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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 18:42

 

 Or, le 2 décembre 2011, l’Assemblée nationale malienne
a adopté un texte qui, au contraire, perpétue les discriminations.
Un premier projet du Code de la famille, qui avait fait l’objet de longues années
de réflexion et de concertation entre les différents acteurs de la société malienne,
avait été adopté par l’Assemblée nationale en août 2009. Sans consacrer l’égalité
des sexes, il contenait toutefois d’importantes avancées. Mais à la suite de
manifestations des forces les plus conservatrices, le Président Amadou Toumani Touré
 avait décidé de ne pas le promulguer et l’avait renvoyé en deuxième lecture.
Au cours de la révision du texte, les dispositions centrales concernant l’âge du mariage,
la garde des enfants, l’héritage ont subi des modifications telles qu’elles vont
à l’encontre du principe même d’égalité des sexes. 

Selon le nouveau Code, « la femme doit obéissance à son mari » et l’homme
est consacré comme unique chef de famille (« puissance paternelle »).
L’âge légal du mariage est de 18 ans pour l’homme et de 16 ans pour la femme.
Par ailleurs, dans certains cas, le mariage peut être autorisé à partir de 15 ans.
En outre, le mariage religieux est désormais juridiquement reconnu. 

Le nouveau code viole gravement les obligations internationales du Mali,
consacrées par la Convention des Nations unies sur l’élimination
de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW),
ratifiée en 1985, et le Protocole à la Charte africaine des droits de
l’Homme et des peuples relatif aux droits des femmes, ratifié en 2005. 

Nos organisations**, n’ont cessé d’appeler à l’adoption d’un Code garantissant
les droits des femmes. Nous n’avons cessé d’alerter des conséquences néfastes
d’une révision à la baisse de ce texte. Alors que les revendications
du Haut Conseil islamique ont été prises en compte, nous déplorons
que celles des acteurs et des actrices de la société civile malienne aient été ignorées. 

Avec l’adoption de ce texte, le Mali a raté une occasion de progresser vers
le respect des droits des femmes. Nos organisations continueront à se battre pour
faire évoluer ce texte.
 
Voila pourquoi, nous souhaitons    réaliser  ce projet :luttons ensemble pour le droit
des femmes au Mali:
  http://militantvibes.com/DroitsDesFemmesEtEnfantsDuMali/
 
Source:Fédération internationale des Droits de l’homme

--Bafing Kul & Mélodies du Monde

Création, Diffusion, Action culturelle
SIRET: 519 282 370 00013 code APE 9499Z 
Licence d'entrepreneur de Spectacle Categorie 2 et 3:2-1049357/3-1049358
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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 15:29
Un militant d'extrême droite tue deux Sénégalais à Florence

Mots clés : 

 
Publié le 13/12/2011
Le meurtre de deux Sénégalais a provoqué une manifestation dans les rues de Florence.

Un membre d'une organisation d'extrême droite a tué par balles deux vendeurs ambulants et blessé trois autres personnes avant de se suicider.

La ville de Florence, en Italie, est sous le choc. Gianluca Casseri, un Toscan de cinquante ans, a tué par balles deux vendeurs ambulants sénégalais et blessé trois autres personnes sur deux marchés situés Piazza Dalmazia, dans le nord de la ville, et San Lorenzo, dans le centre historique, mardi.

Selon des témoignages recueillis par le quotidien italien La Repubblica, l'homme serait arrivé sur place à bord d'un véhicule blanc avant de tirer trois coups de feu et de s'enfuir de la Piazza Dalmazia. Deux vendeurs ont été tués sur le coup et un troisième, gravement blessé, a été emmené d'urgence dans un hôpital et «restera paralysé à vie», selon les indications données par un porte-parole de la police. Casseri s'est ensuite rendu à San lorenzo où il a de nouveau ouvert le feu et blessé deux personnes dont le pronostic vital n'est, a priori, pas engagé.

Une manifestation spontanée

Selon le procureur de Florence, Giuseppe Quattrocchi, qui s'est immédiatement rendu sur place, Gianluca Casseri, présenté comme un militant d'extrême droite, se serait suicidé «quand il a vu que la police intervenait».

Après cette attaque, un cortège spontané d'environ 200 personnes, dont une majorité de Sénégalais et de proches des victimes, s'est formé et a manifesté depuis la Piazza Dalmazia jusqu'au centre de la ville. Les manifestants ont tout de suite dénoncé un acte «raciste» avant d'être informé de la mort du meurtrier par les autorités qui espéraient ainsi ramener le calme.

Une association d'extrême droite prend ses distances

Selon les médias italiens, l'auteur de ces meurtres serait un homme «solitaire et déprimé», membre de l'association d'extrême droite, Casa Pound. Celle-ci a d'ailleurs immédiatement tenu à prendre ses distances vis-à-vis de Gianluca Casseri. «Il était l'un de nos sympathisants comme tant d'autres personnes dans toute l'Italie (…) Il s'agit d'une tragédie effroyable de la folie: ces gens sont morts sans raison», a déclaré l'association dans un communiqué.

Tandis que l'ancien maire de Rome, Walter Veltroni (gauche) a dénoncé «un climat d'intolérance envers les étrangers», le maire de Florence, Matteo Renzi (gauche) s'est dit prêt à recevoir une délégation de manifestants afin d'apaiser les tensions.

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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 15:26
"Les postes électifs ne constituent ni une distinction ni une récompense, mais un moyen de faire passer dans les faits des projets de développement"

14 décembre 2011 Temoignages.re

Lors du 7e Congrès du Parti communiste réunionnais, il a été question d’une charte de l’adhérent. Les quelques principes adoptés par le Congrès du PCR clarifient les responsabilités du candidat à une fonction élective. Ses principes ont été adoptés à l’unanimité des délégués du 7e Congrès du Parti communiste réunionnais, les 3, 4 et 5 décembre 2010 à l’Étang du Gol à Saint-Louis.


