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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 15:06

  

 

 

 

 

 

 

 

Appel unitaire

Libye : Non à l'engrenage militaire !

Arrêt des bombardements, Cessez-le-feu.

Oui aux solutions politiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’évolution de la situation en Libye suscite une très vive inquiétude. Nous sommes de nouveau face à une grave et dangereuse aventure guerrière.

 

Nous sommes pleinement solidaires des mouvements populaires en Libye, en Tunisie, en Egypte, dans l'ensemble de la région, pour la démocratie, l'égalité et la justice sociale. C'est un souffle d'espoir extraordinaire pour les peuples du monde entier.

 

Le peuple libyen est confronté à une répression brutale et meurtrière de la part du régime de Kadhafi. Cependant, ni la « protection des civils », ni la prétention à exporter la démocratie ne peuvent légitimer des bombardements qui font de nombreuses victimes, en particulier civiles. De plus, la pratique du deux poids, deux mesures qui prévaut dans le traitement des conflits et dans la réponse aux répressions de civils au Maghreb, en Méditerranée et au Proche-Orient, est d’une inégalité flagrante.

 

Il est urgent maintenant de trouver une voie politique, diplomatique et de maintien de la Paix, susceptible d’apporter une issue durable et juste, et de permettre au peuple libyen le libre choix de son avenir.

 

Quelle que soit l’appréciation que nous portons sur la résolution 1973 de l’ONU, nous affirmons que d’autres solutions non-militaires sont possibles et nécessaires.

C’est pourquoi nous exigeons dans l'immédiat :

  •  l'arrêt des bombardements et le retrait de l'OTAN
  • l'engagement d'initiatives politiques, notamment de la France et de l'Union européenne, pour l’établissement d’un cessez-le-feu multilatéral.

 

  • La mise en place internationale et régionale d'un strict embargo sur tous les armements, de sanctions notamment financières, et l'engagement de poursuites judiciaires contre les dirigeants du régime de Kadhafi responsables de crimes envers le peuple libyen

Nous appelons l’opinion publique à multiplier les initiatives et les débats citoyens, pour porter le plus largement possible ces exigences, afin de stopper l’engrenage dangereux vers lequel nous refusons d’être entrainés, et que cesse au plus vite la double peine infligée au peuple libyen.

Paris le 30 mars 2011

 

 

Signataires au 30 Mars à 9h :

 

ACCA (Agir contre le colonialisme aujourd’hui) - ANECR (Association nationale des élus communistes et républicains) - Appel des Cent pour la Paix - AFASPA (Association française d’amitié et de solidarité avec les peuples d’Afrique) - AAW France (Américains contre la guerre) - Centre quaker international - Collectif des iraniens contre la guerre - COT (Comité des objecteurs du Tarn) - DIDF (Fédération des Associations des Travailleurs et des Jeunes) - Droit solidarité - Enjeu-Les Pionniers – Femmes Egalité - Gauche unitaire - Les Alternatifs - Le Mouvement de la Paix - Ligue internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté - (MRAP) Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples – MIR (Mouvement international de la réconciliation) – PCOF (Parti communiste des ouvriers de France) - PCF (Parti communiste français) - Union pacifiste

L’ensemble des signataires sera mis à jour sur le site du Mouvement de la Paix : www.mvtpaix.org

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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 14:58

NON au débat du 5 avril, « Islam et laïcité », voulu par l’UMP NON au discours d’Etat raciste et xénophobe

- Après le pseudo débat sur l’identité nationale - lancé le 2 novembre
2009 par Eric Besson - qui avait fortement contribué à libérer la parole
raciste,
- Après le discours de Brice Hortefeux du 28 juillet 2010 contre les
Roms, annonçant les destructions d’habitats précaires et expulsions vers
l’ Europe de l’Est ,
- Après le discours de Grenoble du 30 juillet 2010 de Nicolas Sarkozy,
assimilant immigration et insécurité,
- Après la volonté du ministre de l’Education Luc Chatel de mettre à
l’écart les mères portant le foulard de tout accompagnement de sorties
scolaires,
- Après les tentatives présidentielles de remise en cause du droit du
sol, finalement abandonnées par l’Assemblée Nationale
- Après la réintroduction par l’Assemblée Nationale d’une manifestation
de volonté pour que les jeunes de 18 ans, nés en France de parents
étrangers, puissent acquérir la nationalité française,
- Après qu’une vingtaine de personnalités en colère de la Mosquée de
Paris, dont le recteur Dalil Boubakeur, aient appelé le 10 mars à
annuler le débat sur la « laïcité », promu par Jean-François Copé, et
lancé un « appel pour la dignité de l’islam en France »,
- Après les propos provocateurs de Claude Guéant, nouveau ministre de
l’Intérieur, déclarant le 17 mars que les Français ont parfois le
« sentiment de ne plus être chez eux », à cause d’une « immigration
incontrôlée »  puis, le 24 mars sur I-Télé, que non seulement les agents
du service public « ne doivent pas porter de signes religieux,
manifester une quelconque préférence religieuse mais les usagers du
service public ne doivent pas non plus »,
- Après les récentes discordances gouvernementales à propos du débat de
l’UMP du 5 avril, dont l’emprise et la durée n’ont cessé de rétrécir au
gré des difficultés politiques de la majorité, en particulier à l’issue
des élections cantonales,

Le nouveau débat, en instrumentalisant une fois de plus le principe de
laïcité, stigmatise et met à l’écart les citoyennes et citoyens
musulmans, renforce le racisme islamophobe qui est lourd de périls pour
le vivre ensemble et trouve des boucs émissaires pour faire oublier la
question sociale et la crise économique qui creuse encore les inégalités.

