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20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 18:48

Social-Eco - le 13 Février 2012

Lutte

Bernard Thibault "Petroplus, M-real : même combat"

 

Bernard Thibault était vendredi aux côtés 
des ouvriers en lutte de ces deux sites industriels.

 

en Haute-Normandie, les sites de la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne et de la papeterie M-real d’Alizay sont tous deux menacés de fermeture. Dans les deux cas, "il ne s’agit pas de sites industriels en mauvais état. La qualité des outils ne menace pas l’activité économique. C’est là le scandale !" s’est emporté le leader de la CGT, dénonçant le rôle mortifère des actionnaires. «Ce n’est pas la crise pour tout le monde», a-t-il lancé, sous de forts applaudissements, tout en saluant l’important travail que les intersyndicales ont fourni pour présenter aux directions et actionnaires des projets alternatifs pour revitaliser les sites. "C’est bien la preuve que ce sont eux, les ouvriers, les techniciens, les premiers experts dans leurs domaines." D’où la nécessité d’accroître les droits des salariés : "La citoyenneté dans l’entreprise doit progresser", a réaffirmé le leader syndical.

 

Bernard Thibault a saisi 
l’occasion de ce déplacement pour souligner le caractère stratégique du secteur de l’énergie qui, observe-t-il, n’est "pas incompatible avec le développement durable". Pour preuve, le projet présenté conjointement par les salariés des deux sites d’utiliser la ouate de cellulose des ateliers de M-real pour fabriquer du biocarburant sur le site de Petroplus. Devant les salariés normands en lutte, le secrétaire général de la CGT a de nouveau épinglé la 
politique gouvernementale insufflée par Sarkozy, "qui a multiplié les lois antisociales durant son mandat", fustigeant en parti-culier "la TVA sociale qui n’a rien de social". Évoquant la venue du ministre Besson chez Petroplus le 30 janvier, ou encore le sauvetage des Lejaby, que Bernard Thibault a qualifié de «politique des copains», il a dénoncé cette "majorité sortante (qui) veut s’efforcer de se montrer active dans les dernières semaines qui lui restent" sur le front de l’emploi, alors qu’elle a multiplié les cadeaux fiscaux aux entreprises "qui bien souvent sont allés tout droit dans les poches des actionnaires".

Frédéric Seaux

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20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 18:36

Politique - le 17 Février 2012

 

Les Lejaby, "persona non grata" au premier meeting de Nicolas Sarkozy

 

 

De notre envoyée spéciale à Annecy. Les salariées de Lejaby se sont vu refuser l'accès au premier meeting de campagne du candidat Sarkozy, hier soir à Annecy.

Bloquées par des cars de CRS à quelques centaines de mètres de l'entrée de la salle, les syndicalistes ont du se contenter d'une manifestation en marge de la rencontre, qui a rassemblé près 300 personnes, déployant des banderoles "Les oubliées de Lejaby". "S'il est notre sauveur , comme il se présente, de quoi a-t-il peur ?", s'interroge Brigitte Figueroa, salariée du site de Bellegarde.

 

"Quand je l'entend faire son numéro à la télévision, ça me met dans une colère noire. Cela va bientôt faire un an qu'on se bat. Aucune solution n'a été apporté aux autres sites. Sarkozy a dit qu'il qu'il n'oublierait pas les autres personnes de Lejaby. On l'attend",  explique la syndicaliste de la CGT. Bien décidée à "mener le combat jusqu'au bout", Brigitte se félicite qu'avec ses amies, elles ont tout de même obligé les cars de militants UMP à s'arrêter.

 

"Ils ont été forcés d'y aller à pied",  raconte-t-elle, les sarkozystes étant accueillis par leurs slogans: " Lejaby, c'est pas fini. Sarko tu dis des conneries".  En campagne, le candidat de la droite ne pourra plus se contenter de figurants.

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19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 17:37
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19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 17:36
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19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 17:28
 Des personnalités, associations et organisations, dont la CGT, ont signé un appel pour un audit citoyen de la dette publique afin de nourrir le débat démocratique et dépasser les discours culpabilisateurs. Cette initiative est portée par le Collectif pour un audit citoyen est composé d’une vingtaine d’organisations syndicales et associatives, et soutenu par plusieurs formations politiques.
... et le lancement d’un vaste débat démocratique.

Écoles, hôpitaux, hébergement d’urgence… Retraites, chômage, culture, environnement... nous vivons tous au quotidien l’austérité budgétaire et le pire est à venir. « Nous vivons au-dessus de nos moyens », telle est la rengaine que l’on nous ressasse dans les grands médias. Maintenant « il faut rembourser la dette », nous répète-t-on matin et soir. « On n’a pas le choix, il faut rassurer les marchés financiers, sauver la bonne réputation, le triple A de la France ».

 

Nous refusons ces discours culpabilisateurs. Nous ne voulons pas assister en spectateurs à la remise en cause de tout ce qui rendait encore vivables nos sociétés, en France et en Europe. Avons-nous trop dépensé pour l’école et la santé, ou bien les cadeaux fiscaux et sociaux depuis 20 ans ont-ils asséché les budgets ? Cette dette a-t-elle été tout entière contractée dans l’intérêt général, ou bien peut-elle être considérée en partie comme illégitime ? Qui détient ses titres et profite de l’austérité ? Pourquoi les États sont-il obligés de s’endetter auprès des marchés financiers et des banques, alors que celles-ci peuvent emprunter directement et pour moins cher à la Banque centrale européenne ?