<p>Adoptée par le 7e Congrès, la Charte de l'adhérent apporte une clarification.</p> <p>(photo Toniox)</p>

Adoptée par le 7e Congrès, la Charte de l’adhérent apporte une clarification.

(photo Toniox)

 

« Depuis près d’un demi-siècle, le Parti Communiste Réunionnais a apporté une contribution essentielle au progrès social, à la défense des libertés, au recul du racisme ainsi qu’à l’épanouissement et à la sauvegarde de l’identité et de la culture réunionnaises. C’est pourquoi il est partie intégrante de la vie politique de notre île. Ce sont donc plusieurs générations déjà qui ont consacré et consacrent leur vie à la réalisation d’un idéal de liberté, de progrès et de justice.

Bien longtemps avant la création du Parti Communiste Réunionnais, des femmes et des hommes venus sur cette île, librement ou sous la contrainte, ont lutté pour le respect de droits et de principes essentiels. Hier comme maintenant, ces femmes et ces hommes ont souvent payé ces luttes du prix de leur liberté et parfois de leur vie.

Du fait même de notre situation insulaire et de la diversité de notre peuplement, ces luttes qui ont forgé le peuple de La Réunion se sont toujours déroulées dans des conditions spécifiques, réductibles à aucune autre. Mais celles-ci nous ont enrichis parce que nous nous sommes efforcés d’être attentifs aux profonds bouleversements survenant dans le reste du monde.

C’est cette prise en compte de notre situation spécifique et de ces bouleversements qui a permis de fonder ce parti profondément enraciné dans la société réunionnaise, ouvert au monde et cultivant la solidarité avec les peuples du monde entier.

Au fil des ans, notre société - comme notre parti - a évolué. Le temps permet aujourd’hui de faire la part du positif comme du négatif, tant dans la société réunionnaise que dans les actions entreprises par le PCR depuis sa fondation en 1959.

Cette évolution appelle à un débat constant, le plus large possible, afin d’éclairer l’avenir et de déterminer les actions à entreprendre pour les décennies futures.

D’ores et déjà, l’expérience de près d’un demi-siècle permet de poser quelques principes essentiels pour guider notre engagement et nos actions.

Ces principes sont de deux ordres :

- collectifs,
- individuels.

Ces principes affirmés doivent sans cesse être débattus afin d’en faire les racines d’une société équitable, condition essentielle de là mise en œuvre d’un développement durable.

Les postes électifs ne constituent ni une distinction ni une récompense, mais un moyen de faire passer dans les faits des projets de développement dans le respect des principes ci-dessus énoncés. C’est pourquoi des personnes extérieures au PCR peuvent recevoir l’appui de l’ensemble des signataires de cette charte si elles s’engagent à porter des projets d’intérêt général.

Pour favoriser l’exercice démocratique des responsabilités électives, pour remplir pleinement et dans les meilleures conditions les compétences toujours plus grands que nous revendiquons, pour ces responsabilités, pour contribuer à l’émergence des femmes et de jeunes à des responsabilités, il importe de limiter à un mandat et à une fonction l’activité de l’élu(e), toutes les fois que cela ne favorise pas le renforcement de l’adversaire. »

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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 15:21

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Des tigres aux griffes bleues

Visages magnifiques au cuir tanné par le soleil, ils portent tous les âges.

Main dans la main, ils avancent avec cette meute de chiens sur l'herbe verte

cristallisée par le gel pur de l'hiver.

De nombreux animaux font partie du cortège, tel une arche de Noé...

Biches et cerfs observent le déroulement de l'histoire.

 

Vague à l'âme, les bagages sur les bêtes, délaissant les cygnes qui sont dans le lac en feu...

A vouloir aider le pouvoir de leurs désirs, certains sont restés derrière à perdre leur temps,

avec la douleur de leur propre enfer.

 

Ils sont conscients que s'ils souhaitent les aider, ils se doivent d'avancer sans les autres et

sans se retourner. Au bout du chemin les fruits récoltés seront dispensés aux êtres sensibles.

 

Être heureux est parfois la meilleur leçon de vie pour les autres.

Être juste c'est parfois ne pas faire de sentiments, mais laisser les autres faire leurs expériences.

 

Cela peut paraître aux yeux des autres, laissés en arrière avec leurs monstres nés de leurs

peurs imaginaires, une dure liberté avec un aspect d'indifférence, que de continuer son

chemin sans eux.

 

Les chevaux sont nerveux, ils sentent encore la présence des dangers, assez proche en

arrière : les effluves de la jalousie des serpents, l'orgueil du lion qui ne se maîtrise pas, les rancunes des voleurs et des fausses conceptions, mais aussi la confusion mentale des éléphants sauvages impulsifs, la prison de l'avarice, les démons des doutes, les inondations des désirs, ainsi que le parfum des feux de la haine dans les forêts.

 

Ce peuple de Mongolie aux chevaux sacrés fera du loup son totem pour garder en

mémoire son goût de la liberté, ses tactiques de réflexion, et la manière dont les humains ont

fini par pervertir le loup, lui faisant oublier sa nature première.

 

Les humains aussi ont oublié qui ils sont...

 

Ce peuple a dit merci à son ennemi qui lui a tant appris : son ego.

Leurs pensées se concentrent vers la paix, le vent souffle la vie de leur bouche, leurs pas rejoignent le tigre aux griffes bleues au sommet des montagnes.

 

Main dans la main c'est un long voyage, où paradis et enfer se sont croisés avec toutes ces

vies. La place qui s'ouvre sur la route laisse derrière eux les discordes inutiles.

