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8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 20:28

Nouvelles d’Orient Les blogs du Diplo

Les préjugés "ordinaires" d’un écrivain israélien


A. B. Yehoshua est incontestablement un grand écrivain israélien. Mais, bien qu’ayant soutenu et la guerre contre le Liban en 2006 et l’invasion de Gaza il y a trois ans, il prétend appartenir au « camp de la paix ». De la paix des cimetières, faudrait-il préciser. Car sa pensée est fondamentalement coloniale, ne concevant l’Autre, le Palestinien, que comme profondément différent.

 

Dans une libre opinion publiée par le quotidien Haaretz le 2 janvier et intitulée « An unwelcome intro to the binational state », il veut répondre à Avraham Burg, l’ancien président du parlement israélien, et sans doute l’une des plus courageuses personnalités du pays. Celui-ci écrivait, dans « Now it’s your turn » (Haaretz, 23 décembre), qu’il n’existerait demain qu’un seul Etat entre la Méditerranée et le Jourdain et que celui-ci serait aussi peu démocratique qu’Israël aujourd’hui.

 

« Même si, parmi nous, beaucoup croient qu’il est possible d’empêcher la création d’un tel Etat par des mesures politiques énergiques, il faut pourtant s’y préparer, à la fois intellectuellement et émotionnellement, tout comme nous nous préparons à d’autres situations d’urgence. L’objectif de cette préparation est de garantir qu’un Etat binational ne sapera pas la structure démocratique d’Israël, et ne détruira pas complètement l’identité collective juive-israélienne qui a pris forme au cours des dernières décennies.

L’avènement d’un Etat binational ne serait pas seulement dû aux agissements d’Israël, mais serait également le résultat de la coopération silencieuse des Palestiniens, tant à l’intérieur d’Israël qu’au-delà de ses frontières. Même les membres pragmatiques du Hamas veulent entraîner Israël, comme une première étape, vers une telle éventualité.

(...) « Pour le peuple palestinien, un Etat binational dans l’intégralité du grand Israël est une meilleure option que le morceau de Palestine haché et découpé qui pourrait être arraché des griffes d’Israël après beaucoup de peine et de sang ».

« Grâce à la puissante économie d’Israël et ses liens étroits avec l’Occident, un Etat binational, même à moitié démocratique, pourrait promettre aux Palestiniens une vie meilleure et plus sûre, et (surtout) un territoire plus vaste que celui qui pourrait être obtenu après des dizaines d’années de campagne menée avec l’objectif d’obtenir toute la Palestine.

(…) Cette vision d’un Etat binational explique peut-être l’obstination de l’Organisation de libération de la Palestine, à la fois au sommet de Camp David en 2000 et pendant les négociations entre l’Autorité palestinienne et le gouvernement Olmert. Elle pourrait aussi avoir influencé la position de l’Autorité palestinienne au cours des derniers contacts avec le gouvernement israélien actuel, une position destinée à empêcher l’émergence d’une véritable solution. »

Ah bon ? On sait que selon la propagande israélienne, au sommet de Camp David de 2000 entre Ehud Barak et Yasser Arafat, le premier ministre israélien avait présenté une offre généreuse que les Palestiniens auraient rejeté. Pourtant, les mémoires de la plupart des protagonistes — y compris américains — publiées depuis confirment qu’il n’en a rien été. Que Barak n’a jamais proposé de rendre même 95 % des territoires occupés. Qu’il avait décidé, avant même le sommet, de faire porter la responsabilité d’un échec prévisible sur Yasser Arafat. C’est Barak qui a inventé l’idée qu’il n’y avait pas de partenaire palestinien pour la paix (lire « Le “véritable visage” de M. Ehoud Barak », Le Monde diplomatique, juillet 2002). Yehoshua peut-il ignorer tous ces témoignages ? Peut-il ignorer la responsabilité de Barak, qualifié à juste titre par Uri Avnery de « criminel de paix » ?

 

Quant aux négociations entre Mahmoud Abbas et Ehud Olmert, on nage aussi en pleine propagande israélienne. Je renvoie Yehoshua au journal, très instructif, d’un des négociateurs palestiniens, Ziyad Clot : Il n’y aura pas d’Etat palestinien, Max Milo, 2010.

A moins que l’intransigeance de la direction palestinienne corresponde, pour Yehoshua, au fait de ne pas accepter que les 22 % de la Palestine historique qu’elle réclame soient encore amputés, que l’Etat palestinien n’ait aucune souveraineté, ni sur son espace aérien ni sur ses frontières, bref, que ce soit un simple bantoustan.

 

Mais le meilleur est à venir. L’écrivain affirme que cette volonté des Palestiniens d’avoir un Etat binational « explique aussi la passivité sinon incompréhensible des Palestiniens quant à l’organisation de protestations civiles et non violentes contre les colonies. Peut-être cela explique-t-il qu’ils restent dans leur lit quand des voyous brûlent leurs mosquées ».

 

Mépris ? Impudence ? Ignorance ? L’écrivain ne connaît-il pas l’histoire de la première Intifada (non violente) ou celle de la seconde, souvent armée ? Ont-elles réussi à stopper la colonisation ? Quant à parler de Palestiniens qui dorment pendant que des voyous brûlent leurs mosquées, c’est oublier que les colons bénéficient de la protection de l’armée, qu’ils sont souvent armés et n’hésitent pas à tuer – pendant que Yehoshua écrit ses chroniques dans Haaretz...