 

Nous refusons que ces questions soient évacuées ou traitées dans notre dos par les experts officiels sous influence des lobbies économiques et financiers. Nous voulons y répondre nous-mêmes dans le cadre d’un vaste débat démocratique qui décidera de notre avenir commun.

 

En fin de compte, ne sommes-nous plus que des jouets entre les mains des actionnaires, des spéculateurs et des créanciers, ou bien encore des citoyens, capables de délibérer ensemble de notre avenir ?

 

Nous nous mobilisons dans nos villes, nos quartiers, nos villages, nos lieux de travail, en lançant un vaste audit citoyen de la dette publique. Nous créons au plan national et local des collectifs pour un audit citoyen, avec nos syndicats et associations, avec des experts indépendants, avec nos collègues, nos voisins et concitoyens. Nous allons prendre en main nos affaires, pour que revive la démocratie.

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19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 17:24
La cgtPlus de transparence financière … au prix d’une opacité politique renforcée !

vendredi 17 février 2012

La négociation sur la modernisation du paritarisme vient de se conclure le 17 février. Si le texte final enregistre des avancées souhaitées en matière de transparence financière des institutions paritaires, s’il répond positivement aux revendications de la CGT que la composition de leurs conseils d’administration repose sur les nouvelles règles de représentativité, s’il acte que les administrateurs salariés ne subissent plus de perte de salaire durant l’exercice de leur mandat, le patronat a fait le choix délibéré de maintenir des dispositions inacceptables en terme de démocratie sociale.

 

Il instaure le « vote par tête » comme un principe général et exclusif des prises de décision dans les conseils d’administration. Cet amalgame entre les voix des représentants des salariés et du patronat, revient à placer celui-ci en situation d’arbitre des différences de points de vue entre organisations syndicales. Accepter cette disposition, ce serait non seulement sanctuariser des modalités douteuses du fonctionnement actuel du paritarisme, mais aussi inscrire le syndicalisme lui-même dans la compromission et l’indignité. La CGT regrette que la CFDT ait insisté pour que cette disposition soit conservée, déclarant que son retrait serait pour elle « un casus belli ».

 

Le texte ajoute à l’obligation de confidentialité des débats celle de « secret des délibérations ». La démocratie sociale ne peut fonctionner sur des principes contraires à la démocratie. La transparence et la publicité des débats et délibérations dans les instances de représentation sont partie intégrante de ces principes. Les institutions paritaires ne sont pas la propriété des organisations qui représentent les bénéficiaires, mais celle des bénéficiaires eux-mêmes, qui ne peuvent être spoliés de leur droit fondamental à l’information. La CGT a demandé a minima le retrait de l’obligation au secret des délibérations. Le patronat a refusé.

 

Le texte entend supprimer les élections des administrateurs à l’AGIRC, au motif que les nouvelles règles de représentativité s’appliquent. Or celles-ci ne sont pas faites pour mesurer l’audience des organisations syndicales chez les retraités. La CGT rappelé qu’elle défendait le principe général des élections des administrateurs des organismes de sécurité sociale et qu’elle ne pouvait accepter une disposition qui entérine un nouveau recul démocratique. A minima, elle a demandé que les institutions AGIRC puissent opter pour la conservation de la désignation des administrateurs par la voie électorale. Le patronat a préféré acter un désaccord avec la CGT et la CFE-CGC pour répondre à une demande de la CFDT.

 

Selon les règles de démocratie interne à la CGT, le projet d’accord va être soumis aux fédérations et unions départementales composant le Comité confédéral national. La délégation chargée de la négociation formule un avis négatif. Elle souligne que le déroulement de la négociation avait créé les conditions que la CGT puisse signer l’accord sur la modernisation du paritarisme. Mais le patronat a fait le choix délibéré d’introduire en fin de négociation des dispositions excluant un accord unanime, et de confirmer ainsi une stratégie historique de dialogue social fondé sur des partenariats syndicaux privilégiés.

Montreuil, le 17 février 2012

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19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 17:22
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Le 17 février 2012

En 2010, les 10 % des ménages qui possèdent le patrimoine (actifs financiers, immobiliers, professionnels) le plus élevé détiennent près de la moitié (48 %) du patrimoine national tandis que les 10 % des ménages les moins bien dotés disposent de 0,1 % de la masse totale, selon une étude de l’Insee « Les inégalités de patrimoine s’accroissent entre 2004 et 2010 » (Insee Première n°1380 – novembre 2011). Plus on va vers le haut, plus la concentration est forte : les 5 % des ménages qui en détiennent le plus possèdent 35 % du patrimoine total, les 1 % les plus fortunés, 17 %.

 

Ces écarts se sont creusés entre 2004 et 2010, davantage que pour les revenus (voir notre article L’évolution des inégalités de patrimoine entre 2004 et 2010). Le rapport entre le patrimoine moyen des 10 % de ménages les plus fortunés et celui des 10 % les moins bien dotés a augmenté de plus de 30 %.

 

Le capital des ménages les plus fortunés vaut 552 300 euros contre 2 700 euros pour les ménages les moins pourvus en patrimoine, soit 205 fois moins... Le patrimoine des ménages français est à 62 % composé de biens immobiliers. Il augmente avec l’âge jusqu’à 70 ans, puis décroit : il est en moyenne de 32 700 euros chez les moins de 30 ans, 345 500 euros entre 60 et 69 ans et 259 800 euros pour les plus de 70 ans. Cette étude indique également que le patrimoine moyen des cadres supérieurs est 35 fois supérieur à celui des ouvriers non qualifiés.

