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28 juillet 2011 4 28 /07 /juillet /2011 17:17

Le MRAP solidaire du théâtre de Jenine

Le MRAP exprime son indignation, face à l'attaque par l'armée
israélienne du Théâtre de la Liberté, situé dans le camp palestinien de
Jenine, ce mercredi 27 juillet à 3h30 du matin.

Cette attaque fait suite à l'assassinat de son directeur, Juliano Mer
Khamis le 4 avril dernier. Ce théâtre a été fondé par Arna Mer, mère de
Juliano, israélienne militante pour les droits des Palestiniens.
L’objectif était de créer un espace où les enfants pourraient
s’exprimer, à l’aide du théâtre, contre la violence ressentie et
destructrice de l’occupation.

Le MRAP tient à réaffirmer son entière solidarité et son plus profond
respect pour ces militants de la paix. Il appelle à adresser des
messages de protestation auprès de l'ambassade d'Israël (téléphone :
0140765500 - fax :01 40 76 55 55).

Paris, le 28 juillet 2011.

--
Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples
43 bd Magenta - 75010 Paris - Tél. : 01 53 38 99 99
Site web : http://www.mrap.fr

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28 juillet 2011 4 28 /07 /juillet /2011 17:13
DIALOGUE DE CIVILISATIONS OU CHOC DES IGNORANCES ?

mercredi 20 juillet 2011 par Abdelhak Bérheri

 

Dialogue des civilisations, dialogue inter religieux par opposition au fameux choc des civilisations prédit par Samuel Huntington, où en est-on au juste ? Une vague de populisme sans précédent a déferlé sur la scène politique du vieux continent, avec une Europe refusant d’admettre son épuisement démographique et la réalité d’une immigration extra européenne aux effets bénéfiques certains. Une immigration qui inspire un rejet et , d’ores et déjà, une impossible intégration ( intégration qui fut pourtant concrétisée avec l’immigration européenne). La religion, l’Islam en l’occurrence, est présentée comme l’épouvantail à faire prévaloir, un épouvantail qu’on associe aux débats sur les menaces contre la laïcité ! Les effets contre productifs d’un tel populisme, sur le consensus européen Schengen ou, plus gravement, sur le non à l’Europe, en sont les éléments les plus saillants. Sans parler de l’exacerbation des violences sociales et des extrémismes religieux qu’un tel ostracisme peut engendrer ou renforcer.

Débat identitaire en France, puis débat sur la laïcité et l’Islam (et seulement l’Islam), avec la polémique et la levée de boucliers qu’ils ont suscitées. Montée en puissance du Front national en France, émergence de mouvements et de partis d’extrême droite un peu partout en Europe, notamment en Scandinavie. Apparition d’un discours ethnique, voire raciste et islamophobe en Allemagne, avec un ouvrage édité à près d’un million et demi d’exemplaires, du social-démocrate Thio Sarrazin (l’Allemagne s’autodétruit), mettant en garde contre la disparition de la race allemande dans quelques décennies, si l’immigration n’était pas jugulée ! Alors que ce même pays a délivré des centaines de visas « spéciaux » à des informaticiens indiens, compte tenu de la pénurie en la matière, le vieillissement de la population active aidant. L’immigration devient un mal funeste qu’il faut combattre par tous les moyens ! On en oublie les effets bénéfiques et enrichissants dans tous les domaines et notamment, pour ne citer que celui-là, celui de sa participation à la reconstruction de l’Europe après la deuxième guerre mondiale. Sans parler aujourd’hui, du rôle de l’immigration dans le renforcement non négligeable du PIB dans les pays d’accueil.

 

Un fait en apparence anodin est à relever .En France, selon Médiapart, la politique des quotas qui serait préconisée par certains responsables du football français, pour réduire l’accès des noirs et des arabes aux centres de formation des clubs. Tout en s’en défendant, il a été cependant affirmé que la bi-nationalité posait problème, dans la mesure où beaucoup de jeunes formés dans ces centres choisissent d’évoluer dans l’équipe nationale de leur pays d’origine ! Mais, quelques soient les conséquences des enquêtes officielles engagées, d’une certaine manière le problème de l’immigration en Europe et ailleurs est posé. On « oubli » au passage, la coupe du monde de Foot Ball de 1998 et la victoire des « Blacks, Blancs, Beurs ». Comme on « oublie » tous les milliers de jeunes diplômés africains et maghrébins qu’on « pompe » à la fin de leur cursus universitaire, diplômés qu’on retrouve en grand nombre, aussi bien en Europe que dans les pays d’Amérique. Après l’échec de « l’intégration », la politique de l’immigration « choisie » trouve son compte dans la mesure où les pays occidentaux récupèrent des cadres et des universitaires fins prêts, les meilleurs, sans avoir eu à débourser le moindre centime pour leur éducation et leur formation. Pour récupérer les meilleurs, on va jusqu’à « inspirer » dans ces pays, des réformes du système de formation universitaire, avec l’appât de l’équivalence des diplômes ! L’ère d’un nouveau colonialisme n’est-elle pas en train de voir le jour et de se mettre progressivement en place ?

 

Après la politique « géostratégique » où seul à prévalu, l’intérêt de domination politique et économique, avec le devoir d’ingérence transformé en droit d’ingérence pour la démocratie (après l’Afghanistan, l’Irak, puis maintenant la Côte d’Ivoire, la Libye et pourquoi pas d’autres pays africains et arabes), on poursuit de manière insidieuse, une politique de « dépeçage » des pays en développement en s’attaquant à une richesse essentielle : leurs ressources humaines, leur énergie grise ! Il faut dire que les dirigeants des pays en développement y ont prêté le flanc en ne regardant que leur maintien au pouvoir, quoi qu’il arrive, avec souvent, le soutien dans cette démarche des prédateurs de leurs pays. Ces dirigeants autocrates et corrompus ont favorisé une telle saignée, par la marginalisation des cadres, des diplômés, des universitaires, des intellectuels, ne leur donnant aucune condition de plein épanouissement (salaires, conditions de travail…), et par la non préparation du retour des élites engagées dans une formation à l’étranger.

 

Dans un autre registre, mais dans la même problématique hégémonique occidentale, les mouvements citoyens démocratiques qui ont vu le jour avec l’explosion du printemps arabe, portent en eux avant tout, une volonté populaire de se défaire des pouvoirs oppressifs qui les gouvernent depuis des lustres. Tout en battant en brèche, et l’islamisme et les fausses querelles inter religieuses, ils expriment aussi une volonté d’émancipation internationale qui inquiète les pays occidentaux et notamment leur protégé, Israël. Ce qui explique, qu’après une phase d’observation laborieuse et contradictoire pour certains pays, suscitant moult polémiques (notamment vis-à-vis de la Tunisie, puis de façon moins prononcée avec l’Egypte), l’Occident « s’engage » résolument en Libye dans un soutien aux « insurgés » (il ne parle pas de révolutionnaires !), qui dépasse, selon certains pays et plusieurs politologues, les objectifs de la résolution 1973 du Conseil de Sécurité des Nations Unis. Tout en sachant néanmoins, que tous les démocrates dans le monde sont pour le départ du potentat Kadhafi. Cependant, l’intégrité du territoire libyen est vitale non seulement pour le peuple libyen, mais aussi pour la sécurité, la stabilité, l’équilibre et l’avenir politique, stratégique et économique de toute la région. Aussi, toute ingérence visant une partition de la Libye est à condamner et à combattre avec la plus grande fermeté. Tout prête à croire que les pays occidentaux ne veulent pas perdre « le contrôle » de ces mouvements révolutionnaires populaires, et qu’ils en fixent même les limites et les issues finales. Leurs intérêts géostratégiques, économiques et surtout énergétiques sont en jeu. Les rôles et les zones d’influence sont parfaitement distribués. Ce fût le cas pour la Côte d’Ivoire, pour la Libye, pour Bahreïn, où le mouvement populaire a été écrasé par leurs vassaux monarchiques du Golfe, et pour cause, sûrement pas pour favoriser l’émergence de la démocratie ! En attendant le Yémen et pourquoi pas, la Syrie et ailleurs, en fonction de leurs intérêts et seulement de leurs intérêts.