 

Et l’auteur de conclure que, si l’on veut éviter cet Etat binational, il faudra « persuader les Palestiniens de se mobiliser » pour cette solution à deux Etats. Le problème du colonisateur est de toujours rejeter sur le colonisé la faute : celle d’être arriéré, celle de ne pas se mobiliser selon les normes qu’il fixe, celle de dormir dans son lit

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8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 20:08
Au Chili, la dictature de Pinochet n’en est plus une
par Victor de La Fuente, vendredi 6 janvier 2012
 

On ne parlera désormais plus de « dictature » du général Augusto Pinochet, qui prit le pouvoir au Chili lors d’un coup d’Etat, le 11 septembre 1973, et ne le quitta que dix-sept années plus tard. On préfèrera le terme de « régime militaire ».

 

C’est le sens de la modification des manuels scolaires que vient d’exiger le ministère de l’éducation chilien. M. Harald Beyer, titulaire du maroquin, a présenté la décision comme « technique », tout en précisant qu’il ne voyait aucune difficulté, de son côté, à décrire la « période Pinochet » comme une dictature.

 

Il n’en reste pas moins que la mesure a été critiquée par l’opposition, les mouvements de défense des droits de l’homme ainsi que certains secteurs de la droite représentée au gouvernement (notamment le parti du président Sebastián Piñera, Rénovation nationale [RN]).

 

De son côté, l’Union démocrate indépendante (UDI) — principale force politique de la coalition au pouvoir — ne masque pas sa satisfaction : la mesure s’inscrit en droite ligne de son projet de réhabilitation historique du général Pinochet, officiellement responsable de plus de 3 000 disparitions ou exécutions et de la torture de plus de 28 000 personnes (1). A la fin du mois de novembre, M. Cristian Labbé, membre de l’UDI et maire de la commune de Providencia — où l’on peut se promener le long d’une avenue baptisée « 11-Septembre » — a ainsi organisé une cérémonie en hommage à M. Miguel Krassnoff, un ancien dirigeant de la Direction nationale du renseignement (DINA, la police politique de la dictature), condamné à cent quarante-sept ans de prison pour enlèvement, assassinat et torture.

 

Différents secteurs de la droite suggèrent, à travers les médias privés (qui leur sont proches), qu’il est désormais temps de « tourner la page », de ne plus « vivre dans le passé ». Mais reconnaître la nature de la dictature chilienne — et la condamnation de ceux qui s’en sont rendus coupables — empêche-t-il vraiment de préparer l’avenir ?

Si les Cristian Labbé restent rares, l’héritage Pinochet pèse dans la vie politique et sociale chilienne, ne serait-ce qu’au travers de la Constitution de 1980 que le pays lui doit (2). C’est l’une des raisons de la mobilisation étudiante qui a récemment secoué le Chili (3).

 

(1) Lire Franck Gaudichaud, « La dictature du général Pinochet devant la justice à Paris », La valise diplomatique, 8 décembre 2010.

(2) Lire « En finir (vraiment) avec l’ère Pinochet », La valise diplomatique, 24 août 2011.

(3) Lire Hervé Kempf, « Au Chili, le printemps des étudiants » (aperçu), Le Monde diplomatique, octobre 2011.

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8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 20:01
L’Humain, facteur de sécurité

vendredi 6 janvier 2012, par Frédéric Dayan

 

La Fédération CGT des Mines et de l’Energie, FNME-CGT, a retenu plusieurs des conclusions du rapport de l’ASN sur l’audit effectué dans le parc nucléaire français après l’accident de Fukushima.

 

Dans un communiqué, la FNME retient que l’ASN "considère que les installations nucléaires françaises présentent un niveau de sûreté suffisant pour que leur exploitation soit poursuivie."

 

Ensuite, la CGT voit dans ce rapport l’affirmation de ce qu’elle défend depuis longtemps : "un des piliers de la sûreté repose sur le facteur humain. Il est essentiel, de ce point de vue, d’apporter le plus grand soin aux conditions de travail, à l’organisation du travail et aux effectifs nécessaires. Il va falloir aussi revenir sur les compétences, en particulier leur renouvellement et les formations (...) et revoir la politique de sous-traitance de manière radicale."

 

Enfin la CGT note que "l’ASN formule une demande d’amélioration des critères de sûreté de ces installations notamment pour faire face à des situations accidentelles graves. L’ASN souligne que la sûreté n’est pas statique, et c’est ce qui fait que le parc nucléaire français doit évoluer en permanence pour permettre une mise à niveau de la sûreté avec les retours d’expérience du parc en exploitation et des accidents survenus dans le monde. Les demandes d’amélioration formulées par l’ASN doivent être mises en oeuvre par les Directions d’entreprises. Aucun errement ou tergiversation ne serait acceptable en la matière. Les moyens humains et financiers doivent être mis en place pour cela", exige la FNME CGT

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8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 19:47


Entrée en vigueur la premier janvier, la nouvelle constitution hongroise est le point d’orgue de la dérive autoritariste et nationaliste enclenchée il y a 18 mois par le premier ministre Viktor Orban.

