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23 février 2010 2 23 /02 /février /2010 20:12

NIGER Démocratie et junte : une association qui détonne

 

Les militaires, à l’origine de la destitution, le 18 février, du président Mamadou Tandja, ont promis de rendre rapidement le pouvoir aux civils. Une belle promesse à laquelle beaucoup ont du mal à croire.

23.02.2010 | Séni Dabo | Le Pays

Le commandant Salou Djibo a été nommé président pour la "période de transition". Mais combien de temps durera-t-elle ?


Le commandant Salou Djibo a été nommé président pour la "période de transition". Mais combien de temps durera-t-elle ?
Avec le début de la démocratisation en Afrique, en 1990, et depuis le sommet de l’Union africaine (UA) d’Alger en 1999, il est difficile de prendre le pouvoir par la force dans un pays et de le garder indéfiniment. Les protestations et les menaces de sanctions de la fameuse communauté internationale contre les auteurs de coups d’Etat ou le pays dans lequel ils sont perpétrés contraignent les juntes à déterminer un calendrier à la fin duquel elles doivent remettre le pouvoir à des civils à l’issue d’élections libres et transparentes, auxquelles la plupart du temps elles ne peuvent prendre part à moins de démissionner de l’armée. Encore que cette participation soit de plus en plus rejetée par les politiciens de métier, qui voient mal des militaires, même en civil, leur faire concurrence.


C’est pourquoi aujourd’hui, dès les premiers moments d’un coup d’Etat, il est attendu de ceux qui en sont les auteurs de se déterminer sur leur rapport à long terme avec le pouvoir. Généralement, la déclaration que l’on entend est le désintérêt pour le pouvoir, même si souvent, par la suite, le langage et les attitudes changent.


La junte nigérienne, qui a renversé Mamadou Tandja le 18 février pour, dit-elle, restaurer la démocratie, devrait donc dire si elle entend garder longtemps le pouvoir ou si elle compte le remettre à brève échéance. Et c’est ce à quoi elle s’emploie depuis, tant face aux émissaires qui défilent à Niamey qu’à la presse. Le colonel Djibrilla Hima Hamidou, qui fait office de porte-parole du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD, dénomination de la junte), s’est prononcé sur les motivations du putsch et dit non seulement que les militaires remettraient le pouvoir aux civils au terme d’une période transitoire dont la durée sera déterminée en accord avec la classe politique, mais aussi qu’aucun d’eux ne se présenterait à l’élection présidentielle. C’est du déjà-entendu et c’est justement ce qui inquiète. Avant le commandant Salou Djibo, qui a été nommé président pour la “période de transition”, bon nombre d’auteurs de coups de force sur le continent ont tenu le même langage pour ne plus tenir parole ensuite. Le dernier exemple en date, qui conforte le doute, est celui de la Guinée, avec le capitaine Moussa Dadis Camara. Jurant ne pas être intéressé par le pouvoir, il s’est ravisé après les premiers moments de son putsch contre le cadavre de Lansana Conté, en décembre 2008
.


L’Histoire repassant souvent les mêmes plats, il n’est pas exclu que la junte nigérienne emboîte le pas à celle de la Guinée. Toutefois, la même histoire est faite de bons exemples de militaires arrivés au pouvoir par un coup d’Etat et qui l’ont remis après, sans chercher à s’y accrocher. L’exemple le plus édifiant est celui du Malien Amadou Toumani Touré (ATT), qui a renversé le général Moussa Traoré en 1991 et remis un an plus tard le pouvoir à un civil après une élection à laquelle il ne s’est pas porté candidat. Au Niger même, Daouda Malam Wanké a remis aux civils le pouvoir qu’il avait pris des mains d’Ibrahim Baré Maïnassara en 1999. Fort de ces exemples, on peut donner le bon Dieu sans confession à la nouvelle junte, avec la relative conviction qu’elle ne s’accrochera pas au pouvoir.


En tout état de cause, la junte donne un bon signal de sa volonté de ne pas se laisser griser par le pouvoir en se mettant à l’école d’ATT. Ses membres ne doivent pas attendre de ce dernier des conseils de sauvegarde du pouvoir d’Etat. Ils devraient donc se montrer de bons disciples, se comporter en personnes qui mettent toujours en avant l’intérêt du pays, ne cédant pas aux sirènes des courtisans qui peuvent les pousser dans un gouffre. En somme, s’ils se montrent dignes de leur mentor, les nouveaux maîtres de Niamey pourront tirer sans peine leur révérence après avoir élaboré de façon consensuelle les nouvelles règles du jeu démocratique. Ils auront alors dissipé la crainte légitime, la prudence de Sioux et la vigilance de douanier russe qui habitent pour le moment tout bon démocrate
.

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23 février 2010 2 23 /02 /février /2010 19:55
Propos recueillis par
Mehdi Sekkouri Alaoui

Interview.
Mohamed Bensaïd Aït Idder : “Le roi doit accepter la critique”


 
(TNIOUNI / NICHANE)

Égal à lui-même, le doyen de l’opposition, aujourd’hui à la retraite, nous commente l’actualité nationale. De l’affaire Belliraj à la “bougeotte” de Fouad Ali El Himma, en passant par le style Mohammed VI, rien n’échappe à l’œil critique d’un homme qui a côtoyé trois rois, et trois Maroc.