VS

 



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19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 16:38

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le 16 février 2012
Doit-on s’inquiéter de la pauvreté et des inégalités sociales dans un pays riche comme la France, quand on connaît la misère des conditions de vie des habitants des pays les plus pauvres du monde ? Une analyse de Cédric Rio et Louis Maurin, de l’Observatoire des inégalités.

Malgré l’extrême pauvreté dont sont victimes des milliards de personnes dans le monde –essentiellement au sein des pays en développement – les débats au sein des pays riches portent surtout sur la pauvreté et les inégalités à l’échelle nationale. L’Observatoire des inégalités participe de ce phénomène, en publiant beaucoup moins d’articles sur les inégalités de niveau international que sur celles que l’on trouve en France. Comment expliquer ce phénomène ?

Un monde scindé en deux

Les écarts de revenus et de conditions de vie entre les populations les plus riches et les plus pauvres du monde sont vertigineux, même si, dans certains domaines, ces écarts tendent à diminuer depuis quelques années [1]. Au point que notre monde apparaît, pour ainsi dire, scindé en deux…

On comptabilise 1,4 milliard de personnes extrêmement pauvres – elles vivent avec moins de 30 euros par mois – dans le monde, selon les dernières estimations de la Banque mondiale [2]. Le seuil français à 50 % du revenu médian correspond à des revenus mensuels inférieurs à 795 euros (données 2009), 26 fois supérieur au seuil utilisé par la Banque mondiale. Si on utilisait le seuil mondial d’extrême pauvreté, celle-ci aurait été éradiquée en France.

Les populations qui souffrent de l’extrême pauvreté vivent dans leur quasi-totalité dans les régions en développement. Plus de la moitié de la population est concernée en Afrique subsaharienne, et 40 % de la population en Asie du sud [3]. Cette pauvreté monétaire signifie pour certains des conditions de vie indignes, équivalentes à ce que les pays riches ont pu connaître il y a plus d’un siècle. Ainsi par exemple, seulement 60 % de la population d’Afrique subsaharienne dispose d’un accès à l’eau potable, et plus d’un milliard de personnes dans les pays en développement sont sous-alimentées. L’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (la FAO) estime qu’une personne meurt de malnutrition toutes les cinq secondes dans le monde… Dans ces pays, l’espérance de vie à la naissance est beaucoup plus faible que la moyenne mondiale : 51,5 années en Afrique Sub-Saharienne, alors que la moyenne mondiale atteint 67,6 années.

Pour la plus grande partie des populations des pays riches, l’accès aux biens de base tels que l’eau potable ne constitue plus un problème. Les maladies qui tuent au sein des pays les plus pauvres (diarrhées, paludisme, choléra, etc.) ont disparu, notamment en raison de l’amélioration des conditions d’hygiène. La plupart des pays développés se sont dotés d’un système de protection sociale permettant de garantir une partie des aléas de la vie. La grande pauvreté existe toujours, mais elle est rarement mortelle. Ces conditions de vie dont bénéficient les populations des pays riches se reflètent dans la longévité de leur espérance de vie à la naissance : elle est de 80,3 années en Europe de l’Ouest et de 79,3 années en Amérique du Nord [4].

Au-delà des éléments vitaux, les habitants des pays riches accèdent à un ensemble de services publics plus ou moins développés selon les pays. Dans ce cadre, la question de l’accès à l’école est essentielle. Si la quasi-totalité des jeunes y sont scolarisés jusqu’à 16 ans, c’est loin d’être le cas partout dans le monde. Ainsi en Afrique Sub-saharienne, le taux de scolarisation n’est que de 73 % au primaire et de 27 % au secondaire, et les conditions d’études n’ont rien à voir avec celles que connaissent les enfants des pays riches. 72 millions d’enfants en âge d’être à l’école primaire ne sont pas scolarisés dans le monde.

Comparatif des conditions de vie dans le monde
  Pays développés
Pays en développement
 
Europe
Afrique subsaharienne
Taux d'accès à l'eau potable (%) 100 84   100 60
Taux de sous-alimentation (%) 0 16   0 30
Espérance de vie à la naissance (années) 77,1 67,7   75,1 51,5
Taux de scolarisation au secondaire (%) 90 54   90 * 27
Fin des années 2000. En savoir plus : Observatoire des inégalités, "Les conditions de vie dans le monde : des inégalités qui se réduisent. * Europe occidentale et Amérique du Nord
Source : Organisation mondiale de la santé, Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, United Nations Population Division, Unesco




Deux poids, deux mesures ?

L’idée fondamentale selon laquelle tous les êtres humains « naissent libres et égaux en droits », c’est-à-dire que « tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne » [5], est aujourd’hui largement admise. Hommes ou femmes, personnes nées au Gabon, au Brésil ou en Italie, toutes et tous, en théorie, ont les mêmes droits et participent à une humanité commune. Les éléments affichés plus haut illustrent l’écart entre les principes et la réalité. Comment se fait-il que l’on s’en inquiète aussi peu ? Le peu d’intérêt que les habitants des pays riches portent à la pauvreté qui sévit au sein des pays en développement donne le sentiment qu’il existe deux poids deux mesures dans notre rapport avec les êtres humains.

