Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 octobre 2011 7 09 /10 /octobre /2011 18:40
Edwin Zaccai présente, Florence Aubenas, "Le quai de Ouistreham", L'Olivier

Mot de l'éditeur :
• En immersion dans le pays profond, ou :J.F. cherche travail désespérément. Comment vit-on en France, aujourd’hui, quand on a un revenu inférieur au Smic – voire pas de revenu du tout ?Pour le savoir, Florence Aubenas quitte temporairement sa famille, ses amis et son emploi de grand reporter au Nouvel Observateur pour vivre pendant 6 mois dans la France de tout en bas. Embauchée d’abord comme femme de ménage dans une ville de province, cumulant les contrats précaires, elle plonge dans un autre monde. Un monde où le travail est rare et les nuits brèves, l’exploitation maximale et la solidarité minimale. Où les lieux de rencontre sont le Pôle emploi et l’hypermarché local. Entre colère et résignation, chacun lutte pour sa survie.Document exceptionnel sur des Français invisibles, ce livre est aussi une extraordinaire galerie de portraits, un récit où la condition humaine se dévoile dans toute sa nudité. Comme le classique Dans la dèche à Paris et à Londres (George Orwell), En France devrait faire date dans l’histoire du journalisme.

• Née en 1961, Florence Aubenas est journaliste. Elle a fait la plus grande partie de sa carrière à Libération, qu’elle a quitté lors du départ de Serge July. Après son retour de captivité en Irak, elle a publié La Méprise – L’affaire d’Outreau (Seuil, 2005). Elle a été nommée présidente de l’Observatoire international des prisons en juillet 20099

Partager cet article
Repost0
3 octobre 2011 1 03 /10 /octobre /2011 12:05

 

Une femme fuyant l'annonce

David Grossman

 

Une femme fuyant l'annonce

Descriptions du produit

Présentation de l'éditeur
Ora, une femme séparée depuis peu d’Ilan, son mari, quitte son foyer de Jérusalem et fuit la nouvelle inéluctable que lui dicte son instinct maternel : la mort de son second fils, Ofer, qui, sur le point de terminer son service militaire, s’est porté volontaire pour « une opération d'envergure » de 28 jours dans une ville palestinienne, nouvelle que lui apporteraient l’officier et les soldats affectés à cette terrible tâche. Mais s’il faut une personne pour délivrer un message, il en faut une pour le recevoir, pense Ora. Tant que les messagers de la mort ne la trouvent pas, son fils sera sauf. Aussi décide-telle, sans aucune logique, pour conjurer le sort, de s’absenter durant ces 28 jours en se coupant de tout moyen de communication qui pourrait lui apporter la terrible nouvelle. Ayant prévu une randonnée à travers le pays avec Ofer, elle part malgré tout. Au passage, elle arrache à sa torpeur Avram, son amour de jeunesse (le père d’Ofer ?) et l’emmène avec elle sur les routes de Galilée pour lui raconter leur fils. Elle espère maintenir en vie son enfant par la trame de mots qui dessinent sa vie depuis son premier souffle, et lui éviter ainsi le dernier. Le périple ici est l’occasion d’évoquer le passé : à mesure qu'Ora et Avram arpentent le pays à la beauté étonnante, se reconstitue le fil de la mémoire et des secrets qui enserrent les personnages. Ora, Ilan et Avram s’étaient liés, adolescents, pendant la guerre des Six Jours, dans un hôpital où ils étaient tous trois à l'isolement, alors que les combats faisaient rage à l’extérieur. C’est là que se sont noués les destins de chacun. Le stratagème de la mère réussira-t-il à préserver la vie du fils ? Quoi qu’il lui arrive, le récit le fait renaître avec une vigueur nouvelle.

Biographie de l'auteur
Né à Jérusalem en 1954 David Grossman est l'auteur réputé de nombreux romans abondamment primés. Il est aussi l'essayiste engagé de trois essais qui ont ébranlé l'opinion israélienne et internationale, notamment Le Vent jaune, qui a précédé la première Intifada. En 2010, il a reçu en Allemagne le Prix de la Paix des éditeurs et des libraires allemands. Il est Officier de l'Ordre des Arts et des lettres.


Détails sur le produit

  • Broché: 666 pages
  • Editeur : Seuil (18 août 2011)
  • Collection : CADRE VERT
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2021004627
  • ISBN-13: 978-2021004625
Partager cet article
Repost0
28 septembre 2011 3 28 /09 /septembre /2011 14:30
Peut-on jouir du capitalisme ? : Lacan avec Heidegger et Marx

Partout la qualité de vie prend la forme d'une quantité d'envies. Le nouveau monde oscille entre deux versants d'une même pièce de théâtre : côté cour, des passages à l'acte obscènes ; côté coulisses, un puritanisme coupable. Pouvons-nous nous comporter autrement que comme des machines à jouir détraquées, dont le courant alternatif oscillerait entre avidité et rétention, gaspillage et dette ?

 

Beaucoup se demandent pourquoi, une fois réunies les conditions imaginaires ou symboliques de la jouissance, c'est un réel vide ou perverti qui s'installe. C'est que la mécanique même de l'économie libidinale capitaliste repose sur l'angoisse sans cesse repoussée d'un désir dévoyé. Dans un monde globalement structuré par la plus-value, la jouissance prend la forme internationale du « plus-de-jouir ».

 

Faut-il pour autant renoncer à la joie de vivre et se réfugier dans le moralisme et l'austérité ? Lacan, Heidegger et Marx, articulés ensemble, permettent de dire comment une forme d'existence créative est encore possible. Une telle liberté est l'horizon de ce livre.

