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25 février 2013 1 25 /02 /février /2013 19:32

                                


                                Vient de paraître

Chez L'Harmattan Édition -Diffusion
   5-7, rue de l’École Polytechnique 75005 Paris              
  Tél. 01 40 46 79 20 (comptoir et renseignement libraires)                                                   
  Tél. 01 40 46 79 14 (manuscrits et fabrication)
  Tél. 01 40 46 79 22 (service de promotion)
  Fax 01 43 25 82 03 (commercial)


                 HANDICAP ET CITOYENNETÉ


                     Quand le handicap interroge le politique
Yves Bruchon
ISBN : 978-2-296-99831-5 • février 2013 • 172 pages  Prix éditeur : 18 €

Yves Bruchon - Handicap et citoyenneté - Quand le handicap interroge le politique.



Ni faire une histoire du handicap, ni prétendre donner des indications pour une bonne politique du handicap, nous voudrions juste donner quelques outils pour comprendre, voire commencer à remplir le programme de Julia Kristeva : "et si au lieu de parler précisément de le “prendre en charge”, le handicap nous aidait à réinventer le lien social ?"

Et pour cela : identifier ce qui, d’être trop évident, oblige à céder sur des exigences d’égalité et de justice sur la question du handicap, oblige à ne pas entendre dans tel ou tel énoncé (même de loi) ce que veulent dire des expressions telles que "égalité des droits", "égalité des chances", "participation sociale", "citoyenneté" au même niveau, avec les mêmes exigences que pour d’autres, y compris d’autres différences, minorités, exclus, etc.

La question du handicap est celle de la démocratie ; la question du handicap est, centralement, politique comme en témoigne le fonctionnement de la dialectique droits de l’homme – droits du citoyen dans la problématique du handicap.


Yves Bruchon est professeur de philosophie de formation. Il a exercé les fonctions de formateur d’enseignants et d’inspecteur de l’éducation nationale chargé de l’adaptation scolaire et de l’intégration (AIS devenue ASH). Il est, actuellement, vice-président de la fédération générale des PEP.



Sommaire
 
Handicap et définitions du champ politique   

Première partie : Handicap et souveraineté
Politique (1)   
D’une frontière…   
Représentation du handicap (1)

Deuxième partie: Handicap et placement social
Le handicap, soluble dans la question sociale ?   
Politique (2)   
Gérer le handicap comme un risque…
Le handicap, question de justice sociale ?   
Représentation du handicap (2)   

Troisième partie: Handicap et émancipation
Liminalité et différence : vers une subjectivité inclusive ?
Politique (3)   
Handicap et émancipation   
Accompagner et/ou émanciper

Egalité et émancipation

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5 janvier 2013 6 05 /01 /janvier /2013 21:44
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10 septembre 2012 1 10 /09 /septembre /2012 19:31
  • Biographie (broché). Paru en 10/2010
  • En Stock

Pour être livré le mercredi 12 septembre commandez avant demain 13h et choisissez la livraison express .

Voici enfin le premier récit autobiographique de la grande prêtresse du punk-rock. Autour de ses amours pour Robert Mapplethorpe, compagnon d’inspiration et photographe star des années 70-80. Le récit est émouvant, drôle et mélancolique, bien dans le style de la grande poètesse qu’est Patti Smith....

Voici enfin le premier récit autobiographique de la grande prêtresse du punk-rock. Autour de ses amours pour Robert Mapplethorpe, compagnon d’inspiration et photographe star des années 70-80. Le récit est émouvant, drôle et mélancolique, bien dans le style de la grande poètesse qu’est Patti Smith. Un vent de bohème souffle à nouveau...

N'oubiez pas de vous le procurer...une lecture très agréable..!!!qu'elle artiste le weekend prochain sera à la fête de l'huma.

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4 septembre 2012 2 04 /09 /septembre /2012 13:33
Article d'édition
Édition : Bookclub
Stigmatisation et discrimination des banlieues

 

La discrimination négative, du sociologue Robert Castel, analyse certains mécanismes de la discrimination raciale en France aujourd’hui et donc la façon dont peut fonctionner la discrimination dans un Etat de droit où elle est interdite par la loi.