Leur regard a changé, ils regardent les choses dans la réalité.

Les montagnes sont crées de l'imaginaire divin, ainsi que les déserts, mais il existe toujours une escalade et une oasis, concrètes.

 

Les journées se déroulent dans les chansons.

Les nuits apportent la lumière qui reflète leur cœur encore plein d'émotions au besoin

d'apaisement, après les événements passés. Dans le silence on peut entendre le souvenir des répercussions des dualités, et chacun s’efforce d'y apporter la paix dans l'unité.

 

Les repas s'agrémentent des récoltes conservées avec les moyens du bord,

séchage des vivres, produits laitiers du bétail. Il a fallut beaucoup de travail pour réunir tous

ces aliments, des semences à leur récolte jusqu'à leur transformation. Chaque

bouchée a la saveur de la simplicité.

 

La question d'identité patriotique leur parait une farce acide, tel l'incompréhension et le dénie de la Chine pour la Mongolie, les Ouigours et les Tibétains...

Ils ont rassemblé toutes leurs forces pour comprendre qu'il n'existait ni séparation, ni

division, ni rupture, sinon dans leur mental. Ainsi ils décidèrent de s'unir pour être un seul

peuple humain.

 

La géologie terrestre de leur corps a beaucoup changé.

Ils tiennent les rennes du cheval vert de leurs pensées parcourant les steppes immenses.

La prairie de leur peau brune est douce et lisse.

Les arbres élancés de leurs os, scintillent en un soleil d'or.

Leurs veines coulent en une eau devenue bleu turquoise.

Puissance orange de leur ventre de guerrier pacifiste.

Loques de cheveux bleus en cordes tressées de patience.

 

Ils portent chacun des traces des siècles passés, et de l'ère industrielle.

Des tigres aux griffes bleus sortent du lac en feu et grimpent la montagne.

Ils sont sur le chemin du Bodhisattva...

 

Écrit par Aurelia Dreulma - Tara Sol.

 


Des tigres aux griffes bleues de Aurelia Dreulma - Tara Sol est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 non transposé.
Les autorisations au-delà du champ de cette licence peuvent être obtenues à www.myspace.com/dreulma.

CONTACT :
www.myspace.com/dreulma
Facebook page : Aurelia Dreulma - Tara Sol Officiel

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11 décembre 2011 7 11 /12 /décembre /2011 19:33
Appel de Thorens-Glières, le 14 mai 2011

Le 8 mars 2004 treize vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France libre lançaient un « Appel aux jeunes générations » dénonçant notamment « la remise en cause du socle des conquêtes sociales de la Libération ». Cette tendance régressive s’accélère dramatiquement. Nombre de citoyennes et citoyens s’en indignent. Partout la prise de conscience que les valeurs, toujours actuelles, incarnées en 1944 dans le programme du Conseil National de la Résistance ouvrent l’espoir qu’un mieux-vivre ensemble est possible. Il est aujourd’hui concevable de définir un nouveau "programme de la Résistance" pour notre siècle.

Au lieu de cela, le débat public qui s’annonce avec les élections de 2012 semble privilégier les manœuvres politiciennes au service d’intérêts particuliers sans traiter :

  • des causes politiques des injustices sociales,
  • des raisons des dérégulations internationales,
  • des origines des déséquilibres écologiques croissants.

Comme en 2004, nous souhaitons que tous les citoyens, tous les partis, tous les syndicats, toutes les associations participent à l’élaboration d’un Projet de Société du 21ème siècle en repartant du programme du CNR « Les jours heureux » adopté le 15 mars 1944. Ce programme politique constitue toujours un repère essentiel de l'identité républicaine française.

 

Avec l’association « Citoyens Résistants d’Hier et d’Aujourd’hui » nous appelons tous les partis politiques, toutes les candidates et candidats à un mandat public dans le cadre des élections présidentielles et législatives de 2012 à prendre 3 engagements  qui mettront réellement en application la devise républicaine « Liberté Egalité Fraternité ».

 

Premièrement, afin de garantir l’égalité : Lancer immédiatement le travail législatif et réglementaire qui permettra de reconstituer les services publics et institutions créés à la Libération pour aller vers une véritable démocratie économique et sociale. Possible en 1944, cette démarche l’est d’autant plus aujourd’hui alors que le pays n’a cessé de s’enrichir depuis. Droit à la santé pour tous, droit à une retraite, droit à l’éducation, droit au travail, droit à la culture demeurent les seuls véritables garants de l’égalité républicaine. Une égalité qui n’a de sens que dans le respect du droit des étrangers.

Deuxièmement, afin de garantir la liberté :

  • Approfondir la forme républicaine du gouvernement afin de séparer clairement les pouvoirs et renforcer la démocratie parlementaire au détriment de notre régime présidentiel personnalisé.
  • Développer de nouvelles pratiques de la démocratie dans laquelle l’action de la société civile sera reconnue et restaurer les conditions du principe d’ailleurs défini à l’article 2 de la constitution actuelle : « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».
  • garantir la qualité du débat démocratique et la fiabilité des contre-pouvoirs, en assurant à nouveau la séparation des médias et des puissances d’argent comme en 1944.

Ces 3 axes de débats devront aboutir à une démarche souveraine d' « Assemblée constituante » vers de nouvelles pratiques républicaines.

 

Troisièmement, afin de garantir la fraternité : Travailler les coopérations avec les peuples et les pays, en refusant l'actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie. Favoriser résolument des solutions soutenables pour les équilibres écologiques, dans les limites de développement compatibles avec la survie humaine. Ecarter de la marchandisation totale les besoins vitaux de l’être humain comme l’eau, la nourriture et l’énergie.

Il est temps de bien vivre ensemble, dans la haute-nécessité de l’épanouissement du plus grand nombre et d’offrir une perspective d’avenir prometteur aux jeunes générations.

