser les salaires au nom de l’emploi.


Car la cotisation — réduite pour favoriser l’embauche de travailleurs peu payés, de jeunes ou de chômeurs, supprimée pour les autoentrepreneurs ou pour les (...)

Taille de l’article complet : 2 720 mots.

Retrouvez la version intégrale de cet article dans Le Monde diplomatique de novembre 2012, actuellement en kiosques, et dans l’édition électronique.

 

Christine Jakse

Sociologue. Auteure de L’Enjeu de la cotisation sociale, Editions du Croquant, Bellecombe-en-Bauges, 2012, et membre du réseau d’éducation populaire Réseau salariat.
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11 novembre 2012 7 11 /11 /novembre /2012 19:57

Jean Jaurès

Les responsables de la guerre

Discours prononcé à Lyon-Vaise le 25 juillet 1914

 

Citoyens,

Je veux vous dire ce soir que jamais nous n'avons été, que jamais depuis quarante ans l'Europe n'a été dans une situation plus menaçante et plus tragique que celle où nous sommes à l'heure où j'ai la responsabilité de vous adresser la parole. Ah ! citoyens, je ne veux pas forcer les couleurs sombres du tableau, je ne veux pas dire que la rupture diplomatique dont nous avons eu la nouvelle il y a une demi-heure, entre l'Autriche et la Serbie, signifie nécessairement qu'une guerre entre l'Autriche et la Serbie va éclater et je ne dis pas que si la guerre éclate entre la Serbie et l'Autriche le conflit s'étendra nécessairement au reste de l'Europe, mais je dis que nous avons contre nous, contre la paix, contre la vie des hommes à l'heure actuelle, des chances terribles et contre lesquelles il faudra que les prolétaires de l'Europe tentent les efforts de solidarité suprême qu'ils pourront tenter.

Citoyens, la note que l'Autriche a adressée à la Serbie est pleine de menaces et si l'Autriche envahit le territoire slave, si les Germains, si la race germanique d'Autriche fait violence à ces Serbes qui son une partie du monde slave et pour lesquels les Slaves de Russie éprouvent une sympathie profonde, il y a à craindre et à prévoir que la Russie entrera dans le conflit, et si la Russie intervient pour défendre la Serbie, l'Autriche ayant devant elle deux adversaires, la Serbie et la Russie, invoquera le traité d'alliance qui l'unit à l'Allemagne et l'Allemagne fait savoir qu'elle se solidarisera avec l'Autriche. Et si le conflit ne restait pas entre l'Autriche et la Serbie, si la Russie s'en mêlait, l'Autriche verrait l'Allemagne prendre place sur les champs de bataille à ses côtés. Mais alors, ce n'est plus seulement le traité d'alliance entre l'Autriche et l'Allemagne qui entre en jeu, c'est le traité secret mais dont on connaît les clauses essentielles, qui lie la Russie et la France et la Russie dira à la France : « J'ai contre moi deux adversaires, l'Allemagne et l'Autriche, j'ai le droit d'invoquer le traité qui nous lie, il faut que la France vienne prendre place à mes côtés. » A l'heure actuelle, nous sommes peut-être à la veille du jour où l'Autriche va se jeter sur les Serbes et alors l'Autriche et l'Allemagne se jetant sur les Serbes et les Russes, c'est l'Europe en feu, c'est le monde en feu.

Dans une heure aussi grave, aussi pleine de périls pour nous tous, pour toutes les patries, je ne veux pas m'attarder à chercher longuement les responsabilités. Nous avons les nôtres, Moutet l'a dit et j'atteste devant l'Histoire que nous les avions prévues, que nous les avions annoncées ; lorsque nous avons dit que pénétrer par la force, par les armes au Maroc, c'était ouvrir à l'Europe l'ère des ambitions, des convoitises et des conflits, on nous a dénoncés comme de mauvais Français et c'est nous qui avions le souci de la France.

Voilà, hélas ! notre part de responsabilités, et elle se précise, si vous voulez bien songer que c'est la question de la Bosnie-Herzégovine qui est l'occasion de la lutte entre l'Autriche et la Serbie et que nous, Français, quand l'Autriche annexait la Bosnie-Herzégovine, nous n'avions pas le droit ni le moyen de lui opposer la moindre remontrance, parce que nous étions engagés au Maroc et que nous avions besoin de nous faire pardonner notre propre péché en pardonnant les péchés des autres.