Loin d’être le fait de quelques racistes, la stigmatisation et discrimination raciale apparaît comme un segment d’une structure qui, en-deçà de la loi (ce qui ne signifie pas que les lois et institutions sont exemptes de tout fondement et contenu discriminatoires), organise un certain niveau des relations sociales. Considérer uniquement les lois ou l’Etat et dire que la discrimination raciale n’existe pas en France revient à privilégier une approche institutionnelle et juridique de la discrimination favorisant la fiction républicaine. Or, cette idée ne résiste pas à l’établissement des faits : certains groupes subissent une discrimination différente de ce que serait la discrimination d’Etat. Comme l’a démontré Foucault, le pouvoir ne peut être réduit à sa forme juridique, ayant pour source l’Etat : le pouvoir existe par l’établissement et la reproduction de rapports sociaux structurels.

 

Le livre est centré sur la situation des « jeunes des banlieues », plus particulièrement de ceux, comme on dit, « issus de l’immigration » et vivant dans les cités « à problèmes » (et il faudrait déjà interroger le caractère stigmatisant et occultant de ces expressions) : ceux-ci « expriment la relation contradictoire que la société française entretient avec la question ethnique ; coexistence d’une annulation apparente du poids du facteur ethnique […], et d’une stigmatisation massive d’une foule d’individus du fait de cette même appartenance ethnique ». L’auteur trouve un signe de cette contradiction dans les violences urbaines qui ont eu lieu en France en 2005 et dans certaines interprétations qui en ont été faites. On se souvient, par exemple, de l’entretien accordé par Finkielkraut, en novembre 2005, au journal Haaretz : « En France, on aimerait bien réduire ces émeutes à leur dimension sociale, les voir comme une révolte des jeunes des banlieues contre leur situation, contre la discrimination dont ils souffrent, contre le chômage. Le problème est que la plupart de ces jeunes sont des Noirs ou des Arabes avec une identité musulmane ». Pour Finkielkraut, avant d’être citoyens français, ces jeunes sont d’abord « des Noirs ou des Arabes », c’est-à-dire définissables par des caractères ethniques et « raciaux ». Pour Castel, au contraire, il s’agit de réfléchir à leur situation en tant que citoyens français (puisque c’est bien, du point de vue de la République, ce qu’ils sont) et de voir si ces émeutes ne seraient pas corrélées avec leur position particulière au sein de la société. Le problème ne serait pas ethnique, renvoyant aux difficultés supposées du « multiculturalisme », voire du « multiethnisme », mais social, impliquant l’ensemble de la société française. Pour Finkielkraut, le problème concerne l’appartenance de ces jeunes à une ethnie « autre ». Pour Castel, le problème concerne la société française dont ces jeunes font partie, ces violences étant le symptôme de quelque chose qui ne va pas, non pas spécifiquement chez eux, mais dans la société elle-même. Dans ce cas, c’est la société qui est amenée à s’interroger, tandis que chez Finkielkraut, selon la logique habituelle de la discrimination, elle n’est en rien remise en question par un problème dont on affuble un « autre » et que l’on circonscrit à cet « autre ». Dans les deux cas, la compréhension ne sera pas la même, et les implications pratiques et politiques ne seront pas non plus les mêmes.

 

« Il convient […] de se méfier d’une lecture des événements qui les renfermerait sur eux-mêmes et sur l’instant […], ne serait-ce que parce que l’on se déroberait ainsi à l’exigence d’en faire l’histoire et d’en explorer la sociologie, c’est-à-dire de les replacer dans un processus de transformations et de les inscrire dans leur environnement social ». Un fait n’apparaît et n’a de sens qu’en relation avec un ensemble d’autres faits. Ignorer ce principe  épistémologique revient à se satisfaire d’évidences qui n’ont rien d’évidentes, qui sont toujours l’effet d’un regard construit par l’opinion, l’idéologie, un regard dressé à différencier et classer les individus ou les groupes d’une façon précise, non interrogée – par exemple, selon la couleur de la peau, selon l’ethnie, selon que ce sont « des Noirs ou des Arabes ». La mise en rapport des violences de 2005 avec d’autres faits sociaux fonde l’analyse de Castel, et si celui-ci montre la situation discriminatoire qui est celle de ces jeunes, il définit en même temps certains caractères de la logique discriminatoire en général, qui pourrait s’appliquer à d’autres groupes stigmatisés et discriminés : pauvres, chômeurs, LGBT, etc.

