Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
20 mai 2010 4 20 /05 /mai /2010 10:56
 
Par Grégoire Leménager

 

Il avait publié J.D. Salinger, John Le Carré, Winston Churchill et, dit-on, plus de 10 000 titres. L'éditeur Robert Laffont est mort ce mercredi 19 mai à l'Hôpital américain de Neuilly. Il avait 93 ans.

 

Après avoir fait HEC et du droit, ce fils d'officier de marine né le 30 novembre 1916, à Marseille, avait hésité entre le cinéma et l'édition. Son ami Guy Schoeller, avec lequel il allait fonder plus tard la formidable collection « Bouquins », lui avait alors résumé la situation :

 

« Ce sont deux chemins qui mènent le plus sûrement à la ruine. Le premier est le plus rapide, le second le plus raffiné.»

 

 

Robert-Laffont_Sipa.jpg
(c)Sipa
Né en 1916 à Marseille, l'éditeur Robert Laffont est mort ce 19 mai à Neuilly. Il avait 93 ans.

 

 

Il avait choisi. Le raffinement, donc, plutôt que la vitesse. Voire la poésie, comme l'a magnifiquement démontré l'aventure des éditions Seghers jusqu'à cette date récente. Et rien, dans ce choix, ne l'empêcha pour autant de devenir ce « Petit Père des best-sellers » dont la belle-fille, Alix Girod de l'Ain, a salué hier la mémoire auprès de l'Afp. Car l'histoire de l'édition retiendra sans doute le cas de « Papillon », d'Henri Charrière, qu'il avait vendu à plus d'un million d'exemplaires en 1969.

 

A Pierre Assouline, qui l'avait rencontré pour « le Nouvel Observateur » en 2005, lorsqu'il avait raconté son parcours dans « Une si longue quête », Robert Laffont avait confié ses doutes sur l'avenir du métier d'éditeur, mais aussi les noms des auteurs qui l'avaient particulièrement marqué : parmi ceux-là figuraient Graham Greene, Gilbert Cesbron et Dino Buzzati, qu'il avait « failli tuer » en 1939-40, alors qu'il était mobilisé au 96e régiment d'artillerie de montagne.

 

Il savait que sa profession, parce qu'elle consiste aussi à manipuler de l'argent, n'est pas toujours considérée comme le plus beau métier du monde. Mais il avait appris à l'accepter, avec une lucidité qui n'excluait pas la dignité :

 

« S'il existe un métier épié, mal compris et tyrannique, c'est bien celui que j'ai choisi. Mais je l'ai aimé, il m'a aidé à atteindre une certaine sérénité, peut-être une sagesse.»

 

Du côté de l'Elysée, on n'a pas attendu pour rendre hommage à ce « découvreur de chefs d'oeuvre de la littérature universelle » qui a « marqué de son empreinte généreuse plus d'un demi-siècle d'édition française.» Cette empreinte-là n'est cependant pas près de s'effacer. Car s'il avait perdu l'un de ses fils, Olivier, en 1995, tandis qu'un autre s'est fait connaître des téléphages sous le nom de Patrice Laffont, ses trois autres enfants ont choisi, comme lui, la voie des livres : Anne Carrière a fondé la maison d'édition qui porte son nom ; Isabelle Laffont dirige les éditions Jean-Claude Lattès ; et Laurent Laffont est directeur éditorial sous la même enseigne. Il faut aussi, à l'évidence, compter parmi les réussites de Robert Laffont cette dynastie qu'il a fondée, comme le font les éditeurs majeurs.

Partager cet article
Repost0
27 avril 2010 2 27 /04 /avril /2010 19:50

"Une religion pour la République. La foi laïque de Ferdinand Buisson", Seuil, 2010.

 

À travers la figure trop méconnue de Ferdinand Buisson (1841-1932), principal artisan de la laïcité française, cet essai restitue « la religion laïque » dans sa cohérence doctrinale, à la fois philosophique, morale, politique et pédagogique. On comprend mieux dès lors comment Ferdinand Buisson, prix Nobel de la Paix en 1927, a pu concilier l’engagement du socialiste, anticlérical résolu, avec l’affirmation suivante : « la religion de Jésus est la religion de chaque citoyen républicain ».