Si nous accordions la même considération à tous, l’amélioration des conditions de vie des plus pauvres dans le monde devrait constituer la plus grande source de préoccupation des pays riches, bien plus que leur situation nationale. Doit-on vraiment se battre, par exemple, pour quelques années de travail en plus quand l’immense majorité des travailleurs dans le monde ne savent même pas ce qu’est la retraite ? Les femmes françaises ne seraient-elles pas exigeantes quand on connaît la situation de l’Arabie Saoudite ? Quelle est l’importance de mettre en avant des inégalités dans les taux de départs en vacances quand certains n’ont déjà pas accès à l’eau potable ?

Le manque d’intérêt porté à la situation des pays en développement constitue une forme de mépris des riches envers les pauvres. Pour certains, il relève d’intérêts économiques bien compris : si aucun mouvement d’ampleur internationale pour dénoncer la situation des femmes en Arabie Saoudite n’est vigoureusement soutenu par les gouvernements du Nord, c’est aussi que des intérêts pétroliers sont en jeu. Mais s’il est nécessaire de tout faire pour réorienter les débats, cela ne signifie pas pour autant qu’il faille oublier les inégalités et de la pauvreté au sein des pays riches, pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, la grande misère n’a pas totalement disparu dans les pays les plus opulents. Selon la Fondation Abbé Pierre, en France 200 000 personnes vivent dans des abris de fortune [6]. Sans l’aide des Restos du cœur ou d’autres associations, certaines familles auraient du mal à se nourrir. Parmi les plus pauvres des plus pauvres, on trouve notamment des travailleurs étrangers sans papiers, exploités dans leur emploi et logés à prix d’or dans des taudis par des marchands de sommeil. Des milliers de personnes vivent dans des caravanes, des cabanes ou des logements qui ressemblent fort à des bidonvilles. Le quart-monde est loin d’avoir totalement disparu du monde riche.

Même persistante, l’ampleur de cette extrême misère n’a pas grand-chose à voir avec ce qui existe dans les pays pauvres. Si l’on s’inquiète peu de ce qui s’y passe, c’est pour une autre raison : chaque société constitue, pour partie, une sphère autonome. Dans les pays riches, outre les difficultés à boucler les fins de mois, à accéder à un logement jugé décent, aux soins, etc., un des symptômes de la pauvreté est le sentiment d’exclusion sociale, le sentiment de vivre à part, d’être un citoyen de « seconde zone ». Le fait de ne pas disposer de suffisamment de ressources réduit considérablement la possibilité de développer une vie sociale « normale » par rapport au reste de la société : impossible d’aller au restaurant, au concert, de prendre des congés. Pour des parents ne pas pouvoir offrir les mêmes loisirs, les mêmes vêtements et tous les fruits de la modernité à ses enfants est particulièrement destructeur. Parfois, une telle exclusion a des conséquences concrètes : l’impossibilité de disposer d’une connexion Internet ou d’une automobile complique considérablement la recherche d’un emploi, réduit l’accès à l’information ou plus largement aux réseaux sociaux.

Des parents au chômage qui n’ont pas les moyens d’offrir des vacances à leurs enfants ne se rassurent pas en pensant que l’immense majorité des familles sur la planète ne sait même pas ce que sont des vacances… Ne se situant pas à la même échelle, la prise en compte de l’une des réalités ne peut légitimement conduire à une minimisation de l’autre. La hiérarchie des inégalités ne peut pas se faire uniquement sur leurs conséquences réelles, mais également sur leur valeur symbolique. Concrètement, un organisme comme l’Observatoire des inégalités ne pourrait éluder les questions qui se posent en France, sous prétexte que leur impact est réduit par rapport à la situation internationale. Si l’Observatoire des inégalités s’inquiète des taux de départs en vacances [7], c’est que l’écart entre le discours médiatique sur la généralisation des congés et la réalité sociale est considérable.

Pour bien comprendre cette idée, il peut être utile de la transposer de l’espace au temps. En 2009, on l’a vu, une personne seule était considérée pauvre en France avec moins de 795 euros par mois. En 1970, ce même seuil était de 387 euros [8]. Cette évolution reflète une amélioration très importante des conditions de vie des plus démunis en France. Doit-on en conclure que les pauvres d’aujourd’hui n’ont pas à se plaindre, compte tenu des modes de vie du passé ? On peut comprendre ce type de discours – très répandu – de la part de générations qui ont connu des temps plus difficiles. Mais même si le calcul des niveaux de vie prend en compte ces écarts de conditions de vie, en intégrant l’évolution du prix des denrées alimentaires, du logement ou encore de la santé, les besoins ne sont pas les mêmes : la qualité du logement, l’accès à l’éducation (et notamment aux études post-bac), etc., ont largement progressé, tout comme nos exigences sociales. Ainsi, les attributs même de la notion de pauvreté ont évolué… Dans le passé, les enfants issus de la classe ouvrière par exemple n’avaient que peu de chances d’étudier. Aujourd’hui, les études sont potentiellement ouvertes à tous, quelle que soit l’origine sociale.