- 4e de couverture - (date de publication : 27 août 2009)

 

 

Auteur
Luis de Miranda
Edition Max Milo, Paris. Collection Essais & documents
Année
2009

 

Partager cet article
Repost0
21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 19:37
par Kaaw Touré, mercredi 21 septembre 2011, 13:21

FLAMNET-RÉTRO: Présence et culture des Nègres mauritaniens

 

Débat sur Jeune Afrique après l´arrestation des rédacteurs du manifeste du négro-mauritanien opprimé en septembre 1986  et cinglante réponse à une interview du colonel Ould Taya qui niait le racisme d´Etat en Mauritanie.  Lire l´analyse de notre doyen, ami et camarade Jean Pierre qui reste toujours d´actualité.

 

"Je refuse de diviser mon peuple en Blancs et Noirs, a dit le président mauritanien Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya à J.A (N°1350). Il n'y a pas de problème racial en Mauritanie. Le peuple est indivisible et ne sera jamais divisé. Depuis plus de deux mille ans, les communautés de ce pays ont vécu ensemble sans qu'il y ait la moindre relation d'appartenance à telle ou telle ethnie. Nous tous, sans exception, sommes unis par l'islam et la couleur de notre peau n'a aucune espèce d'importance". Cette déclaration m'a bouleversé parce qu'elle nie de manière péremptoire une réalité etnico-culturelle dont la présence remonte, sur cet espace négro africain appelé aujourd'hui, Mauritanie, à la préhistoire et se perpétue actuellement même. C'est la présence des populations nègres, reparties en ethnies vivantes - Peuls, Sarakholes, Mandingues, Wolofs- et s'efforçant d'assimiler, pour les digérer, les apports extérieurs berbères, arabes et autres. Une religion monothéiste venue du Nord, l'Islam , devenue la leur, ne modifie en rien cette réalité historique.

Lire la suite sur le site FLAMNET au lien:

www.flamnet.info

www.flamonline.com

Bonne lecture, la lutte continue!

 

Partager cet article
Repost0
20 septembre 2011 2 20 /09 /septembre /2011 16:43

 

Pour soutenir le réseau scientifique TERRA et les EDITIONS DU CROQUANT...
merci de commander cet ouvrage de préférence sur le site de la coopérative (l'envoi est gratuit)
, ici :
http://atheles.org/editionsducroquant/terra/enclavesnomades/index.html


Editions Du Croquant

Collection TERRA

Arnaud Lemarchand

Enclaves nomades

Habitat et travail mobiles

 

228 pages 14 x 20,5 18.50 euros

septembre 2011

Éditions du Croquant, Collection TERRA

ISBN : 978-2-914968-94-2

| Commander en ligne |


Présentation

Depuis la fin des années quatre-vingt en Europe : squats, foyers, tentes, caravanes, fourgons, etc. réapparaissent de plus en plus fréquemment. Or l’habitat précaire et mobile est une pratique de groupes professionnels : marchands et industriels forains, travailleurs des transports, salariés du bâtiment et de l’industrie, voire du secteur tertiaire… personnes sans-emploi. Ces formes de logements occupent des espaces reliés à des fonctions, elles ne sont pas « hors jeu ».

Ce monde du travail et de l’habitat mobile ou précaire permet de saisir certains aspects des changements économiques en cours. Il est en outre impliqué dans les migrations, le tourisme et les fuites hors du salariat. L’examen de divers fonds d’archives permet de retrouver le monde de l’habitat mobile ou de passage au cours du xixe et du xxe siècles. Il s’articule à des organisations de l’intermittence sur les ports, il est impliqué dans des processus d’innovations via les foires. Les nouvelles formes d’orga­nisation de la production industrielle expliquent son renouvellement. Il s’agit d’un monde transverse à différentes sphères de la circulation et de la production. On peut ainsi esquisser des liens entre les mutations du travail « post-fordistes » et les changements de la ville contemporaine.

L’habitat « non-ordinaire » n’est pas une scorie, mais au contraire une production actuelle qui recherche sa légitimité entre spatialisation de la question sociale et discours radicaux.

Auteur :

Arnaud Le Marchand est maître de confèrences en sciences économiques à l’université du Havre. Il collabore à la revue Multitudes, ses recherches portent sur l’économie du travail et l’économie urbaine dans la mondialisation.


Achetez ce livre, de préférence, ici : http://atheles.org/editionsducroquant/terra/enclavesnomades/index.html


Sommaire

Table des matières

Introduction

Partie 1
1870-1930, montée et répression de l’économie itinérante

- Chapitre premier
En bloc ou à part : mesurer et exclure
La perception et le classement des travailleurs mobiles dans les recensements urbains : de la mise à l’écart à la disparition apparente d’un problème
L’escale : une mise en réseau
Les classifications des marins et autres gens de passage
Population « normale » et population « comptée en bloc »
Population comptée à part et hôtes de passage
L’arrivée des immigrés
Un réseau derrière les catégories  ?
Conséquences du classement
Territoire et hygiénisme
Circulations et externalités
Du territoire sans les « passagers » à la ville « passagère »

- Chapitre II
L’innovation : « Le plus beau monstre du voyage »
Le réseau des foires comme institution
L’attribution des places : des règles internes non stabilisées
Le réseau des foires comme milieu innovateur précaire
La marginalisation problématique des forains
Singularisation du film ou fermeture du marché  ?
Les conséquences de la loi de 1912
Le cinéma et la loi de 1912
L’évolution du réseau forain : les ambiguïtés de la résistance par l’innovation

Partie 2
Des marges du fordisme à la renaissance du travail mobile

- Chapitre III
Inscription et territorialisation aux marges du fordisme : dockers et forains
De la fin des corporations aux marchés chaotiques
Genèse de l’inscription : des marchés à terme à celui du travail
Les interventions de l’État dans la régulation
Nouvelles grappes d’innovation
Bref historique de la conteneurisation
Les foires « des misérables » à l’économie immatérielle
Les économies de réseaux