 

Disciple d’Edgar Quinet, héritier d’une puissante tradition révolutionnaire, Ferdinand Buisson a cherché le moyen de contrecarrer l’alliance de la contre-révolution et de l’Église catholique afin d’établir la République démocratique et sociale dans la durée. Vincent Peillon souligne combien la laïcité, faite religion nouvelle, joue un rôle philosophique et politique. L’école et les « hussards noirs » y ont eu pour mission de faire de chaque élève un Christ républicain, de la raison une émotion, une passion et même une mystique.

 

En montrant que la laïcité fut d’abord la formulation d’un théologico-politique spécifiquement républicain, Vincent Peillon ouvre de nouveaux horizons de recherche et d’interrogation pour la philosophie politique contemporaine.

 

Ferdinand Buisson (1841-1932)
     
 

Il est l'un des principaux inspirateurs des réformes scolaires de la IIIe République et a contribué à leur efficacité en mettant en place les Écoles Normales Supérieures formant les personnels d'Écoles Normales.

L'inspirateur des lois scolaires de Jules Ferry
 

Agrégé de philosophie et républicain, il a refusé de prêter serment à l'Empire, il est en Suisse comme professeur à l'Académie de Neuchâtel. Issu d'un milieu revivaliste, il évolue vers le christianisme libéral et fonde l'Union du christianisme libéral qui prônait un Évangile « sans dogmes, sans miracles et sans prêtres ». Il demande que l'enseignement de l'histoire sainte soit mis en dehors du programme des écoles primaires, et soit remplacé par une histoire de l'humanité.

Revenu en France après la défaite de Sedan, il est nommé en 1871 Inspecteur de l'enseignement primaire à Paris par le Ministre de l'Instruction publique de Thiers, Jules Simon. Cependant la décision est rapportée après les vives attaques de Mgr Dupanloup. Jules Ferry le nomme Inspecteur général de l'Instruction publique et, en 1879, Directeur de l'enseignement primaire. Ce confident parmi les plus intimes de Jules Ferry a élaboré « tous les projets de lois, tous les règlements, toutes les circulaires » de cette réforme. Il fonde la Revue pédagogique, le Musée pédagogique et obtient la création des ENS de Saint Cloud et de Fontenay-aux-Roses, dont la mission à l'époque est de former les maîtres des Écoles normales d'instituteurs. Il dirige la publication d'un vaste Dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire où l'on peut lire : « aujourd'hui la plupart des principes pédagogiques proclamés par les protestants sont devenus comme la propriété générale des peuples civilisés ».

Il est nommé en 1896 titulaire de la chaire de pédagogie de la Sorbonne.

 Républicain, pacifiste et engagé

Dreyfusard de la première heure, il participe à la création, en France, de la Ligue des droits de l'homme en 1898, dont il sera Président de 1913 à 1926. Il fait aussi une carrière politique, comme député radical socialiste entre 1902 et 1919. Pacifiste (il a participé au Congrès de la Ligue internationale de la Paix qui s'était donné comme but la création des États-Unis d'Europe), il soutient dès le début la SDN. Il se consacre aussi au rapprochement franco-allemand surtout après l'occupation de la Ruhr en 1923, en invitant des pacifistes allemands à Paris et en se rendant à Berlin.

Il reçoit en 1927 le prix Nobel de la Paix, et distribue cette récompense à ses « fils adoptifs », les instituteurs de France, afin qu'ils puissent travailler au rapprochement des peuples par l'éducation des enfants

Partager cet article
Repost0
26 avril 2010 1 26 /04 /avril /2010 07:39
PM Collection :
Altérations

Parution : 01/04/2010
ISBN : 978-2-9149-6869-0
  156pages
14 x 20,5
15.00 euros

La pensée-marchandise


Alfred Sohn-Rethel
Préface d’Anselm Jappe
Traduction de Gérard Briche et Luc Mercier