En chassant sur les terres du front national, pour des raisons bassement
politiciennes et électoralistes, le gouvernement actuel et le chef de
l’Etat, relayés par de nombreux media, franchissent toujours plus les
garde-fous qui séparaient la droite républicaine de l’extrême-droite
raciste et xénophobe, accélèrent la lepénisation des esprits et ainsi
renforcent la montée du front national.

Le MRAP tient à souligner que ce débat, en alimentant les peurs
irrationnelles et les fantasmes, dresse des citoyens les uns contre les
autres, favorise le repli, met gravement à mal le vivre ensemble.

Le MRAP appelle à un sursaut général pour faire échec au projet néfaste
du 5 avril. Il appelle à une forte mobilisation de toutes et tous - en
particulier par la création de collectifs locaux - pour préparer
activement la manifestation nationale du samedi 28 mai « contre le
racisme, la politique d’immigration du gouvernement et pour la
régularisation des sans papiers ».

Paris, le 30 mars 2011.

--
Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples
43 bd Magenta - 75010 Paris - Tél. : 01 53 38 99 99
Site web : http://www.mrap.fr
Aider le MRAP : http://secure.mrap.fr
Recevoir nos communiqués :
mailto:communiques-request@lists.mrap.fr?subject=subscribe
Canal vidéo : http://www.dailymotion.com/MRAP-Officiel

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28 mars 2011 1 28 /03 /mars /2011 17:24

 

 

Plusieurs centaines de milliers de Britanniques dans la rue
lundi 28 mars 2011, par Frédéric Dayan

On n’avait pas vu une telle manifestation dans la capitale britannique depuis celle contre la guerre en Irak en 2003. Samedi 26 mars, ils étaient des centaines de milliers (au moins 250 000 ) participants à la manifestation contre la cure de rigueur imposée au pays par le Premier ministre David Cameron avec gel des salaires des fonctionnaires et suppression de plus de 300.000 emplois publics.

Un porte-parole de la confédération des syndicats britanniques, le Trades Union Congress (TUC), a estimé qu’"entre 250.000 et 300.000 personnes" avaient répondu présent, et certains médias évoquaient 400.000 à 500.000 participants. "C’est la plus grande manifestation à Londres depuis une génération", s’est enthousiasmé le syndicat Unite. Une mobilisation exceptionnelle hélas entachée par les violences en marge du cortège, condamnées par les organisations syndicales .

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28 mars 2011 1 28 /03 /mars /2011 16:24

 

Contractuels en grève pour leur
titularisation 
lundi 28 mars 2011, par Frédéric Dayan

Depuis le 10 janvier, les personnels contractuels de cuisine de l’Ecole Normale Supérieure (rue d’Ulm à Paris) sont en grève pour l’obtention à la fois de meilleures conditions de travail mais aussi pour leur titularisation.

A ce jour, malgré les interventions de la CGT auprès du ministre de la Fonction publique et la promesse d’ouverture de négociations, la Directrice de l’ENS Ulm refuse de recevoir les personnels. 
C’est pourquoi ces derniers ont décidé de se remettre à nouveau en grève et occupent les locaux de la direction. 
La CGT Educ’action demande le retrait des forces de l’ordre présentes depuis ce jour devant l’ENS. 
Elle demande l’intervention du ministre de la Fonction publique pour débloquer la situation et satisfaire les revendications légitimes des personnels.

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28 mars 2011 1 28 /03 /mars /2011 15:46

     L’Amérique latine dans le chaudron libyen

 

     Par MAURICE LEMOINE

 

 

     « Les alliés de Kadhafi » : en ouverture de séquence du journal de 20 heures de France 2, le 20 mars, apparaît le chef de l’Etat vénézuélien Hugo Chávez – sans d’ailleurs qu’on

 entende ce qu’il dit. Et l’analyse s’arrêtera là. Pourtant, le rejet de l’intervention « militaro-humanitaire occidentale » – les atermoiements de la Ligue arabe ne faisant guère illusion – déclenchée contre la Libye ne fait pas des vagues qu’au Venezuela : sous des formes diverses, l’Argentine, la Bolivie, le Brésil,   Cuba, l’Equateur,    le Nicaragua, le Paraguay et  l’Uruguay    ont    exprimé     qui    sa  réprobation,   qui    sa condamnation.

 

  On ne s’étendra pas ici sur le printemps arabe (Tunisie et Egypte dans un premier temps), accueilli avec chaleur à Caracas comme dans de nombreuses capitales latino- américaines. Des peuples qui se soulèvent contre des régimes

 autoritaires et figés inspirent, dans cette partie du monde, une immédiate sympathie. Mais il n’a échappé à personne que le soulèvement populaire tunisien a dû prendre de vitesse la réaction d’une grande puissance « patrie des droits de l’Homme », la France, soutien et amie indéfectible de M. Zine el-Abidine Ben Ali auquel, dans un premier temps, elle proposa du matériel pour mater la rébellion. Et que, confrontés à la révolte égyptienne, les Etats-Unis, n’abandonneront leur allié inconditionnel Hosni Moubarak qu’après avoir pris langue avec l’armée pour assurer une transition « sous contrôle » –sacrifiant un doigt pour sauver le bras.    

 Tout autre va être l’attitude de la « communauté internationale » – lire : les Etats-Unis et ceux qui leur sont inféodés – dès lors qu’une insurrection populaire, ni plus ni moins légitime que les précédentes, remet en cause le régime despotique de M. Mouammar Kadhafi. Le soutien immédiat à l’opposition, férocement réprimée, tranche avec l’attitude

 adoptée à l’égard de l’Egypte et de la Tunisie. Il trouvera son point d’orgue avec la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’Organisation des nations unies (ONU) du 17 mars autorisant « à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils et les zones peuplées menacés par une attaque » du pouvoir libyen.