- Chapitre IV
La remobilisation : travail et habitat mobile
Intermittence spatiale dans le capitalisme cognitif
Une nouvelle segmentation  ?
Un méta-rapport salarial  ?
La ville portuaire : des îles connectées aux archipels intégrés
Migrations post-fordistes : faux touristes et vrais travailleurs
La construction de l’invisibilité statistique
Du travail mobile à l’habitat mobile : des « Algecos aux caravanes »

Partie 3
Fragmentation et défragmentation urbaine au début du XXIesiècle

- Chapitre V
La gouvernance des enclaves nomades et la question sociale
De la ville-machine à la nouvelle spatialisation de la question sociale
On peut cependant douter de l’efficacité de cette décentralisation sur les problèmes sociaux
Un phénomène global
Des zones hôtelières, pour nomades et sédentaires
Les aires d’accueil pour logements mobiles
Retour aux conventions : lutte et équipements du pouvoir

- Chapitre VI
L’économie urbaine et le travail mobile
Pour une économie urbaine des travailleurs de passage
L’apport des modèles de simulation
Qualité du logement et statut des occupants
Les cités en conteneur sont-elles encastrées dans la logistique globale  ?
Mutation de la conteneurisation
Outil dans un nouveau contexte urbain  ?
Le recyclage du conteneur comme ruse et résistance
Les réponses des institutions
Du standard à l’objet singulier

- Chapitre VII
Après l’anarchie, quelle construction politique pour l’habitat mobile  ?
Pour commencer, retournons à la foire. Deux périodes nous semblent repérables s’agissant des activités économiques itinérantes et notamment du commerce
La période contemporaine retraduit certains de ses éléments dans un arrangement différent
Le nomadisme anarchiste, envers du discours de l’État a) Quelle fut l’influence de cette minorité  ? b) Des incompatibilités et des conflits étaient pourtant inévitables
Un réencastrement possible dans l’Économie sociale et solidaire  ?
Derrière les murs et sur les canaux : l’habitat non ordinaire, élément post-national  ?

Conclusion


Achetez ce livre, de préférence, ici : http://atheles.org/editionsducroquant/terra/enclavesnomades/index.html


 

Introduction


« Tandis que la matière égrène les secondes, les prestataires se relaient sous le dôme du bâtiment réacteur, et les agents plus loin en salle des machines ou derrière les écrans de contrôle, les uns nomades, les autres sédentaires, ceux qui prennent les doses et ceux qui organisent, avec souvent entre les deux groupes des rapports compliqués »

Élisabeth Filhol, La Centrale [1]

Depuis la fin des années quatre-vingt, les logements « non ordinaires » : squats, foyers, tentes, caravanes, fourgons,etc. apparaissent de plus en plus fréquemment. Leur présentation médiatique les associe à la grande pauvreté et aux migrations clandestines. Or, l’habitat précaire et mobile est une pratique de groupes professionnels : marchands et industriels forains, travailleurs des transports, salariés du bâtiment et de l’industrie, voire du secteur tertiaire, ou de militaires, autant que de personnes sans emploi ou en situation irrégulière. Ces formes de logements sont perçues comme relevant de l’exclusion, de la marge extérieure, alors qu’elles sont, depuis toujours, impliquées dans des interstices. Elles occupent des espaces reliés à des fonctions, mêmes invisibles, elles ne sont pas « hors jeu ». Ce monde du travail et de l’habitat mobile ou précaire doit être pris en compte pour saisir l’ampleur des changements en cours dans les économies contemporaines. Ce monde est en outre impliqué dans trois autres phénomènes : les migrations, le tourisme, et les fuites hors du salariat.

L’origine de cet ouvrage réside dans une interrogation sur les liens entre les mutations du travail et des villes contemporaines. Cette interrogation est née de la participation à des recherches sur les villes portuaires. Ces villes fonctionnent toujours avec une proportion significative de salariés de passage, qui occupent des espaces spécifiques et discrets. D’autres recherches, et implications militantes autour de la précarité, m’amenèrent à constater que nombre de jeunes précaires passent non seulement d’un emploi à l’autre, mais aussi d’un secteur à l’autre, d’un monde de production à l’autre. Leurs parcours professionnels peuvent s’effectuer à plusieurs échelles territoriales : au sein d’un bassin d’emploi, comme entre plusieurs agglomérations. À rebours de certaines conceptions usuelles en économie du travail, ces précaires, alternant emploi et chômage, loin de constituer un « stock », forment un flux de personnes. Enfin, comme ils circulent et disposent de peu de moyens financiers, leurs logements étaient souvent provisoires, voire de passage, et pour certains, mobiles. Au niveau national, la question des articulations entre précarité et logements est posée via l’angle du devenir des cités de logement social, ces autres aspects apparaissent peu. Les « quartiers sensibles » sont au cœur des interrogations sur les problèmes sociaux, puisque souvent déconnectés spatialement des zones d’emploi et concentrant les chômeurs, ils sont vus comme une cause de la précarité. Ces quartiers subissent en retour une dégradation matérielle et une baisse de leur réputation, comme dispositif d’intégration, à la mesure de l’inemploi de leurs habitants. Car les questions de stigmatisation sociale, par l’adresse, aggravent le problème. Les habitants des quartiers stigmatisés sont défavorisés dans leur recherche d’emploi, ce qui accentue la pauvreté dans ces endroits-là. Ce que ces analyses, au demeurant correctes, oublient, c’est que nombre de salariés, et de précaires, doivent se déplacer de plus en plus loin de ces zones, qui ne remplissent plus leurs fonctions d’habitat proches du travail. Le besoin de domicile, de passage, augmente, en même temps, que des personnes tentent de contourner les risques de stigmatisation par la circulation. Les deux questions, précarité et logements temporaires, se croisent à nouveau. Mais en considérant cette problématique, on constate que le logement temporaire et mobile affronte d’autres discriminations, même si elles sont moins « publiques ». Ces discriminations sont institutionnalisées via des textes et des dispositifs anciens, pour certains datant du XIXesiècle. Travail mobile et habitat mobile ont fait l’objet de nombreuses dispositions visant à les réduire et à les réprimer de la fin du XIXesiècle aux années trente. La renaissance actuelle de ces phénomènes se heurte à la réactualisation de ces mesures répressives et à diverses oppositions culturelles ou politiques. Le poids de ces textes incita à mener une enquête historique, au carrefour de la sociologie et de l’économie, pour comprendre la genèse des situations actuelles.

