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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 22:07
Oui au droit de vote pour les étrangers aux élections municipales

Publié le 10-12-11 à 16:30    Modifié à 17:16     par Le Nouvel Observateur    

 

 

 

Voici pourquoi, finalement, je suis partisan de l'octroi du droit de vote aux étrangers qui résident depuis dix ans dans notre pays et qui sont francophones. Je dis "finalement", parce que dans ce domaine très sérieux, je m'impose un temps pour la documentation et la réflexion.

En dépit du manichéisme qui accompagne les périodes de campagnes électorales, je ne dis pas a priori que tous ceux des Français qui sont en désaccord avec ce projet d'extension du droit de vote aux étrangers sont des ennemis politiques ou des adversaires attardés.  

Le droit de vote est une manifestation de la démocratie républicaine qui a été conçu et organisé avec une certaine solennité : il est le privilège accordé aux citoyens. Or, il a fallu longtemps pour que tous les Français acquièrent le statut de citoyen. Rappelons qu'il a fallu attendre 1848 avant que soit adopté le principe du "suffrage universel", mais seulement pour les hommes, et de plus de 21 ans.

Il a fallu attendre 1944 pour que les femmes puissent enfin bénéficier de ce droit. En 1974, le droit de vote a été accordé aux femmes et aux hommes âgés de 18 ans. Autrement dit, il faut du temps pour que le peuple et l'opinion progressent vers une réforme qui change leurs mœurs et leurs habitudes.

Pour ce qui est du droit de vote accordé aux étrangers pour les élections municipales, Florence Malleron rappelle que l'Irlande, dès 1963, suivie de la Suède, en 1975, et du Danemark depuis 1981, autorisent les étrangers à voter aux élections locales.

Mais ce qui est le plus intéressant, pour bien comprendre comment chemine une réflexion, il faut noter que l'Espagne a accordé le droit de vote aux ressortissants de certains pays de l'Amérique latine. Autrement dit, on intègre dans la Nation la communauté hispanique. Le Portugal a fait la même chose avec les citoyens issus de la communauté lusophone comme le Brésil ou le Cap-Vert. Quant au Royaume-Uni, il accorde depuis 1983 le droit de vote à tout citoyen des états membres du Commonwealth ainsi qu'aux Irlandais.

Ces exemples sont intéressants dans la mesure où l'Espagne, le Portugal et la Grande-Bretagne ont bien exprimé la philosophie qui légitime l'octroi du droit de vote à des non-citoyens. Il est très clair que l'extension de ce droit profite à des gens qui ne sont pas tout à fait des étrangers et avec lesquels Madrid, Lisbonne et Londres estiment avoir des liens séculaires et particuliers. C'est un privilège qui est ainsi partagé.

On comprend mieux de ce fait que la proposition socialiste envisagée dès 1981 par François Mitterrand en dépit de l'opposition de Jean-Pierre Chevènement et de Michel Charasse, ait suscité un grand nombre de débats y compris dans l'électorat de la gauche. De nombreux maires dont la fonction est spécialement concernée par le vote des étrangers se sont opposés en faisant remarquer que dans leur municipalité, c'étaient les plus modestes qui ne voulaient pas gaspiller le privilège dont ils étaient les bénéficiaires. "Les décisions sur les affaires municipales sont à prendre entre nous" a déclaré l'un d'entre eux. Autrement dit, il faut que l'étranger finisse par être l'un d'entre nous et que, résidant et travaillant depuis longtemps, payant des impôts et parlant notre langue, il s'intègre.

L'intégration, voici l'objectif recherché et la légitimité atteinte mais tout le monde, dans une ville, n'est pas d'accord sur le degré d'intégration. Et il y a même des gens, comme ceux du Front national, ou certains milieux conservateurs, ouvriers ou chrétiens, qui refusent jusqu'au principe de l'intégration de l'étranger. Sont intégrés ou ne peuvent l'être que les étrangers qui ont demandé et obtenu la naturalisation. Encore une fois, ce réflexe n'est nullement déshonorant. Il faut qu'on réfléchisse sur sa validité.

Je suis donc personnellement arrivé à la conclusion depuis que le débat sur l'intégration était en cause qu'il était extrêmement malsain de laisser une minorité quelconque constituer une communauté d'exclus alors qu'au bout de dix ans (c'est selon moi le minimum) on a des intérêts, des besoins et des aspirations en commun. Autrement dit, c'est précisément en intégrant davantage les étrangers par le vote que l'on peut atténuer le désir de ségrégation communautaire ou la ghettoïsation des minorités. J'ajoute d'ailleurs que pour ma part, j'ai toujours pensé qu'il fallait associer les étrangers à tous nos débats et à tous nos problèmes. Je le pense encore davantage depuis qu'il est question des différentes tendances de l'islam français ou, comme on dit aussi, de l'islam de France. C'est par l'intégration que les citoyens musulmans apprennent le sens de l'appartenance à la France.

La vie en commun implique qu'on prenne des décisions en commun.  

Jean Daniel – Le Nouvel Observateur

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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 22:01

Le ghetto français

Enquête sur le séparatisme social

Le problème de la ségrégation urbaine en France ne se limite pas à quelques centaines de quartiers dévastés par l’échec et la pauvreté. Ceux-ci ne sont que la conséquence la plus visible de tensions séparatistes qui traversent toute la société, à commencer par ses élites. À ce jeu, ce ne sont pas seulement des ouvriers qui fuient des chômeurs immigrés, mais aussi les salariés les plus aisés qui fuient les classes moyennes supérieures, les classes moyennes supérieures qui évitent les professions intermédiaires, les professions intermédiaires qui refusent de se mélanger avec les employés, etc. Le phénomène est d’autant plus préoccupant qu’en enfermant le présent, les fractures territoriales verrouillent aussi l’avenir des individus et les assignent à des destins sociaux écrits d’avance. Tel est l’enseignement de cette enquête au cœur du « ghetto français », qui révèle une société marquée par la défiance et la recherche de l’entre-soi, et découvre en chacun de nous un complice plus ou moins actif de la ségrégation urbaine.

