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13 juillet 2011 3 13 /07 /juillet /2011 12:18
Entreprise de 50 salariés : pénalité financière pour manquement à l'égalité H/F

Obligation pour les entreprises d'élaborer un plan d'action en faveur de l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes.

Plan :

Introduction

Afin de renforcer l'égalité professionnelle et faciliter l'évaluation des écarts de situation dans l'entreprise entre les hommes et les femmes, l'article 99 de la loi du 9 novembre 2010 portant réforme des retraites oblige les entreprises d'au moins 50 salariés à rendre cette situation plus transparente. Elles doivent, lorsqu'elles ne sont pas couvertes par un accord collectif relatif à l'égalité professionnelle, élaborer un plan d'action en faveur de l'égalité professionnelle. A défaut, la loi sanctionne l'inaction par une pénalité financière.

Un décret (n°2011-822) du 7 juillet 2011 précise les conditions d'application de cette pénalité qui sera due à l'issue d'une phase contradictoire de 6 mois au plus, au cours de laquelle l'entreprise ne respectant pas ses obligations sera appelée à s'y conformer. La pénalité sera décidée, à défaut de régularisation, par le directeur régional des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi et elle sera due par l'entreprise tant que la situation de l'entreprise demeurera irrégulière.

Ces dispositions entrent en vigueur à compter du 1er janvier 2012.

Contenu de l'accord collectif ou du plan d'action

Selon l'article R2242-2 du Code du travail, l'accord collectif ou, à défaut, le plan d'action prévu à l'article L2242-5-1 fixe les objectifs de progression et les actions permettant de les atteindre portant sur au moins 2 des domaines d'action mentionnés au troisième alinéa de l'article L2323-47 pour les entreprises de moins de 300 salariés et sur au moins 3 des domaines mentionnés au deuxième alinéa de l'article L2323-57 pour les entreprises de 300 salariés et plus. Ces objectifs et ces actions sont accompagnés d'indicateurs chiffrés.

Lorsque l'inspecteur ou le contrôleur du travail constate qu'une entreprise n'est pas couverte par l'accord collectif ou, à défaut, le plan d'action, il met en demeure l'employeur, par lettre recommandée avec demande d'avis de réception, de remédier à cette situation dans un délai de 6 mois. Dans ce délai, l'employeur lui communique l'accord ou, à défaut, le plan d'action mis en place ou modifié, par lettre recommandée avec demande d'avis de réception.
S'il n'est pas en mesure de communiquer l'un ou l'autre, il justifie des motifs de la défaillance de l'entreprise au regard de cette obligation. A sa demande, il peut être entendu.

Conditions d'application de la pénalité

L'article R2242-5 du Code du travail, prévoit qu'à l'issue du délai de 6 mois, le directeur régional des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi décide s'il y a lieu d'appliquer la pénalité mentionnée au premier alinéa de l'article L2242-5-1 et en fixe le taux (dans la limite de 1% des rémunérations et gains versés aux travailleurs).

Il est tenu compte, pour fixer le taux de la pénalité, des motifs de défaillance dont l'employeur a justifié, des mesures prises par l'entreprise en matière d'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et de la bonne foi de l'employeur.

Au titre des motifs de défaillance, sont pris en compte pour diminuer le taux tous motifs indépendants de la volonté de l'employeur susceptibles de justifier le non-respect de l'obligation prévue à l'article L2242-5-1, et notamment :

  • la survenance de difficultés économiques de l'entreprise ;
  • les restructurations ou fusions en cours ;
  • l'existence d'une procédure collective en cours ;
  • le franchissement du seuil d'effectifs de 50 salariés au cours des 12 mois précédant celui de l'envoi de la mise en demeure.

La pénalité est calculée sur la base des rémunérations et gains, au sens du premier alinéa de l'article L242-1 du code de la sécurité sociale ou du premier alinéa de l'article L741-10 du Code rural et de la pêche maritime, versés pour chaque mois entier à compter du terme de la mise en demeure. Elle est due jusqu'à la réception par l'inspection du travail de l'accord relatif à l'égalité professionnelle ou du plan d'action.

Le directeur régional des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi adresse à l'employeur qui n'a pas rempli les obligations en matière d'égalité professionnelle et salariale entre les femmes et les hommes, par lettre recommandée avec demande d'avis de réception, une notification motivée du taux de la pénalité qui lui est appliqué, dans le délai d'un mois à compter de la date d'expiration de la mise en demeure, et lui demande de communiquer en retour le montant des gains et rémunérations servant de base au calcul de la pénalité dans le délai d'un mois. A défaut, la pénalité est calculée sur la base de deux fois la valeur du plafond mensuel de la sécurité sociale par mois compris dans la période mentionnée à l'article R2242-7 du Code du travail.

Rédigé par la Rédaction de Net-iris et publié le lundi 11 juillet 2011.

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13 juillet 2011 3 13 /07 /juillet /2011 12:10

 

Les syndicats demandent à nouveau le fin de l’Ordre national

mercredi 13 juillet 2011, par Frédéric Dayan

 

Qui peut bien encore vouloir de l’Ordre national infirmier ? C’est la question que l’on peut se poser, mais surtout que devrait trancher le ministre du Travail Xavier Bertrand à qui les syndicats de salariés de la profession viennent d’écrire.

 

Le refus de paiement de la cotisation à l’Ordre Infirmier organisé par les syndicats de salariés a eu pour effet de faire reculer le gouvernement qui envisage maintenant une cotisation facultative. Il a eu également pour résultat un rejet massif de l’élection des conseillers de l’Ordre qui n’a pas mobilisé la profession réunissant seulement 13% d’électeurs et moins de 10% des infirmiers salariés.

 

Dernier effet en date, la présidente de l’Ordre des infirmiers, Dominique Le Boeuf, a annoncé vendredi 8 juillet sa démission, en dénonçant le « mépris » du gouvernement, auquel elle reproche de vouloir rendre facultative la cotisation des salariés à cet organisme.

 

Face à l’opposition de tous les syndicats d’infirmiers salariés, le conseil de l’Ordre avait accepté, le 29 mars, de réduire la cotisation des salariés à 30 euros contre 75 euros pour les infirmiers libéraux. Troisième effet, l’Ordre dont personne ne voulait, accuse aujourd’hui un déficit de 10 millions d’euros alors qu’il emploie pas moins de 120 personnes.