Ce ne sont pas seulement les contenus de la pensée, mais ses formes mêmes qui trouvent leur origine dans l’organisation sociale de la production matérielle. Les débuts de la logique dans le monde grec antique sont liés à l’apparition des premières pièces de monnaie. L’a priori dont parlait Kant était la forme-marchandise. Telles sont les théories novatrices que Sohn-Rethel a proposées dès les années 1930, à contre-courant de toute la tradition philosophique, mais aussi du marxisme traditionnel. Elles ont influencé profondément les débuts de l’« École de Francfort », mais au prix d’une longue marginalisation de ­l’auteur. Cette première traduction française de trois de ses essais comble non seulement une lacune majeure dans la connaissance de la pensée critique allemande à son âge d’or, mais elle offre également les jalons pour élaborer aujourd’hui une épistémologie basée sur la théorie de Marx, dans le cadre d’une critique radicale de l’abstraction sociale, du marché et de la marchandise qui nous gouvernent.
Alfred Sohn-Rethel (1899–1990), sociologue, économiste et historien allemand inspiré par Marx, a participé à l’élaboration de la « Théorie critique » d’Adorno (qui l’admirait), Benjamin et Horkheimer dans les années 1930. Ce n’est que dans les années 1970, après un long exil en Angleterre, que ses écrits furent publiés en Allemagne et qu’il put enseigner à l’université de Brême, suscitant des débats passionnés dans la gauche allemande.
Anselm Jappe est l’auteur des livres Guy Debord (Denoël 2001), Les aventures de la marchandise (Denoël, 2003) et L’avant-garde inacceptable (Lignes, 2004). Il enseigne l’esthétique à l’École d’art de Frosinone (Italie). Il participe aux revues Exit ! (Nuremberg, Allemagne) et Illusio (Caen).

 

 


Parution : 10/03/2010
ISBN : 978-2-91496871-3
144 pages
17 x 23
15.00 euros

Savoir/agir n°11

Régions, térritoires locaux et proximité

Suppression de la taxe professionnelle, inversion des processus de décentralisation par durcissement de la contrainte budgétaire, remplacement des conseillers généraux et régionaux par des conseillers territoriaux moins nombreux mais mieux pensants, redécoupage des territoires et des compétences, fronde des notables sénatoriaux… À l’occasion des élections régionales de mars 2010, il nous a paru opportun de traiter de la question des territoires locaux.
Classiquement opposé au « national », le « local », de par les propriétés qui lui sont parfois très généreusement associées (diversité, dynamisme, inventivité, proximité, gestion sinon apolitique au moins non partisane, traitement sur le terrain des urgences sociales, laboratoire d’expérimentations et de démocratie participative…), est souvent paré de toutes les vertus et certains de ses représentants censés incarner au quotidien d’autres manières de faire de la politique. Si l’on admet avec Jacques Lagroye, « que les “notions” de local et de national sont des catégories forgées par les acteurs à d’autres fins que scientifiques, et que le chercheur ne peut donc s’approprier qu’avec une infinie prudence », le caractère proprement mythologique de cette opposition binaire durcie peut être vérifié à l’approche des élections régionales sur toute une série de questions.
En quoi les scrutins régionaux (derniers venus dans la liste des « nominations électives au suffrage universel ») sont-ils singuliers ? Les mécanismes de structuration de l’offre (délimitation des éligibles et constitution des listes) sont-ils spécifiques ? Les conseillers régionaux qui en sont issus sont-ils socialement plus représentatifs de leurs électeurs que les titulaires d’autres mandats ? Au terme de trois décennies, comment évaluer le degré réel d’autonomie et de particularisme dont bénéficieraient les collectivités locales ? Quels effets a eu la montée en puissance de l’intercommunalité sur le jeu politique local ? Pour des raisons budgétaires, ­n’assiste-t-on pas dans certains domaines (la santé, par exemple) à une dynamique de « verticalisation » qui restreint toujours plus les marges de manœuvre des collectivités territoriales aux prises avec des services déconcentrés de l’État fusionnés donc toujours plus puissants ?
Partager cet article
Repost0
23 avril 2010 5 23 /04 /avril /2010 17:48
 
FLAMNET-RÉTRO-DEVOIR DE MÉMOIRE:INAL : Pour quelques nègres de plus
FLAMNET-RÉTRO-DEVOIR DE MÉMOIRE

INAL : Pour quelques nègres de plus

Par Mourtada Ngaïdé dit Soulé


" Entre deux pendaisons,Khattra s'assoit sur un cadavre pour siroter Son verre de Thé ou au pied d'un pendu en récitant des versets de Coran. Il va d'un pendu à l'autre, achevant Ceux qui tardent à mourir à coup de barres de fer, s'appliquant à porter Les coups dans La région du cou."
Mahamadou SY.


