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1 avril 2011 5 01 /04 /avril /2011 16:05
L’OTAN superstar en Libye

jeudi 31 mars 2011, par Philippe Leymarie

 

Depuis ce jeudi à 6 h GMT, l’OTAN — alliance transatlantique à dominante américaine, étiquetée « occidentale » — assume le commandement militaire de l’ensemble des opérations de la « communauté internationale » contre le régime libyen : les bombardements en appui aux troupes insurgées, le respect de la zone d’exclusion aérienne, le contrôle de l’embargo sur les armes. C’est ce que souhaitaient les Etats-Unis, qui ne voulaient plus apparaître en première ligne. Et c’est le contraire de ce pour quoi les diplomates français militaient depuis plusieurs semaines, en tout cas en paroles. Mais déjà, le couple franco-britannique — qui prétend conserver le « pilotage politique » de l’intervention par le truchement d’un « groupe de contact » assez fumeux — évoque la possibilité de fournir des armes aux insurgés.

Faut-il fournir des armements à la rébellion ? Cette mesure fait partie des pistes envisagées depuis quelques semaines, dans les cercles spécialisés, pour hâter la chute du régime Kadhafi, alors que - vient de reconnaître l’amiral Mike Mullen, chef d’état-major des armées américaines - les capacités de l’armée du « Guide » « n’ont été réduites que de 20 à 25% » pour le moment, son armée n’ayant « pas encore atteint le point de rupture » (en dépit du millier de missions de bombardement conduites par les avions de la coalition depuis le début de l’intervention le 19 mars, et du tir de 200 missiles de croisière Tomahawk).

Il s’agit, avec ce projet d’armer les insurgés, d’éviter l’enlisement, une hantise en matière d’intervention multinationale : la Finul est déployée au Liban depuis 1978, la K-For au Kosovo depuis 1999, l’ISAF en Afghanistan depuis 2002, l’Onuci en Côte d’Ivoire depuis 2004, etc. Une longévité rarement gage de réussite.

En dehors de ralliements espérés (ou suscités) de proches du « Guide » Mouammar Kadhafi, ou de l’éventualité qu’une partie de son armée se retourne contre lui, la livraison d’armements, susceptible d’aider les insurgés à recréer un rapport de forces favorable, est la principale « technique » pouvant hâter un dénouement. Elle est un substitut à l’envoi de troupes au sol :

— qui n’a pas été prévu par la résolution 1973 ;
— qui aurait un effet désastreux en Afrique et dans le monde islamique, surtout si ces soldats n’étaient qu’occidentaux ;
— qui n’est pas souhaité (en tout cas officiellement) par les insurgés ;
— et qui est jugé trop dangereux pour les troupes en question.

Résolution souple 

Les Etats-Unis « n’excluent pas » de possibles livraisons d’armes, ainsi que l’a déclaré le président Barack Obama en début de semaine, assurant qu’il ne « disait pas non plus que cela allait se faire ». Il est vrai qu’ils sont orfèvres en la matière (Asie, Amérique latine). On explique d’ailleurs, au département d’Etat, que la résolution de l’ONU est assez « souple » pour permettre une telle aide en matériel. Le Pentagone, en liaison avec la CIA, n’a pas manqué d’en étudier les modalités pratiques : les voies d’acheminement ne manquent pas, via l’Egypte notamment.

De hauts responsables américains ont d’ailleurs indiqué à l’agence Reuters, mercredi 30 mars, que le président Obama avait signé, ces dernières semaines, un décret confidentiel autorisant des opérations secrètes de la CIA en Libye pour soutenir les insurgés. Et selon The New York Times, de « petits groupes » d’agents de la CIA sont déployés en Libye pour prendre contact avec la rébellion et guider les frappes de la coalition.

Londres et Paris, le duo conservateur qui a pris la tête de la coalition anti-Kadhafi, y est favorable. Mercredi, le premier ministre britannique David Cameron n’a pas exclu d’armer les rebelles. La chaîne américaine ABC assure que « des dizaines de membres des forces spéciales britanniques et d’agents du service d’espionnage MI6 travaillent en Libye », en particulier pour recueillir des renseignements sur les positions des forces loyalistes.

Limite technique 

« Nous sommes prêts à en discuter avec nos partenaires », avait indiqué de son côté le ministre français des Affaires étrangères, M. Alain Juppé, qui a cependant reconnu mardi à Londres — à l’issue de la première réunion du « groupe de contact » qui revendique le pilotage politique de l’intervention contre Kadhafi — que « ce n’est pas ce que prévoit la résolution 1973 ».

Jeudi matin, lors d’un point de presse à Paris, le ministre de la défense Gérard Longuet a assuré « qu’une telle assistance n’est pas à l’ordre du jour parce qu’elle n’est pas compatible avec la résolution 1973 » : cette « limite technique ne permet pas aujourd’hui l’envoi de troupes au sol », si elle n’empêche pas l’appui aux bombardements depuis le sol. Ce principe « n’est pas remis en cause à cette heure ».

La France, qui vient d’installer à Benghazi, siège du Conseil national de transition libyen, un diplomate de haut rang [1] semble cependant avoir pris les devants : profitant de rotations à vocation « humanitaire » de navires de la marine nationale française, la DGSE — le service de renseignement et d’action extérieure — aurait livré discrètement à Benghazi, dès la mi-mars, quelques canons de 105 mm et des batteries antiaériennes mobiles [2].

Présence voyante 

Des opérations de ce type ne sont pas sans risques :

— elles impliquent la présence, qui peut être trop voyante, de formateurs ou « conseillers », pour mettre en œuvre ces matériels, dont les insurgés ne connaissent pas le maniement ;
— le risque existe qu’une partie de ces armes tombent dans des mains non désirées, par exemple celles d’activistes d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) [3] — « C’est un risque non négligeable, quand un Etat se délite », a reconnu Gérard Longuet lors de son point de presse ;
— sur un plan politique, c’est la voie ouverte aux accusations « d’ingérence » (que la Russie n’a pas manqué de formuler, aussitôt connue cette éventualité), ou à une désagrégation de la coalition (la Turquie, l’Italie, la Norvège, le Danemark, la Belgique se sont déjà prononcés contre).