 

Dans leur courrier à Xavier Bertrand, les syndicats CGT, CFDT, CFTC, FO, SNICS, SUD, UNSA de la Santé "continuent de demander l’abrogation des lois et décrets instituant l’Ordre National Infirmier. Pour répondre aux besoins de représentation et de réflexion sur la profession infirmière, il faut renforcer les pouvoirs du Haut Conseil des Professions Paramédicales.

 


Les syndicats rappellent qu’avant même sa création, ils avaient dit qu’en aucun cas l’ONI ne répondait aux souhaits des professionnels, "nous faisons le constat aujourd’hui que nous sommes dans une impasse.


Plus aucun infirmier ne peut penser sérieusement que l’Ordre National Infirmier le représente, la démission de la présidente du Conseil National marque la déliquescence de cette structure. Il est urgent que le ministère prenne la décision d’organiser une table ronde avec les réels représentant des salariés que sont les organisations syndicales.

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13 juillet 2011 3 13 /07 /juillet /2011 11:14

Voici, pour vous, l'annonce des prochains concerts de Paamath :

PAAMATH
le dimanche10 juillet au festival Pause Guitare à Albi (81) à 21h00
 
le Mardi 12 juillet à la pause musicale d'été à Toulouse (31) à 18h30
Place de la Daurade.Aux abords du fleuve c'est gratuit !
voir le programme en fichier juin
  
le samedi 16 juillet au Carla Bayle(09) à 22h30
 à l'amphithéâtre Crouzet pour l'inauguration du parcours sculpture.
 
le Samedi 23 juillet à ô moulin des arts
à Orlhonac à 21h, (12) La Rouquette.
Venez voir et revoir sans modération !!
  
le mercredi 27 juillet à la salle des fêtes de la mairie du 10e à Paris à 20h
Dans le cadre de la programmation des Mercredix de l'art, la Mairie du 10e accueille la compagnie Yikodancefaso, lauréate du festival de danse Tobina.
Le danseur afro-contemprain Gahé Bama Eloi accompagné de Paamath et sa musique.
Une performance époustouflante et sensible.
  
  
le samedi 30 juillet au festival Africajarc à 18h aux scènes journée.
Paamath et Davy Kilembé
Les deux musiciens présentent respectivement leurs spectacles sensibles et empreints d’un esprit très fraternel, puis se lancent dans un duo qui démontre leur belle complicité...http://www.africajarc.com
 
le jeudi 04 août à 21h30 aux "Bijoux de l'été" à Sengouagnet (31)
Sengouagnet est un village de Haute Garonne , dans le Comminges, à 3 kms d'Aspet, 17kms de St Gaudens, 90 kms de Toulouse
Les habitants de Sengouagnet ont fait appel au Bijou pour proposer une programmation
 de quatre jeudi d'été. Les spectacles auront lieu dans la cour du presbytère
 avec vue sur le piémont !
Salvo Parisi et son camion à Pizzas seront
là pour vous accueillir
chaque soir à partir de 19h. Les spectacles débutent à 21h30 quand tout le monde est repu de nourriture terrestre et assoiffé de découvertes artistiques.
http://www.lebijou.net
 
le samedi 20 août à 21h au cabanon de puycelsi Place du grand Saint Roch (81)
bucolique!

 
A bientôt pour les prochaines actualités !!
Et au plaisir de vous trouver nombreux lors de ces concerts !
:-) :-) :-)
Pour suivre les actualités et voir les autres dates :
Le nouveau site en ligne : www.paamath.com
Mais encore : www.myspace.com/paamath
Ou bien http://tillie.e-monsite.com
Vous pouvez aussi désormais vous procurer l'album "Gaïndé N'diaye" ou télécharger ses titres mp3 ici
Cordialement et musicalement.


Association Tillié, loi 1901, 5, faubourg Sainte Colombe, 09700 Saverdun
Tél : 05 61 60 41 99 / 06 78 25 43 27 / Site internet : http://tillie.e-monsite.com
Email : gorguigainde2@wanadoo.fr /olga.espinosa@wanadoo.fr
Numéro Siret : 39804104600028 / Code APE : 9001Z - Licence entrepreneur de spectacle n°2 – 1032637


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12 juillet 2011 2 12 /07 /juillet /2011 21:49

jeudi 7 juillet 2011

SOS / Exclusion des Noirs




 
                Depuis un certain temps , le recensement qui vient d’être hypocritement , tendancieusement et sournoisement mis en place à vocation d’état civil , défraie la chronique et active la haine entre deux communautés : la communauté négro-mauritanienne et la communauté arabo-berbère. La fracture sociale qui est déjà béante à son summum depuis 1989 , ne fait qu’empirer d’instant à l’autre dans une évolution telle que le spectre de ces années de braises refait implicitement surface sous une autre forme plus habile à travers ce recensement- exclusion pour ne pas susciter des réactions élargies de par le monde auquel l’état veut donner l’impression d’un véritable recensement à vocation d’état civil concernant tous les Mauritaniens sans distinction , alors que dans les rangs des personnes venues se faire recenser on ne remarque généralement que les négro-mauritaniens.
 
               
 Certaines personnes se voient mesquinement renvoyer parce que n’ayant pas de noms mauritaniens sonnants. C’est le cas de Sy Lalla Aïcha dont l’état civil porte OUEDRAOGO à connotation Burkinabé , le nom de son père qui a acquis la nationalité mauritanienne  depuis des années au même titre que des Sahraouis , des Touaregs maliens à la lisière Nara / Néma , des Marocains , des Algériens , des Lybiens , des Tunisiens et j’en passe . Raison de son renvoi sans ménagement des lieux de recensement .
                Combien d’arabo-berbères  , ayant des noms même pas africains mais français peut être même américains et israéliens que sais-je encore qui sont mauritaniens à part entière et qui se font recenser sans subir ce déluge de questions humiliantes , lot quotidien des Négro-Mauritaniens dans ces agences de recensement que j’appellerai sinistre centre de décomptage des Noirs .
                C’est le cas de Gabriel , Cimper  et Chabarnoux j’en passe. Si Lalla Aïcha est boutée hors des lieux de recensement par les agents fantoches d’un système raciste et esclavagiste , l’arme d’exclusion et d’épuration à la main , ce n’est pas Sy Lalla Aïcha en tant que telle qui est éconduite mais à travers elle la communauté négro-mauritanienne tout entière . Le coup porté à Sy  Lalla  Aïcha sera celui que chacun de nous aura sur le crâne. Mobilisons-nous par conséquent pour sensibiliser tous les Négro-Mauritaniens autour du boycott de ce recensement qui ne dit même pas son nom à plus forte raison  son essence
D’ailleurs ce coup , on l’a déjà car , tout Négro-Mauritanien même âgé de 50 ans ne peut se faire recenser tant que ses parents sont en vie ; ce qui n’existerait nulle part dans le monde ; une innovation originale à la Mauritanie émanant des sphères de l’état où les illuminés et les portés aux couteaux dégainés ennemis jurés du pays car pyromanes chaque jour que Dieu fait sont seuls décideurs qui prennent des positions inflammables dans cette Mauritanie qui en a tellement souffert et qui cherche la paix à longueur de journée chantée par nos dirigeants dont les discours dans ce sens n’inspirent plus confiance et crédibilité .
 
