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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 10:16
Soupçons sur les navires de l’OTAN

mercredi 11 mai 2011, par Stefano Liberti

C’est Migreurop qui le rappelle dans un communiqué (« Etau mortel en mer Méditerranée ») publié le 11 mai 2011 : « Depuis janvier 2011, plus de 1 000 migrants sont morts noyés en essayant d’atteindre les côtes fortifiées des rives sud de l’Union européenne. » La guerre faite aux personnes migrantes depuis une vingtaine d’années a tué, selon l’ONG United against racism, plus de 15 000 personnes, d’après le dernier recensement en date (mai 2011). « Cette guerre, s’alarme Migreurop, atteint actuellement des sommets d’inhumanité. »

Le journal britannique The Guardian a révélé dans son édition du 8 mai 2011 (« Aircraft carrier left us to die, say migrants ») que soixante-et-un migrants de toutes nationalités sont morts de faim et de soif après avoir dérivé plusieurs jours dans un zodiac, alors même que des bâtiments de l’OTAN étaient à proximité et les avaient apparemment repérés.

Stefano Liberti, journaliste au Manifesto à Rome, revient sur cette tragédie en la replaçant dans un contexte plus large et s’interroge sur le rôle réel des forces de la coalition internationale.

« Perdus en mer depuis un jour et demi, nous n’avions plus de carburant. Soudain, nous avons vu un hélicoptère arriver et nous avons pensé : ils viennent nous sauver ! Il y avait deux hommes à bord de l’appareil. Ils nous ont lancé quelques bouteilles d’eau et des paquets de biscuits… et ils sont repartis. Nous nous attendions à ce qu’un navire vienne nous chercher ensuite. Mais personne n’est jamais revenu. » M. Abou Kurke, un Ethiopien de 24 ans, est l’un des neuf survivants d’une tragédie survenue en avril dernier en pleine mer Méditerranée.

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La Méditerranée, nouveau lieu de la confrontation Sud-Nord
Carte d’Olivier Clochard (Migreurop), adaptée et complétée par Philippe Rekacewicz pour le Monde diplomatique, juillet 2010.

Le 25 mars, soixante-douze Africains de diverses nationalités, dont deux enfants, embarquent sur un Zodiac à Tripoli. Destination : Lampedusa. Après dix-huit heures de navigation, ils sont perdus et à court de carburant. Grâce à un téléphone satellitaire, ils parviennent à joindre des proches en Libye et en Italie. Le SOS est lancé ; le réseau satellitaire permet d’établir leur position. Peu après arrive l’hélicoptère, aussitôt reparti. Puis plus rien. Le bateau dérive pendant deux semaines. Pour se désaltérer, les passagers ne peuvent que boire de l’eau de mer. Ils meurent les uns après les autres sous les yeux des survivants, à qui il ne reste d’autre choix que de jeter les corps par-dessus bord.

Le 5 avril, neuf survivants parviennent finalement à regagner les côtes libyennes, poussés par le courant. A peine arrivés, ils sont enfermés dans un centre de rétention avant d’être libérés quarante-huit heures plus tard. Le témoignage de M. Abou Kurke, joint par téléphone à Tripoli, est accablant : « Nous avons croisé plusieurs navires, dont un porte-avions. Ils nous ont vus. Ils étaient tout près. Ils ont tout simplement décidé de nous abandonner à notre destin. »

Tout porte à croire que les navires et l’hélicoptère croisés par les voyageurs en détresse faisaient partie de l’arsenal déployé par l’Organisation du traité de l’Atlantique du Nord (OTAN) dans la région après l’adoption de la résolution 1973 par le Conseil de sécurité de Nations Unies, le 17 mars dernier. Les commandants des vaisseaux ont-ils délibérément détourné le regard ? Que s’est-il passé après l’intervention de l’hélicoptère ? Pourquoi personne n’a-t-il porté secours à l’embarcation ? Le porte-parole du commandement Sud de l’OTAN à Naples, M. Stephen Chaston, dit ne pas avoir été informé de cet événement : « Nous n’avons reçu aucune notification de ce malheureux accident de la part des unités sous commandement OTAN. » M. Mussie Zerai, prêtre érythréen vivant en Italie, président d’une association de soutien aux demandeurs d’asile, a, lui, une tout autre version des faits : « J’ai reçu un appel le 26 mars à 7 heures du matin, provenant d’un téléphone satellitaire. J’ai transmis le SOS ainsi que le numéro du téléphone aux garde-côtes italiens. Ils m’ont dit que le Zodiac était à soixante milles des côtes libyennes, donc trop éloigné de leur zone d’opération, et m’ont assuré qu’ils transmettraient le message à toutes les embarcations présentes dans les environs, notamment à celles des forces de l’OTAN. Quelques heures plus tard, l’hélicoptère est arrivé. Je crois pouvoir affirmer qu’il y a un lien entre mon appel et l’arrivée de l’hélicoptère. Mais je me demande ce qu’il s’est passé après, et surtout pourquoi on a laissé mourir ces gens en pleine mer. »

M. Abou Kerke est en mesure de décrire l’hélicoptère qui aurait approché l’embarcation à la dérive : « Il portait le signe “army” sur un côté. Les deux hommes à bord étaient des militaires, ils portaient des armes. » Le porte-parole de l’OTAN se justifie en affirmant « qu’au moment de l’accident, il y avait d’autres navires militaires appartenant à d’autres nations dans la région ». Reste qu’une embarcation de migrants en détresse a été sciemment ignorée par des navires militaires et que presque tous les passagers ont perdu la vie.