Le territoire s’est imposé ces dernières années comme le révélateur des nouvelles inégalités. Il leur a donné un langage pour ainsi dire physique : celui des quartiers et des « cités » où se matérialise brutalement ce que la statistique peine parfois à décrire. Un langage plus complet aussi, car la ségrégation urbaine articule et concentre presque toutes les formes d’inégalités (de revenus, de formation, de destins, etc.).

Pourtant, l’évidence peut être trompeuse. Le territoire exhibe certaines formes de ségrégation et en dissimule d’autres. Les « quartiers difficiles » sautent aux yeux, mais pas les stratégies de fuite ou d’évitement qui en éloignent. Les lignes de démarcation de la misère sont infiniment plus spectaculaires que les ruses de l’esquive. Tandis que la pauvreté frappe, l’intelligence de l’entre-soi ou la peur du déclassement, qui sont les passions motrices de la ségrégation, s’enveloppent de transparence.

C’est à ces évidences trompeuses qu’a succombé la politique de la ville depuis quinze ou vingt ans. Abusée par le visible, elle participe d’une conviction d’autant plus partagée qu’elle a pour elle l’intuition la plus commune : le problème central de la société française serait de résoudre les difficultés de quelques centaines de quartiers dûment répertoriés, où se concentre l’essentiel des exclus. La « fracture sociale » passerait entre une minorité de cas extrêmes et le reste de la société, entre une frange d’exclus et la masse informe des inclus. En somme, le problème se résumerait au « scandale manifeste » des zones les plus déshéritées. Cette représentation sous-estime grandement l’étendue du mal. Elle fait comme si la difficulté procédait essentiellement de quelques « quarantaines sociales », comme si une soudaine poussée de ségrégation territoriale avait créé 500 ou 600 enclaves déshéritées à l’intérieur d’un paysage relativement homogène et continu. En réalité, les difficultés sont à la fois plus anciennes et plus générales. Plus anciennes, car les indicateurs de ségrégation territoriale révèlent une situation à peu près fixe depuis quinze ou vingt ans. Plus générales ensuite, car cette ségrégation déborde largement le problème particulier des ghettos pauvres, que par ailleurs aucune politique n’est parvenue à résoudre. La dramaturgie française de la ségrégation urbaine n’est pas celle d’un incendie soudain et local, mais celle d’un verrouillage général, durable et silencieux des espaces et des destins sociaux. Le tableau des inégalités territoriales révèle une société extraordinairement compartimentée, où les frontières de voisinage se sont durcies et où la défiance et la tentation séparatiste s’imposent comme les principes structurants de la coexistence sociale.

De fait, le « ghetto français » n’est pas tant le lieu d’un affrontement entre inclus et exclus, que le théâtre sur lequel chaque groupe s’évertue à fuir ou à contourner le groupe immédiatement inférieur dans l’échelle des difficultés. À ce jeu, ce ne sont pas seulement des ouvriers qui fuient des chômeurs immigrés, mais aussi les salariés les plus aisés qui fuient les classes moyennes supérieures, les classes moyennes supérieures qui esquivent les professions intermédiaires, les professions intermédiaires qui refusent de se mélanger avec les employés, etc. Bref, en chacun de nous se découvre un complice plus ou moins actif du processus ségrégatif.

Les quartiers sensibles doivent demeurer naturellement un sujet de préoccupation, mais ils ne sont que le résultat le plus visible de la ségrégation urbaine. Le principe actif de la fragmentation territoriale se trouve ailleurs, dissimulé dans les plis d’une expérience infiniment plus générale mais qui reste à ce jour sans formulation politique : la réduction à tout prix de l’incertitude des rencontres et de la variété du voisinage par où se définissait un certain idéal de sociabilité urbaine. Les mêmes passions qui poussent à se détourner des « ghettos pauvres » président à la sécession des « ghettos chics » à l’autre bout de la chaîne, et alimentent au passage les dynamiques de cloisonnement qui traversent toute la société. Le phénomène le plus marqué ne procède d’ailleurs pas tant d’une « ghettoïsation par le bas » que d’une « ghettoïsation par le haut ». Dans un pays où le discours politique est régulièrement marqué par les incantations sur le thème de l’égalité républicaine et le rejet du « modèle américain » - spontanément associé aux ghettos communautaires -, la réalité et l’étendue de la ségrégation territoriale font figure de mal social inassumé et de démenti cinglant.

Ces constats invitent à repenser en profondeur les politiques sociales en la matière. Les politiques de la ville et du logement menées depuis vingt ans pour faire progresser la mixité en développant les logements sociaux ou les aides personnalisées au logement, ont peut-être atténué quelques symptômes, mais n’ont jamais atteint les causes intimes de la ségrégation. De même, les politiques ciblées en faveur des territoires les plus désavantagés, comme les zones d’éducation prioritaires (ZEP) ou les zones franches, s’avèrent très décevantes. Si ces efforts sont restés relativement vains, c’est parce qu’ils s’en sont pris essentiellement aux conséquences visibles de la ségrégation. Or, on a peu de chance de désamorcer les processus de sécession territoriale sans s’attaquer au principal facteur d’anxiété sociale qui les sous-tend : la précocité et l’irréversibilité des mécanismes d’enfermement des individus dans des destins écrits d’avance. Car, en cloîtrant le présent dans des territoires, c’est aussi l’avenir que l’on enferme ou que l’on sécurise. Si le territoire est l’enjeu d’une compétition aussi âpre, c’est que le lieu de résidence et les interactions sociales qu’il conditionne comptent parmi les ressources essentielles d’une concurrence généralisée pour les meilleurs destins, laquelle s’engage désormais dès l’enfance.