  Dirigeant atypique (il s’agit là d’un euphémisme) au pouvoir depuis le 1er septembre 1969, M. Kadhafi doit être resitué dans l’ « histoire longue » si l’on veut comprendre les

 réactions des dirigeants latino-américains. Il a, dans un pass lointain, été un leader anti-impérialiste, soutenant et finançant le combat anti-apartheid en Afrique du Sud, jouant un rôle dans l’accession à l’indépendance de l’Angola et de la Namibie, tentant (sans succès) de réunifier le monde arabe, rêvant de créer des Etats-Unis d’Afrique et appuyant nombre d’insurgés de par le monde (dont le Front sandiniste de libération nationale, au Nicaragua, dans les années 1970- 1980). Qu’il dirige la Grande Jamahiriya arabe libyenne d’une main de fer n’efface pas totalement, dans la conscience de nombre de dirigeants du « Sud », cette ombre portée. Pas plus que ne le fait son revirement, lorsque, désirant sortir du statut de « terroriste » auquel sa politique aventuriste et parfois criminelle l’a mené, il se rapproche des puissances occidentales, à la fin des années 1990, leur donnant accès au pétrole libyen et servant de supplétif à l’Union européenne dans sa lutte contre l’immigration clandestine.

 Victime à de multiples reprises du « droit d’ingérence » autoproclamé de Washington, l’Amérique latine se montre très sensible dès lors qu’est abordé le thème de la souveraineté nationale. Tout en avançant dans le sens d’une plus grande intégration régionale, dont témoignent la naissance de

 l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA)1 et de l’Union des nations sud-américaines (Unasur)2, elle refuse toute ingérence dans les affaires internes de quelque pays que ce soit ; les relations se font d’Etat à Etat.M. Kadhafi assiste donc, le 29 novembre 2006, à Abuja (Nigeria), au premier Sommet Amérique du Sud – Afrique (ASA) qui, à l’initiative du Brésil et du Venezuela, réunit quarante-sept pays des deux continents afin de renforcer la coopération      en      matière    politique,  t echnologique, environnementale, commerciale et sociale. C’est en tant que président en exercice de l ́Union africaine (UA), que M. Kadhafi participe au deuxième Sommet de l’ASA, sur l’île de Margarita, au Venezuela, en septembre 2009, en compagnie des représentants de soixante pays. Le document final du 27 septembre comporte cent quatre-vingt huit propositions destinées à renforcer la coopération Sud-Sud dans les domaines de l'énergie, de la lutte contre le trafic de drogues et d'êtres humains, de la crise économique mondiale, de la sécurité alimentaire, de la santé, de l'éducation, des changements climatiques, etc. L’ambition affichée étant à la création d’un monde multipolaire, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva affirme à cette occasion que le Conseil de sécurité « a perdu de sa crédibilité », avant d’ajouter : « Nous devons travailler ensemble pour le réformer ». L’ASA désigne les chefs d’Etat du Venezuela, du Brésil, du Nigeria et de la Libye, ainsi que l’UA et l’Unasur, coordinateurs régionaux de l’organisation. Il est décidé que la Libye, pays clé du Maghreb et du panorama africain, accueillera le troisième sommet de l’ASA en septembre 2011. Qu’on le veuille ou non, dans ce type de circonstance, des liens se créent.

  Doit-on s’en indigner ? Sans aucun doute, si l’on appartient à l’opposition libyenne. Ailleurs, les cris d’orfraie relèvent de la plus parfaite hypocrisie. Le 24 mars 2004, en plein désert, le premier ministre britannique Anthony Blair a tendu « la main de l’amitié » au « guide » de la Jamahiriya, faisant de lui « un solide partenaire de l’Occident ». Le 25 juillet 2007, Tripoli signait avec Paris un accord-cadre de coopération dans le domaine de la défense et, en décembre, plantant sa tente dans les jardins de l'Hôtel Marigny, résidence officielle des hôtes de l'Etat, M. Kadhafi était reçu à Paris par M. Nicolas Sarkozy. De là, il entamait une visite de quatre jours en Espagne, y rencontrant le chef du gouvernement José Luis Rodríguez Zapatero et le roi Juan Carlos (ainsi que M. José Maria Aznar) qui, plus que la démocratie et les droits de l’homme, entendent    alors consolider les positions stratégiques du groupe pétrolier Repsol en Libye. Sans doute enchanté par la personnalité du « guide », le roi Juan Carlos effectuera une visite de deux jours dans son pays, en janvier 2009.