Pourquoi les bâtiments de l’OTAN – ou ceux d’autres nations impliquées dans la mission internationale en Libye – ne sont-ils pas intervenus ? Pourquoi n’ont-ils pas alerté les marines maltaise ou italienne ? Et, s’ils l’ont fait, pourquoi personne n’est-il finalement arrivé pour porter secours aux naufragés ? « Tout ce que je peux vous dire, c’est que les navires de l’OTAN, comme d’ailleurs tous les bateaux qui naviguent en mer, ne sont dans l’obligation d’intervenir que si la vie des voyageurs est en danger. Lorsque la vie des passagers était en danger, nous sommes toujours intervenus. Dans les jours précédent et suivant l’accident, nous avons été engagés dans deux opérations de sauvetage en mer. Nous avons porté secours à deux bateaux, qui sont par la suite arrivés à Lampedusa », souligne M. Chasmon.

Ces deux épisodes, largement repris dans la presse italienne [1], peuvent nous aider à comprendre la démarche observée par les navires militaires internationaux. M. Abdel [2], un Erythréen de 23 ans, était à bord d’un de ces deux bateaux de pêche, parti de Tripoli dans la nuit du 23 au 24 mars. « Quand le moteur est tombé en panne, nous avons commencé à prendre l’eau, raconte-t-il. Un navire canadien s’est approché de nous. Les soldats qui étaient à bord nous ont prêté une pompe hydraulique pour évacuer l’eau et aussi des instruments pour réparer le moteur. Ils nous ont ensuite donné de l’eau et des biscuits, puis ils sont repartis. Ils nous ont abandonnés. » M. Abdel et ses 284 compagnons de voyage sont finalement arrivés, en vie, à Lampedusa, le 26 mars. Selon le porte-parole de l’OTAN, ce bateau de pêche surchargé aurait été suivi de près par radar jusqu’à son arrivée en Italie, mais, l’embarcation étant en mesure de naviguer, les hommes de l’Alliance n’avaient plus de raison d’intervenir.

D’où les deux versions discordantes : celle des migrants, qui ont eu l’impression d’avoir été abandonnés, et celle de l’OTAN, qui affirme leur avoir porté secours. Mais dans cette histoire, un autre détail retient l’attention. M. Abdel raconte que les militaires canadiens auraient proposé aux voyageurs de les emmener jusqu’en Tunisie. Quand ces derniers ont signifié leur refus, exprimant leur volonté de poursuivre jusqu’en Italie, le navire serait tout simplement reparti. Les bâtiments de l’OTAN seraient donc en mesure d’escorter vers la Tunisie des bateaux de migrants en détresse en provenance de Libye, ce qu’ils ne pourraient pas faire, en revanche, dès qu’il s’agit de rentrer dans l’espace Schengen ?

Depuis le mois de février et le début de la guerre en Libye, tous les accords anti-immigration conclus entre Rome et Tripoli ont été suspendus, notamment le Traité de partenariat, d’amitié et de coopération signé à Benghazi par MM. Silvio Berlusconi et Mouammar Kadhafi le 30 août 2008. Dans ce texte, un chapitre consacré à la lutte contre l’« immigration clandestine » prévoit l’intensification de la collaboration bilatérale dans ce domaine. Conséquence immédiate de la ratification de ce traité : depuis mai 2009, toutes les embarcations de migrants interceptées dans le Canal de Sicile ont été refoulées vers la Libye. En deux ans, 1 409 personnes ont ainsi été repoussées et remises aux autorités libyennes [3]. Durant cette période, le nombre des arrivées à Lampedusa a donc drastiquement diminué, tandis que l’Italie essuyait les critiques acerbes du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) et du Conseil d’Europe, qui n’ont cessé de dénoncer cette pratique comme une violation du principe de non refoulement prévu par la Convention de Genève [4].

La guerre en Libye a mis un coup d’arrêt à cette coopération entre Rome et Tripoli et les départs des embarcations vers Lampedusa ont repris. Selon différentes sources, aujourd’hui, le régime libyen encouragerait même les migrants à partir, pour faire pression sur l’Italie, engagée dans la coalition contre M. Kadhafi et seul pays avec la France et le Qatar à avoir reconnu le Conseil national transitoire (CNT) de Benghazi [5]. Depuis le mois de mars, environ onze mille immigrés en provenance de Libye sont arrivés à Lampedusa [6]. Mais beaucoup d’autres ont disparu en mer avant d’atteindre les côtes italiennes. « Nous craignons qu’au moins 1 000 personnes soient mortes en mer », affirme M. Zerai, faisant référence à plusieurs embarcations qui, après avoir signalé leur départ, n’ont plus jamais donné signe de vie.