Pour comprendre la ségrégation territoriale, c’est l’importance de ces ressources qu’il faut cerner. C’est ce que je tenterai de montrer dans cet essai, avant de dire quelles sont, selon moi, les pistes à explorer pour mettre sur pied des politiques à la fois plus justes et plus efficaces.

Mais cette réflexion s’appuie d’abord sur un état des lieux de la ségrégation aujourd’hui. Le tableau qui en est proposé dans les pages qui suivent appelle une précision de méthode. Il repose sur une analyse des données de l’enquête Emploi menée chaque année par l’INSEE, lesquelles offrent un panorama sans équivalent de la ségrégation spatiale et de son évolution dans le temps. Cette enquête est constituée à partir d’un échantillon représentatif de petits voisinages de 30 à 40 logements adjacents. L’INSEE a choisi cette technique non par intérêt pour les phénomènes de ségrégation, mais, plus prosaïquement, pour réduire les coûts de déplacement de ses agents. L’enquête est exhaustive au sein de chaque voisinage, toutes les personnes de 15 ans ou plus étant interrogées. Elle fournit ainsi, sans l’avoir recherchée, une information détaillée sur chaque personne interrogée, mais également sur l’ensemble des personnes habitant dans son voisinage immédiat. Il s’agit d’une mine d’informations tout à fait exceptionnelle pour analyser les formes de la ségrégation territoriale ainsi que pour explorer les effets de la morphologie sociale des voisinages sur les destins de leurs habitants. Pour mesurer le niveau de la ségrégation territoriale en France, j’ai tout simplement évalué la répartition de chaque catégorie sociale entre les 4 000 voisinages observés par l’enquête, et je l’ai ensuite comparée avec une situation théorique de « mixité parfaite » (c’est-à-dire si les membres de chaque catégorie étaient répartis de manière parfaitement aléatoire sur l’ensemble du territoire). Les écarts par rapport à cette norme théorique sont les indicateurs de ségrégation les plus simples que l’on puisse imaginer. À ma connaissance, cette méthode n’avait jusqu’à présent jamais été utilisée, notamment pour évaluer l’évolution dans le temps des différentes formes de ségrégation. Les résultats présentés sont donc en grande partie inédits*.

* Une présentation détaillée de l’enquête et des méthodes utilisées ici a été faite par Dominique Goux et Éric Maurin (Neighborhood Effects and Performance at School, disponible sous forme de document de travail du CREST, 2004) lors du Symposium sur les politiques publiques du CEPR (Paris, novembre 2003).





Eric Maurin, Le ghetto français. Enquête sur le séparatisme social, La République des idées / Seuil, 2004, ISBN 2.02.068580.9, 10,50 €

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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 21:17


Syrie: appel à manifester pour la "grève de la dignité"

Par RFI

Alors que la répression se poursuit en Syrie, les opposants au régime de Bachar el-Assad appellent comme tous les vendredis leurs concitoyens à manifester. Ce 9 décembre 2011, les manifestants défileront sous le slogan de « la grève de la dignité ». Et à partir de dimanche 11 décembre, une campagne de désobéissance civile sera lancée par cette même opposition.

Imad Hosary

Membre du Conseil national syrien et du bureau politique des comités de coordinations locales

On espère plus de mobilisation du peuple syrien parce qu’il y a encore une partie du peuple syrien qui n’a pas encore pris acte de la révolution

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 09/12/2011 par Catherine Monnet
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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 21:07
Une nouvelle phase de déréglementation

vendredi 2 décembre 2011

La Cgt appelle les salariés à se mobiliser dès le 13 décembre

 

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Dans son discours prononcé à Toulon hier, Nicolas Sarkozy a annoncé un somment réunissant syndicats et employeurs sur l’emploi en janvier.

Le cadre dans lequel s’inscrit cette annonce est limpide. Il tente de sauver une construction financiaro-économique qui apparaît à bout de souffle. Sa dénonciation de la financiarisation ne s’accompagne d’aucune critique des stratégies des banques. Au contraire, il dédouane banquiers et assureurs, avoue son impuissance à modifier le rôle de la Banque Centrale Européenne.

 

La question d’un partage plus juste et plus efficace des richesses n’est pas posée. Le cœur du système est protégé. Les détenteurs de capitaux peuvent dormir tranquilles.

Loin de répondre à l’aspiration commune d’une Europe sociale défendue par les syndicats européens, Nicolas Sarkozy préconise plus de discipline budgétaire, c’est-à-dire plus d’austérité pour les peuples pendant que les marchés et la spéculation continuent de dicter leur loi.

 

Ainsi, après avoir brocardé une nouvelle fois les 35 heures et la retraite à 60 ans devant une salle acquise à sa cause, le président de la République a demandé à nouveau des « efforts » aux salariés. Le président de la République prône « la levée des tabous qui freinent la compétitivité des entreprises françaises ».

 

En fait, à l’image des autres gouvernements européens qui s’efforcent de laminer les droits et conventions collectives qui protègent les salariés, le président de la République entend convoquer les syndicats en janvier pour imposer une nouvelle phase de déréglementation sociale.

 

Ainsi, le MEDEF préconise un transfert de 80 milliards de cotisations sociales sur le contribuable et le consommateur. Le discours présidentiel marque un assentiment à ce nouvel allègement massif du « coût du travail » au profit des actionnaires.

Parallèlement, le MEDEF revendique « la fin de la durée légale du temps de travail ». L’affirmation du président de la République indiquant « il vaut mieux travailler plus que de gagner moins » sonne comme un accord avec les revendications patronales.