Entre temps, en août 2008, avait été signé un traité d’amitié entre l’Italie et la Libye, pays dans lequel M. Silvio Berlusconi se rendra quatre fois entre 2008 et 2010. Lorsque le cycle manifestations/répression se déchaîne à Tripoli et à Bengazi, un message envoyé via Twitter fait scandale : « Vive la Libye et son indépendance ! Kadhafi est confronté à une guerre civile ! » écrit le président Chávez, le 25 février. Trois jours plus tard, lors de la graduation de trois mille étudiants retransmise par la chaîne de télévision d’Etat VTV, il reviendra sur le sujet. On n’a voulu retenir de ses interventions     que      quelques     bribes    soigneusement sélectionnées. Si l’objectif recherché avait été l’analyse plutôt que la condamnation jubilatoire, immédiate et sans appel, un examen plus attentif      des termes employés aurait pourtant permis de découvrir un certain nombre de clés, non forcément pour approuver, mais en tout cas pour comprendre la position du Venezuela.  « Je vais le dire avec beaucoup de respect à tous les gouvernements du monde, déclare M. Chávez, mais moi, je ne suis pas une girouette (...) qui tourne en fonction du vent qui souffle. Ah ! comme tout le monde dit aujourd’hui que Kadhafi est un assassin, Chávez va dire aussi que Kadhafi est un assassin ? Eh, bien, pas que je sache. Et avec la distance, je ne vais pas condamner – je serais un lâche de condamner celui qui a été mon ami depuis si longtemps, sans savoir exactement ce qui se passe en Libye. » Parlons clair : il s’agit d’une faute politique. On n’attend pas d’un chef d’Etat qu’il gouverne en fonction de sentiments nés de quelques accolades, dans le huis clos des rencontres « de haut niveau », mais en analysant des situations sociales, politiques et géopolitiques. On peut donc légitimement reprocher à M  Chávez son sens quelque peu encombrant de l’amitié. On jugera néanmoins son attitude infiniment moins obscène (et moins dangereuse) que celle de M. Sarkozy, qui, en 2007, signait un contrat de 70,5 millions d’euros pour la remise à niveau des Mirage F1 libyens, y rajoutait 79 millions pour trois cents missiles anti-chars Milan, proposait la vente d’une centrale nucléaire de type EPR ; le président français poursuivra sur sa lancée en accordant, en 2009, cinquante- huit autorisations d’exportation de matériel belliqueux – fusils, munitions, blindages, etc. (30,5 milions d’euros) – avant de retourner sa veste dans un accès de pulsion guerrière écœurant et ayant plus à voir avec la situation intérieure française qu’avec la défense de la démocratie.

On notera que la dernière partie de la phrase précitée du président Chávez – « ...sans savoir exactement ce qui se passe en Libye » – recoupe l’une des premières réactions de M. Fidel Castro : « On peut être d’accord ou non avec Mouammar Kadhafi. Le monde est actuellement bombardé de nouvelles de toutes sortes, surtout produites par les médias. Il faudra attendre le temps nécessaire pour connaître vraiment ce qu’il y a de vrai et de mensonges ou de semi-vérités dans ce qu’on nous dit de la situation chaotique en Libye3. » A l’exception du Brésil qui, traditionnellement, dispose d’une diplomatie très performante, les pays d’Amérique latine qui mènent un difficile processus de transformation sociale ne peuvent guère compter sur leurs ambassades, faute d’un  nombre suffisant de cadres compétents, pour avoir une idée claire de la situation interne des nations dans lesquelles celles-ci sont implantées. On n’évoquera pas plus leurs services de renseignements, inexistants (à l’exception de ceux des Cubains... sur le continent américain). C’est donc, dans un premier temps et alors que les informations manquent sur la situation réelle, au prisme de sa propre lutte contre les appétits pétroliers des Etats-Unis que le président vénézuélien décrypte les évènements. « Je ne sais pas pourquoi, sans savoir exactement ce qui se passe et s’est passé là-bas, cela me rappelle Hugo Chávez, le 11 avril [lors du coup d’Etat fomenté par Washington en 2002, qui donna lieu à une importante désinformation], “l’assassin”, celui qui a “massacré son peuple”, celui qui a “ordonné à ses tueurs de massacrer un peuple pacifique”... (...) Donc, nous, nous préférons être prudents dans tout cela. Et personne ne va nous faire du chantage : “Chávez soutient celui qui a assassiné je ne sais combien de personnes, etc...” Ils disaient et disent encore la même chose de moi. »  Le choc en retour est terrible : alors qu’ils pourraient, pour un dirigeant politique, constituer une source d’information, les médias nationaux et internationaux ont perdu, en Amérique latine, toute crédibilité. Comment s’en étonner ? « On n’a pas dit de nous que nous avions une bombe atomique ? Sous la fabrique [iranienne] de vélos ! (...) Et que nous soutenons le terrorisme, et que nous finançons la guérilla colombienne, les enlèvements, et le narcotrafic, et tout ça ! On nous accuse de tout ça : que nous envoyons de l’uranium en Iran et je ne sais où ! » Le constat ne concerne pas que le Venezuela, mais aussi la Bolivie, l’Equateur, le Honduras (pour ne citer qu’eux) : l’extravagance des médias a fini par délégitimer les  médias. Ce qui n’empêche pas M. Chávez de laisser la porte ouverte à d’ultérieures évolutions. « Tout le monde sait quelle est notre ligne politique. Nous ne soutenons ni invasions, ni massacres,     ni  rien,    quel que    soit  celui  qui   en   est responsable », avant d’ajouter, quelques minutes plus tard : « Ceux qui ont déjà condamné [M. Kadhafi] ont sûrement leurs raisons ; peut-être ont-ils des informations que nous n’avons pas ».

  Il n’empêche, c’est la curée. « Pour les grands médias, convertis du jour au lendemain – comme les gouvernements américain et européens – à l’anti-kadhafisme, la situation en Libye est aussi une occasion inespérée de mettre en accusation    le    Venezuela     et   d’autres   gouvernements progressistes    latino-américains    regroupés    au   sein  de l’ALBA », réagit cette organisation le 10 mars 2011. Précisant qu’elle « partage la préoccupation mondiale pour la situation de conflit en Libye, avec les pertes de vies humaines qu’elle entraîne », elle soutient l’initiative du président vénézuélien « visant à la création d’une Commission internationale humanitaire pour la paix et pour l’intégrité de la Libye afin d’éviter l’agression militaire de l’OTAN, et comme partie intégrante des efforts que doit réaliser la communauté internationale pour aider le peuple libyen. » Cette offre de médiation/négociation a été moquée, minorée ou purement et simplement     ignorée.    Pourtant,   les  liens  établis  entre l’Amérique latine et l’Afrique au sein de l’ASA auraient pu (ou pourraient) faire de leurs pays des interlocuteurs privilégiés et acceptables pour les belligérants – quand bien même le fils du « guide », M. Saif al-Islam Kadhafi, a, dans un premier temps, refusé cette proposition.