Toutes ces traversées ont eu lieu dans un bras de mer aujourd’hui quadrillé par les navires militaires de l’OTAN, déployés dans le cadre de la résolution 1973 de l’ONU. Lors de son adoption, l’intention déclarée de cette résolution était de « prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils ». Certes, le texte mentionne précisément les « zones civiles menacées d’attaque en Jamahiriya arabe libyenne ». On a cependant des raisons d’être très perplexe : la coalition intervient pour protéger les civils d’une guerre, mais laisserait mourir en mer des civils fuyant cette même guerre. A moins d’admettre, bien sur, que les immigrés subsahariens ne peuvent être considérés par la communauté internationale comme des civils à part entière.

Stefano Liberti est journaliste et auteur de « A sud di Lampedusa. Cinque anni di viaggi sulle rotte dei migranti », (« Au sud de Lampedusa. Cinq ans de voyages sur les routes des migrants », Rome, 2011).

Lire aussi sur Visions cartographiques :

- « Migrations, sauvetage en mer et droits humains », par Philippe Rekacewicz, septembre 2009.

Notes

[1] Dans un des deux bateaux, une femme a accouché juste avant de débarquer à Lampedusa. Lire Francesco Viviano, « Sul barcone alla deriva nasce Yeabsera. In salvo il bambino della speranza » (« Dans le bateau à la dérive est né Yeabsera. L’enfant de l’espoir sain et sauf »), La Repubblica, 27 mars 2011.

[2] La nom est incomplet pour des raisons de sécurité, car le demandeur d’asile est encore en attente d’une réponse à sa démarche en Italie.

[3] Chiffre fourni par le site Fortress Europe, observatoire de l’immigration vers l’Europe.

[4] Lire Alain Morice et Claire Rodier, « Comment l’Union européenne enferme ses voisins », Le Monde diplomatique, juin 2010.

[5] Le ministre italien des affaires étrangères, M. Franco Frattini, a déclaré le 4 avril dernier à Rome que « Tripoli utilise l’immigration clandestine comme une arme. Nous avons vu des images de membres du régime de Kadhafi qui organisaient le départ de groupes de clandestins vers l’Europe et l’Italie ».

[6] Communiqué du HCR, 10 mai 2011.

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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 10:13

 

Le 14 mai, journée nationale de mobilisation

mardi 10 mai 2011, par Alessandro Vitagliano

 

Dans un communiqué, la fédération CGT Commerce et Services appelle à un mouvement national de grève et débrayage, samedi 14 mai 2011, dans l’enseigne Carrefour Market.

Les salariés sont appelés à se mobiliser en raison de l’ouverture prochaine, le 18 mai, des Négociations annuelles obligatoires (NAO) ; deux autres réunions sont prévues les 31 mai et 9 juin.

Bref rappel

Devant les propositions indécentes d’augmentation salariale de la direction de Carrefour, la CGT et les autres syndicats avaient appelé conjointement à un mouvement de grève le 9 avril. Sur 200 magasins, 130 ont été touchés par ces actions. Devant cette forte mobilisation la direction a dû rouvrir des négociations qui ont abouti à un accord qui prévoyant :

  • une augmentation de salaire de 2% au 1er mars ;
  • une prime exceptionnelle de 220 euros bruts ;
  • le passage de 7 à 10% concernant la remise sur les achats ;
  • et un engagement à renégocier d’ici fin novembre une revalorisation de la prime de vacances.

La CGT, syndicat majoritaire (plus de 40%) chez Carrefour Market renouvellera ses appels à la mobilisation des salariés si les NAO ne permettent pas d’avancées concrètes.


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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 10:04
Publié le mardi 10 mai 2011
La France doit apporter une réponse digne et responsable à la question tunisienne


 

Depuis janvier 2011, plus de 20 000 Tunisiens sont arrivés sur les côtes italiennes et quelques milliers, qui se sont vus délivrer par Rome une autorisation provisoire de séjour à titre humanitaire, se sont dirigés vers la France. Certains errent aujourd’hui dans les rues et les squares des grandes villes, Marseille, Nantes et surtout Paris. Ils bénéficient du soutien d’urgence que leur apportent les associations, certaines municipalités et d’une importante entraide communautaire et citoyenne. Cela ne suffit évidemment pas.

 

Face à cette situation chaque jour plus dramatique, le gouvernement français, guidé par des considérations de politiques internes, a déployé une série de réponses totalement inadaptées : multiplication d’interventions policières, placement en garde à vue, en centre de rétention, blocage de la frontière franco-italienne et réadmission de Tunisiens vers l’Italie. La France manque à sa réputation de patrie des droits de l’Homme et déroge aux principes qu’elle a toujours défendus.

 

Nous sommes en droit d’attendre de notre pays une autre réponse, digne et responsable, qui porte nos valeurs. Les personnalités et organisations signataires refusent l’instrumentalisation idéologique et politique de cette situation et en appellent au gouvernement français pour qu’il adopte des solutions à la hauteur des enjeux.