A l’évidence, en l’absence de mobilisation forte des salariés, ce sont les revendications patronales qui seront au menu des discussions.

 

Il faut agir. C’est pourquoi la CGT appelle ses organisations à renforcer la préparation unitaire de la journée d’action du 13 décembre pour que les salariés se fassent entendre des décideurs par des rassemblements et des manifestations.

Montreuil, le 2 décembre 2011

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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 20:47

du groupe CRC-SPG.

SOCIETE

Il est grand temps que l’ensemble des habitants de nos villes puissent participer à la vie civique

Par Eliane Assassi / 8 décembre 2011

L’octroi du droit de vote et d’éligibilité aux étrangers dans les élections locales se pose depuis 30 ans dans notre pays.

Les parlementaires communistes portent, quant à eux, cette exigence démocratique de façon constante depuis plus de 20 ans, que ce soit par le biais de propositions de loi ou d’amendements, voire par le biais de la mise en œuvre de la procédure de discussion immédiate comme en janvier 2006.

Pour mémoire, une première proposition de loi constitutionnelle relative au droit de vote et à l’éligibilité des étrangers dans les élections municipales a été déposée à l’Assemblée nationale le 13 décembre 1988 et au Sénat le 5 avril 1990.

Depuis lors et chaque fois qu’un texte de loi nous en a offert la possibilité, nous avons déposé des amendements tendant à attribuer de nouveaux droits politiques aux étrangers.

Toujours en vain en raison de l’ancrage à droite de notre Haute-Assemblée.

Il faudra attendre le 3 mai 2000 pour que l’Assemblée nationale, majoritairement à gauche à l’époque, adopte une proposition de loi constitutionnelle instituant le droit de vote et d’éligibilité des étrangers.

Ce texte -issu de 4 propositions de loi similaires dont celle de mon ami Bernard BIRSINGER à qui je tiens à rendre ici un hommage ému et appuyé- n’a hélas jamais été inscrit à l’ordre du jour du Sénat.

Aujourd’hui, plus de 10 ans après l’Assemblée nationale, nous nous apprêtons donc à adopter un texte accordant enfin le droit de vote et d’éligibilité aux résidants étrangers non communautaires.

Même si ce texte ne sera pas appliqué immédiatement compte tenu du fait qu’il devra être à nouveau soumis à l’Assemblée nationale puis à référendum, nous nous réjouissons de l’examen de ce texte rendu possible grâce au basculement du Sénat à gauche.

Mesure symbolique du changement de majorité certes mais au-delà, avec la reconnaissance d’un tel droit, il s’agit bel et bien d’une avancée démocratique importante, d’une étape supplémentaire vers plus d’égalité, d’un indéniable facteur d’intégration.

En effet, nous ne pouvons plus continuer à écarter du droit de vote et d’éligibilité des milliers de résidents étrangers qui participent dans notre pays, depuis plusieurs années et de façon active, à la vie de la cité, à la vie associative, syndicale, culturelle, éducative etc.

Ne votent-ils pas déjà aux élections prud’homales et aux élections au sein de l’entreprise ? N’élisent-ils pas les parents d’élèves aux conseils d’écoles ?

Faut-il rappeler qu’ils bénéficient depuis 1981 du droit d’association ?

Faut-il encore rappeler que la plupart d’entre eux est issue de nos anciennes colonies, qu’elle a contribué - et contribue aujourd’hui encore - au développement économique et à la richesse de notre pays ?

On ne peut plus les considérer comme des « travailleurs de passage en France » censés retourner dans leurs pays d’origine.

Ces étrangers, qui sont venus en France dans les années 60-70 pour répondre aux besoins de main d’œuvre, y ont construit toute leur vie : privée, familiale et sociale. Ils ont eu des enfants en France, lesquels sont français et ont le droit de vote. D’ailleurs, ces enfants ne comprennent pas pourquoi leurs parents sont exclus de ce droit.

L’exclusion de la vie politique locale des parents ne peut que rejaillir sur ces jeunes. C’est pourquoi j’estime qu’accorder le droit de vote aux résidents étrangers devrait avoir aussi un effet bénéfique sur la participation aux élections de leurs enfants.

On le voit, il est grand temps que l’ensemble des habitants de nos villes puissent participer à la vie civique. Il s’agit d’un enjeu majeur.

D’autant plus que nul n’ignore combien l’exercice de la citoyenneté peut être un facteur essentiel d’intégration à la société française et par là-même un levier d’émancipation. Le tout permettant, contrairement à ce que prétend la droite, de lutter contre le communautarisme et le repli sur soi.

Car c’est précisément lorsqu’on divise les gens, lorsqu’on stigmatise certaines populations, comme le fait la droite à longueur d’année que l’on favorise le communautarisme.

Brandir cet argument des dangers du communautarisme, c’est refuser de reconnaître que l’on n’a pas mis en place tout ce qui permettrait de lutter contre le repli sur son semblable, à savoir, la participation à la vie de la collectivité.

L’exercice du droit de vote constitue à mes yeux la garantie à la fois d’une citoyenneté participative, active, et d’une construction partagée entre les différents habitants d’un territoire pour vivre ensemble de manière égale et solidaire.

Le présent texte va permettre également de mettre un terme à une discrimination criante entre les étrangers communautaires et les étrangers non communautaires.

En effet, depuis la ratification du traité de Maastricht, les ressortissants de l’UE ont la possibilité de participer aux élections municipales sans condition de durée de résidence.

Il est contraire au principe d’égalité que tous les étrangers présents sur notre sol n’aient pas les mêmes droits alors même que les élections municipales les concernent tout autant.