L’auteur insiste sur la situation matérielle de ces jeunes ainsi que sur les processus de stigmatisation, de dévalorisation et de marginalisation qu’ils subissent et qui aboutissent, de fait, à une exclusion de la citoyenneté. Robert Castel fait apparaître que la situation matérielle, sociale, économique, culturelle et symbolique de ces jeunes s’enracine dans les politiques conjointes d’urbanisation et d’immigration qui sont menées depuis près de 60 ans, dans le colonialisme et le post-colonialisme ainsi que la discrimination raciale qui leur est liée, dans la paupérisation et la précarité qui frappent ces populations. Leur situation trouve son origine dans une série de stigmatisations et de discriminations. Ce que sont ces jeunes – si parler de manière aussi globale a un sens – n’est pas la manifestation d’une nature ou essence qui serait celle « des Noirs ou des Arabes », mais résulte d’un contexte et de processus qui concernent l’histoire et les représentations de la société dans son ensemble. C’est cette dimension historique, sociale et idéologique qui est occultée par les processus de stigmatisation et de discrimination, qui fonctionnent en interprétant en termes de nature ou d’essence ce qui relève du social et de l’histoire. Les discours qui, comme celui de Finkielkraut, réduisent les violences de 2005 à un problème ethnique, masquent cette dimension, empêchent la reconnaissance du fait que les problèmes des banlieues renvoient à ce qui traverse la société entière, donc empêchent que la société elle-même (son histoire, ses représentations, son fonctionnement) soit questionnée par ceux-ci. Ces discours réfléchissent moins à la situation et à ses solutions possibles qu’ils ne reproduisent les conditions de la stigmatisation et de la discrimination, c’est-à-dire les conditions d’exercice d’un pouvoir défini comme domination sociale, politique, économique, culturelle, symbolique, d’une catégorie (homme, blanc, bourgeois, etc.) sur les autres. Par là, ces discours, comme le discours essentiellement sécuritaire servi par l’Etat, loin de résoudre les problèmes, non seulement les reconduisent mais font eux-mêmes partie de ce qui en réalité pose problème : ils sont des éléments d’un pouvoir qui par eux se protège, se diffuse, se perpétue.

 

Les analyses de Castel font apparaître les mécanismes qui réduisent ces jeunes à une image stigmatisante ajoutant l’inutilité sociale (incapables de s’intégrer à l’ordre productif) à la dangerosité (insécurité, délinquance). Pour le dire autrement : si les problèmes rencontrés par ces populations sont les mêmes que ceux qui existent pour l’ensemble de la société (chômage, précarité, paupérisation, avenir socio-professionnel problématique, etc.), dans leur cas ces problèmes sont pourtant attribués à des causes spécifiques selon une logique stigmatisante surdéterminée par l’origine ethnique et populaire de ces jeunes. Ils se trouvent ainsi en position d’incarner une « altérité totale » vis-à-vis de ce qui apparaît comme le reste, distinct, de la société correspondant à un modèle social et citoyen idéal. Leur stigmatisation et discrimination s’appuient sur un processus qui les place en position d’altérité, qui les somme d’incarner l’autre du citoyen, les distinguant et les isolant du reste de la population et de la société « normales ». Par ce mouvement, typique de la domination, la situation réelle de ces jeunes est ignorée, au profit d’un point de vue qui naturalise, essentialise, « ethnicise », et l’altérité qu’ils représentent est utilisée comme facteur d’une certaine forme d’exclusion. D’où les questions que pose le sociologue : ces jeunes sont-ils considérés comme des citoyens ? ou bien l’altérité qui leur est imposée ne les renvoie-t-elle pas en dehors des frontières de la citoyenneté, en tout cas à la limite de ces frontières (d’autres groupes stigmatisés et discriminés, les homos, les trans, les toxicomanes, les femmes voilées, les putes, etc., peuvent reconnaître ici un processus auquel ils sont habitués) ? La discrimination, pourtant illégale, s’exerce par la constitution d’une altérité, d’une différence spécifique, qui situe à la marge de la citoyenneté – altérité et marginalisation qui sont construites à travers une histoire et selon des processus sociaux, matériels et subjectifs précis mais occultés. Il faudrait sans doute ajouter que la construction de cette altérité fictionnelle est nécessaire à la construction tout aussi fictionnelle du modèle citoyen idéal auquel elle est opposée : par cette opposition peut prendre consistance la figure du citoyen respectueux de l’ordre républicain auquel il est non seulement intégré mais qu’il incarne. Le soupçon apparaît alors que cette figure citoyenne, que les médias, les politiques ou l’opinion commune (mais aussi, béatement, une certaine philosophie) utilisent sans cesse contre ces jeunes des « quartiers sensibles », ne serait que le gardien d’un ordre social, économique, culturel, ethnique, particulier qui n’a rien de républicain mais sert les intérêts propres de catégories dominantes : l’homme blanc, bourgeois, hétérosexuel, etc.