Viktor Orban1 Viktor Orban : un nouveau défi pour une Europe qui s’en serait bien passé

Viktor Orban, premier ministre d’extrême droite de la "nouvelle" Hongrie

  

Issu du parti conservateur, le Fidesz, Victor Orban a réuni avec son seul parti la majorité des deux tiers nécessaire au changement constitutionnel. Risquons-nous à un rapide panorama. Plus de République de Hongrie, on parle désormais de Hongrie « tout court ». Un impôt sur le revenu unique, à 16%, a été crée (plus de proportionnalité de l’impôt, un des piliers du système républicain). L’indépendance de la banque centrale hongroise est réduite. Les sans abris sont passibles de prison. L’embryon devient constitutionnellement un être humain dès le premier jour de la grossesse. Toutes les agences de presse du pays sont regroupées en un seul organisme, dirigé par un proche du premier ministre : les autorités ont d’ailleurs retiré sa fréquence à la seule radio d’opposition, Klubradio. La liste est longue.

La plupart de ces mesures sont inscrites dans la nouvelle constitution : un prochain gouvernement ne pourra les changer qu’avec la majorité des deux tiers. Cette majorité sera d’autant plus difficile à atteindre qu’un nouveau découpage des circonscriptions très avantageux pour le Fidesz a été instauré. De plus, le premier ministre est en train de placer des proches à tous les postes clés de hauts fonctionnaires (dont le mandat passe de 9 à 12 ans) : ainsi, un nouveau gouvernement aurait à faire face à l’hostilité de son appareil d’Etat.

 

Il s’agit donc bel et bien d’une transformation en profondeur et durable que M. Orban met en œuvre.

Et l’UE dans tout ça ? La Commission se dit « préoccupée », et elle peut l’être. Est en train de naitre au cœur de l’UE un Etat en contradiction flagrante avec ses principes fondateurs.

L’UE dispose de trois « armes » pour faire plier Viktor Orban. La première est déjà utilisée : il s’agit de suspendre les aides européennes. Ainsi, des négociations sur un plan d’aide de 20 milliards d’euros ont été interrompues. La deuxième consiste en des sanctions contre la Hongrie pour non respect du droit communautaire : les mesures prises peuvent être graduelles, mais en tout état de cause, l’UE étant un « objet juridique », le non respect prolongé du droit européen correspond de facto à une sortie de l’UE. L’article 7 du Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne prévoit enfin une suspension des droits d’un Etat membre “en cas de non respect de ses principes fondateurs”.

 

L’Europe et ses dirigeants ne veulent pas en arriver à de telles extrémités. L’UE a déjà suffisamment de problèmes. Elle ne peut cependant pas fermer indéfiniment les yeux : cela reviendrait à profondément remettre en cause son existence même. Le mépris affiché de Viktor Orban pour le droit européen et sa volonté « de ne pas se laisser dicter sa conduite par l’Europe » pousse l’UE à l’action, au risque d’accentuer la popularité de M. Orban dans un élan d’orgueil national.

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8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 19:24

RécitLe Premier ministre de droite populiste a fait voter une loi assurant à son parti les trois quarts des sièges au Parlement avec 25% des voix. Et accentue son contrôle des médias et de la justice.

Par FLORENCE LA BRUYÈRE Budapest correspondance

Vendredi 23 décembre, devant le Parlement hongrois à Budapest, des manifestants conspuent le Premier ministre populiste, Viktor Orban. (REUTERS)

C’est une révolte du désespoir. Vendredi, peu avant Noël, plusieurs milliers de Budapestois en colère ont manifesté sur la place Kossuth qui abrite le Parlement, un imposant édifice néogothique. «Sortez, pourris !» scandaient les manifestants, pour la plupart sympathisants écologistes ou de gauche, aux députés du Fidesz, le parti de droite populiste du Premier ministre, Viktor Orbán, qui détient la majorité des deux tiers à l’Assemblée.

«Honte». Les élus du Fidesz, tenus d’une main de fer par leur leader, votaient un paquet de lois qui, selon l’opposition, enterrent la démocratie. Le matin, une douzaine de députés du Parti libéral écologiste (LMP) étaient interpellés après s’être enchaînés devant le Parlement pour protester contre le vote. «C’est une honte pour la majorité au pouvoir que des gens en soient réduits à défendre la démocratie parlementaire avec leur propre corps», déclarait Gabor Scheiring, élu LMP.

Les législatives n’ont lieu qu’en 2014, mais la droite d’Orbán, qui n’exclurait pas un scrutin anticipé, a adopté vendredi une réforme de la loi électorale qui lui permettrait de remporter les trois quarts des sièges avec seulement 25% des voix. Point besoin, comme en Russie, de bourrer les urnes ou d’empêcher certains électeurs de voter, les règles seront faussées dès le départ, alerte l’opposition. «Cette loi va empêcher les citoyens de changer de gouvernement», critique Gabor Scheiring, qui dénonce aussi le fait que l’impôt sur le revenu à taux unique (16%), initié par le gouvernement cette année, a été inscrit dans la Constitution ce vendredi.