Il y a en fait intrication entre des logiques économiques et des logiques de domination culturelles. L’habitat mobile, et les travailleurs sans lieu de travail fixe, sont déconsidérés dans un système normatif qui valorise l’ancrage territorial. De façon très symptomatique, un des articles les plus célèbres défendant le revenu universel dans une optique libérale, celui de Van Parijs  [2], appuie sa démonstration sur un exemple limite : celui des surfers, auquel le sénateur Yee, de Hawaï, dénie, en 1971, le droit à l’aide sociale. Pour les en priver, il le conditionne à une résidence sédentaire d’au moins un an. La tribu des surfers représenterait le parasitisme absolu, y compris en raison de son nomadisme, et en dépit du fait que les surfers travaillent, même de façon intermittente, et ont produit un style de vie dont le marketing s’est emparé [3]. Dans l’article, leur contribution réelle n’est pas évoquée, il s’agit de défendre le revenu garanti même pour des surfers, adeptes du loisir permanent, au nom de la liberté de choix. Or, le procédé par lequel le sénateur Yee entendait séparer le bon grain de l’ivraie revenait à exclure toutes les personnes de passage, et donc à stigmatiser les modes d’habitat mobile dans leur ensemble. L’exemple du surfer, supposé ne s’adonner qu’au loisir, cachait une distinction entre sédentaires, réputés honnêtes travailleurs, et nomades réputés profiteurs paresseux. Cette double équivalence est si banale qu’elle ne retient plus l’attention. Cependant, les personnes circulant avec des logements hors normes assument une grande part de la fameuse flexibilité du travail, tant recherchée dans les discours officiels. La contradiction n’est qu’apparente. La crainte des « sédentaires » de voir des « nomades » prendre sur eux l’avantage, dans la négociation salariale ou le commerce, par leur capacité de mouvements et de réseautage, est une des raisons de la défiance à leur encontre. En outre, l’habitat mobile a été associé à des groupes minoritaires, les Tziganes et « voyageurs », ce qui entraînait moins de droits politiques pour les personnes ayant ce mode de vie. Cette identification masque l’étendue des personnes et des activités concernées. En effet, on rencontre le monde de l’habitat mobile ou de passage en étudiant comment des usages temporaires de l’espace ont des conséquences durables, en considérant les organisations sous-jacentes à l’échange international, comme à l’organisation de l’intermittence sur les ports, enfin en étudiant les nouvelles formes d’organisation de la production industrielle. Mais l’habitat mobile ne concerne pas seulement la socioéconomie du travail. Il y a une interaction entre ces pratiques d’habitat, la façon dont les autorités les ont considérées, et la mise au point de certains biens, via leur mode de diffusion. Pour les objets de l’habitat mobile bien sûr, (tentes, caravanes, camping-car,etc.) mais aussi pour d’autres, dont les liens avec ces dispositifs peuvent apparaître, de prime abord, plus lointains. Par exemple, nombre de produits nouveaux, sans clients déjà informés, ont besoin d’être normés sur les foires, pour être portés ensuite sur le marché banal. Travail et habitat mobile sont aussi des conditions, souvent cachées, à la réalisation d’innovations, dans les produits ou dans les organisations.

Ce monde « flottant » est donc transversal à différentes sphères de la circulation et de la production. Cet ouvrage vise à reconnaître l’importance de ces dispositifs mobiles dans l’histoire économique et sociale, comme dans les enjeux contemporains. Mais les dimensions culturelles de cette histoire ne sont en rien détachées des évolutions économiques. D’une part l’économique influe sur le statut des personnes engagées dans ces modes de vie, mais d’autre part, l’action de ces personnes, comme celles des institutions visant à les « contenir », ont eu des conséquences sur les dynamiques du marché du travail et des biens, et, in fine, des villes. Ce que nous essayons de dégager, c’est l’influence réciproque entre aspects sociaux, culturels et économiques de l’itinérance professionnelle, dans un cadre politique lui aussi changeant. Il s’agit de critiquer l’influence de l’adjectif « marginal », souvent employé pour qualifier ces personnes et ces pratiques, terme qui donne l’impression d’une extériorité, alors qu’en maintes occasions, elles ont été impliquées dans des processus mettant en jeu des changements globaux de la société. L’hypothèse générale, qui sous-tend notre recherche, est que la question des minorités, culturelles, sociales, la question de la situation économique des minorités doit être modifiée si on s’intéresse à la construction sociale des marchés. Nancy Fraser  [4] [5]. Nous souscrivons à cette analyse, nous pensons que la question des inégalités économiques implique des critères qualitatifs et pas seulement quantitatifs. Mais, en outre, ces critères influent aussi sur la définition des produits, la genèse des organisations du travail et des systèmes d’emploi. Les conflits sur les personnes peuvent déborder, plus ou moins involontairement, sur des définitions d’objets (qu’on se rappelle en France les débats sur le voile islamique, sur sa distinction avec le bandana ou le turban,etc.). Ces débats influencent la trajectoire des marchés, qui ne sont pas réellement autonomes car ils ont besoin de toute une série de conventions, d’accords préalables, de dispositifs, de régimes de coordination pour fonctionner correctement. Les luttes politiques et culturelles forment aussi l’économie, elles en modifient certains contours, favorisent la diffusion de certains produits et façons de faire, restreignent la rentabilité de certains autres. Ces luttes ouvrent et referment des possibles, elles influencent aussi l’urbanisme et la forme des villes. L’activité de catégorisation, d’exclusion ou de récupération des personnes en habitat « non ordinaire » en fournit beaucoup d’exemples. Face à cette implication des objets, la lutte pour la reconnaissance, ou simplement la survie, de certains groupes passe par l’innovation politique, mais aussi par l’innovation économique. C’est une des clés d’explication de la dynamique d’adoption du cinéma des origines, mais aussi d’autres nouvelles technologies. La reconnaissance des groupes minoritaires est une des voies de compréhension des évolutions globales, qui sont mal expliquées par la seule considération des modes de vie et de travail dominants, ou simplement moyens. a montré qu’on ne pouvait opposer situations de domination culturelle et économique. La domination culturelle s’accompagne de revenus plus faibles, de parcours professionnels plus contraints. Cet auteur suggère qu’une politique de reconnaissance culturelle seule ne peut modifier véritablement le sort des minorités, car le « marché autonome » accroîtra les inégalités économiques héritées du passé, de la même façon qu’une politique de redistribution, sans reconnaissance culturelle, échouera à modifier les statuts des personnes discriminées en raison de leur appartenance à un groupe subalterne 