Comment justifier en effet que des habitants d’une même ville, qui se côtoient, qui fréquentent les mêmes lieux, dont les enfants vont dans les mêmes écoles, n’aient pas les mêmes droits selon qu’ils sont communautaires ou extra-communautaires ? Comment justifier qu’un ressortissant européen récemment établi sur notre sol puisse voter et être élu alors même qu’un salarié algérien ou marocain résidant en France depuis plusieurs dizaines d’années ne le puisse pas ?

C’est injustifiable et fortement injuste.

D’autant plus que nous avons autant de liens avec nos anciennes colonies – si ce n’est plus – qu’avec les pays de l’Union européenne.

Au plan européen, je rappelle que la plupart des pays membres de l’UE (17 sur 27) ont déjà instauré -totalement ou partiellement- le droit de vote à leurs résidents étrangers.

La France est, avec l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, à la traîne sur cette question fondamentale dont la mise en œuvre apparaît de plus en plus incontournable.

La population est acquise à ce principe. Les sondages montrent en effet qu’une majorité des personnes interrogées sur le droit de vote et d’éligibilité des étrangers non communautaires en France y est favorable.

Ainsi, avec 61% d’opinion favorable à l’instauration d’un tel droit, la société française a aujourd’hui l’opportunité de franchir une étape importante vers un renforcement de la démocratie et permettre ainsi au plus grand nombre d’accéder à la citoyenneté.

Certains élus locaux y sont également favorables. J’en veux pour preuve les votations citoyennes organisées par des municipalités un peu partout en France, notamment dans mon département, et qui ont fait l’objet d’un large débat public.

Des milliers de personnes se sont ainsi prononcées majoritairement en faveur de l’octroi du droit de vote aux étrangers non communautaires.

De nombreuses associations et mouvements prônent également depuis de longues années l’égalité des droits en la matière.

Malgré toutes ces initiatives, malgré l’évolution positive de la société, le pouvoir en place reste sourd à ce qui constituerait pourtant une réelle avancée en matière de démocratie et de citoyenneté.

Reconnaître ce droit serait un signal fort adressé à toute une partie de nos concitoyens qui reste mise à l’écart d’un droit aussi fondamental que celui de voter ne serait-ce que pour des représentants locaux.

La droite refuse cette avancée après pourtant s’y être ralliée en 2005 à la suite de Nicolas SARKOZY alors Président de l’UMP qui, une fois Président de la République, y est redevenu opposé comme il l’était en 1997.

De nombreuses personnalités politiques de tous bords, y compris à droite et au centre (M. BORLOO, M. BAYROU) se sont exprimé pour le droit de vote des étrangers.

Pour mémoire, en 2006, en réponse à notre demande de discussion immédiate sur le droit de vote des étrangers, M. Pascal CLEMENT, alors garde des sceaux, avait indiqué je le cite :

« Lorsque nous sentirons, les uns et les autres, que le débat est mûr, alors - mais je ne veux pas présumer de l’évolution de la société française -, peut-être le gouvernement du moment déposera-t-il, non pas incidemment mais avec une volonté forte, un projet en ce sens sur le bureau des assemblées parlementaires ».

Je pense qu’aujourd’hui, la société française a évolué et qu’elle est prête.

Malgré les tergiversations et les voix discordantes à droite, celle-ci fait néanmoins bloc aujourd’hui contre cette réforme. A preuve les 3 motions de procédure déposées sur ce texte ainsi que votre présence M. le Premier Ministre et celle des ministres de l’intérieur et de la justice.

Votre présence, Monsieur le Premier ministre, si légitime qu’elle soit, ne manque pas de m’interroger.

• ⎝ vous qui, d’ordinaire, ne vous déplacez guère y compris lorsque nous examinons des textes qui concernent des dossiers cruciaux, particulièrement depuis que la majorité du Sénat est à gauche ; • • ⎝ vous qui, d’ordinaire, ne daignez même pas nous répondre quand nous vous posons des questions d’actualité par exemple sur la casse de l’industrie en général et automobile en particulier. • Votre présence aujourd’hui, sur une proposition de loi certes constitutionnelle, mais déposée et examinée dans le cadre -je le rappelle de la semaine sénatoriale d’initiative- pour inédite qu’elle soit a, selon moi, plus d’un sens : *instrumentalisation du thème lié aux étrangers dans la perspective des prochaines élections ; *recadrage de vos troupes divisées sur la question ; signal adressé à la droite populaire ; *appel du pied à l’attention des électeurs FN… que sais-je encore ?

D’ailleurs, l’ensemble de vos arguments pour refuser ce texte relèvent avant tout et au choix : du mensonge, de la mauvaise foi, de la démagogie, de la xénophobie. Tout y est.

Concernant l’argument de la naturalisation, arrêtez de faire croire que si les étrangers veulent voter ils n’ont qu’à demander à être naturalisés.

Vous le savez pertinemment -et pour cause c’est la droite qui a réformé à plusieurs reprises le code de la nationalité - il est très long et très difficile d’accéder à la nationalité française tant les conditions de naturalisation ont été durcies.

J’ajoute que le raisonnement mis en avant par la droite selon lequel la citoyenneté serait indissociable de la nationalité n’est pas fondé dès lors que le traité de Maastricht opère d’ores et déjà une distinction entre nationalité française et citoyenneté européenne.

S’agissant en l’occurrence d’élections locales, il convient de retenir la notion de « citoyenneté de résidence » qui permet à chacun d’être pleinement citoyen là où il vit.

Arrêtez par ailleurs de laisser croire que les étrangers vont devenir maires. C’est un mensonge !

Je condamne à cet égard les propos particulièrement choquants tenus par M. Guéant qui stigmatise une fois n’est pas coutume le département de la Seine-Saint-Denis et sa population qui connaît de graves souffrances dues aux choix politiques du Président de la République.