 Au nom du droit d’ingérence humanitaire, et légaux sur le plan juridique puisque jouissant de l’onction donnée le 17 mars par le Conseil de sécurité de l’ONU, frappes et raids se multiplient désormais sur la Libye, menés par la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. « Que veulent-ils ? s’interrogeait M. Chávez, le 25 février reflétant   la   conviction     de    l’ensemble  des     secteurs progressistes latino-américains : Bien sûr, ils se frottent les mains : le pétrole de la Libye ! » On peut trouver le raisonnement bancal : il y a longtemps que M. Kadhafi a offert son « or noir » à Total (France), ENI (Italie), China National Petroleum Corp, British Petroleum (Grande-Bretagne), Repsol (Espagne), ExxonMobil, Chevron, Occidental Petroleum, Hess et Conoco Phillips (Etats-Unis). C’est toutefois oublie  l’existence de la Compagnie pétrolière nationale de Libye (CPN)      au   vingt-cinquième    rang mondial    en   terme d’importance –, dont le contrôle et, pourquoi pas, la privatisation, mettrait du beurre dans les épinards des promoteurs     réels   de    l’intervention.  Par  ailleurs,   une modification des rapports de force au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ne serait pas pour déplaire à certains.

 Cela ne remet pas en cause la légitimité de la lutte des Libyens dressés contre le régime – même si, en tout état de cause, personne ne sait trop quels secteurs sociaux ils représentent et qui ils sont. Leur sort ne laisse personne indifférent. Fallait-il pour autant lâcher les chiens occidentaux ? Une partie de l’Amérique latine dit non4. Le Brésil dans un premier temps, en mode mineur, en s’abstenant (avec la Chine, l’Inde, la Russie et l’Allemagne) lors du vote autorisant la création d’une zone de non-survol (No Fly Zone) et des frappes aériennes en Libye. Insistant sur le caractère spontané des soulèvements arabes, Brasilia s’inquiète de la volonté d’en « changer le récit » par une intervention extérieure susceptible d’entraîner de sérieuses répercussions dans le reste de la région. Plus radicalement, Cuba, le Venezuela, le Nicaragua, l’Equateur, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie condamnent cette nouvelle « croisade impérialiste »,le président Evo Morales fustigeant le « Conseil d’insécurité » et le chef d’Etat équatorien Rafael Correa  jugeant « inacceptables » les opérations lancées par la coalition.

  Une fois de plus, cette Amérique latine dérange et se voit interpellée y compris par la « gauche de gauche » européenne

 – vertement ou amicalement selon les cas – soudainement ralliée à l’exaltation des droits humains.

L’Amérique      latine  réfute   la   double   morale   des « Occidentaux » – l’enfer étant pavé, même pour les plus sincères d’entre eux, de bonnes intentions : pourquoi ne pas intervenir lorsque Israël frappe le Liban (2006) ou bombarde Gaza (2009) ? Lorsque, aujourd’hui, l’armée saoudienne entre au Bahrein – base de la Ve flotte américaine ! –    pour y réprimer le vent de révolte qui souffle aussi là-bas ? Pourquoi pas au Yemen, en Chine, en Arabie saoudite, dans les monarchies du Golfe, tous pays qui ne font pas dans la dentelle en matière de déni de la démocratie. A-t-on vu Washington sortir ses F16 et Londres ses Tornado quand, le 28 juin 2009, a été renversé le président Manuel Zelaya, au Honduras ? Au contraire, Mme Hillary Clinton a mis en œuvretous ses moyens pour « blanchir » le coup d’Etat ; depuis, la répression a fait plus de cent soixante morts dans ce petit  pays centraméricain.

 En Libye, il s’agit de protéger les civils, prétend-on, et de restaurer la démocratie à coups de missiles Tomahawk..L’Histoire récente est-elle si lointaine ? Cet objectif a-t-il été atteint en Irak et en Afghanistan ? Qui peut encore croire à l’innocuité des « frappes chirurgicales » pour les innocents ? Comment approuver une résolution de l’ONU tellement large qu’elle permet tout type d’actions ? Qui ne mentionne pas qui commande les opérations – l’ombre de l’OTAN se profilant une fois de plus sur une expédition menée contre un pays musulman. Et qui ne précise même pas l’objectif final, au risque – ce type de conflit échappant souvent aux analystes qui l’ont promu ou appuyé – de déboucher sur une aggravation de la guerre civile (c’en est désormais une, l’opposition étant armée), sur une partition de la Libye ou sur une situation de guerres tribales et claniques, comme en Somalie. Sans parler d’un enlisement probable ou possible des forces de la coalition.

 Considérant que les conditions imposées par la résolution de l’ONU instituant une zone de  non-survol de la Libye sont outrepassées par les forces de la coalition, le Brésil, à travers son ministères des affaires étrangères, a demandé, le 22 mars, « un cessez-le-feu effectif, le plus rapidement possible, capable de garantir la protection de la population civile et créant les conditions pour que la crise soit résolue à travers le dialogue ». Ce que préconisent également les chefs d’Etat membres de l’ALBA.

 

 

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28 mars 2011 1 28 /03 /mars /2011 15:44

Rapport "immigration et intégration" adopté


Le rapport sur le thème : « Immigration et intégration : dialogue entre les nouvelles générations pour une nouvelle culture de paix » dont j’ai été chargé par l’Assemblée parlementaire euro-Méditerranée a été adopté le 4 mars 2011 à Rome lors d’une assemblée plénière de ce Parlement.

Il a été préparé par de multiples rencontres, dont la réunion du 20 novembre 2010 à Saint-Denis, de multiples contacts avec des associations dont France Terre d’Asile, le MRAP, l’Association européenne pour la défense des droits de l’homme, le Réseau éducation sans frontières, le Mouvement de la paix…, des élus, plusieurs spécialistes, des auditions à Lisbonne le 31 janvier, à Rome le 10 février, un appel à contributions sur mon blog.