Depuis votre démission de la présidence du PSU (Parti socialiste unifié) en 2005, on n’entend presque plus parler de vous. Que devenez-vous ?
Je suis peut-être moins visible sur la scène publique, mais je peux vous assurer que je suis toujours très actif. Le militantisme, ça s’exerce

également loin des projecteurs. Actuellement, je suis engagé dans trois dossiers qui me tiennent vraiment à cœur. Dans la province de Chtouka Aït Baha, nous sommes en train de regrouper une cinquantaine d’associations en une fédération qui pourrait, à terme, faire beaucoup de bien à cette région. Je collabore aussi avec des centres de recherche sur des questions cruciales de notre histoire, comme la lutte pour l’indépendance ou la Guerre du Rif. Enfin, je consacre beaucoup de temps à l’écriture d’un livre sur l’Armée de libération nationale. Pour autant, je reste à la disposition du parti. Chaque fois qu’on a besoin de moi ou de mes conseils, je réponds présent.

Pourquoi vous êtes-vous alors retiré du parti ?

Je voulais disposer de plus de temps pour me consacrer pleinement aux activités que je viens de citer. En outre, il était tout à fait normal que je me retire pour céder la place aux jeunes, moi qui ai toujours appelé au renouvellement de la classe dirigeante du pays.

Justement, pensez-vous qu’il y a une relève capable de poursuivre votre combat ?
Je l’espère bien. Il n’y a pas que Bensaïd Aït Idder dans ce pays. À ma connaissance, nous sommes plus d'une trentaine de millions de Marocains à y vivre (Rires). Plus sérieusement, je pense que la génération actuelle a les compétences qu’il faut pour réussir : il me suffit de regarder mes enfants pour m’en convaincre. Malheureusement, elle doit également affronter énormément de difficultés pour y arriver. La conjoncture actuelle n’arrange pas vraiment les choses.

Comment expliquez-vous le faible score enregistré par le PSU aux dernières élections législatives ?
Vu le faible taux de participation lors de cette échéance, c’est l’ensemble de la classe politique, et pas seulement le PSU, qui a été sanctionné. Et c’est à mon avis quelque chose de normal : les électeurs n’ont plus confiance. Ils ont pris conscience que les élections sont devenues un véritable business, où l’on se porte candidat pour servir ses propres intérêts et ceux de ses proches, plutôt que ceux de la population. Pire encore : ce qui se passe au sein même du Parlement ne donne pas envie non plus de se rendre aux urnes. Les députés sont tout le temps absents et changent de parti comme de chemise. C’est un triste constat !

Les islamistes, eux, ne semblent pas très affectés par cette situation. Pourquoi, selon vous ?
En effet, contrairement aux autres formations politiques, ils continuent de gonfler leurs rangs, parce qu’ils sont les plus assidus et les plus présents sur le terrain. Il n’y a pas de secret, ils sont très actifs et proches de l’électorat, notamment à travers le tissu associatif. Ce qui est une stratégie judicieuse à mon sens. Il faudrait que les autres partis s’en inspirent et suivent cet exemple, parce qu'il n’y a pas dix mille manières de reconquérir l’électorat. Mais bon, il ne faut pas oublier qu’ils n’ont jamais été au pouvoir. Et cette virginité joue aussi en leur faveur.

Quel bilan faites-vous des huit ans de règne de Mohammed VI ?
Je reconnais qu'il y a une liberté relativement grande par rapport au passé. Dans le temps, il suffisait de parler du roi pour se retrouver derrière les barreaux. Mais malheureusement, malgré le discours progressiste de Mohammed VI, il n’y a pas eu d’avancées notables. Nous ne vivons toujours pas dans une démocratie, au vrai sens du terme. Les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire sont encore exclusivement entre les mains de la monarchie. Et puis, il y a cette sacralisation autour de sa personne qui date d’un autre âge. Le roi est un être humain comme les autres, qu’on doit certes respecter pour son rang de chef d’Etat, mais qui doit aussi accepter d’être critiqué, voire caricaturé… Sur le plan économique, le constat n'est pas plus réjouissant. Ces neuf dernières années, on a lancé une multitude de projets dont on ne voit toujours pas l'impact sur le quotidien des Marocains. La vie est de plus en plus chère, les salaires stagnent, les prix des logements ont atteint des sommets inimaginables. Tout cela n’augure rien de bon.

Êtes-vous confiant en l’avenir de ce pays ?
J’espère sincèrement me tromper, mais je pense que le Maroc est en danger.

Que pensez-vous du Mouvement pour tous les démocrates, récemment créé par Fouad Ali El Himma ?
Hassan II avait tenté une reconfiguration de la carte politique du pays à travers la création du FDIC (Front de défense des institutions constitutionnelles), via son homme de main, Réda Guedira. Aujourd’hui, j’ai l’impression que l’histoire se répète. Malheureusement, cette initiative n’apportera rien de bon à ce pays, bien au contraire. Elle ne fera que jeter davantage de discrédit sur le paysage politique. J’ajouterai que c’est même un sérieux danger pour l’option démocratique.