 

Dans un tel contexte, le Conseil de Sécurité des Nations Unis est devenu un simple appendice des Grands, se réunissant à leur gré, les vétos n’intervenant que quand leurs intérêts sont en jeu (les USA et leur véto permanent en faveur d’Israël, la Chine et la Russie avec leur abstention dans le cas de la Lybie). Quant au Secrétaire général de l’ONU, il a été réduit à joueur le rôle d’un simple fonctionnaire d’une organisation sans pouvoir de décision. Les autres organisations internationales continentales ou régionales (comme la ligue arabe), quand elles se manifestent, ne doivent pas et ne peuvent pas franchir la ligne rouge !

 

Tout cela pour dire, que pour certains analystes, une nouvelle ère de néo colonialisme et d’impérialisme est en train peut-être de se dessiner, voire, selon même certains responsables occidentaux, « une croisade des temps modernes » qui ne dit pas son nom est en train de se profiler, et pourquoi pas, une nouvelle ère de dérive raciste est en voie de constitution de manière insidieuse, concluent des politologues. D’aucuns vont jusqu’à évoquer une véritable « décadence civilisationnelle occidentale » en ce début de siècle qui risque d’aller dans le sens du « choc des civilisations » et de celui des ignorances, plutôt qu’au dialogue. Même dans le débat actuel sur l’avenir énergétique de la planète, après la catastrophe de Fukushima, on en arrive à évoquer un « écolo colonialisme » ! En effet, les énergies renouvelables sont en train d’entrer peu à peu dans la préoccupation des grands. En parlant d’écolo colonialisme, on évoque notamment les deux grands projets pharaoniques d’énergie solaire, Desertec et Medgrid, et les rivalités européennes sous tendues. Et ce, dans la mesure où le transfert technologique, et son pendant, la formation, dans les pays au grand gisement solaire, doivent être absolument considérés comme des éléments déterminants de cette coopération d’avenir. Quand on sait qu’un vingtième de la surface du Sahara couvert de capteurs solaires, suffirait théoriquement à approvisionner la planète en énergie ! Et ce, sans parler des millions d’emplois qu’un tel programme peut générer dans le monde.

 

Pour faire face à cette dérive qu’on peut qualifier avec certains observateurs d’idéologique, la nécessité d’une démocratisation de la vie politique des pays en développement devient vitale. Une démocratisation à puiser dans leurs fondements, une démocratisation dictée par les aspirations de leurs peuples, sans interférences étrangères.

 

L’Algérie, qui n’a pas encore été touchée par le mouvement du printemps arabe, doit mesurer les dangers qui la guettent tant au niveau interne qu’externe, aux plans politique, économique et civilisationnel car, on se trouve en fait face à un nouvel impérialisme qui se manifeste à travers une volonté de domination sur tous les plans, politique, militaire, économique, énergétique et culturel. C’est dire l’urgence, pour l’Algérie, d’engager des réformes politiques profondes, avec une véritable refondation de l’Etat, une remise en question de l’ensemble de son système politique complètement dépassé, en réaffirmant notamment la souveraineté du peuple algérien, un peuple dont le poids a été déterminant dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. Et ce, avec un double objectif. D’abord, construire l’Etat de Droit, de Justice sociale et de Libertés. Les réformes politiques qu’impose un tel objectif, nécessitent un débat national, le plus large possible, associant toutes les forces vives du pays (société politique et société civile) sans parti pris ou velléité de contrôle et de caporalisation sous la forme d’un dialogue caricatural. Par une telle démarche consensuelle, patriotique, démocratique et pacifique, la solution de la rue avec toutes ses inconnues et les radicalismes en tous genres seront écartés. Ensuite, bâtir avec les autres pays libérés de leur joug dictatorial, un ensemble fort et cohérent pour faire face à cette dangereuse dérive hégémonique internationale qui est en train de s’organiser.

 

Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), dits pays émergents, ont montré le chemin lors de leur récent somment en Chine le 14 avril 2011 à Sanya ; ils ont remis en question l’hégémonie du discours politique mondial, en affirmant leur volonté d’intervenir non seulement dans le débat économique, mais aussi dans l’espace géopolitique planétaire. Un sommet annuel a été décidé. Pourquoi pas les pays en développement, libérés de leurs tutelles dictatoriales, ne pourraient-ils pas aussi s’organiser non seulement pour intervenir dans le débat économique mondial, mais également pour participer pleinement et de façon efficiente au débat politique. Souvenons-nous du retentissant appel pour un nouvel ordre mondial du Somment des pays non alignés, dont l’Algérie a été le principal initiateur !

 

Aujourd’hui, l’universalité frappe à la porte de toutes les cultures et sollicite toutes les identités. Dans un monde en pleine mutation, un monde à la fois de grands défis mais aussi d’espoir, une telle démarche contribuera au renforcement du dialogue des civilisations et au bannissement du choc des ignorances et des extrémismes. Les enjeux pour les nouvelles générations sont de taille. Ils reposent sur la défense des valeurs universelles telles que la paix, la sécurité dans le monde, les Libertés de conscience, d’opinion, d’expression et de circulation, le droit à l’éducation, au savoir et aux transferts des connaissances, le droit au développement, à la promotion d’un développement durable dans une mondialisation en crise où la biodiversité et le climat sont menacés, la défense des Droits de l’Homme et du Genre humain, le devoir de mémoire, la réflexion sur l’avenir de notre planète et de l’Humanité toute entière. Nous sommes tous interpellés par ces défis.

Abdelhak Bérheri est universitaire à Alger


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28 juillet 2011 4 28 /07 /juillet /2011 17:10
GAUCHE : LA CULTURE AU CŒUR DU PROJET ?

jeudi 21 juillet 2011 par João Silveirinho

 

Lors d’une réunion publique du Front de Gauche consacrée à la culture, Jean-Luc Gonneau, notre bien-aimé directeur de la publication (un p’tit coup de brosse à reluire ne saurait nuire) déclarait : « Avant chaque élection présidentielle, j’ai entendu, à gauche, des discours généreux sur la culture, « au cœur de notre projet ». Et puis, au fil de la campagne, le fleuve culturel se tarissait peu à peu, jusqu’à quasiment disparaître. Notre candidat à l’élection présidentielle, ses porte-parole à tous niveaux devraient s’engager à rompre avec la fâcheuse habitude que je viens de signaler. Car, dans un projet politique, la culture ne saurait se réduire à un champ sectoriel parmi d’autres, une sorte de catalogue destiné principalement aux acteurs culturels, même si cela aussi est nécessaire. Si vraiment nous prétendons que la culture doit être « au cœur de notre projet », alors il convient de dire en quoi nos propositions concernant l’économique, le social, l’international, etc, sont innervés par la question culturelle. J’ai été ravi d’entendre Claire Pessin-Garric insister sur le lien entre la culture et le domaine de l’éducation, « nationale » ou « populaire ». Ces domaines sont intrinsèquement liés, il convient d’insister pas assez sur ce point. Enfin, notre projet doit prendre en compte la richesse extraordinaire que constitue la diversité. N’oublions pas ce que les auteurs, danseurs, musiciens, plasticiens venus des quatre coins du monde ont apporté à notre univers culturel. Prenons garde à ce que les expressions culturelles issues des immigrations ne soient pas confinées dans des pratiques communautaires. C’est en s’ouvrant à ces expressions que non seulement nous enrichirons nos univers et nos plaisirs, mais que nous serons à même de mieux comprendre l’autre. En ces temps de replis frileux, de méfiances envers les différences, systématiquement entretenus par ceux qui aujourd’hui nous gouvernent, c’est urgent ».