Nous demandons pour cela que le gouvernement :

 


- Cesse les interventions policières sur les lieux de rassemblement des Tunisiens : ces interventions sont discriminatoires, agressives et inutiles.
 

- Propose un dispositif d’accueil temporaire.
 

- Mette en place un dispositif spécifique d’aide au retour volontaire pour les Tunisiens qui souhaitent retourner dans leur pays : cette mesure permettrait d’organiser des retours de manière digne et humaine à un coût qui ne serait pas plus élevé que le coût de la politique actuelle.
 

- Considère la situation des Tunisiens qui pourraient entrer dans des dispositifs d’accès au séjour ou de formation professionnelle, notamment dans le cadre des accords migratoires franco-tunisiens.

 


- Contribue, y compris dans le cadre européen, à une aide significative au développement économique et social de la nouvelle démocratie tunisienne.

- Encourage la solidarité européenne en matière d’accueil des migrants. Prendre ces mesures simples et humaines c’est bien peu quand on sait que la Tunisie a accueilli 300 000 déplacés de la crise libyenne en faisant preuve d’un élan de solidarité exceptionnel. En entendant notre appel, la France s’honorerait de renouer avec des principes qui ont inspiré les différents mouvements de ce printemps arabe tant salué et de la révolution du Jasmin en particulier.

 

Pour signer cet appel, rendez-vous sur www.france-terre-asile.org

Avec le soutien des organisations et associations suivantes :
Aurore, Association Emmaüs, l’Association service social familial migrants (ASSFAM), l’Association des Tunisiens de France (ATDF), le Centre d’action sociale protestant (CAPS), le collectif Urgence Darfour, la Confédération française démocratique du travail (CFDT), la Confédération générale du travail (CGT), le Conseil représentatif des associations noires (CRAN), la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS), la Fédération syndicale unitaire (FSU), la Fondation Abbé Pierre, Forum réfugiés, le Grand Orient de France, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA), le Parti communiste français (PCF), le Parti radical de gauche, le Parti socialiste (PS), SOS Racisme, l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), l’Union nationale lycéenne (UNL)


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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 10:00
FRANCE: STOP AUX ÉNERGIES SALES!


Dans quelques jours, le Parlement français décidera d'adopter ou non une loi interdisant l'extraction du pétrole et du gaz de schiste, sources d'énergie très polluantes qui ont fait des ravages aux Etats-Unis et qui risquent de détruire des espaces protégés vulnérables et les nappes phréatiques sur plus de 10% du pays.

Nos députés ont répondu à la pression des citoyens en proposant cette loi pour abroger les permis d'exploration existants et bannir ces énergies de notre pays. Mais les puissants lobbys du gaz et du pétrole font tout pour la bloquer et obtenir des concessions pour continuer à polluer.

Nous n'avons pas de temps à perdre. Seul un immense appel citoyen persuadera nos députés de tenir et de voter une loi forte protégeant notre environnement et le climat. Ensemble, envoyons au Parlement un déluge de messages contre les énergies sales -- nous présenterons l'appel lors d'une grande action en face de l’Assemblé Nationale à Paris le jour du vote. Envoyez un message à droite:

Envoyez un message

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11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 21:37
 
Contribution de IMEJ au débat sur la cohabitation intercommunautaire en Mauritanie

Contribution de l’Initiative Mauritanienne pour l’Egalité et la Justice (IMEJ) au débat sur la cohabitation intercommunautaire en Mauritanie

Pour une Mauritanie juste, égalitaire et stable l'IMEJ pose une fois de plus la question de la cohabitation qui ne peut être résolue que par le règlement des grands problèmes que le pays a connus. Depuis le congrès d'Aleg en 1958, le clivage entre les communautés négro-mauritaniennes et arabo-berbères ne cesse de s’amplifier, minant ainsi l’unité nationale sans laquelle aucun développement durable n’est possible. Aussi, aujourd’hui plus que jamais, œuvrer pour une cohabitation juste et apaisée des différentes composantes nationales est pour la Mauritanie une nécessité vitale. Pour ce faire, l'IMEJ soumet la réflexion  suivante à tous, décideurs politiques, opposition ou simple citoyen…

 1-Pour un climat social et politique apaisé

Pour réaliser l'unité nationale, la Mauritanie doit sans doute résoudre la question du passif humanitaire qui n'a jamais été abordée de manière sérieuse par les régimes qui se sont succédés depuis Ould Taya ; Exception faite au régime de SIDIOCA.

Le retour de tous les déportés, leur insertion comme leur réintégration sont indispensables. Ces personnes déportées par leur propre Etat doivent recouvrer leur nationalité. C'est l'Etat mauritanien qui a déporté ses propres citoyens et c'est donc à lui d'endosser toute la responsabilité. Des centaines de militaires ont été arrêtés et emprisonnés dans des conditions inhumaines. Plus de cinq cents sont morts à la suite de tortures. A ce nombre funeste, il faut ajouter des milliers de morts civils ! Toute la vérité doit être établie concernant ces massacres odieux, une histoire officielle de ces douloureux événements doit être rédigée et enseignée à nos enfants pour que plus jamais de tels drames ne se reproduisent. Il n’y a pas de reconciliation possible sans la prévalence du devoir de mémoire et du devoir de justice.