Pourtant, de nombreuses personnalités, notamment de gauche, ont décidé de le rejoindre…
Il y a quelques années, le Pouvoir a utilisé des hommes et des femmes de gauche pour instaurer un gouvernement d’alternance, puis pour tourner la page des années de plomb avec l’IER… Ce qui me fait dire que ce qui se passe aujourd’hui avec Fouad Ali El Himma n’a rien de nouveau. J’espère seulement que les recrues de M. El Himma garderont intactes leur indépendance. Ce n’est pas parce qu’on intègre ce genre d’institutions qu’on doit tourner le dos aux valeurs qu’on a toujours défendues.

Le PSU était proche du parti d’Al Badil Al Hadari. Quelle est votre réaction par rapport à l’arrestation de ses dirigeants ?
C’est totalement insensé. Surtout que les personnes en question sont très impliquées dans la vie politique marocaine et sont connues pour leur discours contre la violence et le terrorisme. On ne vient pas les arrêter comme ça, à cause d'une prétendue rencontre qui s'est tenue il y a plus d’une vingtaine d’années. Dans un pays démocratique, on ne se comporte pas ainsi. Il y a une justice qui doit faire son travail avant qu’on ne mette des personnes aux arrêts. En tout cas, tout cela prouve une chose : chez nous, les services de sécurité sont au-dessus des lois et notre justice ne fait qu’obéir aux ordres.

Avez-vous l’impression d’assister à un retour en arrière ?
En effet, il y a beaucoup de signes qui le laissent penser. La presse indépendante est malmenée par une justice pitoyable. Les citoyens qui tiennent à s’exprimer librement sont arrêtés et condamnés arbitrairement. Les enlèvements et la torture sont toujours pratiqués. Comme tout le monde peut le voir, la réalité que vivent les citoyens marocains est à mille lieues du discours progressiste et démocratique que prône Mohammed VI.

Avec le recul, que pensez-vous de son père ?
Hassan II était un grand homme d’Etat, avec des compétences et des aptitudes qui lui ont permis de passer à travers les grandes étapes qu’a connues le Maroc. Ce n’était pas du tout facile, mais il y est arrivé. Il a même réussi quelques coups de maître, comme la construction des barrages, ou, sur le plan international, son intervention dans le conflit israélo-arabe. Cependant, il a mené ce pays sur une voie peu judicieuse tant dans le domaine politique, qu'économique et social. Aujourd’hui encore, les Marocains continuent à payer le prix de ses erreurs.

Et si vous deviez comparer Hassan II et Mohammed VI ?
C’est un exercice difficile, surtout que le contexte n’est pas du tout le même. Mais je dirais qu’il y a un écart d’expérience considérable entre les deux. Je rappelle que Hassan II a commencé très jeune à s’impliquer dans la vie politique marocaine. D’ailleurs, il détenait le vrai pouvoir avant qu’il n'accède au trône. Et il a dû batailler et user très souvent de la force pour le sauvegarder. De son temps, les élections étaient totalement truquées, les opposants jetés en prison ou poussés vers l’exil. Mohammed VI, quant à lui, n’a même pas neuf ans de pouvoir au compteur. Il faut donc lui laisser le temps d'acquérir l’expérience de son père.

Vous ne regrettez pas d’avoir consacré toute votre vie au militantisme, alors que de nombreux compagnons d’armes se sont enrichis et vivent confortablement aujourd’hui ?
Pas le moins du monde. Encore tout jeune, je me suis battu pour l’indépendance de mon pays, et j’ai milité plus tard pour son développement et sa démocratisation, sans jamais rien demander en retour. J’habite peut-être aujourd’hui un modeste appartement et je suis loin d'être fortuné, mais jamais je ne me suis plaint de ma situation. Bien au contraire : j’en suis heureux. Parce que tout au long de mon engagement, j’ai pu garder intactes ma fierté et mon intégrité. Et ça, c’est plus important que tout.

 

 

 

 