Si les parents sont décédés, l’intéressé n’arrive à satisfaire son droit civil que sur présentation des actes de naissance ou des nationalités des défunts parents dans cette Mauritanie nomade et paysanne où le registre d’état civil n’a réellement existé qu’après l’indépendance.
J’en appelle à la responsabilité de tous , Négro-Mauritaniens comme Arabo-Berbères pour stopper ce train infernal qu’est ce recensement qui nous mène à pas feutrés vers un gouffre  , l’enfer de Dante auquel nul n’échappera .
Par ailleurs , je lance un appel pressant à tous les Négro-Mauritaniens de l’intérieur du pays comme de l’extérieur pour leur demander de se solidariser avec Sy  Lalla  Aïcha car son problème n’est pas en soi le sien mais le nôtre propre .
Je terminerai par le slogan suivant :
Je milite certes pour l’unité entre les Négro-Mauritaniens et les Arabo-Berbères dans un seul et même pays ;  mais , je préfère la dignité dans la partition à l’esclavage dans l’unité.
 
Nouakchott , le 07 / 07 / 2011
Sall  Mamadou  Amadou
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12 juillet 2011 2 12 /07 /juillet /2011 21:38
 
Il n' y a pas tellement longtemps la Mauritanie était perçue comme un Etat trait d'union en Afrique en raison du caractère composite de sa population: blancs, noirs, soninkes, pulars, maures, wolofs, bambaras. C' était alors, au lendemain de l'indépendanc...e du pays, un réel motif de satisfaction et de fierté pour nombre de jeunes mauritaniens.
 
De nos jours, ce rêve a été sévèrement malmené a cause de l'ignorance et de la vision politique étroite et exclusiviste de certains mauritaniens au pouvoir. Pour eux, oeuvrer pour l' unité nationale, c'est simplifier et réduire la Mauritanie a sa plus simple expression, c'est a dire celle des maures, au détriment des autres composantes nationales. A cause de ces sinistres individus qui agissent dans l'ombre, d'authentiques mauritaniens ont été déportes' au Senegal et au Mali; des familles entières détruites; des fonctionnaires radies de la fonction publique; des centaines d' innocentes personnes fusillées, pendues ou traînées derrière des camions jusqu' a ce que mort s'ensuive; des milliers de jeunes enfants rendus orphelins par la disparition subite de leur parents...
Aujourd hui ces mêmes criminels veulent continuer leur sale besogne en tentant, cette fois, par des manoeuvres basses et mesquines, de priver une bonne partie de la population de leurs droits élémentaires de citoyens aux papiers d' état civil. Ces pauvres demeures' ne se rendent même pas compte de l'impossibilité' de la mission qu'ils se sont assignée'. Ils n'ont pas l'ombre d'une chance de réussir. Ils peuvent passer des nuits entières a comploter autant qu'ils voudront, le soninke n'en restera pas moins soninke. Il ne sera jamais maure. Idem pour le pular, le wolof ou le bambara. Le hartani restera noir et ne sera jamais blanc, même s'il maîtrise le hassanya. Ces réducteurs de la Mauritanie ne sont que des créatures éphémères qui sont apparus a des moments très précis de l'histoire de la Mauritanie. Ils ont trouve' un pays pluriel, habite' par des maures blancs, des haratines, des pulars, des soninkes, des wolofs et des bambaras. En disparaissant de ce monde, rappelés' a Dieu pour faire face a leurs crimes, ils laisseront derrière eux, la Mauritanie telle qu'ils l'ont trouvée a leur naissance, c'est a dire un pays biracial et multiculturel. Un pays qui parle hassanya, pular, soninke, wolof et bambara. Vouloir changer cela, c'est oeuvrer, non pas pour bâtir l'unité nationale, mais pour tuer la Mauritanie. Baidy Afficher la suite
Par : Kaaw Touré
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12 juillet 2011 2 12 /07 /juillet /2011 21:33
.Céline

Henri Godard

Biographie

4

Une biographie doit toujours les vérifier : les faits, les dates, les chiffres et les lettres. Henri Godard, professeur émérite de littérature, éditeur des romans et de la correspondance de Céline dans la collection de la Pléiade, connaît celles de l'écrivain par cœur. Mais, dans le cas de Céline, plus peut-être que pour d'autres auteurs, il faut articuler l'homme et l'œuvre. Car Céline est justement un cas à part d'articulation biographique : comment concilier l'écrivain, auteur de Voyage au bout de la nuit, de Mort à crédit, de Féerie pour une autre fois, et le raciste qui déversa une haine antisémite monstrueuse dans ses pamphlets et sa correspondance ? On sait que l'empathie du biographe peut parfois conduire à glisser sur certains aspects de l'homme étudié, a fortiori quand il s'agit de justifier, voire de passer sous silence, les moments troubles, les paroles échappées, les prises de position inqualifiables. Rien de tout cela dans cette biographie exemplai­re. Henri Godard suit l'hom­me dans ses voyages et ses péripéties, analyse les œuvres et poursuit l'élucidation de l'énigme : « Comment en était-il venu à se faire une vision si noire des hommes, de la société, de la vie ? Et, qui plus est, à vouloir donner de cette vision une expression si brutale et si provocante ? »

 

L'entrée de Céline dans le XXe siècle monstrueux, elle commence, comme pour tous, avec la guerre de 14-18 : blessé, réformé, dévasté, il fera le récit de sa première vie d'homme dans Voyage au bout de la nuit, tempête qui secoue le monde littéraire en 1932. Le médecin Destouches devient alors Céline, chirurgien des âmes, plume et scalpel en main pour charcuter sans fioritures. Eloges, critiques, jugements nuancés ou enthousiastes, le petit monde littéraire exprime des réticences ou salue un roman qui fera date. Mais c'est la suite que l'on attend, moins avec Mort à crédit, dont le faible succès critique et commercial désespère Céline, qu'avec les fameux pamphlets qui marquent son auteur au fer rouge. Mea culpa (1936), Bagatelles pour un massacre (1937), L'Ecole des cadavres (1938), Les Beaux Draps (1941) signent l'adoption par Céline des idées d'extrême droite et le désignent comme un des plus virulents antisémites d'une époque qui en comptait pourtant beaucoup.