Paradoxe : c’est Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’OTAN qui — pour des raisons surtout tactiques, afin de préserver l’unité de sa coalition — a dû mettre les pendules à l’heure, à l’issue de la réunion de Londres : « La résolution 1973 est très claire : elle exige l’imposition d’un embargo sur les armes. Nous sommes donc là pour protéger les populations, pas pour les armer. »

Embargo qui, si l’on en croit les nouvelles « idées » émises à Paris, Londres et Washington, pourrait donc être violé par ceux-là mêmes qui se sont donné pour mission de le faire voter et de le faire respecter… mais seulement à l’encontre d’un camp. A Washington, on fait valoir que l’embargo s’applique contre le régime de Kadhafi, et ne concernerait pas l’autre camp. En revanche, pour le représentant portugais à New-York, en charge du Comité des sanctions de l’ONU, l’embargo sur les armes est total et s’applique à tout le monde. Bref, au train où vont les débats, il faudra arracher au Conseil de sécurité une nouvelle résolution sur mesure…

"Echelle horrible"

Les Américains se désengagent-ils ? L’abandon du commandement de l’opération qu’ils avaient eux-mêmes baptisée « Aube de l’Odyssée » peut le faire penser. Il a été théorisé par le président Obama, à l’occasion d’une allocution prononcée à l’université de la défense de Washington [4] à quelques heures de la tenue de la conférence de Londres, dont voici quelques extraits :

— « Je suis absolument d’accord pour dire que l’Amérique ne doit pas faire la police partout dans le monde… Mais cela ne doit pas être un argument pour ne jamais intervenir » ;
— « Nous étions confrontés à la perspective d’un massacre de la population par Kadhafi à une échelle horrible. Ignorer cette situation et la responsabilité de l’Amérique en tant que leader aurait été une trahison de nos valeurs et de ce que nous sommes » ;
— « Le coût de la non intervention aurait été plus lourd que celui de l’intervention » ;
— « Participer au renversement de Kadhafi par la force est inacceptable », a cependant affirmé le numéro un américain, qui s’est défendu d’engager son pays dans un nouvel engrenage militaire ;
— « La recherche d’un consensus à l’ONU et le montage de la coalition nous ont pris 31 jours » ; « S’il n’y avait eu les Français et les Britanniques, il ne se serait probablement rien passé » (alors qu’il avait fallu un an de débats au temps du président Clinton, pour se mettre d’accord sur une intervention en Bosnie, a-t-il souligné).
— « Exercer le leadership ne consiste pas à agir seuls, mais à pousser les autres afin qu’ils prennent leur part du fardeau », a-t-il insisté (à l’adresse notamment des républicains, attachés au rôle « impérial » des Etats-Unis).

Opération transfert 

Dans ce discours, Barack Obama a bien précisé qu’il avait pris bien soin d’éviter d’agir de manière unilatérale, privilégiant le partage du fardeau et le transfert du commandement de l’opération à ses alliés de l’OTAN. Durant ces deux dernières semaines, l’armée américaine avait assumé le commandement opérationnel de la coalition, et assuré à elle seule plus de la moitié des frappes contre les centres de commandement, batteries antiaériennes et convois blindés des troupes loyales à Mouammar Kadhafi.

Le transfert du commandement n’est qu’un désengagement partiel, le président Obama ayant affirmé que les Etats-Unis restaient en soutien, y compris en matière de neutralisation de centres de communications, de renseignement, de transport et ravitaillement logistiques : « En raison de ce transfert à une coalition basée sur l’OTAN, les risques et coûts pour les contribuables américains seront significativement réduits », a-t-il plaidé. Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne assuraient jusqu’ici les quatre cinquièmes des sorties aériennes.

Effectif depuis jeudi 31 mars à 6 heures GMT, le transfert de l’ensemble des responsabilités opérationnelles a concerné dans un premier temps les moyens militaires, essentiellement aériens, de la Belgique, du Canada, du Danemark, d’Espagne, du Royaume-Uni et des Pays-Bas.

L’Alliance atlantique, qui assurait déjà depuis plusieurs jours deux autres missions — le contrôle de l’embargo sur les armes et l’imposition de la zone d’interdiction aérienne — planifie désormais les frappes en soutien aux insurgés libyens.

En famille  

Le centre d’opérations aériennes combinées de l’OTAN (CAOCC) de Poggio Renatico, dans le nord de l’Italie, a commencé à émettre les ordres opérationnels sous forme de plans de vol pour les unités engagées dans la campagne aérienne en Libye, mettant en œuvre les directives du Commandement aérien d’Izmir (ACC), en Turquie, en liaison avec le commandement maritime (MCC) et le commandement inter-armes de l’opération (JFC) basés à Naples, en Sicile.

Selon l’état-major français, la « bascule » s’est faite sans heurt, en raison de la longue expérience de travail sous procédures OTAN des principaux pays concernés. En outre, la nouvelle chaîne de commandement est un décalque de l’ancien dispositif de coordination assuré par les forces américaines en Europe. L’amiral James Stavridis, qui supervise l’ensemble de l’intervention en tant que commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR)… faisait de même, ces deux dernières semaines, en tant que commandant des forces américaines en Europe.

Quant au général canadien Charles Bouchard, nommé ces derniers jours commandant de l’opération OTAN en Libye, il a effectué l’essentiel de sa carrière dans les état-majors américains, et il est l’adjoint en titre de l’amiral Samuel Locklear, chef du commandement conjoint (JOC) de l’Alliance à Naples… qui commandait ces dernières semaines l’opération américaine « Odyssey Dawn » (Aube de l’Odyssée) depuis le Mount Whitney, navire-amiral de la 6ème flotte. On reste en famille…

Notes

[1] M. Antoine Sivan, ancien sous-directeur pour le Moyen-Orient au ministère des affaires étrangères.

[2] Cf. Le Canard enchaîné, 16 mars 2011.

[3] L’amiral James Stavridis, commandant des forces américaines en Europe, a évoqué récemment des « signes » de leur présence au milieu des insurgés libyens.

[4] Même son ex-adversaire à l’élection présidentielle de 2008, le républicain John McCain, a vanté « l’excellence » de ce discours.

 
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1 avril 2011 5 01 /04 /avril /2011 16:01
Le Japon nucléaire ou l’hubris puni

Mars 2011 devrait marquer dans l’histoire japonaise une rupture comparable à celle d’août 1945, signant la mort d’un modèle particulier d’organisation de l’Etat et de l’économie, En août 1945, les champignons atomiques qui avaient éclaté dans le ciel de Hiroshima et de Nagasaki avaient sonné le glas de la guerre dans laquelle les jeunes officiers de l’armée du Kwantung avaient entraîné le Japon quinze ans auparavant. De la même manière, la crainte d’une nouvelle apocalypse nucléaire née du chaos engendré par le tremblement de terre et le tsunami du 11 mars 2011 devrait marquer une rupture avec les choix opérés année après année par l’oligarchie aux affaires depuis l’immédiat après-guerre et dont l’Etat nucléaire est l’œuvre.

A la différence du désastre de 1945, aux causes purement humaines, celui de 2011 a pour origine des phénomènes naturels mais largement aggravés par les décisions des hommes. Les deux catastrophes ont néanmoins ceci en commun qu’elles auront ébranlé le monde.

Durant plusieurs décennies, le « syndrome de Hiroshima », autrement dit : la peur et la répulsion du peuple japonais à l’égard de tout ce qui a trait au nucléaire, avait conduit les autorités nippones à entourer de la plus grande discrétion leur coopération militaire dans le cadre de la stratégie de dissuasion nucléaire des États-Unis. A telle enseigne que les « traités secrets » (mitsuyoku) entérinant cet engagement, et plus particulièrement les accords conclus dans les années 1960 et 1970, n’ont été rendus publics qu’il y a deux ans seulement, lors du changement de pouvoir (1). C’est également dans l’opacité la plus totale, et sans jamais être soumise à la sanction des urnes, qu’a été prise la décision de poursuivre une politique énergétique nationale principalement axée sur le nucléaire. La catastrophe de Fukushima fait éclater au grand jour les manipulations de tous ordres rendues nécessaires par la mise en œuvre d’un tel programme : campagnes publicitaires répétées, dissimulation, mensonge, en particulier en cas d’incident, ou encore désinformation quant aux risques encourus et au niveau de sécurité des systèmes de protection entourant les installations.