 

Il a raison, le bougre, et nous dirons pourquoi. Depuis, présidentielle oblige, bien des impétrants ont fait le pèlerinage du festival d’Avignon, afin de montrer leur frimousse, ce qu’on ne saurait leur reprocher et de disserter sur la culture (ce que l’on pourrait reprocher à quelques-uns d’entre eux). Les uns ont participé dans le « in » des forums organisés par le journal Libération, les autres dans le « off » des dits forums, la liste n’étant pas close au moment où nous mettons sous presse. L’impression à ce jour, c’est que leurs propos sont au mieux cantonnés à des propositions sectorielles pour plaire aux « professionnels de la profession » et au pire une vacuité noyée sous des généralités ou des considérations personnelles hors sujet. Nous avons ainsi appris, tous ébaubis, que Manuel Valls avait un papa peintre et une épouse violoniste, ce qui lui auto-décernait un brevet culturel. Demeurons magnanimes : au-delà de ses promesses budgétaires (augmenter le budget culturel de 30 à 50%), Martine Aubry a su montrer qu’elle était femme de culture, et fort justement insisté sur le lien indispensable entre culture et éducation. En rupture bienvenue avec la politique de l’éducation conduite par l’actuel gouvernement qui fait de la seule « employabilité », vilain mot, l’objectif de l’éducation pour le moment encore « nationale », rognant avec une ténacité certaine sur les disciplines permettant de mieux comprendre le monde, de s’ouvrir aux œuvres et aux idées, de développer le sens critique. C’est bien, Martine, tu as bien retenu la leçon de Jean-Luc Gonneau (si avec ça je n’ai pas une augmentation…), et ça prouve que l’ENA ne conduit pas forcément à l’autisme culturel ; exception confirmant la règle ? Nous avons aussi apprécié le propos de Jean-Luc Mélenchon (un ancien prof, c’est peut-être pour ça) sur l’esthétisation nécessaire du discours et du projet politique. Dommage qu’il n’ait pas développé. Mais nous allons le faire, pour lui et d’autres si le cœur leur en dit.

 

Par contre, personne, à notre connaissance, n’a abordé le sujet de le richesse des diversités culturelles sur notre territoire. Comprendre le monde, n’est-ce pas plus facile si nous savons établir le dialogue avec celles et ceux qui viennent d’ailleurs, plutôt que de les stigmatiser comme autant de menaces (n’est-ce pas, Guéant et ses séides de la « droite populaire », pure essence de la beaufitude à la française, fière de son inculture). Réciproquement, établir ou renforcer (car il existe quand même, malgré la bande à Guéant et celle de la famille Le Pen) ce dialogue, n’est-ce pas faciliter l’inclusion sociale de nos concitoyens d’origine étrangère ?

 

Et, d’une certaine façon, pas si loin de l’ « esthétisation » mélenchonienne, pas grand-chose sur « la culture au cœur du projet ». Alors, quelques pistes. D’abord, rappelons que la culture (et même l’éducation) sera difficilement appréhendable pour celles et ceux dont le souci principal est la survie à court terme. Survie pour celles et ceux en situation de précarité par rapport à l’emploi, par rapport au logement, par rapport à la santé. C’est pourquoi la gauche doit apporter des solutions à ces précarités-là. Vivre décemment est une condition préalable à l’accès à la culture. Condition nécessaire mais pas suffisante. Pas de culture sans sens critique. Et pas de sens critique pour qui s’englue dans le consumérisme sans freins développé par le libéralisme économique et relayé par les médias, dont il constitue la vache à lait par le moyen de la publicité. Tiens, ne faudrait-il pas taxer la publicité ? Pas de culture sans partage. Le libéralisme économique ignore le partage. Pire même, il le combat : que le « meilleur » gagne (des sous, du pouvoir). Qui est le meilleur ? Le plus cultivé ? Macache.

 

Bref, transformons l’école en lui donnant les moyens d’être le levier vers la culture (ce qui n’exclut la formation professionnelle, mais la réoriente), réduisons la précarité pour faciliter l’accès à la culture, conduisons une bataille idéologique « gramscienne » pour substituer l’idée de coopération à celle de compétition et de concurrence.


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27 juillet 2011 3 27 /07 /juillet /2011 20:45

mercredi 27 juillet 2011

Pays africains : 50 ans d’âge et déjà...80 coups d'état!
En cinquante années d’indépendance, de "souveraineté" revendiquée, les pays africains se distinguent par un nombre impressionnant de coups d’état. J'ai trouvé qu"il y a un intérêt à le rappeler à mes amis et à d'autres:
 
1961: Gabon: Léon M'Ba est renversé par l'armée mais remis en selle par De Gaulle
1963 : Congo-Brazzaville : David Moussaka et Félix Mouzabakani renversent Fulbert Youlou
Togo : Emmanuel Bodjollé renverse Sylvanus Olympio.
1964 : pas de coup d’état.
1965 : Algérie : Houari Boumediene renverse Ahmed ben Bella.
Zaïre : Mobutu Sese Seko renverse Joseph Kasavubu.
1966 : Haute Volta : Sangoulé Lamizana renverse Maurice Yaméogo.
           Burundi : Michel Mikonbero renverse Ntare V.
Centrafrique : Jean Bedel Bokassa renverse David Dacko
Nigéria : Johnson Aguiyi-Ironsi renverse Nnamdi Azikiwe
Ouganda: Milton Obote renverse Edward Mutesa
Ghana: Joseph Ankrah renverse Kwame Nkrumah
1967: Togo: Eyadema renverse Grunitzky
1968: Mali: Moussa Traoré renverse Modibo Keïta
1969 : Mouammar al Kadhafi renverse Idriss Ier
Soudan : Gafar el Nimery renverse Ismail al Azahri
1970 : RAS
1971 : Ouganda : Idi Amin dada renverse Milton Obote
1972: Ghana: Ignatius Kutu Achéampong renverse Abréfa Kofi Busia
           Bénin: Mathieu Krékou dépose les trois Présidents en exercice
1973: Rwanda: Juvénal Habyarimana renverse Gregoire Kayibanda
1974: Ethiopie: Aman Adom renverse Hailé Sélassié 1er
          Ethiopie: Mengitsu Hailé Mariam renverse Aman Adom
          Niger : Seyni Kountsé renverse Hamani Diori
1975: Comores: Saïd Mohamed Jafar renverse Ahmed Abdullah
          Nigeria: Yacoubou Gowon renverse Johnson Aguiyi-Ironsi
          Tchad: Noel Odingar renverse François Tombalbaye
           Madagascar: Didier Ratsiraka renverse Gabriel Ramanantsoa
1976 : Burundi : Jean Baptiste Bagaza renverse Michel Micombero
           Comores : Ali Soilih renverse Said Mohamed Jafar
1977:  Congo-Brazza: Joachim Yhiombi Opango renverse Marien Ngouabi
           Ethiopie: Mengitsu Hailé Mariam reverse Tafari Banté
1978: Comores: Said Atthoumani renverse Ali Soihli
          Mauritanie: Moustapha Ould Salek renverse Moktar Ould Daddah
          Ghana: Fred Akkufoh renverse Ignatius Acheampong
1979: Centrafrique: David Dacko renverse Jean Bedel Bokassa
          Guinee Equatoriale: Theodoro Obiang Nguema renverse Francisco Macias Nguema
          Tchad: Goukouni Oueddeye renverse Félix Malloum
Ouganda: Youssouf Lule renverse Idi Amin Dada
                Ghana: Jerry Rawlings renverse Fred Akuffoh
1980: Haute volta: Saye Zerbo renverse Sangoulé Lamizana
          Guinee Bissau : Joao Bernado Viera renverse Louis Almeida Cabral
          Liberia : Samuel Doe renverse Richard Tolbert
1981 :Centre Afrique André Kolingba renverse David Dacko
          Ghana: Jerry Rawlings renverse Hilla Limann
1982:Haute Volta: Jean Baptiste Ouedraogo renverse Saye Zerbo
Tchad :Hissène Habré renverse Goukouni Weddeye
1983:   Haute Volta :Thomas Sankara renverse J.B Ouédraogo
            Nigeria: Muhamadu Buhari renverse Shehu Shagari
1984: Guinée: Lassana Conté renverse Lansanna Behavogui
           Mauritanie : Ould Maaouiya Taya renverse Muhamed Ould Haidalla
1985: Ouganda: Basilio Okélo renverse Milton Obote
1986: Soudan: Ahmed al Mirghani renverse Swar al Dahab
1987: Burkina Faso: Blaise Compaoré renverse Thomas Sankara
          Burundi: Pierre Buyoya renverse Jean Baptiste Bagaza
          Tunisie : Ben Ali renverse Habib Bourguiba
1988 : RAS
1989 : Soudan : Omar el Béchir renverse Ahmad al Mirghani
1990 : Liberia : Prince Johnson renverse Samuel Doe
1991 : mali : Amadou Toumani Touré renverse Moussa Traoré
1992 : Algérie le haut conseil de sécurité renverse Chadli Bendjedid
           Sierra Leone : Yahya Kanu renverse Momoh Joseph Saïdou
           Sierra Leone : Valentin Strasser renverse Yahya Kanu
1993 : Rwanda: P. Kagamé renverse Juvénal Habyarimana
1994 : RAS
1995 : Comores : Ayuba Combo renverse Mohamed Djohar
1996 : Burundi : Pierre Buyoya renverse Sylvestre Ntibantunganya
Niger : Barré Maïnassara renverse Mahamane Ousmane
            Sierra Leone : Julius Bio renverse Valentin Strasser
1997 : Zaïre : Laurent Désiré Kabila renverse Mobutu Sese Seko
          Sierra Leone : l’armée renverse Tejan Kabbah
          Congo Brazzaville : Denis Sassou Nguesso renverse Pascal Lissouba
1998 : RAS
1999 : Comores : Azali Assoumani renverse Saïd Mansoudé
           Cote d’ivoire : Robert Gueï renverse Henri Konan Bédié
           Guinée Bissau : Assoumane Mané renverse Joao Bernado Viéra
Niger : Daouda Wanké renverse Barré Maïnassara
2000 à 2002 : RAS
2003 : Centrafrique : Francois Bozizé renverse Ange Félix Patassé
           Guinée Bissau : Verissimo Corréia renverse Kumba Yala
2004 : RAS
2005 : Mauritanie : Ely Ould Mohamed Vall renverse Maouiya Ould Taya
2006 et 2007: Mauritanie: Mohamed Ould Abdel Aziz renverse Sidi Ould Cheick Abdelahi
                      Guinée: Moussa Dadis Camara s’accapare du pouvoir après la mort de Lansana Konté
2008:  Madagascar: Marc Ravalomanana renverse Didier Ratsiraka
2009 : Madagascar : André Rajoelina renverse Marc Ravalomanana
2010 : Niger : Djibrila Amadou renverse Mamadou Tandja
Cela fait au total au moins 80 coups d’état en cinquante ans d’indépendance, soit plus de 1.5 coup d’état par an… et peu de pays sont épargnés.
A QUI LE TOUR?????????????????????????????????
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27 juillet 2011 3 27 /07 /juillet /2011 18:52