Plutôt que de remédier aux vrais problèmes de nos concitoyens inquiets à juste titre par rapport à l’emploi, au pouvoir d’achat, à la protection sociale, à l’éducation, etc. la droite dans son ensemble s’emploie à attiser toutes les peurs en ces temps de crise sociale, financière et économique.

Vos arguments favorisent la montée de l’extrême droite qui trouve ses racines dans la mal-vie de nos concitoyens. Mais comme j’ai l’habitude de vous le dire : les électeurs préfèrent toujours in fine l’originale à la copie.

Arrêtez de faire de la surenchère en matière de xénophobie pour récupérer les voix du FN.

Je vous le dis tout net : non, le présent texte ne prévoit pas que des résidents étrangers soient élus maires, ni adjoints au maire, ni être désignés grands électeurs pour élire les sénateurs.

Non, l’ouverture du droit de vote aux non communautaires ne va pas remettre en cause la souveraineté nationale de notre pays. C’est le gouvernement lui-même qui s’en charge mieux que quiconque lui qui est précisément en train de brader notre souveraineté nationale en se soumettant aux exigences de l’Allemagne, au niveau européen.

Il faut, de plus, cesser les amalgames douteux et dangereux opérés par la droite entre la religion et la nationalité comme on a pu l’entendre en commission par la voix de M. BAS ; amalgames qui visent essentiellement les hommes et les femmes de confession musulmane.

Enfin et pour conclure, je voudrais dire que chaque fois que le droit de vote a été élargi que ce soit lorsque le droit de vote censitaire a été supprimé, lorsque le droit de vote a été accordé aux femmes, lorsque l’âge requis pour pouvoir voter a été abaissé, lorsqu’a été accordé le droit de vote aux étrangers communautaires, c’est la démocratie qui s’en est trouvée renforcée.

La France, terre d’accueil, pays des droits de l’Homme, dont l’histoire reste marquée par la révolution française à la conception très ouverte de la citoyenneté, s’honorerait par conséquent d’inscrire dans sa Constitution que le droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales est accordé aux étrangers non ressortissants de l’Union européenne résidant en France.

Pour toutes ces raisons, les sénatrices et les sénateurs du groupe CRC voteront la présente proposition de loi, ne serait-ce que pour une simple raison : rendre justice à toutes celles et ceux qui vivent ici, qui travaillent ici, qui ont à juste titre des devoirs, mais à qui on refuse l’accès à des droits fondamentaux.


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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 20:33

 

Le discours de Claude Guéant sur l'immigration est contraire aux normes juridiques

Point de vue | LEMONDE.FR

 http://LEMONDE.FR  

par François Julien-Laferrière, professeur émérite de droit public, université Paris-Sud

Le marronnier quinquennal a enfin fait sa réapparition. Grâce au ministre de l'intérieur, le débat politique, à l'approche de l'élection présidentielle, porte enfin sur le vrai sujet, celui qui préoccupe tous les Français : l'immigration et le "trop d'étrangers".
Je ferai observer, en premier lieu, que je trouve, moi, qu'il y a trop de gauchers en France et qu'il faudrait légiférer pour y remédier… Plus sérieusement : que signifie l'attaque de Claude Guéant contre les étrangers ? Qu'il les estime trop nombreux, c'est son droit, individuellement. Qu'il le déclame, en tant que ministre de l'intérieur, sous tous les tons, devant tous les médias et en tous lieux, c'est inadmissible, irresponsable, voire pénalement répréhensible.

Des étrangers, il y en a toujours eu en France, terre d'immigration traditionnelle bien plus que d'émigration, et il y en aura toujours, pour le plus grand profit du pays. Dire qu'il ne faut plus en laisser entrer, c'est nier la réalité car la France en a besoin, économiquement, démographique­ment, culturellement. La France a été façonnée par les étrangers, sans qui elle ne serait pas ce qu'elle est. La France ne saurait se passer de la présence d'étrangers pour faire fonctionner son économie – il y a là de la main d'œuvre indispensable à certains secteurs de l'économie, au pre­mier rang desquels, contrairement à ce qu'a récemment affirmé le même ministre de l'intérieur, le BTP. Elle ne saurait s'en passer pour développer son influence culturelle, malgré de désintérêt presque absolu des pouvoirs publics pour cet aspect de notre rayonnement dans le monde, comme en est la preuve l'absurde circulaire du toujours même ministre de l'intérieur donnant instruction à ses services de refuser tout titre de séjour aux étudiants étrangers qui souhaitent acquérir en France une première expérience professionnelle après l'achèvement de leurs études. En tant qu'universitaire, je mesure les ravages que cette politique va provoquer en termes de chute du nombre des étrangers venant étudier dans nos établissements d'enseignement supérieur. Le droit français – notamment le droit administratif – a déjà perdu beaucoup de son prestige dans le monde ; il va encore reculer, au profit du droit anglo-saxon, si la possibilité de pratiques en cabinet d'avocats ou service contentieux d'entreprises, entre autres, leur est fermée.

Mais le discours de Claude Guéant est, en plus, contraire aux normes juridiques qu'il est chargé, en tant que ministre, de respecter. Limiter encore l'exercice du droit d'asile, auquel de nombreux obstacles ont été dressés au cours des dernières décennies, nous mettrait encore plus en contradiction avec notre propre Constitution – l'alinéa 4 du préambule de 1946 proclame que "tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d'asile sur les territoires de la République" ; il faut accueillir les persécutés, ce que nous faisons mal –, avec la convention de Genève de 1951 – qui nous fait un devoir de protéger "toute personne persécutée en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance sociale ou de ses opinions politiques", ce que nous ne faisons pas mieux –, avec le droit communautaire – dont les directives fixent le cadre dans lequel les Etats membres doivent permettre aux demandeurs d'asile d'exercer leur droit – et de la convention européenne des droits de l'homme, qui interdit de renvoyer vers leur pays les étrangers qui y sont exposés à la torture ou à des traitements inhumains ou dégradants.