Plus que jamais, comme le proclamait en 2004 l'Appel des Résistants aux jeunes générations, à ceux et celles qui font ce siècle qui commence, nous voulons dire avec affection :

« Créer c'est résister. Résister c'est créer ».



Je signe !

Vous recevrez un email pour valider votre signature
Citoyens Résistants d'Hier et d'Aujourd'hui - 1442 route de la Luaz, 74560 Thorens Glières - infos@appel-de-thorens-glieres.fr
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11 décembre 2011 7 11 /12 /décembre /2011 19:14


"L’exclusion bancaire est une injustice sociale doublée d’une aberration économique", entretien avec Alain Bernard du Secours catholique.

 
le 7 décembre 2011
L’exclusion bancaire toucherait environ 5 millions de personnes. Ce phénomène se conjugue le plus souvent avec l’exclusion sociale. Entretien avec Alain Bernard, responsable du département Emploi - Economie solidaire du Secours catholique.

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Qu’est ce que l’accessibilité bancaire ?

Il y a trois composantes dans l’accessibilité bancaire :

D’abord, l’ accès tout simplement. Ce n’est pas le problème principal puisque 98 % de la population a un compte bancaire ou un livret A. La France est plutôt bien lotie par rapport aux autres pays, seuls deux tiers des Américains ont un compte. En effet, la France est dotée d’un arsenal juridique assez protecteur : il existe un droit au compte gratuit depuis 1998, un taux d’intérêt maximal (taux d’usure) - certes encore beaucoup trop élevé pour les crédits à la consommation [1] -, un solde bancaire insaisissable en cas de dettes…

Ensuite, l’ accessibilité . Elle mesure l’écart avec la réalité d’accès aux produits et services bancaires, en particulier aux conseils. Un client fortuné n’a aucun mal à obtenir un rendez-vous avec son conseiller alors que les clients modestes peuvent attendre des semaines voire des mois pour un entretien court.

Enfin, l’adaptation de l’offre à l’ usage des clients. Par exemple, l’accès au crédit renouvelable est (trop) aisé alors qu’il est plus risqué et moins compréhensible qu’un crédit amortissable classique, il devient toxique pour les personnes en situation de faiblesse. Au contraire, on constate qu’une grande partie des personnes modestes n’ont pas accès aux crédits classiques ni aux bons moyens de paiement. Un chèque sans provision et une carte de crédit ou de paiement à débit différé peuvent conduire à des découverts et entraîner de coûteux frais.

Le phénomène est donc complexe et malheureusement personne n’est aujourd’hui capable de le mesurer. En 2005, la secrétaire d’Etat à l’exclusion Nelly Olin [2] chiffrait à 5 millions le nombre d’exclus bancaires . Mais la fourchette avancée par d’autres dirigeants de banque est très large, allant de 2 à 9 millions. Je regrette qu’aucun service statistique ne s’en préoccupe concrètement.



En quoi est-ce que l’exclusion bancaire constitue une inégalité ?

Il y a un lien entre l’exclusion bancaire et l’exclusion sociale. Ceux qui ne possèdent pas de compte en banque sont rejetés. Pour payer en espèces vos factures ou même votre cantine, vous devez aller faire la queue dans un endroit à part. Vous ne pouvez toucher un salaire que sur un compte bancaire. A l’inverse, l’exclusion sociale ou le chômage conduisent très vite à l’exclusion bancaire et à la stigmatisation dans des fichiers de chèques sans provisions ou de crédits impayés. En plus, l’argent liquide se vole et est plus volatile.

Cette injustice sociale se double d’une aberration économique. Un crédit sert justement à étaler dans le temps une dépense, c’est donc un puissant levier de développement économique dont sont exclus ceux qui en auraient le plus besoin.



Que préconisez-vous pour y remédier ?

Nous avons rédigé un manifeste [3] à l’attention des politiques et des banques dans lequel nous développons 3 pistes :

1- Obliger les banques à alerter précocement les personnes dont le compte se dégrade. Il ne faut pas attendre que les agios et les frais d’incidents de paiement gonflent avant que le conseiller de clientèle daigne décrocher son téléphone.

2- Une certification indépendante des banques sur la base de critères d’accessibilité afin de jouer sur leur réputation. On peut aussi imaginer que les appels d’offre publics ne retiennent que les banques vertueuses. Ou encore une gratification financière à travers un fonds qu’auront alimenté toutes les banques.

3- Les ménages modestes doivent pouvoir accéder au crédit classique. Comme ce sont des personnes qui risquent davantage de faire défaut, il pourrait être envisageable que les banques pratiquent un taux d’intérêt plus élevé. C’est pourquoi nous proposons que le fonds de cohésion social qui gère actuellement le microcrédit prenne en charge une partie des intérêts sur les crédits consentis aux personnes modestes.



Propos recueillis par Noam Leandri



[1] 21,32 % au 3e trimestre 2010, source Banque de France.

[2] Le Monde du 10 juin 2005

[3] Voir sur le site du Secours catholique.



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11 décembre 2011 7 11 /12 /décembre /2011 19:00

 

mis à jour le 14 novembre 2011


Publié le lundi 14 novembre 2011
En toute transparence, la CGT publie ses comptes certifiés


 

La CGT a revendiqué la modernisation des règles de la représentativité syndicale et la transparence des comptes, non seulement pour les organisations syndicales de salariés, mais aussi pour celles du patronat.
Le 14 novembre 2011, la CGT a donc rendus donc publics ses comptes certifiés au cours d’une conférence de presse. Michel Doneddu, trésorier de la CGT en fait ici une présentation.