Pour autant, cette reconnaissance ne débouche pas sur l’introduction théorique de nouveaux acteurs à l’identité fixe, pour assister l’homo economicus standard et « représentatif ». Admettre la pluralité des acteurs ne peut s’effectuer par la création d’autres entités réifiées, ce n’est pas la collection qui permet de comprendre la variété, mais la prise en compte des possibles. Il faut déconstruire l’idée selon laquelle ces modes de vie et de travail itinérants seraient constitutifs en eux-mêmes de groupes spécifiques. Il y a passage entre des mondes professionnels autant qu’entre les lieux, Les frontières elles aussi sont mobiles. C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas adopté une approche culturaliste de l’habitat et du travail mobile. Pour autant, il ne s’agit pas non plus d’éviter la dimension tzigane du phénomène, surtout en France. Cependant, il convient de rappeler que tous les Tziganes ne sont pas nomades : les Roms de Roumanie, comme les Gitans du sud-ouest de l’Hexagone et de la péninsule ibérique, sont sédentaires, et quand ils se déplacent c’est avant tout comme migrants. L’approche par la culture tzigane ne peut donc que recouvrir partiellement ces aspects. D’autre part, des groupes professionnels, par exemple les travailleurs du transport, peuvent partager des pratiques avec les forains manouches, et s’agissant des mariniers, élaborer des institutions avec eux. L’étude ces dispositifs ne peut donc être menée dans une vision a priori centrée sur des cadres cognitifs privilégiant des découpages ethniques qui peuvent manquer les inventions et les évolutions. Il ne s’agit pas pour autant de récuser une approche culturelle du « voyage », même professionnel, approche qui a d’ailleurs été largement développée dans la revue Études tziganes, mais de se concentrer sur les aspects économiques et politiques. Dans cette perspective, la culture est une ressource qui peut expliquer les choix, parfois très résistants aux incitations dominantes, en situation d’incertitude. Elle participe sans doute de l’élaboration de solutions à des problèmes de coordination au sein de certains groupes, encore que dans le cas des interactions marchandes on puisse le mettre en doute : des groupes culturels différents peuvent aboutir à des règles semblables dans ce registre. Nous avons préféré tenter de mettre en lumière des problématiques dépassant les cadres culturels hérités, par la diversité des parties prenantes et la chaîne des interactions en jeu.

Pour analyser ce réseau de places, d’interstices, d’acteurs mobiles, de dispositifs transitoires, l’ouvrage s’appuie sur une conception institutionnaliste et conventionnaliste de l’économie. Nous partons des incertitudes relatives à différents contextes et registres d’action pour comprendre comment les acteurs organisent le travail, la production et la circulation d’informations, de dispositifs et de marchandises. Un « monde de production », notion forgée par Robert Salais et Michael Storper  [6], est un ensemble de règles, d’objets, de personnes autour de la construction d’un produit, face à une incertitude spécifique. Le monde de l’industrie du cinéma n’est pas celui de la production automobile modulaire ou des centrales électriques nucléaires. Cette notion de monde de production permet de s’affranchir de l’individu standard ou de la firme représentative pour penser la diversité des situations économiques. C’est dans cette diversité réelle et les entre-deux, productifs ou non, que circulent acteurs et habitats de passage, sans qu’ils puissent le plus souvent accéder à une reconnaissance de leurs contributions. En fait le premier exemple que convoquent Robert Salais et Michael Storper pour étayer leur présentation (p.14) est celui « d’une soudure sur la tuyauterie d’une centrale électrique nucléaire », réalisée non par un employé permanent, mais par un salarié délégué par un sous-traitant (p.16), ignorant des conventions de la centrale et arrivant du travail industriel standard, avec l’habitude de risques moins importants. Cette figure furtive qui doit opérer des traductions et sert à illustrer les différences entre mondes de production, nous allons nous aussi la croiser : c’est le nomade du nucléaire, travailleur mobile apparu dans les années quatre-vingt-dix. Les mondes de production, théoriques et réels, ne peuvent vraiment s’en passer. C’est donc une question implicite, présente et refoulée, des théories de la production, comme de celle de la redistribution, ainsi que nous l’avons vu chez Van Parijs, que nous présentons.