Inal : Il faut sauver le soldat Dahirou ! était le premier titre de cet article ; finalement, pour faire un clin d'œil à un pendu, j'ai changé le titre. Il m'a en effet été suggéré par le sergent chef Diallo Abdoulaye Demba, responsable de peloton du port de La Guerra et qui devait être pendu le premier pour commémorer le trentième anniversaire de l'indépendance de la Mauritanie, version Inal. Celui qui devait lui passer la corde au cou, Jemal O/ Moïlid qui lui demandait s'il avait besoin de quelque chose avant d'être pendu, il répondit qu'il voulait une tabatière ( touuba ) comme il l'a vu faire dans les anciens films western, " il en aspire goulûment la fumée comme pour conserver avec lui un dernier souffle d'énergie " ; cela rappelle la dernière cigarette du condamné et je me suis souvenu du Film de Sergio Léone ( Pour quelques Dollars de Plus) sauf que cette fois, c'est Taya qui s'occupait de la réalisation, et que Ennio Morricone était remplacé par O/ Boïlil ; mais ce qui suit, n'est pas un Western, s'il en est un, ce n'est certainement pas un Western-spaghetti, mais un Western-zrig.

Ce livre m'a véritablement secoué, il m'a fait froid dans le dos. À sa lecture, je me suis remémoré les vagues souvenirs sur Auschwitz et Buchenwald, je me suis ressouvenu des reportages sur l'Holocauste, sur la " Kristalnacht ", je me suis ressouvenu du dernier film de Roberto Benigni, " La Vie est Belle " ; mais à Inal (comme dans le film) la vie était loin d'être belle.

INAL, parlons-en : base militaire " … coin perdu dans le nord de la Mauritanie, à 255 Km de Nouadhibou, le long de la voie ferrée. La ville d'Inal ou plus exactement le hameau, se situe à quelque huit cents mètres à l'Est de la base militaire…la base d'inal est construite dans cette une batha, une sorte de vallée ". C'est de cette façon que nous le situe géographiquement Sy Mahamadou, rescapé de ce camp et aujourd'hui réfugié politique en France.

Lire la suite sur FLAMNET:
http://www.flamnet.info/so ulengaide_inal_html


Bonne lecture, la lutte continue!

www.flamnet.info


Partager cet article
Repost0
18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 16:04

CEFORD ® / PAGED

 

 Centre Focal de Recherche et de Documentation

  Sous la Conduite de

Théophile TATSITSA

Les origines de la crise immobilière,boursière etfinancière 2008

La crise internationale 2008:

- La piste-cause du 9 Eleven Bug;

- L’entourloupe des subprimes;

- Les fondements dans le drame de l’Occident.

 

Cognito O.S.D

Octobre 2008

Observatoire

 

Social de Développement de la Maison COGNITO

Les origines de la crise financière internationale : Octobre 2008

 

Cet exemplaire vous est offert par l' Edition spéciale du 1erPour lecture personnelle.

Attention!

Avril 2010: journée cinquantenaire de distribution gratuite des livres.

 

http://books.google.fr/books?id=W-H_WpzLXsoC&printsec=frontcover#v=onepage&q=&f=false

 

journée cinquantenaire du livre gratuit.

Bibliothèque libre d’Afrique

Accédez au Rayon Afrique 2010 (Bibliothèque du cinquantenaire).

http://www.facebook.com/group.php?v=wall&gid=333221533882

Théophile Tatsitsa - Cognito O.S.D, Octobre 2008

 

 

Biliaf -010410 /

Ouvrage sous droits d'auteurs.

Si vous voulez diffuser dans votre groupe ou distribuer la version papier; bien vouloir nous contacter.