Intervention de Bernard Thibault lors de la présentation des comptes certifiés de la CGT le 14 novembre 2011
Nous vous rencontrons aujourd’hui à l’occasion de la publication des comptes 2010 de notre Confédération qui ont été certifiés par un Commissaire aux comptes, conformément à la législation désormais en vigueur.


J’insisterai sur ses principales caractéristiques et surtout sur l’iniquité de plus en plus flagrante qui persiste entre les moyens à disposition de la défense des intérêts des salariés et ceux dont dispose le Collège Employeurs.

Vous constaterez dans nos comptes

Que le montant des cotisations brutes perçues au niveau national représente un peu plus de 52 millions d’euros, ce qui correspond à 77 millions d’euros versés par les syndiqués.
La différence entre ces deux sommes est conservée par les syndicats d’entreprises qui sont les collecteurs de la cotisation pour mener leur propre activité, soit, en moyenne, 33 % de la cotisation. La répartition de l’usage de ces 52 millions encaissés par la Confédération s’opère de la manière suivante :
- 39,7 millions reversés aux fédérations professionnelles, unions départementales et unions locales ;
- 12,8 millions qui couvrent :
- l’activité de la Confédération,
- le Fonds national interprofessionnel (action d’entraide et de développement entre organisations),
- le journal aux syndiqués,
- le centre de formation syndicale.


 


Nos comptes font apparaître que pour 1 euro de cotisation versé par les syndiqués, nous touchons 12 centimes de subvention publique.
Nos effectifs sont composés de 124 personnes salariées auxquelles il faut ajouter 29 équivalents temps plein, militants élus ou collaborateurs détachés par les droits syndicaux issus du secteur public, soit 19 % des 153 personnes à l’effectif. La proportion des militants mis à disposition par la fonction publique et les grandes entreprises nationales équivaut à la proportion des salariés de ces secteurs dans l’ensemble du salariat.


J’en profite pour vous donner des éléments actualisés sur l’état de syndicalisation à la CGT :
- Le règlement des cotisations fait apparaître une progression de 15 000 FNI entre 2007 et 2009, c’est-à-dire la première cotisation de l’année qui sert à comptabiliser le nombre d’adhérents.
- Nous comptabilisons ainsi pour 2009 (dernier exercice clos) 669 614 adhérents, dont 115 256 retraités.
- L’exercice 2010 non clos fait apparaître une progression de 3,76%¨pour le nombre d’adhérents sur une période comparable.
- 2011est également en progression de 1% sur le nombre de syndiqués pour la période comparable.


 


Quelques éléments sur le profil des 525 282 syndiqués identifiés dans notre fichier interne (ce n’est pas la totalité des adhérents) :
- 35,3% de femmes, 64,7% d’hommes
- 44,8 % du public, 55,2% du privé
- 13,2% de moins de 35 ans, dont 6,4% de moins de 30 ans
- 58,7% dans des entreprises de plus de 500 salariés
- 7,2% dans des entreprises de moins de 50 salariés.


Ces profils sont quelque peu modifiés dans les adhésions nouvelles :
- Nous avons déjà recensé 36 618 adhésions à la CGT en 2011,

  • 42% sont des femmes,
  • 62,3% sont issus du privé,
  • 28% ont moins de 35 an ?
  • 16,8% ont moins de 30 ans,
  • 16,6% sont dans des entreprises de moins de 50 salariés.
  •  

La CGT a été auditionnée le 27 octobre par la Commission d’enquête sur le financement des organisations syndicales d’employeurs et de salariés.
Nous avons fait part à ses membres de notre étonnement quant à la création de cette Commission. Nous n’en avons pas encore compris les véritables motivations, dans la mesure où elle a été constituée au moment même où est entrée en vigueur l’obligation contenue dans la Loi du 20 août 2008 d’une certification des comptes et de leur publication par les organisations syndicales.

Une seule « affaire » a véritablement défrayé la chronique ces dernières années en matière de financement, celle dite de l’UIMM.
Force est de constater que la justice est capable de faire la lumière sur toute une série d’actes délictueux commis dans notre société mais, dans le cas d’espèce, il semble suffire du silence d’un ou de quelques témoins clés pour que les procédures cessent. C’est surprenant !


 


Nous espérons que les travaux de cette commission vont permettre de mettre en lumière l’iniquité flagrante qui existe entre les moyens permettant d’assurer la représentation des salariés et ceux qui alimentent la représentation patronale.


Iniquité sur les sources de financement
Les organisations de salariés sont essentiellement financées par les cotisations volontaires de salariés. Ces cotisations représentent pour les adhérents de la CGT, 1 % du salaire.
Les organisations patronales sont financées par une cotisation imputée sur les frais généraux de l’entreprise.
Autrement dit, on trouve légitime qu’une part de la richesse créée dans l’entreprise finance la représentation Employeurs sans que les salariés ne disposent de l’équivalent. C’est anormal !


Ce mécanisme est source d’une grave inégalité de traitement qu s’illustre par exemple sur le fait que le siège de la CGT a été financé par les cotisations des syndiqués et par l’emprunt. Celui du Medef l’a été par des donations d’entreprises qui ont leur nom inscrit dans le hall de l’immeuble comme « généreux donateurs ». Il y a deux poids, deux mesures.


 


Iniquité sur les moyens qu’ont les deux collèges pour assurer leur représentation dans les instances, institutions ou de concertation dans lesquelles sont appelés à siéger patronat et syndicats.


Nous avons transmis à la Commission d’enquête la liste des instances dans lesquelles nous sommes appelés à siéger pour représenter les salariés. Le relevé est impressionnant. Il y en a plus de 400 rien qu’au plan national.


Dans la législation française, le droit social est négocié par les syndicats jugés représentatifs pour être applicable à l’ensemble des salariés, qu’ils soient ou non syndiqués. (D’autres pays, principalement anglo-saxons, ont une autre conception du droit : la convention collective ne couvre que les syndiqués).