Un impôt injuste, entraînant une forte baisse de revenus pour les petits salariés - la majorité des Hongrois - et désastreux pour l’Etat, qui a perdu 500 milliards de forints (1,6 milliard d’euros) de recettes cette année, car les riches sont nettement moins taxés. Graver cet impôt dans la Constitution, c’est le rendre très difficile à modifier à l’avenir. Viktor Orbán a admis vouloir «lier les mains des prochains gouvernements pendant dix ans». Pire, son parti devrait voter cette semaine une loi qui supprime quasiment le débat parlementaire.

Depuis son retour au pouvoir en 2010, Viktor Orbán, ancien étudiant progressiste devenu par opportunisme un politicien ultra-conservateur, a multiplié les mesures autoritaires. Il y a un an, il faisait adopter une loi controversée sur les médias. Le service public a été transformé en outil de propagande. Pour protester contre la manipulation de l’information, Balázs Nagy Navarro, journaliste à la télévision, fait la grève de la faim depuis le 10 décembre devant le siège de la chaîne, en compagnie d’autres reporters et de simples citoyens. «C’est une façon de laver la honte», dit Balázs Nagy Navarro. Les journalistes racontent qu’on leur impose les thèmes de reportage, les mots à utiliser.

Une propagande récompensée par le pouvoir. En avril, un jeune reporter, ancien attaché de presse du Jobbik, le parti d’extrême droite, réalisait un reportage truqué sur Daniel Cohn-Bendit, le présentant comme un pédophile. Une vengeance d’Orbán après que Cohn-Bendit l’eut comparé à un «Chávez européen». Quelques jours après, l’auteur du reportage, Daniel Papp, était promu directeur de l’information et rédacteur en chef des émissions du week-end.

Excepté ceux qui lisent Internet et la presse de gauche, la majorité des Hongrois ne sait pas grand-chose de la grève. Car la loi sur les médias pousse même les chaînes privées à l’autocensure.«La situation est ubuesque», juge un journaliste. Coïncidence (ou pas), on joue la comédie burlesque d’Alfred Jarry au théâtre Babszinhaz de Budapest. Le metteur en scène a réécrit la pièce. Sur scène, Ubu, roi des Hongrois veut toujours plus de pouvoir, comme Orbán. Les comédiens font remplir des urnes aux spectateurs hilares puis s’écrient, triomphants : «Père Ubu, on a les quatre tiers… Hourra, on a les cinq tiers !»

Juristes. Après les médias, le parti populiste d’Orbán s’attaque à la justice. En février, une loi a permis la révision des jugements condamnant les émeutiers d’extrême droite de 2006. La majorité a ensuite abaissé l’âge de la retraite des juges, de 70 à 62 ans, se débarrassant de facto des 300 magistrats les plus chevronnés. Des «sanguinaires» de l’époque stalinienne, ont prétendu les médias de droite. Aucun d’entre eux n’était en poste dans les années 50.

Le plus inquiétant est la concentration de pouvoirs dans les mains de Tünde Hando, épouse d’un eurodéputé du Fidesz et marraine de l’un des enfants du Premier ministre. Nommée pour neuf ans présidente de l’Office national de la justice (OBH), elle aura tout pouvoir de nommer les juges. András Baka, président de la Cour suprême, un des plus éminents juristes européens - il a été juge à la Cour européenne de Strasbourg pendant dix-sept ans - fut le seul à critiquer ces mesures. Il a été démis de ses fonctions. Un universitaire qui préfère rester anonyme soupire : «Avec la justice qui s’écroule, c’est la fin de la démocratie. Notre pays est en train de sortir du cadre légal européen.»

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6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 23:13

vendredi 6 janvier 2012

Sarko et Hollande s'affrontent sur l'éducation : "Bilan lourd" contre "Projet irresponsable".
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6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 22:53
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6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 22:04
Hollande, Sarkozy, BFM, et l'affaire "sale mec"

Citation approximative, twitter, info continue : à quoi pourrait ressembler la campagne

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Alerte "sale mec" ! Pendant toute la matinée de mercredi 4 janvier, le journalisme politique français a consacré une bonne partie de son énergie à recenser les réactions indignées des responsables de l'UMP contre François Hollande, qui aurait déclaré selon Le Parisien que Sarkozy est un "sale mec" au cours d'un déjeuner off avec des journalistes. Sauf que selon d'autres participants à ce déjeuner, notamment Thomas Legrand (France Inter), Sylvie Pierre-Brossolette (Le Point) et Sylvie Maligorne (AFP) Hollande n'a pas traité Sarkozy de sale mec, il le parodiait. Une nuance qu'apportait dès 11h50 l'AFP. Cas d'école du traitement de l'info en continu, à travers l'exemple de la chaîne BFM TV.

Mercredi matin (comme tous les jours), c'est priorité au direct sur la chaîne d'info BFM TV. Et il y a du lourd dans l'actu : François Hollande aurait traité Sarkozy de "sale mec".

Ca commence par une phrase dans un bandeau diffusé sur l'écran, puis par un coup de fil à une députée UMP, scandalisée et exigeant des excuses publiques. Viennent les réactions en images : comme c'est la rentrée du conseil des ministres, BFM cueille une Nadine Morano en pleine forme dans la cour de l'Elysée. C'est tout ? Non, par chance, ce matin, se déroulent aussi les vœux de Jean-François Copé au siège de l'UMP. L'occasion pour BFM de mettre en boîte d'autres réactions de responsables de la majorité. Et pour terminer cette magnifique matinée, Estrosi réagit en personne sur le plateau de BFM (interview également rediffusée à 14h50)

BFM TV, priorité au matraquage picto

 

Et à chaque fois, si vous n'étiez pas forcément devant vos écrans au moment de ses déclarations, BFM vous donne les phrases clés :

Alerte au sale mec !