« Un bateau pour Gaza »

Premiers éléments de bilan de la campagne française


 

La campagne française a été initiée dès l’été 2010, par le « Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens » et « la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine ». Menée démocratiquement et en toute transparence, elle a reçu le soutien et l’adhésion de nombreuses associations et organisations ainsi que de très nombreux collectifs nationaux, régionaux et locaux.

 

Elle s’est inscrite dans une campagne internationale, composées de coalitions d’une vingtaine de pays engagées dans la Flottille 2, un an après la première Flottille en 2010. Cette dynamique a permis que se crée un front international élargi contre le blocus illégal et inhumain de Gaza.

 

Elle a eu un large écho dans la société palestinienne, aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie.

 

Un événement sans précédent dans l’histoire déjà longue de la solidarité avec les Palestiniens

 

La campagne française constitue un événement sans précédent dans l’histoire déjà longue de la solidarité avec les Palestiniens dans notre pays. Largement rassembleuse, elle a réuni des forces citoyennes d’opinions diverses et de toutes générations.  Elle a bénéficié du soutien de personnalités, d’organisations, d’élus français et européens, de collectivités territoriales, bien au-delà de ceux qui se mobilisent habituellement dans les actions en faveur de la Palestine.

 

Pendant plusieurs mois, des collectifs locaux se sont impliqués avec détermination dans des initiatives de collectes sur les marchés, dans les quartiers populaires et les universités. Ils ont multiplié les débats de proximité sur la situation de Gaza et des Palestiniens. Nous saluons tous ces efforts militants, qui ont permis à de simples citoyens de se sentir concernés et impliqués dans la mobilisation nécessaire pour mettre un terme au blocus total qui frappe Gaza. Rappelons que ce blocus a aussi pour conséquence l’absence de liberté de circulation pour les Palestiniens entre la Cisjordanie et Gaza.

 

Cette mobilisation exceptionnelle a permis de collecter 700 000 euros, auprès d’un nombre très large de donateurs : 95 % des dons viennent de particuliers et 85 % sont inférieurs à 100 euros. Cette mobilisation a permis à la campagne française d’engager deux bateaux, le « Louise Michel » et « Le Dignité-Al Karama », dans la Flottille internationale.

 

Le « petit Poucet des mers »

 

Cette deuxième Flottille a du faire face à une stratégie israélienne puissante visant à étendre le blocus de Gaza à l’ensemble de la Méditerranée. Elle a bénéficié du soutien incroyable, mais particulièrement appuyé, du gouvernement grec soutenu par l’Union Européenne, le Quartet et le secrétaire général de l’ONU. Le gouvernement grec a mis en œuvre, pour le compte du gouvernement israélien, un inimaginable blocus des bateaux de la Flottille dans ses ports, violant ainsi ouvertement et froidement le droit de libre circulation et la Convention des droits de la mer. Harcèlement administratif et sabotage ont neutralisé les bateaux et ont permis au gouvernement israélien d’annoncer avec « fierté », le lundi 4 juillet, que la Flottille internationale était morte : il a d’ailleurs remercié pour cela les différents gouvernements, spécialement le gouvernement grec… Quelques jours plus tard, le blocus se déployait également dans les aéroports européens en bénéficiant des mêmes complicités.

 

Dans ce contexte inédit, le fait que le bateau français, « Dignité-Al Karama », ait réussi à prendre la mer le 4 juillet a jeté la consternation parmi les partisans du blocus. Réalisant un véritable périple pendant deux semaines, il a finalement, avec à son bord des militants internationaux et français, atteint les eaux internationales à quelques miles de Gaza ! Il a démontré ainsi que la Flottille n’avait pas renoncé et que la stratégie israélienne soutenue par toutes ces forces au niveau mondial et européen pouvait être mise en échec. Pendant deux semaines, ce « petit Poucet des mers », symbole de la Campagne française et de la Flottille internationale, a tracé sa route vers Gaza, porteur de la solidarité internationale contre le blocus.

 

C’en était véritablement trop pour le gouvernement israélien ! Il a, avec des moyens considérables et totalement disproportionnés, arraisonné le mardi 19 juillet, dans les eaux internationales et donc en toute illégalité, le « Dignité-Al Karama. Cet arraisonnement s’est fait en déployant cinq bateaux militaires et sept bateaux commandos - 150 soldats - contre un petit bateau de plaisance de 16 mètres avec 16 personnes à bord ! Il a été l’expression de la démesure israélienne contre ce qui constitue à ses yeux la menace numéro un : la mobilisation citoyenne porteuse du droit comme facteur essentiel de la solution aux problèmes que connaît le Proche-Orient.   

 

Un impact médiatique fort et international

 

La campagne a eu un impact médiatique fort et international. La couverture médiatique a été constante depuis le début de la campagne, notamment dans la Presse quotidienne régionale. Plusieurs centaines d’articles, dépêches et interviews ont été publiés dans le monde, notamment en Egypte et en Tunisie. La page Facebook de la campagne a été une des plus consultées en France. Le nom des deux bateaux et de notre campagne sont connus partout dans le monde. Tout cela a permis que, pendant six mois, la question du blocus de Gaza revienne dans l’actualité brisant ainsi mondialement le silence dans lequel veut l’enfermer le gouvernement israélien. La campagne a trouvé un écho médiatique inédit qui a fait perdre à Israël la « guerre de l’image ». 

 

Pas de condamnation de l’arraisonnement par la France

 

Le gouvernement français quant à lui, a réaffirmé officiellement et à plusieurs reprises que le blocus de Gaza devait être levé. Pour autant, il n’a eu de cesse de mettre en garde toute participation de ressortissants français à cette Flottille, donnant ainsi raison par avance à l’intervention israélienne. Il a, certes, apporté l’aide normale du Consulat pour rapatrier les passagers. Mais il n’a pas condamné l’arraisonnement, pas plus qu’il n’a protégé un bateau battant pavillon français victime d’un acte de piraterie, non plus que ses passagers littéralement kidnappés par l’armée israélienne dans les eaux internationales.

 

La lutte contre le blocus de Gaza est entrée dans une nouvelle étape positive

 

La lutte contre le blocus de Gaza est ainsi entrée dans une nouvelle étape positive. Malgré l’arsenal politique, médiatique et militaire déployé par le gouvernement israélien, de plus en plus de citoyens dans le monde n’acceptent pas ce déni de justice et du droit international que constitue ce blocus de la bande de Gaza dont souffre depuis plus de 4 ans les 1,5 millions de Palestiniens. L’incroyable épopée du « Dignité-El Karama » a clairement démontré à la face du monde que la légitimité était du côté de ceux et celles qui s’engagent contre ce blocus et non pas du côté du gouvernement israélien.