 

Consulter en ligne: http://www.facebook.com/group.php?v=wall&gid=333221533882

Partager cet article
Repost0
11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 21:15

Hier - 10:17

Par Philippe TRIAY

 Les « Saisons sauvages » de Kettly Mars

Le dernier ouvrage de la romancière haïtienne Kettly Mars effectue une plongée abyssale et lancinante au cœur de la dictature duvaliériste. Rencontre avec l’auteur.

La romancière haïtienne Kettly Mars © Louis-Henri Mars Romancière, poétesse, nouvelliste (elle a aussi écrit deux romans-feuilleton), voilà vingt ans que Kettly Mars s’adonne à sa passion, la littérature, tout en continuant de travailler comme assistante administrative en Haïti. Dans « Saisons sauvages », son dernier roman, particulièrement ciselé et haletant, elle s’immerge dans les arcanes du système totalitaire de François Duvalier et de sa cohorte de macoutes tortionnaires. Un roman dur et envoûtant, qui explore au scalpel les tréfonds de l’âme humaine. Entretien.

 

Vous venez de publier votre quatrième roman, « Saisons sauvages », aux éditions Mercure de France. Pouvez-vous en résumer la trame ?
Kettly MARS : Ce roman peut se résumer dans son contenu et dans sa démarche. Le contenu c’est l’histoire qui se déroule sous la dictature de François Duvalier, quand elle est en train de se durcir pour arriver jusqu’à la présidence à vie. C’est l’histoire d’une famille victime de cette dictature et de la chape de plomb qu’elle fait peser sur le pays.
L’héroïne est une femme dont l’époux est un opposant et qui a été enlevé. Elle fait des démarches pour le retrouver, et elle va frapper à la porte du chef de la police politique qui est aussi secrétaire d’Etat. Mais par ce geste elle a frappé sans le savoir à « la porte du diable ». Commence alors pour elle une sorte de plongée dans l’abîme, une descente aux enfers, car cet homme voit dans cette femme l’objet de toutes les convoitises et de toutes les ambitions qu’il veut réaliser à travers elle. Cette femme se découvre aussi elle-même dans cette situation très difficile, elle apprend à se connaître et à savoir ce que signifie vraiment de vivre sous une dictature quand on en est victime.

En ce qui concerne ma démarche, c’est celle de comprendre cette dictature avec le recul puisque je suis née et que j’ai grandi avec elle. Dans ma maturité je me suis rendu compte que je n’avais rien compris à ce qui se passait, et que je n’avais pas compris non plus quelle influence cela pouvait avoir sur le citoyen haïtien d’aujourd’hui. C’est donc pour faire cette démarche de décantation que j’ai écrit ce livre, pour moi et mes compatriotes, et aussi pour annuler les clichés que l’on a dès que l’on parle d’Haïti, des Duvalier et des tontons macoutes.
Je veux faire comprendre qu’une dictature c’est le même phénomène, quel que soit le pays dans lequel elle se déroule. Ce sont les mêmes paramètres, c’est la même emprise de l’homme sur l’homme et la même lutte âpre pour le pouvoir.

En quoi cette dictature a-t-elle déterminé la vie politique et sociale d’Haïti jusqu’à présent ?
Kettly MARS : Les conséquences sont bien évidentes, même si je ne peux pas encore toutes les toucher du doigt. Haïti s’enfonce dans la pauvreté et le sous-développement, malgré l’aide massive que nous recevons, malgré toutes les tentatives de renverser la tendance. La dictature duvaliériste est partie depuis moins d’un quart de siècle, mais il y a en elle les embryons de ce que nous sommes aujourd’hui. C’est à dire un peuple manipulé, et une classe moyenne et intellectuelle qui ne sent pas un besoin d’engagement, ne se sent pas responsabilisée, et qui préfère fermer les yeux comme elle a fermé les yeux pendant trente ans de dictature pour survivre. Nous avons survécu grâce à la compromission, et cette tendance est restée ancrée chez nous. Je me rappelle ce que c’était en février 1986 quand la dictature Duvalier est tombée. C’était l’euphorie, c’était l’espoir à outrance, et maintenant, vingt-cinq ans plus tard, il se trouve qu’il y a encore des gens à regretter la dictature. Je me pose encore la question de savoir pourquoi.