Et alors notre ministre des Affaires étrangères disait à l'Autriche :

« Nous vous passons la Bosnie-Herzégovine, à condition que vous nous passiez le Maroc » et nous promenions nos offres de pénitence de puissance en puissance, de nation en nation, et nous disions à l'Italie :

« Tu peux aller en Tripolitaine, puisque je suis au Maroc, tu peux voler à l'autre bout de la rue, puisque moi j'ai volé à l'extrémité. »

Chaque peuple paraît à travers les rues de l'Europe avec sa petite torche à la main et maintenant voilà l'incendie. Eh bien ! citoyens, nous avons notre part de responsabilité, mais elle ne cache pas la responsabilité des autres et nous avons le droit et le devoir de dénoncer, d'une part, la sournoiserie et la brutalité de la diplomatie allemande, et, d'autre part, la duplicité de la diplomatie russe. Les Russes qui vont peut-être prendre parti pour les Serbes contre l'Autriche et qui vont dire : « Mon coeur de grand peuple slave ne supporte pas qu'on fasse violence au petit peuple slave de Serbie. » Oui, mais qui est-ce qui a frappé la Serbie au coeur ? Quand la Russie est intervenue dans les Balkans, en 1877, et quand elle a créé une Bulgarie, soi-disant indépendante, avec la pensée de mettre la main sur elle, elle a dit à l'Autriche : « Laisse-moi faire et je te confierai l'administration de la Bosnie-Herzégovine. » L'administration, vous comprenez ce que cela veut dire, entre diplomates, et du jour où l'Autriche-Hongrie a reçu l'ordre d'administrer la Bosnie-Herzégovine, elle n'a eu qu'une pensée, c'est de l'administrer au mieux de ses intérêts.

Dans l'entrevue que le ministre des Affaires étrangères russe a eu avec le ministre des Affaires étrangères de l'Autriche, la Russie a dit à l'Autriche : « Je t'autoriserai à annexer la Bosnie-Herzégovine à condition que tu me permettes d'établir un débouché sur la mer Noire, à proximité de Constantinople. » M. d'Ærenthal a fait un signe que la Russie a interprété comme un oui, et elle a autorisé l'Autriche à prendre la Bosnie-Herzégovine, puis quand la Bosnie-Herzégovine est entrée dans les poches de l'Autriche, elle a dit à l'Autriche : « C'est mon tour pour la mer Noire. » - « Quoi ? Qu'est-ce que je vous ai dit ? Rien du tout ! », et depuis c'est la brouille avec la Russie et l'Autriche, entre M. Iswolsky, ministre des Affaires étrangères de la Russie, et M. d'Ærenthal, ministre des Affaires étrangères de l'Autriche ; mais la Russie avait été la complice de l'Autriche pour livrer les Slaves de Bosnie-Herzégovine à l'Autriche-Hongrie et pour blesser au coeur les Slaves de Serbie.

C'est ce qui l'engage dans les voies où elle est maintenant.

Si depuis trente ans, si depuis que l'Autriche a l'administration de la Bosnie-Herzégovine, elle avait fait du bien à ces peuples, il n'y aurait pas aujourd'hui de difficultés en Europe ; mais la cléricale Autriche tyrannisait la Bosnie-Herzégovine ; elle a voulu la convertir par force au catholicisme ; en la persécutant dans ses croyances, elle a soulevé le mécontentement de ces peuples.

La politique coloniale de la France, la politique sournoise de la Russie et la volonté brutale de l'Autriche ont contribué à créer l'état de choses horrible où nous sommes. L'Europe se débat comme dans un cauchemar.

Eh bien ! citoyens, dans l'obscurité qui nous environne, dans l'incertitude profonde où nous sommes de ce que sera demain, je ne veux prononcer aucune parole téméraire, j'espère encore malgré tout qu'en raison même de l'énormité du désastre dont nous sommes menacés, à la dernière minute, les gouvernements se ressaisiront et que nous n'aurons pas à frémir d'horreur à la pensée du cataclysme qu'entraînerait aujourd'hui pour les hommes une guerre européenne.

Vous avez vu la guerre des Balkans, une armée presque entière a succombé soit sur le champ de bataille, soit dans les lits d'hôpitaux, une armée est partie à un chiffre de trois cent mille hommes, elle laisse dans la terre des champs de bataille, dans les fossés des chemins ou dans les lits d'hôpitaux infectés par le typhus cent mille hommes sur trois cent mille.

Songez à ce que serait le désastre pour l'Europe : ce ne serait plus, comme dans les Balkans, une armée de trois cent mille hommes, mais quatre, cinq et six armées de deux millions d'hommes. Quel massacre, quelles ruines, quelle barbarie ! Et voilà pourquoi, quand la nuée de l'orage est déjà sur nous, voilà pourquoi je veux espérer encore que le crime ne sera pas consommé. Citoyens, si la tempête éclatait, tous, nous socialistes, nous aurons le souci de nous sauver le plus tôt possible du crime que les dirigeants auront commis et en attendant, s'il nous reste quelque chose, s'il nous reste quelques heures, nous redoublerons d'efforts pour prévenir la catastrophe. Déjà, dans le Vorwaerts, nos camarades socialistes d'Allemagne s'élèvent avec indignation contre la note de l'Autriche et je crois que notre bureau socialiste international est convoqué.