Un "sale mec" bien caché dans Le Parisien

Mais comment est partie la polémique ? La citation provient d'un article du Parisien intitulé "Le nouvel appétit de Hollande". Le candidat socialiste aurait prononcé cette phrase lors d'un déjeuner avec des journalistes, dont celui du Parisien, Matthieu Croissandeau, auteur de l'article. "Pour Hollande, il n'y a pas de mystère : c'est bien le chef de l'Etat, «un président en échec», «un sale mec», qui se cache derrière les formules de l'UMP, écrit Le Parisien. « Sarkozy va être dans l'évitement jusqu'au premier tour, pronostique-t-il. Mais il envoie ses sbires pour délégitimer ma candidature. »Un procès vieux comme la Ve République selon lui. « Pour la droite, la gauche sera toujours illégitime », relativise-t-il".

picto Un "sale mec" bien caché dans l'article du Parisien


La citation est noyée dans l'article mais un grand reporter du Parisien souligne tôt ce matin sur twitter que Hollande a traité Sarkozy de "sale mec" :

Un "sale mec" aussi sur twitter

Ce qui n'était qu'une citation parmi d'autres dans l'article va devenir l'élément central de la polémique.

Mais en fin de matinée, d'autres journalistes ayant participé à ce déjeuner démentent les propos rapportés dans l'article du Parisien. Sylvie Maligorne, journaliste à l'AFP publie une dépêche à 11h51 dans laquelle elle explique que Hollande "parodiait" Sarkozy quand il a prononcé ces propos : "Le député de Corrèze s'est mis à la place du président venant devant les Français pour expliquer qu'il se représentait: "je suis le président de l'échec, je suis un sale mec, mais dans cette période difficile, je suis le seul capable, j'ai le courage...". "Il va se présenter comme le capitaine courage recherchant l'impopularité", a ajouté M. Hollande, en faisant référence notamment à la TVA sociale". Un peu plus tard, sur twitter, la journaliste de l'AFP est plus encore plus directe :

Pas vraiment un "sale mec"

Sur France Inter, Thomas Legrand (rappelé en urgence par sa rédaction après sa chronique matinale pour intervenir dans le journal de 13 heures) a lui-même démenti les propos rapportés par Le Parisien. Certes, Hollande a prononcé l'expression "sale mec", mais ce n'était pas une injure directe.

 

Dans le même temps, sur iTélé (et un peu plus tard sur BFM), une autre participante au déjeuner, Sylvie Pierre-Brossolette est sur la même ligne que ses collègues : "Moi en tout cas, je n'ai pas entendu François Hollande être dans l'insulte vis-à-vis de Nicolas Sarkozy, je ne l'ai pas entendu le traiter comme ça de sale mec" .

Suite à cette pluie de démentis, le journaliste du Parisien publie une mise au point sur le site web du quotidien en donnant la citation dans sa longueur, et dans son contexte : "La conversation est libre, comme souvent lorsque les politiques se mettent à table mais les reporters présents ont sorti leurs carnets et prennent des notes. Dans la discussion, le candidat socialiste développe longuement ses propositions, détaille sa campagne et imagine la future tactique de Nicolas Sarkozy. Pour appuyer sa démonstration, il n’hésite pas à se glisser dans la peau de son rival : «Il va se présenter devant les Français et leur dire : Je suis un président en échec depuis cinq ans, je suis un sale mec, mais réélisez-moi parce que, dans cette période difficile, je suis le seul capable.»". Et le journaliste d'ajouter, pour ne pas trop se dédire sur le fond : "Le candidat socialiste n’a donc pas officiellement traité le chef de l’Etat de «sale mec». Mais le choix de ce qualificatif pour appuyer son raisonnement en dit long sur l’estime qu’il porte à son adversaire. Raison pour laquelle nous avons décidé, ce matin, de le publier".

Hollande n'a donc pas directement traité Sarkozy de sale mec. Mais qui a monté cette polémique en mayonnaise ? Difficile de savoir. A BFM, on nous explique que c'est tout simplement en lisant Le Parisien qu'on a décidé de traiter l'information. "Au conditionnel et avec la source Le Parisien", nous explique-t-on. Et ce n'est qu'à 13h, après l'interview de la porte-parole de Hollande, Najat Vallaud-Belkacem, dénonçant une manipulation, que le bandeau spécial "sale mec" reste bloqué pendant une heure...

sur la version "manipulation picto


> Cliquez sur l'image pour un gros plan <

Fin de la polémique ? Pas tout à fait. Car en regardant BFM TV dans l'après-midi, on comprend qu'il en restera quelque chose malgré les démentis des participants au déjeuner.