Malgré cette reconnaissance d’une mission d’intérêt général de représentation de tous les salariés, force est de constater que pour l’essentiel, cette représentation est financée par les seuls syndiqués.
 


Ainsi, les moyens que nous avons pour assurer cette représentation reposent sur :
- Des salariés de la CGT (donc payés par les cotisations),


 
- Des imputations de jours d’absence auprès de l’employeur (cotisations),


 
- Des conventions de détachement négociées avec quelques grands groupes,


- L’utilisation du droit syndical de la fonction publique, le seul à reconnaître la dimension interprofessionnelle de la représentation syndicale.


 


Ce point a fait l’objet de discussions serrées avec le ministre de la Fonction publique. Ce n’est pas la réduction des droits syndicaux de la fonction publique qui doit être à l’ordre du jour mais la reconnaissance du droit syndical interprofessionnel par les entreprises privées.


 


Si je fais le parallèle avec les modalités par lesquelles les organisations patronales assurent leur représentation et leur fonctionnement interne, je constate que, là-aussi, l’utilisation des DRH, experts techniques, cadres supérieurs payés par les entreprises assurent ce rôle comme si cela faisait partie intégrante du métier pour lequel ils sont payés.



A notre connaissance, le Medef ne rembourse pas l’entreprise qui lui fournit des compétences pour une mission qui est pourtant syndicale. Là aussi, il y a deux poids, deux mesures.


Pour conclure ce propos, je voudrais rappeler que la CGT a largement milité pour qu’évoluent les règles de représentativité syndicale.
Le processus est en cours depuis l’adoption de la loi d’août 2008. Nous ne sommes pas encore au bout du chemin, il reste deux chantiers qui n’ont pas été ouverts jusqu’à présents :



- La représentativité des organisations patronales,



- Des règles de financement plus équitables entre représentation des salariés et représentation patronale adossées à une démocratie sociale renouvelée.


 


Il serait sain que les travaux de la Commission d’enquête contribue à une prise de conscience des parlementaires sur l’urgence de faire évoluer le droit dans ces deux domaines.


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11 décembre 2011 7 11 /12 /décembre /2011 18:35

L’opposition syrienne veut refonder l’unité nationale

par Zénobie, jeudi 8 décembre 2011
 
Le Monde diplomatique 
 

Dans la Syrie de demain, « la Constitution protégera les minorités et leurs droits », déclarait M. Burhan Ghalioun, le président du Comité national syrien — qui rassemble les forces d’opposition au régime — dans un message vidéo adressé au peuple syrien, le 5 novembre 2011, à l’occasion de la fête musulmane de l’Aid Al-Kabir (1). Alors que les observateurs se focalisent sur la guerre civile, ce discours du principal opposant au régime de M. Bachar Al-Assad témoigne d’un autre processus en cours : ce qui se joue en Syrie n’est pas seulement un changement de régime, mais aussi et surtout une véritable refondation de l’unité nationale. C’est pourquoi le régime crie au risque de guerre civile, et provoque en sous-main des tensions confessionnelles. En effet, la redéfinition de l’unité nationale sur la base de l’égale intégration de toutes les composantes de la nation démasquera l’imposture d’un pouvoir qui se prétend nationaliste arabe, séculier, et garant de l’unité nationale — c’est-à-dire de la protection des minorités contre le « danger islamiste ».

 

Pour comprendre les enjeux de cette refondation, il faut remonter dans le temps. Dans les années 1930, le nationalisme arabe en Syrie, qui s’est d’abord construit comme un outil politique de combat contre la présence coloniale française, a pensé l’unité nationale en des termes négateurs de la réalité sociale et anthropologique : tout ce qui était perçu comme facteur de division (la communauté ethnique, confessionnelle, la tribu, les solidarités régionales, sur lesquelles avait abondamment joué la tutelle française) a été ramené à de l’obscurantisme, au profit d’une unité arabe syrienne — l’apposition des deux adjectifs étant en soi très ambiguë.

 

Les liens anthropologiques premiers, ainsi sommés de disparaître, s’adaptèrent alors en se dissimulant derrière le discours nationaliste, en se repliant dans les coulisses de la scène politique. Mais ils restèrent bien vivaces. Et, lorsque le parti Baas, formation nationaliste arabe par excellence, accéda au pouvoir en 1963, et surtout en 1966 et en 1970 (avec le coup d’Etat de Hafez Al-Assad), c’est une minorité qui accédait de fait au sommet de l’Etat. C’est évidemment au nom du nationalisme arabe que cette minorité alaouite instaura son contrôle communautaire sur l’Etat et la société, et que le clan Assad dénia (et dénie toujours) à quiconque le droit de réclamer une part dans le pouvoir. Ainsi, la mention même des communautés, devenue crime contre l’Etat, interdit de dénoncer la mainmise alaouite ; de dénoncer les faveurs accordées par le pouvoir alaouite à certaines communautés minoritaires aux dépens de la majorité sunnite de la population. Toute contestation politique porterait ainsi, selon le régime, la marque de la sédition confessionnelle orchestrée de l’étranger.

 

Aux antipodes de la pensée nationaliste arabe et séculière par lui instrumentalisée et dévoyée, le régime des Assad a réussi au cours des décennies à renforcer la conscience minoritaire dans le pays en faisant croire aux communautés alaouite, chrétienne et druze, notamment, qu’il était le seul garant de leur sécurité. Et lorsque éclata l’intifada syrienne, en mars 2011, il lui a suffi de crier au danger islamiste pour que les vieux réflexes de peur remontent à la surface des consciences minoritaires. C’est ainsi que les manifestants pacifiques, impitoyablement abattus dans la rue, ont été diabolisés parce qu’ils sortaient des mosquées — l’espace public par excellence des villes orientales et musulmanes, le seul que le régime ne peut se permettre de fermer et d’où musulmans et chrétiens, laïcs et pratiquants lancent des mouvements de contestation. Quel que soit le contenu politique de leur révolte, les villes et villages mobilisés sont essentialisés comme musulmans et renvoyés à l’identité sunnite de la majorité de leur population (2).