Ce rapport a été âprement discuté. La droite du Parlement européen et des délégations de parlements nationaux de l’Union européenne ont déposé une multitude d’amendements pour en affaiblir le contenu et la portée.

Au terme de cette bataille, nous obtenons un rapport dont de nombreux articles peuvent servir de points d’appui aux associations, syndicats, forces progressistes et à tous les démocrates et tous les humanistes.

Par les temps actuels, il peut être utile d’opposer ce texte aux choix et aux actes du pouvoir sarkozyste, aux droites européennes et à l’extrême-droite.

Cliquez sur l'image pour télécharger le rapport

Par exemple :

 Il rappelle l’article 19 de la Charte des Droits Fondamentaux de l’Union européenne : « nul ne peut être éloigné, expulsé ou extradé vers un État où il existe un risque sérieux qu’il soit soumis à la peine de mort, à la torture ou à d’autres peines ou traitements inhumains ou dégradants », et que « les expulsions collectives sont interdites » ; exige que toute législation en matière de migration se conforme à ce principe inaliénable (point 5).

Condamne :

 « La criminalisation des migrants à travers des textes législatifs » (point 6).

Rappelle :

 « L’obligation du principe de non-refoulement que se doit de respecter Frontex et demande en conséquence un cadre de surveillance des actions de cette agence… qui serait à même de garantir une protection aux migrants ainsi que de leur assurer la connaissance de leurs droits ».

Critique :

 « Le non-respect des droits fondamentaux des migrants présentés par des politiques de sous-traitance du contrôle des flux migratoires aux pays de transit et d’origine ».

Demande :

 « La mise en place d’une politique euro-méditerranéenne des visas pour les étudiants et les chercheurs de façon à favoriser l’échange culturel, scientifique et technologique » (point 12).

S’agissant de la protection des migrants, il demande :

 « De garantir aux migrants le droit de recevoir la protection nécessaire contre leur exploitation », souligne qu’à cet effet un premier pas positif serait la ratification de la convention de l’ONU sur la protection des droits des travailleurs migrants et de membres de leur famille et invite les Etats membres à la signer et la ratifier sans plus attendre » (point 16).

Sur les conditions de séjour, il pousse à :

 « Une égalité totale de traitement entre travailleurs locaux et migrants ».

Il appelle :

 « Les Etats membres à lutter contre toutes les discriminations » (point 21).

Demande :

 « L’obtention d’un titre de séjour aux migrants avant un emploi, favorisant leur intégration » (point 22).

 « Le respect de la directive sur le regroupement familial ».

 « De reconnaître le droit de vote aux élections locales » (point 26).

 « L’application de la convention internationale des droits de l’enfant » (point 28).

► « L’obligation de scolariser les enfants mineurs » (point 38).

 « Que les associations travaillant aux projets d’intégration en faveur de l’intégration aient un plus grand accès aux financements européens ».

Le rapport consacre aussi un chapitre à des recommandations pour la lutte contre le racisme, la xénophobie, les discriminations (points 34,35, 36).

Au total nous obtenons un texte qui peut aider les mouvements sociaux, citoyens, culturels en cours.

Il ne vaut que si on s’en sert dans l’action et pour le traduire en actes politiques, à l’opposé du climat droite extrême et extrême-droite actuel.

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27 mars 2011 7 27 /03 /mars /2011 01:00
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27 mars 2011 7 27 /03 /mars /2011 00:55
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27 mars 2011 7 27 /03 /mars /2011 00:50
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27 mars 2011 7 27 /03 /mars /2011 00:29

 

En Libye, le Pentagone à la manœuvre

mercredi 23 mars 2011, par Philippe Leymarie

L’intervention militaire internationale dans le ciel libyen a été jusqu’ici majoritairement américaine, notamment pour des raisons techniques : la France, qui aspirait à un rôle moteur avec la Grande-Bretagne, était mal outillée pour assurer dans l’urgence la coordination d’une coalition multinationale incluant un partenaire aussi dominant que les Etats-Unis. Mais l’US Air Force et l’US Navy, qui exercent le commandement opérationnel et ont assuré plus de la moitié des frappes, vont passer la main à l’OTAN – ce que la France avait cherché jusqu’au bout à éviter…


Actualisé au 25 mars 2011

En dépit d’un lancement en fanfare, la participation française aux combats a été relativement modérée, et cantonnée pour l’essentiel à la région de Benghazi, avec des frappes très sélectives, qui ont détruit moins d’une dizaine de blindés, une piste d’aviation, ainsi qu’un aéronef de l’armée libyenne. L’état-major français insiste cependant sur le « rôle majeur » joué par ses forces, et sur la baisse importante du nombre des victimes civiles, qui était le but recherché. Il a fait valoir également que « la délivrance de l’armement est loin d’être systématique » [1], en raison de la dispersion des forces pro-Kadhafi et de leur imbrication avec la population civile.

Le commandement stratégique de l’opération, côté français, est assuré par le Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), installé dans les sous-sols du ministère de la défense, à Paris. Les vols sont coordonnés par le commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA), basé à Lyon. L’entrée en ligne depuis mardi du Charles-de-Gaulle, seul porte-avions européen à propulsion nucléaire, a donné plus de visibilité au dispositif français.

Mais, explique la lettre TTU, spécialisée dans les questions de défense [2],« concrètement, pour la France, l’implication de l’OTAN dans les opérations va obliger à systématiquement effectuer de lourdes planifications et à coordonner les opérations (partage des cibles, des temps et des altitudes de vol...). Le retrait américain va, quant à lui, impliquer le transfert des commandements du Mount Whitney et de Stuttgart vers trois pôles : Naples (qui comprend notamment l’état-major de composante maritime), Izmir (CC Air HQ) et Mons (siège du commandement militaire global de l’OTAN) ».