 

Le tremblement de terre qui a frappé Haïti en janvier a créé un véritable électrochoc social, culturel et même religieux dans le pays. Quel est votre sentiment sur cet événement et ses conséquences ?
Kettly MARS : J’ai eu récemment un débat avec d’autres écrivains haïtiens et nous avons chacun notre façon d’aborder le cataclysme qui nous a frappé. Frankétienne pense par exemple qu’Haïti est à un carrefour décisif. Ou bien le pays meurt, ou bien il renaît. Lyonel Trouillot est moins drastique, il dit que des opportunités s’ouvrent, que c’est comme un réveil et que nous sommes maintenant en train de nous questionner car cet événement a touché toutes les couches sociales de notre pays.
Nous sommes un peuple, et le malheur qui nous frappe n’épargne personne. Il faut comprendre que cette détresse que nous avons vécue et partagée, nous devons aussi l’étendre au bonheur, à la richesse, à l’égalité et à la fraternité. Intellectuels et artistes, nous avons également appris que nous ne pouvons pas faire seulement dans l’esthétique, mais que nous avons une responsabilité face à ce peuple. Ce n’est pas innocent d’être un créateur en Haïti, cela ne peut pas être un passe-temps ou un hobby. C’est quelque chose qui est lourd de conséquences. Il y a un déficit de modèles que nous devons combler auprès de notre population qui est très jeune. Nous sommes environ dix millions de personnes sur l’île dont 50% ont moins de 18 ans. Nous avons des responsabilités. Nous devons nous réapproprier le pouvoir des mots et le pouvoir de la création pour devenir plus en osmose avec ce peuple.

Propos recueillis par Philippe Triay

Bibliographie sélective

Romans
Saisons sauvages, éditions Mercure de France, 2010
Fado, Mercure de France, 2008
Kasalé, éditions Vents d’ailleurs, France, 2007
L’Heure hybride, Vents d’ailleurs, 2005 (Prix Senghor de la Création littéraire)

Nouvelles
Un parfum d’encens, Imprimeur II, Haïti, 1999
Mirage-Hôtel, éditions Caraïbe, Haïti, 2002

Plus sur RFO

Contacter RFO

Partager cet article
Repost0
11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 20:54
  13.000 mercis !


En une semaine, vous avez été plus de treize mille à signer notre appel à ne pas couper les ailes du Salon du livre et de la presse jeunesse.

Votre appel a été entendu.

La subvention de fonctionnement du Conseil Général de la Seine-Saint-Denis pour le Salon du livre et de la presse jeunesse est entièrement maintenue. L’annonce a été faite jeudi 8 avril lors du discours préliminaire à la présentation du budget 2010 par le Président de l'assemblée départementale Claude Bartolone.

Nous sommes heureux, soulagés mais également vigilants quant à la fragilité de notre budget et attentifs aux soutiens de tous nos partenaires. De même, nous restons soucieux de l’avenir de l’ensemble des budgets culturels du département, et plus particulièrement de celui de Livres au trésor dont il n’est pas sûr que la pérennité financière soit acquise.

Un immense merci à chacun d’entre vous pour avoir signé, relayé et enrichi cet appel avec vos commentaires convaincants postés sur le blog le pouvoir des livres.

Cette mobilisation et ces réflexions ont éclairci l’horizon. Sans aucun doute ce mouvement de réaction contribue aussi à donner de la vitalité, de la modernité, du désir à cette idée toute simple : tous les enfants ont besoin de livres et de littérature pour grandir. Partout, en Seine-Saint-Denis, et ailleurs.

