Alors que la Céni (Commission électorale indépendante) n'a donné aucune indication sur les résultats du scrutin, M. Fabre, candidat du principal parti d'opposition, l'UFC (Union des Forces de changement), a revendiqué la victoire vendredi après-midi.
"Nous avons gagné la présidentielle du 4 mars 2010", a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse au siège de son parti, à Lomé.
"La compilation des procès verbaux des bureaux de vote en notre possession donne une avance confortable au candidat de l'Union des forces de changement", a poursuivi M. Fabre, qui a affirmé avoir recueilli "une moyenne entre 75 et 80% des voix".
L'opposant a également évoqué des "irrégularités constatées" dans le processus de vote, notamment des "bourrages d'urnes".
"Si ces anomalies étaient corrigées, notre avance serait beaucoup plus confortable", a-t-il dit.
Immédiatement après, le Rassemblement du peuple togolais (RPT), le parti du président sortant Faure Gnassingbé, qui brigue un second mandat, a dénoncé une attitude "inacceptable".
Les déclarations de M. Fabre sont de nature "à préparer les esprits à la violence", a averti le secrétaire général du RPT, Solitoki Esso.
"C'est inacceptable: nous demandons à ce candidat de se ressaisir pour préserver la sérénité qui a prévalu jusqu'à ce jour", a martelé M. Esso lors d'une conférence de presse.
Après une campagne électorale paisible et un scrutin qui s'est déroulé dans le calme jeudi, la tension semblait être montée d'un cran dans la capitale.
A l'extérieur du siège de l'UFC, dans le quartier populaire Bè, des centaines de jeunes chantaient des chants de victoire après la déclaration de M. Fabre.
"Nous sommes libérés" criait une femme, "nous les avons battus KO", chantait un autre.
"Les gens sont tendus dans l'attente des résultats parce que s'il n'y a pas le changement, il y aura encore des dégâts", affirmait vendredi matin un chauffeur de taxi, Félix Amélo, partisan de M. Fabre.
Il y a cinq ans, une vague de violences avait éclaté à Lomé après l'annonce de la victoire contestée à la présidentielle de Faure Gnassingbé, quelques mois après la mort de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui a régné sans partage sur le Togo pendant 38 ans.
Les violences avaient fait 400 à 500 morts selon le bilan de l'ONU. Selon Amnesty international, des militaires avaient attaqué les domiciles de présumés opposants avant et après le scrutin, les frappant à coups de gourdin ou les tuant par balles.
Le scrutin de jeudi apparaissait donc comme un test pour le pays, où la situation politique s'était décrispée, et avec qui les bailleurs de fonds ont progressivement renoué depuis 2007.
Vendredi soir, la Céni se refusait toujours à donner une date pour l'annonce des résultats, ni même d'estimation sur le taux de participation.
Le Togo est un petit pays de 6,5 millions d'habitants. La majeure partie de sa population vit encore sous le seuil de pauvreté.