Tout comme notre rapport à la pauvreté, le sentiment d’inégalité existe parce que nous nous comparons à des individus qui nous apparaissent socialement semblables. Mais l’ampleur de la sensibilité aux écarts au sein d’un territoire donné est d’autant plus importante que l’égalité constitue une valeur forte. La promesse d’égalité compte autant que la situation réelle des écarts. Plus l’on se rapproche de situations comparables, plus la sensibilité peut être grande : « Quand l’inégalité est la loi commune d’une société, les plus fortes inégalités ne frappent point l’œil ; quand tout est à peu près de niveau, les moindres le blessent. C’est pour cela que le désir de l’égalité devient toujours plus insatiable à mesure que l’égalité est plus grande », écrivait Alexis de Tocqueville au milieu du XIXe siècle [9]. C’est l’une des raisons pour lesquelles les inégalités à l’échelle mondiale nous apparaissent moins urgentes que celles observées à l’échelle nationale, malgré la réalité des faits. C’est aussi la raison pour laquelle les débats sur les inégalités sociales sont plus intenses en France qu’en Inde par exemple. Si la question des inégalités prend une telle ampleur en France, c’est nullement que les écarts y sont grands : notre pays figure parmi les moins inégalitaires au monde [10]. A l’inverse, dans les pays les plus pauvres – et particulièrement ceux où existent des castes – l’idée même d’inégalité peut paraître saugrenue : on ne se compare pas.

Les citoyens des pays riches ne peuvent s’abstraire de leur système de valeurs, d’autant plus que celui-ci est en permanence réaffirmé par l’autorité publique, quel que soit son orientation politique. Le mot « égalité » figure au fronton de toutes les mairies, est utilisé dans l’ensemble des discours, promu par la République qui a même créé des instances pour la faire respecter. « La France ne serait pas la France sans cette passion de la liberté, de l’égalité et de la fraternité qui est le propre de la République », indiquait ainsi le président de la République Nicolas Sarkozy lors d’un discours en décembre 2008 [11]…

Remettre les inégalités à leur place

A certains égards, les préoccupations des riches ressemblent bien à des préoccupations d’enfants gâtés. Il faut remettre les inégalités à leur place, prendre conscience de l’ampleur qui sépare les citoyens d’un même monde. Alerter sur les inégalités mondiales, comme le font notamment les organisations non-gouvernementales, est plus que jamais nécessaire. D’autant que, bien plus que les générations précédentes, nous disposons d’outils (statistiques toujours plus précises, médias audiovisuels, etc.) qui nous permettent de savoir avec précision et en temps réel ce qui se passe à l’autre bout du monde...

La tentation est grande de fermer la porte d’accès aux bienfaits matériels des populations du Sud, au nom de la préservation de notre « modèle social », ou par souci de l’environnement et des générations futures. Le protectionnisme de plus en plus mis en avant est aussi une façon de fermer la porte de la richesse aux pays du Sud. Pour se donner bonne conscience, de nombreux discours idéalisent ainsi les modes de vie et la culture des pays « différents » et mettent en avant les déboires consuméristes des plus riches. Ce relativisme peut être légitime s’il permet de faire comprendre que les inégalités ne décrivent pas l’ensemble de la vie sociale, s’il prône le respect des cultures dominées, ou encore s’il permet d’alerter sur les conséquences, pour l’ensemble de la planète, des modes de vie destructeurs des habitants des pays riches. Mais il ne doit pas servir d’alibi à l’abandon de la recherche de l’égalité entre l’ensemble des individus de la planète.

Cela ne doit pas conduire à basculer dans un autre relativisme, qui, au nom de l’universalité de l’humanité, oublierait la violence que constituent les inégalités subies par les habitants des pays riches et l’importance qu’il y a à les réduire. Renoncer à l’idéal d’égalité au Nord ne rendrait en rien plus égaux les habitants des pays pauvres. Au contraire : ce travail permanent constitue aussi une forme d’entraînement plus global. Il est lui-même porteur de progrès pour les autres pays. Si la jeunesse des pays arabes se révolte aujourd’hui, c’est aussi parce qu’elle observe ce qui se passe ailleurs dans le monde et peut s’y comparer. Dans un monde où l’information ne connaît plus de frontières, la possibilité de comparaison s’étend et inspire celles et ceux qui revendiquent l’égalité. Si Tocqueville a raison, alors la mondialisation devrait donner des ailes à tous les mouvements qui, au Sud, aspirent à l’égalité.

Photo/ © Delphimages - Fotolia.com



[1] Observatoire des inégalités, « Les conditions de vie dans le monde : des inégalités qui se réduisent ». Toutes les données qui suivent peuvent être retrouvées dans cet article.

[2] La Banque mondiale retient un seuil d’extrême pauvreté de 1,25 dollar par jour, soit moins de 30 euros par mois. Le taux de pauvreté est lui fixé à 2,5 dollars.

[3] Données pour l’année 2005, dernière année pour laquelle nous disposons d’estimations. Voir notre article « La pauvreté dans le monde ».

[4] Observatoire des inégalités, « L’évolution de l’espérance de vie dans le monde ».

[5] Déclaration universelle des droits de l’Homme, extraits de l’article premier et troisième. Disponible sur le site de l’Organisation des Nations Unies, voir en ligne.

[6] Observatoire des inégalités, « Le mal-logement en 2012 ».

[7] Observatoire des inégalités, « Les inégalités face aux vacances ».

[8] Observatoire des inégalités, « Les seuils de pauvreté en France ».

[9] Alexis de Tocqueville, De la Démocratie en Amérique (1840), tome II.

[10] Observatoire des inégalités, « Les inégalités de revenus dans les pays riches ».