Henri Godard ne laisse rien passer et fait litière de l'argument que développera Céline quand il ruminera après la guerre dans sa prison danoise. Il montre un Céline hurlant : « A moi Descartes ! A moi Voltaire ! A moi Chateaubriand ! A moi Hugo ! », se refusant au moindre remords et s'enfermant dans la posture de celui qui est victime d'avoir voulu, par pacifisme, dénoncer les juifs, qui appelaient à la guerre. L'invocation du style, du seul style, la référence à Rabelais et à l'humour français ne sont pour Céline qu'arguments pour insulter encore et toujours les autres, les auteurs jaloux, les irrémédiables opportunistes et d'autres cibles qu'il désigne désormais par « le péril jaune et noir ».

Parti de France en 1944, revenu en 1951 après son intermède danois et l'amnistie accordée par la justice française, Céline a encore dix ans à vivre. Le reclus de Meudon s'attelle à Féerie pour une autre fois. L'existence de l'écrivain vacille alors entre haine et outrance, espoir de réapparaître comme un grand auteur et doute... S'appuyant sur une forte documentation, Henri Godard le décrit fulminant contre ses éditeurs, Gallimard, dont il attend les chèques, ou Paulhan, « Landru prousteux, massacreur de textes », qui avait pourtant plaidé en faveur de son retour en librairie. Cette magnifique biographie rend justice à tout ce que l'on doit savoir de Céline : un homme sur le fil du génie et de l'ordure, fantôme errant qui ne cesse de hanter l'histoire politique et littéraire.

Gilles Heuré

Telerama n° 3204 - 11 juin 2011
 
Ed. Gall| Ed. Gallimard, coll. NRF-biographies. | 594 p., 25,50 EUR.imard, coll. NRF-biographies. | 594 p., 25,50 EUR.
 
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12 juillet 2011 2 12 /07 /juillet /2011 21:14
Jaurès, la passion du journaliste
de Charles Silvestre

 

Présentation de l'éditeur

Jaurès est d’un autre siècle. Mais, à y regarder de plus près, voici un destin de journaliste qui, aujourd’hui, en laisserait plus d’un rêveur. Son engagement est dans la raison, la démonstration, la conviction acquise. Ecrire c’est penser.

Le cœur, l’amour raisonné du peuple, toujours affleurent chez Jaurès, et l’on songe à cette plaie actuelle qu’est l’esprit sec et le respect des puissants. Ces traits se retrouvent dans la La Dépêche, où il signera 1312 articles ; La Petite République, pour l’affaire Dreyfus ; L’Humanité, depuis qu’il la fonde le 18 avril 1904 jusqu’à son assassinat le 31 juillet 1914, où 2650 textes portent son nom. C’est dans ce journal que culminent son éthique socialiste et son art visionnaire. Jaurès où les noces heureuses du journalisme et de la politique.

Ce parcours a inspiré la passion de l’auteur pour l’œuvre de Jaurès, qui redonne goût (et exigence) à la presse, aujourd’hui en grave crise de confiance.


Le Temps des cerises,
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12 juillet 2011 2 12 /07 /juillet /2011 21:03
Guadeloupe : La souveraineté alimentaire ? Oui, mais comment ?
  
 

Tout d’abord, il est bon de noter qu’afin d’arriver à garantir une certaine autonomie alimentaire nous avons besoin de structures pour impulser cette idée. Sans leurs actions, ce concept restera une lettre morte.

1. La présence de structures engagées pour défendre un autre modèle agricole

Or, en Guadeloupe nous disposons justement de nombreuses entités qui prennent position pour la promotion d’un autre modèle agricole visant à nourrir la population. On peut noter tout d’abord l’action du syndicat de l’Union des Producteurs Guadeloupéens.Ce syndicat depuis sa création n’a eu de cesse de militer pour une agriculture paysanne, respectueuse de l’environnement et dont l’objectif est de nourrir la population. Son rôle dans le paysage guadeloupéen n’est pas à négliger car depuis les dernières élections il représente ¼ des voies à la chambre d’agriculture.Son action est appuyée par l’association KAP Gwadloup dont le but est de « relayer le projet d’agriculture paysanne défendu par l’UPG et de défendre la production du terroir guadeloupéen ». Cette association, crée en 2008 a d’ailleurs lancé plusieurs programmes dont l’un des plus populaires est « Manjé an-nou an lékol annou ». La volonté affichée par cette association est de sensibiliser les plus jeunes à la consommation de produits du terroir. Afin de réaliser cet objectif, les membres de cette association tentent de les introduire dans les restaurants scolaires.

 

Une autre association L’APECA, Association pour une Agriculture Paysanne et Écologique dans la Caraïbe œuvre depuis 2006 pour promouvoir « une agriculture paysanne durable, économiquement viable, écologiquement équilibrée et socialement juste ».Elle organise de nombreuses conférences publiques pour sensibiliser la population à sa cause. On voit donc bien la présence et la prolifération de nombreuses structures engagées pour la promotion d’une autre forme d’agriculture. Ce sont là des atouts solides.

 

2. Des individus engagés pour promouvoir nos produits locaux

Nous avons aussi beaucoup de chance en Guadeloupe d’avoir des hommes et des femmes engagés comme le Docteur Henry Joseph, Madame Marie Gustave, Nathalie Minatchy, Alex Bandou qui ont réussi à s’appuyer et à améliorer le travail des plus anciens comme le professeur Jacques Portecop, Paul Bourgeois, Benito Espinal, René Philogène, Lucien Degras, Alain Gayadine, et bien d’autres.Tous ces acteurs par leurs travaux scientifiques ou leurs actions sur le terrain ont beaucoup œuvré pour la promotion et la préservation de nos espèces locales.Un important travail de sensibilisation a été mené par ces différents protagonistes pour faire connaître à la population les bienfaits de sa faune et sa flore. À cet égard, on ne peut manquer de saluer les travaux du Docteur Henry Joseph et toutes les multiples conférences qu’il a données afin de sensibiliser la population à manger ses produits locaux.Son idée de lier la santé et la nutrition a eu beaucoup d’impact auprès de notre population.En démontrant scientifiquement que la consommation de nos produits locaux pouvait réduire considérablement le cholestérol, le diabète ainsi que les maladies cardiovasculaires, le docteur Henry Joseph s’est révélé être un formidable allié pour la promotion de la production locale.