 

Si le traitement de l'information est plus équilibré sur la chaîne d'info dès le début de l'après-midi (avec la rediffusion des extraits des réactions d'Estrosi, de Vallaud-Belkcacem, Pierre-Brossolette), l'éditorialiste Olivier Mazerolle, disposant pourtant de toutes les versions, évoque tout de même "une parodie malvenue", intervenant dans un début de campagne "qui patine". Et le journaliste de relancer Mazerolle en lui demandant si Hollande n'est pas allé trop loin...

picto Sur BFM, à 15h, la polémique continue

Et à 16h, en relançant le magnéto Mazerolle, le journaliste de poser la question qui tue : "Ce dérapage marque-t-il un tournant dans la campagne ?". Non, c'est trop tôt dans la campagne. Ouf !

Alerte "Sale mec" (mise à jour 17h20). François Hollande a improvisé une conférence de presse au cours de laquelle il est revenu sur la crise économique et la proposition d'une TVA sociale faite par le gouvernement.

Ce n'est qu'à la fin, en suggérant aux journalistes de poser une question ("la" question tant attendue du "sale mec") que François Hollande a critiqué l'ambiance de ce début de campagne, renvoyant les journalistes qui souhaiteraient des précisions sur les circonstances de ce déjeuner vers les autres participants, ces derniers démentant toute ambiguïté dans ses propos.

"Ca suffit", lance Hollande

picto

 

 

 

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6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 21:57
TVA sociale : Sarkozy est-il maso ?

Postulons que non, et tentons de comprendre

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On connaissait la boîte de lait recyclée, les cadeaux moches de tatie refourgués sur ebay, mais on ne connaissait pas encore le gadget politique réutilisé sans relâche depuis des années. Bienvenue dans le feuilleton de la TVA sociale, que Nicolas Sarkozy vient de faire rebondir. Mais pourquoi donc ?

Avec l'increvable feuilleton de la TVA sociale, nous sommes typiquement dans le développement durable de l’acte politique. Attention les gars on va faire la TVA sociale, non pas maintenant, enfin si mais pas comme ça, et ça dure, et ça dure. Nous, là-dedans, on se sent paumés, et sans s’inviter dans la cabine du patron, même sans savon dans l’oreille, on pige que dalle à la TVA sociale.

Pourquoi on ne comprend rien ? Parce qu’avec un nom pareil, les pistes sont brouillées. Cette TVA n’a rien de social, tout comme le plan social n’a rien de social non plus. Son principe est simple : il s’agit de financer la protection sociale non plus à l’aide des charges sur les salaires mais via les recettes de la TVA, quitte à augmenter le taux de celle-ci.

Ce qu'on ne comprend pas non plus, c'est pourquoi Sarkozy relance le gadget lors de ses vœux du 31 décembre, gadget repris ensuite par les ministres qui promettent sa mise en place avant les élections. Quoi ? Sarkozy veut augmenter la TVA ? Impôt injuste par excellence, il lèse les plus faibles revenus : la députée PS des Deux-Sèvres a calculé, sur twitter, qu'un salarié au SMIC consacre 10% de son revenu net à la TVA, soit 2 fois plus qu'un salarié qui gagne 10 000 €/mois. Maso, Sarkozy ?

Remarquez, il s’est bien gardé de prononcer le mot de TVA sociale. Il a seulement affirmé que le financement de la protection sociale "ne peut plus reposer principalement sur le travail, si facilement délocalisable. Il faut alléger la pression sur le travail et faire contribuer financièrement les importations qui font concurrence à nos produits avec de la main-d’œuvre à bon marché." Mais tout le monde a compris.

 

TVA sociale Google actu

Cherchez l’intrus

 

Du coup, avec ces histoires de travail délocalisable et d’importations coupables, Sarkozy brouille non plus les pistes mais l’écoute. Il est bien aidé par Jean-François Copé qui préfère le terme de TVA anti-délocalisations ou par Manuel Valls qui, lui, parle de TVA protection. Enfin parlait. Peut-être vous l’ignorez, mais en octobre dernier, quand Valls était candidat aux primaires socialistes, il signait dans les Echos une tribune intitulée "oui, la TVA sociale est une mesure de gauche". Mais ça, c’était avant son job de directeur de communication de François Hollande. Comme quoi, il n’y a pas qu’à l’UMP qu’on mange des ronds de chapeaux.

 

resucée et mauvais souvenirs

Pourquoi Sarkozy ne prononce-t-il pas les mots TVA sociale ? Première explication : il l’a déjà vendue dans son programme présidentiel de 2007 sans jamais l’avoir mise en place. Du coup, ça fait resucée. Deuxième explication : le mot lui rappelle un très mauvais souvenir. Souvenez-vous, juste avant les législatives de 2007, Laurent Fabius pose une question à Jean-Louis Borloo sur un plateau télévisé et ça donne ça :

 

 

 

Alors Monsieur Borloo, vous allez augmenter la TVA n’est-ce pas ? La prestation de Borloo est pathétique, et d’aucuns lui reprocheront d’avoir fait perdre de nombreux sièges à l’UMP, pour qui l’élection ne devait être qu’une formalité. On comprend donc -le masochisme supposé de Sarkozy ayant des limites- qu'il ne prononce pas les mots.