[11] Voir la retranscription du discours ici.

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18 février 2012 6 18 /02 /février /2012 18:42
Réunion avortée en préfecture

18 février 2012

La réunion de réflexion sur le prix des carburants qui devait avoir lieu hier en préfecture a avorté. L’intersyndicale des transporteurs et Jean-Hugues Ratenon, président de l’Alliance des Réunionnais contre la pauvreté (ARCP), ont refusé de participer à la table ronde. « Tant que les vrais problèmes des Réunionnais, à savoir la cherté de la vie et la baisse du pouvoir d’achat, ne seront pas mis à l’ordre du jour de la réunion, nous n’y participerons pas », a souligné Jean-Hugues Ratenon. « Le préfet n’entend pas les revendications du peuple et des transporteurs concernant le prix des carburants. Pour la réunion de ce vendredi, il a fixé un ordre du jour qui ne correspond pas du tout à ce que nous avions demandé. Il est hors de question que nous participions à des discussions stériles », a jeté Jean-Bernard Caroupaye, porte-parole de l’intersyndicale. Dans les jardins de la préfecture, une cinquantaine de personnes s’étaient rassemblées spontanément pour venir dire leur « ras-le-bol de la vie chère ».

<p>L'ordre du jour fixé par le préfet ne correspondant pas aux demandes et attentes de l'IPR et de l'ARCP, leurs représentants ont refusé d'assister à la réunion. (photo Imaz Press Réunion)</p>

L’ordre du jour fixé par le préfet ne correspondant pas aux demandes et attentes de l’IPR et de l’ARCP, leurs représentants ont refusé d’assister à la réunion. (photo Imaz Press Réunion)

 

La réunion devait commencer à 15 heures. Les services de l’État, les représentants des collectivités locales étaient là et sont entrés en préfecture. Les représentants de l’intersyndicale des transporteurs (IPR) et des associations de consommateurs étaient là, mais sont restés dans les jardins de la préfecture. 



A 15 heures 45, Hugues Atchy, président de l’IPR, est finalement entré dans la préfecture pour dire au préfet, Michel Lalande, que sa structure et les associations de consommateurs ne participeraient pas à la réunion. « On ne va pas une nouvelle fois aller s’assoir autour d’une table et parler pendant des heures sur des questions qui ne concernent pas les préoccupations des Réunionnais », explique Jean-Hugues Ratenon. « Nous avions demandé l’ouverture de discussions sur la cherté de la vie, sur les prix des carburants et des autres produits, dont certains de première nécessité, qui n’arrêtent pas de grimper. On ne nous a pas entendus. Nous n’allons pas nous lancer dans de grandes discussions abstraites », commente encore le chef de file de l’ARCP.



Même dialogue du côté de Jean-Bernard Caroupaye. Le porte-parole de l’IPR n’est pas venu dans les jardins de la préfecture, mais sur les ondes d’une radio locale, il notait que « le préfet joue au sourd. Il affirme que 25 centimes de baisse sur le prix des carburants est impossible. Nous lui avons transmis une motion lui demandant de nous faire une proposition. Il ne nous a pas répondu ». Il poursuivait, visiblement agacé : « pour la réunion d’aujourd’hui, le préfet n’a pas tenu compte de la volonté du peuple et des transporteurs. Il a fixé un ordre du jour qui ne correspond en rien à nos attentes. Ce n’est pas au préfet de donner les directives, c’est à la population de dire ce qu’elle veut. Chacun devra assumer ses responsabilités ». Il terminait en prévenant : « le préfet nous a demandé de lever les barrages en nous promettant de discuter du prix des carburants. Nous sommes des gens responsables, nous avons levé les barrages. Il faut maintenant que chacun respecte la parole donnée. Sinon les barrages pourraient revenir ». 



Vers 16 heures 15, Jean-Hugues Ratenon est entré à son tour dans la préfecture pour aller chercher Hugues Atchy. Les deux hommes sont ressortis peu de temps après. « L’ordre du jour ne correspondait pas à ce que nous avions demandé, donc nous n’avons pas participé à la réunion », a indiqué le président de l’IPR. Jeudi, il avait été accusé par Jean-Bernard Caroupaye d’avoir été « faible » face au préfet et d’avoir « baissé la tête » devant le représentant de l’État. 



A 16 heures 30, les autres participants de la table ronde sont sortis de la préfecture. « Nous n’avons pas beaucoup discuté, nous avons juste évoqué la mise en place d’ateliers de réflexion. Mais nous ne sommes pas allés très loin dans la discussion compte tenu de la situation », a souligné Bernard Picardo, président de la Chambre de métiers. 



La cinquantaine de personnes qui s’étaient spontanément rassemblées dans les jardins de la préfecture s’étaient dispersées dans le calme. Aucune nouvelle date de réunion n’a été fixée. Un enseignement majeur est toutefois à tirer de cette journée. L’expression d’un ras-le-bol généralisé contre la cherté de la vie est en train de largement prendre le pas sur la seule revendication d’une baisse du prix des carburants.



Les appels à la mobilisation citoyenne contre la baisse du pouvoir d’achat lancés sur les ondes des radios se multiplient. Et, fait plus rare, ils semblent avoir un écho réel. Ce que prouvent les rassemblements devant les mairies, ou comme ce vendredi devant la préfecture, même s’ils sont encore timides. « Les grands mouvements commencent toujours de cette façon », veut croire Stéphanie, une habitante de La Saline les Hauts,

 

www.ipreunion.com

« mobilisée depuis plusieurs jours et prête à aller jusqu’au bout ». 