 

On se souvient que, dans l’entre-deux-guerres, lorsque les nationalistes arabes manifestaient pour demander l’indépendance et l’unité (d’une Syrie alors divisée par les Français sur des bases communautaires et régionales), les Français et ceux des minoritaires qui leur étaient alliés, renvoyaient déjà ces manifestations anticoloniales à l’identité musulmane de la majorité des manifestants.

 

Aujourd’hui encore, des chrétiens, des Druzes et des Alaouites éclairés, dont le niveau d’éducation est pourtant élevé, se trouvent soudainement incapables d’analyser un événement politique, une réalité sociologique en pleine mutation. Ils se réfugient devant la télévision Al-Dounia, porte-parole du régime et propriété du clan Al-Assad. Du jour au lendemain, les grandes chaînes arabes (Al-Jazira, Al-Arabiya), qui ont renouvelé l’information sur la scène arabe, sont devenues des télévisions honnies. La conscience minoritaire est bien l’une des clés du soutien intérieur (et régional) au régime des Assad. C’est pourquoi la guerre confessionnelle incarne à ses yeux le salut politique.

Rupture générationnelle

Ce qui se passe en Syrie, sous l’action des manifestants, constitue une véritable rupture générationnelle, intellectuelle, politique et idéologique ; une rupture dont l’importance est similaire à celle qu’a connue la société entre 1918 et 1928, entre la fin de l’Empire ottoman et la mise en place de l’Etat moderne. Comme tous les observateurs l’ont constaté, l’opposition a témoigné depuis neuf mois de son extraordinaire lucidité politique dans des circonstances à tout le moins défavorables. Au fil des mois de résistance, les manifestants ont construit une conscience politique, élaboré une organisation clandestine (avec les comités de coordination) et mobilisé leur énergie pour maintenir la voie pacifique choisie depuis le début (en dépit de provocations, de dérapages et d’incidents).

 

La refondation de l’unité nationale se trouve donc facilitée par le fait que les révolutions arabes dans leur ensemble ont signé la fin des idéologies du XXe siècle, nationalisme arabe comme islamisme, tous deux construits sur le schéma commun de l’oumma (arabe ou islamique), utopique projection d’une nation transfrontalière. Tous les courants politiques, islamistes inclus, savent désormais qu’ils se meuvent dans des frontières et que certaines valeurs comme la liberté, la dignité et la démocratie sont devenues incontournables pour leurs opinions publiques. Les projets de société qui remporteront demain les élections en Syrie porteront la marque identitaire de la société syrienne, confessionnellement diverse, arabe et musulmane dans une culture sociale qui englobe aussi toutes les communautés minoritaires.

 

Comme beaucoup de pays de la région, la Syrie n’a pas su se construire une unité nationale, qui donnerait aux minorités le sentiment de participer à l’Etat au-delà de leurs frontières communautaires. L’esprit et une solidarité de corps (la asabiyya) hérités des Empires musulmans s’opposaient au modèle d’un Etat-nation bâti sur une société de citoyens. La révolte syrienne a compris que, sur ce point, une rupture idéologique était indispensable.

 

Cette rupture porte aussi une inversion du rapport au temps historique dans la mesure où les deux anciennes utopies dominantes (oumma islamiyya, oumma arabiyya) supposaient, dans une vision circulaire, que l’avenir résidait dans des formes de retour à une unité mythique des origines. De même que la oumma islamiyya, en reprenant les termes d’une nation musulmane originelle (et toujours mythique), devait apporter le bonheur sur cette terre, il suffisait au nationalisme arabe d’arriver au pouvoir pour que le progrès s’épanouisse par lui-même. L’impensé social et économique qui a plombé les régimes nationalistes arabes réside en partie dans cette vision de l’histoire. Aujourd’hui, l’opposition syrienne autant que la nouvelle génération ont compris qu’il faut prendre le risque de construire le destin national en affrontant la réalité sociale et en regardant l’avenir ; en sachant que la révolution dans les mentalités est toujours plus longue à construire que la révolution politique…

 

L’opposition syrienne cherche son salut en évitant deux pièges : le piège confessionnel et le piège de la lutte armée. Elle a retenu les leçons de la guerre civile du Liban (1975-1990) et des violences confessionnelles en Irak à partir de 2003. Elle redoute d’autant plus le piège confessionnel dans lequel le pouvoir cherche à la faire tomber que la terreur et la barbarie du régime, ouvertement orchestrées par des acteurs alaouites, provoquent des réactions de rejet communautaire chez nombre de civils.

 

D’autre part, l’opposition syrienne a aussi tiré les leçons de la révolution libyenne, tant pour ce qui est de la lutte armée que pour ce qui est du soutien de l’étranger. Un certain nombre de voix, notamment, mais pas uniquement, chez les manifestants venus des secteurs traditionnels et des tribus, en appellent aux armes, à la fois pour venger les morts et pour mettre fin au bain de sang qui dure depuis neuf mois. Sans parler des milliers de militaires patriotes et déserteurs qui se sont donné pour mission de défendre le peuple contre l’armée du régime, et qui accomplissent cette mission avec les seuls moyens qu’ils maîtrisent : la force armée. C’est pourquoi le Conseil national syrien a conclu le 1er décembre un accord avec l’Armée syrienne libre, encadrant les interventions des militaires. Il a également rejeté toute intervention étrangère, et se limite à demander un espace d’exclusion aérienne afin de protéger les civils.