 

Si tous les acteurs politiques doivent encourager au pardon, le droit à la justice pour ceux que en exprimeront le besoin, doit être reconnu et garanti par l’Etat.L’indemnisation des victimes est sans doute salutaire, mais elle ne peut se faire sans une enquête susceptible de faire la lumière sur ces événements.

 

2- Le partage des Pouvoirs et de l’Avoir

Depuis 1986, le fossé entre les communautés arabo-berbères et négro-mauritaniennes ne cesse de s'agrandir. Le pouvoir et les richesses du pays sont confisqués par la seule communauté arabo-berbère entraînant un déséquilibre immense. Pour un équilibre social et politique, les trois pouvoirs doivent être séparés et répartis de manière raisonnable. Cette mesure permettra d'abolir le système de quota que rien ne justifie et qui marginalise les Négro-mauritaniens (Haratines, Peuls, Soninké et Wolof). Le partage du pouvoir peuvent alors se faire selon les principes suivants.

2.1-Du pouvoir législatif

Un équilibre au sein de l'assemblée nationale, lieu de législation, un redécoupage électoral s'impose comme une extrême nécessité et doit se faire en fonction du seul critère démographique. Toute autre considération est contraire au principe du suffrage universel direct. En effet, la représentativité à l'Assemblée nationale et au sénat doit être proportionnelle au nombre  d'habitants par localité. Malheureusement, là aussi, le système raciste au pouvoir a découpé les circonscriptions électorales de sorte que, même si dans une prise de conscience générale, les communautés noires opprimées votaient pour leurs candidats, elles ne seront même pas représentées à hauteur du tiers de l’Assemblée nationale. En effet, un coup d’œil sur les régions habitées par les populations arabo berbères montre qu’il faut seulement moins de 800 votants pour élire un député alors qu’il en faut presque 8000 pour élire un député dans les régions sud habitées par les populations noires (Guidimakha, Gorgol, Brakna, Trarza, Assaba). Ainsi, pour donner un exemple concret, le député de Bir Mgreine est élu avec 788 voix alors que chacun des députés du Guidimakha est élu avec au moin7800 voix, soit plus de 10 fois plus ! En termes simples, en Mauritanie, une voix arabe vaut 10 voix noires (Haratines, Peuls, Soninko et Wolofs). Comment, dans ces conditions, nier l’existence du racisme d’Etat en Mauritanie ? La situation est d’autant plus terrible que la plupart des leaders noirs se tait sur ce qui n’est pourtant, ni plus, ni moins qu’un « Apartheid démocratisé » !

2.2-Du pouvoir exécutif

En ce qui concerne le pouvoir exécutif, il doit être représentatif de toutes les communautés du pays. Ce pouvoir est incarné dans les fonctions régaliennes de président de la République et le premier ministre. Selon toute logique ces deux fonctions ne doivent être aucunement occupées par des citoyens issus d'une seule communauté nationale. Les expériences de l'IRAQ (où Chiites, Sunnites et kurdes se partagent le pouvoir exécutif), celui du Liban (où Chrétiens et Musulmans se partagent la présidence et la primature) sont entre autre des exemples pertinents d’exercice consensuelle du pouvoir. Ce type de partage du pouvoir est le seul à même de garantir la représentativité des masses populaires, gage de toute cohésion sociale et politique. Pour un impact véritable sur la gestion quotidienne, c’est surtout le pouvoir exécutif qui doit être partagé, car c’est lui qui met en œuvre les politiques. L’histoire récente de la Mauritanie a prouvé que mettre un Négro-africain à la tête du sénat et un Hratin à la tête de l’Assemblée nationale (une idée louable de SIDIOCA, l’ancien Président) n’a aucun impact sur l’abolition effective du racisme d’Etat et de l’esclavage, les deux fléaux qui frappent les Noirs de Mauritanie.

2.3- Du pouvoir judiciaire

Le corps de la magistrature est sans aucun doute responsable de la plus grande part de frustrations à caractère racial  et/ou ethnique ressentie par les communautés noires du pays. Aujourd’hui encore, plusieurs milliers de Négro-mauritaniens préfèrent ruminer leurs peines que d’aller se présenter devant un juge de la république. En effet, ils sont presque tous persuadés de ne jamais obtenir gain de cause, surtout lorsque leur protagoniste est arabo-berbère ! Les nombreux cas de relaxes d’esclavagistes avérés ainsi que d’expropriations de biens de Négro-mauritaniens sont des exemples illustratifs du caractère raciste de l’appareil judiciaire.

Il est donc urgent que cet appareil subisse des réformes de fond allant dans le sens de le rendre plus représentative des couches populaires mauritaniennes et plus indépendante par rapport à l’exécutif.