Une nouvelle restriction du regroupement familial serait, elle aussi, contraire aux divers ordres juridiques auxquels la France est soumise : le préambule de 1946 selon lequel "la nation assure à l'individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement" - disposition dont le Conseil d'Etat et le Conseil constitutionnel ont tiré le principe du "droit de mener une vie familiale normale" –, la directive communautaire sur le regroupement familial – qui ne permet pas d'empêcher qu'un étranger régulièrement établi dans un Etat membre soit rejoint par les membres de sa famille – et la convention européenne des droits de l'homme dont l'article 8 proclame le même droit.

Et l'on pourrait continuer ainsi à l'infini. Le discours de Claude Guéant sur l'immigration est donc irresponsable car il ne peut être traduit dans des mesures concrètes, sauf à se mettre en marge de la légalité. Il est inadmissible et irresponsable, mais aussi probablement pénalement punissable, parce qu'il désigne un "bouc émissaire", qu'il tend à dresser l'opinion contre une partie de la population, qu'il a des relents xénophobes. Il risque de faire des dégâts durables pour un hypothétique profit électoral à court terme. Il sollicite ce qu'il y a de plus vil dans l'être humain. Bref, il rappelle d'autres temps que l'on croyait à jamais révolus.

Pour ma part, je propose à Claude Guéant de présenter , avant avril 2012, deux projets de loi qui mettraient en pratique ses idées et résoudraient définitivement le problème auquel il pense que la France est confrontée :

- D'abord, remplacer l'actuel article L. 211-1 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile, qui donne la liste des documents dont "tout étranger doit être muni pour entrer en France" par la disposition suivante : "Pour entrer en France, toute personne doit être munie d'un document attestant sa nationalité française ou celle d'un Etat membre de l'Union européenne".

- Ensuite, abroger le titre Ier bis du code civil, relatif à la nationalité française, pour le remplacer par les deux articles suivants :

  • Est français l'enfant dont les quatre grands-parents sont français ;
  • La nationalité française est attribuée à la naissance aux personnes remplissant la condition posée à l'article précédent ; elle ne s'acquiert pas.


François Julien-Laferrière, auteur de Droit des étrangers (PUF, 2000).


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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 20:31

Le GDIR appelle au dialogue dans le respect

10 décembre 2011

 

Dans le cadre de l’affaire des ex-salariés de l’ARAST, le GDIR (Groupe de dialogue interreligieux de La Réunion) appelle dans un communiqué « toutes les parties concernées à renouer le dialogue dans le respect mutuel ».


« Interpellé par l’affaire des ex-employés de l’ARAST, le Groupe de dialogue interreligieux de La Réunion appelle toutes les parties concernées à renouer le dialogue dans le respect mutuel.

 


Nous partageons la détresse des nombreuses personnes licenciées qui vivent depuis deux longues années dans l’incertitude face à leur avenir, dans un contexte social déjà marqué par la crise économique et un chômage grandissant. Nous leur exprimons toute notre compassion et souhaitons que la confiance se rétablisse pour l’aboutissement d’un dialogue vrai et digne.


Nous sommes convaincus que les négociations ont une chance d’aboutir si chacune des parties, animées par le respect de la dignité de l’autre et le sens de ses propres responsabilités, s’attache à la recherche de solutions justes, dans le respect du droit et dans la considération de l’aspect humain de cette situation.


Alors que la crise financière frappe la planète tout entière, il est du devoir de chacun de nous, Réunionnais, d’être vigilants et de veiller à ce que les tensions susceptibles d’être engendrées ne viennent menacer cette cohésion et ce vivre-ensemble si chèrement construits. Ensemble, dans cette communauté de destin, nous devons nous donner la main pour nous parler, nous écouter et nous comprendre en vue de trouver des solutions menant vers une sortie négociée et apaisée. Nous n’avons pas d’autres choix que de réussir. L’avenir est à ce prix.

 

Pour le GDIR, le président
Idriss Issop-Banian »

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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 20:18

Prime de Noël : plus de 20 millions d’euros dans l’économie grâce aux plus pauvres

 

10 décembre 2011 Manuel MARCHAL

 

La prime de Noël va être versée sur les comptes des plus pauvres. En France, le nombre de bénéficiaires de cette prime augmente de 60.000, à La Réunion ils seront probablement plus de 90.000 à la toucher, car l’aggravation de la crise a rejeté des milliers de travailleurs dans les minima sociaux. Ce sont plus de 20 millions d’euros qui vont être injectés dans l’économie grâce aux plus pauvres d’entre nous. Les bénéficiaires de cette manne ne se limitent pas aux allocataires des minima sociaux, tout le pays est concerné.

 

Le ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale a annoncé lundi 28 novembre 2011 la reconduction de la prime de Noël pour 2011.
Cette prime concerne les bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA), de l’Allocation de solidarité spécifique (ASS), de l’Allocation temporaire de solidarité (ATS) et de l’Allocation équivalent retraite (AER). Pour les bénéficiaires du RSA, le montant de cette prime est modulé en fonction des situations familiales (à titre d’exemple : 152,45 euros pour 1 personne seule et 320,14 euros pour 1 couple avec 2 enfants).

 
La prime de Noël qui est une aide exceptionnelle a été versée pour la 1ère fois en 1998.
Sur toute la République, cette aide de fin d’année devrait être versée à 1,7 million de personnes en 2011 (1,64 million de bénéficiaires en 2010). Cette augmentation du nombre de bénéficiaires montre bien une aggravation de la crise.