 

La Campagne « Un bateau français pour Gaza », a pris des engagements durables de mobilisation en lien avec les associations partenaires de la bande de Gaza. Nous avons la responsabilité de poursuivre et d’élargir cette campagne : les Palestiniens ne doivent plus subir ce blocus qui n’est en rien allégé contrairement aux dires israéliens et autres. 

 

Toute cette campagne donne de l’espoir aux Palestiniens et leur montre qu’ils ne sont pas isolés et qu’au contraire c’est la politique israélienne qui l’est de plus en plus aux yeux des peuples du monde.

 

La Campagne « Un bateau français pour Gaza » n’a pas dit son dernier mot ! Elle va poursuivre son travail et son engagement citoyen, en lien avec la Flottille internationale.

 

Sans attendre, des démarches juridiques vont s’engager :

- intervention auprès du gouvernement français pour qu’il prenne ses responsabilités et exige que le bateau « Dignité-Al Karama » soit restitué sans délai tandis qu’il a été illégalement astreint dans le port d’Ashdod ;

- intervention juridique contre le gouvernement israélien pour l’arraisonnement dans les eaux internationales du bateau et le kidnapping de ses passagers ;

- intervention juridique auprès du gouvernement grec pour que le bateau « Louise Michel », toujours bloqué au port du Pirée, soit libre.

 

Le blocage des bateaux a entraîné des dépenses importantes, notamment en frais juridiques,  qui s’ajoutent à l’achat des deux bateaux. Les fruits de la collecte ont été utilisés. Un bilan financier précis sera communiqué, dès la rentrée pour rendre compte en toute transparence aux organisations, aux collectifs et aux donateurs qui se sont impliqués.

 

Notre indignation reste entière et notre détermination à poursuivre et élargir encore la mobilisation française et internationale contre le blocus de Gaza et pour la reconnaissance des droits des palestiniens.

 

Nous appelons à rester mobilisés pour, ensemble, prendre de nouvelles initiatives : la légitimité et le droit sont de notre côté ! Nous briserons le blocus de Gaza !

 

Pour toute information complémentaire, voir www.unbateaupourgaza.fr

 

 

 

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27 juillet 2011 3 27 /07 /juillet /2011 18:46
La résistance des Afro Colombiens dans la province de La Guajira
 

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La mine à ciel ouvert del Cerrejón

La Colombie peut être considérée comme un bastion néolibéral parrainé par les Etats-Unis. Riche en ressources naturelles - comme le charbon, le gaz, et l’or - l’histoire et le succès des industries extractives en Colombie sont un témoignage de la remarquable capacité de la mondialisation à rechercher et à pénétrer de nouveaux marchés. Durant la majeure partie du 20e siècle, les intarissables habitudes de consommation du monde développé ont alimenté les entreprises multinationales des industries extractives, tout en faisant des ravages dans les communautés afro-colombiennes, essentiellement rurales. Ces communautés laissées pour compte doivent faire face aux déplacements forcés, à la pollution et à la dépossession de leurs terres traditionnelles.

Je rentre juste d’un voyage d’une semaine à La Guajira, un département situé dans la région nord de la Colombie, sur la côte des Caraïbes. La Guajira est le foyer de la plus grande mine de charbon à ciel ouvert, El Cerrejón. Carbones del Cerrejón, entreprise fondée en 1981 sous la forme d’une joint-venture par l’Etat colombien et Mobile, est actuellement détenue par trois sociétés minières internationales : BHP Billiton, Anglo-American PLC et Xstrata PLC. En 2010, elle a produit 76 millions de tonnes de charbon, et exporté 99% cette production pour les besoins de consommation des Etats-Unis et de l’Europe.

Durant la trentaine d’années au cours desquels Carbones del Cerrejón a exploité la mine de La Guajira, la population locale composée principalement d’Afro-colombiens, d’indigènes et de paysans, a été engagé dans une lutte contre les déplacements forcés, les violations des droits humains par des groupes paramilitaires, et la pollution des ressources naturelles. El Cerrejón [1] a travaillé en collaboration avec le gouvernement colombien pour déplacer et exproprier de force les communautés afro-colombiennes des terres collectives leur appartenant.

L’affaire la plus tristement célèbre a touché le village Afro-colombien de Tabaco [2] où - pour l’expansion des activités minières - les terres avaient été expropriées et le village détruit le 9 août 2001 [3] . La plupart des anciens habitants de Tabaco s’étaient alors réfugiés dans le village voisin de l’Albanie, ou avaient pris la direction des villes, scellant leur sort dans l’exode rural, augmentant le taux extrêmement élevé de personnes déplacées à l’intérieur même de la Colombie, des Afro-colombiens pour une écrasante majorité.

Pourtant, face à une économie mondialisée qui a souvent des effets des plus violents sur des communautés rurales politiquement marginales, la mobilisation [4] spontanée des Afro-Colombiens à La Guajira est une chose à laquelle il faut prêter attention. Bien que l’organisation des communautés diasporiques ait commencé à La Guajira, leur vision est tout sauf locale. Les communautés touchées par les opérations minières s’organisent sur la base d’antécédents raciaux communs, en utilisant souvent dans les intitulés de leurs organisations les mots "descendientes" (descendants), qui fait référence aux descendants d’esclaves, et "cimarrones" (« marrons ») en référence à des communautés d’esclaves marrons.

Ces termes référencent l’identité noire en Colombie, identité basée sur une histoire commune de marginalité, de déplacement et de résistance. Pendant les 10 dernières années, le Dr Aviva Chomsky professeur d’histoire à Salem State University a travaillé en collaboration avec les communautés afro-colombiennes touchées par les opérations minières dans la Guajira afin d’élaborer un cadre de solidarité transnationale autour de la sécurisation sociale et de pratiques minières responsables du point de vue environnemental, d’une plus grande transparence dans les négociations avec les communautés, d’un relogement et d’une indemnisation équitables et adéquats des communautés qui ont déjà été déplacées par El Cerrejón.

En premier lieu, ce cadre est sous-tendu par l’idée de globalisation, le même phénomène qui causé le déplacement de si nombreux Afro-Colombiens. Le cadre œuvre pour attirer l’attention internationale sur les différentes façons dont des pratiques minières irresponsables ont impacté la vie de ces personnes de La Guajira, et pour obtenir un changement en ayant recours à la pression de l’opinion publique. Le Dr. Chomsky explique : « Les multinationales ont un produit à vendre, et ils ont aussi une image à vendre. Ils doivent garder leurs actionnaires et leurs clients heureux.

Un des principaux objectifs de la campagne de solidarité internationale a été d’essayer de faire entendre la voix des victimes des multinationales dans la sphère publique. Lorsque leurs voix peuvent être entendues, les multinationales perdent leur monopole sur l’information et sur l’opinion, et c’est lorsqu’ils sentent le risque en matière de relations publiques qu’ils commencent à reconnaître les droits de ceux qu’ils auraient préféré tout simplement ignorer, comme les communautés détruites et déplacées par les opérations minières ».

Historiquement, les Etats-Unis ont construit des relations économiques et politiques avec la Colombie, leur donnant accès aux énormes ressources naturelles comme le charbon, l’or et le bois, et – par voie de conséquence – à la richesse. Les historiens citent la construction du Yankee Stadium, rendue possible par les bénéfices acquis grâce à l’exploitation aurifère dans la région du Chocó en Colombie.

Pourtant, les communautés Afro colombiennes sur La Guajira s’organisant autour d’une identité raciale commune - avec une riche histoire de résistance - fournissent un contre-exemple précieux quant à la qualité de vie rendue possible en occident via les industries extractives en Colombie, et se révèlent être de redoutables adversaires pour les multinationales occidentales .