3- Du déséquilibre économique

Le déséquilibre dans la répartition du pouvoir est certainement la cause efficiente du déséquilibre qui apparaît dans la répartition des richesses. Dans notre pays, une infime minorité (autour de 15%) détient plus de 90% des mânes financières. A ce niveau, une attention particulière doit être réservée aux esclaves et descendants d’anciens esclaves qui, malgré l’abolition sur les textes de cette pratique inhumaine, n’ont bénéficié d’aucune mesure économique d’accompagnement. Pour redresser ce tord qui n’a que trop duré, l’IMEJ préconise que l’Etat, par le biais d’une discrimination positive, finance des projets au profit exclusif de ces masses déshéritées.

4- Langues, cultures et éducation

 

Dans la constitution l'arabe, langue de l'une des composantes du pays est imposée comme langue officielle. Les autres langues dites langues nationales sont reléguées au second plan et particulièrement marginalisées dans les programmes des médias d’Etat. L'enseignement de ces langues à savoir le pulaar, le wolof et le soninké doit être reconnu comme un droit inaliénable de ces différentes communautés. Ces langues doivent être largement diffusées dans les médias et enseignées à l’école pour permettre aux enfants mauritaniens de s’approprier tout leur patrimoine linguistique et culturel sans exclusive. La tentative d’assimilation forcée des communautés négro-mauritaniennes est non seulement vouée à l’échec, mais, en plus, elle ne sert qu’à creuser davantage le fossé entre les différentes composante nationales.

L’exemple le plus frappant de cette ségrégation raciale se traduit par l’occultation dans les manuels d’histoire (au primaire, et au secondaire notamment) de tout ce qui a trait à la résistance noire contre la pénétration coloniale. Ainsi, l’histoire de la résistance d’Elhadj Omar Tall, de Fodyé Diaguili, d’Abdoul Bocar Kane, pour ne citer que ceux-là a été systématiquement gommée du programme d’histoire des enfants mauritaniens. La seule résistance qui leur est enseignée est la résistance arabo berbère. De sorte que l’élève négro-africain a le sentiment d’être un « bâtard » de l’Histoire de son pays. Car tout en sachant évidemment qu’il n’est pas arabe, il ne retrouve nulle part la moindre trace de ses origines historiques. Comme pendant la colonisation française, il n’a le choix qu’entre exister en tant que Mauritanien arabe (alors il doit s’assimiler en se reniant) ou être un étranger dont le père serait venu hier ou avant hier du Sénégal ou du Mali ; alors que la vraie histoire nous révèle bien que les premiers habitants de la Mauritanie ont été bel et bien des populations noires ! Franchement, le colonisateur français, en s’appuyant sur sa théorie de la « table rase » au nom de laquelle il justifiait sa domination, et en faisant chanter à nos pères et grands pères « nos ancêtres les gaulois » n’ont pas fait plus de mal que les autorités raciste de la Mauritanie contemporaine !

Que dire donc de cette volonté de tuer tout ce qui a trait à la culture négro-africaine sous le prétexte fallacieux que ce serait contraire à l’Islam ? Aujourd’hui, au Fouta Walo et au Guidimakha, il n’est plus possible de jouer du tam tam encore moins, danser! Les forces de police ne vous délivreront jamais une autorisation et si vous bravez l’interdiction vous devriez payer chère ou aller dormir au commissariat. Même nos veilles mamans n’ont plus le droit de chanter en amenant la jeune mariée à son domicile conjugal ! Tout le monde sait que la lutte traditionnelle qui, aujourd’hui est appelée « lutte sénégalaise » était plus pratiquée dans le Fouta mauritanien qu’ailleurs. Mais plutôt que de la promouvoir, les autorités mauritaniennes ont tout fait pour l’étouffer, même si les culturalistes d’ « Arrêt bus » (quartier de Nouakchott) font l’impossible pour maintenir cette flamme, pan essentiel de la culture négro-africaine de Mauritanie. Le sud de la Mauritanie est littéralement soumis à une colonisation arabe qui ne dit pas son nom.

4-Question foncière

Le problème des terres est l'un des dossiers les plus épineux en Mauritanie. Les populations négro-africaines de Mauritanie ont été spoliées avec la complicité de l'administration locale et la bénédiction des hautes autorités de l’Etat. Le long de la vallée, jusqu’au Guidimakha, des villages entiers sont déguerpis et rebaptisés. Le solde du passif humanitaire passe aussi par le rétablissement de l'histoire de ces villages. Ces populations doivent retrouver leurs terres ancestrales. Si dans le cadre d’une politique de développement de l’agriculture pour atteindre une autosuffisance alimentaire, l’Etat voudrait exploiter les terres de la vallée, il doit le faire en concertation avec les populations autochtones, historiquement propriétaires de ces terres. Aucune expropriation de quelque nature qu’elle soit, n’est acceptable et pourrait conduire à des conséquences redoutables.

Nous reconnaissons, toutefois, qu’une réforme foncière en concertation avec les propriétaires des terres est absolument nécessaire notamment pour permettre à une partie des populations haratines d’accéder à la propriété foncière. Cette réforme ne doit cependant pas concerner seulement les terres du sud, elle doit aussi s’exercer sur les oasis du nord.