Parcours. L’opposant des trois rois

Quand il vous accueille chez lui, avec une formidable humilité (“Voulez-vous que je vous prépare à manger, mon jeune ami ?”), on ne se doute pas que cet homme a livré, et sans doute largement gagné, tant de combats… Son premier combat, donc, Mohamed Bensaïd Aït Idder l’a mené contre le célèbre Pacha Glaoui, longtemps “seigneur” du Sud marocain. En réaction, il est assigné à résidence par le protectorat. L’enfant de Chtouka Aït Baha, né en 1925, études primaires et secondaires à l’école Moulay Youssef de Marrakech (il a fait ses classes avec un certain Abdellah Ibrahim) est passé par l’école de l’Istiqlal avant de devenir ensuite un des dirigeants de l’Armée de libération du sud qui “goûte”, en 1958, à la sanglante opération Ecouvillon menée par l’Espagne et la France, avec l’aide de la monarchie. Il est de la partie lors de la création de l’UNFP en 1959. Quatre ans plus tard, il est condamné à mort pour “complot contre la monarchie” et doit quitter le pays. Installé d’abord en Algérie, puis en France où il représente le mouvement marxiste-léniniste du 23 mars, il ne rentre au pays qu’en 1981 suite à une grâce royale. En 1983, il fonde l’OADP (Organisation de l’action démocratique et populaire) et arrive, un an plus tard, à se faire élire député de la région Chtouka Aït Baha. Un siège qu’il gardera jusqu’en 2007. Au sein de l’hémicycle, il fait plus d’une fois montre d’un courage exemplaire. En 1989, il est le seul à faire référence au bagne de Tazmamart. Il est également un des fondateurs de la Koutla qui va négocier au milieu des années 90 l’alternance avec un Hassan II, dont il a toujours refusé d’embrasser la main. Il est le seul, là encore, à avoir appelé à voter non au référendum de 1996 sur la Constitution. Mohamed Bensaïd Aït Idder a dirigé l’OADP puis la GSU (Fusion entre l’OADP et d’autres mouvements de gauche) jusqu’en 2005, date à laquelle il a dit vouloir “laisser la place aux jeunes”. Il garde aujourd’hui des fonctions strictement honoraires au sein du PSU, nouvelle appellation de la GSU.

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23 février 2010 2 23 /02 /février /2010 19:47

Mano Solo et Cabu chantent à Charlie Hebdo
envoyé par Les-Echappes. - Découvrez plus de vidéos créatives.

Mano est venu nous voir, avant de partir...
Pour Noël 2008, Charlie Hebdo enregistre dans ses locaux un CD "Charlie chante Noël". Cabu et son fils Mano Solo enregistrent ensemble La Java du Diable, de Charles Trenet. C'était il y a à peine plus d'un an. Hommage à Mano qui nous a bien fait rire.
Rush de l'enregistrement, avec Hervé Coury, voix off de Charb, rires de Patrick Pelloux.
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23 février 2010 2 23 /02 /février /2010 19:30

Les forçats de l'autoroute
envoyé par liberation. -

Les mouvements sociaux s'étendent, prennent de l'ampleur....on en parle peu ou alors c'est pour
essayer de désolidariser la population,
                                un mouvement social peut géner mais regardons ce qu'il permet de ne pas perdre et de gagner
           Et là tout le monde est concerné, grévistes et non grévistes....un peu
de solidarité !! c'est une des rares chose que personne ne pourra nous enlever!! (Martine Valla)
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23 février 2010 2 23 /02 /février /2010 19:24


dans le film diffusé en salles en 2007, les sans-papiers se
tiennent droit
face à la caméra et témoignent sous le regard de leurs camarades silencieux. D'un piquet à l'autre, les physionomies changent. Les Africains ne sont pas seuls, les Chinois se sont joints en masse à la grève. Et quand on quitte le site de l'Assemblée nationale, un rendez-vous s'ajoute pour le soir : des travailleurs kurdes veulent rejoindre le mouvement. La visite des piquets dessine un paysage de la France des grandes enseignes : Kentucky Fried Chicken, la tour Axa à la Défense, les chantiers Bouygues... Ceux-ci se sont défendus d'employer sciemment des travailleurs sans papiers, mais les cinéastes veulent dénoncer l'hypocrisie du système, les « sous-traitances en cascade » qui permettent aux entreprises de passer par des sociétés d'intérim dont certaines disparaissent après quelques mois d'existence, rendant les inspections et les poursuites délicates.

La radio annonce, ce matin-là, des températures polaires, le vent est cinglant, la journée sera l'une des plus froides de l'hiver. Un SMS, à 7 h 30, donne le lieu du rendez-vous, un café-tabac tout près de ­l'Assemblée nationale. A Paris, le collectif des ­cinéastes pour les sans-papiers (1) s'organise à la hâte. Trois ans après la campagne Laissez-les grandir ici, ils relancent le mouvement et réalisent, sur le vif, un film de trois minutes qui sera diffusé dans cinq cents salles, début mars, pour le dernier sprint avant les régionales. La décision a été prise, dans les derniers jours de janvier, lors d'un piquet de grève que la police menaçait d'évacuer. Depuis le 18 octobre dernier, six mille sans-­papiers ont cessé le travail pour en finir avec l'arbitraire des régularisations et obtenir « la reconnaissance de leurs droits de salariés, à commencer par le droit au séjour ». La grève est longue et pénible. On en parle peu. Dans la région parisienne, il y a une vingtaine de piquets de grève - sur des chantiers, dans des restaurants, des magasins - que les cinéastes vont visiter au pas de charge pour faire connaître les voix et les visages, la résistance, la colère, la détresse. Et le slogan du mouvement : « On bosse ici, on vit ici, on reste ici. »


Les cinéastes font répéter les phrases
et enfoncent le clou :
“Et si tu es malade ? - Fin de mission. -
Si tu as un accident de travail ? - Fin de mission.”