Alors qu’aucune voie de sortie de la crise actuelle ne semble se dessiner, il apparaît d’ores et déjà que la démocratie japonaise devra repenser le cadre qui a permis à ses dirigeants d’écraser toute opposition pour conduire le pays au point de rupture où il se trouve. Au-delà de la hantise d’une fusion nucléaire et de ses conséquences sur la santé humaine et l’environnement, ou encore des problèmes causés par les coupures d’électricité, il s’agit bien d’une crise de la gouvernance et de la démocratie. Le temps semble venu pour les citoyens de se frayer un chemin pour reprendre le contrôle de monopoles aux mains d’une classe dirigeante composée de hauts fonctionnaires et d’acteurs politiques ou économiques dont le bilan s’avère calamiteux, pour inventer un mode de gestion des affaires publiques durable et responsable. La recherche de nouvelles formes de production d’énergie et de développement socio-économique – et à terme d’un nouveau modèle – émerge comme l’enjeu majeur que devra demain relever la société japonaise.

Qu’un pays martyr du nucléaire ait embrassé avec une ferveur frôlant parfois l’obsession cette source d’énergie constitue un réel paradoxe. Jouissant d’une position privilégiée et protégée dans l’orbite des Etats-Unis, le Japon est devenu au cours des cinquante dernières années un Etat très fortement nucléarisé et une superpuissance du plutonium. Il est le seul pays non nucléaire militairement à être engagé dans le développement d’usines d’enrichissement et de retraitement d’uranium, ainsi que dans le projet du surgénérateur. Ses dirigeants ont fait le choix de considérer le plus dangereux minerai connu de l’humanité comme une solution magique pour assurer la sécurité énergétique du pays. Et, pendant que la « communauté internationale » concentrait son attention sur la menace émanant de la Corée du Nord, le Japon échappait à la vigilance internationale et poursuivait sa destinée nucléaire.

C’est une dizaine d’années seulement après Hiroshima et Nagasaki, à l’époque des « atomes pour la paix » du président américain Dwight D. Eisenhower, que la commission à l’énergie atomique nippone a commencé à poser ses premiers jalons. Le programme nucléaire de long terme lancé en 1967 incluait déjà le cycle de combustion et le projet de surgénérateur. La production d’énergie nucléaire n’a depuis cessé d’augmenter, pour alimenter une part de plus en plus importante du réseau national. De 3 % de l’énergie produite en 1973 au moment du premier choc pétrolier, elle a progressé jusqu’à 26 % en 2008 et atteint aujourd’hui 29 %. En 2006, le ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie (METI) inaugurait sa « nouvelle politique énergétique » avec pour objectif de faire du Japon une puissance nucléaire (genshiryoku rikkoku). La feuille de route prévoyait le développement du nucléaire, de l’hydroélectricité et d’autres formes d’énergies renouvelables (le nucléaire constituant la plus grande part) afin de parvenir à couvrir 50 % des besoins énergétiques du pays en 2020, 70 % en 2030. Dans le cadre du plan pour les besoins énergétiques de base conçu en 2010, neuf nouveaux réacteurs auraient dû être construits d’ici à 2020 (aucun n’ayant été construit depuis les années 1970) pour un total de quatorze à atteindre en 2030. Dans le même temps, la capacité de rendement des réacteurs existants aurait dû être relevée de 60 % en 2008 à 85 % en 2020 et enfin à 90 % en 2030.

Le rêve d’une énergie éternelle et infinie a inspiré des générations de bureaucrates japonais. A proximité du réacteur au plutonium de Monju, le parc à thème dédié au nucléaire de Tsuruga, « Aquatom Nuclear Theme Park-Science Museum », accueille les visiteurs avec ces mots : « Le Japon est pauvre en ressources naturelles… C’est pourquoi Monju, un réacteur au plutonium, est nécessaire. Car le plutonium peut être utilisé pendant des milliers d’années. »

Des milliards de milliards de yens ont été investis dans des programmes de recherche et développement, tandis que des budgets additionnels colossaux étaient consacrés à la construction de gigantesques complexes industriels. Si les chiffres avancés par la très officielle Fédération des compagnies d’électricité sont fiables, la centrale de Rokkasho, dans le nord de la province du Honshu, aura coûté au terme de ses quarante ans de vie la somme de 19 trillions de yens, ce qui en ferait l’installation nucléaire civile la plus chère du Japon et peut-être même du monde.

Le pays maîtrise la chaîne complète de combustion nucléaire. Il construit des usines de retraitement des déchets, brûle un mélange de plutonium (comme c’est le cas depuis fin 2010 dans le réacteur n° 3 de la centrale de Fukushima Dai-ichi), et stocke de grands volumes de déchets de faible activité. Il s’est en outre engagé dans la mise au point de la surgénération, une technologie si difficile à maîtriser et si coûteuse que tous les autres pays l’ont pour le moment laissée de côté, la considérant comme un rêve hors de portée. De la préparation du combustible à la construction puis à la mise en marche des réacteurs ; de l’extraction des déchets à leur retraitement et à leur stockage, chaque étape du cycle posait problème bien avant que le tsunami ne vienne submerger la centrale de Fukushima.

Un mémorial aux désastres

Jusqu’au 11 mars 2011, le Japon comptait cinquante-quatre réacteurs en activité. Et le choix de stocker des déchets très puissamment toxiques d’une durée de vie aussi longue dans des piscines situées à côté des réacteurs s’est révélé être une erreur fatale. Selon Robert Alvarez (2), les piscines de décontamination présenteraient une radioactivité de cinq à dix fois supérieure à celle relevée au cœur du réacteur. « Un seul de ces bassins, affirme-t-il, contient une concentration de césium 137 supérieure à celle libérée par l’ensemble des essais nucléaires conduits dans l’hémisphère Nord. » Et de poursuivre : « Les émanations de césium 137 consécutives à un incendie rendraient une région plus vaste que celle de Tchernobyl inhabitable. » Dislocation survenue sous le coup de l’impact du séisme ou fuites dues à l’effondrement de la structure ? Quoi qu’il en soit, les crayons de combustibles de plusieurs des usines ont été partiellement exposés, et il y a eu des feux, dont les conséquences restent à évaluer. Quant à l’amorce de refroidissement, elle n’a été réalisée qu’au prix d’immenses efforts et pour des résultats limités, en utilisant de l’eau de mer déversée au moyen de lances à incendie, larguée depuis des hélicoptères, puis finalement en parvenant in extremis à réamorcer des pompes.

Une fois la crise passée, ces usines devront être décontaminées puis démantelées. Un chantier qui s’annonce d’ores et déjà difficile et coûteux. Le processus devrait en outre s’étaler sur plusieurs années, au moins une décennie. Dans le même temps il faudra trouver un moyen de compenser le manque à gagner en termes de production d’électricité. Les centrales seront-elles recouvertes d’un sarcophage de béton comme ce fut le cas pour Tchernobyl ? Dans tous les cas, il y a fort à parier qu’elles deviendront un mémorial aux erreurs dévastatrices commises par le Japon nucléaire de l’après-guerre.