Pour le Bureau exécutif

Son Président Ba Mamadou Kalidou

Mai 2011

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11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 21:31
Programme 2011
Article mis en ligne le 7 mai 2011 par LB

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11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 21:28

  

  

Information aux amis et aux signataires de l’appel

« Pas de zéro de conduite pour les enfants de 3 ans »

 

 

    

  

Depuis l’automne, rechutes du gouvernement

sur le dépistage à 3 ans des futurs délinquants [1]

Mobilisations permanentes du collectif - Suivez l’actualité des actions sur le site de Pasde0deconduite

En librairie le 26 mai 2011

 deux nouveaux ouvrages du collectif Pasde0deconduite

 

 

Le collectif Pasde0deconduite publie un Manifeste « Petite enfance : pour une prévention prévenante » et un livre « Les enfants au carré ? Une prévention qui ne tourne pas rond ! » qui seront disponibles en librairie le jeudi 26 mai 2011

 

 

Avec le Manifeste « Petite enfance : pour une prévention prévenante », le collectif Pasde0deconduite persiste et signe : la prévention prévenante est une finalité en soi qui n'a pas à se nicher à l'ombre des politiques de sécurité. Face à la ténacité du pouvoir politique pour installer une prévention prédictive, un contrôle et un formatage précoce des enfants, Pasde0deconduite est resté mobilisé parce qu’un enfant n’est pas un organisme programmé et programmable. Rien n’est définitivement joué dans l'évolution d’un être humain, ni à 3 ans ni à 7 ou 15 ans.

Dans ce manifeste, le collectif Pasde0deconduite s’inquiète notamment des pratiques de dépistage de masse qui s’installent en milieu scolaire et qui, sous couvert de « promotion de la santé mentale », visent à généraliser des programmes stéréotypés d’« éducation comportementale », en ignorant le contexte des difficultés singulières qui peuvent concerner ou affecter tel enfant, différemment d’un autre.

Le collectif Pasde0deconduite interroge les fondements scientifiques et politiques de ces programmes de promotion de la santé mentale et appelle à en cerner les enjeux humains, scientifiques, sociaux, politiques, démocratiques et éthiques. Il défend une recherche qui prend appui sur toutes les approches théoriques et relie les disciplines entre elles, une recherche qui ne soit pas soumise aux intérêts financiers des lobbies pharmaceutiques. Enfin il propose et valorise des pratiques existantes qui ont prouvé leur pertinence ainsi que des dispositifs innovants dans les domaines de la prévention pour les enfants.

  

Commande en ligne possible sur

http://www.editions-eres.com/resultat.php?Id=2818

 

 

Avec le livre « Les enfants au carré ? Une prévention qui ne tourne pas rond ! [2]», le collectif Pasde0deconduite dénonce les hiatus entre prévention et évaluation des comportements des enfants. Il précise en quoi l’accompagnement vers la socialisation se différencie des apprentissages précoces de conduites adaptatives et analyse les programmes dits de « promotion de la santé mentale » concernant tous les enfants dès 24 mois, leurs méthodes, leurs fondements théoriques, leur cadre d’application.

L’illusion de « mise au carré » en guise d’aide aux enfants en difficulté tend à se décliner avec cohérence du côté des enfants, comme du côté des adultes. En direction des enfants par un effacement des frontières entre l’éducation et le conditionnement précoce. En direction des parents par un effacement des frontières entre soutien à la parentalité et contrôle, entre accompagnement dans les difficultés et sanctions. En direction des professionnels enfin, par un brouillage des repères, missions, métiers, services au profit de protocoles, programmes et procédures d’expertises imposées.

Comment une politique bénéfique pour l’enfance et la famille pourrait-elle émerger de la logique de contrôle qui prévaut actuellement ? Malmener la dimension éthique dans le rapport à l’enfant n’ouvre-t-il pas... sur une impasse ? Car, enfin, mettre les enfants au carré, ça ne tourne pas rond !

Conformément à l’esprit de travail multidisciplinaire et citoyen du collectif Pasde0deconduite, ces questions sont ici abordées sous les aspects psychologique, médical, éducatif, philosophique, sociologique et politique.

 

Commande en ligne possible sur

http://www.editions-eres.com/resultat.php?Id=2759

 

Pour suivre les actions citoyennes et les débats scientifiques que mène le collectif [3], et l’actualité de Pasde0deconduite : www.pasde0deconduite.org

 

Participez, informez-nous, informez-vous !

 

Mail : contact@pasde0deconduite.org

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11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 15:19

Je me permets d'utiliser cette liste de diffusion pour vous faire part d'un message que Mumia m'a chargé de transmettre à tous ses soutiens, dans une lettre qu'il m'a écrit. Voici l'extrait :
 
"Please convey my deepest thanks to your friends and colleagues and especially your neighbors in Saint-Denis, and in all of France.
  I am moved beyond measure by the sweet sentiments of the people of France.
  I wish I could embrace the hundreds of french men, women and children who have written to me in the past few days, sending love and support.
  Merci, mes amis !
  Mumia" (la dernière phrase est bien écrite en français dans la lettre).
 