Quoi qu'il en soit, citoyens, et je dis ces choses avec une sorte de désespoir, il n'y a plus, au moment où nous sommes menacés de meurtre et de sauvagerie, qu'une chance pour le maintien de la paix et le salut de la civilisation, c'est que le prolétariat rassemble toutes ses forces qui comptent un grand nombre de frères, Français, Anglais, Allemands, Italiens, Russes et que nous demandions à ces milliers d'hommes de s'unir pour que le battement unanime de leurs coeurs écarte l'horrible cauchemar.

J'aurais honte de moi-même, citoyens, s'il y avait parmi vous un seul qui puisse croire que je cherche à tourner au profit d'une victoire électorale, si précieuse qu'elle puisse être, le drame des événements. Mais j'ai le droit de vous dire que c'est notre devoir à nous, à vous tous, de ne pas négliger une seule occasion de montrer que vous êtes avec ce parti socialiste international qui représente à cette heure, sous l'orage, la seule promesse d'une possibilité de paix ou d'un rétablissement de la paix.

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9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 21:33

Médias - le 9 Novembre 2012

Documentaire

 

Ce soir à la télé. La chaîne LCP-Assemblée nationale diffuse à 20h30, le Populisme au féminin, un reportage réalisé par Hanna Ladoul, Matthieu Cabanes et Marco La Via. 
Un tour d’Europe des partis d’extrême droite et des femmes qui les dirigent. Instructif.


Le Populisme au féminin, sur LCP-Assemblée nationale. 20 h 30.

Elles sont blondes. Elles sont blanches. Elles sont d’extrême droite. À l’instar de Marine Le Pen en France, plusieurs pays d’Europe ont mis des femmes à la tête de leur droite extrême. Hanna Ladoul, Matthieu Cabanes et Marco La Via ont vingt et un ans. Étudiants en journalisme, ils ont décidé de parcourir l’Europe avec une seule question en tête : à quoi ressemble ce populisme au féminin ?


En Hongrie, ils vont à la rencontre de Krisztina Morvai, députée européenne et figure de proue du mouvement d’extrême droite Jobbik. En Norvège, ils croisent la route de Siv Jensen, présidente du Parti du progrès, longtemps premier parti d’opposition, et au Danemark, celle de Pia Kjaersgaard, de l’organisation nationaliste Dansk Folkeparti (Parti du peuple danois). En Suisse, ils s’entretiennent avec Céline Amaudruz, membre de l’Union démocratique du centre (UDC) pathétiquement célèbre, entre autres, pour ses campagnes d’affichage contre l’islam. Quant à la Belgique, Anke Van Dermeersch, ancienne Miss Belgique, siège au Sénat sous la bannière du parti flamand nationaliste Vlaams Belang. Ajoutons Marine Le Pen, et la liste est au complet. Toutes ces femmes, malgré bon nombre de divergences politiques, ont un point commun : elles servent à incarner ce nouveau visage de l’extrême droite, féminin donc préjugé moins violent, moins autoritaire, une extrême droite qu’on voudrait, en somme, nous faire croire « adoucie ». À la vérité, leurs prises de position ne diffèrent pas de celles de leurs leaders historiques. Elles sont juste emballées différemment. Et à la vieille rhétorique xénophobe, chauvine et rétrograde s’ajoute, entre autres, et c’est une constante en Europe, le martèlement d’un discours contre l’islam.


Avec ce documentaire, Hanna Ladoul, Matthieu 
Cabanes et Marco La Via pointent également une évolution dans la structure même de 
l’ultradroite qui gangrène 
l’Europe. Les dirigeants de tous ces partis ont troqué l’uniforme contre une paire de talons, et la base militante, elle, se féminise en même tant qu’elle se rajeunit. Un constat inquiétant pour les jeunes réalisateurs de ce documentaire. Eux qui votent pour la première fois, ils ont voulu, avec ce film, signer « un acte citoyen ». « Quand on a vingt ans aujourd’hui, l’avenir peut sembler terrifiant. Faire ce documentaire nous a mis face à une réalité encore plus terrifiante : le populisme… », expliquent-ils, en concluant sur une phrase de Barack Obama à propos de Sarah Palin : « Vous pouvez mettre du rouge à lèvre à un porc, ça reste un porc. »

  • Extrait.

 

 

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