Loin de considérer l’habitat non ordinaire et les formes de travail associées comme des choix rationnels et individuels, nous les tenons pour des solutions, dans des situations données. Ces solutions sont collectives, contingentes et l’histoire passée compte dans leurs genèses. Elles évoluent donc avec les conjonctures économiques, avec des configurations de moyenne durée, dans un contexte politique qui leur est plus ou moins favorable.

Nous ferons référence à des notions des théories micro-économiques, telles les externalités, économies d’échelle, et celles de réseaux. Cependant, ces emprunts au corpus standard seront contextualisés, dans le cadre d’une socioéconomie des conventions. La notion de convention, d’origine keynésienne, désigne une règle plus ou moins implicite pour réduire l’incertitude. Elle nous sert de plusieurs façons.

Elle nous permet d’abord de reconstituer la façon dont des administrations, municipales et nationales, ont tenté de mettre en forme pour mesurer, gérer et marginaliser ces phénomènes. Comme ils cadrent mal avec les représentations dominantes de l’emploi, de l’habitat et de la ville, le traitement a, le plus souvent, abouti à les réifier d’abord pour mieux les rendre invisibles ensuite.

Elle nous permet ensuite de comprendre la place que l’habitat non ordinaire occupe dans une économie du travail élargie aux conditions hors de l’entreprise. Cette compréhension passe par la formalisation des équivalences qui concourent aux statuts et aux salaires. Elle implique de considérer les villes comme des cadres pour organiser la coexistence entre des secteurs et des « mondes de production » différents. Elle nous permet de re-contextualiser certains usages dans les stratégies des grandes entreprises et l’économie urbaine. Néanmoins, ces dispositifs nomades sont aussi, en tant que mode minoritaire, l’expression d’une résistance aux normes dominantes, ou d’une volonté de fuite des places que ces normes assignent à certains acteurs.

L’importance de la notion de convention réside aussi dans l’acceptation de leur caractère en partie non déterminée par les forces productives ou les représentations politiques, elles sont toujours en partie arbitraires, dénonçables et remplaçables.

La distinction entre règles et interprétations permet en effet d’intégrer la capacité des acteurs à infléchir, voire à modifier, même de façon minuscule, ces normes dominantes.

Dans cette théorie émergente, les acteurs ne font pas que suivre des variations de prix, leurs actions découlent aussi de représentations plus larges et sont aussi la résultante des représentations des enchaînements, vision parfois conflictuelles ou faiblement performatives. Toutes les conventions ne sont pas auto-réalisatrices, même quand elles sont partagées par une majorité relative.

Pour étayer notre propos, nous avons donc recouru aux statistiques, mais moins pour fournir des chiffres, que comme grille de lecture des grandeurs et des constructions administratives. On verra, en effet, que leur fonctionnement et les sanctions qui peuvent y être associées, en font, dans ce cas, une source peu fiable. Nous avons également mené une enquête dans d’autres archives, locales et nationales, que celles des recensements. Ces archives nous ont permis de retracer les périodes, les étapes, les évolutions des marchés des biens et du travail associés à la mobilité du milieu du XIXesiècle à nos jours en France. L’histoire continue à expliquer la genèse de nombre de configurations actuelles dans lesquelles est impliqué l’habitat hors normes. Nous avons enfin conduit des entretiens, pour recueillir des informations et des interprétations de la situation contemporaine. C’est donc une méthode pluridisciplinaire que nous avons suivie pour réaliser cette enquête. Elle était d’autant plus justifiée que le phénomène était dispersé, difficile à suivre, en partie masqué par des représentations le minorant en privilégiant d’autres enchaînements, notamment dans les phases d’innovation de produits ou les évolutions de la planification urbaine. Il fallait emprunter plusieurs voies pour esquisser les contours de dispositifs moins marginaux qu’intriqués dans des mondes divers, marchands et industriels, architecturaux, voire militaires, et dans les replis de l’économie informelle. Accéder aux personnes et obtenir des entretiens, a supposé aussi de participer à des actions menées par des associations de défense des Tziganes, de l’habitat éphémère et mobile, des luttes de précaires. La complexité des interactions en jeu impliquait de participer à ce qui se passait comme unique façon de le comprendre, on ne pouvait s’en tenir à une position d’observateur extérieur. Le soutien de No Vox, d’AC  ! et d’Halem nous a été indispensable. Pour reprendre parfois un point de vue plus distancié, nous avons aussi utilisé des outils plus spéculatifs, économétrie et simulation par automates cellulaires. Ces outils ont permis d’envisager les résultats possibles des décisions prises par des acteurs spatialement dispersés et pourtant reliés par des réseaux intra et interurbains. L’enquête de terrain a permis de tester la validité de certaines conjectures, et a été orientée aussi par ces outils.

L’ouvrage suit donc un plan historique en trois parties. La première part des années 1870 et suit une période de relative prospérité de l’économie itinérante, avant une répression et un déclin.

La deuxième partie aborde la situation des travailleurs mobiles au sein du fordisme, de sa marginalisation à sa renaissance. De nouvelles segmentations du travail et de nouvelles ségrégations spatiales en découlent : des enclaves nomades.

La troisième partie portera sur la situation nouvelle dans les villes : fragmentation et défragmentation urbaine au début du XXIesiècle.

Le dernier chapitre revient sur les formes politiques sur lesquelles une reconnaissance de ces formes d’habitats peut, ou non, s’adosser : les conventions, règles, normes que nous recensons sont-elles appuyées sur une représentation formalisable et contenant une certaine part de généralité  ? En fait, il s’agit d’éléments pouvant relever, sinon d’une « cité » au sens de Boltanski et Thevenot  [7], du moins d’une économie politique anarchiste ayant évolué depuis le XIXesiècle et après une longue éclipse, jusqu’à sa réactualisation dans des versions postmodernes, peut-être en passe de s’intégrer dans un ensemble plus vaste, via les thématiques de l’Économie sociale et solidaire.