Avant Fukushima, d’autres complexes parmi les plus connus avaient déjà suscité les plus vives inquiétudes. Le 16 juillet 2007, la plus grande centrale nucléaire du monde, celle de Kashiwazaki à Niigata, dont les sept réacteurs génèrent 8 000 mégawatts (MW), avait résisté à un séisme d’une magnitude de 6,8 alors qu’elle n’avait pas été conçue pour supporter une secousse d’une telle force. L’incident avait été l’occasion de découvrir que les structures avaient été édifiées sur une faille jamais détectée auparavant. Si, dans ce cas, le pire a pu être évité, des dysfonctionnements ont cependant été constatés : conduits éventrés, incendies et rejet de particules radioactives dans la mer et l’atmosphère. L’usine Hamaoka de Shizuoka, à 190 kilomètres au sud-ouest de Tokyo, compte cinq réacteurs. Elle est elle aussi construite dans une zone sismique (à la jonction des plaques eurasienne, pacifique philippine et nord-américaine) dont les sismologues préviennent qu’elle devrait bouger dans un avenir proche. A cela, l’opérateur du site répond que toutes les dispositions sont prises pour résister à un tremblement de terre de 8,5, ce qui correspond à la magnitude la plus importante enregistrée dans la région. Le séisme de force 9 qui a frappé Fukushima a, en quelques minutes, rendu ces dernières estimations caduques. Si un tel événement devait se produire à Hamaoka, ce sont trente millions de personnes qu’il faudrait évacuer.

A l’heure actuelle, un autre projet soulève la controverse. Deux réacteurs devraient en effet être implantés à Kaminoseki, une petite commune de 3 700 habitants située au sud du parc naturel de la mer Intérieure, à 80 kilomètres de Hiroshima. Le début des travaux est annoncé pour 2018 pour l’un et 2022 pour l’autre. Après trente ans de délais et de reports principalement dus à la forte opposition de la population locale, notamment de la part de la petite communauté de pêcheurs de l’île d’Iwaishima, située à quatre kilomètres au large de la future centrale, le défrichement du site et le remblaiement de zones maritimes a commencé en 2010. Depuis, les incidents entre bateaux de pêche, canoës, kayaks et les bateaux de la société n’ont cessé de se multiplier. A la lumière des récents événements, il apparaît difficilement imaginable que le gouvernement choisisse aujourd’hui d’intervenir pour faire taire les protestataires. A l’inverse, le préfet de région est récemment intervenu pour demander l’arrêt du chantier.

Quand l’Agence internationale de l’énergie réclamait un moratoire

Les réacteurs nucléaires génèrent de grandes quantités de déchets qui doivent être stockés ou retraités. Depuis 1992, les déchets à haute teneur en radioactivité sont retraités dans les usines de Sellafield en Angleterre et de la Hague en Normandie. Chaque cargaison acheminée vers ces destinations contient une concentration de plutonium équivalente à dix-sept bombes atomiques. L’ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), M. Mohammad El-Baradei, considérait le retraitement comme un processus si dangereux qu’il ne pouvait être effectué que strictement encadré par des règles internationales. Il avait en outre demandé au Japon un moratoire de cinq ans sur l’enrichissement et le retraitement. Une injonction que le Japon avait ignorée, considérant que la mesure devrait s’appliquer aux nouveaux projets et non pas aux centrales opérationnelles depuis des décennies.

La centrale de Rokkasho, au nord de Fukushima dans le département d’Aomori, regroupe sur le même site production d’énergie, retraitement, enrichissement et stockage des déchets. Cela en fait le plus grand centre nucléaire civil du monde. Son unité de retraitement peut convertir 800 tonnes de déchets par an. A cela viennent s’ajouter chaque année huit tonnes (l’équivalent de 1 000 têtes de missiles nucléaires) de plutonium pur utilisable à des fins militaires. Après de nombreux contretemps, le retraitement a finalement débuté en 2006 à titre expérimental, sans jusqu’à présent atteindre son plein régime en termes de rendement commercial. Une autre unité de retraitement, celle de Tokaimura, est fermée depuis 1999 à la suite d’un accident survenu au niveau du surgénérateur qui avait causé l’irradiation de centaines de personnes et tué deux ouvriers. Depuis, les déchets s’accumulent. La plupart sont stockés, comme à Fukushima, autour du réacteur dont ils sont extraits.

Dans le cas de Rokkasho, même si le retraitement devait commencer prochainement, le procédé ne pourrait concerner qu’une infime partie des résidus accumulés au fil des ans. Ceux-ci étaient estimés à 12 600 tonnes en 2006. La question des déchets japonais, y compris le plutonium (le Japon détient un cinquième des stocks mondiaux de plutonium à usage civil), continuera donc d’exiger réponses et prise en charge.

Les déchets de faible activité sont conservés dans des fûts de 200 litres. Dans certains cas, ceux-ci sont entreposés sur le site même des réacteurs, dans d’autres, ils sont acheminés vers le dépôt souterrain de Rokkasho, conçu pour recevoir trois millions de fûts. Les quarante cavités, d’une capacité de dix mille conteneurs chacune, creusées sur le site seront ensuite recouvertes de terre et devront être placées sous bonne garde pendant trois cents ans. Les montagnes artificielles ainsi formées pousseront alors comme autant de champignons vénéneux dans ce coin rural et tranquille de la région d’Aomori.

Les déchets de haute activité sont vitrifiés et déposés dans des conteneurs avant d’être retournés à Rokkasho, où ils sont stockés pour une durée de trente à cinquante ans en attendant que leur température descende lentement de 500 à 200 degrés. C’est seulement à ces conditions qu’ils pourront être ensevelis à plus de 300 mètres de profondeur. Leurs radiations mettront plusieurs millénaires à se dissiper.

Le combustible mixte d’oxyde d’uranium et de plutonium (MOX) utilisé dans le réacteur n° 3 de la centrale de Fukushima constitue une manière de réutiliser le plutonium sans le convertir en déchet, mais au contraire en l’intégrant activement au cycle énergétique éternel. Les surgénérateurs apportent également une solution au problème de l’accumulation du plutonium. Ils permettent en effet de « générer », c’est-à dire de produire une quantité plus importante que celle introduite au départ, un plutonium pur de très haute qualité. Les risques et les coûts liés à cette technologie sont si importants que le Japon est aujourd’hui le seul pays à poursuivre dans cette voie en dépit des piètres résultats obtenus (3). Le prototype de surgénérateur de Monju, implanté à Tsuruga, dans le département de Fukui sur la côte occidentale, a dû être fermé en 1995 à la suite de la tentative de camoufler un incendie par négligence survenu en raison de fuites de sodium. Le jugement rendu dans cette affaire par la Cour suprême en 2003 avait autorisé la réouverture du site, mais des difficultés techniques ont empêché d’en reprendre l’exploitation. Selon les prévisions actuelles, le surgénérateur devrait être opérationnel en 2050, soit avec soixante-dix ans de retard sur l’objectif initial, et Monju devrait être remplacé par une nouvelle centrale à l’horizon 2030. Tout ceci pour un coût d’un trillion de yens.