 

3. Des médias, des courroies de transmission actives

Il est bon de soulever aussi le rôle important de nos médias locaux qui ont relayé toutes ces voies alternatives. En effet, ce travail d’information et de sensibilisation a été abondamment repris et porté par nos différents médias. Ces derniers n’ont pas manqué de publiciser abondamment les différentes conférences sur cette problématique ainsi que la tenue des marchés locaux. Ils ont aussi réalisé plusieurs reportages sur les questions alimentaires, les questions de santé et les questions agricoles. Cet important travail permet de toucher une plus vaste frange de la population, notamment celle qui ne peut pas se déplacer. Certaines émissions (comme celle élaborée par Robert Dieupart) ont consacré plusieurs séries aux questions d’alimentations et d’agriculture. En bref, on peut noter que dans le monde des médias chacun y a mis du sien et on ne peut que féliciter et encourager ce travail.

Et ce que l’on remarque c’est que tout ce travail de sensibilisation et d’action commence à produire un vent de changement sur notre île.

 

4. Les changements auprès des consommateurs

Les consommateurs Guadeloupéens commencent à faire de plus en plus attention à la nourriture. Ils se rendent compte du lien important entre ce qu’ils mangent et leurs états de santé. Beaucoup sont touchés par des maladies cardiovasculaires, le diabète ou le cholestérol provoqué par l’apparition de la malbouffe. Ils ont compris qu’une bonne alimentation pouvait être leurs alliées pour prévenir l’apparition de ces problèmes de santé. Les travaux et les conférences du Docteur Henry Joseph et bien d’autres comme Marie Gustave ou Tatiana Osmar leur ont fait comprendre que nos produits locaux pouvaient être des remèdes beaucoup plus efficaces que les médicaments. L’engouement pour les plantes médicinales, les produits locaux ne faiblit pas. C’est ainsi que de nombreuses foires culinaires, « des marchés pays » rencontrent de plus en plus de succès. D’ailleurs, un agriculteur, Philippe Rotin m’expliquait qu’après une conférence de Henry Joseph qui avait vanté les vertus du giraumon, il s’est mis à vendre 100kg par semaine alors qu’avant ce chiffre n’était que de 100kg par mois. D’autres agriculteurs qui se sont orientés vers des cultures comme la groseille ont vu leurs ventes exploser après les conférences du docteur Henry Joseph. Le tabou de ne pas manger local a été en parti levé. Toutefois, le travail doit continuer car la mémoire humaine peut se révéler courte.

 

Par ailleurs, depuis le scandale de la pollution de nos eaux et de nos sols par le chlordécone, les consommateurs Guadeloupéens sont devenus méfiants face à l’utilisation d’insecticides, de pesticides et tout autre produit chimique. On remarque ainsi qu’ils sont de plus en plus exigeants sur la qualité des denrées alimentaires. La demande pour des produits sains, non traités chimiquement commence à être importante.

 

5. Les changements auprès des institutions

Toutes ces transformations dans notre société impliquent également des changements d’orientation auprès des institutions qui œuvrent dans le domaine agricole. Celles-ci suivent alors les différentes évolutions ou impulsent à leur tour une nouvelle dynamique.

C’est le cas du travail mené par le Parc National de la Guadeloupe. Ce dernier est en train de construire un projet de territoire qui devrait donner lieu à une Charte en 2012. Parmi, les thématiques abordées on retrouve une place importante pour l’agriculture. Le Parc a donc organisé une série de rencontres avec les acteurs du milieu agricole pour définir les principaux axes que pourrait contenir le projet de territoire. C’est ainsi que deux grandes orientations ont été proposées pour être incluses dans la Charte du parc national de la Guadeloupe. On retrouve tout d’abord la volonté de concilier la préservation de la nature et l’agriculture sur le même territoire. Ce faisant, c’est l’approche d’une agriculture basée sur l’agro-écologique qui a été choisie pour atteindre cet objectif. De plus, le Parc National de la Guadeloupe en concertation avec les acteurs locaux souhaite favoriser une agriculture paysanne professionnelle, diversifiée et de haute qualité qui réduira ses impacts environnementaux. Le Parc semble donc vouloir accompagner les exploitants agricoles vers une agriculture durable qui est en équilibre avec l’environnement, la société et l’économie.

On sent poindre aussi à l’horizon des changements auprès de L’Office de Développement de l’Economie Agricole ultramarine (ODEADOM). Cet organisme a pour mission de soutenir financièrement les filières agricoles des régions ultramarines. Depuis quelque temps, cette structure a effectué quelques changements dans son organisation. Désormais, ce sont des professionnels qui siègent dans cette organisation alors qu’avant c’était le Ministère de l’Agriculture qui présidait ou qui nommait le président de l’Odéadom. Cette évolution d’orientation, selon Monsieur Gayadine, membre du conseil d’administration de l’Odéadom et ancien secrétaire général de l’UPG, laisse la porte ouverte à la création de comités techniques composés des quatre grandes filières : la canne, la banane, les productions de diversification végétale et celles de diversification animale. Monsieur Gayadine espère que cette transformation débouchera à terme sur un véritable projet agricole pour la Guadeloupe (Pag). Ce projet permettrait de faire travailler tous les acteurs du milieu ensemble. Cela s’avère encourageant.

 

On peut également remarquer comment des centres de recherche comme le centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD) établissent des nouvelles collaborations avec des associations pour bâtir des modèles agricoles alternatifs. C’est le cas avec le partenariat entre le CIRAD et l’assoFWI qui travaillent ensemble pour développer une filière de production fruitière afin qu’elle soit respectueuse de l’environnement. Les initiatives ne manquent donc pas pour promouvoir une autre forme d’agriculture.

Mais encore faut-il que l’offre soit à la hauteur si la demande de produits locaux augmente. Avons-nous les structures pour fournir de tels produits ?