Merci encore
L’équipe du Salon du livre et de la presse jeunesse

Pour nous écrire :
contact@slpj.fr
Pour être informé de
nos projets et programmes
Pour soutenir : Livres auTrésor
 

 

 
Partager cet article
Repost0
11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 20:01
PM
Collection :
Altérations
Parution : 01/04/2010
ISBN : 978-2-9149-6869-0
  156pages
14 x 20,5
15.00 euros


La pensée-marchandise

Alfred Sohn-Rethel (1899–1990), sociologue, économiste et historien allemand inspiré par Marx, a participé à l’élaboration de la « Théorie critique » d’Adorno (qui l’admirait), Benjamin et Horkheimer dans les années 1930. Ce n’est que dans les années 1970, après un long exil en Angleterre, que ses écrits furent publiés en Allemagne et qu’il put enseigner à l’université de Brême, suscitant des débats passionnés dans la gauche allemande.
Anselm Jappe est l’auteur des livres Guy Debord (Denoël 2001), Les aventures de la marchandise (Denoël, 2003) et L’avant-garde inacceptable (Lignes, 2004). Il enseigne l’esthétique à l’École d’art de Frosinone (Italie). Il participe aux revues Exit ! (Nuremberg, Allemagne) et Illusio (Caen).

 

 

 



Alfred Sohn-Rethel
Préface d’Anselm Jappe
Traduction de Gérard Briche et Luc Mercier

Ce ne sont pas seulement les contenus de la pensée, mais ses formes mêmes qui trouvent leur origine dans l’organisation sociale de la production matérielle. Les débuts de la logique dans le monde grec antique sont liés à l’apparition des premières pièces de monnaie. L’a priori dont parlait Kant était la forme-marchandise. Telles sont les théories novatrices que Sohn-Rethel a proposées dès les années 1930, à contre-courant de toute la tradition philosophique, mais aussi du marxisme traditionnel. Elles ont influencé profondément les débuts de l’« École de Francfort », mais au prix d’une longue marginalisation de ­l’auteur. Cette première traduction française de trois de ses essais comble non seulement une lacune majeure dans la connaissance de la pensée critique allemande à son âge d’or, mais elle offre également les jalons pour élaborer aujourd’hui une épistémologie basée sur la théorie de Marx, dans le cadre d’une critique radicale de l’abstraction sociale, du marché et de la marchandise qui nous gouvernent.
ccp
Collection :
Savoir/agir
Parution : 03/09/2009
ISBN : 978-2-9149-6863-8
156 pages
14 x 20,5
13.50 euros


Le café du commerce des penseurs

À propos de la doxa intellectuelle

Louis Pinto

La doxa intellectuelle, ensemble de mots, d’expressions, de slogans, de questions et de débats dont les évidences partagées délimitent ce qui est donné à penser aux contemporains, et notamment au public « instruit », constitue l’obstacle majeur à un point de vue critique. Elle n’est pas conservatrice par accident : elle tend, en effet, à concilier les apparences de l’autonomie intellectuelle avec les valeurs et les attentes de ceux qui occupent des positions de pouvoir dans des univers aussi peu autonomes que ceux de la grande presse, de l’édition, de la politique et de l’entreprise. Quelles que soient les nuances affichées entre des versions de droite et de gauche, l’adversaire principal de la plupart des discours demeure la « vieille » gauche « étatiste » réputée soumise aux dogmes marxistes, autoritaires et centralistes de l’égalitarisme et au culte de l’État dit « providence » (plutôt que « social »). Sur ce fond relativement invariant, les différents producteurs de doxa, philosophes, sociologues, historiens, politologues, se distinguent par le travail de mise en forme intellectuelle qu’ils doivent accomplir pour se conformer aux exigences de leur univers d’appartenance.
Qu’en est-il de la genèse de la doxa intellectuelle ? Quelle est la géographie des principales régions où elle est produite et reproduite ? Quel en est le contenu politique ? Quels sont les thèmes et les schèmes de pensée qui lui confèrent les allures de la légitimité intellectuelle ? Telles sont les principales questions envisagées dans cette étude qui tient autant de la sociologie des intellectuels que de la sociologie politique.
Louis Pinto, sociologue, directeur de recherche au CNRS, travaille sur différents domaines, la presse, les intellectuels, l’enseignement, la philosophie, le « mouvement consommateur ». Parmi ses livres récents : La théorie souveraine. Les philosophes français et la sociologie au xxe siècle, Cerf, 2009, Le collectif et l’individuel. Considérations durkheimiennes, Raisons d’agir Éditions, 2009, La vocation et le métier de philosophe. Pour une sociologie de la philosophie dans la France contemporaine, Seuil, 2007, La vocation et le métier de philosophe, Seuil, 2007.