Erreurs humaines et pratiques frauduleuses

Le Japon est aujourd’hui la victime des erreurs d’appréciation désastreuses et des pratiques frauduleuses qui ont émaillé son histoire depuis un demi-siècle. De la falsification de documents à la fabrication de rapports, en passant par la mystification des inspecteurs de la sûreté nucléaire, la minimisation des risques et le manque total de transparence concernant les incidents et les arrêts d’urgence, aucune forfaiture n’aura été négligée pour poursuivre dans la voie choisie. Voir l’un des pays les plus avancés du point de vue scientifique comme du point de vue technologique en être réduit à tenter de stopper un processus de fusion nucléaire par des moyens aussi dérisoires que des lances à eau et des seaux, conduit le peuple japonais, et avec lui les peuples du monde entier, à s’interroger. Quel pays, parmi tous ceux à qui les Etats-Unis ont promis une renaissance nucléaire, serait capable de faire mieux dans de telles circonstances ?

Malgré la catastrophe qui continue de menacer, la sortie du nucléaire n’est pas pour demain. La classe dirigeante continuera à poursuivre ses rêves de leadership mondial. Elle continuera aussi à envisager le nucléaire comme une énergie propre et illimitée capable de résoudre le problème du réchauffement climatique, et souhaitera le maintien d’une force nucléaire dissuasive (bras armé des Etats-Unis dans le Pacifique). Pour une grande partie de la population, en revanche, les attentes sont tout autres. De plus en plus de voix s’élèvent pour en appeler à l’émergence d’un processus de décision réellement démocratique, à la fin du nucléaire militaire et à la programmation d’une sortie du nucléaire civil. Les aspirations portent aussi sur le développement des énergies renouvelables, la fin des émissions de gaz à effets de serre, et le recyclage des matériaux existants.

Dans l’épreuve de force qui oppose une bureaucratie fermement attachée à un Japon nucléaire et une société civile impatiente de voir émerger une nouvelle donne sociale, économique et écologique, il y aura eu un avant et un après 11-Mars.

Gavan McCormack.
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1 avril 2011 5 01 /04 /avril /2011 15:52

 

vendredi 1er avril 2011

Après Ben Ali, quelle police en Tunisie ?

Dès son arrivée au pouvoir, fin février, le nouveau premier ministre tunisien, M. Béji Caïd Essebsi, a fait annoncer la suppression de la police politique et de la Direction de la sûreté de l’Etat (DSE), héritière du « poste » de la Direction de la sécurité du territoire (DST) crée par les autorités françaises à la veille de la seconde guerre mondiale. La mesure a été bien accueillie, même si une polémique a rapidement été engagée sur les effectifs réels de la « police politique », le ministre de l’intérieur, M. Farhat Rejhi, un pénaliste de 59 ans sans expérience politique, remercié depuis, la réduisant dans une interview à Al-Jazira à « 200 individus » tandis que le directeur des Forces spéciales, M. Nabil Abid, sans doute plus près de la vérité, évoquait le chiffre de « deux mille policiers ».

 

En réalité, pendant 23 ans, la Tunisie a vécu sous un système policier dont la « police politique » n’était qu’un des rouages. A sa tête se trouvait Zine El-Abidine Ben Ali en personne. Le dictateur a fait toute sa carrière dans les services de sécurité, d’abord dans l’armée comme directeur de la sécurité militaire pendant plus de dix ans, ensuite à la tête de la sûreté nationale à deux reprises, enfin comme secrétaire d’Etat puis comme ministre de l’intérieur, poste qu’il occupait un mois encore avant le coup d’Etat du 7 novembre 1987. « Il se consacre exclusivement aux questions de sécurité, il a le contact direct avec les commissaires de police et les officiers de la garde nationale », constatait en octobre 2007 un ancien ministre. A ses côtés, le général Ali Seriati, responsable de la garde présidentielle, une brigade d’environ deux mille à trois mille hommes venus de l’armée, de la garde nationale et de la police, le secondait et répondait de l’application sur le terrain des décisions prises au sommet. Le ministre de l’intérieur était, en réalité, dessaisi de ses pouvoirs de police au profit de la présidence, « le gouvernement de Carthage ».

 

Le parti du président, le RCD, transformé en annexe de la police, était chargé de faire remonter les informations recueillies par ses militants et ses milliers de comités de quartiers sur les partisans de l’opposition déjà repérés, dont on suivait les faits et gestes en temps réel, ou presque, et de repérer tout « anomalie » susceptible de se produire dans le voisinage. Le « militant-indic » avait un numéro de téléphone à contacter au cas où. En échange, il bénéficiait de l’appui du parti dans ses entreprises et/ou d’une rétribution en nature ou en espèces. Sur les deux millions de membres du RCD, seule évidemment une minorité a participé à ce gigantesque système d’espionnage qui s’inspirait sans doute de ce que Ben Ali avait pu voir dans la Pologne communiste des années 1980, du temps où il y était ambassadeur. Mais, à la différence de ce qui s’est passé en Europe de l’est, il est peu probable qu’on retrouve des dépôts d’archives importants, les procédures ayant été le plus souvent orales.

 

S’ajoutaient à l’innombrable armée des « indics », un appareil sophistiqué d’interception du courrier et de contrôle du téléphone et d’Internet. Les écoutes et l’installation de micros ont été généralisés et, par exemple, une importante personnalité en proie à l’hostilité de la « famille » BAT (Ben Ali & Trabelsi) ne parlait chez elle qu’une fois la radio allumée et les fenêtres ouvertes. Cette psychose répondait aux attentes du dictateur en restreignant les conversations et en traquant la liberté d’expression jusque dans les maisons particulières. Le procès fait en 2000 à des lycéens accusés d’avoir accédé sur Internet à des sites interdits montre l’efficacité de ces procédés. Eric Rouleau, qui fut ambassadeur de France à Tunis, raconte dans le Monde diplomatique de février 2011 que Ben Ali, alors ministre de l’intérieur, lui avait lu « presque mot pour mot, des télégrammes confidentiels adressés au Quai d’Orsay… » Le contrôle devait être encore renforcé cette année et la Loi de finances 2011, adoptée en décembre dernier, prévoyait d’acquérir à l’étranger une installation d’une valeur de 126 millions de dinars tunisiens (65 millions d’euros). Le projet était financé par un prêt étranger et le fournisseur n’était pas nommé.

 

A l’extérieur de la Tunisie, le système se prolongeait via les consulats où les commissaires de police ont peu à peu remplacé les diplomates pour mieux surveiller les communautés tunisiennes implantées à l’étranger. En France, la Tunisie entretient neuf consulats dont le responsable est souvent un commissaire de police. A Strasbourg, en 2000, un diplomate tunisien en poste, Khaled Ben Said, est accusé par une tunisienne de lui avoir fait subir pendant deux jours au commissariat de Jendouba des actes de torture et d’humiliation (suspension à une barre de fer posée entre deux tables et coups de bâtons, violences sur les parties génitales, insultes...) pour l’amener à espionner pour le compte de la DSE plusieurs militants — dont son époux, réfugié politique en France depuis mai 1996 — suspectés d’appartenir à un mouvement islamiste. Courant avril 2001, elle apprend que son tortionnaire est vice-consul au consulat de Tunisie à Strasbourg. Le 9 mai, une plainte est déposée au parquet de Paris qui se dessaisit en juin au profit de celui de Strasbourg. M. Ben Said prend la fuite…

 

Les ambassadeurs eux-mêmes n’échappaient pas à la surveillance et l’on raconte que l’un d’entre eux, en poste à Paris, découvrant un matin un des policiers de l’ambassade qui visitait son ordinateur personnel, s’en émut et téléphona sur-le-champ à Ben Ali, qui le prit fort mal : « Comment ? Tu oses me déranger pour ça ! » Le mois suivant, le diplomate était rappelé à Tunis. Des ministres étaient également écoutés si leur loyauté à l’égard du dictateur était mise en cause.