Comme en 2007, le film est réalisé à quelques mains et signé collectivement. Pour ne pas nuire à la dynamique du collectif (le who's who du cinéma français), les metteurs en scène refusent de parler en leur nom propre et avancent masqués. Ce jour-là, sur le pont de la Concorde, ils sont deux à diriger la manoeuvre (libre à vous d'imaginer : Amalric, Audiard, Belvaux, Cantet, Ferran, Zonca, ou bien d'autres). Le vent coupe les jambes. Face à l'Assemblée nationale, deux ouvriers qui ont travaillé à la restauration du monument parlent posément à la caméra. Ils connaissent leurs répliques par coeur, celles de la vie qu'ils mènent ici depuis plusieurs années. Le plus jeune des deux, un grutier, explique qu'on le paie au rabais puisqu'il est sans papiers et que s'il râle, c'est « fin de mission ». Les cinéastes font répéter les phrases et enfoncent le clou : « Et si tu es malade ? - Fin de mission. - Si tu as un accident de travail ? - Fin de mission. » Devant la caméra, les grévistes montrent leur carte d'entreprise, leurs bulletins de salaire, tous les papiers qui attestent d'une place dans la société. « Tu cotises, tu paies tes impôts, et qu'est-ce que tu obtiens en retour ? » Il gèle, les mains tremblent. « Rien. Il me manque un seul papier, la carte de séjour. »
Les cinéastes ont défini une charte de style : comme

Cap sur Nanterre où, après quelques détours à travers un dédale d'entrepôts, on finit par se poser dans un décor à couper le souffle. Au loin, les tours de la Défense se fondent dans un ciel de neige. Au premier plan, quinze travailleurs africains font cercle autour d'un brasero, cernés par un océan de gravats et de déchets. Le sol est dur et boueux. Ils vivent et dorment là, sur le site de la décharge où ils travaillent, depuis le début de la grève. Ils n'ont qu'une tente et pas de sani­taires. Juste une palissade derrière laquelle ils vont se laver. Les robinets sont gelés. Leur employeur leur a proposé un certificat d'embauche qui pourrait valoir droit à une carte de séjour, mais le but de la grève est d'obtenir une régularisation globale. Loin des autres, loin de tout, ils tiennent. « On n'a pas le choix », dit Mamadou Fofana, roulé dans une couverture.


La nuit, quand je revois mon parcours,

je ne peux m'empêcher de pleurer.
Je travaille, c'est humain, j'ai droit au respect.” Simbo
.


Ils restent stoïques dans le vent glacé, attendant leur tour de parole. De la patience, ils en ont en réserve. Amadou Touré est le premier. Il a préparé son speech. Il n'en restera que quelques secondes ou peut-être rien, mais c'est l'occasion, il se lance : « Merci d'être venus, dit-il. Trier les déchets, c'est dur, c'est un sale boulot. Il n'y a que les clandestins qui acceptent de le faire. Je suis là depuis 2002, je gagne 1 200 euros par mois et si je râle, je suis viré. Je n'ai pas droit à la carte Orange, pas droit à la gamelle, pas droit aux vacances. Je travaille, je paie des impôts depuis que je suis en France, je suis en grève pour être respecté de la même manière que ceux qui ont des papiers. » Il a apporté fiches de paie et feuilles d'impôt, il veut montrer que l'entreprise qui l'emploie a changé de raison sociale plusieurs fois pour brouiller les pistes. Il s'emmêle dans les chiffres et les papiers, ça l'agace, on lui fait recommencer : « J'ai les mains froides, j'arrive pas à tenir les papiers. »


Dans son dos, autour du feu
, les autres oscillent entre gravité et dis­sipation. Les Maliens chambrent les Mauritaniens. Simbo, un grand type en bonnet péruvien, K-Way et cravate flottante, fanfaronne et gonfle le torse : « On s'est préparés pour la grève, c'est un sport, une lutte. » Il abandonne son ton farceur quand la caméra tourne : « La lutte ici, c'est trop dur, il fait froid, les trains passent sans arrêt, les gens ne peuvent pas nous trouver, mais on ira jusqu'au bout. Je suis là depuis 2001 et, la nuit, quand je revois mon parcours, je ne peux m'empêcher de pleurer. Je travaille, c'est humain, j'ai droit au respect. »

Vers 17 heures, le jour descend, il faut se replier vers la tente et l'interminable ennui. Un contremaître se pointe, pense avoir affaire à des photographes : « Ces photos, c'est pour qui ? - Pour le magazine de la CGT - Ah, alors je vais m'abonner. » L'équipe de tournage part à la Défense où attendent des travailleurs de la tour AXA. Les paroles et les émotions se bousculent. Amadou Touré demande le micro. Il a une question à poser aux cinéastes : « Votre film, c'est pour qui ? Est-ce qu'on va le montrer à la préfecture ? »

Laurent Rigoulet (télérama)
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23 février 2010 2 23 /02 /février /2010 19:12
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Chronique classique : la soprano Karen Vourc'h chante Grieg, Silbelius et Debussy
Le 20 février 2010 à 10h00
Tags : musique classique     le classique, c’est fantastique

LE FIL MUSIQUE - Tout semble opposer l’univers scandinave de Grieg et de Sibelius, à celui fin de siècle et précieux du tandem Pierre Louÿs-Claude Debussy. Pourtant, en choisissant de les rapprocher dans le disque “Till Solveig” sélectionné par notre critique Gilles Macassar, Karen Vourc'h a vu juste : une même pudeur, une même nostalgie des paradis perdus les habitent

Till Solveig, Karen Vourc'h (soprano), Susan Manoff (piano), (Aparte/Harmonia Mundi).