 

Castel insiste sur le régime d’exclusion particulier dont ces jeunes sont la cible. Les définir et les constituer comme « autres » n’a pas pour effet une simple exclusion, une ghettoïsation : ils bénéficient de la citoyenneté politique et sociale, jouissent des droits politiques et de l’égalité devant la loi. Ils ne sont pas non plus coupés de la culture française commune, des valeurs et des modes de vie communs. On peut constater une forte homogénéité entre les « jeunes des banlieues » et les autres : mêmes goûts musicaux, mêmes aspirations à un certain style de vie, etc. On ne peut donc qualifier les banlieues de « ghettos » ni définir ces jeunes, au sens strict, comme des exclus coupés culturellement et spatialement du reste de la population. Pourtant, s’ils ne sont pas hors de la société, la stigmatisation et la discrimination qu’ils connaissent font qu’ils ne sont pas non plus dedans : ils n’y occupent aucune place reconnue et valorisée, au contraire, ils sont le symbole de ce qui est dévalorisé, ce contre quoi il faut être – toujours trop noirs, trop arabes, trop pauvres, trop musulmans, trop inadaptés, trop nombreux, trop incultes, trop dangereux, etc. Castel est ainsi amené à les définir comme des « exclus de l’intérieur ».

 

Comment, dans ces conditions, ne pas devenir des « déçus de la citoyenneté » ? Ce que met au jour La discrimination négative, c’est que ces jeunes sont pris dans un double bind, un double discours contradictoire qui, d’un côté, les assimile à des citoyens, selon un modèle républicain valorisé de la citoyenneté et de l’universalité (des valeurs, des droits, etc.), mais d’un autre les maintient dans une position stigmatisée, dévalorisée, source de discriminations objectives : la société les enjoint d’être quelque chose qui en même temps leur est refusé, et qui leur est d’autant plus refusé que le modèle républicain du citoyen auquel on les presse de se conformer semblerait de fait inclure leur stigmatisation, dévalorisation et discrimination. On le voit, le problème concernerait moins, de manière spécifique, ces jeunes, que ce modèle républicain du citoyen qui serait à remettre en question, ainsi que l’ordre social, économique, politique, ethnique, culturel ou symbolique qu’il garantit.

 

Robert Castel, La discrimination négative, Seuil, 2007, 129 pages, 11 € 80

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13 mai 2012 7 13 /05 /mai /2012 21:18
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26 février 2012 7 26 /02 /février /2012 20:01

Collection :
Revue S/A

Parution : 17/02/2012
ISBN : 978-2-36512-005-0
224 pages
14 x 20,5
15 euros

2012 : les sociologues s’invitent dans le débat


Collectif

L’expérience de la collection Savoir/agir révèle la richesse et l’originalité des analyses proposées par des intellectuels critiques. Or ceux-ci, plus familiers avec la description et l’explication du réel qu’avec l’élaboration de programmes, ne sont pas à l’aise dans une conjoncture électorale. Mais, précisément pour cette raison, ils ne sont pas nécessairement mal placés pour faire ce qu’eux seuls sont en mesure de faire. A savoir d’une part, faire un diagnostic synthétique de l’état des choses dans un domaine de leur compétence ; d’autre part, énumérer un certain nombre de points qui leur semblent décisifs pour ce que pourrait être une politique de gauche. L’exercice de militantisme intellectuel proposé ici a quelque chose de paradoxal. Alors que la gauche de gauche se voit d’ordinaire associée à des idées dites maximalistes, il s’agit de favoriser sur des points précis, la formulation de principes d’action en deçà desquels une gauche digne de ce nom ne pourrait que se déjuger : non pas placer la barre très haut, la placer plutôt, au minimum, un minimum qui pourrait aussi être l’essentiel, bref ce qui ne saurait être escamoté. L’urgence semble aujourd’hui de montrer qu’autre chose est possible, réalisable, en refusant à la fois la capitulation social-démocrate devant la loi d’airain du capitalisme financier et le délire incantatoire du discours « anticapitaliste ». Le « réalisme utopique » dont parlait Bourdieu ne se distingue ni par les fausses précisions du discours d’expert ni par des proclamations grandioses mais vagues : il consiste à chercher les points précis où peut se faire un basculement des rapports de force en faveur de la justice sociale, de la démocratie et de la maîtrise collective du futur. Être « radical » consiste à être simplement conséquent : c’est, après avoir pris connaissance des questions posées, chercher des réponses qui pourraient être à la hauteur de ces questions. En matière d’environnement ou en matière de marché financier, la réalité se charge de montrer que des idées autrefois considérées comme radicales, et donc exclues de l’horizon du pensable, ne sont pas aussi extravagantes qu’on avait bien voulu le dire.