Caitlin R. Ringwood

Source : Counterpunch (en) - 18 juillet 2011

Traduction : Ibuka - Jozèf

Publié par la Rédaction le mercredi 27 juillet 2011
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27 juillet 2011 3 27 /07 /juillet /2011 18:44

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27 juillet 2011 3 27 /07 /juillet /2011 16:59

 

du lundi au vendredi de 17h à 17h55

Ecoutez l'émission 55 minutes

"C'est un joli nom camarade" 

21.07.2011 - 17:00

Un documentaire de Stéphane Manchematin et Diphy Mariani

 

Jean Ferrat3 ©Radio France

 Jean Ferrat est mort le 13 mars 2010. Absent depuis des années de la sphère médiatique, la nouvelle de sa disparition n’est pourtant pas passée inaperçue. A la manière d’une onde de choc, elle a suscité une vive émotion, particulièrement dans les milieux dits « populaires » mais bien au-delà. Comme si, à l’occasion de sa disparition, la France entière découvrait l’immense et indéfectible popularité du chanteur. Comme si elle mesurait, à l’occasion de ses obsèques télévisées – suivies par plus de quatre millions de téléspectateurs un mardi en plein milieu d’après-midi – ce qu’il représentait pour plusieurs générations, celle des Trente glorieuses, de la guerre froide et du plein emploi, mais également celle de ses enfants, de ses petits-enfants : une sorte de parrain, de modèle, de figure tutélaire.

 


Au lendemain de sa disparition, Le Monde, l’Humanité Dimanche, Libération et même Le Figaro, toute la presse, lui consacrent leur Une. Les journaux ouvrent leurs colonnes aux très nombreux lecteurs qui souhaitent rendre hommage au chanteur. Et la presse de conclure : « sa mort, samedi dernier a bouleversé la France comme seule la disparition d’un homme plus grand que son art peut foudroyer un pays. »

 


De quoi tout cela témoigne-t-il ?
Sans doute de la perte, après Brassens, Brel et Ferré, du quatrième des trois mousquetaires de la chanson française. Mais la spontanéité et l’ampleur du mouvement populaire expriment quelque chose de plus profond. De plus inconscient aussi. Traduction d’une forme de désespoir contemporain ? Témoignage de l’attachement d’une communauté à certaines valeurs mises à mal par le développement d’une forme d’idéologie « bling bling » ?

 
Un grand nombre de Français s’est reconnu dans les chansons de Ferrat, et a été sensible à son sens de la révolte et de l’indignation et aura partagé ses convictions. Une partie d’entre eux s’est également servi de ses textes pour apprendre à envisager le monde social autrement. A les écouter, la mort de Ferrat semble représenter la perte d’une conscience morale… Mais certains préfèrent voir dans ses chansons le « ressort des luttes d’hier, d’aujourd’hui et de demain » et une énergie qui « peut faire à nouveau trembler le monde à la première occasion venue… »

Philosophe, hommes politiques, chanteurs, anonymes… chacun tente de répondre à sa manière à une simple question : de quoi Ferrat est-il le nom ?


Avec :
Olivier Besancenot, membre du NPA ;
Roland Leroy, ancien directeur de L’Humanité ;
Marie-José Mondzain, philosophe ;
Michel Drucker, animateur de télévision ;
Colette Ferrat, épouse de Jean Ferrat ;
Allain Leprest, chanteur ;
Francesca Solleville, chanteuse ;
Daniel Pantchenko, auteur ;
Michel Pesenti, maire d’Antraigues sur Volane ;
Jean-Paul Achard.

 

Merci à Robert Gallier et son orgue de barbarie.

Production : Stéphane Manchematin
Réalisation : Diphy Mariani

Thème(s) : Information| Musique| Société| Jean Ferrat

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26 juillet 2011 2 26 /07 /juillet /2011 19:40
Comment on fabrique la famine en Somalie
  
 


 

Comment on fabrique la famine en Somalie
Par Michel Chossudovsky

Depuis les vingt dernières années, la Somalie est embourbée dans une « guerre civile » tout en étant victime d’un processus de déstabilisation économique affectant le secteur rural et urbain.

Le pays fait maintenant face à une famine généralisée. Selon les reportages, des dizaines de milliers de personnes sont décédées de malnutrition dans les derniers mois. Les vies de plusieurs millions de personnes sont menacées.

Les médias occidentaux attribuent la famine à une grave sécheresse sans examiner pour autant les causes sous-jacentes.

Un climat d’« anarchie et de guerres de gangs » est également présenté comme l’une des principales raisons de la famine.

Mais qui est derrière l’anarchie et les gangs armés ?

La Somalie est rangée dans la catégorie des « États faillis », un pays sans gouvernement.

Mais comment est-elle devenue un « État failli » ? Il y a suffisamment de preuves indiquant une intervention étrangère ainsi qu’un appui en sous main aux milices armées. Produire des « États faillis » fait partie intégrante de la politique étrangère étasunienne. Cela relève d’un plan du renseignement militaire.

Selon L’ONU, une situation de famine persiste dans le sud Bakool et Shabeellaha Hoose, des zones en partie contrôlées par Al-Shahab, une milice djihadiste affiliée à Al-Qaïda.

À la fois l’ONU et l’administration Obama avaient accusé Al-Shahab d’avoir « banni les agences d’aide étrangères sur son territoire en 2009 ». Toutefois, les reportages ne mentionnent pas que Harakat Al-Shabaab al-Mujahideen (HSM) (Mouvement de la jeunesse en lutte) est financé par l’Arabie Saoudite et soutenu en sous main par les services de renseignement occidentaux.

L’appui aux milices islamiques par les services de renseignement occidentaux fait partie d’une évolution historique de soutien clandestin par les services de renseignement à des filières d’Al-Qaïda et des organisations djihadistes dans de nombreux pays, incluant plus récemment la Libye et la Syrie.

La question plus générale est la suivante : quelles forces extérieures ont provoqué la destruction de l’État somalien au début des années 1990 ?

La Somalie est demeurée autonome sur le plan alimentaire jusqu’à la fin des années 1970. Dès le début des années 1980, son économie nationale a été déstabilisée et l’agriculture vivrière anéantie.

Le processus de bouleversement économique a précédé le début de la guerre civile en 1991. Le chaos économique et social résultant de la « médecine économique » du FMI était un « préalable » au déclenchement de la « guerre civile » financée par les États-Unis.

Un pays entier avec une riche histoire de commerce et de développement économique a été transformé en un « territoire. »

Ironie amère du sort, ce territoire ouvert englobe une richesse pétrolière significative. Quatre géants pétroliers étasuniens s’étaient déjà positionnés avant le début de la guerre civile en 1991.

En filigrane du drame tragique de la Somalie, quatre grandes compagnies pétrolières étasuniennes sont installées discrètement sur une fortune potentielle en concessions exclusives afin d’explorer et d’exploiter des dizaines de millions d’acres de la campagne somalienne.

Selon des documents obtenus par le [Los Angeles] Times, près des deux tiers de la Somalie ont été alloués aux géants pétroliers Conoco, Amoco, Chevron et Phillips dans les dernières années du règne du président pro-américain Mohamed Siad Barre, avant qu’il ne soit renversé et que le pays soit plongé dans le chaos en janvier 1991.

Officiellement, l’administration et le département d’État insistent sur le fait que la mission militaire étasunienne en Somalie est strictement humanitaire. Des porte-paroles de l’industrie pétrolière ont rejeté en les qualifiant d’« absurdes » et d’« insensées » les allégations des experts de l’aide, des analystes vétérans de l’Afrique de l’Est et de plusieurs Somaliens éminents voulant que le président Bush, un ancien pétrolier texan, ait été mené à agir en Somalie, du moins en partie, par l’intérêt des géants des États-unis.

Toutefois, des documents privés et scientifiques ont dévoilé que les compagnies étasuniennes sont en bonne position pour prendre le contrôle et s’approprier des réserves potentielles de pétrole les plus prometteuses dès que le pays sera pacifié. Et le département d’État et des représentants de l’Armée étasunienne reconnaissent que l’une de ces compagnies pétrolières ne s’est pas seulement installée confortablement en espérant la paix.

Conoco Inc., la seule compagnie multinationale ayant conservé un bureau en opération à Mogadishu au cours des deux dernières années d’anarchie sur l’ensemble du territoire, a été directement impliquée dans le rôle du gouvernement étasunien au sein de l’effort militaire humanitaire financé par l’ONU. (Cité dans The Oil Factor In Somalia 1993)

La Somalie est une ancienne colonie de l’Italie et de la Grande-Bretagne. En 1969, un gouvernement postcolonial a été formé sous le président Mohamed Siad Barre : d’importants programmes sociaux de santé et d’éducation ont été implantés et l’infrastructure rurale et urbaine a été développée au cours des années 1970.