 

Le double piège, celui de la lutte armée et de la guerre confessionnelle, n’est donc pas seulement un effet de la propagande du régime : c’est un effet des évolutions du terrain, d’une barbarie chaque jour renouvelée et de l’absence de soutien effectif à la révolution en cours.

 

Le véritable défi pour la révolution syrienne réside dans sa capacité à déjouer ce double piège, qui accréditera sa capacité à refonder l’unité nationale. Avec la patience de celui qui a tout l’avenir devant lui.

 

(2) La Syrie compte quelque 70 % à 80 % d’habitants sunnites.

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11 décembre 2011 7 11 /12 /décembre /2011 18:32

 

Le MRAP attend dès 2012 la levée des « mesures transitoires » pour les citoyens bulgares et roumains

 

 

Le MRAP appelle le gouvernement français à ne pas demander la prolongation des mesures transitoires qui restreignent l’accès au travail des ressortissants roumains et bulgares au delà du 31 décembre 2011, comme il en a la possibilité.

Rappelons que tous les ressortissants de pays membres de l’Union Européenne bénéficient de la liberté de circulation à l’intérieur de l’espace européen, mais que seuls les Roumains et les Bulgares ne peuvent, du fait de ces mesures, travailler sans y être expressément autorisés. Ce n’est qu’à la condition d’informer la Commission européenne de l’existence de perturbations graves sur le marché du travail national que le gouvernement français pourra se voir autorisé à prolonger ces mesures jusqu’au 31 décembre 2013,  date à laquelle elles devront impérativement prendre fin.Or, la Commission européenne a publié le 11 novembre dernier un rapport sur la mobilité des travailleurs roumains et bulgares à travers l’UE, où elle  constate un effet positif de cette mobilité sur le marché de l’emploi de la construction, qui plus est, sans impact sur le taux de chômage des pays d’accueil.

De nombreuses familles roumaines et bulgares, souvent roms mais pas exclusivement, ont quitté leur pays pour la France, où certaines sont installées depuis plusieurs années. Elles ne peuvent accéder à un emploi qu’exceptionnellement, au prix de démarches extrêmement, longues et compliquées. Elles requièrent en particulier de trouver un employeur acceptant de les embaucher dans des catégories de métiers très limitées, pour un emploi à temps plein, avec contrat à durée indéterminée et d’attendre plusieurs mois la réponse incertaine de la Préfecture.

Ces mesures transitoires les contraignent à vivre de petits boulots, de récupération, de vente d’objets, parfois de mendicité, leur impose de loger dans des habitations de fortune insalubres, sans eau, avec risques d’incendies, de maladies, obstacles à la scolarité des enfants et les exposent à des expulsions de leurs lieux de vie. Ils contribuent pour une grande part à la réalisation des objectifs chiffrés gouvernementaux de reconduites à la frontière d’étrangers en situation irrégulière. Il leur est fait grief de leur ‘défaut d’insertion’ alors que la levée des mesures transitoires, en permettant l’accès au travail, favoriserait l’accès à tous les droits qui leurs sont aujourd’hui déniés.
 
Les Roms roumains et bulgares installés en France dans des conditions précaires ne représentent pas plus de 15 000 personnes vivant en familles et comprennent des personens âgées et environ 50 % d’enfants. Le nombre de personnes susceptibles de travailler est estimé à environ 3000. Il ne saurait donc être argüé qu’un si petit nombre de personne puisse causer une perturbation grave du marché du travail.

Le MRAP demande donc la levée immédiate de ces mesures transitoires éminemment discriminatoires.

Paris, le 8 décembre 2010

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11 décembre 2011 7 11 /12 /décembre /2011 18:17

 

Offrez un cadeau original pour les fêtes de fin d’année, lors de votre prochaine visite à Paris - Pratiquez un tourisme différent.

Pochette-rallye.png 

Pochette de 80 fiches

 Exemple-Fiche-1.jpg

Exemple de fiche recto verso

Dans le cadre de la campagne du MRAP Non au racisme dans le sport la Fédération de Paris du MRAP avait organisé un rallye et a édité, à cette occasion, une pochette : Le Paris de l’antiracisme et des droits de l’homme, lieux de mémoire parisiens.

Paris est un immense lieu de mémoire, l’histoire lointaine ou récente y a laissé de multiples traces sous forme de monuments, de noms de rues, d’inscriptions, etc. Depuis la grande Révolution française, Paris a toujours joué un rôle d’avant-garde dans les luttes pour la démocratie, la liberté, l’égalité, à travers de multiples épreuves dont témoignent ces lieux de mémoire.

Cette pochette met en valeur, sous forme de fiches, ces lieux de la mémoire des luttes contre le racisme et pour l’égalité des droits pour tous, lieux souvent peu connus ou ignorés des Parisiens et des touristes. Mieux connaître notre patrimoine passé, c’est apprendre pour l’avenir ; faire connaître aux jeunes et aux moins jeunes ces témoins, ces traces des combats qui ont fait la ville que nous aimons, fraternelle et accueillante à l’étranger, c’est pour nous une façon de la voir se perpétuer.

Nous avons répertorié quelque 80 lieux de mémoire, classés sous différentes rubriques : Esclavage, Droits de l’homme, Antisémitisme, Anticolonialisme ; lutte contre le fascisme ; Commune de Paris ; Peine de mort ; Féminisme, etc.

Ce guide n’est pas exhaustif et sera complété dans les mois qui viennent.

 

Notre première édition étant épuisée, nous procèderons à des tirages à la demande. Il vous suffit de vous adresser à l’accueil du Mrap pour le commander, soit par courrier soit par courriel (accueil@mrap.fr) , en joignant un don de 10 euros, les frais d’envoi étant à votre charge.

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