 

6. Une présence encore timide d’agriculteurs biologiques

Et bien, pas tout à fait, comme on l’a constaté précédemment l’agriculture conventionnelle consommatrice d’engrais, d’insecticides chimiques reste dominante. Il est bon de rappeler ces chiffres : la Guadeloupe importe 15000 tonnes d’engrais par an. Face aux problèmes générés par ce mode de production, l’agriculture biologique apparaît ainsi comme une alternative nécessaire. Toutefois le nombre d’agriculteurs en Guadeloupe qui s’oriente dans cette filière reste très faible. Il n’existe ainsi que 27 agriculteurs biologiques en Guadeloupe dont la plupart sont regroupés au sein du GDA Éco-Bio (Groupement pour le développement de l’agriculture écologique et biologique de la Guadeloupe). Ils tiennent d’ailleurs un marché tous les mercredis après midi près de l’ancienne Chambre d’agriculture. Je vous conseille d’y aller leurs produits sont un vrai régal !

 

7. Des exploitations tournées résolument vers l’agro-écologie

Il existe également des exploitations agricoles qui sont tournées vers une autre forme d’agriculture. J’ai d’ailleurs eu la chance d’en visiter quelques-unes. Il importe ici de mentionner brièvement le travail de ces agriculteurs engagés qui ont décidé de concrétiser l’idée de souveraineté alimentaire et d’agro-écologie dans leurs fermes. Cela a été le cas par exemple de la ferme de Fabrice Eutrope-Sylvere et celle de Philippe Rotin.

 

Commençons par Fabrice. Fabrice est un jeune agriculteur de 31 ans qui exerce son activité dans la commune des Abymes. Après avoir, fait ses études dans le commerce et travailler en tant que conseiller commercial, il a décidé de tout quitter pour se lancer dans l’agriculture. Fabrice adore ce métier dur et exigeant. L’agriculture est d’ailleurs bien plus qu’un métier pour lui c’est une véritable passion et il n’hésiterait pas à le conseiller aux jeunes. Cependant, il admet que le métier de cultivateur (et non agriculteur comme il aime à le souligner) n’est pas de tout repos. Actuellement, il commence à peine à survivre de son activité et tente d’entrer dans une phase de pérennisation. Il a commencé sans aides pour l’instant. Mais, cela lui permet de voir s’il pouvait se débrouiller seul et vivre de son métier. C’est ainsi, qu’il a démarré son office en 2010 sur des terres agricoles héritées de ses grands parents cultivateurs qui lui ont transmis la passion pour ce métier.

Sur ses terres, Fabrice a opté avec détermination pour l’agriculture biologique car il la juge plus respectueuse de la Vie. De plus, il considère que la Terre est un être vivant et qu’il faut en prendre soin. Voilà pourquoi, il préfère le terme cultivateur qui reflète un état d’esprit différent. Il ne cultive pas juste des fruits et des légumes mais aussi des valeurs comme la patience, la rigueur, la détermination, le respect. La Terre lui apprend beaucoup. Il semble ainsi prôné une agriculture basée sur des nouveaux rapports où l’homme et la nature ne font qu’un. Dans sa ferme, il a opté essentiellement pour une diversification végétale, animale et de cultures associées. Ainsi, il n’utilise pas de pesticides, d’insecticides et d’engrais chimiques. Il n’emploie que la Nature pour mener à bien sa production.

 

Fabrice croit fermement au potentiel de l’agro-écologie et de la biodynamie en Guadeloupe. Ce type d’agriculture devrait être mieux valorisé et mise en valeur. C’est pour lui une voie d’avenir. En plus, la Guadeloupe dispose de tous les atouts pour se lancer dans cette voie. Notre île offre aux agriculteurs un climat chaud et humide qui leur donne la possibilité de planter presque toute l’année. La richesse de notre biodiversité peut aussi nous permettre de réaliser de multiples symbioses. Par exemple, il m’explique que le fait de planter des pois ou des légumineuses amène de l’azote dans le sol ce qui permet d’avoir un sol plus riche et plus sain. Il me fait remarquer qu’en Guadeloupe, grâce à l’exceptionnelle richesse de notre biodiversité, il existe tout une série d’organismes vivants et de micro-organismes qui peuvent aider l’agriculteur à améliorer sa production de façon naturelle. Il suffit juste de mieux connaître son milieu. D’ailleurs, il me parle de Cuba où 85% de la production est issue d’une agriculture biologique.

 

C’est pourquoi, d’après lui, l’agriculture conventionnelle doit être dépassée car elle présente de nombreux inconvénients. En effet, elle s’avère pour lui peu efficace car elle est fortement consommatrice d’intrants, d’engrais, de pesticides. Il faut donc débourser beaucoup avant de faire du chiffre. Elle est beaucoup moins rentable que l’agriculture biologique qui évite toutes ses dépenses en amont. De même, afin de s’assurer un revenu décent, Fabrice préfère s’orienter vers la vente de paniers de produits agricoles adressée aux particuliers. Ce choix permet de contourner les grandes surfaces qui achètent peu cher la production agricole mais la revend à un coût plus élevé. Par ailleurs, cette option permet de tisser des nouveaux liens avec le consommateur.

On ne peut que l’encourager dans cette voie qui si elle est empruntée par plus de producteurs nous permettrait d’atteindre une certaine forme de souveraineté alimentaire.

 

C’est cette voie que suit depuis un moment un autre fermier, Philippe Rotin. Ce dernier est un homme très engagé. Il est d’ailleurs membre de l’UPG et donne de nombreuses conférences. Il pilote une magnifique exploitation à Baie-Mahault qu’il a baptisé HANE (Harmonie Agriculture Nature Environnement). D’ailleurs, lorsque l’on visite ce bel endroit on se sent en harmonie avec tous les éléments. Monsieur Rotin m’explique que l’agriculture est une forme d’agression sur le milieu. Par conséquent, cette activité doit se faire avec le plus d’harmonie possible.

 

C’est ce principe qui guide sa ferme. Et effectivement on remarque une véritable synergie dans son exploitation. Mais attention rien n’est laissé au hasard. L’harmonie a besoin d’être travaillée, guidée et encadrée. Ainsi, Monsieur Rotin dispose d’un tableau de bord qui lui permet de suivre chaque parcelle de sa ferme. Tout y est consigné ce qui lui permet d’avoir une meilleure lisibilité de son exploitation et aussi une plus grande traçabilité des produits. Il peut ainsi mieux contrôler le travail réalisé par ses employés. Il est en mesure avec toutes ces informations de se former une vision sur le long terme et de responsabiliser ses employés. Il m’explique que ce type d’exploitation nécessite une très grande attention car comme il me le dit « L’œil du maître engraisse la vache ».