 

 

 

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18 février 2012 6 18 /02 /février /2012 18:37
Lyannaj Kont Pwofitasyon sur les propos de Guéant : Une bonne vieille "TRADITION" Raciste
 

Certains, singulièrement des élus « dits » socialistes de Guadeloupe et autres « défenseurs » des libertés se sont offusqués des propos de Claude Guéant (UMP) sur la hiérarchie des civilisations. C’est bien, il était tout de même temps, mais quand même, mieux vaut tard que jamais. Car, admettons tout de même que les propos de Guéant s’inscrivent dans une longue « tradition » raciste de mépris et d’insultes distillés au plus haut sommet de l’Etat colonial Français depuis toujours, quelque soit le régime politique, quelque soit le parti politique au pouvoir. Et cette « tradition » raciste dure et perdure avec la bienveillance de bon nombre de ceux là mêmes, qui aujourd’hui, se disent brusquement choqués.

Nous présentons ci-après quelques morceaux choisis parmi tant d’autres, d’expressions et de discours qui n’ont d’ailleurs suscité peu ou pas d’émoi, confirmant ainsi cette bonne vieille « tradition » raciste habituellement acceptée et digérée par les valets tropicaux du système colonial.

Jules Ferry, le père de l’école publique, laïque et obligatoire déclarait devant les députés le 28 juillet 1885 : « les races supérieures ont un droit sur les races inférieures » .

Le Général de Gaulle, père de la nation Française, disait le 05 mars 1959 : « C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine, et de religion chrétienne » .

Jacques Chirac le 19 juin 1991, parlant des immigrés : « ….Et si vous ajoutiez à cela le bruit et l’odeur » .

Nicolas Sarkozy, quant à lui, déclarait à Dakar le 26 juillet 2007 que : « l’homme africain n’est pas assez rentré dans l’histoire ? »

Rappelons-nous d’autres propos du candidat Sarkozy : Caen, Montpellier, … mars - mai 2007 : « Alors, c’est vrai, il y a dans notre histoire des erreurs, des fautes, des crimes, comme dans toutes les histoires de tous les pays. Mais nous n’avons pas à rougir de l’histoire de France. La France n’a pas commis de génocide, elle n’a pas inventé la solution finale. Elle est le pays qui a le plus fait pour la liberté du monde. Elle est le pays qui a le plus fait rayonner les valeurs de liberté, de tolérance, d’humanisme. Nous pouvons être fiers de notre pays, de ce qu’il a apporté à la civilisation universelle, à l’idée d’humanité. Nous pouvons être fiers d’être les enfants d’un pays de liberté et de démocratie. Nous pouvons être fiers d’être les enfants de la patrie des Droits de l’Homme » .

Toulon 7 février 2007 : « A tous ceux d’entre vous qui sont revenus des colonies en ayant tout abandonné, n’emportant avec eux que leurs souvenirs de jeunesse et cette nostalgie qui ne les quittera plus jamais, je veux dire que si la France a une dette morale, c’est d’abord envers eux. Aux enfants des harkis qui ont servi la France, qui ont dû fuir leur pays et que la France a si mal accueillis, je veux dire que si la France doit des excuses et des réparations, c’est à eux qu’elle les doit. A tous les anciens combattants de nos anciennes colonies, je veux dire la reconnaissance de la France et je veux rendre hommage à Jacques Chirac de leur avoir rendu justice » .

Paris 6 mai 2OO7 : « Je veux remettre à l’honneur la nation et l’identité nationale. Je veux rendre aux Français la fierté d’être Français. Je veux en finir avec la repentance qui est une forme de haine de soi, et la concurrence des mémoires qui nourrit la haine des autres » .

Le 02 février 2011, le Gouvernement Français lançait l’année des outre mer dont l’objectif principal était « de changer la vision des Français » sur nous, les … ultramarins, les ultrapériphériques. Les Français auraient donc une vision de NOUS. Rappelons-nous les voeux de Nicolas Sarkozy en 2011 : « Je voudrais vraiment qu’à la fin de cette action et de mon quinquennat, les Français portent un autre regard sur l’Outre-mer, qu’ils vous voient comme des gens fiers, compétents, parfaitement inscrits dans le monde d’aujourd’hui, ayant parfaitement digéré leur histoire, n’ayant ni amertume, ni revanche, simplement de l’espérance pour eux et pour leurs enfants » .

NOUS serions donc sans fierté, sans dignité, sans conscience, incompétents, fainéants, arriérés, primitifs, …. et surtout pour qu’on lui f…e la paix avec l’esclavage, il nous invitait gentiment à digérer notre histoire. Et nous savons tous ce qui suit la digestion. Aurait-il osé tenir de tels propos à Maillé où en août 1944, l’armée Allemande massacra une centaine de villageois ? Aurait-il eu le courage et l’insouciance de dire cela à Oradour sur Glane où un village entier a été brûlé et les villageois exécutés par les Allemands en juin 1944 ?