La prime n’augmente pas

« Les montants de l’aide de 2011 sont identiques à ceux des années précédentes et sont versés selon la composition familiale », indique le ministère des Solidarités :

 

Composition de la famille Montants (en euros)
Personne isolée 152,45
2 personnes : couple sans enfant
isolé avec un enfant
228,67
3 personnes : isolé avec deux enfants
couple avec un enfant
274,41
4 personnes : isolé avec trois enfants
couple avec deux enfants
335,39
320,14
5 personnes : isolé avec quatre enfants
couple avec trois enfants
396,37
381,12
6 personnes : isolé avec cinq enfants
couple avec quatre enfants
457,35
442,10
Par personne supplémentaire 60,98

Un cadeau des pauvres à notre pays

La prime de Noël va arriver dans les foyers, mais la grande distribution a déjà anticipé en inondant La Réunion de prospectus appelant à consommer, voire à s’endetter.


Dans notre île, la cherté de la vie réduit le pouvoir d’achat de cette prime.
Malgré tout, ce sont plus de 20 millions d’euros que les plus pauvres vont amener dans l’économie. 20 millions d’euros, c’était le montant versé en 2009. Deux ans plus tard, cette somme ne peut qu’avoir augmenté. Elle est le résultat des luttes menées par les plus démunis et le PCR pour obtenir l’égalité promise dans la loi votée le 19 mars 1946.


L’urgence sociale est telle que l’essentiel de cette prime sera consacré à la consommation.
Souhaitons que ceux qui apportent cette manne à notre pays ne soient pas assommés par des prix exorbitants. En cette période de crise, ces plus de 20 millions d’euros sont un cadeau des pauvres à notre pays, les bénéficiaires de cette prime ont donc droit au plus grand respect. Ils ne doivent donc pas être traités comme de vulgaires porte-monnaie à siphonner au plus vite.

M.M.

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9 décembre 2011 5 09 /12 /décembre /2011 19:41
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9 décembre 2011 5 09 /12 /décembre /2011 19:29
Mineurs isolés étrangers : problématiques juridiques et psychologiques

Mercredi 18 et jeudi 19 janvier 2012 - de 9h30 à 17h30 // 2 jours

Objectif :
> Mieux comprendre l'impact et les enjeux des démarches administratives relatives à la demande d'asile sur l'état psychologique des mineurs isolés ayant été confrontés à la violence politique.

Publics : professionnels en contact avec des mineurs isolés et intéressés par les effets psychologiques de la procédure d'asile.

Contenu :
Aspects juridiques :
     • Droit des mineurs.
     • Accompagnement de la demande d'asile.
     • Le travail du récit et ses effets.
     • L'accès à la nationalité.
Aspects psychologiques :
     • Le mineur isolé confronté simultanément à l'adolescence et au traumatisme associé à la violence politique.
     • Les effets du trauma et de la vie en exil.
     • Mineurs isolés et institutions : quels liens ? quelles difficultés ?

Formateurs : Helena D'Elia, psychanalyste et psychologue clinicienne, et Aurélia Malhou, juriste.

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Particularités de la prise en charge médicale de patients victimes de la torture et de la violence politique

Vendredi 10 février 2012 - de 9h30 à 17h30 // 1 jour

Objectif :
> Reconnaître, comprendre, accompagner les patients vers une prise en charge spécifique et singulière.

Publics : médecins en contact avec patients ayant subi la torture ou la violence politique et toutes personnes intéressées par cette clinique.

Contenu :
• Introduction au cadre juridique et social du demandeur d'asile.
• Particularités cliniques des effets de la violence politique.
• Comment prendre en charge les enfants et les adolescents ?
• Éclairages neurobiologique et psychologique (psychotraumatisme, stress, douleur...).
• Traiter, prescrire dans le cadre d'une prise en charge pluridisciplinaire.
• L'intérêt de la stomato-psychopédagogie dans l'abord spécifique de ces patients.

Formateurs : Agnès Afnaïm et Micheline Benatar, médecins généralistes.

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Entre le corps et le psychisme : comment situer la douleur post-traumatique ?

Vendredi 9 mars 2012 - de 9h30 à 17h30 // 1 jour

Objectif :
> Reconnaître, comprendre, accompagner les patients vers une prise en charge spécifique et singulière.

Publics : médecins, kinésithérapeutes, ostéopathes, personnel soignant, psychologues.

Contenu :
• Réflexions sur la prégnance de la douleur dans la clinique des victimes de la violence politique.
• Mouvements du corps, mouvements de la pensée : comment les relancer ?
• Comment permettre au sujet d'habiter à nouveau son corps ?
• Le corps, les images, les mots : comment se mettre à l'épreuve du ressenti du patient ?
• Discussion autour de la clinique.

Formateurs : Sylvia Tartaglia, ostéopathe-kinésithérapeute, et Eric Sandlarz, psychanalyste et psychologue clinicien.

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Effets de la guerre et de la violence politique sur l'enfant et l'adolescent

Lundi 14 et mardi 15 mai 2012 - de 9h30 à 17h30 // 2 jours

Objectif :
> Repérer les spécificités du traumatisme chez les enfants.
> Mieux cibler une orientation thérapeutique.
> Connaître les enjeux de l'articulation entre professionnels lors d'une prise en charge institutionnelle.

Publics : professionnels en contact avec des familles, des enfants, des adolescents ou des mineurs isolés.

Contenu :
• Particularités de la clinique avec les enfants.
• Quels sont les symptômes liés à la rencontre traumatique chez l'enfant ?
• Fonction et place de l'école dans le suivi des enfants.
• Les enfants hors discours.
• L'importance des premiers entretiens : repérage et construction de la demande chez l'enfant.

Formateurs : Armando Cote et Omar Guerrero, psychanalystes et psychologues cliniciens.

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