NOTES

[1] . Élisabeth Filhol, 2011, La Centrale, Paris, P.O.L.

[2] . Philippe Van Parjis, 1991, « Why surfers should be fed : the liberal case for an Unconditional Basic income », Philosophy and Public Affairs 20, 2.

[3] . Gibus de Soultrait, 2005, Le monde du surf, avec le photographe Sylvain Cazenave, Minerva.

[4] . Nancy Fraser, 2011, Qu’est-ce que la justice sociale. Reconnaissance et redistribution, La Découverte.

[5] . Nancy Fraser, 2009, « Reenquadrando a justiça em um mundo globalizado. Lua Nova [online].n.77 [cited2011-06-09], pp. 11-39. Available from : . ISSN 0102-6445.doi:10.1590/S0102-64452009000200001.

[6] . Robert Salais et Michael Storper, 1993, Les mondes de production. Enquête sur l’identité économique de la France, Paris, Éditions de l’EHESS.

[7] . Luc Boltanski, Laurent Thévenot, 1991, De la justification. Les économies de la grandeur, Gallimard.

 


Soutenez l'éditions indépendante, achetez ce livre ici : http://atheles.org/editionsducroquant/terra/enclavesnomades/index.html

Partager cet article
Repost0
12 septembre 2011 1 12 /09 /septembre /2011 14:06

Les rencontres de la Fondation

Rencontre avec Francette Lazard et René Piquet, auteurs de "Les vérités du matin"

 

Jeudi 29 septembre 2011 18h 30
Cercle de l’avenir
25 bis, rue Nicot
Nîmes (Gard)

 

En mêlant souvenirs personnels, réflexions et confrontation de leurs points de vue, l’ouvrage de Francette Lazard et René Piquet, Les vérités du matin, soulève bien des questions que tout citoyen « engagé » rencontre. Quel est le sens de l’engagement personnel ? Et celui, particulièrement du communisme...

Les deux auteurs présenteront leur livre et débattront avec le public des questions et des pistes de réflexion qu’il ouvre.

Partager cet article
Repost0
8 septembre 2011 4 08 /09 /septembre /2011 13:31
"Le système Le Pen" en librairie le 8 septembre
Le système Le Pen/ DR Denoël

Le système Le Pen/ DR Denoël

Jeudi 8 septembre,

sort chez Denoël, notre livre "Le Système Le Pen, enquête sur les réseaux du Front national" (208pp, 14,50€).

Les bonnes feuilles sont parues dans "Le Monde" daté du 7 septembre. Voici ici le lien sur le site du Monde.fr.

Par ailleurs, toujours dans les lectures de rentrée, nous ne saurons que vous conseiller la lecture de l'excellent livre "La Galaxie Dieudonné", de Michel Briganti, André Déchot et Jean-Paul Gautier, paru aux Editions Syllepse.

Partager cet article
Repost0
29 août 2011 1 29 /08 /août /2011 18:15
Jaurès, la passion du journaliste

 de Charles Silvestre

Le Temps des cerises, 13-08-2010 177 p ISBN : 9782841098491

Jaurès, la passion du journaliste


 
 
 
 
 
 
 
 
 
Présentation de l'éditeur

Jaurès est d’un autre siècle. Mais, à y regarder de plus près, voici un destin de journaliste qui, aujourd’hui, en laisserait plus d’un rêveur. Son engagement est dans la raison, la démonstration, la conviction acquise. Ecrire c’est penser.

Le cœur, l’amour raisonné du peuple, toujours affleurent chez Jaurès, et l’on songe à cette plaie actuelle qu’est l’esprit sec et le respect des puissants. Ces traits se retrouvent dans la La Dépêche, où il signera 1312 articles ; La Petite République, pour l’affaire Dreyfus ; L’Humanité, depuis qu’il la fonde le 18 avril 1904 jusqu’à son assassinat le 31 juillet 1914, où 2650 textes portent son nom. C’est dans ce journal que culminent son éthique socialiste et son art visionnaire. Jaurès où les noces heureuses du journalisme et de la politique.

Ce parcours a inspiré la passion de l’auteur pour l’œuvre de Jaurès, qui redonne goût (et exigence) à la presse, aujourd’hui en grave crise de confiance.

I have a dream, ces discours qui ont changé le monde Dominique Jamet
  • Essai (broché). Paru en 04/2008

 

I have a dream, ces discours qui ont changé le monde 


«Il y a des mots qui portent celui qui les prononce et ceux qui les entendent au-dessus et au-delà d'eux-mêmes. Il y a des discours qui changent le cours des événements, le destin d'un pays, l'histoire du monde, l'âme humaine... Les hommes tombent et disparaissent. Leurs paroles survivent et éclairent leur tombeau comme une flamme éternelle. Et ce sont ceux que l'on a fait taire qui nous parlent le plus fort», écrit Dominique Jamet.

Conquérir les foules et, qui sait, modifier le cours de l'Histoire : de Jean Jaurès au 14e dalaï-lama, les grands hommes ont dû recourir au souffle du verbe pour éveiller les consciences, frapper les imaginations, emporter l'adhésion.

Quarante ans après l'assassinat de Martin Luther King, Dominique Jamet, journaliste et écrivain, ancien président de la Bibliothèque nationale de France, présente et commente vingt discours qui ont marqué le XXe siècle. Vingt morceaux d'éloquence signés Jaurès, Wilson, Gandhi, Roosevelt, Churchill, de Gaulle, Kennedy, Luther King, Che Guevara, Allende, Sadate, Badinter, Mitterrand, Jean Paul II, Arafat, Mandela, Chirac, Rabin ou encore Tenzin Gyatso, l'actuel dalaï-lama.