Le début des années 1980 constitue un point tournant majeur.

Le programme d’ajustement structurel (PAS) du FMI et de la Banque mondiale fut imposé à l’Afrique subsaharienne. Les famines récurrentes des années 1980 et 1990 sont en grande partie la conséquence de la « médecine économique » du FMI et de la Banque mondiale.

En Somalie, dix ans de médecine économique du FMI ont jeté les fondements d’une transition vers un cadre de dislocation économique et de chaos social.

L’article suivant, publié en 1993 dans Le Monde Diplomatique et Third World Resurgence, est axé sur les causes historiques de la famine en Somalie.

Il fut ultérieurement intégré dans mon livre Mondialisation de la pauvreté , première édition 1998 et Mondialisation de la pauvreté et le nouvel ordre mondial , 2e édition, Écosociété, Montréal, 2004.

Michel Chossudovsky, Montréeal le 26 juillet 2011

[Traduction du texte ci-dessus : Julie Lévesque, Centre de recherche sur la mondialisation (CRM)]

— -

Comment on fabrique la famine en Somalie

 

Par Michel Chossudovsky

texte publié dans Le Monde diplomatique, 1993.

 

La Somalie, où les pasteurs constituaient autrefois 50 % de la population, avait une économie fondée sur l’échange entre éleveurs nomades et petits agriculteurs. En dépit des sécheresses, elle demeura presque auto-suffisante en produits alimentaires durant les années 60 et 70. Au cours de la décennie 70, des programmes de transfert de populations permirent le développement d’un important secteur commercial dans le domaine de l’élevage : jusqu’en 1983, le bétail a représenté 80 % des recettes d’exportation du pays.

Au début des années 80, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale imposèrent au gouvernement un programme de réformes qui mit en péril le fragile équilibre entre les secteurs nomade et sédentaire. L’une des fonctions de ce plan d’austérité était de dégager les fonds destinés à rembourser la dette contractée par Mogadiscio auprès des membres du Club de Paris et, surtout, auprès du... FMI lui-même [1] .

Comme le notait un rapport de mission de l’Organisation internationale du travail : "Seul parmi les principaux créanciers de la Somalie, le Fonds refuse un rééchelonnement (...) . Il aide de facto à financer un programme d’ajustement, dont l’un des objectifs majeurs est le remboursement du FMI lui-même [2] ."

Le programme d’ajustement structurel a accru la dépendance alimentaire, notamment dans le domaine céréalier. Entre 1975 et 1985, l’aide alimentaire a été multipliée par quinze, soit un rythme d’accroissement annuel moyen de 31 % [3] . Cet afflux de blé et de riz vendus sur le marché local, s’ajoutant à l’augmentation des importations, a provoqué des migrations de producteurs et des modifications majeures dans les habitudes de consommation, au détriment des produits traditionnels, maïs et sorgho.

La dévaluation du shilling somalien, imposée en juin 1981 par le FMI et suivie périodiquement par d’autres baisses de parité, entraîna des hausses des prix de tous les intrants de l’agriculture : carburants, engrais, etc. L’impact fut immédiat et désastreux sur les cultures pluviales mais aussi dans les zones irriguées. Dans les villes, le pouvoir d’achat chuta de façon dramatique, les plans de développement du gouvernement furent victimes de coupes claires, les infrastructures s’effondrèrent, les flux d’"aide alimentaire" provoquèrent l’appauvrissement des communautés agricoles [4] .

Au cours de la même période, une bonne partie des meilleures terres cultivables furent accaparées par des fonctionnaires, des militaires et des commerçants liés au gouvernement [5] . Plutôt que de promouvoir la production alimentaire au profit du marché local, les bailleurs de fonds encouragèrent celle, dotée d’une prétendue "haute valeur ajoutée", de fruits, de légumes, d’oléagineux, de coton destinés à l’exportation et récoltés sur les plus fertiles terres irriguées.

Dès le début des années 80, les prix des médicaments pour bétail augmentèrent en raison de la dévaluation. La Banque mondiale encouragea les responsables à faire payer les services vétérinaires fournis aux nomades (notamment la vaccination des animaux). Un marché privé des médicaments fut institué. Le ministère de l’élevage fut dévitalisé, ses services vétérinaires devant être totalement financés par le paiement intégral de ses prestations. Selon la Banque mondiale, "les services vétérinaires jouent un rôle essentiel dans le développement du cheptel dans toutes les régions et ils peuvent être dispensés principalement par le secteur privé (...) . Etant donné que peu de vétérinaires privés choisiront de travailler dans les zones pastorales éloignées, l’amélioration des soins du bétail dépendra aussi de "paravétérinaires" payés pour vendre les médicaments [6] ."

Cette privatisation des soins s’est accompagnée d’une absence de programmes alimentaires d’urgence pour les périodes de sécheresse, tandis que l’eau devenait objet de commerce, que sa conservation était négligée, de même que les pâtures. Conséquences fort prévisibles : les troupeaux furent décimés, tout comme la population pastorale. L’objectif "caché" de cette politique était d’éliminer les éleveurs nomades insérés dans un système traditionnel d’échanges. Selon la Banque mondiale, il est de toute façon bénéfique d’"ajuster" la taille des troupeaux car les pasteurs nomades de l’Afrique subsaharienne sont accusés de contribuer à la dégradation de l’environnement [7] .

L’effondrement des services vétérinaires a indirectement bénéficié aux pays riches : en 1984, les exportations de bétail somalien vers l’Arabie saoudite et les pays du Golfe baissèrent radicalement et les achats saoudiens se firent en Australie et dans la Communauté européenne.

La restructuration du budget gouvernemental, sous la supervision des institutions internationales, a aussi beaucoup contribué à la mise à sac de l’agriculture. Les infrastructures cédèrent et les dépenses pour l’agriculture baissèrent d’environ 85 % par rapport au milieu des années 70 [8] . Le gouvernement fut empêché par le FMI de mobiliser les ressources nationales ; des objectifs sévères furent fixés pour réduire le déficit budgétaire. Les pays "donateurs" fournirent de plus en plus leur aide sous forme de produits alimentaires plutôt qu’en apport financier ou en équipement. Cette aide était ensuite vendue par le gouvernement sur le marché local et les revenus ainsi dégagés (les "fonds de contrepartie") devaient financer les projets de développement. Dès le début des années 80, ces opérations représentèrent la principale source de revenus de l’Etat, ce qui permit aux donateurs de contrôler de fait l’ensemble du budget [9] .

Les réformes économiques ont aussi signifié la désintégration des programmes de santé et d’éducation [10] . En 1989, les dépenses de santé étaient de 78 % inférieures à celles de 1975. Selon la Banque mondiale, le budget courant pour l’éducation était en 1989 d’environ 4 dollars par an pour un élève du primaire, contre environ 82 dollars en 1982. Entre 1981 et 1989, les inscriptions scolaires ont chuté de 41 % (en dépit d’une forte augmentation de la population scolarisable), livres et matériel disparurent des classes, les écoles se détériorèrent, près d’un quart des établissements primaires durent fermer.

Ruine de l’économie et désintégration de l’Etat

L’ECONOMIE dans son ensemble fut ainsi prise dans un cercle vicieux : les dégâts subis par les troupeaux furent cause de famine chez les pasteurs nomades qui se retournèrent vers les agriculteurs ; ceux-ci vendirent ou troquèrent leurs céréales contre du bétail. Toute l’économie pastorale fut de ce fait socialement désarticulée. De même, la chute des rentrées de devises due aux baisses des exportations de bétail et des envois de fonds par les Somaliens travaillant dans les pays du Golfe eut de graves conséquences sur la balance des paiements et les finances publiques, ce qui rendit impossible l’application des programmes gouvernementaux.

Les petits paysans furent ruinés en raison des prix de dumping des céréales américaines subventionnées et de la hausse des prix des intrants. L’appauvrissement de la population urbaine provoqua elle aussi une baisse de la consommation alimentaire. Le soutien de l’Etat aux zones irriguées fut gelé et la production déclina dans les fermes d’Etat, promises à la fermeture ou à la privatisation sous les auspices de la Banque mondiale.