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26 février 2012 7 26 /02 /février /2012 19:51

Collection :
Carnets d'exil

Parution : 4/11/2011
ISBN : 978-2-914968-99-7
160 pages
16 x 18,5
14 euros

Comment on expulse
Responsabilités en miettes

Marie Cosnay

En novembre 2008, une famille du Kosovo est expulsée de l’aéroport de Biarritz. Trois enfants sont portés dans l’avion par les policiers. Le père monte, la mère s’évanouit sur le seuil. On l’embarque, sous les yeux de ses amis et soutiens impuissants. Ce jour-là, je me formulai que la question des responsabilités, au milieu d’un ensemble qui vise à les émietter, était posée. Il faudrait, pour l’étudier, en passer par les mots et les représentations que l’on se fait des choses. Le tribunal est un espace de paroles. Un policier y raconte qu’il n’est plus le même après avoir assisté à l’expul­sion « couchée » d’un jeune homme kurde. Le représentant de la préfecture craint qu’on ne le prenne pour « un nazi ». L’exil, la frontière, l’étranger, le droit : autant de thèmes que traite, depuis son antiquité, notre civilisation. J’avais besoin que la politique contemporaine du droit (ou non-droit) des étrangers dialogue avec les grandes figures mythiques, les textes fondateurs, de Platon à Ovide, qui en dirent jadis quelque chose. J’avais besoin d’interroger différentes manières de dire, persuadée que chacune crée un espace de représentation qui fait, peut faire ou fera, même de manière infime, bouger le réel.

Marie Cosnay vit au Pays Basque, travaille non loin, lit, écrit et traduit Ovide, Euripide, Sophocle. Elle a récemment publié D’Orphée à Achille (traduction et présentation des livres X, XI, XII des Métamorphoses d’Ovide), Nous, 2011 ; Entre chagrin et néant - Audiences d’étrangers, Cadex, 2011 (1re édition Laurence Teper, 2009) ; La Langue maternelle, Cheyne Éditeur, 2010.

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17 décembre 2011 6 17 /12 /décembre /2011 19:39

             « Itinéraire d’un gamin de la cité Noire »

                                Préface de Michèle Lemaux

  

    Jacques Declosmenil c’est plus de 40 années de militantisme syndical, associatif et politique.

 

Le petit Jacques est né en 1946 à Saint-Lô, alors capitale des ruines. De la cité en baraques jusqu’à la ville reconstruite, préfecture de la Manche vivant derrière ses vrais faux remparts, il a grandi avec elle et ne l’a jamais quittée.

 

Venu du monde ouvrier, son regard est celui «d’un chrétien sans église et d’un communiste sans parti ». Ces pages, dont la sincérité émeut, racontent la vie d’un homme de conviction viscéralement attaché à la justice sociale. Admiré ou abhorré, Jacques Declosmenil ne laisse personne indifférent, ses combats méritent d’être connus. A l’heure où beaucoup s’interrogent sur l’avenir du militantisme, celui du quotidien dont on ne parle guère, cet ouvrage restitue plus de quarante ans de vie d’un citoyen exceptionnel, et révèle le positionnement des principaux acteurs de la vie locale.

 

Dans l’histoire de Saint-Lô, ce livre-document restera un événement. Il laissera une trace car d’un ton jusque là inconnu de la part d’un homme qui, comme responsable syndical, militant du Mrap, comme élu, est une pièce-clé de l’histoire sociale et politique du pays saint-lois.

 

 Ce livre surprendra tous ceux dont Jacques Declosmenil parle avec cordialité ou rudesse, tous ceux qui s’interrogent sur les vestiges sur lesquels le Saint-Lô d’aujourd’hui s’est bâti ; récit authentique sur le comportement des personnages de la province. Sans nul doute, il fera réagir. C’est l’histoire d’un homme qui porte témoignage.