Une telle vision nous renvoie donc, inexorablement, aux expositions coloniales dont le but était d’étaler, d’exhiber la grandeur et l’immensité de l’empire colonial français mais surtout de montrer au monde et tout particulièrement aux Français « cette mission civilisatrice » qu’un pouvoir quasi divin aurait donné à la France afin d’éduquer les sauvages, cultiver les indigènes, en faire des hommes suivant les principes et valeurs catholiques, apostoliques et romaines dixit le code noir. La IIIème République ne fut pas en reste sur ce plan là. L’histoire de la France coloniale n’est pas enseignée.

Une grande majorité de Français ne savent rien de la barbarie du code noir qui définissait le statut de l’esclave. Ils ne savent pas que Napoléon était un négrier qui a rétabli l’esclavage en Guadeloupe en 1802 ou que Pierre Messmer au nom de l’état français organisa l’élimination de plus de 300 000 nègres au Cameroun. Ils n’ont jamais entendu parler du code de l’indigénat qui déterminait plusieurs catégories de Français (français français et français moins français).

Ils ne sont qu’une poignée à savoir ce qui s’est passé à Sétif (Algérie, 45 000 morts) ou à Madagascar (89 000 morts). Et encore moins nombreux sont ceux qui sauraient vous dire ce qui s’est produit les 26, 27 et 28 mai 1967 en Guadeloupe (assassinat de plus de 100 Guadeloupéens) ou sur l’île d’Ouvéa sous la présidence de Mittérand en 1988. Rien non plus de l’empoisonnement « légal » du Peuple Guadeloupéen à la chlordécone. Ils ne savent rien non plus sur le rôle moteur joué par la France dans la destruction de la nation Haïtienne et de nombre d’Etats Africains. C’est ça aussi l’histoire de « la France universelle patrie des droits de l’homme » et source d’une « grande civilisation démocratique ».

La colonisation, la traite négrière, l’esclavage et tous leurs corollaires (pillage, vol, viol, massacre, épuration ethnique, génocide, aliénation culturelle, domination économique, répression et éradication de toute contestation, racisme, soumission de la classe politique locale, …) ont assuré et assurent encore aujourd’hui à la France ses richesses, sa puissance et son autorité.

2011, année des outre mer confirme bien la vision colonialiste de la France vis-à-vis des territoires et des peuples sous sa domination. Nous sommes dans le droit fil de la loi du 23 février 2005 reconnaissant les bienfaits de la colonisation, de la domination et de l’asservissement des peuples.

Voilà, toute crue, la réalité devant laquelle certains s’émeuvent seulement à l’approche des élections ! Ce n’est pas suffisant. Surtout quand ce sont des alliés inconditionnels de Guéant et Hortefeux. Surtout quand ce sont des fidèles valets au service de l’Etat colonial.

Rappelons-nous ceux qui ont été les premiers à réclamer l’usage de la force contre le mouvement social de 2009. Les mêmes qui se sont entendus avec, Hortefeux, Guéant et Sarkozy pour renier leurs signatures, refuser l’application du protocole du 04 mars 2009 et arrêter toutes relations avec le LKP.

Ceux là mêmes qui crachent sur tous ceux qui luttent pour la dignité, le respect et la souveraineté du Peuple Guadeloupéen. Ceux là mêmes qui soutiennent les prélèvements ADN sur les syndicalistes, la répression anti syndicale et lé pwofitan kon Louisy.

Ceux-là mêmes qui ont traité LKP de fasciste le 06 mai 2009. Les mêmes qui ont traité les représentants du LKP de raciste pour avoir simplement exigé la priorité d’accès aux postes à responsabilité pour les cadres Guadeloupéens et dénoncer l’attitude des patrons békés.

Ceux-là mêmes que nous n’avons jamais entendus sur les propos racistes des Despointes, Guerlain ou récemment chez nous de Sylvie Hayot.

Ceux là mêmes qui ont fait de la Guadeloupe (congrès des élus du 15 avril 2005), un laboratoire de remise en cause des droits des étrangers débouchant sur des lois d’exception sur les contrôles expéditifs des étrangers (Haïtiens) et les expulsions sans recours suspensifs d’exécution, ce qui n’existe pas en France.

Encore les mêmes qui méprisaient les Guadeloupéens le 07 novembre 2011 en publiant et en approuvant des propos racistes stigmatisant le Peuple de Guadeloupe : « la majorité des crimes et des délits est commise par des guadeloupéens d’ascendance africaine, ce qui pose la question de la définition identitaire et communautaire de ce territoire »

 

.

ALORS, FACE AU MEPRIS, AUX INSULTES. FACE A CETTE BONNE VIEILLE « TRADITION » RACISTE, ON N’EST PAS ANTI - RACISTE ET DEFENSEUR DES LIBERTES FONDAMENTALES PAR OPPORTUNISME, YENKI DAVWA NI ELEKSYON E POU SOVE POS A MINIS A LUREL OU POUR REVENDIQUER LA GUADELOUPE FRANÇAISE !

ALORS, DORENAVANT, OSEZ :

- L’Application pleine et entière de toutes les dispositions de l’accord du 04 Mars 2009, conclu avec le LKP ;
- Revendiquer respect, dignité et un véritable développement économique, social et culturel en faveur des Travailleurs et du Peuple de Guadeloupe aujourd’hui, demain et après demain, ….en toutes circonstances, quelque soit le régime politique, quelque soit le parti politique au pouvoir ;
- Une Guadeloupe souveraine juste et équitable, débarrassée de la pwofitasyon kolonyalis é kapitalis !

LKP - Lapwent – 12 Févriyé 2012

Publié par le LKP le mardi 14 février 2012
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