Rôle-cléRetour à la table des matières

A propos du commandement de l’opération, que les Etats-Unis ne souhaitent plus exercer, la Maison Blanche avait annoncé au milieu de la semaine que les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne sont tombés d’accord pour que l’OTAN puisse « jouer un rôle clef » dans le commandement de l’opération militaire de la coalition internationale en Libye. L’Elysée reconnaissait, un ton en dessous, que Barack Obama et Nicolas Sarkozy « se sont entendus sur les modalités d’utilisation des structures de commandement de l’OTAN en soutien de la coalition ».

La diplomatie française avait cherché à éviter l’implication de l’OTAN, jugée trop marquée politiquement (« occidentale » ), au risque d’effrayer les pays arabes et africains. De plus, selon une position constante de Paris, la vocation de l’OTAN n’est pas d’intervenir au sud de la Méditerranée, notamment en Afrique.

Pour compenser cet échec, Paris a proposé que soit mise en place une« instance de pilotage politique » de l’opération, qui réunira les ministres des affaires étrangères des Etats intervenants ainsi que ceux de la Ligue arabe : ce « groupe de contact », dont la création est considérée comme une victoire par les Français, se réunira pour la première fois mardi prochain, à Londres.

Dressant le bilan du Conseil européen, vendredi matin à Bruxelles, le président français Nicolas Sarkozy a assuré que « le commandement politique n’est pas transféré à l’OTAN ». En outre, pour le moment, faute d’un consensus, « la mission principale des frappes reste à la coalition, et non à l’OTAN », la coalition internationale gardant « la main-mise sur les opérations militaires ». En Libye, a-t-il encore affirmé, « il y avait deux solutions : soit c’étaient les Etats-Unis qui coordonnaient l’opération, soit c’était la machinerie de l’OTAN ».

« En l’état actuel, vont subsister une opération de la coalition et une opération de l’OTAN », a reconnu le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen. Les discussions se poursuivent pour « élargir » le mandat de l’alliance aux missions encore dévolues à la coalition, a-t-il ajouté. « La décision de l’OTAN d’assumer le commandement et le contrôle de la zone d’exclusion aérienne, en plus de l’embargo sur les armes déjà en place, est une importante avancée », a estimé le porte-parole du premier ministre britannique David Cameron.

Aube de l’OdysséeRetour à la table des matières

Jusqu’ici, la participation américaine a été largement dominante. Le Pentagone a été le premier à communiquer sur la situation ou sur les buts de guerre, ces derniers jours :

— c’est le chef d’état-major américain, l’amiral Mike Mullen, qui avait annoncé par exemple dimanche 20 mars que la zone d’exclusion aérienne était effective sur tout le territoire libyen (même si, quelques jours plus tard, un Rafale français a détruit sur la base aérienne de Misrati un avion d’entraînement qui venait de s’y poser).

— c’est l’amiral américain Samuel Locklear qui a affirmé, mardi dernier, que les forces loyales au colonel Mouammar Kadhafi continuent de s’en prendre aux populations civiles.

— c’est le vice-amiral Bill Gortney, un haut-responsable du Pentagone, qui a indiqué que plus de 350 avions des 11 pays de la coalition sont impliqués dans les opérations aériennes en Libye, dont un peu plus de la moitié sont américains.

Le nom de code de la partie américaine de l’opération (Odyssey Dawn, « Aube de l’Odyssée ») est largement plus connu dans le monde que celui des Français (Harmattan) ou des Britanniques (Ellamy) ; il a vocation à intégrer sous cette étiquette les diverses participations nationales. Et c’est le tir de plus de cent-vingt missiles de croisière Tomahawk, samedi 19 mars au soir, depuis des navires et sous-marins de l’US Navy, pour neutraliser les défenses aériennes libyennes, qui avait donné le vrai coup d’envoi à l’opération, même si – sur la lancée du « sommet de l’Elysée », et à titre surtout symbolique – l’armée de l’air française avait été choisie pour effectuer les premiers survols du territoire, dans la région de Benghazi [3]. Depuis, les chasseurs et navires américains ont assuré l’essentiel des frappes aériennes.

US Africa commandRetour à la table des matières

Les Américains ont exercé également le commandement global de l’opération multinationale, confié officiellement au général Carter F. Ham, chef depuis quelques semaines de l’Africa Command (Africom). Mais il s’agit essentiellement d’un habillage politique, ce commandement américain pour l’Afrique – de création récente et plus orienté vers la formation et le développement que vers l’opérationnel militaire – n’ayant pas les moyens de conduire lui-même l’intervention. Il est d’ailleurs basé à Stuttgart, en Allemagne, et non sur le continent africain (où aucun pays n’avait souhaité l’accueillir).

L’Operational Control (OPCON) – c’est-à-dire le commandement effectif – a été assuré depuis l’état-major des forces américaines en Europe de Ramstein (Allemagne) par l’amiral James G. Stavridis, également commandant des forces de l’OTAN (SHAPE), lui-même relié aux quartiers généraux aériens de Lyon (France) et Northwood (Grande-Bretagne). En mer, le commandement opérationnel a été confié à l’amiral Samuel J. Locklear, chef des forces navales américaines en Europe, également patron du Joint Force Command (OTAN) basé à Naples), et actuellement embarqué à bord du Mount Whitney, navire de commandement de la 6e flotte de l’US Navy (Méditerranée) : la Joint Task Force Odyssey Dawn a pris sous son aile l’ensemble des unités navales de la coalition (une vingtaine d’unités actuellement). Cinq officiers de liaison français, cinq britanniques, deux italiens et deux canadiens sont à bord du Mount Whitney.