 

Le résultat est épatant ! Dans sa ferme, il cultive essentiellement de la canne fourragère et de la banane. Chaque plantation est séparée par des haies d’arbres fruitiers où l’on retrouve des oranges, chadeks, papayes qu’il peut revendre par la suite. Il plante aussi différentes espèces de pois dans ces champs de banane pour éviter une trop grande propagation « des mauvaises herbes » (qui en fait ne sont pas si mauvaises que cela). Ce choix comporte plusieurs avantages. Il n’a pas besoin de mettre du désherbant. En plus, les pois grâce à leurs rôles de fixateur d’azote permettent aux bananes de mieux pousser. La devise chez HANE semble être alors rien ne se perd, tout se transforme. C’est ainsi que la canne est donnée aux bœufs et aux cochons. Ces derniers la mangent. Leurs rejets qui sont transformés en fumier sont ensuite utilisés comme un engrais naturel pour la canne, la banane et les autres espèces cultivées. De plus, il pratique la rotation des sols ce qui lui permet d’éviter les parasites et de reposer son sol.

 

Ces techniques agricoles lui ont permis de réaliser des gains substantiels. C’est le cas par exemple pour les engrais chimiques qui lui revenaient à 3000euros/hectare/an. Désormais avec le fumier naturel, il a réalisé une économie de 1200euros/hectare/an. Ce résultat avantageux est valable dans tous les domaines comme le désherbant, les pesticides, nul besoin d’en racheter. En plus, cette démarche lui a permis de mieux conserver ses sols. Et oui, l’usage des insecticides et des pesticides provoquait la mort des sols au bout de deux ans. Grâce à tous ces procédés naturels, les sols sont mieux régénérés et la durée de vie de ses parcelles est de 12 ans au lieu de 2 ans pour les sols traités avec les produits chimiques. Par ailleurs, ses rendements sont plus importants, ses fruits sont meilleurs et surtout il a pu créer trois emplois. Il produit aussi ses propres semences. Sa dépendance au marché est donc presque nulle.

 

Toute cette œuvre est le fruit d’un long travail de réflexion mais aussi de combat qu’il a mené au sein de l’UPG. L’idée d’avoir une exploitation autonome est née en 2004 avec la grève sur le port autonome. Les gens manifestaient pour la nourriture mais les éleveurs défilaient également pour réclamer de la nourriture pour leurs animaux. Cette idée l’a amené à se demander avec l’UPG, mais qu’est-ce qui est local en Guadeloupe ? L’eau et l’oxygène ? Voilà pourquoi, afin de garantir une autonomie locale il fallait utiliser la biodiversité locale. C’est comme cela qu’il a cherché une autonomie d’exploitation avec la polyculture associée au poly-élevage. Son système d’exploitation cherche ainsi à imiter la Nature qui se développe sans aide extérieure. Philippe Rotin pense que notre biodiversité est trop riche pour ne pas atteindre la souveraineté alimentaire. Notre île est bénie me dit-il. Il pense également comme deux agriculteurs présents à la rencontre Monsieur Vautou et Nolord que les producteurs guadeloupéens peuvent conquérir le marché intérieur et atteindre la souveraineté alimentaire. Nous avons me disent-ils la connaissance et les gens en Guadeloupe pour arriver à cet objectif. Il faut alors selon eux continuer le travail d’éducation à nos produits agricoles auprès de notre population. Ils admettent ensemble que les agriculteurs doivent aussi mettre la main à la pâte. Par exemple, il est capital pour eux de présenter leurs produits, d’expliquer leurs valeurs nutritives. Aujourd’hui me disent-ils, l’agriculteur se doit d’être un pédagogue et un communicateur.

 

CONCLUSION

La Guadeloupe dispose donc de nombreux atouts pour arriver à atteindre une souveraineté alimentaire. Toutefois, selon de nombreux acteurs, ce projet ne pourra se faire sans une forte impulsion politique.

À ce propos, peut être que les Guadeloupéens pourraient s’inspirer d’une initiative canadienne qui s’intitule pour « une politique populaire alimentaire ». Ce projet a été créé par des individus et des organisations œuvrant au sein du mouvement alimentaire. Ces derniers sont partis du principe que tout le monde mange mais qu’en fait presque personne ne sait ce que contiennent les aliments ingurgités, leurs provenances, l’origine des prix… Le constat fût sans équivoque, la population canadienne ne dispose d’aucun contrôle sur le système alimentaire qui les approvisionne. De cette lacune, découle un certain nombre d’incohérences comme le fait que deux millions et demi de Canadiens souffrent d’insécurité alimentaire modérée ou grave, que le recours à des banques alimentaires a augmenté de 28% au cours des deux dernières années, qu’un grand nombre d’agriculteurs et de pêcheurs soient insolvables, que l’environnement soient fortement endommagés et que l’obésité touchent plus du quart des Canadiens. Par ailleurs, ces différents acteurs ont pointé du doigt le fait que l’agriculture canadienne s’est orientée vers une exportation massive qui ne bénéficie ni aux consommateurs, ni aux producteurs d’aliments. Cette approche a contribué à faire disparaître en 6 ans plus de 17550 entreprises agricoles et à accroître de façon considérable les importations.

C’est ainsi que fort de cet amer constat plus de 3500 personnes ont élaboré au cours de multiples événements (tables rondes, discussions, conférences) des pistes de réflexion et des solutions. L’objectif étant de créer une politique alimentaire populaire. Celle-ci a été élaborée par une multitude d’acteurs comme des agriculteurs, des pêcheurs, des associations de consommateurs et d’écologistes, des simples citoyens, des peuples autochtones… Ces derniers ont défini les grands axes d’études et les moyens pour y parvenir. Par cette action, cette « multitude » a démontré que la tâche d’élaborer et de proposer des politiques publiques n’est pas réservée qu’aux seuls politiciens. L’objectif étant de faire du concept de souveraineté alimentaire une réalité. C’est un travail de longue haleine mais qui a commencé à porter ses fruits notamment lors des dernières élections. Deux partis politiques ont souscrit à cette politique dont le principal parti d’opposition officielle.

En Guadeloupe, nous avons aussi des femmes et des hommes engagés, des structures et des institutions dynamiques. Nous disposons d’une île avec un climat propice à l’agriculture. De même, il me semble que le projet de souveraineté alimentaire soit tout à fait envisageable. En effet, notre production locale qui n’occupe que 10000 hectares arrive à couvrir 20% des besoins. Or, nous disposons de 40000 hectares de Surface agricole utile selon certains chiffres auquel il faudrait rajouter 20000 hectares de terres en friche. Ce qui nous ramène à un potentiel de 60000 hectares de terres pouvant être utilisées par l’agriculture. Par conséquent, si on se tient à ces chiffres nos terres nous permettent de couvrir les besoins de 120% de notre population. Et encore ce chiffre peut même être augmenté si on adopte les principes d’agro-écologie qui permettent de meilleurs rendements. Notre capacité est donc bien plus grande que ce que l’on veut croire. Mais encore faut-il là aussi préserver nos terres agricoles !