 

Informés par téléphone ou par les résultats des écoutes et de la violation des correspondances des faits et gestes des « cibles », la présidence décidait de la riposte à Tunis et dans les affaires significatives ; dans le reste du pays, les gouverneurs étaient en charge des affaires de police. L’éventail des représailles était large. Elle pouvait faire intervenir des gros bras du RCD, les milices du parti, une institution aussi vieille que lui, pour casser la gueule à l’opposant, le menacer par téléphone, inquiéter sa famille par des intimidations en pleine rue, le priver de ses papiers (passeport), envoyer les agents du fisc éplucher ses comptes et lui infliger des amendes ruineuses ou l’empêcher d’exercer sa profession. Par exemple, deux policiers en tenue s’installaient à demeure devant la porte du cabinet des avocats trop remuants. Un stratagème imparable pour faire fuir la clientèle et les ruiner.

 

La répression ne s’arrêtait pas là. Toute une procédure était suivie pour interpeller les opposants. L’un d’eux raconte : « Je circulais en automobile en ville, une autre voiture m’a coincé contre le trottoir, avant que je réagisse un homme est monté dans mon véhicule avec un pistolet au poing et m’a intimé l’ordre de suivre la voiture qui était devant moi. Nous sommes arrivés dans la cour d’un immeuble, le premier policier m’a confié à un second qui a commencé à m’interroger. Puis un troisième m’a emmené voir des gens se faire torturer. Enfin, un quatrième m’a poussé vers la salle de torture… »

Qui torturait ? De petites équipes venant indifféremment de la garde présidentielle, de la DSE, des renseignements généraux ou de la garde nationale. Tous les policiers appartenant à ces trois corps n’étaient pas des tortionnaires, mais chacun jouait sa partie dans un système où la torture avait sa place, toute sa place. L’objectif recherché, qui était de faire régner la peur, et donc de faire taire la contestation, a été largement atteint. En revanche, la qualité de l’information recueillie par l’appareil policier était, semble-t-il, très médiocre et tournait surtout autour de questions d’argent et de sexe. Son traitement était encore plus mauvais et les mauvaises surprises n’ont pas manqué, que ce soit à Djerba en 2002 ou à Soliman en 2006. La coopération avec les services antiterroristes occidentaux, notamment américains, et arabes a quelque peu compensé les faiblesses techniques des Tunisiens. Ce sont, par exemple, les « Moukhabarte » égyptiens du général Omar Souleyman qui ont averti Tunis en décembre 2006 du regroupement de djihadistes islamiques à Grombaldia. Aux polices européennes, les autorités tunisiennes offrent de faciliter le recrutement d’agents pour officiellement infiltrer les groupes tentés par le terrorisme, en réalité souvent pour pénétrer les organisation d’opposants sous prétexte de terrorisme…

 

Après le 14 janvier 2011 et l’effondrement du despotisme mafieux de Ben Ali, la gestion des affaires de police a été chaotique. Le premier titulaire du portefeuille de l’intérieur l’a occupé deux semaines et n’a rien fait. La liquidation de la garde présidentielle et l’arrestation de son chef ont été assurées par l’armée. Son successeur est un magistrat sans grande expérience des questions de sécurité qui, quatre jours après sa nomination, a failli être enlevé dans son bureau par des policiers en colère. Secouru par les militaires, il a immédiatement limogé près de quarante responsables des services de police relevant du ministère de l’intérieur et promis des réformes. Prise dans la précipitation, la mesure a déstabilisé un peu plus encore les forces de police et aggravé l’insécurité pendant les premières semaines de février. En particulier, la nomination d’un militaire, le général Ahmed Chebir, jusque-là chef du renseignement militaire, à la tête de la sûreté nationale s’est mal passée. Le ministre et le général se sont opposés, le premier intervenant à tout bout de champ dans ce qui relevait des compétences du second. L’atmosphère dans la salle d’opération du maintien de l’ordre au ministère de l’intérieur a vite tourné à l’orage. Le 1er mars, le ministre a limogé le général et nommé un ancien directeur de la sûreté du temps de Ben Ali, M. Abdessatar Bennour, un magistrat comme lui, sans informer le nouveau premier ministre. L’erreur était politique et quelques jours plus tard, M. Nabil Abid était chargé par intérim de la direction de la sûreté. De même, le renvoi d’une dizaine de commissaires de district en charge des plus grandes villes a sans douté été insuffisamment sélectif…

 

Trois directeurs en à peine un mois, c’est évidemment beaucoup et l’amateurisme du ministre a, à l’évidence, compliqué une situation qui l’était déjà beaucoup.

Finalement, le 28 mars, le premier ministre a nommé un « professionnel », M. Habib Essid, le quatrième titulaire du portefeuille en un trimestre. Le choix a été critiqué par ceux qui entendent exclure de la vie publique ceux qui ont occupé une charge sous Ben Ali. M. Essid, qui a été chef de cabinet du ministre de l’intérieur dans les années 2000, devra relever un défi d’importance. Selon un sondage GMS du 30 mars 2011, 70 % des tunisiens mettent la sécurité au premier rang de leurs préoccupations devant l’emploi (50 %) et la démocratie (40 %).

Jean-Pierre Séréni
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1 avril 2011 5 01 /04 /avril /2011 15:49
Pas de salariés sans droits dans les entreprises !

mardi 29 mars 2011

 

Non à la prolifération du travail non et mal déclaré ! La lutte contre le travail illégal passe aussi par la régularisation des salarié(e)s sans papiers !

Le mercredi 30 mars 2011, se réunit la Commission Nationale de Lutte contre le Travail Illégal, présidée par M. Xavier Bertrand, ministre du Travail et à laquelle participent les représentants des ministères dits concernés, les organisations d’employeurs et les organisation syndicales de salariés.

 

A cette occasion, les travailleuses et travailleurs sans papiers en lutte depuis octobre 2009 se rassembleront, avec la Cgt :

mercredi 30 mars 2011 de 9 h à 12 h - métro Varenne

 

Ce rassemblement a pour objectifs de rappeler au gouvernement :

• Vous devez respecter vos engagements pris le 18 juin 2010 et après, et toujours mal tenus, concernant la régularisation administrative de ces salariés et de l’ensemble de ceux dont les dossiers ont été déposés quel que soit le département.

• Les textes de régularisation, et en particulier la possibilité de déposer de nouveaux dossiers de régularisation par le travail, doivent rester en vigueur au delà du 31 mars 2011.

• Les salariés non déclarés ou mal déclarés doivent pouvoir être régularisés : l’expérience montre que c’est un moyen efficace pour lutter contre le travail « au noir » et ses méfaits. Elle doit se poursuivre et s’amplifier !