 
Partager cet article
Repost0
9 avril 2010 5 09 /04 /avril /2010 13:20
Objet : Conversations littéraires avec Eric Naulleau, animées par Andy Vérol
Médiathèque Blaise-Cendrars
Le 10 Avril 2010
A 16h00, un rendez-vous régulier avec des auteurs toujours différents

Médiathèque Blaise-Cendrars
1 rue de la Fonderie, Conflans-Sainte-Honorine

Informations :

Plus connu pour ses chroniques cinglantes dans On n’est pas couché, l’émission de Laurent Ruquier, Eric Naulleau est aussi à la tête de deux maisons d’édition, Balland et L’Esprit des Péninsules, écrivain, critique littéraire et pamphlétaire.

Dans une conversation menée par Andy Vérol, écrivain et biographe, Eric Naulleau viendra présenter son dernier roman. L’admiration qu’il porte à Parker a ainsi été le prétexte d’une enquête littéraire bien ficelée.
Il sera ici question avant tout de littérature, mais aussi de musique, d’un état de la critique littéraire actuelle, d’évolution de l’édition face à l’émergence des nouvelles technologies.

Venez nombreux rencontrer ce personnage littéraire aux multiples facettes !

Renseignements
01 39 72 72 12
Partager cet article
Repost0
8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 16:12
J'étais à Oualata: le racisme d'Etat en Mauriatnie.
FLAMNET: Notes de lecture: J'étais à Oualata: le racisme d'Etat en Mauriatnie.

Paris, L'Harmattan, 1999, 166 pages.

Par Mouhamadou Saidou Touré - Paris-France


La Mauritanie, trait d'union entre le Maghreb et l'Afrique noire par sa composition ethnique "arabe" et "négro-africaine", peine à avoir une position médiane et à sauvegarder son unité nationale, que des crises sporadiques mettent à mal depuis son indépendance, le 28 novembre 1960.

La publication, en 1966, du document dit des "dix-neuf cadres négro-africains" en réaction à l'arabisation de l'enseignement secondaire et celle du "manifeste du Négro-mauritanien opprimé" en 1986 constituent le point d'orgue de la contestation politique des « cadres » du Sud qui, pour être musulmans, n'en gardent pas moins leurs distances par rapport à l'arabisme (nationalisme arabe). En octobre 1987, c'est le tour de militaires Négro-mauritaniens de contester le régime de Nouakchott pour mettre un terme à "la discrimination raciale qui prenait corps à l'intérieur du pays": tentative de coup d'Etat déjouée (avant qu'il ait eu un début d'exécution), condamnations trop lourdes, dont trois peines capitales.

C'est à la suite de cette tentative de coup d'Etat que l'auteur de cet ouvrage, Alassane Harouna BOYE, est condamné à la réclusion à perpétuité, avant de bénéficier d'une grâce présidentielle intervenue le 7 mars 1991.

J'étais à Oualata: le racisme d'Etat en Mauritanie est essentiellement le récit de l'expérience carcérale de l'auteur avec ses pairs militaires et les signataires du manifeste précité, dont feu l'écrivain Tène Youssouf GUEYE, qui ne survivra pas à ses conditions de détention. BOYE nous entraîne dans l'univers funeste d'un bagne situé en plein désert et dépeint la décrépitude de ses pensionnaires, à la merci de leurs geôliers. Si le regard de BOYE est distancié etnuancé, le tableau qu'il brosse de la lugubre prison n'est, en revanche, guère reluisant: des épaves humaines faméliques, se nourrissant du "riz cuit avec du sable", entassées dans une pièce exiguë, ferrées aux pieds nuit et jour et condamnées aux travaux forcés.
Lire la suite sur FLAMNET-CULTURE:

http://www.flamnet.info/cu lture__notes_de_lecture__j_etais_a_oualata

Flamnet- FÉVRIER 2002
www.flamnet.info

Partager cet article
Repost0