 

aux rapports

Merci Borloo : la majorité a préféré avancer prudemment sur le sujet. En septembre 2007, ce n’est pas un mais deux rapports qui sont remis à l’Elysée. L’un est signé Eric Besson, c’est du solide, il fait 157 pages (écrit petit) et il est plutôt enthousiaste: parmi les constats, le transfert des charges sur la TVA apparaît "favorable à la compétitivité de l’économie française", "une telle réforme créerait des emplois, les prix des produits français devraient rester globalement stables si les entreprises ne « captaient » pas à leur profit les baisses de charges", et de conclure en appelant à un grandébat avec les partenaires sociaux (à l’époque, on lançait la mode des grandébats). L’autre rapport est signé Christine Lagarde, et c’est moins un rapport qu’une note : pensez, il fait 20 pages. Cette note, émanant de l'inspection générale des finances, est plus réservée et souligne que "la TVA sociale ne pourrait jouer qu’un rôle d’appoint dans la mise en place d’une stratégie d’amélioration de la compétitivité des entreprises françaises." Et d’ajouter : "elle ne constituerait qu’un levier parmi d’autres pour obtenir une baisse du coût du travail : une taxe de lutte contre le changement climatique, par exemple, pourrait permettre de financer une baisse du coût du travail par une taxation plus forte des émissions de gaz à effet de serre et des pollutions."

 

Bonne ou mauvaise idée ? La question sans réponse

Bref, les rapports de septembre 2007 ne sont pas sur la même longueur d’onde ce qui n’empêchera pas le Sénat de leur trouver des points communs : Bien que la presse considère généralement que le rapport de M.Eric Besson est favorable à la TVA sociale, alors que la note de l'inspection générale des finances y serait défavorable, les analyses présentées sont sur le fond très proches." Faut dire qu’ils avaient déjà du grain à moudre avec un précédent rapport du Sénat en date de mars 2007 et conduit par Jean Arthuis. Voire avec celui commandé en 2004 par Sarkozy alors ministre finances.

A chaque fois les conclusions sont les mêmes : il y a du bon mais aussi du mauvais. Ça peut jouer sur l’emploi comme ne pas. Ça peut jouer sur les prix à la baisse, ou à la hausse. Ça peut créer de l’inflation, ou non. Bref, si vous voulez en avoir le cœur net, je vous invite à lire la page wikipédia sur la TVA sociale (un fleuve) et vous verrez vite de quoi je parle: personne n’est d’accord, les exemples allemand et danois, aussi brillants soient-ils, ne sont pas transposables à la France, et son application dans les DOM-TOM ne fait l’objet d’aucun résultat concluant.

La TVA sociale est donc devenue un gadget politique (le blogueur Seb Musset parle de flooder) agité pour faire diversion, pour faire fumigène pour reprendre un mot du patron. Quand il sort du placard, la majorité s’étripe, le PS se frotte les mains tout en criant ô aberration et le gadget politique devient aussitôt un gadget médiatique :

 

TVA sociale France Soir

 

TVA sociale Le Point

 

TVA sociale Europe 1

 

TVA sociale Marianne 2

 

TVA sociale La Tribune

 

TVA sociale L'expansion

 

TVA sociale Le Parisien

 

 

Notons qu’il y en a un qui a vu le coup venir, c’est Philippe Askenazy dans un billet du Monde économie du 19 décembre. L’économiste et directeur de recherche au CNRS posait la question Y aura-t-il de la TVA sociale à Noël ? On apprend dans son papier que le sujet TVA sociale date des années 80, que le premier rapport fut confié à Henri de Castries, devenu depuis PDG d'Axa et que "trente ans après, nous en sommes toujours au même point".

 

et nous dans tout ça ?

Pas étonnant qu’on soit complètement largués. On peut quand même essayer de comprendre le point de rupture entre les anti et les pour. D’abord, la question du financement de la protection sociale n’est pas nouvelle. Elle ne se pose pas pour les caisses retraite et chômage puisque, in fine, le salarié sera indemnisé au prorata de ses cotisations. En revanche, pour la sécurité sociale et les allocations familiales, les cotisations, payées par le salarié et l’employeur (charges salariales et charges patronales) bénéficient à tout le monde. Ça s’appelle la solidarité.

Le débat est donc le suivant : est-ce aux salariés d’être solidaires ou bien aux consommateurs (dont les salariés) ? Cela dit, à en croire Thomas Piketty, la CSG (contribution sociale généralisée créée par Michel Rocard en 1991) a absorbé une partie des cotisations salariales destinées aux branches santé et famille mais la question n’a pas été tranchée pour les charges patronales, toujours concernées. Donc reposons autrement la question : est-ce aux patrons d’être solidaires ou bien aux consommateurs?

C’est toute la question. Vous comprendrez que le patronat réponde "les consommateurs !" La guerre sur les charges beaucoup trop élevées est menée de longue date par le Medef qui a d’ailleurs une solution toute prête, dévoilée en novembre. Y a plus qu’à choisir le scénario, ou le dessin si vous préférez car ils sont forts au Medef, ils savent aussi dessiner :

 

Scénario 1

TVA sociale Medef scénario 1

 

Scénario 2

 

TVA sociale Medef scénario 2

 

Scénario 3

 

TVA sociale Medef scénario 3

 

 

Dessins reproduits dans un article du Point, TVA sociale: les scénarios du Medef

 

Voyez, c’est simple de baisser les charges patronales, il suffit de les transférer sur la TVA et hop. Du coup les entreprises peuvent vendre leurs produits moins cher et donc être plus compétitives. Si elles décident bien sûr de reporter la baisse des charges sur le coût du produit et non pour augmenter leur marge, réserve déjà formulée dans le rapport Besson.