• Les sanctions administratives n’assainissent pas le marché du travail, elles contribuent à précariser un peu plus les salarié(e)s et à renforcer le travail « au noir » !

A l’issue de la réunion de la Commission, après le compte rendu aux salariés, un point de presse sera organisé à 11 h 45 sur place avec la participation de :

• Raymond Chauveau, coordination Cgt du mouvement des travailleurs sans papiers

• Francine BLANCHE, membre de la Direction confédérale de la Cgt, en charge des droits sociaux et discriminationsfvg.

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1 avril 2011 5 01 /04 /avril /2011 12:28
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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 21:28

Bonjour

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Chers amis,



Samedi dernier, Iman al-Obeidi a fait irruption dans un hôtel de Tripoli pour confier à des journalistes qu'elle venait d'être violée par 15 miliciens de Kadhafi. Elle a aussitôt été emmenée de force par les hommes de main du régime, et depuis personne ne l'a vue. Envoyons un appel gigantesque à la Turquie - qui a déjà aidé à la libération d'autres otages en Libye - pour qu'elle sauve Iman. Signez et faites suivre l'appel: 

Signez la pétition

Samedi dernier, une jeune avocate du nom d'Iman al-Obeidi a fait irruption dans un hôtel de Tripoli pour supplier des journalistes étrangers de lui venir en aide, montrant ses ecchymoses et expliquant en larmes qu'elle venait d'être violée par 15 miliciens de Kadhafi. Elle s'est mise à hurler quand des agents du régime l'ont emmené de force, et depuis personne ne l'a vue.

Les mots ne suffisent pas pour exprimer le courage dont a fait preuve Iman en s'exprimant ainsi -- on ne peut qu'imaginer sa terreur alors qu'elle se trouve en ce moment à la merci des hommes de main de Kadhafi. Sa vie est en danger, mais nous pouvons l'aider, si nous agissons vite.  

Kadhafi est indifférent à l'indignation d'une grande partie de la communauté internationale, mais il a écouté le gouvernement turc lorsque celui-ci lui a demandé de libérer des journalistes étrangers. A nous de faire résonner au plus vite un gigantesque appel mondial adressé au Premier ministre turc Erdogan pour sauver Iman -- signez la pétition et faites suivre ce message à tous. L'appel sera remis en mains propres au consulat turc de Benghazi, et à travers des encarts publicitaires en Turquie, dès que nous aurons atteint 500 000 signatures:  

http://www.avaaz.org/fr/free_iman_al_obeidi_fr/?vl

Iman a déclaré qu'elle avait été arrêtée à un poste de contrôle à Tripoli puis violée et battue pendant deux jours par 15 hommes des services de sécurité, avant de parvenir à s'échapper. Elle a indiqué que d'autres femmes étaient toujours détenues par les hommes de main du régime.

Ceux qui ont violé Iman ont probablement pensé que jamais elle n'oserait remettre en cause l'appareil répressif de Kadhafi, ou endurer la honte d'un viol rendu public, dans une société conservatrice où trop souvent la femme est rendue responsable de tels crimes. Mais elle a osé rompre le silence qui entoure tant de victimes de la brutalité de Kadhafi et de la violence sexuelle partout dans le monde.

Le régime l'a qualifié de prostituée et a promis de la poursuivre pour diffamation des forces gouvernementales. Mais les Libyens ont exprimé dans la rue leur soutien à Iman, et l'influence de la Turquie sur Kadhafi pourrait permettre de la libérer. A notre tour de soutenir Iman al-Obeidi, qui a osé s'opposer à ses bourreaux et exiger vérité et justice – signez ci-dessous pour demander au Premier ministre turc d'agir, et faites suivre ce message au plus grand nombre:

http://www.avaaz.org/fr/free_iman_al_obeidi_fr/?vl

Une jeune femme courageuse a pris tous les risques pour défendre les valeurs que nous partageons tous, et elle en subit en ce moment les terribles conséquences. Faisons tout pour la sauver.

Avec espoir et détermination,

Stephanie, Pascal, Alice, Rewan, Mohammad, Ricken et toute l'équipe d'Avaaz

Sources:

Libye: violée et torturée, une femme défie le régime pour témoigner, RTBF:
http://www.rtbf.be/info/monde/detail_libye-violee-et-torturee-une-femme-defie-le-regime-pour-temoigner?id=5843073

Libye: les journalistes du New York Times libérés sont en Tunisie, L'express:
http://www.lexpress.fr/actualites/1/economie/libye-les-journalistes-du-new-york-times-liberes-sont-en-tunisie_974564.html?actu=1

Ankara est intervenu pour la libération du journaliste du Guardian en Libye, AFP/France 24:
http://www.france24.com/fr/20110317-ankara-est-intervenu-liberation-journaliste-guardian-libye?quicktabs_1=0

Libye: elle dit avoir été violée par les milices, elle disparaît, Slate.fr:
http://www.slate.fr/lien/36205/femme-viol-libye

Que devient Iman, victime des milices de Kadhafi? L'Express:
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/que-devient-iman-victime-des-milices-de-kadhafi_977227.html

Les autorités libyennes doivent mener une enquête approfondie sur un cas de viol présumé, Amnesty International:
http://www.amnesty.fr/Presse/Communiques-de-presse/Les-autorites-libyennes-doivent-mener-une-enquete-approfondie-sur-un-cas-de-viol-presume-2179

Appel à la libération immédiate de la jeune femme ayant rapporté un viol en Libye, Human Rights Watch (en anglais):
http://www.hrw.org/en/news/2011/03/28/libya-immediately-release-woman-who-alleged-rape


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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 15:43

 

Les Syriens ont défié et brisé la loi du silence

LEMONDE | 31.03.11 | 13h19  •  Mis à jour le 31.03.11 | 14h20

 
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Je vous écris de Syrie. Le jour de gloire n'est pas près d'arriver. Mais l'étendard de la liberté est bel et bien levé. Il a été levé par des enfants qui ont rompu la loi du silence en inscrivant sur les murs de leurs écoles que le roi est nu. Résultat : quelques dizaines de ces enfants ont été embastillés à Damas, Deraa et Alep ; des centaines d'adultes qui leur ont emboîté le pas ont été, à leur tour, arrêtés ou massacrés ; des soldats refusent de tirer sur les manifestants qui, partout dans le pays, défient l'état d'urgence en vigueur depuis 1963. Bref, le roi est nu et le conte touche à sa fin.

Mais le roi ne paraît pas pour autant proche de sa fin. Car, à la différence de ses aînés arabes, le président syrien a deux corps : un corps de tyran et un corps de résistant. Le premier se meurt, atteint des mêmes maladies qui ont emporté les Ben Ali et compagnie. Tandis que le second rayonne, incarnant une aspiration nationale qui se nourrit de la nostalgie d'une Syrie naturelle charcutée par les vilains accords de Sykes-Picot en 1916 (qui ont remodelé le Moyen-Orient).