Réalisation : Pierre Jabot


Till SOLVEIG
Oeuvres de Debussy, Grieg & Sibelius
Karen Vourc'h, soprano
(Révélation des Victoires de la Musique 2009)

Susan Manoff, piano

Ce programme est un agréable dépaysement. Il est l'occasion, d'apprécier la musicalité des langues scandinaves, Karen Vourc'h et Susan Manoff rendent justice à ces pièces en révélant leur potentiel dramatique et poétique

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23 février 2010 2 23 /02 /février /2010 14:06

Lundi 22 Février 2010

 

Faits et tendances [aucune]

 

Fins de droits : le patronat avance des propositions ne satisfaisant pas les syndicats, tous réclament une réunion avec le gouvernement


 Fins de droits : le patronat avance des propositions ne satisfaisant pas les syndicats, tous réclament une réunion avec le gouvernement

 

Au terme d'une matinée de négociation entre partenaires sociaux au Medef samedi, le patronat a proposé que l'Unedic participe à "un cofinancement exceptionnel, limité dans son montant et dans le temps" en faveur de chômeurs en fin de droits pour contribuer "au versement d'un revenu de remplacement dans le cadre d'actions de formation ou de contrats aidés". Le dispositif doit "être orienté en priorité vers les chômeurs de longue durée en fin de droits", a précisé le chef de file patronal, M. Benoît ROGER-VASSELIN (Medef).

 

Les syndicats se sont montrés opposés à ce que l'Unedic participe au financement de contrats aidés et à des mesures limitées aux chômeurs de longue durée, qui excluraient les jeunes et précaires, ainsi qu'à l'exonération de cotisations patronales pour l'embauche de chômeurs en fin de droits. Ils continuent à demander que l'Etat assouplisse les critères d'accès à l'ASS et au RSA pour que davantage de personnes bénéficient de ces minima. S'ils ont réaffirmé l'"urgence" du problème, les partenaires sociaux, divisés sur l'ampleur du nombre de demandeurs d'emploi en fin de droits à aider et sur les moyens notamment financiers de le résoudre, n'ont pas toujours débouché sur des propositions partagées.

 

En revanche, ils ont semblé tous d'accord pour réclamer une réunion avec le gouvernement sur les fins de droits, une fois achevées demain des réunions bilatérales de concertation avec le secrétariat d'Etat à l'Emploi. Cette réunion tripartite pourrait avoir lieu vendredi, à la place d'une nouvelle séance de négociation entre syndicats et patronat, désormais annulée. La majorité des syndicats a espéré que la prise en charge des demandeurs d'emploi en fin de droits serait réglée "en mars". Au sommet social, le 15 février, le chef de l'Etat Nicolas SARKOZY avait renvoyé la question des fins de droits à une concertation gouvernement-partenaires sociaux et a jugé possible "un financement commun" de mesures, se prononçant contre une "allocation d'assistance de plus" mais pour une "formation rémunérée".

 

M. ROGER-VASSELIN (Medef) a qualifié la rencontre de samedi d'une "réunion utile qui permet de préparer l'étape suivante" et s'est défendu de "jouer la montre". Si la CFDT a pointé des "avancées intéressantes" et si FO a trouvé que cela n'avait "pas été une réunion pour rien", la CGT et la CFTC, "déçues", ont déploré que la négociation n'ait "pas servi à grand chose". "Depuis plusieurs semaines, on tournait en rond, là on a un canevas. J'aurais préféré que les syndicats et le patronat s'entendent avant pour trouver des solutions", a commenté Mme Marie-Françoise LEFLON (CFE-CGC).

 

Pour M. Laurent BERGER (CFDT), "c'est maintenant à nous tous, partenaires sociaux et Etat, de construire ensemble des solutions. Si le gouvernement faisait une réunion la semaine prochaine sur les fins de droits, cela signifierait que l'urgence du problème est prise en compte". De son côté, M. Stéphane LARDY (FO) a souhaité "le 26 février, une réunion avec le gouvernement pour mettre tout sur la table et trouver des solutions", espérant que "le gouvernement affectera des crédits supplémentaires". Syndicats et patronat ont redemandé samedi une réunion avec la direction de Pôle emploi pour améliorer l'accompagnement et la formation des chômeurs en passe de perdre leurs droits, FO plaidant pour "des moyens supplémentaires".

 

 

 

 


 

 

Tous droits réservés : Correspondance Economique

 

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23 février 2010 2 23 /02 /février /2010 13:59

 

Lundi 22 Février 2010

 

usinenouvelle.com-info-web

 

Grève chez Total et pénurie de carburant : le mouvement s’étend

 

Face au spectre d'une pénurie de carburant, l'Elysée met la pression sur la direction de Total.