 

...…………………………………………………………………………………………………

 

Pour commander le livre au prix public de 15 euros :

Au choix :

- envoyer un chèque de 19 euros (inclus frais d’envoi Mini Max : 4 euros)

- envoyer un chèque de 22 euros (inclus frais d’envoi Colissimo : 7 euros)

 

            A Declosmenil Jacques : 138, rue des écuyers 50 000 Saint-Lô.

 

-indiquer : nom, prénom, adresse où doit être envoyé l’ouvrage :…………………………….. …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………Tel………………………

 

Contact : téléphone : 02 33 57 27 56 ; Courriel : jacquesdeclosmenil@wanadoo.fr

 

L’ouvrage est également disponible à la SARL Declosmenil 151, rue Louis Armand Zone  Industrielle de La Chevalerie à Saint-Lô (Tel. 02 33 05 34 97) et à Planet R 2, rue Maréchal Leclerc à Saint-Lô (Tel. 02 33 77 17 77)

 

Merci de faire circuler l’information.

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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 22:01

Le ghetto français

Enquête sur le séparatisme social

Le problème de la ségrégation urbaine en France ne se limite pas à quelques centaines de quartiers dévastés par l’échec et la pauvreté. Ceux-ci ne sont que la conséquence la plus visible de tensions séparatistes qui traversent toute la société, à commencer par ses élites. À ce jeu, ce ne sont pas seulement des ouvriers qui fuient des chômeurs immigrés, mais aussi les salariés les plus aisés qui fuient les classes moyennes supérieures, les classes moyennes supérieures qui évitent les professions intermédiaires, les professions intermédiaires qui refusent de se mélanger avec les employés, etc. Le phénomène est d’autant plus préoccupant qu’en enfermant le présent, les fractures territoriales verrouillent aussi l’avenir des individus et les assignent à des destins sociaux écrits d’avance. Tel est l’enseignement de cette enquête au cœur du « ghetto français », qui révèle une société marquée par la défiance et la recherche de l’entre-soi, et découvre en chacun de nous un complice plus ou moins actif de la ségrégation urbaine.

Le territoire s’est imposé ces dernières années comme le révélateur des nouvelles inégalités. Il leur a donné un langage pour ainsi dire physique : celui des quartiers et des « cités » où se matérialise brutalement ce que la statistique peine parfois à décrire. Un langage plus complet aussi, car la ségrégation urbaine articule et concentre presque toutes les formes d’inégalités (de revenus, de formation, de destins, etc.).

Pourtant, l’évidence peut être trompeuse. Le territoire exhibe certaines formes de ségrégation et en dissimule d’autres. Les « quartiers difficiles » sautent aux yeux, mais pas les stratégies de fuite ou d’évitement qui en éloignent. Les lignes de démarcation de la misère sont infiniment plus spectaculaires que les ruses de l’esquive. Tandis que la pauvreté frappe, l’intelligence de l’entre-soi ou la peur du déclassement, qui sont les passions motrices de la ségrégation, s’enveloppent de transparence.

C’est à ces évidences trompeuses qu’a succombé la politique de la ville depuis quinze ou vingt ans. Abusée par le visible, elle participe d’une conviction d’autant plus partagée qu’elle a pour elle l’intuition la plus commune : le problème central de la société française serait de résoudre les difficultés de quelques centaines de quartiers dûment répertoriés, où se concentre l’essentiel des exclus. La « fracture sociale » passerait entre une minorité de cas extrêmes et le reste de la société, entre une frange d’exclus et la masse informe des inclus. En somme, le problème se résumerait au « scandale manifeste » des zones les plus déshéritées. Cette représentation sous-estime grandement l’étendue du mal. Elle fait comme si la difficulté procédait essentiellement de quelques « quarantaines sociales », comme si une soudaine poussée de ségrégation territoriale avait créé 500 ou 600 enclaves déshéritées à l’intérieur d’un paysage relativement homogène et continu. En réalité, les difficultés sont à la fois plus anciennes et plus générales. Plus anciennes, car les indicateurs de ségrégation territoriale révèlent une situation à peu près fixe depuis quinze ou vingt ans. Plus générales ensuite, car cette ségrégation déborde largement le problème particulier des ghettos pauvres, que par ailleurs aucune politique n’est parvenue à résoudre. La dramaturgie française de la ségrégation urbaine n’est pas celle d’un incendie soudain et local, mais celle d’un verrouillage général, durable et silencieux des espaces et des destins sociaux. Le tableau des inégalités territoriales révèle une société extraordinairement compartimentée, où les frontières de voisinage se sont durcies et où la défiance et la tentation séparatiste s’imposent comme les principes structurants de la coexistence sociale.