Le premier est honni dans la mesure où il est associé à un régime qui a poussé la répression jusqu'à l'anthropophagie et le népotisme jusqu'à l'inceste, alors que le second est l'objet d'une certaine fierté nationale. Une fierté plus ou moins bien assumée, née de l'humiliation accumulée depuis la défaite arabe de juin 1967, qui fait du jeune chef aux yeux bleus, généralissime de son état, le seul dirigeant arabe capable de tenir tête au vieux chef croisé, George W. Bush. Le seul dirigeant arabe, aussi, à soutenir les guérillas suicidaires du Hezbollah et du Hamas, censées ouvrir la voie à la libération de Jérusalem. Le seul dirigeant arabe, enfin, à prétendre oeuvrer à l'avènement d'une nation arabe une et indivisible, débarrassée de l'entité sioniste.

Le roi n'est donc pas près de mourir. Il devra juste dissimuler son corps de tyran malade en revêtant celui du résistant assiégé dans le Massada syrien qu'il s'est construit à sa mesure. Et il est à craindre que tout le monde lui vienne en aide, encore une fois, dans l'intérêt bien compris de chacun. Les Américains, les Européens et les Israéliens s'y emploieront avec tact et serviabilité pour ne pas risquer un embrasement de la région orchestré par l'axe Téhéran-Damas-Hezbollah-Hamas, alors même que le front libyen demeure grand ouvert. Quant aux Syriens, ils devraient alors s'y résigner, parce qu'ils se doutent bien que le régime des Assad ne peut se rendre qu'à un seul prix : l'implosion de la République syrienne, cette entité aux ressorts douteux, improvisée par la France coloniale en 1941, dont les Syriens se sont échinés depuis lors à faire une nation viable qui réponde un tant soit peu à leur aspiration nationale.

Pour avoir été détournée, dénaturée, avilie, cette aspiration nationale n'en est pas moins chevillée à l'âme des Syriens. C'est elle, en tout cas, qui les a amenés à se résigner à la dictature du parti Baas, au risque de perdre leur âme. Mais les jeunes manifestants qui bravent la loi d'exception décrétée par des putschistes du Baas au siècle dernier semblent moins résignés que leurs pères, si l'on en croit leurs slogans qui dénoncent aussi bien le régime syrien que ses principaux compères anti-israéliens, l'Iran et le Hezbollah. Mais que l'on ne s'y trompe pas ! Car ces mêmes jeunes gens accusent aussi l'armée de haute trahison, lui reprochant d'avoir déserté le front du Golan occupé pour défendre un régime illégitime.

Autant dire que le roi ne mourra vraiment que lorsqu'il n'aura plus de corps de rechange à sa disposition, qu'il ne pourra plus prétexter de la libération de quelque territoire national occupé, qu'il n'aura plus de raison d'invoquer la moindre union sacrée. Or tout cela ne dépend pas des enfants qui ont pris l'initiative de rompre les chaînes paternelles de servitude volontaire. Mais de qui donc est-ce que cela dépend ? Cherchez et vous trouverez, répond le sage syrien Moussa Abadi, qui a naguère risqué sa vie pour sauver des enfants de France, traqués par les miliciens d'un généralissime du nom de Pétain...

Je vous écris de France. Ici, le jour de gloire est arrivé depuis bien longtemps déjà. Mais on a du mal à entendre les enfants de l'autre rive de la Méditerranée chahutant leurs rois nus. On se demande plutôt si ces enfants sont barbus ou pas, s'ils vont déferler sur nos campagnes ou pas, s'ils sont favorables à l'Union pour la Méditerranée ou pas. On se donne aussi bonne conscience en se lançant dans une guerre juste contre un tyran libyen à qui on se proposait, hier encore, de vendre des Rafale et des centrales Areva.

Pour ce qui est du tyran syrien, on attendra encore davantage avant de retourner sa veste. Car les affaires de l'Orient sont bien plus compliquées qu'il n'y paraît, voyez-vous. Et nous ne sommes plus au temps où les Lumières faisaient le voyage de Syrie pour mieux dénoncer la tyrannie en France.

Charif Kiwan, réalisateur
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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 15:30

Article publié le : mercredi 30 mars 2011 - Dernière modification le : mercredi 30 mars 2011


En Libye, les rebelles continuent à reculer face aux forces loyalistes
Les forces pro-Kadhafi à Mizdah, à 180 km de la capitale libyenne Tripoli, le 29 mars 2011. 
Les forces pro-Kadhafi à Mizdah, à 180 km de la capitale libyenne Tripoli, le 29 mars 2011.
Reuters/Zohra Bensemra
 
Par RFI

 

La contre offensive continue en Libye. Les forces loyales à Mouammar Kadhafi ont repris ce mercredi 30 mars 2011 leur avance vers le port pétrolier stratégique de Brega, dans l’est du pays. Les rebelles, qui s’étaient déjà retirés dans la matinée dans la ville de Ras Lanouf, ont confirmé eux-mêmes ce nouveau va-et-vient.

Avec nos envoyés spéciaux dans l’est de la Libye

 

Difficile de dire si les insurgés y croient encore. En tout cas, certains ont la mine abattue, défaite. Ils rentrent sur Benghazi pour se reposer, disent-ils, et repartir au front demain ou après-demain. Mais d’autres criaient encore « victoire » une arme à la main, et disaient que tout allait bien et qu’ils seraient demain à Syrte.

 

Ce qui est sûr, c’est que le porte-parole du Conseil militaire de transition, qui a donné une conférence de presse ce mercredi soir 30 mars à Benghazi, reconnaît qu’il y a eu repli. Mais il assure que ce repli est stratégique et que les combattants se retireront probablement jusqu’à Ajdabiya, pour concentrer toutes leurs forces.

 

Il admet aussi un manque cruel de moyens pour contrer l’artillerie lourde des forces loyalistes. Celles-ci ont visé Ras Lanouf, puis Al-Uqaylah et les environs de Brega à la roquette et aux missiles SAM-7, ce mercredi.

 

Il y a eu des frappes aériennes de la coalition dans l’après-midi mais elles n’avaient visiblement pas réussi à bloquer la progression des forces de Mouammar Kadhafi. Reste à savoir si celles-ci vont rester sur Brega ou chercher à avancer jusqu’à Ajdabiya voire Benghazi, et surtout si les insurgés pourront tenir ces deux villes en cas d’attaque.

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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 15:16
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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 15:11
Par milliers dans les rues

mardi 29 mars 2011, par Frédéric Dayan

 

Un mois et demi après une fronde sans précédent déclenchée par sa mise en cause dans l’affaire Laetitia, le monde judiciaire était mobilisé et en grève ce 29 mars à l’appel de 26 organisations syndicales et professionnelles. Plusieurs milliers de professionnels de la justice ont manifesté mardi après-midi à Paris pour réclamer des moyens "dignes d’une grande démocratie européenne".

 

"Justice à deux vitesses, il faut que ça cesse !", "la justice est dans la rue, Sarko, Mercier, vous êtes foutus !", criaient les manifestants, magistrats et avocats en robes, greffières, surveillants de prison, beaucoup d’éducateurs et conseillers d’insertion... Dans une interview à Ouest-France, le garde des Sceaux a annoncé la création de 485 emplois de magistrats, greffiers et éducateurs, en plus de "mesures d’urgence" annoncées le mois dernier. Mais ces annonces n’ont visiblement convaincu personne à en juger par le nombre des manifestants et le ton des slogans.

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