Une traduction (désolé pour mon français parfois douteux) :
 
" Pourrais tu s'il te plait adresser mes plus profonds remerciements à tes collègues et amis, et plus particulièrement à tes voisins de Saint Denis, et de la France entière.
  Je suis immensément ému par les pensées affectueuses du peuple de France.
  J'aimerais pouvoir étreindre les centaines d'hommes, de femmes et d'enfants français qui m'ont écrit ces derniers jours, m'envoyant amour et soutient.
  Merci, mes amis !
  Mumia"
 
Merci de faire passer ce message important à tous ses soutients.
 
FREE MUMIA! On peut tuer un révolutionnaire, mais pas la révolution.

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11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 12:18

concert-pour-l-egalite.JPG

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11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 12:13

SOINS ET SOUTIEN AUX VICTIMES DE LA TORTURE ET DE LA VIOLENCE POLITIQUE

Ve colloque de l'Association Primo Levi
organisé avec le soutien du Barreau de Paris et de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah

  

    "Langage et Violence.
Les effets des discours sur la subjectivité d'une époque"

 

  Vendredi 17 et samedi 18 juin 2011

Maison du  Barreau - 2 rue de Harlay - 75001 Paris

 

Programme et bulletin d'inscription en pièces jointes. Inscription obligatoire et conseillée avant le 27 mai.

 

Le langage est au cœur de l’action menée par l’Association Primo Levi auprès des personnes victimes de la torture et de la violence politique réfugiées en France. Au cours des dernières années, les cliniciens de son centre de soins ont constaté un malaise grandissant chez les patients, mais aussi chez les professionnels en contact avec les demandeurs d’asile. En effet, s’ajoute à la difficulté d’expression du vécu traumatique des patients le poids de propos souvent discriminatoires d’une société de plus en plus encline à transformer les discours en idéologies.

 

Quel rôle joue le langage dans l’émergence de la violence ? Qu’est devenu, par exemple, le terme terre d’asile dans le discours politique actuel ? Qu’est-ce que notre société véhicule comme violence dans son discours ? Comment la parole du réfugié est-elle accueillie dans les structures administratives françaises ? Quelle place pour le respect de l’humain et la prise en compte du traumatisme dans des procédures de demande d’asile où l’on exige que l’exilé évoque ses maux sous le sceau de la suspicion ?

 

Au programme cette année :

 

Les intervenants de l’Association Primo Levi :

Les cliniciens du centre de soins – psychologues-psychanalystes, juriste, kinésithérapeute – évoqueront leur travail quotidien, par le prisme de cette thématique : quel langage du corps possible après l'expérience de la torture ? Comment libérer corps et parole à travers une approche pluridisciplinaire ? Quelle valeur est accordée à la parole du réfugié dans la procédure d'asile ?

 

Nos invités :

  • Nicolas FISCHER, chercheur en sciences politiques à l’EHESS/ IRIS,  a réalisé une enquête de terrain dans un centre de rétention administrative (CRA) où sont enfermés des étrangers en instance d'éloignement du territoire. Son intervention portera sur les usages et les discours de l’atteinte au corps dans le CRA. Dans cet espace, le corps est avant tout considéré comme surface sur laquelle s'exerce la coercition physique de l’État, qui se doit simultanément de garantir l'intégrité corporelle et psychique des étrangers enfermés. Comment l’État démocratique assume-t-il cette contradiction ? Lire l’article de Nicolas  Fischer : « Entre urgence et contrôle »
  • Michel PLON est psychanalyste, membre des comités de rédaction de la revue Essaim et du périodique La Quinzaine littéraire. Il développera sa réflexion sur ces « discours anesthésiants », ces formes d’idiomes, produits par la société et relayés par les médias, qui visent à nier ou à effacer les réalités économiques, politiques et sociales, toujours en décalage avec le vécu de ces mêmes réalités. Consulter la liste de ses publications
  • Karima LAZALI, psychanalyste, évoquera son expérience clinique en Algérie pour expliciter ce qu’elle a nommé « la langue Une », ou les conséquences d’un langage totalitaire. L’histoire de la psychanalyse au Maghreb est très récente ; quelle influence entretient-elle avec les discours politiques ? Consulter ses publications 
  • Michèle SINAPI, philosophe, parlera de ce brouillage de nos distinctions  produit par les différentes dénominations des migrants : réfugiés, demandeurs d'asile, ou clandestins ; et de la question du paradoxe entre cette invisibilité et la sur-exposition médiatique de ces personnes. La distorsion des visibilités/invisibilités indique le déni actuel des rapports entre politique et vérité.  
  • Helvécio RATTON, réalisateur brésilien, sera présent pour débattre de son film Baptême de sang après sa projection. Le film est inspiré du livre homonyme de Frei Betto, moine dominicain et théologien de la libération, emprisonné et torturé pour son militantisme pendant la dictature militaire des années 60 au Brésil.  Voir la bande annonce de Baptème de sang en langue originale

 

Programme complet et bulletin d’inscription en pièces jointes

Renseignements et inscriptions : Déborah Caetano. Tel : 01 43 14 88 50. Courriel : colloque@primolevi.org

Association Primo Levi - www.primolevi.org

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