Vous comprendrez également que les consommateurs soient plus sceptiques. Qui dit hausse de la TVA dit baisse du pouvoir d’achat (même le Figaro l'admet). Et, allez savoir pourquoi, les consommateurs ont tendance à penser que le prix des produits ne baissera pas d’un euro, tout comme les menus dans les restaurants n’ont pas vu leur prix diminuer autant que la TVA (passée de 19,6 à 5,5%).

De même, comme le souligne Askenazy cité plus haut, à l’annonce de la hausse de la TVA que croyez-vous que nous ferons, petits malins ? Oui, nous achèterons en masse écrans plats et tondeuses à gazon avant que les prix n’augmentent. Et que fera-t-on des produits des entreprises compétitives devenus moins chers ? Rien, puisqu’on les a déjà achetés.

Ensuite, on peut imaginer que la hausse de la TVA n'a pas pour réel objectif de baisser le coût du travail mais de combler, au hasard, les déficits.

Cela dit, reste une question en suspens : est-ce par pur masochisme que Sarkozy veut augmenter la TVA avant les élections ? Postulons que non. On peut avancer alors plusieurs hypothèses : il veut embarrasser Hollande, dont le directeur de campagne, Manuel Valls, est un ex-pro-TVA sociale. Stratégie bancale : l'ensemble du PS rejette en bloc la TVA sociale, excepté Valls, dont on n'a jamais cru qu'il était de gauche. Deuxième hypothèse : ce serait un signe envoyé aux agences de notation (les revoilà !) qui ne sont certes pas revenues de vacances mais doivent malgré tout occuper encore les esprits à l'Elysée. Dernière hypothèse : jouer sur la peur pour nous faire serrer la ceinture. Comme le souligne Françoise Fressoz dans un billet qui inaugure son blog du Monde.fr, "la dramatisation est devenue la dernière cartouche d’un président acculé par la crise". Pour faire face au drame, on doit tous faire un effort et accepter un ou deux points supplémentaires de TVA. Avec les éléments de langage suivants : les Allemands l'ont fait, la Suède et le Danemark sont déjà à 25%, 1% en plus c'est indolore et ça rapporte un max. En gros, Sarkozy referait le coup de la réforme des retraites. Mais pas dit qu'il y parvienne.

 

Mise à jour mercredi 16h

Autre hypothèse formulée par Hollande lui-même : Sarkozy a enfilé les vêtements du père-courage. Libération rapporte les propos du candidat PS, propos tenu à l'occasion du désormais célèbre déjeuner, dit déjeuner du salemec : "Le candidat PS, devant quelques journalistes qu’il avait conviés à déjeuner, s’est mis à la place de Nicolas Sarkozy se présentant aux Français: «Je suis le Président de l’échec, je suis un sale mec, mais dans cette période difficile, je suis le seul capable, j’ai le courage…». «Il va se présenter comme le capitaine courage recherchant l’impopularité», a ajouté Hollande, en faisant référence notamment à la TVA sociale, d’après l’AFP qui a participé à ce déjeuner. Après tout, pourquoi pas ? Dans les cas désespérés, on tente tout. Et n'importe quoi.

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5 janvier 2012 4 05 /01 /janvier /2012 19:27
TVA anti-sociale

jeudi 5 janvier 2012

 

Au moment même où la CGT était reçue ce matin par Xavier BERTRAND, en vue de la préparation du sommet « social » du 18 janvier prochain, le Premier Ministre annonçait de son côté qu’un projet de loi sera examiné en février et le Parlement convoqué en session extraordinaire.

 

Or, sur la TVA « sociale », le Ministre du Travail affirme qu’aucun dispositif précis n’est déterminé. A quoi va réellement servir le sommet dit social ? Ne s’agit-il pas tout simplement d’un nouveau plan de communication du président … ou sommet anti-social.

Pour la CGT, cette mesure est une arnaque, une mesure anti-sociale. L’augmentation de la TVA aura un effet négatif sur le pouvoir d’achat de toute la population. De plus, la TVA, dont l’impact est plus fort pour les bas revenus que pour les hauts revenus, est particulièrement inégalitaire. Cela va aussi réduire la croissance et amplifier la crise.

L’instauration de cette TVA anti-sociale ne vise qu’à répondre à une préconisation patronale de transférer 80% de cotisations sociales sur le contribuable et le consommateur.

 

Pour la CGT, il y a d’autres solutions pour sortir de la crise, entre autre :

 

- Revaloriser les salaires, les pensions et les minima sociaux ;

 

- Réformer la fiscalité en profondeur ;

 

- Contrôler les aides publiques aux entreprises ;

 

- Supprimer les exonérations fiscales et sociales sur les heures supplémentaires.

 

Face au chantage sur les droits sociaux, la CGT appelle les salariés à faire du 18 janvier prochain une journée d’action interprofessionnelle en se mobilisant sous toutes les formes, pour se faire entendre du patronat et du gouvernement.

Montreuil, le 5 janvier 2011

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