Inclus : les versions originales en anglais des discours de Churchill, John F. Kennedy et Martin Luther King.

Extrait du livre :
Au commencement était le Verbe. Le Verbe n'a pas cessé de scander la longue marche de l'humanité. Napoléon disait que l'on mène les hommes avec des hochets. C'est traiter les hommes en enfants. Le jeu des honneurs, des promotions, des décorations, des médailles ne sert qu'à conduire le troupeau humain sur les champs de bataille, sur les bancs du Sénat, dans les fauteuils dorés des cours, des conseils, des gouvernements et des académies, vers le néant et le bûcher des vanités. Ce sont les mots qui font avancer les hommes, du moins dès lors qu'ils recèlent un contenu, qu'ils véhiculent une idée, qu'ils sont porteurs d'avenir. Où l'on distinguera les leurres de la rhétorique, l'éloquence creuse réduite à son articulation, à son squelette, à sa méca­nique et la force des paroles qu'anime un souffle, les discours auxquels une conviction donne de la chair.
Il y a des mots qui portent celui qui les prononce et ceux qui les entendent au-dessus et au-delà d'eux-mêmes. Il y a des discours qui changent le cours des événements, le destin d'un pays, l'histoire du monde, l'âme humaine. Ces rares rencontres entre un homme, une attente, une sensibilité, un peuple, un moment restent inscrites dans la mémoire collective. «Nouveau contrat», «nouvelles frontières», «de la sueur, du sang et des larmes», «la flamme de la Résistance française ne s'éteindra pas»... Deux mots parfois suffisent, une simple petite phrase, pour entrer dans l'immortalité. À plus court terme, le superbe discours prononcé par Nicolas Sarkozy à la porte de Versailles, le très beau texte dit par Ségolène Royal à Villepinte, la reprise sur le mode incantatoire par Barack Obama, le 27 juillet 2004, devant la Convention démocrate de Boston, de l'inusable thème du «rêve américain» ont constitué l'étape inévitable et le passage obligé qui ont fondé et légitimé leur candidature à la magistrature suprême. Plus récemment, le 18 mars dernier, en Pennsylvanie, là même où prit naissance le «pays des héros et de la liberté», le même Obama s'est peut-être ouvert les portes de la Maison Blanche par la grâce d'un discours d'une rare franchise et d'une élévation remarquable. Il y abordait et y traitait la question, depuis si longtemps ouverte et douloureuse, de la fracture raciale - question qui le concerne au premier chef et qui est cruciale à l'échelle entière des États-Unis.

Extrait de l'avant-propos

Partager cet article
Repost0
28 juillet 2011 4 28 /07 /juillet /2011 17:20

Couverture-1--copie-1.JPG

Partager cet article
Repost0
20 juillet 2011 3 20 /07 /juillet /2011 12:41
Thierry Guilbert
L’« évidence » du discours néolibéral
 
Analyse dans la presse écrite
« "Ce ne sont que des mots", dit l’adage populaire. Comme tout adage, celui-ci comprend une part de vérité et une part de fausseté et, comme tout énoncé à valeur générale, il sous-entend un "devoir faire". […] Or s’il faut se méfier des mots, leur dénier toute importance serait une attitude contradictoire : c’est justement parce qu’ils peuvent tromper que les mots méritent toute notre attention. »
Ainsi commence cet ouvrage qui se penche sur l’évidence du discours néolibéral en traitant de l’attitude des médias écrits à l’égard de l’actualité sociale récente : la représentation des mouvements sociaux de décembre 1995, d’avril-mai 2003, de l’automne 2010 ou encore de la « crise du CPE » de 2006 et de la « crise financière » de 2008.
A travers de nombreux exemples, l’auteur vise, non pas à mettre au jour un lexique propre au discours néolibéral, mais à analyser le fonctionnement à l’évidence de ce discours dans la presse et à en exposer divers procédés : l’utilisation des valeurs communes et de l’opinion publique, la « comparaison aux voisins » et la naturalisation de l’économie, la nomination des acteurs et des événements, et les procédés manipulatoires de persuasion.
La question fondamentale qui est posée dans cet ouvrage concerne le rôle des médias dans la fabrication des opinions et des connaissances partagées.
Thierry Guilbert, maître de conférences en sciences du langage à l’Université de Picardie (UPJV) et chercheur au CURAPP, poursuit depuis plus de dix ans un travail sur le discours néolibéral. Il a publié en 2007 Le discours idéologique ou la force de l’évidence aux éditions L’Harmattan.
Sommaire

Introduction
Les trois pôles « démocratiques »
Qu’est-ce que le discours néolibéral ?
L’analyse du discours néolibéral

1.La dissimulation idéologique
a.Idéologie ou propagande ?
b.La double dissimulation

2.Ce que nommer veut dire
a.Nominaliser c’est présupposer !
b.Nommer les acteurs
c.Nommer l’événement

3.L’opinion pense que… ou le cheval de Troie
a.Les sondages d’opinion
b.La figure de l’opinion
c.La constitution des opinions partagées

4.Un « cadre naturel »
a.Cadres primaires
b.Manipulation des cadres

5.Le bon modèle
a.La compétition
b.La guerre des chefs

6.Argumentation ou manipulation ?
a.Rhétorique de la persuasion
b.Figures argumentatives
c.Moules argumentatifs

Conclusion
Non-dits superposés
Le métalangage de la « communication »
 

L’« évidence » du discours néolibéral

Parution : 30/03/2011
ISBN : 978-2-91496889-8
136 pages
14 x 20,5
13.50 euros
Partager cet article
Repost0