En bref, nous avons tous les ingrédients disponibles pour agir. Alors la souveraineté alimentaire, est ce toujours une utopie ? Il semble que non. En plus, il apparaît difficile avec tous ces éléments encourageants de ne pas atteindre cet objectif en Guadeloupe. Peut-être attendons-nous un maître d’orchestre pour que la partition soit audible ? Mais le temps presse et s’il ne vient pas ? Ne pouvons-nous pas réaliser notre propre politique publique ? Afin de nous inspirer je termine cet article avec les paroles de la chanson « DOM » du chanteur martiniquais Kolo Barts. Ces paroles pourraient nous inspirer à penser et élaborer notre propre projet de souveraineté alimentaire.

Les voici :
« Pitit Kon gran,
Zanfan é fanmi
An nou sanblé la wonn,
Pou nou pé chanjé,
An nou asiz palé,
Pou nou pé rakonté, pou nou pé sav di nou,
Sa ki bon sa ki mové
Ouvé kè yonn bat lot,
Pou di la vérité,
An nou cheché ansanm
Tou sa ki pou chanjé,
Nou kondamné,
è gadé, o la nou ka alé,
PANI ON LO CHIMEN,
SÉ DOUBOUT OU BYEN MÔ
 »

Paméla OBERTAN

Source : http://www.caraibcreolenews.com | 07.07.2011

Post-Scriptum

Les autres articles de P. OBERTAN consacrés à la question de la souveraineté alimentaire :

- Crise alimentaire : Les grandes pistes pour éviter un " tsunami " alimentaire en Guadeloupe ou ailleurs... Par Paméla Obertan, 15 juin 2011

- Guadeloupe : Sommes-nous prêts pour la souveraineté alimentaire ?, 21 juin 2011

Publié par la Rédaction le mardi 12 juillet 2011
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12 juillet 2011 2 12 /07 /juillet /2011 20:57
Xavier Bertrand doit apprendre à négocier…

mercredi 6 juillet 2011

 

PDF - 107.2 ko

Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, entendait en tant que Maire de Saint-Quentin, expulser l’Union départementale de l’Aisne et l’union locale de la ville en leur imposant un relogement dans des locaux de surface réduite et inappropriés à l’activité syndicale. Avec le soutien de la confédération, la CGT de l’Aisne et celle de Saint-Quentin ont refusé ce diktat antisyndical et discriminatoire. Dans un premier temps Xavier Bertrand avait obtenu un jugement favorable du Tribunal de Laon, qui avait condamné les unions départementales et locales au paiement d’une lourde astreinte.

 

La CGT s’est mobilisée dans tout le département. Une souscription a été organisée et a connu un large succès, dans la ville même de Xavier Bertrand. De nombreux donateurs ont fait part de leur mécontentement devant les comportements autoritaires de la ville. La CGT a formé appel du jugement de Laon.

 

L’audience a eu lieu le jeudi 30 juin. Plus de 150 syndiqués ont fait le déplacement et ont assisté à l’audience. Le tribunal a rendu son verdict le 4 juillet, après un court délibéré.

Le Tribunal d’Appel ordonne une médiation et donne un délai de trois mois pour parvenir à un accord. Il suspend l’astreinte de 250 € par jour de retard.

 

Pour que le ministre du Travail du gouvernement Sarkozy accepte de se mettre autour d’une table de négociation avec la CGT, il aura ainsi fallu que les syndiqués se mobilisent et que la justice l’ordonne.

 

La CGT de l’Aisne participera à la médiation en avançant des propositions concrètes de relogement, qui soient conformes à la Convention de 1970 signée entre la Commune et l’Union départementale, c’est-à-dire qui répondent aux besoins de l’activité syndicale.

Les Maires des autres villes qui ont lancé des procédures autoritaires d’expulsion des organisations syndicales – Châteauroux, Chartres – doivent eux-aussi en finir avec leur démarche d’entrave au syndicalisme interprofessionnel et accepter de négocier loyalement.

Montreuil le 6 juillet 2011

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12 juillet 2011 2 12 /07 /juillet /2011 20:55
Proposition d’accord suite aux négociations

mardi 12 juillet 2011

 

Ce lundi 11 juillet avait lieu la dernière séance de négociation sur l’emploi des jeunes d’une longue série de douze séances.

 

Propositions du Medef : de l’affichage pour pas cher !

Après avoir revu sa copie, par 3 fois pendant la séance, et divisé par 2 le nombre de pages, les mesures se limitent à un catalogue de « mesurettes » : un parcours pour découvrir l’entreprise, un livret d’accueil, un référent, un « binôme d’échanges de compétences », un tuteur pour les contrats de professionnalisation et sa « charte » du tuteur, et pour finir d’un « dispositif exceptionnel » pour les jeunes actifs de moins de 26 ans en CDI, en CDD de plus de 6 mois, en contrats d’apprentissage et de professionnalisation, à partir du 1er novembre 2011, d’un montant de 40 millions d’euros pris dans les caisses de l’Unedic.

Cette dernière aide se révèle la seule mesure concrète et financée, mais au vu du public visé par le Medef, 170 000 jeunes, le montant s’annonce comme une aumône : 235 euros... Si nous calculons cette « aide » sur 1 an, nous obtenons la somme de ... 20 euros par mois !

 

La CGT (et les jeunes) attendaient bien autre chose !

La CGT revendiquait des mesures concrètes concernant le transport et la restauration avec une prise en charge des frais par l’employeur ainsi que l’augmentation des rémunérations des contrats de professionnalisation et d’apprentissage. C’était le moment de définir un tutorat obligatoire pour tous les contrats en alternance et pour les stagiaires, avec une formation, une reconnaissance de cette formation, une décharge de temps de travail pour en exercer le suivi et une rémunération en proportion des missions de tutorat.

 

Surtout, pour la CGT, le vrai sujet de la négociation aurait dû être l’accès à un emploi stable et décent pour les jeunes. Pour les jeunes qui espéraient beaucoup des négociations, tant le traitement qui leur est appliqué est insupportable, les résultats sont bien en deçà des attentes.

 

Montreuil, le 12 juillet 2011

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