Selon les estimations de cette dernière, les salaires réels du secteur public étaient en 1989 inférieurs de 90 % à leur niveau du milieu des années 70. Le revenu mensuel moyen était tombé à 3 dollars, accélérant la désintégration de l’administration [11] . Un plan de remise à niveau des salaires du service public fut proposé par la Banque mondiale, mais cela devait se faire avec la même enveloppe budgétaire, grâce au licenciement d’environ 40 % des fonctionnaires - l’administration n’aurait plus compté que 25 000 salariés en 1995 pour une population de 6 millions d’habitants - et à la suppression des diverses primes. Plusieurs pays donateurs se sont déclarés prêts à financer le coût de ces suppressions de postes [12] ...

Le désastre était déjà inscrit dans toutes ces mesures qui réduisaient à néant l’Etat somalien. Pourtant, la communauté internationale des bailleurs de fonds ne fit rien pour redonner vie aux infrastructures économiques et sociales, élever le niveau de vie, reconstruire l’administration : un an avant la chute du régime du général Syad Barre, en janvier 1991, alors que la guerre civile faisait déjà rage, les créditeurs proposaient de nouvelles mesures d’ajustement qui visaient à réduire encore plus les dépenses publiques, à restructurer la banque centrale, à liquider la presque totalité des entreprises d’Etat et à libéraliser le crédit (ce qui ne pouvait qu’asphyxier le secteur privé !).

En 1989, le service de la dette représentait 194,6 % des recettes d’exportation. Cette année-là, le prêt du FMI fut annulé pour cause d’arriérés, et la Banque mondiale gela pendant plusieurs mois un prêt d’ajustement structurel de 70 millions de dollars : les résultats économiques de la Somalie étaient trop mauvais [13] . _ La renégociation de la dette ainsi que toute nouvelle avance étaient conditionnées au paiement des arriérés ! Ainsi le pays était tenu prisonnier de la camisole de force de l’ajustement structurel pour le contraindre à assurer le service de la dette. On connaît la suite : l’effondrement de l’Etat, la guerre civile, la famine et, finalement, "Rendre l’espoir".

La Somalie est une expérience exemplaire, d’abord pour l’Afrique, où il existe d’autres sociétés pastorales nomades que les programmes du FMI et de la Banque mondiale s’emploient à éliminer. Plus largement, l’histoire récente de la corne de l’Afrique confirme le danger pour le tiers-monde de politiques d’ajustement qui affaiblissent l’Etat et conduisent à l’implosion et à la guerre civile.

Source : www.mondialisation.ca/index.php ?context=va&aid=25739

Publié par la Rédaction le lundi 25 juillet 2011
Notes

[1] Pendant la période 1983-1985, la dette somalienne était due à raison de 20 % au FMI et à la Banque mondiale. Cf. Generating Employment and Incomes in Somalia , Jobs and Skills Programme for Africa, Organisation internationale du travail (OIT), Addis-Abeba, 1989, p. 5.

[2] Organisation internationale du travail, op. cit. , p. 16.

[3] Au milieu des années 80, cette aide excédait la consommation de 35 %. Lire Hossein Farzin, "Food Aid : Posititive and Negative Effects in Somalia ?", The Journal of Developing Areas , janvier 1991, p. 265.

[4] Selon l’OIT, la société publique de développement agricole (State Agricultural Development Corporation, ADC) a joué un grand rôle dans le soutien aux prix élevés payés aux agriculteurs : "L’ADC a trop - et non trop peu - encouragé la production de maïs et de sorgho" ( cf. OIT, op. cit. , p. 9). Les données de la Banque mondiale, de leur côté, laissent entendre qu’il y a eu augmentation de la production de maïs et de sorgho après la déréglementation des prix en 1983.

[5] Lire Somalia, Operation Restore Hope : A Preliminary Assessment , African Rights, 11, Marshalsea Road, Londres, mai 1993, p. 18.

[6] Sub-Saharian Africa, From Crisis to Sustainable Growth , Banque mondiale, Washington DC, 1989, p. 98.

[7] Ibid. , pp. 98 à 101. Le surpacage nuit à l’environnement mais le problème ne saurait être résolu en frappant de plein fouet le mode de vie des éleveurs.

[8] De 1975 à 1989.

[9] Les fonds de contrepartie furent les seules sources de financement des projets de développement, la plupart des dépenses courantes dépendant elles aussi des donateurs.

[10] Le pourcentage des dépenses militaires demeura élevé mais ce poste budgétaire baissa en termes réels.

[11] Les salaires du secteur public équivalaient à 0,5 % du PNB en 1989.

[12] Une diminution de 40 % des effectifs du secteur public sur cinq ans (1991-1995). Selon la Banque mondiale, il y aurait 27 000 fonctionnaires en 1995.

[13] La première tranche de ce prêt fut versée par l’Association internationale de développement, filiale de la Banque mondiale. La seconde fut gelée en 1990. Le prêt fut annulé en janvier 1991, après la chute du gouvernement Syad Barre.

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26 juillet 2011 2 26 /07 /juillet /2011 19:13
L’écran de fumée pour masquer les "laissés pour compte"

vendredi 22 juillet 2011

 

Les récentes déclarations du secrétaire d’Etat Benoît Apparu quant à la transformation de 4500 places d’hôtels en logements ne peuvent masquer le désengagement de l’Etat des politiques d’hébergement d’urgence et ses conséquences humaines et sociales désastreuses.

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Les coupes budgétaires à l’encontre du Samu Social de Paris et la démission de son président Xavier Emmanuelli, qui ont fait la une de l’actualité, en sont l’illustration frappante et révèlent l’ampleur de la crise. Elles font suite à la décision du gouvernement au mois de mai d’une réduction de 3,3 % des moyens alloués au secteur de l’hébergement. Elles sont le résultat accablant de la volonté dogmatique du gouvernement de réduire l’intervention publique, y compris pour le domaine social.

 

La CGT dénonce cette réduction des crédits de l’Etat. La réforme de la politique de l’hébergement d’accueil, directement inspirée d’expériences anglo-saxonnes, qui visent à privilégier l’accès au logement des personnes sans domicile, sans passer par la case de l’hébergement d’urgence jugé trop coûteux par le Gouvernement, est un échec absolu.

 

Par delà les chiffres, cela se traduit concrètement sur le terrain par la réduction du nombre de places d’hébergement, la diminution des heures d’ouverture des centres, la fermeture de points d’accueil, la mise à mal de l’accompagnement social pourtant nécessaire et indispensable pour passer de la rue au logement autonome. Cela se traduit également par des licenciements et des suppressions d’emplois au sein des structures tel que le Samu Social dont les salariés inquiets viennent de se mobiliser.

 

Près de 700 000 personnes sont sans domicile personnel, dont plus de 100 000 personnes à la rue. Aux sans-abri de longue date, ce sont aussi de plus en plus de travailleurs pauvres et leurs familles qui sont victimes des réductions budgétaires du gouvernement à l’égard des associations qui les aident. La pénurie persistante de logements et la flambée des prix immobiliers ont, en effet, fragilisé un nombre croissant de personnes. Le nombre de décisions de justice prononçant une expulsion a atteint un record historique en 2009, avec 107 000 ménages menacés de se retrouver à la rue.

 

Au-delà, c’est bien la politique économique conduite par le gouvernement et le Chef de l’Etat qui est en cause, conduisant à une paupérisation de plus en plus grande des salariés pour répondre aux exigences des entreprises et appétits des marchés financiers. Le refus d’un coup de pouce à l’augmentation du SMIC s’inscrit dans cette logique. C’est cette même logique qui est aujourd’hui en œuvre en Europe et qui impose toujours plus d’austérité aux peuples, avec tous les risques de repli identitaire et de montée de l’extrémisme.

 

Pour la CGT, comme pour d’autres associations et organisations, l’accueil d’urgence et logement ne s’opposent pas. L’un et l’autre ont indispensables dans une société et un modèle économique en crise. L’un et l’autre nécessitent des moyens accrus.

 

La CGT milite pour une obligation d’accueil digne et adaptée de toute personne sans logis jusqu’à son relogement. Elle œuvre de la même façon pour l’effectivité du droit au logement pour tous, élément fondamental du "Vivre ensemble", avec un loyer qui n’excède pas 20% des revenus.

 

L’Etat doit être le garant de ce droit en favorisant des choix budgétaires pour une politique d’hébergement d’urgence, la production de logements sociaux.

Montreuil, le 22 juillet 2011

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