Sixième jour de grève dans les raffineries françaises. Les procédures d’arrêt d’installation des six usines Total arrivent à leur terme, a expliqué à l’Usine Nouvelle.com Charles Foulard, coordonnateur CGT pour le groupe Total. « On n’arrête pas une raffinerie, fonctionnant à 400°C ou 700°C, comme ça. Il faut réaliser un certain nombre de manœuvres, ce sont des outils qui valent des millions d’euros et comportent leurs contraintes. » Après l'achoppement des négociations syndicats-direction la veille, des assemblées générales ont eu lieu lundi dans plusieurs raffineries pour voter la reconduction de la grève. Chaises en plastique. « On délocalise les usines pour ne plus avoir chez nous, miser sur du low-cost social et environnemental dont on deviendra dépendant à l'étranger, mais on est bien content d'avoir des chaises en plastique et de rouler en voiture.

La direction a dilapidé 100 millions d'euros dans un grand arrêt de maintenance à Dunkerque qui ne débouchera sur aucun redémarrage! » s'indiqne auprès de l'Usine Nouvelle.com le délégué syndical. « En 2009, la demande de produits pétroliers n'a diminué que de 2,4% en France. Les fermetures impliqueraient, elles, une baisse de production de 12% ! En 2009 toujours, nous avons importé 6% de plus de produits raffinés, c'est dire si l'outil de raffinage ne correspond pas à la demande », a-t-il poursuivi.

Le ministre de l'Industrie Christian Estrosi a demandé au groupe pétrolier « de réunir à brève échéance son comité d'entreprise afin de clarifier sa position ». « Soit Total est en mesure d'apporter un projet précis et daté d'implantation de nouvelles activités, soit Total doit très rapidement redémarrer sa raffinerie de Dunkerque », arrêtée depuis septembre, a-t-il affirmé. L'ex-patron du groupe, et actuel président du conseil d'administration, Thierry Desmarest a ensuite été reçu à l'Elysée, le directeur général Christophe de Margerie étant en déplacement aux Etats-Unis. La direction s'est engagée à demander l'organisation d'une table-ronde le 4 mars sur « l'avenir du raffinage de Total en France », au cours de laquelle les « investissements à cinq ans pour chaque site seront présentés et discutés ».

Une autre table-ronde est proposée pour le deuxième trimestre pour examiner la question du raffinage au niveau national. Le DRH du groupe, François Viaud, avait répété dimanche l'engagement de ne procéder à aucun licenciement sur le site des Flandres. CCE avancé au 8 mars. Un porte-parole de Total a annoncé lundi que le comité central d'entreprise prévu le 29 mars était avancé au 8 mars pour répondre à l'une des principales revendications des salariés de la raffinerie des Flandres. Les grévistes de la raffinerie Total de Dunkerque ont néanmoins voté lundi après-midi la reconduction du mouvement. Le CCE, qui interviendra à trois jours du premier tour des élections régionales, abordera à l'ordre du jour « l'information-consultation sur le projet d'évolution de l'établissement des Flandres et l'évolution de la situation des sites du raffinage en France », selon Total. Pénurie : Loire-Atlantique et Rhône-Alpes les plus touchées « Nous ne connaissons pas le niveau des stocks dans toutes les régions, des dépôts indépendants et des cuves de grades surfaces existent sur le territoire. Néanmoins, des stations sont à sec en Loire Atlantique et en région Rhône-Alpes », indique à l’Usine Nouvelle.com Charles Foulard, coordonnateur CGT pour le groupe Total. Des stations-service ont fermé dans certaines villes, comme Toulouse et Rennes, provoquant des désagréments mais pas vraiment de problèmes majeurs d'approvisionnement pour les automobilistes à ce stade.

D'après Jean-Louis Schilansky, président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip), il reste « entre 7 et 10 jours » de stocks de carburant disponibles. La direction de Total a indiqué lundi que 132 stations-service Elf et Total sur 2.000 étaient à court de carburant, en plein chassé-croisé de vacances d'hiver, les conducteurs s'approvisionnant par précaution. « J'appelle l'ensemble des consommateurs à créer la pénurie, à aller faire le plein, pour éviter que ne dure trop la grève », a carrément lancé devant les salariés Marcel Croquefer, délégué CGT régional du pôle chimie devant les salariés de la raffinerie des Flandres, menacée de fermeture. Lire aussi : Grève chez Total : les raffineries s’arrêtent Raffinerie de Dunkerque (Total) : décision reportée à l'été


 

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23 février 2010 2 23 /02 /février /2010 13:55

Mardi 23 Février 2010

 

Industrie

 

Un conflit social qui embarrasse la majorité

 


Le gouvernement et l'UMP mettent la pression sur le groupe pétrolier pour sortir au plus vite d'une grève qui risque de faire des dégâts dans l'opinion avant les régionales.