De fait, le « ghetto français » n’est pas tant le lieu d’un affrontement entre inclus et exclus, que le théâtre sur lequel chaque groupe s’évertue à fuir ou à contourner le groupe immédiatement inférieur dans l’échelle des difficultés. À ce jeu, ce ne sont pas seulement des ouvriers qui fuient des chômeurs immigrés, mais aussi les salariés les plus aisés qui fuient les classes moyennes supérieures, les classes moyennes supérieures qui esquivent les professions intermédiaires, les professions intermédiaires qui refusent de se mélanger avec les employés, etc. Bref, en chacun de nous se découvre un complice plus ou moins actif du processus ségrégatif.

Les quartiers sensibles doivent demeurer naturellement un sujet de préoccupation, mais ils ne sont que le résultat le plus visible de la ségrégation urbaine. Le principe actif de la fragmentation territoriale se trouve ailleurs, dissimulé dans les plis d’une expérience infiniment plus générale mais qui reste à ce jour sans formulation politique : la réduction à tout prix de l’incertitude des rencontres et de la variété du voisinage par où se définissait un certain idéal de sociabilité urbaine. Les mêmes passions qui poussent à se détourner des « ghettos pauvres » président à la sécession des « ghettos chics » à l’autre bout de la chaîne, et alimentent au passage les dynamiques de cloisonnement qui traversent toute la société. Le phénomène le plus marqué ne procède d’ailleurs pas tant d’une « ghettoïsation par le bas » que d’une « ghettoïsation par le haut ». Dans un pays où le discours politique est régulièrement marqué par les incantations sur le thème de l’égalité républicaine et le rejet du « modèle américain » - spontanément associé aux ghettos communautaires -, la réalité et l’étendue de la ségrégation territoriale font figure de mal social inassumé et de démenti cinglant.

Ces constats invitent à repenser en profondeur les politiques sociales en la matière. Les politiques de la ville et du logement menées depuis vingt ans pour faire progresser la mixité en développant les logements sociaux ou les aides personnalisées au logement, ont peut-être atténué quelques symptômes, mais n’ont jamais atteint les causes intimes de la ségrégation. De même, les politiques ciblées en faveur des territoires les plus désavantagés, comme les zones d’éducation prioritaires (ZEP) ou les zones franches, s’avèrent très décevantes. Si ces efforts sont restés relativement vains, c’est parce qu’ils s’en sont pris essentiellement aux conséquences visibles de la ségrégation. Or, on a peu de chance de désamorcer les processus de sécession territoriale sans s’attaquer au principal facteur d’anxiété sociale qui les sous-tend : la précocité et l’irréversibilité des mécanismes d’enfermement des individus dans des destins écrits d’avance. Car, en cloîtrant le présent dans des territoires, c’est aussi l’avenir que l’on enferme ou que l’on sécurise. Si le territoire est l’enjeu d’une compétition aussi âpre, c’est que le lieu de résidence et les interactions sociales qu’il conditionne comptent parmi les ressources essentielles d’une concurrence généralisée pour les meilleurs destins, laquelle s’engage désormais dès l’enfance.

Pour comprendre la ségrégation territoriale, c’est l’importance de ces ressources qu’il faut cerner. C’est ce que je tenterai de montrer dans cet essai, avant de dire quelles sont, selon moi, les pistes à explorer pour mettre sur pied des politiques à la fois plus justes et plus efficaces.