Le chef d’état-major Mike Mullen a reconnu, au cours de l’émission de TV « Face the Nation », le « rôle leader » des Américains en Libye, pendant la première phase de l’intervention, pour des raisons d’efficacité opérationnelle. Il a affirmé que les état-majors et les forces américaines se positionneront en « arrière-plan », en « soutien » dans les prochains jours, pour laisser leurs alliés européens et arabes « assumer la responsabilité de la mise en œuvre de la zone d’exclusion aérienne ».

Sort de KadhafiRetour à la table des matières

Concernant les « buts de guerre », on oscille toujours entre la stricte « protection des populations civiles » prévue par la résolution 1973 et la nécessité de venir à bout de Kadhafi et de son régime. Le débat a rebondi à l’annonce de plusieurs frappes ayant touché le complexe résidentiel du numéro un libyen, à Tripoli, dimanche et lundi :

— en visite au Chili, Barack Obama a assuré que « la position américaine est que Kadhafi doit partir » ;

— mais le secrétaire américain à la défense Robert Gates a écarté l’idée d’une frappe qui ciblerait Kadhafi en personne, et fait valoir qu’il serait« mal avisé de fixer des objectifs que nous ne pourrions pas forcément atteindre » ;

— les ministres britanniques des affaires étrangères (William Hague) et de la défense (Liam Fox) ont laissé entendre lundi que cibler directement Kadhafi avec une frappe militaire était une « possibilité » (alors que le général David Richards, leur chef d’état-major, estimait que les forces de la coalition ne devaient pas prendre directement pour cible le « Guide » libyen) ;

— le premier ministre belge, Yves Leterme, est persuadé que l’objectif de« déloger » Kadhafi du pouvoir a été « clairement énoncé » par la communauté internationale ;

— rappelant vendredi à Bruxelles qu’une intervention au sol en Libye était« explicitement exclue », le chef de l’État français a appelé à une stricte application de la résolution 1973 de l’ONU, et estimé que « l’avenir de la Libye, les choix politiques de la Libye (...), c’est le problème des Libyens, ce n’est pas notre problème... Ce qui se passe en Libye crée une jurisprudence, et peut créer la confiance » chez les peuples arabes.

Sur CNN, l’ancien chef d’état-major américain Richard Myers a résumé ces ambiguïtés : « La vérité est que nul ne sait quel critère marque la fin de l’opération. »

Double casquetteRetour à la table des matières

L’OTAN, remise en selle en dépit des résistances de la France et de la Turquie, avait fini par valider mardi les plans dressés depuis plusieurs jours par ses militaires pour contribuer à la zone d’interdiction de vol dans l’espace aérien libyen, et au respect de l’embargo sur les armes, « tous les alliés s’étant engagés à s’acquitter de leurs responsabilités en vertu de la résolution des Nations Unies pour arrêter la violence intolérable contre des civils libyens », déclarait alors son secrétaire général A. F. Rasmussen, qui laissait deviner une levée des réserves de la Turquie, jusqu’ici hostile à cette validation.

C’est le commandant des opérations de l’OTAN, l’amiral Stavridis, qui aura la charge d’activer les navires de l’organisation et ses avions dans la Méditerranée centrale : « Ils mèneront des opérations de surveillance, et, si nécessaire, pourront interdire les navires soupçonnés de transporter des armes illicites ou des mercenaires », explique Rasmussen.

L’Italie exigeait que l’OTAN prenne la main, menaçant de ne plus autoriser l’utilisation de ses bases aériennes. De son côté, la Norvège avait suspendu la participation de ses F-16 à la « No Fly Zone » au-dessus de la Libye « tant que la structure de commandement n’est pas définie ». Et les Pays-Bas conditionnaient leur entrée en ligne à « l’exercice d’un commandement et d’un contrôle par l’OTAN ».

On notera que cette relève transatlantique, censée être exclusivement militaire et non politique, ne dépaysera pas les Américains, puisque l’amiral Stavridis et l’amiral Locklear ont la double casquette Etats-Unis-OTAN. A l’Assemblée nationale, à Paris, socialistes et communistes s’étaient déclarés hostiles, mardi dernier, à cette entrée en scène de l’OTAN.

L’Union européenne, sous l’impulsion de la France, des pays baltes ou de Malte s’était posé la question de sa participation à une opération de contrôle de l’embargo (pensant également à la question de l’immigration clandestine). Mais la Haute-représentante pour la politique extérieure de l’Union, la britannique Catherine Ashton, avait souhaité éviter toute duplication avec l’OTAN ; et le Royaume-Uni, ainsi que l’Allemagne et l’Italie avaient préféré que la planification et la conduite de l’opération soient assurées par le commandement militaire de l’organisation transatlantique, s’attirant ce commentaire de notre confrère du site Bruxelles2 :

« Si à quelques dizaines de milles de ses côtes, l’Europe doit encore recourir aux moyens américains ou turcs pour assurer une fonction qui relève davantage de la fonction de “gardes-côtes” que de celle d’une force offensive, on peut douter de la volonté de sortir d’un certain infantilisme latent. Ce manque d’autonomie, qui apparait au moment où l’Amérique d’Obama ne considère plus vraiment l’Europe comme une de ses priorités stratégiques, est aussi dangereux. »

Notes

[1] Pour la première fois, jeudi, un appareil français a tiré un missile de croisière Scalp sur un objectif libyen.

[2TTU n°795, 24 mars 2011.

[3] Les reconnaissances de l’armée de l’air française ont commencé « dès le 4 mars »au-dessus de la Libye, soit quinze jours avant le début de l’offensive alliée, a révélé mardi dernier le premier ministre français, François Fillon, à la tribune de l’Assemblée nationale.

 

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