A moins de trois semaines des élections régionales, la grève dans les raffineries de Total ne pouvait plus mal tomber pour le gouvernement. Non seulement parce qu'elle risque de se traduire par des pénuries de carburant en pleines vacances scolaires. Mais aussi parce qu'elle remet sur le devant de la scène médiatique les questions de la désindustrialisation, du chômage et plus globalement de la crise. Une problématique qui n'est évidemment pas très favorable à la majorité présidentielle avant un scrutin s'annonçant déjà difficile pour elle. Et que la gauche s'est empressée d'exploiter : « C'est le patron de Total et partant le gouvernement qui prennent la responsabilité de mettre la France en panne sèche, en ne prenant pas leurs responsabilités », a martelé dimanche le porte-parole du PS, Benoît Hamon, dans l'émission « 17 Heures politique » sur iTélé.

 

Positions volontaristes

Conscient des dégâts que pourrait causer cette affaire dans l'opinion, le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, se démène pour trouver une issue la plus rapide possible à ce conflit. Quitte à multiplier les déclarations un peu brouillonnes. Dimanche, ce proche du chef de l'Etat avait notamment demandé à Total de « garantir » la « non-fermeture » de la raffinerie de Dunkerque. Avant de faire machine arrière quelques heures plus tard, à la suite de son entretien avec le PDG de la compagnie, Christophe de Margerie, en se satisfaisant que « Total s'engage à tout faire pour maintenir une activité industrielle permettant au port de Dunkerque et à ses sous-traitants actuels de conserver leur niveau d'activité et d'emploi ».

 

L'UMP prend, elle aussi, des positions très volontaristes pour tenter de se sortir de ce « traquenard » politique. Au risque de se montrer plus proche des syndicats que de la direction du groupe pétrolier. Le porte-parole du parti, Frédéric Lefebvre, a estimé hier matin sur RTL qu'il fallait « dans les heures qui viennent des actes précis » de Total pour la reprise de l'activité sur le site de Dunkerque, jugeant que, dans ce conflit, « la CGT se bat pour l'emploi ». Des propos quelques peu inattendus dans sa bouche. « Notre seule préoccupation est la préservation de l'emploi », affirme Dominique Paillé, le porte-parole adjoint de l'UMP. Même si, pour cela, il ne faut pas se priver de montrer du doigt Total, une entreprise certes privée, mais plutôt mal aimée des Français depuis la catastrophe de l'« Erika » et l'annonce ces dernières années de bénéfices record. Le parti présidentiel y voit aussi probablement une manière de contribuer à la défense de l'industrie, érigée en priorité par le chef de l'Etat. Et de reconquérir un électorat ouvrier qui s'est détourné de lui, si l'on en croit les sondages.

 

 

 

 

 

S. D.


 

 

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23 février 2010 2 23 /02 /février /2010 13:47

Mardi 23 Février 2010

 

Social-Eco

 

Les personnels de l'aviation civile en grève

 

Ils s'alarment d'une intégration de la direction générale de l'aviation civile dans un organisme européen du trafic aérien qui pourrait conduire à son démantèlement.


Le gouvernement français veut-il démanteler la direction générale de l'aviation civile sous prétexte d'améliorer l'efficacité du contrôle aérien ? C'est ce que craignent quatre syndicats de la DGAC (CGC, CGT, FO, Unsa / Iessa) qui appellent à la grève à partir de demain et jusqu'à vendredi. La CFDT n'appelle à la grève que jeudi. Mi-janvier, une grève avait déjà perturbé pendant deux jours le trafic aérien.


La France projette de créer en 2012 une structure européenne de contrôle aérien avec la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, l'Allemagne et la Suisse, allant au-delà de la coopération actuelle, afin d'obtenir une plus grande efficacité. Le ciel européen possède 27 systèmes de contrôle aérien. La Commission souhaite une simplification alors que le trafic pourrait augmenter de 50 % dans les quinze prochaines années. Mais les syndicats redoutent des conséquences sociales pour les 4 400 aiguilleurs du ciel de la DGAC, qui emploie au total 12 000 fonctionnaires. Les discussions entre la DGAC et les organisations syndicales sur ce projet Fabec (Bloc d'espace fonctionnel d'Europe centrale) ont débuté cet automne. La CFDT demande « des choses plus concrètes ( ) car on en est réduit à des suppositions qui alimentent les craintes ». L'intersyndicale demande l'abandon du projet. Selon elle, « créer un organisme international conduira immanquablement à l'éclatement et au démantèlement de la DGAC ». Elle réclame aussi une hausse du nombre d'embauches prévues en 2010 et 2011, 190 départs en retraite ne devant pas être remplacés en 2010.


Le ministre des Transports, Dominique Bussereau, avait annoncé en janvier le retrait du projet de changement de statut de la DGAC en établissement public. La DGAC a aussi tenté de donner des gages aux syndicats début février, en assurant que la future structure européenne serait « bien un système public dirigé par les gouvernements », et que « les personnels français » en son sein seraient « bien fonctionnaires ».


Pour le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, « cette réforme brisera la chaîne de sécurité que constituent les services de la DGAC et créera un contexte défavorable pour le maintien et l'amélioration de la sécurité du transport aérien ». Dans une lettre la semaine dernière au premier ministre, il a demandé à François Fillon de « surseoir à ce projet de fusion » et « d'ouvrir de véritables négociations en prenant comme base le renforcement des coopérations entre les différents partenaires, avec comme objectif le renforcement de la sécurité ».

 

Lucy Bateman


 

 

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