Mais cette réflexion s’appuie d’abord sur un état des lieux de la ségrégation aujourd’hui. Le tableau qui en est proposé dans les pages qui suivent appelle une précision de méthode. Il repose sur une analyse des données de l’enquête Emploi menée chaque année par l’INSEE, lesquelles offrent un panorama sans équivalent de la ségrégation spatiale et de son évolution dans le temps. Cette enquête est constituée à partir d’un échantillon représentatif de petits voisinages de 30 à 40 logements adjacents. L’INSEE a choisi cette technique non par intérêt pour les phénomènes de ségrégation, mais, plus prosaïquement, pour réduire les coûts de déplacement de ses agents. L’enquête est exhaustive au sein de chaque voisinage, toutes les personnes de 15 ans ou plus étant interrogées. Elle fournit ainsi, sans l’avoir recherchée, une information détaillée sur chaque personne interrogée, mais également sur l’ensemble des personnes habitant dans son voisinage immédiat. Il s’agit d’une mine d’informations tout à fait exceptionnelle pour analyser les formes de la ségrégation territoriale ainsi que pour explorer les effets de la morphologie sociale des voisinages sur les destins de leurs habitants. Pour mesurer le niveau de la ségrégation territoriale en France, j’ai tout simplement évalué la répartition de chaque catégorie sociale entre les 4 000 voisinages observés par l’enquête, et je l’ai ensuite comparée avec une situation théorique de « mixité parfaite » (c’est-à-dire si les membres de chaque catégorie étaient répartis de manière parfaitement aléatoire sur l’ensemble du territoire). Les écarts par rapport à cette norme théorique sont les indicateurs de ségrégation les plus simples que l’on puisse imaginer. À ma connaissance, cette méthode n’avait jusqu’à présent jamais été utilisée, notamment pour évaluer l’évolution dans le temps des différentes formes de ségrégation. Les résultats présentés sont donc en grande partie inédits*.

* Une présentation détaillée de l’enquête et des méthodes utilisées ici a été faite par Dominique Goux et Éric Maurin (Neighborhood Effects and Performance at School, disponible sous forme de document de travail du CREST, 2004) lors du Symposium sur les politiques publiques du CEPR (Paris, novembre 2003).





Eric Maurin, Le ghetto français. Enquête sur le séparatisme social, La République des idées / Seuil, 2004, ISBN 2.02.068580.9, 10,50 €

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17 novembre 2011 4 17 /11 /novembre /2011 15:43

 

  
 

Livre sur l'école, la laïcité, Eddy KHALDI et Muriel FITOUSSI

La République contre son École

 

  

Jamais un président de la République ne se sera invité avec autant d’insistance, dans les salles de classe, immiscé de la sorte, dans l’esprit des élèves, et investi si pesamment dans la feuille de route des enseignants que ne l'aura fait Nicolas Sarkozy dès son élection à la présidence de la République jusqu'aux derniers jours de son mandat. Une interminable succession de décisions claironnées depuis l’Élysée aura finalement imposé dans l’agenda médiatique et dans les esprits, quelques credos-clefs, jalons d'une insidieuse révolution : suppression de la carte scolaire promise dès les premiers jours du quinquennat, nouveaux programmes du primaire puis, l’année suivante, la réforme du lycée, la suppression annoncée des IUFM... Pour autant, cadrant bien mal avec cette intense préoccupation éducative, au Latran, dans un discours  si peu respectueux de l’Ecole publique et laïque que le Président de la République a pourtant la mission constitutionnelle de promouvoir, c’est la figure du curé qui est encensée devant celle de l’instituteur. Dans ses discours de campagne sur l’éducation, déjà, en 2007, le candidat de l’UMP n’évoquait quasiment jamais l’« Éducation nationale »,  proposant, a contrario et de façon très explicite, un redéploiement et une extension des établissements privés. Ainsi, l’interventionnisme présidentiel, a-t-il pris, aux yeux de nombreux citoyens, l'allure d’un démantèlement de l’école publique. Losque l'Etat finance et érige en principe sa propre concurrence il délaisse et bafoue de fait son service public.

  

Trois ans après les révélations du livre Main basse sur l’école publique [1], le constat de ce démantèlement en bonne et due forme de l’Éducation nationale est, à présent, communément perçu.

Les fondements et valeurs de l’école publique reposent sur des principes fondamentalement républicains. L’enjeu, plus que jamais, est celui d’une société organisée autour de ces principes, au premier rang desquels, la laïcité. Ces valeurs au fondement de notre pacte social, veulent faire du citoyen un individu autonome, responsable, doué d’intelligence et d’esprit critique, acteur essentiel du vivre ensemble.

  


 

 

[1]  Le Monde,27 septembre 2011, article de Maryline Baumard : « Dans Main basse sur l'école publique, un livre à succès sorti à la rentrée 2008, Eddy Khaldi et Muriel Fitoussi montraient que l'école privée était instrumentalisée pour concurrencer et démanteler le service public »

 

 

Eddy Khaldi, Muriel Fitoussi

336 pages

Prix : 21 €

ISBN : 978-2-35457-034-7

Parution : 17 Novembre 2011

 

 

 

 

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